mardi 30 novembre 2010

Il ne faut pas

Je corrige mon manuscrit, je soupèse les suggestions du directeur littéraire, je cherche un juron en gaélique, j'ai écrit à l'Université de Concordia.
Et pendant mon déjeuner, j'ai repris la lecture de Katherine Pancol délaissée en septembre pour urgence de lecture de livres venant de la bibliothèque. Après trois lignes de la page 743 des Écureuils de Central Park sont tristes le lundi, j'étais déjà sous le charme. J'avais oublié combien j'aimais ce style, cette abondance de détails qui coulent, qui glissent, qui montent. Je sais, il ne faut pas vouloir écrire comme... De toute façon, même si je voulais, je ne pourrais probablement pas, il me faudrait des années pour y parvenir. Quand même.

Je retourne donc à mon style, mes corrections et peut-être s'y glisseront quelques ajouts à la Pancol.
Non il ne faut pas.

dimanche 28 novembre 2010

Non, je ne serai pas déçue

Plusieurs commentaires sur mon blogue et dans Facebook au sujet de la publication de mon roman chez l'éditeur régional Vents d’Ouest. Dont un qui parlait de sa déception en disant « Les auteurs qui voient leur manuscrit accepté enfin ont le droit d'y croire. »

Oui, je sais. Pour avoir publié la biographie de mon père chez un éditeur régional qui a fermé ses portes l’an dernier, pour avoir fondé avec ma famille et travaillé aux Éditions de la Petite-Nation qui furent agréées pendant quelques années et ne se consacrèrent plus qu’aux « compte d’auteur » par la suite, oui, je connais les limites des maisons d’édition régionales.

Les déceptions qu’un auteur peut avoir en face d’un éditeur sont proportionnelles aux attentes qu’il a.

Oui, je sais que je devrai participer à la promotion de mon livre, je sais que les budgets d’une maison régionale ne sont pas ceux d’une grosse boîte. Oui, je me doute que je n’irai pas à Tout le monde en parle ni non plus chez Le Bigot, mais peut-être en parlera-t-on à Divines Tentations et dans Le Droit (quoique depuis que ce journal appartient à Gesca… mais n’anticipons pas, gardons-nous un peu d’illusions encore un temps)

Oui, j’aurais voulu plus, mais dès que j’ai vu le petit bureau à Gatineau, j’ai rajusté mon tir. Après dix refus, après avoir répondu du mieux que je pouvais aux demandes de corrections d’un éditeur montréalais, sans qu’il m’offre de contrat, j’en étais à l’étape : c’est Vents d’Ouest qui a dit oui ou j’arrête tout ça là.

Non, je ne serai pas déçue parce que je sais à quoi m’attendre, ni la mer à boire, peut-être même plus de dépenses que de revenus, mais une présence pendant un temps dans les librairies, des poignées de main et quelques signatures, des sourires de mes consoeurs et confrères rencontré(s) lors d’atelier d’écriture et de Salons du livre de l’Outaouais. Une boîte à caresses qui a déjà commencé à se remplir. Une estime de soi et une fierté d’avoir persévéré et de pouvoir redire que je suis une auteure puisque je publie à nouveau. Bref sortir de cet isolement, de ce secret que l’on tait tant qu’on n’est pas certaine qu’il devienne réalité. Un secret qui finit par peser lourd.

Le plus difficile, ce n’est pas d’accepter une maison d’édition régionale, c’est de constater, une fois encore, que je ne serai pas vedette ni la découverte de l’année (n’a-t-on pas tous enfoui dans nos rêves d’enfant romantique cette idée de vouloir être découverte, désirée), que mon talent est limité, que je ne suis pas première de classe, que je ne monterai sur aucun podium. C’est comme l’étudiant moyen qui doit choisir l’Université du Québec parce qu’il n’a pas les notes pour aller à McGill ou à l’Université de Montréal. Mais je refuse de me diminuer, je n’ai pas zéro, j’ai même un peu plus que la note de passage. Je suis de ces élèves qui doivent travailler pour réussir, mais je réussis.

Ma vie professionnelle n’est peut-être pas le fleuve Saint-Laurent, ni peut-être même la rivière des Outaouais, mais les ruisseaux aussi rafraîchissent et luisent au soleil. Alors non, je ne serai pas déçue.

samedi 27 novembre 2010

Ce sera Vents d'Ouest


Quand j’ai lu cette phrase dans un premier courriel : « […] ton roman recèle suffisamment de qualités pour que nous poursuivions le travail à cet effet. », j’étais contente bien sûr, ce n’était que le deuxième éditeur sur onze qui semblait intéressé à mon roman, mais, après les efforts déployés et la présentation de trois versions améliorées avec le premier éditeur pour n’aboutir à rien, je me méfiais. J’ai appelé, j’ai senti l’ouverture, j’ai même osé proposer que Louise Falstrault fasse l’illustration de la couverture, ce qu’il a accepté facilement.

