vendredi 27 décembre 2013

Chronologie d’un roman annoncé

Un matin de frimas comme un autre, quelques jours après Noël, où aucune obligation n’est prévue, où la météo clémente permet congé de pelletage et promesse de promenade en raquettes, l’auteure en attente de rien se promène sur Facebook et lit : «Bon... c'est le grand jour. J'ouvre Word et je me lance dans roman no 3» d’une romancière dont vous suivez avec bonheur les messages d’autant que son premier roman est sorti en même temps que le vôtre, sauf qu’elle, elle en lancera un autre en janvier 2014 tandis que votre manuscrit est à peine à ses premières corrections chez votre meilleure amie. Vous vous dites : « Est-ce que je me lance moi aussi dans le tome 3? Même si le tome 2 n’est pas encore publié? »

Dans la matinée, vous envoyez un petit mot à cette amie, comme ça, sans arrière-pensée, juré-craché, juste pour un petit bonjour. Elle répond qu’elle a terminé la lecture de votre manuscrit, il lui reste quelques notes à rédiger. Elle ajoute qu’elle aime et ceci et cela et vous parle justement de la fin ouverte et vous demande donc s’il y aura suite. Euh ! C’est que la suite, c’est rendu à votre génération, à votre époque, et donc des personnages qui s’inspireront sans doute de gens vivants. Aghhh ! petite panique. 

Pendant ce temps, une autre amie, artiste peintre et grande créatrice de paysages, termine la lecture de Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas. À votre suggestion d’ailleurs. Elle a beaucoup aimé, elle s’est identifiée au personnage. Elle qui aime tellement le bois, la nature, aurait voulu être un homme, un bûcheron, un planteur d’arbres vous lance comme chaque fois qu’elle vous parle du dernier livre lu : «j’ai une idée de roman !»

Comme il est l’heure de chausser les raquettes, vous l’invitez à vous suivre et développer son idée. D’un mot à l’autre, d’une suggestion à l’autre, vos voix montent, vos yeux s’illuminent, sa loquacité vous démusèle la cervelle, vous l’avertissez que tout ce qu’elle dit sera retenu contre elle. 

Après une heure dans les bois où elle a pris quelques photos qui lui inspireront la lumière de son prochain tableau, vous, de votre côté, vous avez non seulement l’idée, le fil conducteur, mais aussi le titre et le prénom et surnom du personnage principal.

C’est la joie.

Au retour, alors que le soleil se couche, un fichier Excel est ouvert pour la chronologie des événements et les traits physiques de vos personnages. Un cahier, à peine utilisé, est retrouvé, votre stylo numérique rechargé. Vous êtes prête. 2014 n’a qu’à bien se tenir : le tome 2 sera publié et le tome 3 écrit. C’est dit !

(photo de l'auteure, un jour d'hiver, fin décembre 2013)

Marcher en forêt sans trop de balises

J’ai souvent lu que l’auteur doit faire confiance à l’intelligence du lecteur.

Dans les blogues ou articles de journaux où il est question de La marche en forêt de Catherine Leroux, tout le monde a changé les difficultés à se retrouver dans les noms par des qualités de structure, une originalité, une étape obligée qui renforcent la beauté de l’œuvre. Peut-être parce que j’ai la version numérique et que l’arbre généalogique du début est complètement illisible donc je ne pouvais guère m’y référer, même imprimé, j'ai donc trébuché souvent sur les racines avant de poursuivre cette longue marche.

Je suis une lectrice moyenne, et normalement patiente surtout quand le texte m’intéresse, il m’arrive souvent de lâcher en cours de route, mais là… j’ai ramé. Fort, contre un vent d’exaspération. Mes neurones s'entrecroisaient à chaque changement de personnage et encore, quand l'auteure les nommait. Moi qui me targue d’avoir un bon sens de l’orientation, j’étais perdue dans cette forêt sans balises. À relire ce qu’on a dit de ce premier roman, de ce qui s’est déjà écrit sur le deuxième que j’attends, j’ai ordonné à mon cerveau de persister. Je lui ai ordonné par la même occasion de ne pas comparer avec la ligne chronologique que j’ai adoptée — paresseusement? — pour le manuscrit dont je viens à peine de terminer l’écriture. Ne pas non plus penser à mes déjà vieilles Têtes rousses qu’un éditeur m’avait recommandé de couper parce qu’il y avait trop de noms, j'aurais tant aimé qu'il me conseille plutôt une autre structure. Ce n’est pas tant la «critique» qui m’a fait insister, mais le récit lui-même, le ton, le style, l’histoire me disaient de continuer. J’ai donc sorti papier et crayon et j’ai écrit les noms des personnages indiqués dans l’arbre généalogique de la page 4, comme on fait l'effort de chercher dans le dictionnaire les mots dont on ignore la signification... essentielle à la compréhension du roman.

Et puis, sur ma liseuse, est arrivé Ristigouche, réservé quelques semaines plus tôt. Un court, très court, roman d’Éric Plamondon. Trop curieuse, j’ai voulu au moins voir. J’étais faite comme on dit. Trente et une pages en numérique, ça se lit le temps de le dire. D’autant que j’étais justement à Ristigouche pas plus tard que l’été dernier. J'ai passé deux heures au lieu historique de la bataille où la Nouvelle-France aurait pu devenir Nouvelle-Angleterre si le nom n’était pas déjà pris. Enfin, je pense, pas le goût de vérifier. Pour dire qu’on a perdu. Pour dire que l’auteur a décidé de planter son décor au fin fond de cette baie des Chaleurs, quand elle n’est plus baie, mais début de rivière. 

Je n’ai pu m’empêcher de remarquer que c’était un peu construit comme le livre que j’avais mis de côté: La marche en forêt. Par petites touches, lui aussi. Passant de la bataille de 1760 à la mort de sa mère, à sa pêche au poisson. Changement de temps et de personnages. Sauf qu’on s’y retrouve dans son récit et ce n’est pas parce qu’il est plus court, c’est probablement parce qu’il n’y a que deux personnages : sa mère, lui et le troisième serait la bataille, si on veut. Donc un Il et un Elle. 

Un petit roman — ou une longue nouvelle— qui m’a redonné confiance en ma faculté de comprendre un récit rédigé autrement que dans une forme classique et donc chronologique. Je suis ipso facto retournée à Catherine Leroux et cette fois, feuille en main (qui hélas ne se glisse pas entre les pages du roman numérique !), j’ai vraiment apprécié ma lecture. J’ai hâte de lire son prochain : Le mur mitoyen.

mercredi 18 décembre 2013

Tout simplement la vie


Dans une semaine Noël
Dans deux, le jour de l’An
L’an dernier aussi
L’an prochain, encore, j’espère

Quoi de neuf depuis l’an dernier? Une création artistique? Une réalisation remarquable? Un nouveau-né dans la famille? Un être cher disparu? Temps de réjouissance ou de tristesse ou les deux? 

Tant de temps et si peu à la fois. Du chaud et du froid, du soleil et de la pluie, des tempêtes et des accalmies, des rires et des larmes, des maux et du bien-être, des amours et des déceptions, du bruit de foule et du silence de nature. La vie. 

Pour les fêtes qui viennent, je vous souhaite donc cette vie à la mesure de vos attentes.

(photo en face de chez moi)

vendredi 13 décembre 2013

À défaut d'ambition... de l'entêtement

Dany Laferrière vient d’être élu à l’Académie française. Sentiment mitigé, j’aurai toujours de la difficulté avec les honneurs, les titres, les prix. Mon enthousiasme est de la couleur de mon opinion presque neutre sur le sujet de la gloire et de l'ambition. Je n’ai jamais été à l’aise face à la compétition, je n’aime pas comment je me sens à l’intérieur, à batailler pour recevoir un prix ou, à l’opposé, à recevoir un titre sans l’avoir mérité. Mais qu’est-ce que le mérite? Qui en juge? Parce que je ne suis pas une batailleuse ou ambitieuse, je ne supporterais pas que les autres le soient? Parce que ça sonne faux? À défaut de comprendre ce manque d’élan spontané devant les bonheurs des autres, je jouerai quand même la carte de l’admiration pour leur détermination.

Mon écriture se ressent-elle de cette absence de combativité ? 
Journée de doutes, journée de corrections, journée de ras-le-bol. Encore.
Pourquoi continuer à corriger ce roman qui n’en est pas encore un alors que tant de jeunes veulent publier? Pourquoi je ne laisse pas ma place? Comme Janette qui s’incruste, mais elle a au moins le mérite d’être dans les A,B ou C des vedettes qui ont encore la cote. Ai-je été L ou même Z dans ma vie? Peu importe. 

