jeudi 1 décembre 2016

Carnet du roman(8)

En juillet dernier, je terminais la rédaction d’une première version de mon prochain roman.
Le 3 octobre dernier, on me remettait mon manuscrit annoté.
Ont suivi deux mois intenses. Presque chaque jour. Souvent plus de cinq heures. À étoffer, ajouter, biffer, couper, choisir, chercher, améliorer, accepter, refuser, expliquer, justifier. Taper sur le clavier, écrire en rouge sur le papier, lire sur l’écran, relire sur le papier, lire à voix chuchotée, lire debout, assise dans mon bureau, dans le salon, dans la cuisine. Retranscrire, biffer encore, ajouter encore. Pleurer, douter.

Avant-hier, 29 novembre, je remettais une nouvelle version de ce roman qui, en cours de doute et de route changera peut-être de titre. Parce que mes personnages n’ont pas la tête si dure finalement. Parce que celle de l’auteure non plus ne l’est pas tellement.

Et puis entre-temps, rendre visite, fêter, et au moins deux fois, pelleter.
Et puis entre-temps aussi, lire. Quelques livres, numériques et papier, empruntés à la bibliothèque, d’autres sur tablette empruntés à pretnumerique.ca

Dont Le journal secret de Charlotte Brontë de Syrie James.

Il y a des écrivains comme ça auxquels je ne sais pas résister. Il y en a pour qui c’est Jane Austen ou Albert Camus, ou plus près de nous dans le temps et l’espace, disons Michel Tremblay ou Marie Laberge, mais moi, c’est Brontë. Charlotte ou Emily surtout.

J’aurais été portée à être un peu discrète sur le fait qu’à mon âge, j’aime encore lire sur les sœurs Brontë, il me semble que ça fait un peu ado. Un peu nostalgique, un peu romantique. Mais il faut croire que je ne suis pas la seule. Syrie James a eu la brillante idée d’exploiter ce filon : écrire à la manière de…, faire comme si c’était le journal ou le manuscrit de… Cette auteure américaine l’a fait pour Jane Austen également. 

Deuxième exemple, sous la forme de blogue cette fois, une Québécoise, Louise Sansfaçon, qui a été jusqu’à visiter le village de Haworth en Angleterre, a rassemblé moult informations, et superbes illustrations, sur les sœurs Brontë.

Si je mentionne mon intérêt ici, dans un billet qui commence par parler de mon manuscrit, c’est que je vois bien qu’au moins un de mes personnages est imprégné de ce romantisme que certains pourraient juger démodé. Une influence des lectures du personnage ou des miennes? Un alter ego? 

Heureusement (tendance à justifier mes choix), j’ai situé l’adolescence du personnage dans les années 63-70. Aujourd’hui, les adolescentes lisent-elles encore les sœurs Brontë? Relisent-elles de vieilles lettres d’un amoureux? Souffrent-elles pendant des mois, voire des années d’un amour non partagé? Vivent-elles ce romantisme mystique dont parle Louise Sanfaçon dans son blogue?
« Le romantisme mystique s’exprime avec une telle force qu’il ne peut laisser personne indifférent. L’omniprésence de la nature et du paysage, rudes et primitifs, tourmentés par les vents, y devient une puissante métaphore de l’événement intérieur et des tourments de l’âme des personnages. »
J’en doute.
Quoique finalement les thèmes abordés par les jeunes auteur-e-s tournent encore autour du « je », encore un mélange d’autobiographie et de fiction. Mais la violence n’est plus dans la nature, dans les paysages, mais plus physique, plus corporelle, dans la sexualité plus… directe, disons.

Ça ne veut pas dire que je n’aime pas lire les romans d’aujourd’hui.
Ça veut seulement dire que je suis mémoire et traces.


3 commentaires:

  1. Nope, pas de sœurs Brontë pour les adolescentes d'aujourd'hui. Quoique... l'héroïne du roman Twilight les lisait, alors peut-être que l'élan est reparti. Je n'en ai personnellement lu que quelques extraits, quand j'étais au cégep en littérature. Je me suis toujours dit que je devrais m'y mettre, j'aime bien ce genre de romantisme d'un autre temps. Parce que oui, de nos jours, l'expérience est différente. Plus directe comme tu dis. Mais toujours aussi crève-coeur quand ça achoppe.

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  2. C'est ça mon problème: c'est que pour moi ce n'est pas le romantisme d'un autre temps. Mais de "mon" temps! Du temps de mes 20 ans en tout cas, ce qui est quand même 120 ans après la publication des romans des Brontë.
    À lire les commentaires des femmes de ma génération qui trouve vulgaires les propos de Mariana Mazza, je ne crois pas que j'étais la seule à être restée accrochée à l'époque victorienne!

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  3. C'est que les mœurs victoriennes ont eu cours jusque dans les années 70, époque de la libération sexuelle... et si je ne m'abuse, dans ces années-là tu avais finis ton adolescence! ;)

    C'est donc normal que pour toi ce soit le romantisme de ton temps. Pour moi, enfant de la société post-divorce, post-avortement (quoique j'étais née quand ça a été légalisé), post-relations-sexuelles-avant-mariage, mais pré-hypersexualisation, c'est un type de relations que je n'ai pas connue.

    Mais remarque, quand je vois agir certains adolescents de nos jours ou que je regarde des documentaires où des filles de 16 ans racontent avoir couché avec 4 ou 5 gars "en tant qu'amis", là c'est moi qui me sent très très victorienne! O.o ("Dans mon temps", on attendait d'être en couple depuis plusieurs mois...)

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