J’ai réfléchi, j’avais déjà publié chez un éditeur « régional » pour un maigre 400$ et un pilonnage après trois ans. J’aurais voulu Montréal, plus d’exemplaires, une possibilité de traduction. Je rêvais comme un jeune qui se croit plein de talents et veut s'inscrire dans les meilleures universités mais qui est confronté à la dure réalité de ses limites.
J’ai fait une liste des pour et des contre.

Les pour :
Mon livre sera publié, je pourrais passer à autre chose.

Il sera publié chez un éditeur de ma région, Vents d’Ouest, où je connais une bonne partie des intervenants : le directeur littéraire Jacques Michaud dont j’ai tellement aimé le Marie-Clarisse, le graphiste, Claude Bolduc, dont j’entends souvent parler, dont je lis les commentaires sur les blogues mais à qui finalement je n’ai jamais parlé. Meilleures relations, plus rapide pour moi d’aller à Gatineau que de me rendre à Montréal.

Le lancement aura lieu dans ma région, il devrait y avoir plus de monde, d’autant que je suis membre de l’Association des auteurs et des auteures de l’Outaouais.

La promotion se fera surtout dans ma région où je suis quand même plus connue (si peu) que dans le grand Montréal.

Louise Falstrault pourra faire l’illustration de la couverture parce que l’éditeur aime bien encourager des artistes de la région, ce qui ne serait sûrement pas le cas chez un autre éditeur.

Les contre :
Adieu mon rêve d’être publiée dans une « grosse » maison d’édition montréalaise qui, selon moi, aurait vendu plus de livres parce que meilleure promotion, plus grande visibilité.

Je n’ai pas grand chance que mon livre soit vu au Salon du livre de Montréal, Vents d’Ouest n’y a pas de kiosque, alors que mon roman porte sur des personnages qui ont vécu à Saint-Henri.

Pas grand chance que mon livre soit traduit alors que les anglophones aimeraient sûrement cette histoire d’ancêtres irlandais.

Les pour l’ont emporté, surtout parce que je n’avais pas envie de recommencer à attendre, recommencer à envoyer mon manuscrit.

Et enfin…

Enfin, mon manuscrit sera publié. Il ne ressemble plus en rien à ce qu’il était au début, mais il deviendra un livre.
Enfin parce que la première fois que je l’ai envoyé à des éditeurs, c’était en octobre 2006 après deux ans de recherches et d’écriture, donc six ans sur la même histoire, sept quand elle sera publiée, ça suffit.
Enfin, je vais penser à autre chose, quoique encore un peu de révision, encore un peu d’attente, la parution, le lancement, la promotion…
Enfin, parce que je n’y croyais plus surtout après qu’un premier éditeur qui lui aussi avait eu l’air intéressé au point où il avait corrigé, il avait donné mon manuscrit à sa directrice littéraire. Trois versions rien qu’avec ces deux personnes-là.
Enfin, parce que j’ai suivi deux ans d’atelier littéraire et une session intensive d’une semaine toujours avec les mêmes textes, la même histoire et je ne voyais plus comment je pouvais l’améliorer. Seulement la poursuivre puisque j'ai du matériel pour des tomes subséquents.
Enfin, je peux me réjouir quoique ce n’est pas l’enthousiasme, la grande joie, le frisson, les hauts cris, le débordement des Ah! et des Yé! ou des Youppie! Je suis pourtant signe de feu et fille impulsive. Je ne veux pas trop savoir pourquoi je ne saute pas au plafond. Je ne veux pas avoir hâte. Seulement vivre chaque étape dans le plaisir. Ce matin, écrire ce billet, demain commencer la révision (mineure en comparaison à ce que j’ai déjà fait), ensuite, on verra.

Il est certain que je flotte quand même un peu beaucoup, je ne vois pas les malheurs des autres, je me fous du verglas, je ne sais pas s’il fait moins trois ou plus quinze, si le gouvernement est encore dans la m… et je ne m’intéresse plus qu’à une seule maison d’édition : Vents d’Ouest!

