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vendredi 14 novembre 2014

Matin de givre

Quand la nature nous dépose cadeau
Quand le givre nous décoche sourire
Quand le soleil nous rend l’humeur belle et douce
Quand les mots s’effacent devant la couleur
Le silence s’installe
Le présent approche et chasse le temps
Le froid s’oublie
La paix vient


(montage photos de l'auteure)

dimanche 7 septembre 2014

Le bonheur du jour

Saviez-vous que le-bonheur-du-jour était un meuble? Pour écrire et pour les dames! Un restaurant aussi, quelques blogues et deux ou trois titres de romans. Peut-être me laisserai-je tenter par un roman de José Canabis.

En voyage, dans mon cahier de bord, à la fin de la journée, j’aime bien noter le plaisir du jour. Aujourd’hui, à défaut d’écrire un long billet, j’aimerais bien commencer une série « bonheur du jour ». Je me connais, je sais bien que je ne tiendrai pas longtemps, je n’aime pas les contraintes. 

Au moins aujourd’hui : une photo et quelques lignes.

Aujourd’hui, donc, le bonheur du jour ne fut ressenti, comme un tremblement de terre, que vers 17 heures trente. Avant, c'était plutôt couci-couça, l'humeur étant à la rébellion à toutes les activités manuelles qui ne me tentaient guère. 

Devant un feu, un verre de vin, un italien banal somme toute. Moi qui aime bien un vin en apéritif, il faudrait peut-être que je commence à me documenter sur les vins qui se servent sans accompagnement alimentaire. On ferme la parenthèse. 

Et lecture. Un roman de Louise Dupré. Émotion parce que j’ai aussi eu une tante qui fut « internée ». Si identification dans le sujet, pendant quelques pages, surtout admiration pour le style que je n’aurai jamais. même en me forçant. D'autant meilleur.

Voilà, c’est tout. 

La ruée vers l’or, émission qui se passait au Yukon en 2012, m'attend. Question de faire durer le plaisir. Deux semaines déjà que je suis revenue de cette lointaine région que j'ai beaucoup aimée, et je ne veux pas trop revenir à la normale, aux « il faut » trop rapidement.

lundi 25 août 2014

Ah! ce temps...

Bientôt les enfants seront en classe. Je ne me souviens pas avoir trouvé le temps trop court ou trop long quand j’étais élève. Quand donc commence-t-on à regarder le temps qui passe, à trouver qu’on n’en a pas assez?

En voyage, je vis beaucoup plus au présent, je n’essaie pas de tout vouloir faire la même journée. Je roule, je regarde, j’admire, je m’extasie, j’apprends, je photographie, j’écoute, je mange, je dors. Je maugrée un tout petit peu contre la température, mais n’y pouvant rien, je m’adapte et le sourire revient. Si j’étudie le trajet du lendemain, je pense quand même très peu. Je me laisse aller.

Depuis mon retour du Yukon et de l’Alaska, je me suis remise à penser et à regarder l’heure. Je veux tout faire en même temps. Non pas pour le rattraper, juste en jouir au maximum.
  • Être dehors parce qu’il fait beau et chaud.
  • Visionner, trier, traiter les 1,000 photos prises lors des 22 jours en terre du nord.
  • Lire mes notes, écrire un compte rendu du voyage pour publication sur mon site.
  • Réviser mon roman, alimenter mon blogue.
  • Examiner les factures, rentrer les chiffres dans mon fichier Excel, voir si on a dépassé les prévisions (c’est fait, on a dépassé de 300 $).
  • Aller en vélo.
  • Être au courant des romans qui sortiront en septembre.
Pas le temps de : 
  • Attendre que les logiciels s’ouvrent, penser à changer d’ordinateur ou l’envoyer nettoyer, ce qui serait encore perdre du temps.
  • Lire ou télécharger des livres. Aller à la bibliothèque sachant que je n’aurai pas le temps de lire les deux livres arrivés pendant mon voyage.
  • Cette année, ne pas participer à Nouvelles de Gatineau. Le concours se termine le 30 août. J’avais bien commencé un texte, mais il est nul.
  • Finir de tondre le gazon.
  • Préparer la fête annuelle des Vierges (deux membres de ma famille sont nées le 11 septembre)
  • Écrire un billet de blogue digne de ce nom.
  • Respirer… ah! si quand même.
Prendre au moins le temps de me parler, de calmer mon impatience, de me dire que je suis en vie et donc de le voir passer ce temps précieux, d’être reconnaissante d’avoir fait un si beau voyage et de me répéter que même si je courais, je ne le rattraperai jamais. Déjà de pouvoir en parler est un plaisir et une chance que tout le monde n’a pas. Alors je vais simplement le vivre, une minute, une heure, une journée à la fois.

Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir.
Et être très émue en regardant la couleur du champ de maïs quand le soleil se lève ou se couche. Tout comme je l'ai été un certain matin très nuageux, annonciateur d'une autre journée pluvieuse, à Seward, Alaska, quand j'ai vu tout à coup un immense arc-en-ciel dans la montagne. L'espoir et le sourire sont revenus.

dimanche 27 juillet 2014

Jusques à quand?

En parallèle, je lis Oser écrire de Madeleine Chapsal et La liste de mes envies de Grégoire Delacourt. Quelques pages de l’un, quelques pages de l’autre. Comme si j’alternais entre un verre de vin blanc et un de rouge. Ou plutôt un shiraz et un bordeaux. J’aime les deux, je me délecte des deux. M'inspirent. Envie d’écrire, envie de copier. Le sujet du premier, le rythme du second. Je compare, évidemment, ma vie avec celle de la première et mon style avec le roman du second. Je ne serai jamais la première, je n’aurai jamais (peut-être que si, un peu) le style du second.

Et puis j’y retourne, sans comparer cette fois, juste pour faire plaisir à la lectrice, siamoise de l’auteure, que je suis, juste pour aimer sans jalousie, pour admirer sans me dire que je suis un écrivain raté. Peut-être moyen, mais pas raté. J’aurai au moins essayé, et réussi en partie. Comme à l’école, j’aurai eu la moyenne. Pas sur le podium des grands succès, mais pas la cancre qui aura décroché. J’ai toujours dit que le système d’évaluation à l’école ne favorisait pas l’estime de soi. Vous classe à vie. Vous stigmatise à vie. Laisse des traces comme une blessure narcissique.

