vendredi 22 octobre 2010

L'élégance du hérisson: de l'amour des longues phrases

Pour en parler, il a fallu que j’attende de l’avoir terminé, comme on attend que le film finisse pour être capable d’ouvrir la bouche et en dire quelque chose de sensé, tellement on est ému, tellement on ne veut pas que ça finisse. Même si je l’ai lu parcimonieusement, par morceaux, entre deux autres activités.
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Aux dernières pages, j’avais les yeux embués et je ne savais pas trop si j’avais le nez bouché et la gorge nouée à cause d'un rhume ou des larmes qui coulaient.
Même si, entre les chapitres, il y a eu des journées qui n’ont rien à voir avec celles des deux héroïnes, Renée et Paloma, je n’avais aucun mal à reprendre le fil de l’histoire, j’aurais voulu encore des pages, encore des «pensées profondes». Je voudrais les garder pour moi, ces personnages attachants, encore un peu, même si je sais qu’elles ne m’appartiennent pas, ne m’ont jamais appartenu, que des milliers d’autres lecteurs, de 34 langues (combien de livres québécois traduits ne serait-ce qu’en deux langues?), ont probablement eu le même réflexe.

J’ai aimé oui, parce que deux personnages féminins, parce que j’ai toujours aimé la philosophie, c’était ma matière forte à l’école, mais surtout parce qu'écrit avec des phrases complètes, de longues et belles phrases avec des subordonnées, des incises nous promenant dans des méandres compliqués, des lignes truffées de mots savants, ceux qu’il faut chercher dans un dictionnaire et qui, pourtant coulent si bien, glissent sans effort dans un cerveau déshabitué de ces sinuosités littéraires. Je n’ai pas l’intelligence de l’adolescente, je n’ai jamais été concierge, je n’ai pas beaucoup fréquenté les riches, mais pendant des jours, j’ai habité leur édifice, je les regardais, je les écoutais. Béate d’admiration devant leurs réflexions, je retrouvais mon cœur de rebelle. J’ai lu les six pages sur l’Art à l’artiste-de-nos-pinceaux, retrouvant le plaisir de la découverte d'un tableau, nous qui venions justement de passer trois jours dans un symposium de peinture. Et si je fus jalouse, comme il arrive parfois devant un style recherché, je sais cette fois que je ne pourrais même pas construire de pareilles phrases si complexes et pourtant limpides alors j’ai goûté pleinement, l’esprit ouvert et libre. Et je suis triste que ce soit fini.

Autre preuve que j’ai aimé le livre : je suis incapable d’en commencer un autre, je les trouve tous sans intérêt.

(Illustration empruntée à Google images)

10 commentaires:

  1. Wow! Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il t'a fait de l'effet ce bouquin! :) Ok, ok, faudrait bien que j'essaie! :)

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  2. @Gen: tu devrais aimer, il y a plusieurs références au Japon. J'ai même pensé à toi en le lisant. Une des héroïnes lit des bandes dessinées japonaises (j'ai déjà oublié le nom) et la deuxième est comme séduite par un Japonais.

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  3. J'ai aimé, pas autant que toi, mais la fin m'a frappée en plein coeur. Apprécier chaque instant. C'est ce que ce roman m'a rappellé.

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  4. @Gen: ce sont des mangas. Tu devais le savoir, mais moi, qui en suis encore aux des Tintin, Sirou et compagnie, il a fallu que je relise pour retrouver.

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  5. @Karuna. Fidèle à mon habitude, j'avais été lire la fin, mais hors contexte bien sûr, alors quand j'y suis arrivée, c'était une autre émotion, plus ronde, plus vive, plus vraie si je puis dire, même si on est dans la fiction.
    Je ne sais pas si j'ai aimé plus ou moins que toi, difficile à mesurer, mais il est vrai que j'ai bien aimé la prouesse de telles phrases, en plus de tout le reste.

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  6. Ah les goûts ne sont pas à discuter. Moi je n'ai pas aimé du tout.

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  7. @Suzanne: ah! non? Bien sûr les goûts ne sont pas à discuter, mais par pure curiosité, qu'est-ce que vous n'avez pas aimé: l'histoire, le style?

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  8. Claude,
    Je n'ai pas aimé ce livre autant que toi, mais comme je connais bien ce sentiment, après avoir lu un livre très fort, de trouver les autres sans intérêt. C'est à la fois un grand plaisir et une non moins grande frustration.
    Andrée

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  9. Andrée, il est certain que dans 3-4 mois, il se peut que je n'en dise pas autant de bien, toute à l'émotion que je serai du dernier livre lu. C'est normal je crois de toujours aimer ce qui est encore tout chaud dans notre coeur.

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  10. Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de ce livre, mais aujourd'hui tu viens de me donner vraiment le goût d'aller me le procurer. Je le met tout de suite sur ma liste de livre à acheter et dès que j'ai un moment je cours à la librairie. Merci pour ta belle description.

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