Mise à jour: Ouest avec une capitale dans Vents d'Ouest
(logo empruntée à l'association des éditeurs de livres
www.anel.qc.ca)

vendredi 26 novembre 2010

Le marathon Internet

Si Internet est un marathon, certains matins je me considère dans la course, d’autres pas du tout. Je n’ai jamais été en tête et ce n’est pas mon but, mais il y a des jours, je vois bien que je traîne à l’arrière et je me demande même si j’ai envie de rattraper le peloton.

Dans ma région, je passe souvent pour la plus techno de mon entourage parce que j’ai un blogue, parce que j’ai fait quelques sites, avec Frontpage au début et avec le logiciel Web Creator 5 depuis deux ans, parce que je suis sur Facebook. Pourtant à lire le billet d'Etolane, je suis très très loin, pour ne pas dire pas du tout dans le monde du Web 2,0 : je ne twitte pas, je connais à peine les autres médias cités dans son billet. Pour moi les médias sociaux, les sites, les logiciels, ça va tout ensemble, c’est la même chose, ce sont un seul et même outil pour communiquer, faire de la promotion d’un ou plusieurs produits, te faire connaître.

La grande question, toujours la même : qu’est-ce que je veux, moi? Quel est mon besoin? Où est-ce que je veux en venir? Autant dans le marathon de l’écriture, dans le marathon des livres, dans le marathon de la vie professionnelle. Veux-je être en tête? Veux-je simplement finir la course? En quoi le fait d’être de ce marathon du web où amateurs et professionnels vivent côte à côte donne-t-il plus de crédibilité, plus de visibilité aux coureurs? Être blogueur et « twitter » sont devenus une carte de visite. Sur la quatrième couverture d'un livre parfois on écrit : « l'auteur tient un blogue » comme si ça lui donnait de la notoriété, comme si ça ajoutait un plus à son parcours. Un blogue à 42 membres dont une dizaine commente régulièrement ce n’est tout de même pas un blogue de journaliste qui obtient une cinquantaine de commentaires chaque fois qu’il écrit un mot.

Focus, focus (anglicisme, je sais, mais on se comprend). Je serai tortue, sans dossard, je marcherai jusqu’à ma mort, je dévierai de ma course encore très souvent, mais j’avance. Où je vais? Ça! À l'instar de Marie Laberge qui, à Bazzo.tv, parlait de tout ce qu'elle aura écrit (et publié, elle), pourrais-je dire que je n’ai pas perdu mon temps? Probablement pas, mais j’aurai fait ce qui me tentait, ce que j’aimais. Et c’est l’important.

Note: pour les détails sur la bonne nouvelle, j'ai le temps, j'ai dix mois!

jeudi 25 novembre 2010

Les Têtes rousses: c'est oui

Trop énervée pour écrire un billet, même si j'aurais eu le temps de le composer dans ma tête à mon retour en auto, j'ai pensé écrire court et donc, j'ai tout juste écrit dans Facebook, une plateforme pour moi pour les petites vites:

‎17h27: ça y est. Alleluia. oui, oui, oui. Mon roman sur mes ancêtres Irlandais va être publié.

Inévitablement, les commentaires ont suivi. Pourtant c'est ici dans mon blogue que j'aurais voulu que la nouvelle sorte en premier. 

Demain, plus de détails promis. Un vrai billet. Pas pour obtenir des bravos supplémentaires, juste pour ma satisfaction personnelle. Le Facebook étant pour moi comme un appel au téléphone alors que je préfère la lettre plus travaillée.


mardi 23 novembre 2010

Noël au pays où il ne neige pas


Si vous êtes à Brunswick, en Georgie, aux États-Unis, assise à une table de restaurant, que tout le monde est en maillot, blouse à manches courtes, en shorts bien souvent, que dehors fleurissent encore quelques églantiers, à côté des palmiers, vous avez beau regarder la date sur le calendrier de votre ordinateur le matin : 18 novembre, c’est impensable, impossible, inopportun, incongru, irréaliste, complètement loufoque d’entendre Jingle Bells et encore moins White Christmas.

Vous prêtez attention au décor et en effet, quelques lumières rouges et blanches, un arbre artificiel illuminé dans un coin, une couronne verte, un gros ruban de velours rouge. Vous réalisez que oui, Noël s’en vient, que, les préparatifs sont commencés. À votre retour, vous devrez sortir votre tuque, os bottes, la pelle peut-être, sûrement, mais pour l’instant, les orteils à l’air dans vos sandales, non, vous n’y croyez pas, c’est impossible, ça ne vous rentre pas dans la tête que Noël puisse exister dans un pays où il ne neige pas.