Chose certaine, en commençant ce blogue, je croyais poursuivre sur la lancée du guide touristique produit pendant treize ans : parler des événements de ma région, des artistes, des créateurs de l'Outaouais en général et de la Petite-Nation en particulier. Je savais que je parlerais des livres, que je ne pourrais m’en empêcher, mais si je pensais écrire le résumé, donner mon avis sur le sujet, j’ai dévié. Trop pensum, trop dissertation. Comme bien d’autres, et très facilement, très plaisant, je suis tombée dans le subjectif, dans le « je ». Une fois que j’ai lu un livre, ou que je suis en train de lire, pas vraiment le goût du compte rendu. Seulement parler de l’empreinte laissée. En soulignant trois fois le fait qu’une personne qui essaie d’écrire, qui veut écrire et qui écrit ne lit pas comme les autres, on ne me fera jamais croire le contraire. Deux jumelles inséparables. C’est se regarder dans un miroir. Pas pour tomber amoureuse comme Narcisse, mais pour apprendre, pour évoluer, pour s’améliorer. Bref, comme l’évaluation devrait être dans les classes : une note par rapport à nos propres progrès, pas de moyenne, pas de percentile, pas de podium.

Se remet-on jamais de nos notes scolaires, de ce jugement sans appel qui nous marque à vie? Qui revient nous hanter — me hanter —  dès que je prends un crayon?
Et comme toute cicatrice, peut-on l’oublier, la circonstancier et finalement, en revenir et passer à autre chose? Ou s’évaluer autrement? Ou être fière de ce qu’on est même si on n’est pas la première, ou la plus, ou la plus comme?

L’autre côté de la médaille qui me réconforte : les «grands» écrivains mentionnent rarement leurs résultats scolaires. Et l’on disait que les meilleurs professeurs n’étaient pas forcément les premiers de classe puisqu’ils auront de la difficulté à comprendre que les étudiants ne comprennent pas aussi rapidement qu’eux. Reste à savoir si les bons professeurs font de bons écrivains!

Jusques à quand me tourmenteras-tu, chère adolescence? (J’ai toujours aimé — et abusé?— de Cicéron)

vendredi 25 juillet 2014

Deux ou trois petites choses

Il suffit parfois de deux ou trois choses anodines qui s’accumulent au fil des jours pour rendre le bonheur facile. Il suffit que rien ne vienne entacher le ciel bleu pendant deux ou trois jours pour que la joie demeure. Il suffit de deux ou trois petits plaisirs pour que le cœur s’enivre et chante son allégresse.

Donc, lire le matin, en prenant son café — la première gorgée, un vrai délice qui nous arrache un soupir et un ahhhh — sur la terrasse arrière, au soleil levant. Lire quelques pages de Oser écrire de Madeleine Chapsal et s’identifier complètement : moi aussi j’ai interviewé des personnes, moi aussi, j’ai publié ces rencontres dans un journal. Bon, ce n’était pas Jean-Paul Sartre ni Malraux, c’était un agriculteur de ma région, mais quand même, quel plaisir, quelle jouissance, chaque fois. Marie-Paule Villeneuve m’avait fait confiance, mais peu après son départ de La Terre de chez nous, on n’avait plus besoin de mes services. Mais, j’ai beaucoup aimé.
Lire « l’écriture est initiée par la jalousie », c’est comme se sentir comprise, jugée et pardonnée en même temps. Et si plus loin, je lis : « l’écriture est un acte d’identification », je sens que je fais partie de la confrérie : ce matin, j’ose m’identifier à Madeleine Chapsal, sauf pour la quantité de romans publiés!

Le midi, un pique-nique à Val-des-Bois. Question de voir deux-trois campings, dont un ouvert à l’année. Rêvasserie sur une vie possible dans ce genre de camping et de maison modulaire. Question aussi de voir cette municipalité presque orpheline, en mal d’identification sûrement, catapultée dans la MRC Papineau qui a dû aller chercher deux municipalités de la Lièvre pour satisfaire je ne sais trop quelle statistique. Sinon, nous aurions pu nous appeler MRC Petite-Nation. Bon, passons sur ces considérations hautement politiques auxquelles je ne comprends rien, ne m’y intéressant que très peu.

Retour par la Réserve Papineau-Labelle, un trésor de nature sauvage, à peine dénaturée par les chemins forestiers. Un parc, aux multiples entrées, qui relie, entre autres, la Lièvre (comprendre une région développée le long de la rivière du Lièvre) à ma bien-aimée Petite-Nation (comprendre une région développée le long de la rivière Petite-Nation).  Les castors s’en donnent à cœur joie, ce qui fait que les chemins sont souvent barrés, ce qui fut encore le cas. Il ne faut pas se fier au GPS qui s’y perd, ni au réseau téléphonique inexistant et très peu aux rares conducteurs qui s’y promènent. À vos risques. Ce n’était ni l’heure des cervidés ni celle des ours, mais la saison des framboises, oh! que oui. Les maringouins et mouches à chevreuil ne réussiront pas à troubler nos joyeuses chansons (qui ont aussi pour but de tenir les ours à distance au cas où). Deux ou trois arrêts pour les photos et collations du petit fruit rouge. Sans autre incident que des crevasses et des trous d’eau sur le chemin numéroté 25.

Arrivée dans la civilisation, à Saint-André-Avellin en pleine fête western, achats des premiers épis de maïs qui seront épluchés, bouillis et mangés dès le retour à la maison. Avant, un dernier plaisir : la cueillette de l’hebdomadaire panier de légumes biologiques d’une valeur de 20 $.

Après avoir déballé et rangé nos trésors, nous nous offrons un verre de vin blanc en préparant la salade de tomates, haricots, concombres, et nous soupons sur notre terrasse arrière, là où tout a commencé le matin de cette belle journée.

En réalisant, une fois de plus, qu’il suffit parfois de deux ou trois petits plaisirs pour trouver que la vie est belle et que j'en rends grâce... en l'écrivant bien sûr puisque « Un écrivain demeure en écriture même quand il n'écrit pas, le jour, la nuit, sans arrêt », dixit Madeleine Chapsal.