Pourquoi je m’obstine à vouloir publier? Ou penser que si j’avais un agent…
Me contenter d’aider les autres ne me suffit pas? Me sens à nouveau pathétique à ne pas décrocher.
Pourquoi ne pas me contenter de lire, de voyager, de prendre des photos et d’en parler si je tiens tant à écrire?

Bien sûr, je n’écris pas comme une jeune de trente ans, pas comme une jeune qui sort d’un cours de création littéraire, mais est-ce incompatible avec la publication québécoise actuelle? J’espère bien que non, parce qu’après la lecture par deux cinquantenaires qui me donneront leur avis, mon manuscrit prendra le chemin des éditeurs. Les éditeurs, comme certains galeristes avec les artistes, ne publient-ils que des jeunes qui peuvent leur assurer une certaine pérennité? À moins que l’auteur-e soit connu-e, alors dans ce cas, l’âge devient expérience, et leur notoriété, gage de succès. Je ne suis pas connue et je n’ai plus trente ans depuis longtemps. Il faut juste travailler plus fort. Pour quelqu’un qui n’est pas combatif, le temps va être long !

Peut-être pas combative, peut-être un peu paresseuse, mais patiente, résolue, têtue, alors ça devrait aller.
Journée de questions sans réponses, journée de remontée, journée d’encouragement.

(photo de l'auteure, en espérant que ce soit des lamas et non des alpagas ou qu'à tout le moins les deux races soient têtues!)

lundi 2 décembre 2013

Entre les pages de Yukonnaise

Combien de temps pouvez-vous lire — un livre dois-je préciser et non un article de journal, un commentaire sur Facebook, ou un billet de blogue —, sans vous lever? Pour un café, pour répondre au téléphone, pour une brassée de lavage?  Dans mon cas, tout au plus une heure.

Deuxième question : combien de temps pouvez-vous lire, sans avoir envie d’écrire parce que le texte lu vous souffle une idée pour votre propre roman, de commenter ou de noter une phrase qui vous touche particulièrement, d’aller voir dans un Atlas ou sur Google maps où est telle ville décrite par l’auteur (e)?
Pire encore, résistez-vous à l’envie de mieux connaître l’auteur(e), de lire sa biographie, de voir si il ou elle a écrit d’autres livres? Et ce qu’on en dit?

Voici mes réponses en ce qui concerne le roman Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas avec qui je suis déjà « amie » sur Facebook, de qui je lis régulièrement le blogue qu’elle écrit avec son âme sœur Elisabeth Tremblay:

Déjà à la page 8, je m'attarde longuement à la carte et je repère les campings où je pourrais séjourner.

À la page 12, j’ai voulu savoir si le Baked Café de Whitehorse existait vraiment. Sans me lever, j’ai étendu le bras, j’ai pris ma tablette et j’ai cherché. Eh oui ! Me suis levée tout de même, me me suis fait un café et je suis retournée à ma lecture.

À la page 53, j’ai examiné la carte fournie au début du livre pour trouver Carmacks, comme ce nom n’y était pas, retour à la tablette et dans Google maps , j’ai vu que le hameau s’est développé autour du Yukon river, ça doit être beau.

À la page 74, j’ai voulu aller voir si la maison de Maureen existait, j’ai plutôt bifurqué vers le Burton House writers retreat où l’auteure a séjourné trois mois, avais-je lu à la fin du livre. Oui, je lis souvent les remerciements et même l’épilogue avant même de commencer le roman. Dans Google images, je suis un peu déçue de la maison, sans vouloir une maison de bois rond comme au Québec, j’aurais aimé une maison de bois rond… comme les camps de chasse du Québec !

À la page 115, je me demande bien pourquoi il n’y a pas un vol Edmonton – Whitehorse, ce serait moins long que Vancouver - Whiterhorse, me semble. Je pense sérieusement à me rendre au Yukon l’été prochain — non, non, pas en hiver comme l’auteure, alors les détails techniques, comme les temps de vol, m’intéressent et me font rêver.

À la page 149, j’ai senti le besoin de savoir jusqu’à quel point le personnage secondaire, la narratrice, se confondait avec l’auteure. J’ai visionné l’entrevue de l’auteure accordée en 2012. Je ne sais pas si c’est là, mais j’ai appris qu’il y avait eu 82 demandes pour aller écrire dans ce fin fond du Canada et de plus, Mylène Gilbert-Dumas a demandé l’hiver. Pas notre hiver à moins 20 certains matins, mais à moins 20 le jour et plutôt moins 40 et moins 50 la nuit, cette nuit qui dure tout le jour ! Fallait-il ce sacrifice pour obtenir un roman aussi réaliste et aussi bien documenté?

À la page 162, liste de noms, je veux tout voir sur une carte. Je trouve que, mine de ne pas s’y attarder, elle décrit simplement les lieux. Ce qui me fait penser que je devrais peut-être ajouter quelques descriptions dans mon manuscrit en cours. Devrais-je me rendre à Varennes comme Mylène a fait la route Whitehorse - Dawson?

À la page 204, je me suis rappelé que le livre devra faire l’objet d’un film. Je veux aller voir le Yukon avant que le film sorte. Certes, je ne verrai pas le Yukon des froids de janvier, des aurores boréales, mais j’espère voir au moins le fleuve, des maisons colorées et des cabanes de bois, les montages ocre, les fleurs rabougries.

photo empruntée à ce site>>>
À la page 242, j’ai voulu savoir si la photographe existait vraiment, je voulais voir ses photos, surtout celles prises en hiver sachant que je ne m’aventurerai pas au pays des caribous, sur la route Dempster. L’auteure me confirme que oui, elle s’appelle Romy Jansen et me fournit ce lien que je m’empresse d’aller voir. D’où la photo pour ce billet.

J’ai enfilé les cent dernières pages, mon esprit me laissait enfin tranquille. À la page 350, je suis revenue à la page 18 pour une vérification : quelle bonne idée. Un tour de force qui dénote un talent d’écrivaine aguerrie et expérimentée.

J’avais aimé L'escapade de Sophie Parent, mais la lecture ne m’avait pas donné envie de partir pour le Mexique, mais cette fois, oh ! que oui, je veux voir le Yukon. Peut-être, finalement, ai-je lu Yukonnaise parce que je savais aller au Yukon l’été prochain? Peu importe, j'ai quand même aimé le roman non seulement pour les lieux choisis mais bien plus pour l’histoire intéressante qui s’y déroule. L’auteure réussit à merveille à brosser un portrait nuancé de son héroïne. Ne tombe jamais dans le sentimentalisme niais. Une progression intelligente. Bien plus, c’est toute une région qu’elle nous fait connaître, nous fait aimer à travers les gens qui y vivent. Au passage, j’ai reconnu des comportements à la Émilie Bordeleau à qui l’auteure fait un clin d’œil, et aussi des tempéraments madelinots quand les gens ne combattent plus ni le froid ni le vent, et prenne le temps de goûter la liberté.
Enfin, bref, j’ai adoré.

Liens:
Entrevue de l'auteure en 2012>>>
Emprunt de la couverture sur le site de l’éditeur>>>
Blogue de l’auteure et son âme sœur>>>

jeudi 28 novembre 2013

Les passeurs
de Nicole Balvay-Haillot

Bien des raisons font qu’on choisit de lire tel ou tel livre. Cette fois, j’ai lu Les passeurs de Nicole Balvay-Haillot (éditions Vermillon) pour la seule raison que j’ai connu l’auteure lors d’ateliers d’écriture. Elle a lu mes histoires d’Irlandais, je lisais ses histoires de France, de Tunisie. 

J’ai parlé d’elle à quelques reprises dans mon blogue et même sur Voir.ca. Son roman Dérives m’a touchée parce que la relation mère-fille m’émeut toujours. Son livre de nouvelles, Fenêtre sur vies, a obtenu une mention au Prix Jacques-Poirier en 2009. 

Celui-ci, Les Passeurs, même si je ne l’avais pas su, je l’aurais senti à la lecture, a demandé beaucoup de recherches et du temps et du silence et de l’obstination. Ce livre, elle le portait depuis plusieurs années, c’est l’histoire de toute une vie, la sienne, celle de ses parents séparés, celle de la seconde guerre mondiale. 

Pour sa recherche, cette Française d’origine qui vit au Québec depuis quarante-quatre ans, a choisi un jour d’aller passer trois mois à Vezelay, à deux heures de route des événements relatés dans son récit. Elle entreprit de continuer à fouiller son passé, de retrouver des membres de la famille, à écouter des témoignages des descendants de passeurs, ces personnes qui prenaient bien des risques en faisant passer des personnes ou des messages ou des lettres de la zone occupée à la zone libre. Sans la famille Tillier qui permit à ses parents d’être réunis, l’auteure n’aurait pas vu le jour. 

