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mercredi 3 juillet 2013

Les plaisirs d'une journée bien remplie

Se réveiller avec des phrases très claires au sujet de son roman, sentir que l’idée devrait tenir au moins cinq pages, savoir qu’elles vont au tout début du roman. 

Se lever et, comme chaque matin, regarder dehors, se demander si on irait prendre quelques photos, mais trouver finalement que la lumière n’en vaut pas la peine. 

Ouvrir son fichier de roman, s’apercevoir qu’on est encore sur la version de janvier, en profiter pour la sauver sous le mois de juillet 2013. Jeter rapidement les phrases qui nous hantaient dès potron-jacquet. S’apercevoir que ça ne fait finalement qu’une page. 

Préparer café et rôties, les apporter à côté de son clavier. 

Regarder ses courriels, rager encore un peu parce qu’un hébergeur tarde à fournir le code d’autorisation pour pouvoir transférer un nom de domaine dont on est responsable et savoir qu’il ne reste que dix jours pour le renouveler. Avoir encore en mémoire un autre nom de domaine qui a été en « rédemption » parce que le délai du renouvellement avait été dépassé de quarante jours (quarante jours, rédemption, ça rappelle pas le monde judéo-chrétien de son enfance, ça? Ne pas s’éparpiller, se concentrer) et réclamer plus de 150$ au propriétaire pour le racheter. Découvrir une autre facette de ce monde merveilleux de l’informatique. 

Ouvrir sa page d’accueil « My feedly » et s’ennuyer à mort de son « Google Reader » qui avait au moins le mérite d’être en français. Lire le blogue de Dominique Riendeau qui donne le goût d’aller voir le livre dont elle fait la critique : L’air du temps de Hélène Custeau. Cliquer sur l’onglet BANQ où on emprunte régulièrement des livres numériques, constater que L’air du temps n’est pas disponible, mais que Tant qu’il y aura des rivières l'est. Le télécharger, aller chercher sa liseuse sur sa table de chevet, la brancher, ouvrir le logiciel, synchroniser, attendre un peu et lire les premières pages du roman et savoir tout de suite que l’on va poursuivre. Mais pas avant d'avoir terminé La fiancée américaine de Éric Dupont que l'on aime beaucoup. 

Regarder la météo sur la barre de tâches et décider que c’est la journée idéale pour aller se balader en vélo au parc de Plaisance. Préparer un lunch, monter le vélo sur le support. Ne pas oublier son sac où appareil photo et objectif attendent que vous les utilisiez. Se réjouir à l’avance de ce double plaisir : vélo et photo. 

Revenir quelques heures plus tard, enchantée. Prendre un verre de vin rouge en préparant le souper. Faire un petit feu dans le foyer extérieur, question de brûler le bois fendu il y a deux et même trois hivers. Jouir encore de ces quelques heures où il ne pleut pas. 

Rentrer vers 21 heures et se décider à visionner, traiter ses photos prises au parc de Plaisance et se coucher seulement quand elles seront sur son site. 

Se coucher, contente de sa journée, en se demandant pourquoi diable avoir envie d’écrire un roman au petit matin quand il y a tellement mieux à faire de toute la journée !

Se réveiller le lendemain matin, avec encore des phrases dans la tête. De ce billet cette fois-ci.

Site de la BANQ>>>
Album photo des randonnées au parc de Plaisance>>>

lundi 17 juin 2013

N'est pas écrivain qui veut

Dans la vie, il y en a qui savent où ils vont, ils savent ce qu’ils veulent, ils n’y vont pas toujours comme ils l’auraient pensé, mais ils y vont. À vingt ans, au sortir des études, qui voulait être écrivain? Ce n’était pas au programme de bien des étudiants. Surtout pas au Québec. Et même s’il y avait eu une école, et même s’il y a des cours de création littéraire aujourd’hui… bref, qui se voyait écrivain à plein temps? Moi, à 26 ans. Je voulais, j’ai essayé. Deux ans de congé sans solde pour tenter ma chance. Toute seule dans un garde-robe réaménagé en bureau comme quand j’étais étudiante, j’écrivais à la main le matin et l’après-midi je tapais mes quelque cinq pages à la dactylo. Le lendemain matin, je relisais, je corrigeais et j’ajoutais. 

Au bout de deux ans, malgré deux livres adultes et deux romans-jeunesse, j’ai dû me rendre à l’évidence, ça ne fait pas vivre sa femme.

Depuis, beaucoup d’encre a coulé, l’ordinateur a remplacé la machine à écrire, mais jamais depuis je n’ai été aussi assidue à l’écriture. Pas plus de quatre heures dans une journée et pas plus de trois jours de suite. Pas assez seule, pas assez persévérante, pas assez convaincue, pas assez de publication, pas assez d’encouragement, même de ma part. 

Hier encore, je lisais La musique, exactement de Micheline Morisset et comme il m’arrive quelquefois devant un texte que j’adore, le genre qu’on aurait voulu écrire, j’ai noté quelques bouts de phrases, comme « un récit si bien ourdi » ou j’ai relu trois fois cette phrase qui disait tellement bien ce que j’ai vécu : « J’ai cru que j’avais mis des années à saisir ma mère, en revanche j’ai détesté longtemps la facilité que j’avais éprouvée à comprendre papa. »

Il y a quelques années, ce livre m’aurait jetée à terre, me laissant knockoutée et me garantissant une baisse d’estime de soi à ne plus pouvoir écrire pendant plusieurs semaines, mais aujourd’hui, je sais que je ne serai jamais de ce calibre, je n’ai pas à l’être et je peux admirer sans trop d'envie. Juste le bonheur de lire.

J’ai toujours ce besoin d’écrire, mais je ne crois plus que je vais faire un écrivain de mon moi-même. Je ne cours plus après le temps et au moins, j’ai fait la paix avec cette non-carrière. J’ai accepté de n’être pas ce que je croyais devenir. Je dois admettre qu’écrire, c’est maintenant un loisir, non dans le sens que je le pratique en amateure, mais dans le sens que je n'y passe pas toute la journée ou que je stresse avec la performance et le résultat, comme publier aux deux ans ou déclarer 10,000$ de revenus. Une passion, certes, mais pas un métier. Un peu d’expérience à partager, je me suis promenée dans les chemins de l’auto-édition, de l’édition, de la correction, du montage de livres, mais ma route restera un petit chemin où peu de gens m’auront vu marcher. Comme d'ailleurs des dizaines, voire des centaines d’auteurs québécois, à voir les noms sur les épines des livres dans une bibliothèque ou une librairie.

Une route qui m’a menée à accepter qui je suis, ni plus ni moins. À en être fière, sans ajouter « malgré tout ». Pas du tout celle que je croyais devenir, mais qui devient ce qu’il voulait devenir à 20 ans? J’espère bien me surprendre encore pendant quelques années.