(photos de l'auteur: lac L'Escalier à Bowman, framboises dans le parc Papineau-Labelle)

vendredi 20 juin 2014

Trois pour le prix d'une

Trois plaisirs pour le prix d'une escapade de quatre jours dans la région de la Yamaska Nord
Dans l’ordre : premier plaisir, le camping
Deuxième : le vélo
Troisième : la lecture


Le camping : je me suis réconciliée avec les Sepaq. Je les boudais parce que je trouvais prohibitifs leurs coûts d’entrée : 7,50 $ par jour par personne. En prenant une passe pour le réseau : 135 $ pour deux, j’ai accès à tous les parcs, sans avoir à me soucier de ces frais d’accès. En les oubliant, j’ai l’impression de ne pas les payer. Reste le camping. Le sans service est de 29 $ la nuitée et le deux services de 38,25 $ Plus les taxes. Disons que c’est un prix assez compétitif si on ne compare pas les genres de campings. Dans les Sepaq, ce ne sont pas les services, le wi-fi ou les activités qu’on va chercher, mais surtout l’espace et la nature. La nature et encore la nature. Alors au parc Yamaska, je fus servie, gâtée. J’ai beaucoup aimé.

Le vélo : des pistes cyclables, des vraies, pas des bandes cyclables le long d’une route. Le rêve pour une promeneuse comme moi. Je ne cherche plus ces sentiers de vélo de montagne escarpées où il faut grimper, descendre debout sur les pédales. Je préfère le plat, le facile. Autour de Granby, je suis servie. Une région où je n’allais plus puisqu’il fallait passer par Montréal, Décarie et pont Champlain. Avec l’ouverture d’un tronçon de l’autoroute 30 du barrage de Beauharnois, je peux me rendre dans les Cantons de l’Est dans un petit deux heures. Des points de vue le long du réservoir Choinière, des haltes le long de rivière Yamaska Nord. Du soleil, des gens gentils. Rien que du présent.

La lecture: ça faisait longtemps que je n’avais pas lu. Longtemps, dans mon cas, c’est près de trois semaines. Faisait encore plus longtemps que je n’avais pas lu un livre:
1- écrit par une femme
2- écrit par une auteure de ma génération (nous avons dix mois de différence)
3- écrit par une Québécoise

Et ce n’est pas tout, elle a écrit sur la mort de sa mère survenue en décembre 2011, or la mienne est décédée en mai 2012. Pire encore, tout comme dans ma famille, elle a une tante qui a séjourné à Saint-Jean-de-Dieu de Montréal et à Saint-Michel-Archange de Québec.

Donc, identification, sentiment de sororité. J’ai lu avec grand intérêt.

Heureusement, je n’avais pas Internet, je me serais ruée sur ma tablette pour tout savoir de cette auteure et peut-être même lui écrire. Ce que je ferai peut-être. Pour lui dire merci. Merci d’avoir écrit sur la relation mère-fille, sur la mort, sur celle des autres, sur la nôtre qui viendra trop vite.

À la mort de mon père, je n’ai pas senti le besoin d’écrire sur lui. Dans les faits, j’ai écrit sa biographie avant qu’il ferme les yeux pour toujours, un certain soir du mois d’août 2006. J’étais plus fille de mon père que fille de ma mère, je dirais. Ce sont pourtant des images de ma mère qui resurgissent parfois. Je revois les derniers jours quand je lui tenais la main. Je cherche encore ce qu’elle voulait me dire en ouvrant la bouche et en murmurant trois « mouah» en me regardant. Je ne saurai jamais. Il me vient des émotions dans un geste de ses petits-enfants. Je me dis qu’elle aurait aimé, souri.

Louise Dupré dans L’album multicolore a tout de même écrit 191 pages sur ce sujet. Je la remercie d’avoir tant écrit, sans trop de répétitions, à part sa «mauvaise lumière du salon», qui à la fin me faisait sourire.

Je lui envie son éditeur qui a accepté de publier un tel récit. Je me demande s’il lui a suggéré d’enlever quelques « mauvaise lumière du salon ». Bien sûr, j’ai noté plusieurs phrases dont celle-ci : « mais, même sans larmes, l’enfance reste tapie dans un coin sombre, elle nous guette, elle ne meurt jamais ». Je ne fus pas surprise d’y voir une phrase que je glisserai dans mon prochain roman. J’aurai l’air d’avoir copié, mais la mienne a été écrite  en 2006 : « on ne sort pas indemne de son enfance ».

En voyant sa bibliographie et les nombreux prix remportés, je me réjouis pour elle de sa réussite. Je ne suis pas très poésie, mais je lirai certainement ses romans.

jeudi 12 juin 2014

Les visages de la peur

Enfant, je n’avais peur de rien. Ni des couleuvres ni des sangsues. Ni de l’eau ni des orages. Peut-être seulement de causer du chagrin à mes parents. Une peur qui me rendit aimable.

Adolescente, je commençai à avoir peur de la violence des humains. Peur de déplaire. Peur de plaire. Une peur qui me rendit prudente.

Dans la vingtaine, j’eus peur de tomber enceinte sans être mariée. J’ai été rejetée, j’eus peur de ne plus être aimée. Puis, j’ai aimé, j’ai voyagé, j’ai travaillé. J’ai vécu. J’avais la vie devant moi. Je n’y pensais même pas. Je suis devenue téméraire. J’ai fait des folies. En ski, en auto, en canot. Pas le temps de penser, pas le temps d'avoir peur. Pas la vraie en tout cas qui ressemble à un mur noir avec plus rien derrière.

Dans la cinquantaine, je commençai à fréquenter les médecins, les cliniques, les hôpitaux. Pour mes parents, pour des amies, pour les autres. Un peu pour moi, mais je n’avais pas peur, j’avais confiance. Je ne pensais pas à la mort sinon à celle des autres.

Au début de la soixantaine, un cancer du sein. La peur n’a pas montré le bout de son nez, la mort non plus. Il n’y eut que l’attente. L’attente de l’après, de tous ces petits « après » qu’on attend, qu’on espère, certaine de leur venue. Et ils arrivent, un à un, jour après jour. 

Un matin, la vie reprend son cours normal, je peux voyager à nouveau, trois semaines, puis six. Ne plus être dans l’attente, ça fait du bien. Je sais bien que je ne suis plus éternelle, mais je peux espérer au moins dix ans encore, vingt peut-être. C’est peu, c’est beaucoup. Tout redevient possible.