Note : c’était le dernier billet écrit dans le sud, je reviens à mon quotidien de fille du nord, d’auteure qui doit rencontrer son futur éditeur pour une révision de son manuscrit pour lequel il a écrit : « J'ose espérer que cette œuvre pourra apporter de belles heures de détente et d'évasion à de nombreux-nombreux lecteurs. » Phrase écrite six ans jour pour jour après que j'ai écrit le premier mot de mon roman, phrase prise pour une entente verbale, mais j'ai hâte de signer le contrat qui va enfin me rassurer.

(photo de mes pieds dans le sable chaud)

lundi 22 novembre 2010

Les vacances ne sont plus ce qu'elles étaient

Depuis quelques années, depuis en fait que je n’ai plus de patron, que je n’ai plus de comptes à rendre à quiconque – ni de paye aux quinze jours à recevoir par contre – , le mot « vacances » n’a plus le même sens pour moi. Le mot « voyage » non plus. Suis-je partie 18 jours en vacances, en voyage? Les deux et ni l’un ni l’autre finalement.

À regarder mon parcours, je crois bien que les deux mots ont toujours été jumeaux dans mon cas. Les deux ont toujours signifié et signifient encore partir, m’éloigner, décrocher, oublier le travail autant que la maison ou les gens qui m’entourent, allonger la saison d'été. Ce fut pendant longtemps fermer la télévision et fermer l’ordinateur aussi quand j’ai commencé à en avoir un pour mon travail. C’était forcément laisser la maison, le ménage, les travaux domestiques, la tonte du gazon ou le ramassage des aiguilles de pin. Yé!

J’envoyais une ou deux cartes postales, je n’achetais pas de journaux. Si la terre continuait de tourner, mes proches pouvaient mourir que je ne l’aurais pas su, non joignable que j’étais.

Et vint le cellulaire, et vinrent les ordinateurs portables et vinrent les minis téléviseurs, couleurs s’il vous plaît. J’eus le malheur de les croire indispensables, ils ont remplacé les jeux de cartes et parfois même le feu de camp.

Maintenant, je ne cherche pas à savoir s’il y a une piscine, une piste cyclable, un « pit-à-feu » dans les campings fréquentés. Je demande s’ils ont le câble, l’accès Internet et le 30 ampères et même le 50 ampères pour brancher ordinateur-cellulaire-téléviseur-micro-ondes-cafetière-chargeur-de-piles et climatiseur.

Je garde le contact certes, je me fais croire que c’est important et même intéressant. Je regarde les courriels dès que possible pis, je leur réponds. Il m’arrive d’envoyer un travail à un imprimeur, de régler un problème avec un client. Je jette un coup d’œil aux blogues et aux forums que je suis habituellement. Bref, c’est à peine si je me sens ailleurs, à peine si je me sens en vacances.

Et quand bien même mon cœur serait comblé de joie à la lecture d’un compte-rendu – favorable – de mon futur éditeur, ce qui fut le cas un matin, tellement plus heureuse je suis en levant les yeux, en apercevant le pélican brun voler au-dessus de la mer et en décidant d’aller le voir de plus près, sur la plage, pieds nus, cheveux au vent, jumelles en bandoulière, la peau chauffée par le soleil.

Et heureuse qu'à Jekyll Island, ces oiseaux du sud et le feu de camp et la longue randonnée en vélo m’aient fait oublier de publier ce billet écrit dehors, un 16 novembre, à 70 Farenheit.

(photo d'un pélican à Jekyll Island, Georgie, Claude Lamarche)

dimanche 21 novembre 2010

L'amant tant attendu

Il est tellement infidèle que je refuse de tant l’aimer. De m’y attacher au point d’en devenir dépendante. Il n’est ni mon maître ni mon dieu, seulement mon amant attendu. C’est déjà beaucoup lui accorder d’importance.

Je refuse d’être triste quand il s’absente, pourtant je le suis souvent, de n’être sourire qu’en sa présence. Je me fais même croire que j’y suis indifférente, que je ne l’aime pas. Pourtant, quand il arrive au petit matin, après quelques jours d’absence, je l’accueille avec plaisir, je me blottis contre lui, je lui présente tout mon corps.