La résidence d’auteure, la maison Jules-Roy, à Vézelay commence à être connue des auteurs de l’Outaouais. Sur le site Internet, je reconnais là quelques bénéficiaires, dont Loïse Lavallée, Michèle Bourgon, mais je suis certaine que pour Nicole Balvay-Haillot son séjour là-bas n’a pas représenté la même charge émotionnelle. Pour elle, c’était pays de souvenirs d’enfance et même d’amoureuse.

Donc je connaissais l’auteure, j’avais entendu parler de Vézelay, je savais que Nicole était née en 1942, en plein pendant la guerre 39-45 dont j’ignore à peu près tout, étant née après et surtout étant venue au monde dans un pays que nulle bombe n’a jamais atteint. L’auteure a su m’apprendre beaucoup sur ce temps de l’Occupation allemande, mais ce que j’ai aimé par-dessus tout dans la lecture de ce roman, c’est l’histoire personnelle. 

Elle a su, méthodiquement, clairement, en mettant sans doute beaucoup d’ordre dans ses émotions retracer la route de son père, soldat, pendant ces années de séparation. Pas de véritable montée dramatique comme dans un film américain, pas besoin, mais lettre après lettre, village après village, rencontre après rencontre, elle nous raconte ses démarches et ses trouvailles. Toujours en nommant les gens, de vraies personnes qui l’aident, qui cherchent, qui témoignent, même après toutes ces années. 

Cliquez sur cette ligne pour atteindre la carte sur Google maps
Je me suis amusée à situer quelques-uns des villages et hameaux dont il est question dans son livre. Dans son livre, l’auteure a eu l’heureuse idée de faire imprimer quelques cartes aussi. Comme des centaines de Québécois qui ne savent rien de la guerre de 1939-1945 (et même les autres), j’ai été très surprise de voir la ligne de démarcation autour de laquelle toute l’action de son roman se situe : je la croyais presque droite, au sud de la France, entre Bordeaux et Lyon, mais non…

Pour Nicole Balvay-Haillot, née d’un père soldat qui a passé la ligne de démarcation pour rejoindre son épouse délaissée, le 11 novembre n’aura jamais la même importance que pour moi qui n'a guère de lien avec les soldats, mais maintenant, au prochain Jour du souvenir, je sais que je penserai à Nicole Balvay-Haillot qui a réussi à boucler la boucle en écrivant Les Passeurs.

Vous pouvez lire un extrait du livre sur le site des Éditions du Vermillon >>>

samedi 23 novembre 2013

S'il y a un après, il y a aussi un avant

Alors que la plupart de mes ami-e-s facebookiens, —des auteurs, ai-je besoin de spécifier—, sont au Salon du livre de Montréal, que mes ami-e-s de la Petite-Nation sont au Salon des métiers d’art de Ripon, j’ai la tête au voyage. Au chaud d’abord, cet hiver — mes articulations le réclament surtout aujourd’hui— et ensuite à Alaska l'été prochain. 

Idée de départ : c’est en regardant la revue Photos solutions de l’automne que l’idée est venue d’aller voir ces montagnes aux couleurs ocres pour certaines et aux neiges éternelles pour d'autres.

Comme je compte bien rouler en véhicule récréatif pour encore cinq ou six ans, ensuite j’opterai probablement pour le nomadisme, du style location de maison de parc quelques mois en hiver et ne voyager qu’au Québec au printemps ou à l’automne, je me suis demandée ce qu'il me restait à voir dans cette grande Amérique? Réponse : Yukon et Alaska. Plusieurs de nos connaissances, comprendre les personnes qui pratiquent le caravaning, rencontrées lors de rassemblements, nous le vantent comme le plus beau de leurs voyages. De mon côté, Mylène Gilbert Dumas, avec son Yukonnaise et sa Lily Klondike, me donne aussi envie d’aller y voir de plus près. Nous irions pour les paysages sauvages, la vie animale, les campings au bord des lacs, la pêche au saumon, une petite croisière d'un jour le long des glaciers, voir les loutres batifoler. 

Mais c'est tellement loin. Ma copilote aime bien être rendue. Nous avons donc regardé l’option : avion jusqu’à Whitehorse, location de VR, visiter le Yukon et l’Alaska ce qui représente environ 4,500 kilomètres. Recherche de prix, petit tableau pour 21 ou 28 jours. On avait juste oublié une chose : le prix de la location du VR ne comprend pas le kilométrage, alors, ça monte, ça monte. Re-tableau, re-calcul, comparaisons. Si on ne compte pas l’usure et la dépréciation de notre véhicule récréatif, même si nous devons lui additionner un bon 17,000 kilomètres, ça semble quand même plus avantageux pour notre portefeuille d’y aller avec notre propre VR.

Cliquez pour agrandir
Alors à quoi croyez-vous que je passe mon temps, entre deux brassées de lavage (on est samedi, c’est son jour)? Recherche d’itinéraire. Pas trop compliqué pour le Yukon : deux routes : la 2 nommée Klondike Highway pour monter à Dawson City et la 1, l’Alaska Highway pour revenir à Whitehorse en longeant le paraît-il très beau lac Kluane. Et en Alaska, tout le monde fait le même circuit, dans un sens ou dans l’autre : Fairbanks, Anchorage, Homer, Valdez. Sur place, on décidera si on s'aventure sur la route Top of the World dont on dit qu'elle est salissante et étroite. Il reste à décider si on part par le Canada et on revient par les États, ce qu’on a déjà fait en 2003. Comme nous n’avons pas vu Edmonton ni Jasper ni Saskatoon, comme on a bien envie de longer les Grands Lacs, il sera assez facile de faire un parcours légèrement différent à l’aller et au retour.

Mon problème d’aujourd’hui : où faire mon itinéraire? J’ai encore le vieux logiciel Streets & Trips, version 2005 qui m’a si bien servi, mais guère utile une fois sur la route parce que je ne garde pas mon portable ouvert en roulant. Sur mon GPS, faire un itinéraire avant le départ ne donne rien. Au mieux quelques semaines avant, je vérifie si tous les POI, ces points d’intérêt utiles sur les campings, restaurants, stations-service sont à jour, quoique pour ça, j’ai aussi le très utile Next Exit. Sur Google maps, même en me servant de la version classique, une fois enregistré, il est très difficile d’ajouter des points de repère à cet itinéraire. Quant aux versions tablettes Android, pas encore très familière avec les applications, il me faudrait probablement le Navigon Android au prix de 60$. Mais je ne sais pas si ça suppose qu’il faut avoir Internet en roulant et si c’est pour être comme un GPS, j’ai le mien qui fonctionne très bien. J’en suis là de mes essais.

Autre tentation du jour : commencer un nouveau blogue exclusivement pour ce voyage. Comme le font quelques blogueurs-voyageurs que je lis régulièrement, dont une qui écrit un nouveau blogue pour chacune de ses destinations. Mais, après avoir fouillé sur les modèles de Blogger (eh oui, encore, c’est mon dada !), il serait trop différent de celui que j’ai présentement. Et comme le voyage n’en est qu’à l’état embryonnaire, je me dis que je vais me contenter d’un premier billet dans mon blogue méli-mélo.

Voilà c’est fait.

mardi 19 novembre 2013

Chantez-moi une belle chanson!

La peur coule. Éponge je deviens. Je pose des pierres, j’édifie un mur. Je me parle. Je donne des ordres à ma volonté. Après que la curiosité m’ait poussée à lire sur le sujet, le regret me bouche les yeux, les oreilles. Je cours vers d’autres lieux. Je fuis. Je regarde ailleurs chez les enfants, du côté de la vie et des rires, du côté du soleil et du sud.

Bientôt cinq ans que je blogue. Courts textes, sur tout et sur rien. Je m’amuse dans mes talles favorites. Chaque fois que l’émotion me dicte des mots pour l’exprimer, je commence un billet, ne le termine pas toujours. 

Je ne suis pas femme d’idées ni d’opinions, je suis femme d’émotions, je l’ai compris il y a peu de temps. En ce temps-là, au début du blogue, je me croyais capable, à défaut d’écrire des éditoriaux ou des billets sérieux avec recherches et arguments fouillés, de rédiger des articles comme celui-là >>> , j’y ai renoncé rapidement. Mais si les opinions ça développe l’intelligence, les émotions, ça gruge le cœur.

