lundi 19 octobre 2009

Dès potron-jaquet

J'ouvre un œil, 6h23 au cadran. Cette fois je ne me rendors pas. Non, non pas de rêve. Sans avoir besoin de les appeler, ils arrivent comme des chats à qui j'aurais donné la permission de monter sur mon lit. Je les observe. Qui ce matin se fera plus présent? Je les vois déambuler dans leurs rues respectives. Hier j'ai établi le plan du rang, j'ai planté le décor. Une en particulier s'impose, celle qui reste près du pont, près de la rivière, elle ne veut pas que j'y aille. Elle harangue la narratrice qui avance sur le chemin emprunté depuis des décennies. Est-ce à dire que je serai la narratrice? Oui, probablement.

Est-ce que je me lève, pressée d'aller écrire ce qu'elle veut vivre? Non pas tout de suite, pas encore. La gestation est plus longue qu'une ou deux phrases. Il faut que je prévois la fin. Où s'en va-t-elle, celle-là avec sa chemise à carreaux, ses gros mots, son mauvais caractère, son asociabilité?

Puis, en cherchant un ou des conflits, mon esprit divague, s'éloigne de mon histoire, je visionne des films, je revois des émissions. Ceux de la veille. Tout le monde en parle. Présentation d'un livre, d'une auteure qui a de la difficulté à comprendre le français. L'intérêt, c'est qu'elle était escorte à New-York. J'aurais voulu savoir comment elle s'en est sortie et pourquoi, de quoi elle vit aujourd'hui. Il n'en fut pas question. Les détails croustillants, des noms, des scandales, s'aventurer dans l'illégalité c'est toujours tentant, attirant. Laisse, de toute façon ce n'est pas demain que tu iras à Tout le monde en parle. Écris d'abord ton livre.

Où en étais-je donc? Ah! oui, il ne faut pas que je me lève. Je me ferai happée par le quotidien, le jour, le soleil, j'irai marcher. Si je suis seule, mes personnages m'accompagneront. À la piscine, pendant mes longueurs, ils seront là aussi à me tourner autour, à dialoguer entre eux. Avec un peu de chance, ils m'aideront à faire avancer l'histoire.

Je me lève. Ce matin, pas de courriel, pas de forum, pas de blogue, je me concentre sur la folle du petit pont.

(photo de l'auteure: une rivière un matin d'automne)

3 commentaires:

  1. Bonne écriture. Profite du silence virtuel!

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  2. Laisse pas passer cette inspiration. Laisse les doigts filés sur le clavier

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  3. Bonne idée. Je vous encourage, vous accompagne, vous semblez habitée, inspirée. Restez à l'intérieur de soi, ça fait du bien. La douce folie du logis.

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Les anonymes: svp petite signature