Et vous, quelle route empruntez-vous?

(Illustration empruntée à l'éditeur Québec-Amérique)

samedi 9 février 2013

Ne viens pas me dire...

Une blogueuse et Facebookienne qui t’annonce que ton livre est bien en vue sur un présentoir des coups de cœur des employés d’une bibliothèque, tu lui poses d’abord quelques questions pour être bien certaine d’avoir compris.

— Tu veux dire dans le présentoir des auteurs de l’Outaouais ?
— Non, non, un autre présentoir, seulement des coups de cœur.
— Quand l’as-tu vu ? L’an dernier ?
— Non, non, cette semaine.

Tu es surprise, d’autant que ton livre est sorti en octobre 2011 et tu es en février 2013. Vraiment une bibliothèque, ce n’est pas une librairie, c’est bien mieux ! Ton livre a une plus longue vie.

Ça m’a fait plaisir, bien sûr. J’y ai pensé pendant toute l’heure du diner. Tout en mangeant, je me disais un coup de cœur qui devrait te donner un bon coup de pied au c… pour terminer la suite de ce roman. Qu’est-ce que tu attends ? Qu’est-ce qu’il te faut ? Allez, nomme-les les raisons qui te font procrastiner de la sorte, hein, dis, dis !

— Ne viens pas me dire que tu n’as plus envie d’écrire, je ne te croirai pas. 
— Écrire des billets de blogue, laisser des commentaires dans des forums ou sur Facebook, c’est facile. Oui, ça me tente encore d'écrire, mais écrire en vue de publication, c'est autre chose. Chercher, imaginer, pondre, penser au conflit à la montée dramatique, équilibrer les scènes, prendre trois heures pour accoucher de quatre ou cinq pages, les corriger ligne par ligne..
— Eh oui, et puis, ne viens pas me dire que tu n’as pas le temps, tu ne travailles pas à l’extérieur, tu n’as pas d’enfants à élever. Autres faux-fuyants?
— Envoyer le tout à des éditeurs, attendre. Ce fut tellement long pour le dernier. Des mois, des années, tout ça pour quelques dollars.
— Ne viens pas me dire que tu fais pas ça pour l’argent?
— Non, mais disons que ce serait une motivation supplémentaire.
— Trouve-moi de meilleures raisons de ne pas poursuivre.
— Bon, je vais te le dire, j’ai 62 ans, bientôt 63…
— Pas une raison, j’en connais qui commence à écrire à cet âge. Ne viens pas me dire que tu te crois une vieille finie?
— Certains jours, oui. Je ne sais pas ce qui est arrivé, en fait, laisse-moi finir, ce n’est pas facile de trouver les raisons profondes de ma démotivation. Encore moins de les avouer. Voilà, j’ai 62 ans et je commence à me dire qu’il m’en reste moins en avant qu’en arrière… non, ne dis rien, regarde ce matin, c’est tellement beau à l’extérieur, j’irais bien prendre quelques photos. Et puis j’ai envie de voyager. Il me reste quoi, une bonne dizaine d’années pour voyager en véhicule récréatif. Quand je pars dans la généalogie, ou quand je commence à lire des blogues sur les voyages... Lire aussi ça prend du temps. J'ai encore quelques clients en graphisme...
— Ne viens pas me dire...
— Je sais il me reste quand même du temps pour écrire. Le matin, par exemple, quand je me lève entre six et sept heures, tout est tranquille dans la maison, je pourrais prendre deux heures pour travailler ce cher manuscrit.
— Ben oui, le matin, qu’est-ce qui t’en empêche, tu l’as déjà fait.
— Je trouve que ça ne vaut plus la peine. Pas le moral à terre, mais pas envie. Je pense bien que je n’y crois plus.
— Écoute, je vais le dire à ta place. Je sais fort bien ce qui est arrivé la dernière année, tu as eu un cancer, tu as été profondément affectée par le fait que tu n’as pas pu aller aux Salons du livre comme tu l’avais espéré parce qu’il a fallu que tu suives des traitements. Tu avais perdu le contrôle de ta vie. Je gage que dans ton petit cerveau, avec ce qu'il te reste de raisonnement judéo-chrétien, à moins que ce ne soit du nouvel âge, tu t'es dit que si tu ne pouvais pas faire la promotion de ton livre, c'est que tu n'avais pas à publier. Ou quelque chose du genre. Tu as dû mettre projets et rêves en veilleuse. Tu as passé des semaines, des mois à n'avoir le goût de rien d'autre, juste passer au travers, juste attendre que ça aille mieux, mais c’est fini, là. Ta dernière mammographie est belle, tu as retrouvé toute ton énergie. Ne viens pas me dire que tout a changé, que tu n’es plus la même, je ne te croirai pas.
— Je suis la même, mais il y a comme une urgence de vivre, alors prendre tant de temps pour peut-être avoir la chance de voir mon livre publié et à combien d’exemplaires, pas sûre…
— Tous ces lecteurs et lectrices qui attendent la suite.
— Ça représente quoi : 300 lecteurs maximum.
— Ne viens pas me dire que tu écris pour péter des records de lecteurs ? Quand bien même ça ne serait qu’un, tu ne serais pas fière ? Et puis, rien que pour toi, ce serait bien.
— Un ou dix milles, tu as raison, quelle différence. Quand j’écris, je suis toute seule devant mon clavier.
— Au moins, finir ce que tu as commencé. Tu le dis toi-même, ce coup de cœur à la bibliothèque, ça te fait plaisir.
— Ben euh, justement, le « après » me fait plaisir, mais le « pendant » ? Si au moins, il était tout écrit ce roman et que je n’avais qu’à corriger. Et ensuite, le vendre, aaaahhh !! Ce que j’aime, moi, c’est corriger, le reste, je peux très bien m’en passer.
— Ben corrige au moins ce que tu as. Un jour à la fois, comme la dernière année pendant tes traitements. Ne vois pas plus loin. Alors, ça y est, tu es convaincue, après ce billet, tu ouvres ton fichier : Têtes rousses, tome 2, même si ce ne sera probablement pas le titre ?
— Ben euh…

Et vous, qu’est-ce qui fait que vous continuez ?

mardi 4 décembre 2012

Ce matin, j'ai voulu


Peut-être une feuille au vent.
Peut-être que ça ne tiendra pas longtemps.
Peut- être parce que le temps est gris et dehors ne m’attire pas ou sinon quelques heures à peine.
Mais, voilà je m’y suis remise. Un peu. J’ai fusionné les fichiers, je les ai rassemblés, j’ai créé un dossier.
Sans titre pour l’instant, mais paginé.
Un cahier tout neuf, un stylo que j’aime. Pour prendre des notes. Journal du roman.
Une toute petite feuille de style pour le texte et les titres. C’est un début.
Je n’ai rien lu, encore moins corrigé. Rien écrit non plus. Juste une mise en place. À peine un réchauffement.
Je reviens de loin. Rien touché de cette histoire depuis… depuis… deux ans je dirais, si ce n’est plus.
Peut-être s’envolera-t-elle ou tombera-t-elle d’elle-même.
37 890 mots récupérés du premier manuscrit. Des mots dont personne ne voulait.  
Au moins, ce matin, je les ai voulus. Reste à les aimer.
Au moins, j’ai essayé.
Un an après que… que... après que Les Têtes rousses soit paru.
Comme la feuille de lilas, même flétrie, même meurtrie, je m'accroche.
Et j'ai recommencé à écrire un roman.