Aujourd’hui, j’ai ajouté quelques paragraphes à la fin de mon roman, quand mon personnage principal est à la veille de mourir. Je ressens ce qu’il vit. La mort continue de rôder. Parlez-moi de bébés, de vie, de santé, de choses qui vont bien, qui finissent bien. Dites-moi que je suis l’auteure et non le personnage, que c’est moi qui décide de regarder du côté de la vie. Que la sciatique que j'ai n'est qu'un nerf coincé et non le début de ma fin.

Que ce blogue qui aura bientôt cinq ans, ce n’est rien, c’est tout jeune, qui vivra encore longtemps, comme son auteure. 

Chantez-moi une belle chanson!

(photographie de mon grand-père à la fin de sa vie, avec sa petite-fille, ma cousine, dans ses bras. Il m'a servi de modèle pour mon personnage)

jeudi 7 novembre 2013

Le temps est au sérieux

Le temps des pieds dans le sable est passé. D’en rêver aussi. 
Le temps des photos souvenirs est passé. De les montrer aussi.
Le temps de la discipline est venu, comme septembre après les vacances quand j’étais écolière. Répit de deux mois, je me compte chanceuse.
Le temps de l’éparpillement et du Candy crush accrocheur est terminé, je dois rendre deux livres à la bibliothèque dans trois semaines : 
Fanette, tome 6 de Suzanne Aubry
Le destin de Maggie, tome 3 de Daniel Lessard

Le temps est venu de retourner sérieusement à l’écriture. Je ne suis pas aussi prolifique que les deux auteurs cités précédemment, mais tout de même, mine de rien, j’ai eu une petite nouvelle publiée dans Nouvelles de Gatineau 2, dont j’ai manqué le lancement, toute occupée que j’étais à revenir de Myrtle Beach. 

Un livre de nouvelles fort intéressant par ailleurs. Daniel Paradis m’a jetée par terre avec la richesse de son vocabulaire et l’efficacité de son style. J'ai toujours un faible pour Nicole Balvay Haillot, égale à elle-même, toujours touchante. Et la mienne, dans les circonstances dans lesquelles elle fut écrite, c’est-à-dire à la limite de la date de tombée, entre deux traitements de chimiothérapie, je la trouve pas trop mal. Mais celle pour la prochaine édition — car prochaine il y aura, ce fut confirmé — est beaucoup mieux fignolée et j’en suis fière.

Le temps est donc venu de peaufiner un texte plus long, mon prochain roman. Un texte venu des coupures de la première version des Têtes rousses, qui, à force de traîner, ressemble à un cadavre vidé de son sang. Je dois le ressusciter et lui rendre un cœur, lui donner de l’air et si ma force n’est pas dans le vocabulaire recherché d’un Daniel Paradis, dans la beauté des descriptions d’un Daniel Lessard, j’espère lui donner vie d’ici la fin de l’hiver, ce serait déjà bien.

mardi 5 novembre 2013

La mer le plus souvent possible

Si je n'étais pas née au Québec, j'aurais choisi un peu plus chaud...
Si je ne n'avais pas eu besoin de travail, j'aurais choisi de ne rien faire au bord de la mer...
Si je ne devais pas me chausser, je marcherais pieds nus dans le sable...
Si je ne devais pas m'abriter, je vivrais dehors à longueur d'année.

Voici donc le récit d'un endroit qui me permet, le plus souvent possible, de vivre au chaud, mais pas trop, au bord de la mer, accessible à pied, et où je peux marcher, pédaler, relaxer, lire et rêver... dehors.


cliquez ici >>> 
pour voir d'autres photographies et légendes de mon séjour à Myrtle Beach.

samedi 2 novembre 2013

Aller ou ne pas aller aux Salons

Lucille Bisson va au Salon de Montréal avec son Dominos sorti aux éditions Apothéose en 2012. 
Sylvie Gaydos va au Salon de Montréal avec son Impasse sorti chez De Mortagne en 2011. 

Constatation sans jalousie, observation avec admiration pour leur feu sacré, leur persévérance, mais déclencheur de questions personnelles tout de même. Réflexion. Les Salons du livre, c'est quoi pour moi? Aujourd'hui, pas il y a un siècle quand je voulais être écrivain, pas il y a trente ans quand ma famille avait une maison d'édition et que j'accompagnais mon père aux Salons comme aux expositions locales, mais bien aujourd'hui avec mon petit bagage d'auteure, c'est-à-dire un seul livre encore disponible sur le marché? 

Si, et je sais que ce si n'arrivera pas, si la maison d'édition était représentée au Salon du livre de Montréal, elle l'est via le distributeur Prologue ce qui complique un peu les choses, aurais-je demandé à y aller? Parce que le temps où on vous invitait, faut pas trop y penser quand on n'est pas un gros nom -- comprendre gros vendeur. La seule année où j'ai insisté pour y aller, c'était en 2011, lors de la parution de mes Têtes rousses et la vie a fait en sorte que justement en cette fin novembre, des examens se multipliaient entre Gatineau et Montréal pour une tumeur au sein pour l'une et une prothèse au genou pour l'autre. C'était beaucoup trop. 

Mais les autres, celui de l'Outaouais, Jonquière, Abitibi-Témiscamingue, Trois-Rivières, tous, pourquoi pas? Pourquoi j'y pense, mais je renonce? En fait je ne renonce pas vraiment, je me dis que ça ne vaut pas la peine. Je me garde celui de l'Outaouais parce que j'aime bien, pas loin, je connais les éditeurs, plusieurs auteurs. Pourtant chaque fois que j'y vais, au stand des éditions Vents d'Ouest, ou avant à celui des défunts Écrits Hautes-Terres ou à celui de l'association des auteurs et auteures de l'Outaouais dont je fais partie, si j'ai vendu cinq livres c'est beau. Faut croire que je n'y vais pas pour cette seule raison. 

J'ai été aussi à Ripon, une exposition surtout pour les métiers d'art, parce que c'est dans ma région, mon monde, j'y ai vendu une vingtaine de livres. À Hawkesbury, pour voir, deux ventes je crois, beaucoup de jasette avec ma voisine.

Pourquoi pas ailleurs? Pourquoi j'irais? Les livres, c'est quand même un de mes sujets favoris, le premier d'ailleurs. Et je ne suis pas si associable que ça. Toujours intéressant d'être au courant des nouveautés et des jeunes auteurs. Avez-vous regardé la liste des auteurs sur le site du Salon de Montréal? Combien en connaissez-vous? Alors si c'est pour la reconnaissance de ses pairs, ça fait beaucoup à "reconnaître"!

Finalement, comme souvent, plus de questions que de réponses. Et faut-il vraiment en trouver, quitte à en inventer, comme je ne suis pas vendeuse, je suis paresseuse, je n'ai plus la passion, ça ne vaut pas la peine (ou pire, je n'en vaux pas la peine), je veux qu'on me demande d'y aller plutôt que d'avoir à téléphoner pour m'imposer. Non, ne pas aller dans ces zones de doute.

La seule réponse qui me convient: je suis de ces auteurs qui aiment écrire, et je ne déteste pas être publiée, le reste, la promotion, la tournée des Salons, les longues journées assise derrière une chaise à attendre qu'on veuille bien vous parler, faut croire que ça ne m'attire pas suffisamment pour que je fasse l'effort d'un appel téléphonique ou d'un courriel. 

Ah oui, il y a aussi l'obligation versus la liberté! M'engager des mois à l'avance? L'année de la parution de mon roman, j'avais réservé un an dans mon agenda, juste pour la promotion. L'agenda fut plutôt rempli de rendez-vous à l'hôpital, ça refroidit les ardeurs pour les années à suivre. Et comme j'aime partir dans le sud souvent aux dates des Salons... y a comme un choix. 

La liberté gagnera toujours. Côté obligations, j'ai déjà donné.
Et vous, les Salons, vous aimez? vous y allez?

(photo de l'auteure au Salon de l'Outaouais 2013)

vendredi 1 novembre 2013

L'ourse dans sa caverne

Quand pendant une bonne vingtaine de jours, tu as marché entre un et cinq kilomètres sur la plage, à fixer un horizon comme si tu cherchais un sens à la vie, à laisser parler tes personnages, à retenir des phrases pour les noter à ton retour, parce que tu marches légère sans bagage... 

Quand tu pédales entre un et vingt kilomètres dans les petites ruelles asphaltées du camping ou sur les trottoirs d'une ville américaine qui ne fait rien pour améliorer les pistes cyclables... 