Et puis un jour de douche, comme dans les films, une petite masse sur le sein opéré. Les comparaisons commencent, les questions aussi. La peur arrive avec ses doutes et grossit plus rapidement que la bosse. Une peur qui paralyse. Une peur qui devient anxiété, qui gruge le mur de confiance érigé au cours des années. Elle me rend vulnérable et silencieuse. Très silencieuse.

Une peur qui fait peur, qui annonce la possible fin, le possible arrêt de tous les possibles. 

Je rue dans les brancards, je me secoue, je téléphone, j’insiste. J’obtiens un rendez-vous dans dix jours. Ce qui me soulage un temps, comme si je remettais mon sort entre les mains de personnes expérimentées. Comme si j’étais prise en charge.

Et puis j’en parle. Un peu. À une seule personne. Pour ne pas inquiéter les autres. Pour ne pas voir la peur des autres. J'ai bien assez de la mienne.

Je transpose dans mon roman, on meurt beaucoup dans mon prochain roman. J’évacue mes émotions, mes craintes chez mes personnages.

Il y a ce voyage en Alaska, que je dois réserver bientôt. Dois-je l’annuler?

Peur de décevoir. Je me sens responsable, je me sens coupable. Je fais semblant. J’essaie de ne pas paniquer. Je ménage mon bras droit, mes ganglions, ma lymphe. Je vois du monde, je ne lis plus. Je regarde des reportages sur la guerre, je vois la peur des soldats. La peur fait-elle mourir? Je lui en veux à cette mort, à cette peur de venir rôder. Laissez-moi tranquille un peu. Laissez-moi vivre encore quelques années. Pas déjà? Pas déjà?

Et enfin, la visite chez la chirurgienne. Depuis un mois les questions et en quinze minutes, elle y répond : la bosse est modulée. Avez-vous eu un traumatisme, vous êtes-vous frappé le sein? Pas que je me souvienne (mais par la suite, je me souviendrai d’une presque chute en vélo, peut-être que le miroir ou la poignée m’a heurté le sein). Le regard clair et franc, les yeux dans les yeux, elle me dit que ça ne l’inquiète pas, ce n’est pas le cancer qui revient. C’est modulé, qu’elle me répète. Un nouveau mot pour moi. Un beau mot, doux à mes oreilles. Rassurant comme une chanson joyeuse. C’est que j’ai un voyage en Alaska prévu pour… Mais allez-y? Oui, vous êtes certaine. Je lui sauterais au cou. Je l’embrasse. 

La peur a tellement creusé son trou qu’elle ne s’évanouit pas comme ça. Le doute reviendra, bien sûr. Mais pour l’instant, je savoure. Tout redevient possible. Je prépare mes bagages, je dresse la liste de mes besoins. Du vélo à Plaisance, la semaine prochaine, camping à… dans dix jours, un petit tour dans les Laurentides. Et puis ces bottines qui me faisaient envie. Et cette bouteille de vin à 20$ gardée pour les grandes occasions… avec qui fêter?

La peur, tu peux bien repartir dans ton trou, allez, va te cacher, va rejoindre ta comparse, la mort. Je ne veux plus vous revoir avant dix ans au moins. Plus peut-être.

vendredi 6 juin 2014

6 juin 2014: Relais pour la vie

Le 6 juin, pour certains, de moins en moins nombreux, c’est la commémoration du débarquement en Normandie en 1944. Jour triste. Pour moi, c’est le souvenir du jour où j’étais à Calgary en compagnie de l’artiste qui a trouvé une galerie qui acceptait d’exposer ses tableaux, et qui remerciait son père dont c’était justement l’anniversaire de naissance. Jour joyeux.

Mais cette année, en 2014, le 6 juin, ce sera mon deuxième Relais pour la vie. « Une nuit pour la vie », mais pas un jour joyeux, certain. Commanditée, accompagnée, j’irai marcher à Saint-André-Avellin. Un peu plus triste que l’an dernier parce que dans la dernière année, trois autres de mes connaissances sont décédées de ce foutu cancer qui ne cesse de se prendre pour une épidémie et tire tous azimuts sans égard à rien.

Je ne devrais pas alimenter ce billet de ma tristesse, de ma colère, de ma peur de la mort, de la mienne surtout. Ce n’est pas beau. Je devrais parler d’espoir, de vie. Mais, sur le cancer, on est bien loin d’une victoire totale, d’une reddition sans condition. Tout cet argent que l’on donne aux divers organismes, toute cette confiance que l’on met dans la recherche, oui, ça sauve des vies, ça les prolonge, mais à quand les réponses définitives à nos pourquoi et à nos comment. Tout l’argent du monde ne changera pas l’inévitable. Et ce n’est certainement pas moi qui ne suis ni médecin, ni chercheur, ni philosophe, ni religieuse qui peut fournir des réponses aux nombreuses questions ou calmer les inquiétudes.

Je peux juste marcher, tant que je le peux encore. Avec ma peur que je vais laisser de côté. Au cours de la nuit, en compagnie de tous les survivants et des accompagnateurs, je la changerai en amour de la vie, je le sais bien. Demain sera joyeux. 

Pour faire un don ou informations: site de Relais pour la vie>>>
(photo prise l'an dernier, cadre jaune aux couleurs du Relais pour la vie)

jeudi 29 mai 2014

Des silences qui se prolongent

D’une journée à l’autre
D’une activité à l’autre
Cahin-caha
Du colibri à l’abreuvoir au lilas qui pointe vers le ciel
Du temps qui passe
Du printemps délicieux qui permet des repas sur la terrasse
Entre un dépliant et un site Internet
Entre des matins froids et des ciels gris
Un tour de vélo au parc de Plaisance, deux jours de camping pour voir une amie
Un peu de correction de manuscrit, corriger sans trop relire, sans trop réécrire
Un coup d’œil sur un nouveau blogue de généalogie
Une fièvre passagère pour le hockey
Un peu d’inquiétude pour le tiraillement dans un bras
Un abonnement au panier Équiterre, la recherche de recettes de légumes, redécouvrir la rabiole
Du temps perdu à m’étourdir dans Candy Crush
M’efforcer de ne pas penser
Feuilleter plutôt que lire
La sérénité demande la patience, et parfois le refus de s’aventurer dans des avenues négatives, inutiles.
Résister au petit diable qui claironne l'âge de chacun
Faire des petits plaisirs une joie quotidienne
Pour qu’elle prenne racine et chasse la morosité qui pourrait s’incruster si je n’y prenais garde.
Ce qui suppose de bien choisir les mots qui cherchent à s’insinuer.
D’où mes silences qui se prolongent.