(photo prise par l'auteure)

mardi 20 novembre 2012

Atelier d'écriture professionnelle


« À qui s’adresse cette formation ?  À toute personne qui rêve de publier un jour et qui a déjà entamé un processus de création de son projet d’écriture. Si vous souhaitez passer du rêve à la réalité et publier un livre pour la jeunesse ou pour adulte, cet atelier est pour vous. Si vous avez déjà une première publication et que vous voulez professionnaliser votre écriture, vous profiterez doublement de cette formation. »
C’est ainsi que Bernadette Renaud présente son atelier de formation.  Je l’ai connue à l’école d’été de Mont-Laurier en 2010. J'en ai déjà parlé dans ce billet >>>.

J’ai appris des trucs dont je me sers encore, j’ai gardé toutes les notes et exercices que j’utilise encore, je me suis sentie comprise, rassurée et accompagnée. Pas contrôlée, ni même dirigée mais vraiment accompagnée.

Elle-même auteure de livres pour la jeunesse et pour adultes (Un homme comme tant d’autres) : et plus connue probablement à cause de la scénarisation du film Bach et bottine, elle a fait profiter plusieurs personnes de son expérience pendant neuf ans à Mont-Laurier. Aujourd’hui, elle offre ses services à La maison de la culture Lenoblet-du-Plessis, à Contrecœur.

Gens de Montréal et des environs, après inscription, vous pourrez vous rendre à Contrecoeur à ces dates : 19 janvier, 9 février, 9 mars, 13 avril et 11 mai 2013 (de 9h à 17 h.) Une heure de route, c’est rien pour les avantages que vous en retirerez. J’ai déjà roulé de chez nous à Gatineau, un peu plus d’une heure, pour participer à ce genre d’ateliers. J’en retire encore des bénéfices, plusieurs années plus tard, dont la publication de mon roman, ce qui n’est pas rien.

Informations complètes, formulaire d’inscription en écrivant directement à Bernadette Renaud. Son courriel : Bernadette_Renaud arobas hotmail.com

(photo: cahier de l'auteure)

vendredi 14 septembre 2012

Tant qu'à...


Tant qu’à me prendre parfois pour une chroniqueuse, j’aurais voulu écrire comme Pierre Foglia.
Tant qu’à être intellectuelle, j’aurais voulu l’être comme Mathieu Bock-Côté, en plus courtement et moins digressif que lui.
Tant qu’à avoir la parole facile, j’aurais voulu avoir le sens de l’argumentation et le discours articulé comme un Léo Bureau-Blouin.
Tant qu’à tenir un blogue, j’aurais voulu qu’il ait un contenu significatif, qu’il ait de la profondeur et surtout ne pas r’virer états d’âmes personnels, ce qu’il est en train de devenir et pourtant j’aime bien lire les états d’âme des autres.
Tant qu’à aimer les mots, j’aurais voulu qu’ils soient parfois chanson, parfois poème, parfois éditorial percutant, mais au moins évocateurs, émouvants, riches et sans fin (comprendre plus réguliers, pas un livre par ci, par là).
Tant qu'à aimer la langue française, je devrais mieux la maîtriser et parler mieux anglais.
Tant qu’à aimer la musique, j’aurais voulu savoir jouer de la clarinette.
Tant qu’à aimer la nature et, à un moindre degré, l’exercice, j’aurais voulu marcher plus régulièrement ou pédaler plus souvent ou skier encore.
Tant qu’à être graphiste, j’aurais voulu l’être pour vrai, complètement, sachant tout faire. Hier, j’ai voulu changer l’en-tête de mon blogue, qu’il soit à l’image de ce qu’il est en train de devenir. Ce nouvel en-tête, qu’au moins une personne a eu le temps de voir et de commenter (de manière positive, comme toujours, ce n’est pas elle qui m’a décidée à revenir à l’illustration du modèle Scrapbook de Blogger), n’aura eu de vie que le temps que je m’aperçoive de ma faiblesse en graphisme. Je dois continuer à faire confiance à de meilleurs que moi. Mauvais pour l’estime de soi, mais bon pour l’humilité.
Cliquez sur la photo pour en voir d'autres
Tant qu’à aimer la photographie… tant qu’à aimer les voyages (en caravaning surtout)… non, là, je suis comblée. Il faut dire que je reviens d’un petit quatre jours dans les Montagnes blanches, entre North Conway et Franconia. Que du beau temps. Que des belles rencontres. Que du bonheur en images.

Pourquoi notre cerveau a-t-il la capacité de vouloir tout en n’ayant pas le pouvoir de nous rendre compétent? Ou au moins satisfait de soi.

jeudi 22 décembre 2011

Ah! le temps des fêtes!


Écrire forcée, je peux rarement. En fait, je peux, mais ce n’est pas senti, pas très beau, pas original, pas organisé. Comme un examen, je ne suis pas à mon meilleur. Comme la carte qu’il faut écrire parce que c’est l’anniversaire de quelqu’un. Comme les vœux pour les Fêtes. Parce que j’écris, parce que j’aime écrire, on croit à tort que je peux écrire sur commande. Pour écrire, forcée, il me faut au moins une période de réchauffement, des brouillons. Et rien dans la tête, rien qui presse, rien à penser d’autre.

Ces jours-ci, j’ai la tête ailleurs, je n’ai pas le goût d’être poussée dans le dos ni par le verglas, ni par les obligations, ni par les fêtes et ses préparatifs.

