dimanche 23 janvier 2022

Réminiscence

« Il y a des phrases qu'on entend un jour pour ce qu'elles sont. Vraiment. Elles sont restées au fond de notre mémoire, intactes. On les a prononcées un jour, sans bien savoir.

Elles attendaient.

Comme si notre propre parole nous attendait toujours.

Une phrase lancée en l'air, pas entendue vraiment. Remisée dans ces limbes étranges où flottent les paroles gelées. Un jour, on ne sait pas pourquoi, elles reprennent vie. De toute leur force. Elles atteignent notre attention profonde, celle qu'on ignore la plupart du temps, et c'est le bon moment.
[...] Il fallait juste attendre d'avoir la force de les entendre. »

Extrait de La patience des traces, Jeanne Benameur


Il est des phrases qui résonnent en écho. Un écho qui ne cesse de se répéter. Ne cessera sans doute que lorsque je n'aurai plus « la force de les entendre ». Un écho entre deux silences. Ce que je crois être des silences. Seulement une accalmie entre deux vagues.

J’entends de moins en moins l’écho. La vague est de moins en moins agitée. Forcément puisque je lis moins!

Bientôt, je me résoudrai à jeter tous les mots écrits depuis cinquante ans. À quoi bon les garder? Les archives sont pleines de mots que personne ne réclame ou ne réclamera.

J’attends de ne plus ressentir cette impression de jeter ma vie. Déjà, il y a deux ans, je m’y préparais (billet Les vieux papiers de juin 2019 >>>).

Et depuis deux ans aussi, rien de nouveau à dire. Pourtant de nouvelles expériences, mais qui font surgir les mêmes réactions. Aux nouvelles personnes rencontrées, après quelques mois d’enthousiasme, je me lasse moi-même de répéter les mêmes histoires.

Certains soirs d’hiver, je me persuade que je ne suis pas blasée ni en hibernation, juste en paix, le cœur tranquille. Enfin.

Jusqu’à ce que les mots des autres réveillent en moi un refrain déjà entendu, mais accrocheur. Et me montre... la patience des traces.

Et vous, quel écho retentit en vous aujourd'hui?