(photo de l'auteure, oui, oui, des lilas dans ma cour)

mardi 4 mars 2014

Ne rien faire

Ne rien faire d’utile ou d’important.
Sans être en vacances ou plutôt l’être tout le temps. Il est de coutume d’appeler cela la retraite.
Juste guetter et, sil vient, écouter l’oiseau.
Juste lire un roman. Pas un essai où il faudrait réfléchir, juste un roman, une histoire, des émotions. Ressentir sans être en relation, sans conflit.
Juste aller nager ou pédaler ou faire de la raquette. Et parfois même pas.
Juste déguster un verre de vin.
Juste parler à une voisine. Ou se taire. Ne pas commencer de polémique, ne pas monter aux barricades.
Juste surveiller la prochaine vague ou le chien qui marche dans la rue.
Juste soupirer d’aise.
Juste regarder le ciel bleu ou la neige qui tombe en gros flocons ou la pluie qui tambourine. Et ne pas paniquer parce qu’on n’a pas à sortir.
Juste avoir l’esprit tranquille.
                Sans attente
                Sans inquiétudes
                Sans tension
                Sans appréhension
                Sans culpabilité
                Sans cœur brisé
Juste écrire un billet complètement inutile.

Ne vraiment rien faire? Je n'en suis pas capable. À moins d’être malade et attendre que le mieux revienne. Ce qui n'est pas le cas.
Était-ce permis chez vous de ne rien faire? Seulement le dimanche? Seulement en vacances?

(photo de l'auteure en train de rêvasser)

dimanche 23 février 2014

Verbes de février

Mes journées en ce mois si court et si long à la fois:

Oublier d'attendre les réponses pour le dernier manuscrit envoyé aux éditeurs. 

Écrire trois ou quatre pages où je présente un nouveau personnage : Johanne que les intimes pourront appeler Jo (prononcer [ʒo] et non [dʒo]. Elle excelle au handball. Je ne comprends pas encore pourquoi ce sport que je connais très peu et avec lequel je devrai me familiariser, mais Jo en a décidé ainsi.

Le reste de la journée, observer les mésanges et le pic qui ont hâte que l’hiver achève pour accueillir des petits copains. Admirer les photos d'oiseaux de Luc Parent en le suivant dans son voyage. L'admirer d'autant plus que je sais fort bien que même si je le suivais à la trace, mes photos ne seraient pas aussi belles. Apprendre à connaître ses limites et ne pas jouer au petit Québécois qui-est-capable-d'en-faire-autant!

Autant j’aime les Olympiques d’hiver qui me font apprécier… l’hiver, autant je suis bien heureuse de revenir à un horaire plus normal. Me reposer de ces cris de victoire, ces larmes de défaite, cette fierté d’être canadienne deux semaines aux quatre ans, ces tensions insoutenables.

Lire. J’ai terminé C’est le cœur qui meurt en dernier de Robert Lalonde que j’ai beaucoup aimé même si les dialogues étaient fort nombreux, mais toujours justifiés. Qui m’a fait réfléchir à ma propre relation avec ma mère. Qui m’a donné des idées pour enrichir les relations mère-fille dans mon prochain roman. 

Retourner à la vie de George Sand. En attendant un prochain roman québécois qui m’intéressera.
Essayer de recruter des Deguire et des Larose pour une rencontre en 2015. Être un peu déçue de ne pas trouver d’association des descendants de soldats de Carignan. Féliciter les femmes qui ont créé la Société des Filles du roi (site>>>), un groupe plus actif disons que celui-là>>>, un peu statique. Admettre que Marcel Fournier et André Delisle s'activent et comptent bien souligner ce 350e anniversaire >>>

Préparer le voyage Yukon-Alaska quoique ce n’est pas très difficile, à peu près un seul itinéraire : Whitehorse, Dawson City, Fairbanks, Parc Denali, Anchorage, Homer, Seward, Valdez, Skagway, Haines.

S’y voir déjà.
Et puis, le plus important, vivre, aimer.

dimanche 19 janvier 2014

La très soutenable légèreté de l'être

D’abord rêver aux soldats de Carignan, et, au réveil, me souvenir à peine d'avoir entendu le nom. Me demander si je n’écrirais pas un petit billet sur ce qui se trame ces jours-ci, à ce propos. 

Déjeuner en lisant des blogues de caravaniers qui gèlent à ce Jekyll Island que j’aime tant, mais dont j’envie la balade à vélo au bord de la mer; je poursuis avec d’autres en Arizona qui photographient des oiseaux et des cactus saguaro et me parlent des kokopelli qui m’ont séduit quand j’y étais. Nostalgie, petite envie.

Me promener ensuite sur Facebook dans les divers groupes que je suis et qui ont rapport soit avec les auteurs, soit les voyages, soit la généalogie. Je n’en sors pas ! Pourquoi lire sur d’autres sujets puisque ce sont mes passions?

Le temps de terminer mon café, lire tout de même quelques pages du roman de Catherine Leroux, Le mur mitoyen, me perdre encore une fois dans ces trois longues nouvelles, plus une petite que l’auteure a choisi de faire chevaucher pour une meilleure structure narrative sans doute. M’y accrocher rapidement, bien aimer finalement.

Après la vaisselle (quand même, me prouver que je ne suis pas qu’une intellectuelle qui néglige le domestique), revenir à ces courriels échangés depuis deux semaines au sujet des Deguire, le patronyme de ma mère. Nous sommes trois ou quatre descendants qui voudraient souligner le 350e anniversaire de l’arrivée des soldats de Carignan. J’ai la chance d’en avoir deux comme ancêtres directs : Jean Bricault dit Lamarche et François Deguire dit Larose. De plus celui-ci a épousé une fille du roi, Marie Rose Collin. 
Il en fut déjà question sur ce blogue (ce billet >>>)
Et là, d’une fouille à une autre, je me retrouve sur le site des Fêtes de la Nouvelle-France
En 2013, ces fêtes ont souligné l’arrivée des Filles du roi et si en 2015, elles commémoraient l’arrivée des soldats de Carignan? Et si notre petit groupe de Deguire y allait? Et si je me déguisais en Marie-Rose Collin ou même en François Deguire? Pourquoi pas ! Fait longtemps que j’ai le goût de participer à ces fêtes, dans le Vieux-Québec. Penser à en parler aux autres.