Je lis les billets des autres, je relis ce que j’avais écrit les dernières années et rien ne me vient pour cette année. Je pourrais être ordinaire, conventionnelle, écrire des phrases toutes faites ou copier celles des cartes commerciales. Je pourrais. Pas que je n’ai pas le sourire, pas que je suis de mauvaise humeur, pas que je suis clouée au lit, fiévreuse, non, juste pas le goût d’écrire sur Noël qui vient. Ce soir, demain soir, le 24 et le 25, je vais voir du monde, de la famille, des amies, je vais aller chez eux, ils vont venir chez nous. Je vais parler, je vais manger, je vais recevoir et donner des cadeaux, une partie de moi sera heureuse, mais je sais que je vais faire des phrases banales, je vais lever mon verre en formulant les souhaits habituels. Et après, fatiguée, je vais m’écrouer sur mon lit et repenser à ces soirées, et je vais être probablement déçue de moi, les émotions à l’envers ou pas d’émotions du tout. Parce que, forcée, je ne suis pas le meilleur de moi-même. Une partie seulement, la sociale, la bavarde. Je suis une bavarde sociale comme on est une buveuse sociale. Pas à mon meilleur. Pourquoi faudrait-il que je le sois toujours? Écrire forcée, je suis plate. 

Pourquoi j’écris alors? Probablement pour voir si le petit démon va finir par se changer en ange, si la rebelle en moi peut accepter un peu de convention.

Peut-être est-ce seulement parce qu’il n’y a pas de neige, pas de magie : le cœur n’y est pas. Peut-être.

(illustration: extrait d'un tableau de Louise Falstrault)

mercredi 31 août 2011

Être un auteur, ce n’est pas qu’écrire

La lecture des messages et des commentaires d’un groupe d’auteurs m’ébranle vraiment beaucoup. Il est question des réels problèmes et questionnements d’auteurs : chercher un éditeur, promouvoir son livre, organiser un lancement, payer pour les séances de dédicace dans les salons du livre, s’intéresser à la traduction. Pourtant, je ne peux pas croire qu’avec l’expérience que j’ai dans ce domaine, j’ai vraiment cru, naïvement, qu’un auteur pouvait se contenter… d’écrire. 

Parce que j’ai vu mon père publier chez Jacques Hébert et Pierre Tisseyre, où il n’avait pas besoin de s’occuper de rien d’autre que d’assister aux prestigieux lancements et d’accepter quelques entrevues dans les médias d’alors… 

Parce que je l’ai vu remplir avec succès tant et tant de demandes de subventions pour continuer à écrire… 

Parce que je l’ai vu fonder plusieurs sociétés qui, toutes, étaient dans le but de publier ses écrits ou ceux des autres… 

Parce qu’une fois adulte et en âge de travailler, je me suis jointe à lui pour divers projets : livres scolaires, dictionnaire, essais… et que j’ai ainsi connu les dessus et les dessous de l’édition… 

Parce que je l’ai beaucoup déçu, même s’il ne me l’a jamais dit, en refusant de prendre la direction de la maison d’édition qu’il avait fondée, tout en acceptant de demeurer graphiste-monteuse-en-pages… de journaux, livres, dépliants, ce qui m’a permis de garder des contacts dans le monde de l’imprimerie et celui de journaux hebdomadaires… 

Parce que de 26 à 30 ans, j’ai écrit, j’ai été publié chez des éditeurs reconnus, sans avoir à m’occuper de promotion, de ventes, ni de lancements. Je m’assoyais et j’écrivais… 

Parce que, par la suite, j’ai connu l’autoédition et décelé mes faiblesses en promotion et en demandes de subventions, j’ai donc cherché à renouer avec les éditeurs « reconnus », force fut de reconnaître que les entreprises ne sont pas toutes d’égale force, il y a les lignes majeures et les petites lignes presque de garage... 

Alors, j’ai peut-être cru qu’avoir la chance que son manuscrit soit accepté par un éditeur faisait de moi un auteur satisfait qui n’aurait plus qu’à écrire… comme à mes débuts. 

Devant les efforts que les plus jeunes déploient pour être publiés, pour vendre leurs livres, pour trouver la perle rare d’éditeur, j’essaie de secouer cette léthargie des dernières années qui n’était en fait qu’attente et réécriture du même manuscrit, je veux retrouver l’enthousiasme et la confiance en moi qui va de pair, comme des vases communicants, avec la confiance que je dois mettre dans un éditeur. 

Tout en restant lucide, réaliste. Mais participante. Qui sait, je recommencerai peut-être à écrire, quitte à ce que le titre de mon livre soit : Comment j’ai arrêté d’écrire à 60 ans.

lundi 11 juillet 2011

Je ne me décide pas


Ce n’est pas nouveau, je ne me décide pas : les vrais prénoms ou des faux? Quand j’ai écrit la première version de mon roman, Les Têtes rousses, tous les prénoms des personnes décédées étaient les vrais. Une fois rendue à la génération de ma mère, j’ai eu beaucoup de difficulté à poursuivre l’histoire. Une fois que j’ai eu changé les prénoms, ça s’est mis à débloquer. Les Têtes rousses, version finale, ne contient que les deux premières générations. Bon, ça va. Je suis à l’aise avec cette décision (faudrait bien, parce que le livre sera bientôt imprimé), mais qu’est-ce que je fais avec les autres 150 pages qui ne sont pas toutes mauvaises. Personne ne m’a commandé de suite, mais je sens que j’ai quand même du matériel pour un bon roman, mais je fais comme si c’était une autre histoire, je change les noms des personnages? 

Comme j’ai surtout compris, en écrivant la troisième version, que je devais m’en tenir à un personnage central et quelques autres secondaires, je compte bien choisir cette voie pour le prochain roman. Au départ, j’étais plus à l’aise avec les personnages féminins, mais voilà que Léo s’impose. Il veut parler. Il a bien une sœur contrôlante, mais lui, sera le bon, le sympathique et elle, la méchante. Il veut conter sa vie. Jusqu’à ses derniers jours. Bon, bon, OK, j’ai compris, tu l’auras ta biographie, mais est-ce que je te garde ton nom? Ton vrai nom? Celui de mon grand-père? Et rendue à tes enfants, hein Léo, qu’est-ce que je fais avec tes enfants? Et tes petits-enfants, dont je suis? Dis-le-moi? Je peux bien inventer ta vie, je sais que tu ne m’en voudras pas de là où tu es, mais faire de ma mère, de mon oncle qui a des enfants vivants, de mon frère et de moi-même des personnages, pas certaine que je saurai. C’est comme me servir d’eux. Les dépeindre tout en sachant que je les déforme. Que sait-on de la vie de ses proches, alors forcément, on invente. 

Non, je ne me décide pas. Peut-être oublier que le petit Léo a été nommé à la fin des Têtes rousses et faire table rase. Qui fera le lien si Léo devient Nazaire? Ce sera notre secret entre toi et moi, grand-papa OléOlé, comme on t’appelait. Dis-moi quoi faire?

vendredi 10 juin 2011

Je pourrais parler...