Il m’enveloppe, il me séduit, je me laisse aller. J’accumule des réserves pour les jours où il repartira. Parce qu’il repart. Trop souvent. Je voudrais ne pas lui en vouloir, mais je lui en veux. Je voudrais ne pas tant l’attendre. Certains jours, même présent, il est distant, il me regarde à peine. Je m’en veux de succomber au moindre de ses retours. J’essaie d’être froide et calculatrice, de compter ce qu’il me doit, de lui reprocher ses déficits.

Parfois, n’en pouvant plus de l’attendre, je vais le rejoindre, là où il est, comme on rejoint un homme marié, je m’abaisse à toutes les demandes : de revenir, de rester plus longtemps.

Parfois, au bord d’une plage, il réussit encore à m’émouvoir, à me faire pleurer tellement je l’aime.

Et quand il repart vers d’autres cieux, je me promets de ne plus tant l’aimer.

Le soleil, mon amant attendu.

(source photo: Claude Lamarche)

vendredi 12 novembre 2010

Et puis après?


Tu sais que tu veux, c’est un début. Tu sais de quoi tu veux parler. Tu ne connais pas tous les détails, mais tu as tes personnages, l’époque, le lieu. Tu sais que c’est la suite de la précédente histoire qui va se publier bientôt, tu ne sais pas si l’éditeur voudra une suite, mais toi, tu sens que ça va de soi.

Tu as cherché longtemps l’angle, le point de vue, le narrateur. Tu as résisté parce que tu aurais voulu que ce soit une femme l’héroïne, mais voilà, c’est un homme qui s’est imposé. Relation père – fils. Difficulté d’être père. Un roman psychologique, un portrait, une vie, ce que tu aimes raconter. Faudra jouer serré, mais tu t’en sens capable. Tu jongles avec les étapes, tu réfléchis souvent, surtout pendant certaines nuits d’insomnie, à la montée dramatique, au point climax, au paroxysme, à la confrontation finale.

Tu décides d’écrire le résumé et voilà qu’en une page, tu as tout raconté.

Et soudain, déjà, le doute, la question : et puis après?

J’en suis là.

mardi 9 novembre 2010

Du pays où il ne neige pas

Je suis du temps d’être qui je suis
Je suis du pays d’ici
Je n’ai plus à chercher qui je veux devenir
Rien ne me sert de regretter
D’envier
Ou de crier
Je ne suis pas encore au pays des disparues
Ni au temps des arrêts
Mais je ne suis plus au temps de courir pour écrire ou être lue
J’écoute la mer
Je frissonne dans le vent du pays où il ne neige pas
Je marche sans raison
Avec pour seule vue, les vagues et l’horizon
J’avance dans le pays d’ici
Je suis dans le temps de qui je suis

vendredi 29 octobre 2010

De la persévérance et de la patience d’un artiste peintre

Le monde de la vente est un monde aléatoire. Où il faut des nerfs d’acier. Oublier ça le salaire qui entre tous les jeudis. Peindre un tableau c’est une chose, le vendre, c’est un autre monde. L’artiste-de-nos-pinceaux sera à l’exposition Coloris sur la Baie les 30 et 31 octobre. Elle vendra probablement quelques tableaux. Elle aura au moins de la visibilité et, avec un peu de chances, des retombées… qui tomberont elle ne sait quand.

En septembre dernier, pendant la tournée des Créateurs de la Petite-Nation, premier matin, premier client, une commande. Louise connaît le client, l’aime bien, discute avec lui, prend des notes. Le client propose un format, Louise suggère un encadrement. Le monsieur dit qu’il enverra une photo de la pièce pour donner une idée à l’artiste qui, elle, spécifie qu’elle achètera la toile, d’un format inhabituel pour elle, la semaine suivante.

Dernier jour, un petit couple arrive, regarde, hésite, choisit deux tableaux, hésite encore et s’en retourne chez lui en discuter.

Ces deux clients ne donnent plus signe de vie pendant des semaines. Louise Falstrault n’est pas du genre à faire de la vente sous pression, elle attend, elle envoie un courriel au premier client pour lui dire qu’elle a acheté la toile et le cadre.

Silence. Attente, puis oubli.

Pour le symposium Gatineau en couleurs qui s’est tenu les 15-16-17 octobre, envoi d’invitations pour le vernissage. La veille du vernissage, le petit couple-du-dernier-jour-de-la-tournée lui écrit un courriel : «pourriez-vous apporter les deux tableaux à Gatineau?» ce qui fut fait. Une dame se présente au kiosque de l’artiste, regarde, jase, compare, élimine les deux tableaux et en choisit un troisième, décide de l’acheter, et propose de payer en versements différés. C’est devenu pratique courante en galerie, alors les artistes offrent aussi la possibilité. La cliente aura donc son tableau en 2011 et l’artiste aura les paiements, mois par mois jusqu’au paiement final.