Jeter ensuite un coup d’œil à la fenêtre, sentir mon cœur conquis par la petite neige fine, décider d’aller en raquette (l’intellectuelle et la domestique pensent aussi à mon corps qui a besoin d’un peu d’exercice). Y être si bien dans cette douce neige qui tombe en gros flocons que je ne pense plus à être ailleurs, dans le sud ou à vélo. Il n’y a plus de Deguire, ni de lecture, ni d’ailleurs, ni de plus tard, rien que le simple plaisir de mettre un pied devant l’autre dans le silence ouaté de la forêt qui goûte la liberté.

Heureuse que mon cerveau m’y ait amenée dans cette légèreté de l’être, très soutenable et très souhaitable.

site des Fêtes de la Nouvelle-France>>>
site assez complet sur les Deguire>>>

Note: avez-vous remarqué, ai (encore) un peu changé entête et arrière-fond du blogue?

mardi 14 janvier 2014

Après que les arbres auront pleuré,
le ciel sourira

Pourtant je sais comment ça fonctionne, mais je me fais prendre chaque fois. Ça commence par un problème. Un problème, évidemment, que je n’ai pas le goût d’avoir, sinon, ça ne serait pas un problème. Un problème pour lequel il faut tout arrêter, cesser de faire ce qu’on était en train de faire et freiner notre élan. 

Ensuite, on prend son courage, on s’y attaque, on y fait face, on gueule un peu, le ton monte en même temps que l’adrénaline. Pour le régler, il faut du temps, de la patience. On s’y attaque, on sent qu’on va en venir à bout. On fait attention de ne pas se faire mal, de ne pas attraper de rhume. On mange à peine, on dort mal, on se lève la nuit, on surveille, on écoute. 

Le lendemain, dans la grisaille du temps, malgré les chemins glacés, on continue, on sort chercher ce qu’il faut, on communique avec des gens expérimentés, on demande des conseils, on se remet à la tâche. On fait ce qu’on peut, ce qu’on est capable de faire avec nos forces physiques et nos petits talents. 

Quand enfin le problème est réglé, temporairement, il reste à espérer que le printemps ne tarde pas trop pour y trouver une solution permanente, on pense qu’on va tout simplement continuer là où nous étions avant le problème. 

Mais non, c’est le blocage. C’est le fond du baril. Toutes nos forces physiques et encore plus les morales nous ont quittés. C’est la confusion, on ne sait plus où on était rendu et même si on trouve, l’élan n’y est plus. Tout ce qui était beau devient banal. Tout ce qu’on réussit à commencer est à refaire ou est de travers. Rien ne nous réussit. 

Il faut seulement se reposer. Attendre. Quand nos pieds sentiront le fond du baril, nous pourrons pousser et remonter. Lentement ou rapidement, c’est selon la gravité du problème réglé, je suppose. Il faut aussi en parler, l’écrire pour passer à l’autre étape, celle de l’oubli et de la remontée. 

Après que les arbres auront pleuré, le ciel sourira. Une fois encore.

(photos de l'auteure)

mercredi 18 décembre 2013

Tout simplement la vie


Dans une semaine Noël
Dans deux, le jour de l’An
L’an dernier aussi
L’an prochain, encore, j’espère

Quoi de neuf depuis l’an dernier? Une création artistique? Une réalisation remarquable? Un nouveau-né dans la famille? Un être cher disparu? Temps de réjouissance ou de tristesse ou les deux? 

Tant de temps et si peu à la fois. Du chaud et du froid, du soleil et de la pluie, des tempêtes et des accalmies, des rires et des larmes, des maux et du bien-être, des amours et des déceptions, du bruit de foule et du silence de nature. La vie. 

Pour les fêtes qui viennent, je vous souhaite donc cette vie à la mesure de vos attentes.

(photo en face de chez moi)

mardi 19 novembre 2013

Chantez-moi une belle chanson!

La peur coule. Éponge je deviens. Je pose des pierres, j’édifie un mur. Je me parle. Je donne des ordres à ma volonté. Après que la curiosité m’ait poussée à lire sur le sujet, le regret me bouche les yeux, les oreilles. Je cours vers d’autres lieux. Je fuis. Je regarde ailleurs chez les enfants, du côté de la vie et des rires, du côté du soleil et du sud.

Bientôt cinq ans que je blogue. Courts textes, sur tout et sur rien. Je m’amuse dans mes talles favorites. Chaque fois que l’émotion me dicte des mots pour l’exprimer, je commence un billet, ne le termine pas toujours. 

Je ne suis pas femme d’idées ni d’opinions, je suis femme d’émotions, je l’ai compris il y a peu de temps. En ce temps-là, au début du blogue, je me croyais capable, à défaut d’écrire des éditoriaux ou des billets sérieux avec recherches et arguments fouillés, de rédiger des articles comme celui-là >>> , j’y ai renoncé rapidement. Mais si les opinions ça développe l’intelligence, les émotions, ça gruge le cœur.

Aujourd’hui, j’ai ajouté quelques paragraphes à la fin de mon roman, quand mon personnage principal est à la veille de mourir. Je ressens ce qu’il vit. La mort continue de rôder. Parlez-moi de bébés, de vie, de santé, de choses qui vont bien, qui finissent bien. Dites-moi que je suis l’auteure et non le personnage, que c’est moi qui décide de regarder du côté de la vie. Que la sciatique que j'ai n'est qu'un nerf coincé et non le début de ma fin.

Que ce blogue qui aura bientôt cinq ans, ce n’est rien, c’est tout jeune, qui vivra encore longtemps, comme son auteure. 

Chantez-moi une belle chanson!

(photographie de mon grand-père à la fin de sa vie, avec sa petite-fille, ma cousine, dans ses bras. Il m'a servi de modèle pour mon personnage)

samedi 5 janvier 2013

Incursion dans ma vie privée

Nouvelle année, nouveau fichier : janvier 2013. 