Ça ne fait pas sérieux mon affaire : des billets irréguliers, des sujets éparpillés, sans véritable fil conducteur. Depuis quatre jours, je commence... et je remets à plus tard. Je pourrais parler de l’artiste peintre Louise Falstrault ou des Créateurs de la Petite-Nation.  Je suis leur graphiste depuis quinze ans, je monte leurs sites Internet, leur dépliant, je leur ai ouvert une page Facebook, j’assiste à leurs expositions, à leur tournée. La belle saison ravive leurs espoirs de rencontrer des visiteurs anciens ou nouveaux, ils se réunissent, ils projettent, ils organisent, ils promeuvent (il a fallu que j'en cherche la conjugaison à celui-là).

Je pourrais parler de ma dernière lecture Mademoiselle Personne de Marie Christine Bernard qui flotte encore dans ma tête tellement j’ai aimé.  L'auteure a un style bien simple, ses personnages ont l’air de parler, de réfléchir à haute voix. Pourtant de nombreuses phrases et même plusieurs pages, d’un style plus recherché, se marient très bien avec le reste. Dans son cas, la beauté de l’histoire tient plus dans la structure, dans le fait d’avoir donné la parole à quatre personnages sur les mêmes événements. Un roman qui se serait tellement bien lu au bord de la mer, assise sur le cap d’une roche.

Je pourrais parler de Claude Léveillé, je me suis contentée d’un commentaire ce matin chez une autre blogueuse. J’ai revu mon père qui nous l’a tellement fait écouter.  Quand mon père est mort, ma belle-sœur pianiste a joué « La légende du cheval blanc ». Je me suis revue avec mon frère, à l'auditorium de ville Saint-Laurent quand on assistait à l'émission Domino, en 1956. C’était « mon » Cloclo.

Je pourrais parler de ce début de roman que je ne cesse de recommencer. Un bon 150 pages écrites, mais le début ne me satisfait pas. Je ne trouve pas le ton, la forme. Parce que l’histoire commence quand un garçonnet de quatre ans vient de perdre sa grand-mère, alors je ne veux pas adopter le vocabulaire d’un enfant, ce n’est pas une histoire pour la jeunesse. J’ai essayé pendant une ou deux pages de commencer par ce même personnage, vieux, malade, seul qui raconte sa vie et se souvient. J’ai pensé écrire sous la forme d’un journal, mais ce n’est plus tellement la mode, si tant est que ça l’a déjà été. Même si, en tant que lectrice, j’aime beaucoup journaux intimes, mémoires et même correspondance, les éditeurs, eux, je ne crois pas qu’ils trouvent le style vendeur.

Devant tant de « je pourrais », je n’en ai développé aucun et voilà pourquoi je n’ai rien écrit de valable depuis dix jours.
Mais ça me démange.

(source photo: http://www.photo-libre.fr)

vendredi 6 mai 2011

Lire pour écrire

Il est dit et écrit partout qu’il faut lire beaucoup si l’on veut écrire un peu et surtout bien. Alors, à défaut d’écrire, je lis. J’ai lu en diagonale La canicule des Pauvres pour lequel je n’ai pas trouvé de raisons valables de lire en entier. Puis, j’ai commencé Mademoiselle Personne dans la salle d’attente d’un médecin, — donc lu pas mal —, que je poursuivrai plus tard, non seulement pour goûter lentement mais parce que le livre m’appartient alors, pas de temps limite pour le remettre. J’ai lu dans le désordre les nouvelles de Suzanne Jacob, Un dé en bois de chêne. Une auteure qui me surprend toujours, dont je pourrais envier l’écriture si elle n’était pas si inimitable. Je ne suis jamais déçue par cette auteure qui agence si bien les mots et qui, malgré une apparence d’histoire, réussit à nous amener dans les profondeurs de l’humain? Et, avant-hier, la bibliothécaire m’avertissait de l’arrivée de Armadale de W. Wilkie Collins. Une belle surprise. Un titre qui faisait partie d’une liste remise il y a des mois, demandé pour je ne sais plus quelle raison. Un roman écrit au temps de Dickens, un style anglais que j'apprécie pour la différence et la richesse de détails qu'on nous reproche pourtant à notre époque.

À défaut de pouvoir lire sur le bord de la mer, un petit feu dehors, ce serait bien. Après une heure de ramassage d’aiguille de pins. La récompense après le travail.

Liens:
La canicule des Pauvres (Les Herbes rouges n’ayant pas de site Internet)
 Mademoiselle Personne que la bibliothèque ne pouvait m’envoyer et très difficile à trouver en librairie : 

mardi 26 avril 2011

Une nouvelle « punchée »

Pour participer au concours de nouvelles de Gatineau, j’ai déterré un sujet qui me titille depuis un bout, j'ai facilement imaginé les personnages, j’ai planté le décor qui, comme il se doit, se situe à Gatineau, il me restait à inventer une fin « punchée ». C’est en repensant à une vidéo que j’ai trouvé la finale. Pas la finale comme telle, mais la façon de surprendre le lecteur, faire arriver l’inattendu, si possible là où on ne l’attend pas. Et de plus, mener toute l’histoire pour que le lecteur ait hâte de savoir comment elle se termine.
En attendant la nouvelle, voici la vidéo inspirante.

lundi 7 mars 2011

Plus que la pointe de l'iceberg

À lire des blogues, à écouter des entrevues, je serais portée à croire que les gens n’exercent qu’un métier ne vivent qu’une réalité, comme si Sylvie Moreau n’était qu’une comédienne, ou que Marie Élaine Thibert n’était qu’une chanteuse. Ou ne se définisse comme telle. Quand est-ce que je vais comprendre que l’être humain est bien plus que la pointe visible d’un iceberg?

Donc, il serait temps que j’admette que je ne suis pas un auteur, en tout cas pas la sorte qui publie un roman aux deux ans. Je suis une personne qui aime écrire, qui a besoin d’écrire, qui peut écrire toutes sortes de textes : des billets pour mon blogue, des communiqués de presse, des textes pour des sites Internet, des chroniques et des articles pour les journaux.

Mais pas que ça non plus. Et ça ne vient pas toujours en premier, en haut de la liste. Je n’ai jamais été une première de classe non plus, je suis de celle qui doit travailler fort, les phrases ne sont pas belles du premier coup, ni même du troisième, alors, insatisfaite, je délaisse souvent.