Quand tu sors de ton motorisé de 22 pieds tous les matins pour y entrer à peine une fois ou deux dans la journée... 

c'est certain qu'au retour, enfermée dans ta maison, même si elle a quelque mille pieds carrés, parce qu'il pleut depuis deux jours, c'est certain que tu te sens comme un ours en cage. Un ours qui entre dans sa caverne. Ou un chien qui court après sa queue et tourne sur lui-même pour se faire un petit nid sur la carpette du salon, celle au coin du feu si possible. 

Si en plus, tu es privée de ton ordinateur parce que, lui, pour une raison inexplicable, a décidé de supprimer plusieurs lettres du clavier...

Pourquoi suis-je revenue, moi?

(photo prise et traitée par l'auteure sur sa Nexus7: plage de Myrtle Beach)

mardi 29 octobre 2013

Il l'a écrit en pyjama
je l'ai lu les pieds dans le sable


Je l'ai emprunté à la BANQ, je l'ai commencé au nord et terminé au sud, les deux pieds dans le sable chaud, comme dit la chanson. 

J'avoue que je ne suis pas fan de Laferrière, du genre qui se jette sur tout ce qu'il écrit (qu'il ne s'en offusque pas, je cherche encore pour quel auteur je le fais), bien sûr, je ne suis pas insensible à tout le tapage médiatique dont il est entouré et ce, depuis la parution de son premier roman. J'ai renoncé depuis longtemps à comprendre comment sont décernés prix et nominations, peu importe la discipline, alors disons que le fait qu'il remporte tel ou tel prix me laisse froide, mais me rend curieuse. Je suis comme tout le monde, je prends le livre primé, je le feuillette, rien ne m'attire particulièrement, et bien souvent, je le remets sur la tablette jusqu'au prochain Salon du livre ou ma prochaine visite dans une librairie. J'ai lu le Prix Femina, dont j'ai oublié le titre c'est vous dire, et je dois avouer que j'ai aimé. Le personnage-auteur me plaît plus que ses livres. Pour l'avoir vu, entendu et même lui avoir parlé un peu soit aux Correspondances d'Eastman soit dans un Salon du livre, je le trouve sympathique, j'aime sa modestie. Mais je suis plus rue Fabre que Petit Goave. 

Journal d'un écrivain en pyjama 

Mais quand j'ai entendu le sujet de Journal d'un écrivain en pyjama, tout de suite, j'ai voulu lire. Comme souvent, je me suis précipitée sur le site de la BANQ, évidemment, il fallait attendre, nous étions en septembre, je l'aurais début octobre. Je l'ai eu quelques jours seulement avant mon départ pour Myrtle Beach. 

J'ai tout lu, à peine passé quelques pages... sur Haïti justement. Je l'achèterai parce que je veux relire certains passages. J'ai lu comme une auteure et non une lectrice. Même que j'ai été surprise d'entendre une personne dire qu'elle l'avait lu alors qu'elle n'écrit pas. Je pensais que ce genre de billets écrits comme un blogue n'intéresseraient que des écrivains, en herbe ou non. C'est beaucoup mieux que Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke pour la simple raison que c'est écrit aujourd'hui et qu'on connaît l'auteur. 

Mauvais livre 

Pas d'accord avec tout ce qu'il dit, nous n'avons pas à l'être non plus, mais deux mots m'ont bien intriguée à plusieurs reprises: « mauvais livre ». Je ne peux le citer puisque je n'ai plus le livre, mais il revient souvent sur le sujet. Je me demande bien ce qu'est un mauvais livre. N'est-ce qu'une question de temps pour qu'un livre soit mauvais? L'est-il dès sa publication? Dès l'écriture? Naît-il mauvais ou il le devient? C'est quand les lecteurs le boudent? Quand il s'en vend moins que le précédent? Ou quand après 15 ans l'auteur le relit et le renie? Quand le critique ou le professeur d'université le juge comme tel? Qui a envie de publier un « mauvais livre »? Un ouvrage peut-il être mauvais pour un lecteur et bon pour l'autre? J'aurais voulu des titres, même si je comprends que ce devait être mal aisé d'en citer quelques-uns. Mais pourquoi pas puisqu'il en nomme tant et tant (je n'ai pas lu le quart des auteurs qu'il cite). Est-ce à dire qu'ils sont tous bons? Tant parler de mauvais livres, ça suppose que d'autres sont bons. Bons pour qui? 

Opinions versus émotions 

Comme tant d'autres, il conseille de ne pas écrire nos opinions, si on le désire, on n'a qu'à écrire un essai. J'aurai quand même réalisé que je n'écrirai jamais d'essais: je n'ai pas d'opinions. Pas très arrêtées en tout cas. Je n'étais pas forte en dissertation à l'école et je comprends pourquoi: je ne tiens pas mordicus à telle ou telle idée et je n'envie pas les personnes qui tiennent aux leurs. Je suis femme d'émotions. J'aime en parler, en lire, et j'espère réussir à en écrire. Sans doute pour cette raison que, comme Laferrière, je puise dans la vie des gens mon matériel d'observation. La vie des gens qui m'entoure est un terreau fertile. 

Je m'arrête ici, j'y reviendrai sûrement quand je l'aurai acheté. D'autant plus tentant que son roman, en numérique, est la moitié du prix du livre papier, c'est rare. Habituellement ça ne dépasse pas 20%. 

Pas parce que je m'identifie à lui, je ne crois pas qu'un éditeur m'envoie à Paris, mes romans n'ont jamais dépassé un tirage de 3,000 exemplaires, je ne suis plus une jeune auteure en herbe. Mais de le lire, de se reconnaître dans le rêve, c'est très inspirant. 

Était-ce le bruit de la mer, mes pieds dans le sable, le doux temps, le plaisir de lire, ou son roman inspirant, mais je sais que je terminerai mon manuscrit cet hiver.

Empruntez-le (ou plutôt réservez-le) à la BANQ, via www.pretnumerique.ca
(photo empruntée au site de l'éditeur)


dimanche 27 octobre 2013

Shorts et sandales


Brookgreen gardens, Myrtle Beach
On peut voyager pour différentes raisons.
Par affaires. Jamais dans mon cas
Pour la découverte de nouveaux paysages. Très souvent, mais moins dans les dernières années. Quoique l’Arizona…
Pour le repos ou des vacances. Toujours du temps où je n'avais que quelques semaines de vacances. Plus vraiment maintenant que je suis travailleur autonome-plus-autonome-que travailleur.
Dans mon cas, retourner à Myrtle Beach, pour la quatrième fois je dirais, ce n’est pas pour la découverte ou le repos, mais pour le temps chaud. À preuve, ça ne fait pas vingt-quatre heures que je suis de retour et mes articulations sont raides et ne partent pas au quart de tour. Pourtant, j'ai marché, pédalé, nagé plus en trois semaines que tout l'été.

Donc, de retour de ce sud pas si au sud, je ne conterai rien que je n’aie déjà dit. Pas de lieux exceptionnels, pas de photos extraordinaires. J'ai marché sur la longue plage, sur le bord de la mer. Chaque jour. À regarder les pêcheurs qui espèrent prendre leur quota de quinze "blue fish", même si les aigrettes, elles, ne patientent pas autant. À observer les enfants jouer dans le sable. Les plus adorables ont trois ou quatre ans: des petits membres dodus que je mangerais tout rond. À penser à mes personnages de romans. À me prendre pour Marie Laberge (avez-vous vu son nouveau site tout plein de photos de bords de mer?) ou Michel Tremblay dans les Keys ou Katherine Pancol en Normandie. Je crois qu'il faut être seule pour que les phrases viennent. Mais la lecture du dernier livre de Laferrière m'a ramenée sur terre: de commun avec ces écrivains, je n'aurai que les longues marches au bord de la mer, au bord des vagues parfois tonitruantes, parfois douces, sans moutons, parfois sablonneuses, parfois limpides à la Kinkade. 

En profiter pour lire d'ailleurs. J'avais apporté Troyat mais j'ai terminé Le mouvement des choses d'Eric Simard, Jeanne chez les autres de Marie Larocque, deux romans québécois qui ont le langage de la jeunesse. Fâché contre Simard pour la fin abrupte et un peu dérangée par le langage de Marie Larocque. Je pense que je devrais lire La cohabitation des générations pour comprendre les nouveaux auteurs.