Le blogueur, tout comme le chroniqueur ou le journaliste cherche souvent, pour ne pas dire toujours, un sujet intéressant. Et si le sujet s’impose de lui-même, il cherche le souffle, question de tenir quelques années, d’intéresser son monde. 

Je n’en suis plus là. J’ai renoncé depuis longtemps à ce que ce blogue devienne source de revenus, ou qu'il soit une partie de mon travail professionnel, soit la continuité des reportages écrits pour des journaux. Juste écrire encore. Si au début, je croyais que la lecture et l’écriture suffiraient comme sujets, aujourd’hui, je sais bien que je divague, que je virevolte, que je bifurque. Je sais également que même si au début, il n’était pas question que mon blogue devienne journal de mes états d’âme, que ma vie privée serve de billets, je n’en suis plus là non plus. Plus d’orgueil, juste le plaisir d’écrire. 

Je ne pense pas rejoindre jamais Francine Ruel et sa maison dans les cantons de l'Est et encore moins Peter Mayle, en Provence et, s’il m’arrive très souvent de transposer dans un roman ce qui m’arrive dans ma vie, cette fois, j’ai bien envie d’en parler sur ce blogue. 

Enfin nous y voilà. Que de détours, pour vous dire que je vais vous parler de ma maison à vendre. Et la folie qui nous prend d’en acheter une autre. Ailleurs. Pas loin. Aventure, droite devant ! 

En parler mais pas comme un agent d’immeuble, pas de façon humoristique, là aussi j’ai renoncé depuis belle lurette à être drôle. Je suis sérieuse, je suis peut-être même ennuyeuse, mais je n’en ai cure. J’ai envie de vous conter des bouts de ma vie et c’est ce que je vais faire. 

Donc, ma maison à vendre

J’aurais bien envie d’écrire que je vis avec une folle, mais si ça fait un choc, ce n’est pas tout à fait la vérité. Une maniaco-dépressive pas diagnostiquée, peut-être ! Chose certaine c’est une Vierge ascendant Sagittaire et c’est déjà bien assez. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, dites-vous que ça ne va pas très bien ensemble : l’une est économe, l’autre dépensière, l’une est casanière, l’autre voyageuse, l’une est terre, l’autre est feu. Le genre qui a l’air d’être décidé, qui a l’air sûre d’elle, mais qui, deux semaines plus tard, doute, se questionne et change d’idée… Et qui, deux ans plus tard, récidive. 

Ça fait 40 ans qu’on vit au même endroit, habite et remplit les mêmes garde-robes. Alors déménager après 40 ans, c’est une grosse décision, plusieurs petits deuils, plusieurs hésitations. Le doute constant. Peut-être finalement n’est-ce que la crise de la soixante-cinquantaine ? L’urgence de vivre. Le besoin de se sentir en vie. Le besoin de grouiller. Le besoin de réaliser ses rêves. Une vierge ascendant sagittaire, ç’a besoin de parler, de donner son opinion, de se mêler aux autres, de se sentir utile et importante. 

Et d’emmener tout son monde dans ce tourbillon étourdissant. 

J’en suis là. Est-ce que ça tiendra, je n’en ai aucune idée. Qui m’aime me suive !
Et vous, quelle partie de votre vie privée dans votre blogue?

(photo d'une partie de mon domaine)

dimanche 9 décembre 2012

Décembre 2012


      

Décembre, mois de froid, mois de gel, mois de Noël
La nature et la maison se décorent
La magie de l'eau gelée, la magie des couleurs
Le froid de dehors, le chaud de dedans
Bien partout, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur
Encore la vie
Encore la joie, la joie de voir, la joie de goûter, de sentir
Bouffée d'amour
Heureuse

(les trois photos sont de l'auteure)

mardi 9 octobre 2012

De l'apport à la société


Grosse question en ce petit matin frisquet d’octobre : quel est mon apport à la société? Pas dans toute ma vie, parce qu’à la limite, je pourrais trouver, mais là, maintenant, et dans les années à venir? J’en suis là. Je ne croyais jamais avoir à chercher ce genre de réponse. Me poser la question, oui, je crois bien être la plus grande poseuse de questions à vie. Déjà en FM1 (Formation des maîtres, première année), dans le cours de philosophie, mais bon, c’est une autre histoire. 

Le matin, je me promène ici et là dans les blogues, sur Facebook et longuement sur un forum de camping. Ce matin, ma question dans ce forum était qui est à la retraite, qui est libre de partir dans le sud six mois? En tant que travailleur autonome, j’ai le privilège de ne jamais me sentir à la retraite, de n’avoir pas à calculer quand je vais prendre ma retraite, mais n’empêche que je me sens un peu comme eux. De plus en plus comme eux : libre de mes journées, libre de partir ou non, libre de travailler ou non. Je reçois ma RRQ et dans quelques années qui se comptent sur les doigts d’une seule main, ma pension. Alors veut veut pas, je ne me sens plus comme à 30-40 ans quand ma question était la même : qu’est-ce que j’apporte à la société? mais dans ces années-là, la réponse tendait vers le quand est-ce que je vais pouvoir écrire mes mots à moi plutôt que de m’occuper des mots des autres? 

En regardant ce que je lis, en notant ce qui m’intéresse, en observant les travaux que je réalise encore en graphisme ou les textes que je publie sur mon blogue, force m’est d’admettre que je ne m’en vais pas dans la direction de laisser une trace bien importante dans le monde de la blogosphère, du langage du web ou du monde de l’édition. Et si même petite trace il y a, elle s’estompe et sera bientôt effacée par le raz-de-marée des jeunes qui envahissent la plage de l’Internet ou des livres. 

L’important, ce n’est pas tant de calculer mon apport à la société, mais de savoir comment je me sens, à cette étape-ci de ma vie... professionnelle du moins. C’est la transition que je trouve questionnable, ce temps où je suis assise entre deux chaises, entre le temps où je voulais être importante, où je me pensais indispensable à un travail et ce temps où je peux jouir de tout mon temps libre sans me sentir inutile. J’en suis là, entre ces deux étapes. À me demander à quel pourcentage j’ai raté ou réussi ma vie, professionnelle toujours, et à ne pas vouloir déjà faire le bilan, ce qui signifierait que je suis de l’autre bord de la clôture : allez tasse-toi, tu n’as plus d’affaire ici. À me demander où s’en va mon blogue, parce que je crois bien que je continuerai toujours d’écrire, mais peut-être devrais-je me contenter de parler de camping, de voyage, de photos et peut-être que mon lectorat sera plutôt… des retraités? Être heureuse d’apporter ma petite contribution dans ce domaine. Et même pas, juste écrire pour le plaisir, parce que j’aime ça. 