Hier encore, j’avais un peu de temps libre : « qu’est-ce que je ferais bien? » Il est certain que balayer ne m’est même pas venu à l’idée, préparer un souper extraordinaire non plus. J’ai passé la souffleuse par obligation et pour le plaisir de voir une belle entrée dégagée. J’ai hésité entre commencer une nouvelle pour le Concours de nouvelles de Gatineau (oui, oui, tout le monde peut participer) et commencer le dépliant des Créateurs de la Petite-Nation. Qui a gagné, croyez-vous? Eh oui, la graphiste! Pas besoin de me casser la tête, j’ouvre le dépliant de l’an dernier, j’efface ce qui ne convient plus, je compte : tant de picas divisés par dix, je trace des lignes, je prépare des photos que je redimensionne en bandes pour le dessus et à 100 ppp pour le site Internet. Je m’y sens à l’aise comme l’écureuil dans la mangeoire d’oiseaux.

La nouvelle? Ça ira à plus tard, quand j’aurai une idée de la chute, une idée de l’histoire, quand mon personnage principal se manifestera. Oui, j’y pense, mais pas à toute heure du jour, pas en passant la souffleuse ou en faisant la vaisselle ou en lisant ou en montant un dépliant.

Vais-je l’admettre une bonne fois pour toutes et finir de me faire croire que je suis une auteure prolifique. J’aime écrire, j’écris souvent, mais je ne serai jamais celle qui verra ses livres sur les tablettes des librairies de façon régulière. Voilà aussi pourquoi, il arrive que ce blogue ne soit pas nourri à un rythme constant et encore moins d’un seul sujet.

Je suis qui je suis et il serait temps que je cesse de me faire croire que je suis ou deviendrai quelqu’un d’autre.

(photo de l'auteure prise lors d'un voyage à Terre-Neuve)

samedi 12 février 2011

De la difficulté de résumer un roman

Depuis que la blogueuse de La plume et le poing a parlé du résumé en trente secondes et résumé version deux minutes de son roman, je n'arrête pas de faire des phrases. En essuyant la vaisselle, j’ai commencé à penser à ce que je dirais si on me demande: "De quoi parle ton roman Les têtes rousses?" Au bout de trente secondes, je n’avais résumé que les cinquante premières pages. Et plus j’y pensais, plus je recommençais, plus je m’emberlificotais dans les chiffres : en quelle année ça s’est passé, quel âge avaient mes personnages, combien de temps durait la traversée. On s’en fout, et après qu’est-ce qui arrive?

Ma co-blogueuse arrive (pas pour essuyer la vaisselle, non, elle, c’est le balayage!) et, montre en main, me résume mon manuscrit (qu’elle a lu bien sûr). Sauf que ça ne dit rien, ça ne donne pas le goût au lecteur de le lire, ça ne le « vend pas ». Parce qu’en plus de résumer, faut donner envie au lecteur de l’acheter.

Je recommence. Sans vaisselle, sans montre.

C’est l’histoire de Bridget Bushell, une Irlandaise chassée de son pays lors de la famine de 1847. Elle, son frère et sa sœur traversent l’Atlantique, côtoient des malades du typhus, jettent des morts par-dessus bord et passent plus de quarante jours à Grosse-Île. Une fois à Montréal, ils habitent le quartier des tanneries, trouvent leurs premiers emplois…
Non, mais c’est platte en tipépère. D’autant que c’est plus que ça. Ils vivent des rejets, des deuils, ils deviennent amoureux. Le conflit, la quête, est-ce qu’on en parle dans un résumé? J’aurais tellement aimé que le directeur littéraire rédige la quatrième couverture, mais il a accepté tel quel le texte que je lui ai soumis. Même à ça, une quatrième couverture écrite n’est pas nécessairement un bon résumé oral, au mieux ça fait leçon apprise par cœur.
Je recommence.

Chassés de l’Irlande lors de la famine de 1847, Bridget Bushell, son frère et sa sœur traversent l'Atlantique. Avant d'arriver à Saint-Henri des Tanneries, à Montréal, ils affrontent le typhus, ils attendent à Grosse-Île.

Très catholique et assez rigide, Bridget connaît des amours difficiles. Denis Lynch est trop jeune pour elle, mais il finit par l'épouser. Ils auront cinq enfants, mais Denis meurt tragiquement, Bridget élève ses enfants toute seule.

Une histoire inspirée de mes ancêtres irlandais, ce sont les vrais noms, les vraies dates, mais tout le reste est inventé. À partir de quelques lignes que ma grand-tante a écrites dans un cahier de généalogie, j'ai essayé d'imaginer ce qu'avait pu être la vie de cette Bridget Bushell et de son mari Denis Lynch.
Je devrais peut-être me contenter du dernier paragraphe. Je sais bien que je ne dirais pas ça de cette façon. Rien que pour l’écrire, j’ai effacé, réécrit, j'ai choisi de dire ceci et de taire cela. Comment résumer tout en donnant le goût de lire et en ne dévoilant pas tout? Au fond, c’est l’histoire banale de la vie d’une immigrante, mais comment dire l’abandon, comment dire la difficulté d’être veuve et  mère?

C’est pire que d’écrire le roman, ma foi!
C'est surtout moins long de laver de la vaisselle!

(L'illustration provient de Print Master)

lundi 13 décembre 2010

Ma muse a frappé fort

Il y a quelques jours, j’étais témoin, comme quelques autres, des grandes déclarations d’amitié entre Gen et Isa. Je me demandais si j’avais ce genre d’amie littéraire, quelqu’un qui m’aide, qui me conseille, qui me lise, qui m’endure, qui me pousse dans le dos ou qui m’insuffle une ardeur nouvelle.

Hier matin, comme chaque jour, avant de me lever, pendant ces minutes où je cherche le jour et l’heure, mon esprit était déjà sur le qui-vive. Mes personnages me tournaient déjà autour, mais qui serait le principal de mon prochain roman? Le fils, le petit-fils? Les lieux, je les voyais, je pouvais même nommer le nom des rues. Les dates, je les connaissais aussi bien que les dates d’anniversaire des membres de ma famille. Mais l’histoire. Quelle est mon histoire? Qu’est-ce que je veux raconter? Quelle sera la quête du personnage principal?

Je me suis levée sans que les réponses m’apparaissent suffisamment claires pour que je les note. J’en suis visiblement à la gestation. Pas bloquée, mais le bébé change de position chaque matin, change de sexe et il ne sait assurément pas où il va.

Je n’ose en parler, pas prête encore. Peur d’échapper cette pâte informe qu’est le début d’un nouveau-né et qu’en tombant, en traversant le passage de mes paroles, elle se déforme tant qu’elle ne se tienne plus et ne représente rien que du vent.

Voilà qu’avec très peu d’indices confiés à mi-voix, ma muse, celle qui, dès mon premier roman, en 1976 me poussait à écrire l’histoire que nos élèves communs nous contaient presque chaque semaine au sujet d’une mystérieuse femme en noir (livre publié aux Éditions Paulines, épuisé depuis), qui a récidivé tant et tant qui, encore en 2004, me disait « Puisque tu as écrit la vie de ton père, tu devrais écrire la vie de tes ancêtres maternels », voilà qu’elle frappait à nouveau et m'a suggéré avec confiance et force...