C'est Le journal d'un écrivain en pyjama de Laferrière qui m'a le plus poussée à reprendre mon manuscrit. Non, pas seulement lui, ma première lectrice aussi. Celle dont j'ai parlé dernièrement, qui devait lire mon manuscrit pendant ce séjour dans le sud. Elle a bien commencé quelques pages, pour s'apercevoir qu'elle avait lu puisqu'elle a eu le droit au premier manuscrit avant toutes ces coupures pour l'édition des Têtes rousses. En revanche, je dois avouer qu'elle a quand même donné un grand coup: elle a trouvé le titre, ce qui n'est pas rien. M'a donné également de nombreux éléments (importants les détails qu'a dit Laferrière) pour agrémenter la trame.

Je ne tiens pas de blogue sur mes voyages, seulement un site avec des photos. Après seulement le voyage effectué. Je me demande même comment certains blogueurs réussissent, presque chaque soir, à nous raconter leur journée. 
Je ne tiens pas de blogue sur les livres que je lis, mais je parle à l'occasion de ceux qui m'ont intéressée. Il est fort possible que je revienne sur celui de Laferrière.
Je ne tiens pas de blogue sur les photos, mais j'en montre souvent, avec plaisir. Pas prête encore. Il me reste à choisir parmi les quelque 500 photos prises (encore heureux que nous ne soyons plus à l'ère argentique), à post-traiter les meilleures. Comme il est plus rapide d'écrire des mots que de présenter des photos, enfin pour moi, je me contente d'une pour l'instant, plusieurs suivront quand je les jugerai dignes de publication.

De retour donc d'un voyage qui m'a permis de réaliser mes trois rêves: lire, écrire, voyager

Et tout ça au chaud. En shorts et en sandales

(Pardonnez a l’avance les quelques erreurs qui peuvent se glisser, mon clavier n’a pas aimé le sud : plus de « g » « h » « 6 » et « 5 » entre autres. Donc petite visite chez un technicien ces prochains jours).

(photo prise par l'auteure)

dimanche 29 septembre 2013

La première fois

Elle m’a demandé de lire mon manuscrit. Si je le veux bien. Elle, ma muse. Elle qui me connaît si bien. Qui sait si bien inventer. Qui, à partir d’un bruit en déduit toute une histoire d’accident. Qui a dans sa mémoire des centaines d’anecdotes qui pourraient alimenter des romans de 300 pages alors que j’éprouve de la difficulté à mener à bien un seul à 200 pages.

Oui, je vais le lui montrer, même si le manuscrit est loin d’être achevé. Justement pour qu’elle me fasse des suggestions. Je l’entends déjà me dire de « mettre de la chair autour de l’os ». Je n’ai pas peur qu’elle me trouve des fautes, là n’est pas sa force. Ce n’est pas le doute qui se rue vers mon cerveau émotionnel, je ne crains pas son jugement, je sais à l’avance qu’elle me dira bien en deçà de ce que je me dis moi-même. Non, j’ai même hâte de savoir ce qu’elle en pensera. C’est plutôt cette émotion de jeune mariée qui m’étreint. Dévoiler ce qui était secret jusqu’à ce jour, me montrer à nue, sachant que ce corps, le manuscrit, n’est pas parfait, n’est pas achevé. La fierté aussi d’être désirée. Ce n’est pas moi qui lui ai demandé, c’est elle qui a offert. Entendre qu’elle aime, ne serait-ce qu’un peu; entendre, comme si c'était la première fois — et ce le sera pour ce manuscrit — , «j’aime» c’est ce qui m’émeut le plus dans ma vie personnelle autant que professionnelle. Ce que je verrai dans ses yeux, ce que j’entendrai de sa bouche, je sais à l’avance que ça me chavirera et me motivera pour devenir meilleure. 

Il y a ceux qui préfèrent aimer et ceux qui souhaitent être aimés. Aimer, pour moi, c’est facile, j’ai le contrôle sur mes sentiments, mais être aimée, ça n’arrive pas souvent dans une vie, avouons-le. Et être aimée dans ce que nous avons de plus intime, de plus précieux. Écrire pour moi est un acte solitaire, un acte important, un acte où je ne suis pas une image ou un être social, où je livre le plus beau et le plus profond de moi-même, et dont je parle rarement parce que personne ne me pose de questions à ce sujet, alors que quelqu’un veuille me lire, surtout la première fois, ça m’émeut. 

Et ça me fout la pétoche !

dimanche 22 septembre 2013

Je prends ma retraite



Depuis trois ans, j’ai une auto 2007
depuis un an, j’ai un véhicule récréatif 2004, avant j’avais un modèle de 1995
depuis cinq ans, un ordinateur portatif, écran 15 pouces
depuis six ou sept ans, un cellulaire Rogers, pas de texto (ou en tout cas, je ne sais pas m’en servir) pas de photo
depuis trois ans, j’ai des beaux planchers flottants et des tuiles qui ont fait « clic »
depuis deux ans, j’ai un grand téléviseur à écran plat avec du HDMI
depuis deux mois, un I-pod touch 5e génération et hier, il a fallu télécharger le IOS7 au design plat (platte, oui!)
depuis un mois, je lis un roman publié en 1953 d’Henri Troyat, décédé en 2007.

J’aime me tenir au courant des nouveautés, histoire de ne pas avoir l’air d’une vieille antiquité, prête à s’ennuyer dans un CHSLD, et j’aime bien savoir de quoi parlent mes neveux et nièces lors de rencontres familiales.

Il y a deux semaines, on m’a dit que mon site avait l’air… je cherche le mot, pas obsolète, mais un mot qui veut dire « version dépassée ». Alors, je me suis dit, je vais le mettre un peu au goût du jour. Mais voilà que le goût du jour, c’est le « responsive template » et la plateforme Wordpress si possible, même si Blogger n'a rien à lui envier, ce me semble!

Où je veux en venir ? Ça change trop vite. Arrêtez de pousser, je ne suis plus capable de suivre. Ni dans les véhicules, ni dans les styles littéraires, ni dans le « home staging », ni dans les téléviseurs à interface ou les téléphones intelligents. J’ai à peine le temps de voir ce qu’est un drôme, d’apprendre à écrire un texto, de lire du Lori Saint-Martin (il faut bien que j'en nomme une, mais ça pourrait être la majorité des jeunes auteurs québécois, vous savez, ceux qui réussissent à écrire sans relative dans leur phrase), d’acheter un logiciel pour monter des sites que déjà, on me jette aux yeux (ceux-là mêmes qui viennent de subir une opération pour les cataractes, c’est vous dire que je n’ai plus l’âge de me battre dans ce féroce monde de la performance) une expression comme « responsive template » !

Laissez-moi souffler! Ou plutôt, je décroche, je prends ma retraite du graphisme. Je vais envoyer un courriel à mes rares clients et leur dire de commencer à se chercher un designer qui sait jouer à ce jeu de « on change tout demain matin ! » Mes-vos sites sont démodés et ce n’est pas moi qui vais les raccommoder.

Je ne crois pas que ce soit ma dernière auto, peut-être mon dernier véhicule récréatif. Je ne sais pas si je vais encore changer mes planchers, les fenêtres peut-être. Un autre ordinateur quand celui-ci rendra l’âme (ces petites bêtes-là ont encore moins d’endurance que moi !), sûrement. Je vais continuer d’écrire avec mon style à mi-chemin entre les 30 ans et les 80 ans, blogues compris, mais je ne crois pas que je vais refaire mon site.

Obsolète, c’est un bien plus beau mot que « responsive design template », au moins, c’est français !

vendredi 13 septembre 2013

Verbes d'un vendredi 13

Enlever toutes les voix du monde, sauf la française, de son GPS pour créer de l’espace; se rendre compte qu’il en manque encore;

acheter une micro carte sd de 8Go, pour satisfaire son GPS gourmand qui n’a pas suffisamment de mémoire pour nous montrer les nouvelles autoroutes;

télécharger la nouvelle carte de l'Amérique du Nord, attendre un bon deux heures avant de voir enfin la petite auto sur les autoroutes 50 et 30 (et sûrement quelques autres) maintenant existantes;

en profiter pour enlever de nombreux favoris qui ne servent plus, vague nostalgie pour un voyage passé ;

télécharger tous les POI dont on aura besoin pour le prochain voyage parce maintenant on a de l’espace;

tant qu’à y être, rentrer dans les favoris au moins les quatre Springs State parks qu’on tient à visiter absolument en Floride;

prendre quelques secondes pour réaliser qu’un GPS ne fonctionne pas sur le wi-fi comme la majorité des autres bidules électroniques en sa possession, donc devoir sortir à l’extérieur, par un maigre 13 degrés venteux parce que la réception du satellite est faible;

se demander si on ne pourrait pas établir son itinéraire, mais se souvenir que cet outil n’était pas fourni avec ce modèle bas de gamme;

ne trouvant plus rien à ajouter, être presque déçue de ne pouvoir poursuivre sur cet élan, comme si le voyage se terminait ici;
Encore quelques semaines et nous y serons
alors, chercher une photo pour prolonger le plaisir et venir en parler sur son blogue.

