jeudi 4 août 2016

L'attente, quarante ans plus tard

Le manuscrit Les têtes dures est parti chez l’éditeur.
Après la solitude de l’écriture, la collaboration pour les corrections, vint l’attente.
En bon bélier ou en bon tempérament bilieux, je déteste détestais attendre.
Mais je n’ai plus cet âge pressé de vivre qui n’a pas de temps à perdre.

Radotons un peu pour qui connait ma vie. À 26 ans j’ai voulu voir si je pourrais devenir écrivain. Je pris donc un an de congé sans solde (qui s’est avéré être deux, finalement) et j’ai écrit. Quand je réussis à envoyer un premier manuscrit, au lieu d’attendre les réponses des éditeurs sans rien entreprendre d’autres projets, je retravaillai un premier manuscrit écrit à dix-neuf ans. Puis coup sur coup, la deuxième année, je passai ces temps d’attente en rédigeant deux livres jeunesse. Les quatre livres parurent et eurent un certain succès, mais je dus quand même retourner travailler. 

Puis, pendant vingt ans, je suis devenue graphiste et monteuse en page. Tout en écrivant dans mes temps libres. Et comme je publiais en auto-édition (ou plus précisément chez une maison d’édition que ma famille avait fondée), finie l’attente. Au moins dans ce domaine précis.

En recommençant à vouloir publier chez des éditeurs reconnus, j’acceptai ce stress supplémentaire. Mais dès que la signature du contrat pour Jacques Lamarche, un homme, une époque, trop heureuse de renouer avec la publication, c’est avec enthousiasme que j’entrepris les recherches pour ce qui allait devenir ma trilogie irlandaise. je n'eus donc pas l'impression d'attendre.

Et là, j’ai frappé un mur. Une muraille de Chine d’attente et de patience, de doutes et de questionnement. C’était en 2004. Je cherchais un éditeur, j’ai attendu des commentaires, des lettres, des appels, des courriels, des corrections, des commentaires encore. J'attendais surtout un contrat.

Nous sommes en 2016 et le troisième tome ne paraîtra vraisemblablement pas avant 2017 minimum. Et cette fois, je n’ai pas d’autres projets de livre à écrire. Et je n’en veux pas. 

Quarante ans plus tard, je n’ai plus les mêmes besoins ni les mêmes rêves d’auteure. Et j’ai prouvé que si je n’ai pas le tempérament pour attendre, j’ai celui de la patience, de la persévérance, voire de l’entêtement.

Alors, ce ne sera plus réellement de l’attente, pas stressante en tout cas, ni remplie de doutes, ni les yeux rivés sur mes courriels ou, pis, sur le répondeur comme lorsque nous attendons l’appel d’un hôpital. Cette attente-là aussi je l'ai connue, bien pire que toutes les autres, mais là n'est pas mon propos d'aujourd'hui.
Je retournerai à ma liseuse qui n’est jamais bien loin. Je voyagerai, j’irai voir la mer. Je profiterai de ma piscine encore quelques semaines. Le 12 août j’achèterai un livre québécois. J’irai au restaurant avec des amies. Je fêterai quelques vierges de ma famille. Je discuterai passionnément de littérature, de lecture et de langue française avec les membres du Cercle des mots écrits.

Et quand la directrice littéraire m’écrira pour me dire qu’elle est prête pour la correction des Têtes dures, je dirai simplement « prête ». Et mon cœur ne battra pas à cent trente à l’heure. Peut-être un peu plus que mon soixante-douze habituel!

Et vous, comment trompez-vous l'attente?

8 commentaires:

  1. Je trompe l'attente en allant marché dans la ville ou le bois si possible.

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  2. Bonjour Claude,

    Je suis de retour sur la toile après avoir délaissé mon blogue quelques années. (Tranches d'histoire d'une travailleuse sociale). J'en ai parti un nouveau, pour reprendre un peu mes contacts internet et connaître des expériences d'auteur (oublier mon mot de passe de l'ancien). Merci pour ton article, c'est très instructif pour moi. J'ai fini par me remettre à écrire. J'ai envoyé une première version d'un manuscrit. Une première pour moi. Juste pour ça, je suis fière. Mais je sais que c'est difficile d'être publiée. Je ne sais pas trop si j'y crois moi-même. Finalement, je crois qu'il faut agir sans trop attendre. Je sais, plus facile à dire qu'à faire... Mais pour moi, le fait d'écrire est une satisfaction en soi.

    Bon vendredi,

    Brigitte

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  3. Brigitte merci de ton passage.
    Ton ancien blogue est encore (en partie en tout cas) sur Internet, ne peux-tu pas copier et republier sur ton nouveau, même si ce n'est pas la même plateforme?

    Quant à ton nouveau, je l'ai ajouté dans mon agrégateur (Netvibes) et je lirai quand j'aurai un peu de temps.

    Bon plaisir d'écriture.

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  4. Je n'y avais pas pensé. Effectivement. Je pourrais republier les textes que j'apprécie le plus. Merci pour l'idée.

    Brigitte

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  5. Pour tromper l'attente, je travaille à d'autres projets d'écriture. Mais ça ne fonctionne pas tous les jours aussi bien que je le voudrai... ;-)

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  6. Oups! Faute de frappe dans le dernier mot : "voudrais".

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  7. Moi je n'écris pas mais je me doute bien comme cette attente doit être difficile. En tout cas Claude, ce que je sais c,est que j'ai vraiment hâte de le lire ce troisième tome. ;-)

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  8. Ne pas tromper l'attente, mais la dompter. Car tous les scénarios sont possible, dans l'attente. Ne retenir que les plus beaux et les plus réjouissant. Ça rend l'attente plus agréable.

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Les anonymes: svp petite signature