Non, je ne le dirai pas. Mais depuis cette suggestion, mon esprit ne cesse de rassembler des morceaux et le casse-tête se met en place. J’ai mon commencement, j’ai ma quête, j’ai même mon conflit.

Et j’ai ma muse.


vendredi 12 novembre 2010

Et puis après?


Tu sais que tu veux, c’est un début. Tu sais de quoi tu veux parler. Tu ne connais pas tous les détails, mais tu as tes personnages, l’époque, le lieu. Tu sais que c’est la suite de la précédente histoire qui va se publier bientôt, tu ne sais pas si l’éditeur voudra une suite, mais toi, tu sens que ça va de soi.

Tu as cherché longtemps l’angle, le point de vue, le narrateur. Tu as résisté parce que tu aurais voulu que ce soit une femme l’héroïne, mais voilà, c’est un homme qui s’est imposé. Relation père – fils. Difficulté d’être père. Un roman psychologique, un portrait, une vie, ce que tu aimes raconter. Faudra jouer serré, mais tu t’en sens capable. Tu jongles avec les étapes, tu réfléchis souvent, surtout pendant certaines nuits d’insomnie, à la montée dramatique, au point climax, au paroxysme, à la confrontation finale.

Tu décides d’écrire le résumé et voilà qu’en une page, tu as tout raconté.

Et soudain, déjà, le doute, la question : et puis après?

J’en suis là.

samedi 23 octobre 2010

De la peur d'écrire


Je m’encroûte. Et ne sais plus écrire. Ou plutôt je crois bien que je n’ai plus le goût d’écrire. Quand je lis les autres blogueurs, les chroniques dans les journaux, tellement de mots, d’idées, de sujets, tous plus intéressants les uns que les autres, auxquels je peux rester accrochée pendant des heures! Je me trouve anémique, du genre télégramme, du genre frugal. C’est à la mode pour les journalistes ou animateurs de dire : « X vient de publier son deuxième roman, elle tient le blogue Y ». J’ai bien hâte d’entendre la première partie de la phrase, mais je ne sais pas si je serais bien fière d’entendre la deuxième partie. Je n’aurais pas honte, je n’aurais pas peur que les lecteurs lisent mon roman, mais mon blogue! Je ne veux pas me juger trop sévèrement, je l’aime bien, moi, il est comme un carnet de voyage, là où on note les routes empruntées, les appréciations de campings, à la limite il peut servir à d’autres voyageurs, mais de là à entendre : « elle tient un blogue » sur le même ton qu’on le dirait pour un journaliste chevronné, reconnu (payé)!

En vérité, ce n’est pas tellement que je ne sais plus écrire ou que je ne trouve pas de sujets, mais c’est que je me retiens, je me censure. Je commence quelques fois et je ne trouve pas que ça vaille de continuer, d’autres auront mieux dit, auront dit plus. Je ne cherche pas toujours à faire sérieux ou utile — si un peu — j’admire ceux et celles qui dissertent longuement et joliment sur les couleurs des arbres au lever du soleil ou des mots d’enfants de leur garçonnet de cinq ans ou encore — quoique je lise moins — ceux qui réagissent à un fait divers, qu’il soit d’ordre politique ou judiciaire, mais je n’y réussis pas, je n’ai rien à dire sur ces sujets-là.

Il y a aussi ces silences que je garde pour laisser aux autres la liberté de vivre leurs propres expériences, de former leur propre jugement. À quoi bon exposer mon parcours s’il se termine pour moi par des rancunes, d’amers souvenirs dont le rappel ne servirait à personne?

Les autres silences, plus difficiles à tenir, naissent de la peur. D’être ridiculisée, ça, je m’en fous, mais peur d’être montrée du doigt, avec dans les yeux un regard haineux. D’être dénoncée en chaire (façon de parler parce que je ne vais plus à l’église, mais mon père l’a déjà été et nous l’avons payé cher). De subir des représailles d’ordre matériel (c’est déjà arrivé). D’être obligée de me justifier. De me faire battre à plate couture dans une bataille d’arguments. Je ne tiens pas à m’aventurer dans des sujets de controverse qui attirent commentaires, débat, tensions. Peur aussi de perdre des contacts précieux parce qu’en parlant d’un tel, tel autre qui exerce le même métier pourrait se sentir attaqué et me rayer de sa liste de « bons contacts ».

Ce dont je parlerais si je n’avais pas peur?

De certains journalistes qui ne posent plus de questions et ne vérifient pas telle ou telle assertion, qui écrivent des demi-vérités.

De certaines personnes flagorneuses qui choisissent des mots, des adjectifs, des images ou tout procédé tendant à faire beau, frapper fort, impressionner voire provoquer, attirer le regard sur soi, jouer la carte de la démagogie et, le pire, réussir par ces jeux de coude à accroître leur popularité ou attirer les foules, lecteurs, téléspectateurs se donnant ainsi raison, du genre la fin justifie les moyens.

De certaines personnes en poste d’autorité (douanier, maire, conseiller, directeur, patron) qui vivent comme si nous étions encore en 1950, sous Duplessis : « vient me voir je vais t’arranger ça », « ça reste entre nous, n’est-ce-pas? », « c’est de même que ça marche, que ça fasse ton affaire ou pas », « si tu votes pour moi…»

À force de résister à la provocation, je me demande bien si c’est la peur la raison de mes retenues ou la lâcheté ou la conscience de mes forces.

Mais qu’est-ce que je fais avec mes dents serrées et cette boule dans l’estomac? Ah! oui, c’est vrai, je transpose dans une nouvelle ou un roman.

(photo: pile de journaux)

jeudi 30 septembre 2010

De la joie de remettre un manuscrit

Dernier jour de septembre. J’aime bien les débuts de septembre, comme un recommencement, comme un cahier tout neuf, comme une promesse. J’aime moins octobre, une fois les belles couleurs de l’automne passé, comme un ours qui doit entrer dans sa caverne, comme les feuilles qui tombent, les nuages qui se noircissent, les journées qui rapetissent, comme une fin.

Demain, vendredi 1er octobre pourtant, ça sera un beau jour, j’essaie de m’en convaincre, j’y crois de plus en plus depuis le courriel d’un éditeur qui se dit intéressé à mon roman. Demain, je lui remets ma dernière version. Dernière comme dans la dernière fois que j’imprime mon manuscrit parce que la suite ce sera le livre imprimé?