Tout ça un vendredi 13, non, ce n’est vraiment pas un jour de malchance !

dimanche 8 septembre 2013

Le titre « Vélo à Granby » ne dit pas tout, ne dit rien en fait

Il y a des billets qui s’écrivent rapidement, d’autres parfois demandent des recherches. Et comme en cherchant, on s’aperçoit qu’on en a déjà parlé, presque fait le tour de la question, on se demande bien comment se renouveler et réussir à raconter ce qu’on a vécu, en images ou en mots, ces deux jours à Granby. 

Les photos ne reflétant pas notre état de corps, de cœur et d’esprit, on s’acharne sur les mots qui eux non plus ne nous satisfont pas. Les jours passent, les occupations nous amènent ailleurs. 

Pour dire tout le bonheur que j’ai ressenti à pédaler sur la piste cyclable de Granby, j’ai voulu retrouver toutes mes bicyclettes, mais avant l’ère du numérique, il y eut de vielles photos en noir et blanc, des diapositives, des films en 8mm ou, pas de photos du tout. 

En 2010 et 2011, sur ce blogue, j’ai déjà conté des grands bouts de mes aventures en vélo.


Avant ma première bicyclette, j'ai dû partager avec celles de mon frère. (Je pleurais peut-être pour avoir la mienne!)

8 ans : bicyclette bleue à rétropédalage, a connu les côtes de Lévis

18 ans : vélo 10 vitesses de fille, rouge et blanc, a connu Sorel, le lac Simon

20 ans : vélo 10 vitesses de gars, de marque Raleigh acheté au Canada, vendu à Londres, a connu l'Irlande

25 ans : vélo de gars 12 vitesses

26 ans : vélo-solex, à l’essence, un petit moteur qu’on descend sur la roue avant, a connu les parcs du Saint-Laurent


30 ans : emprunt d’un vélo pour course Lac-des-Plages/Montebello




31 ans : mobylette à essence, une vraie comme celle des Français. Très peu de techniciens pour les réparations, a connu le parc du Mont-Tremblant




40 ans : retour au vélo ordinaire, vélo de gars, 12 vitesses, a connu Cape Cod



Autour de 50 ans : vélo de fille, 18 vitesses que je n'ai vendu que cette année (2013), a connu une bonne partie de la province



57 ans : vélo électrique, batterie au plomb, a connu les États-Unis


63 ans : vélo électrique, batterie au Lithium, connaîtra le sud des États-Unis

La simple énumération des divers vélos ne dit rien des hésitations et des deuils entre chacun, des émotions que chacun m’a procurées, des histoires que j’ai vécues. Et pourtant, c’est entre ces lignes, entre ces âges, entre ces années que s’est insinué ce besoin constant de retrouver le plaisir premier, celui qui date du tout début, de la première fois : la possibilité de partir seule à l’aventure.

Chaque fois que j’ai décidé de changer, d’en acheter un nouveau, un plus performant, un électrique pour plus de facilité, c’était pour retrouver ce bonheur tout simple d’aller voir de nouveaux paysages, de découvrir de nouvelles odeurs, de respirer le doux air de la liberté.
 Avec la venue des pistes cyclables — asphaltées ou en pierre de roche, mais loin de la rue achalandée et dangereuse —, je suis bien heureuse de renouer avec ce sentiment d’évasion. 

Mon vélo électrique rouge, celui avec la lourde batterie de plomb répondait plus à un besoin d’utilité en camping, tandis que le plus léger, à la batterie au lithium, me procure une impression de jeunesse. 

Et les deux jours à Granby ont, en cela, répondu amplement à mes attentes. Ce fut le bonheur total.


En prime, malgré le temps frisquet, deux repas à l’extérieur devant un petit feu, dans un camping déserté. Je suis comblée.

mardi 3 septembre 2013

Encore une fois sans raisons précises

Parce qu’il ne fait pas si beau ni si chaud que ça vaille la peine de  pédaler quelques kilomètres;

Parce que c’est septembre, que j’ai écrit le mot deux fois depuis ce matin,histoire de m'en convaincre, mais qui ne résonne pas comme quand je rentrais à l’école, en fait, la rentrée ne veut plus rien dire pour moi, même pas de repas pris avec des profs retraités parce que j’ai quitté l’enseignement trop tôt; et que je n’ai pas de livres à paraître pour que le mot « littéraire » soit joint au mot « rentrée »;

Parce que je procrastine et que ça ne me dit pas de retourner corriger la page 124 de mon manuscrit, surtout quand je vois l’artiste peindre un super beau tableau en deux heures;

Parce que, comme chaque jour, j’ai quand même le goût d’écrire un peu;

Parce que je prends une petite pause de la lecture des Semailles et des moissons d’Henri Troyat qui me renvoie à mon écriture : pourquoi je ne couche pas d’aussi intenses sentiments sur papier, que je ne dépeins pas des relations aussi complexes ?

Parce que je me demande ce que je ferai de ma cueillette de photos prises les derniers jours;
Champ de soya après l'orage (cliquez sur la photo pour agrandir)

Jeune, j'en mangeais à me rendre la langue bleue.
Plus maintenant!
Parce que j’ai terminé de tracer l’itinéraire de mon prochain voyage qui me mènera dans les « Springs » de la Floride;

Parce que je m’épivarde;

Tout simplement.

(photos de ClaudeL, septembre 2013)

vendredi 30 août 2013

Tout me tente

Il y a des jours où tout me tente. D’accord, disons beaucoup de projets. Non pas que j’ai l’énergie pour tout entreprendre, faire 30 kilomètres en vélo ou laver la maison à la grandeur ou écrire 3,000 mots. Non. Je voudrais voir de nouveaux paysages, emprunter de nouvelles routes. Pas faire le tour du monde, mais aller autant en France, ou rouler tranquillement sur la côte est et sur celle de l'ouest des États-Unis, le grand Circle aussi des canyons. Même l'Alaska. Ou acheter de nouveaux vêtements et une tablette dont je n’ai pourtant pas besoin. Ça doit être la rentrée, comme quand j’étais élève et que je voulais des cahiers neufs, vierges, des crayons pas encore aiguisés, un pot d’encre d’une couleur différente. Et une paire de souliers italiens, bleus, alors que le noir ou le brun était plus recommandé.

C’est agréable parce qu’on se sent en vie, capable d’affronter l’Everest, même si, rien qu’à penser aux Rocheuses ou au Mont-Blanc, j'ai le vertige. 

Je viens de faire une chose que je n’avais jamais fait avant : j’ai réservé un mois dans un camping des États-Unis, pas pour la semaine prochaine, pour dans sept mois ! J’ai déjà réservé des billets d’avion, même un voyage de vingt-deux jours en Tunisie ou un autre de vingt-neuf jours en Espagne, un bon quatre ou cinq mois à l’avance, mais « chez nous », en Amérique, en véhicule, jamais. J’aimais bien trop l’idée de partir quand je veux, arrêter quand il me plaît selon la température, l’endroit, la fatigue, ne pas avoir d’obligation. Sensation de liberté. L’an dernier, j’avais bien réservé deux semaines, mais pas tant à l’avance. Il faut vraiment tenir à un endroit. C’est à Jekyll Island, en Georgie. Pas la première fois qu’on y va, bien sûr. Assez pour aimer, assez pour savoir qu’on ne s’y ennuiera pas. Il reste encore tant à voir ou à revoir. À vivre. 

Ce que j’aime le plus dans le fait d’avoir réservé, c’est que je peux me dire : je peux partir au moins six semaines. Sans obligation, sans rendez-vous au Québec. Et si j’en ai d’ici là, je les renverrai aux calendes grecques. Parce que les deux dernières années, nous en avions des rendez-vous. Et avant, des obligations. Cette fois, c’est comme si on avait toute la vie. Peut-être pas, mais un tel projet, si petit semble-t-il, c’est emballant. On s’y voit, on anticipe.

En attendant cette fin d’hiver, je vivrai quand même l’automne qui vient, étirant l’été en allant faire du vélo au parc de Plaisance, à Granby aussi peut-être. Et en octobre, aller voir un peu au sud, voir si j’y suis. Pas à Jekyll Island que je me réserve pour après la raquette sur mon terrain. 

Enivrant quand toutes les routes sont permises. C’est de choisir le plus difficile.