Je ne suis plus de la course, admettre que je ne l’ai jamais été et que ce n’est pas grave. Je ne serai jamais une chroniqueuse payée ou même sérieuse, au sens où j’écrirais dans les règles de l’art du monde de l’Internet, comme j’aurais voulu l’être quand j’ai commencé ce blogue, il y a bientôt quatre ans. 

Oublie ça et n’en sois pas triste ni amère. Tu as mieux à vivre. Et ton apport à la société? Vis et aime, c’est déjà un projet bien ambitieux.

Et vous, pensez-vous à votre apport à la société?

Lien: comment écrire pour le web>>>

(photo de l'auteure)

jeudi 5 juillet 2012

Faire ou être


Je ne fous rien.
Je regarde la grive faire sa demoiselle snob, le nez en l’air, les épaules par en arrière, cherchant le vers. Je guette le geai bleu qui va venir faire le faraud et revendiquer son territoire.
En quoi est-ce utile? En quoi est-ce productif? Je suis adulte depuis très longtemps (enfin je pense), mais je suis encore les principes de mes parents : il faut faire quelque chose de notre vie. Je voudrais avoir au moins l’humour d’une Sylvie qui transpose ce non-faire en fable se disant fourmi qui se repose pendant l’été. Personnellement, je suis plus intellectuelle et je raisonne avec des mots très sérieux, je me prends pour Sartre à chercher la phrase qui dirait tout mon beau parcours entre l’avoir, le faire, le paraître et l’être. Ne pourrais-je pas me contenter d’être? Seulement être, ça ne fait pas des billets de blogue très longs!

Alors j’essaie de retrouver ce que j’ai fait d’utile ces derniers temps. Pas nécessairement rémunérateur, mais qui entre dans la catégorie réalisations. Et si possible catégorie sociale, montrable, parce que faire la vaisselle, repeindre un vieux banc, tondre le gazon et vider les gouttières, c’est le quotidien, c’est le personnel, le domestique, ça n’intéresse personne et  ça n’entre pas ni dans un site Internet ni dans un curriculum vitae. Pourtant ç’a pris du temps et bien de mes énergies.

J’ai monté un livre de 628 pages, pas si mal comme réalisation. Rien que le lire, le passer sous la loupe d’Antidote et de mes connaissances acquises au fil de mes années de travail, le monter, imaginer la couverture, tout préparer pour l’imprimeur, travailler avec l’auteure, la conseiller, respecter ses choix qui n'auraient pas été les miens, attendre les épreuves et les approuver. Oui, c’est bien. Je suis fière de ce que j'ai "fait". L’auteure qui m’a confié cette tâche l'est aussi. Elle lancera son livre début septembre. Je lui ai même monté quelques pages web pour l’aider dans sa promotion. C’est par là >>>

Parce que c’est professionnel, parce que c’est en tant que graphiste, parce que ce n’est pas mon roman, parce que ce n’est pas tout à fait moi, parce que sur ce blogue, il ne faudrait ne parler que de mes lectures et de mon écriture? Parce que ça ne m’intéresse plus de parler de mes réalisations? Parce que j’ai passé ma phase de paraître, d’avoir besoin de parler de ce que je fais? Parce que j’ai l’âge de ceux et celles qui sont à la retraite et qui sont considérés comme ne « faisant » plus rien? Parce que je ne veux pas me sentir comme eux et elles : que vivre pour soi. Être. Sans plus sentir ce besoin de justifier ce non-faire?

Peut-être, je verrai avec le temps.

(illustration de l'auteure de ce blogue)

mardi 27 décembre 2011

Passages obligés


Ne trouvant pas dans mes souvenirs ce à quoi je croyais quand j’étais enfant, comme Pierre H. Charron, j’ai plutôt relevé quelques étapes importantes dans ma vie. 
J’ai déjà lu dans Passages de Gail Sheehy (non, non, ne vous fiez pas au lien, j'ai bel et bien lu ce livre en français!) que nous vivons des «passages» à chaque dizaine environ. J’ai remarqué que les étapes importantes dans ma vie personnelle se passaient autour du chiffre 9. 
À 9 ans, ville nouvelle, école nouvelle, nouvelles amies (il faut dire que je changeais d’école chaque année, rien de bien différent, mais ce passage plus marquant parce que plus houleux). 
À 19 ans, je peinais amoureusement (on ne me fera jamais changer d’idée : la jeunesse n’est pas la plus belle période de la vie. Pas chez moi en tout cas). 
À 29 ans, je renonçais à gagner ma vie comme auteure et je me cherchais un emploi (à chaque renoncement suit un commencement, mais parfois la peine est plus profonde que la joie est réjouissante). 
À 39 ans, ah! un voyage en Europe, beau fixe. 
À 49 ans, j’en arrachais physiquement, je laissais mon emploi et je devenais travailleur autonome, à la maison. 
Je surveillais donc mes 59 ans. Rien à signaler. Eh non, belle année! Pas de passages difficiles. À 60 non plus. Fausse alerte ai-je cru, je vivrais une soixantaine tranquille. Mon horloge biologique n’a eu qu’un petit retard et un petit revirement : à 61 ans, la joie d’abord, les déceptions ensuite. Le doute qui gruge, les petites peurs qui grossissent, la réalité qui chasse (ou éloigne ou retarde) les rêves. Un seul espoir : avec les années, j’ai appris que justement ce n’est qu’un passage, un chemin, une tempête et qu’après les bourgeons reviennent, les feuilles verdiront, même si ce n'est pas le même vert. Et même pendant, à moi de voir les sourires, de profiter des journées ensoleillées, de lire un bon livre. Je suis mieux armée qu’à 9, 19, 29… je n'ai plus besoin d'avoir hâte que ça passe, je vis tout pleinement.
En avril, j’aurai 62 ans.
(photo de l'auteure de ce blogue, à 9 ans)