Ce n’est pourtant pas ce jour qui devrait être le plus beau, c’est celui où j’apposerai ma signature en bas d’un contrat. Mais je veux souligner chaque petit pas qui m’y mène. Je veux ressentir, laisser monter en moi cet espoir, cette possibilité qui ressemble à un début septembre et non à un automne décevant. Mais rien ne monte, ni enthousiasme, ni crainte. Comme au neutre et depuis longtemps. Trop eu de refus, trop de relevailles, trop d’essais.

Depuis 2004 que je travaille ce roman. 2004 : six ans.

Le samedi 13 novembre 2004, j’ouvrais un cahier tout neuf et j’écrivais à la main : « Puisque j’aime les biographies, que j’ai écrit la vie de mon père, je pense écrire la vie de mes ancêtres maternels ».

Ce cahier est presque plein. De dates, de noms, de remarques, de lettres de refus, de courriels échangés, de questions, de doutes, de recommencements. Des petites joies de courte durée.

Même si certaines personnes voient déjà le livre en librairie et me voient déjà en train de leur signer leur dédicace, je sais qu’il reste encore plusieurs étapes :
il faut que le manuscrit soit accepté
il faut que le contrat soit signé
il faut que le roman soit révisé par le directeur littéraire
il faut que le roman soit monté
il faut que le roman soit imprimé
Alors peut-être l’an prochain, à l’automne 2011, le livre sera en librairie. Et une autre année avant de recevoir une quelconque redevance.

Il sera quand alors le beau jour où dans mes mots, dans mon cœur qui bat, dans ma tête qui tourne, je sentirai la joie?

Pour l’instant je vois un peu de lumière, je sens beaucoup d’espoir. Mais pas encore la joie qui s’est effritée tout au long de ces six ans, à force d’être contenue.

(photo: une toute petite partie des différentes versions du manuscrit)

samedi 24 juillet 2010

De l'insaisissable

Peut-être que je bloque (pas blogue, bloque!) sur mon roman parce que ce n’est pas tout à fait ça que je voulais écrire. Parce que je ne suis pas perfectionniste. J’ai toujours hâte de commencer un nouveau projet. Mon regard est toujours porté vers la talle de framboises d’à côté, plus invitante. Quand je finis quelque chose, c’est par entêtement, par devoir, par habitude, parce que j’ai été bien élevée, bien éduquée. Rarement par plaisir.

Il ne faut pas non plus que le projet soit trop ambitieux. Ambitieux pour moi s’entend. Comme mon histoire avec mes ancêtres irlandais, je voulais que ce soit plus que leur simple venue au Canada-Uni, plus que le simple vécu de couple, de famille, plus que la famine en Irlande, plus que le typhus, le choléra, plus que les morts. Je voulais partir ou arriver à aujourd’hui. Trouver des réponses à des questions actuelles. Interpréter un rêve que j’ai fait pendant de nombreuses années en rapport avec une cale de bateau, un capitaine qui tient la barre, mon amour de la mer, ma mort. Mais pour cela il me faudrait tellement de recherches sur la psychogénéalogie, domaine qui m'intrigue mais avec lequel je ne suis pas familière, loin de là. Fautes de données scientifiques, d’explications rationnelles et convaincantes, j’ai choisi le roman.

Mais les éditeurs n’ont vu que le premier degré. Dans la première version qui racontait cinq générations, je n’ai pas su leur montrer ma vision. Et puis, le tout a dérapé. Mon roman n’a plus de symbolique, plus d’interprétation, plus de réponses. Une simple histoire où la poésie du paysage, du voyage en mer, des blessures intérieures est escamotée au profit du sacro-saint dialogue qui rend plus vivants les personnages. Surtout plus facile à lire, je l’admets, on le voit bien quand on essaie de se rendre au bout du dernier Marie-Claire Blais, Mai au bal des prédateurs, sans point ni chapitre.

Je ne voulais pas une histoire qui ressemble à un scénario de film, je voulais une âme qui voyage entre les générations.

À défaut d’avoir le talent pour saisir l’insaisissable, j’espère réussir l’histoire. À force de persévérance, en allant chercher le cœur, l’âme de mon ancêtre… et son entêtement.

(Image empruntée au site des Archives nationales du Canada)

vendredi 26 février 2010

Prête pas prête,
je vais au Salon du livre

Je suis prête. Mes livres sont dans mon sac à dos. J’apporte Visions de la Petite-Nation, publié en 2000, autoédition, La fascinante histoire du Fairmont Le Château Montebello, publié en 2003, autoédition, Jacques Lamarche, un homme une époque, publié en 2005 aux Écrits hautes-Terres. Au stand de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais, m’attendra le livre Trente dans lequel j’ai une nouvelle, publiée en 2009. Mon appareil photo pour garder un souvenir de mon passage, le dernier datant de 2005. Des cartes d’affaires aussi pour dire à ceux et celles que ça intéresse que je monte des livres, des brochures, des dépliants, des mini-sites Internet. Parce qu’écrire, on voudrait tous bien en vivre, mais qui y réussit ?

Je suis prête physiquement, la tête propre, mes vêtements déjà sortis, mon sac à dos et mon cellulaire à côté de la porte, faut pas que j’oublie mon lunch dans le frigo… mais mentalement ? Je me souviens de la dernière fois. Il ne faut pas que j’y pense, je n’irai pas. Je ne suis quand même pas si masochiste. Aller m’asseoir et regarder jalousement les longues lignées voisines, attendre le stylo en l’air. Et si par hasard quelqu’un m’adresse la parole « Me semble qu’on se connaît, vous ne m’avez pas enseigné en 1975 ? » ou « c’est votre père sur ce livre? Je l’ai bien connu » ou « Le Château Montebello, oui, je l’ai visité l’an dernier. » De quoi j’aimerais parler finalement ? Pourquoi j’y vais si je ne suis pas prête à sociabiliser ?

J’y vais pour les livres, parce que j’aime les livres, comme un enfant qui regarde tous les bonbons offerts dans la vitrine. Je voudrais (presque) tous les lire et parfois même les avoir écrits. J’y vais aussi pour revoir quelques consœurs et confrères, ceux et celles avec qui j’ai suivi des ateliers d’écriture : Loïse Lavallée, Nicole Balvay Haillot, Lysette Brochu, Gilbert Troutet, Louis Noreau, Daniel Paradis. Et rencontrer pour la première fois Andrée Poulin, l’heureuse récipiendaire du prix du journal Le Droit, section jeunesse. D’autres blogueuses aussi, si j’ai le temps. Écouter Michèle Bourgon à 16 heures. Revenir fatiguée mais contente en hésitant entre : « je n’y retourne plus, c’est tourner un couteau dans la plaie » et « l’an prochain, j’y serai avec un nouveau livre, à moi. »

(Photo: couverture du livre Trente de l'Association des auteurs et auteurs de l'Outaouais, dans lequel j'ai une nouvelle)