En cette veille de la fin de semaine du Travail, une petite pensée quand même pour les Créateurs de la Petite-Nation qui tiendront leur 17e tournée des ateliers, mais ni Louise Falstrault ni moi n’en serons, on pourra sortir, partir, ne pas attendre, ne pas stresser. Bonne chance aux artistes. Une petite pensée aussi pour notre confrère blogueur, Pierre H. Charron, qui se remet d’une opération difficile.

samedi 24 août 2013

Ô fleuve, ô golfe, ô mer, mes amours!

Dix jours de pur bonheur? Non pas tout à fait, mais dix jours près de ce fleuve que je ne me lasse pas d'admirer, de rechercher, de retrouver et qui me comble chaque fois. Pour lire et voir un peu ce que j'ai vécu du 12 au 22 août: cliquez sur la photo ou suivre ce lien>>>


(photo de l'auteure qui se prend parfois pour un goéland voyageur)

mardi 30 juillet 2013

Au diable l'orgueil, j'avoue que je l'aime!

Je l’ai boudée, ô orgueil ! elle me frappe d’autant plus fort.

Il y a de ces rencontres qui n’ont jamais eu lieu et qui vous marquent pourtant.

Elle s’appelle Catherine Voyer-Léger. En 2010, je lisais son blogue Les Marées lumières. J’aimais bien. En août, j’allais passer quatre jours dans les Cantons de l’est, entendre les auteurs aux Correspondances d’Eastman. Et si possible, rencontrer trois blogueuses que je suivais sur Internet: Venise Landry du Passe-mot, Julie Richard-Gravel, dont j’avais lu et tellement aimé Entheos et Catherine Voyer-Léger qui m’intriguait par ses propos.

Venise Landry m’avait généreusement invitée à stationner mon véhicule récréatif chez elle. À côté de mon Pruneau (nom affectueusement donné à cette Van de couleur prune, loin d’être belle et à la mode, mais tellement utile), une petite auto noire. Une jeune femme en sort, rapidement, sûre de savoir où elle était et ce qu’elle était venue faire ici. Je savais que ce n’était pas Venise, mais je ne savais pas que c’était Catherine Voyer-Léger. Pas un mot.

Comment on se présente à des gens qu’on connaît virtuellement? Est-ce qu’on s’impose, qu’on s’avance? J’en ai voulu un peu à ma mère alors de m’avoir transmis ses gènes irlandais de retenue, de réserve, de discrétion, j’en voulais aussi à mon père de ne pas m’avoir transmis son bagou, quand je suis devant une ou deux personnes seulement.

Et l’orgueil s’en est mêlé. Qui suis-je moi pour qu’on m’adresse la parole? qu’on s’intéresse à moi? Je suis demeurée dans l’ombre, admirative devant tous ces auteurs et blogueuses. Croyais-je naïvement que c’était écrit dans mon front : « moi, je vous connais, je vous admire, je veux que vous veniez me parler ? » Aurais-je voulu qu’elles me reconnaissent une des leurs? À défaut d’être reconnue auteure, être au moins blogueuse ? 

Même si Venise n’avait pas beaucoup de temps, toute prise à couvrir, en photos et en entrevues, chaque rencontre d’auteur, j’ai quand même pu lui dire quelques mots. À Julie Richard-Gravel aussi, j’ai réussi à parler. Mais à Catherine Voyer-Léger, non. Il faut dire que je suis très primaire et très auditive dans mes sentiments : rien qu’au ton de ta voix, je sais tout de suite si je vais t’aimer ou non, si j’ai envie d’entrer en relation avec toi ou non. Pour les écrits, même chose : c’est le style de l’auteur qui me permet ou non de poursuivre la lecture de son livre.

En entendant Catherine Voyer-Léger poser ses questions aux auteurs présents aux Correspondances, à son ton de journaliste-ce-n’est-pas-parce-qu’on-est-l’été-qu’il-faut-être-léger (sans jeu de mots), du coup, je ne l’aimais pas et je l’ai boudée. Jusqu’à hier. Il était temps que j’en revienne. La curiosité (qui me sauve si souvent de cet orgueil complètement inutile) et la chance m’ont menée à emprunter son livre : Détails et dédales paru dans la même collection, Hamac, que l’Entheos de Julie Gravel Richard. Encore Septentrion à qui j’en veux aussi d’avoir refusé mes Têtes rousses. Décidément, je suis rancunière.

Devant un feu de fin d’après-midi qui me rappelle de si belles journées passées dans le sud en mars de je ne sais plus quelle année, un petit verre de rouge en guise d’apéritif, j’ai ouvert le fichier e-pub, et ce fut la claque. Le grand coup de poing. Le grand coup de cœur. J’aime son écriture, ses propos, ses sujets, son impudeur. « Il est toujours troublant de se reconnaître chez les autres » (page 181). Je lis avidement, je fouille dans la table des matières ce qui me rejoint le plus. J’essaie de ne plus rien lui envier, admirer seulement. Être contente qu’une écrivaine admette qu’il n’y a pas que le roman pour aimer écrire et espérer être publiée. Être intellectuelle, aimer les librairies de tous les coins de rue, en France. Et… et… et… Chaque billet me rentre dans le ventre, alors que pourtant elle veut plutôt frapper l’esprit.

Ce matin, devant un café cette fois, plus tête froide que cœur enthousiaste le matin (comprendre tempérament plutôt vespéral dans mon cas qui se traduit par une émotivité en hausse à mesure que la journée avance), j’ai lu les billets qui me rejoignaient moins. Non que j’ai déchanté, mais disons que le piédestal était moins haut, le regard plus circonspect. Et puis à force de lire que tout est complexe et ne se résume pas à une étoile à apposer, ni non plus à juger la personne, mais bien le produit, disons que je l’admire toujours, mais je ne me mesurerais pas à elle dans une discussion : elle a une force redoutable pour l’argumentation. Comme à certains Français, je laisserais le dernier mot avant de me perdre dans les méandres d’une discussion qui semble n’être qu’un exercice facile pour eux, mais bien trop intellectuel et émotif pour moi.

Cette année, elle sera du côté des invités, aux Correspondances d’Eastman.

Avec ce qu’elle écrit et comment elle écrit, je ne peux faire autrement et l’admettre : au diable l’orgueil, je l’aime.

Programme au Correspondances 2013>>>
Venise aux Lettres rebelles>>>
(illustration empruntée au site de Septentrion>>>)

lundi 29 juillet 2013

Un petit dernier en juillet

Un dernier petit billet en juillet. J’aime bien juillet, rien que le mot, c’est doux, ça fait un peu vieux jeu, ancien, comme Juliette, Jeannette, Jules, tous des prénoms du côté maternel, des Deguire. 

Juillet, mois de chaleur normalement, mois de vacances, ces jours qui s’étirent en heures et en farniente. Pas pour moi, pas cette année. Reprise de l’écriture. Sérieusement. Fière de moi: j’ai atteint les 200 pages. Rien pour certains, beaucoup pour moi. Le premier jet seulement, mais après avoir imprimé, j’ai tout relu, j’ai vu ce qui clochait, j’ai corrigé un peu, j’ai surtout retrouvé le ton. Les personnages voulaient s’imposer, se faufiler au premier plan, j’ai trouvé la façon de leur donner la parole, même si je dois bûcher sur le titre puisque le seul nom du personnage principal ne suffit plus. Pourvu que le lecteur soit indulgent aussi. Et avant, l’éditeur. Ne pas y penser pour l’instant, me plaire à moi d’abord, avoir du plaisir à chercher, à écrire, à couper, à rajouter.

Ai travaillé dans mon bureau quand il faisait frais, dehors souvent, à l’ombre, et même dans mon véhicule récréatif pour être bien tranquille. Parfois, le poste 923 de Galaxie qui fait entendre des chansons, francophones pour la plupart, des années ’60. Le plus souvent, le silence que seuls des vents terrifiants ont interrompu deux fois.

Ai ressorti mes listes de mots pour décrire le physique, pour nommer les qualités, pour remplacer le verbe dire que j’essaie d’utiliser le moins souvent possible, pour dépeindre les émotions, sans oublier de parsemer les odeurs. 

Ai fait parler quelques personnes pour avoir des anecdotes, des histoires à raconter, des conflits à alimenter et des sentiments à dénouer.

Ai à peine regardé par la fenêtre, à peine regardé l’heure. Une fois rassasiée de Facebook et de quelques blogues — bien tranquilles en cette période de vacances—, bien concentrée, je n’ai rien entendu, sauf les quelques orages qui ont passé en coup de vent.

(photo d'une partie de mon bureau)