Quant au premier client, Louise avait lâché prise. Certains matins, elle se demandait bien ce qu’elle pourrait peindre sur cette grande toile au format spécial. Et puis, eh oui, cette semaine, fin octobre, un courriel accompagné des photos de la pièce : « c’est dans cette pièce que nous accrocherons le tableau ».

Ainsi donc, l’artiste peintre sait quand elle peint, mais ne sait pas quand elle vend. Du début septembre à la fin octobre : deux mois et encore trois mois avant que les tableaux ne soient remis en 2011!

C’est aussi ça la vie d’artiste.

(illustration de l'invitation pour Coloris sur la baie)

jeudi 28 octobre 2010

De la fibre optique coupée…

Internet. Connexion Internet. Haute vitesse. La campagne, la ville. Les villages de la campagne, les rangs de la campagne. On ne le sait pas tant qu’on n’y est pas confronté. Parce que les professeurs ont les mêmes salaires qu’ils habitent à Saint-Glin-Glin ou Montréal, parce que les coiffeuses peuvent couper les cheveux d’aussi belle façon, à la mode du jour que la tête provienne du profond des creux ou de la grande ville, parce que la majorité des gens peuvent voir les émissions de Radio-Canada d’une mer à l’autre, il est difficilement imaginable qu’à quelques kilomètres de distance, un membre d’une famille peut obtenir Internet très haute vitesse, avoir accès au forfait téléphone-Internet-télévision pour moins de 100$ par mois alors que sa sœur, à dix minutes de là est souvent privée de sa connexion Internet qui n’est pas si haute vitesse que le fournisseur le dit et doit payer trois compagnies pour obtenir les services qu’une seule ne fournit pas chez elle?

Ici, dans la Petite-Nation, en Outaouais, Vidéotron, Bell, Télébec, Xplornet (satellite) et Xittel (fibre optique et antenne), Rogers (antenne et clé) offrent leurs services d’Internet haute vitesse. Mais selon que vous demeurez sur telle route passante, dans telle municipalité suffisamment populeuse ou si vous n’êtes que trois dans votre rue, le choix se restreint.

Ainsi donc, personnellement je n’ai le choix qu’entre le satellite, l'antenne-micro-oondes-fibre-optique parce que pas trop loin de la grande tour située au village ou la centrale Rodgers parce qu’une tour située sur une montagne très visible en face de chez moi. J’ai pris le moins cher. Des débuts difficiles, mais depuis six mois je n’avais pas trop à me plaindre, en autant que je ne compare pas trop ma vitesse… dans les 0,85 Mb/s selon le site Speed test. Mais il s’agit d’un accident, ou un oubli ou une distraction dans une école (la fibre optique chez nous a été installée de "connivence" entre la MRC et la commission scolaire, donc souvent dans les écoles) paf! la fibre coupée, plus de connexion. Parfois cinq minutes, parfois deux heures, parfois une fin de semaine (les écoles sont fermées la fin de semaine). Hier et aujourd’hui encore, plus de 28 heures, une éternité! La fibre coupée sur la route 148. Un accident paraît-il. Où était-elle? Enterrée, sur les poteaux d'Hydro? Mystère pour que cette technologie qui va de la fibre optique aux micro-ondes aux antennes, aus routeurs et finalement dans nos ordinateurs.

Service essentiel? Combien de familles éloignées n’ont accès qu’à la basse vitesse et combien de bris, de coupures qui nous font voir à quel point on ne fonctionne plus sans… Au début de la télé, y avait-il tant de coupures? Au début du téléphone, y avait-il tant d’interruptions? Oui, oh! oui, mais sommes-nous au début de la connexion Internet? Faut croire que oui.

Encore heureux, si je peux publier ce billet qui se voulait surtout information comparative, c’est que la connexion est revenue, mais j’ai trouvé ça long et embêtant.

(Illustration empruntée à Google image)

samedi 23 octobre 2010

De la peur d'écrire


Je m’encroûte. Et ne sais plus écrire. Ou plutôt je crois bien que je n’ai plus le goût d’écrire. Quand je lis les autres blogueurs, les chroniques dans les journaux, tellement de mots, d’idées, de sujets, tous plus intéressants les uns que les autres, auxquels je peux rester accrochée pendant des heures! Je me trouve anémique, du genre télégramme, du genre frugal. C’est à la mode pour les journalistes ou animateurs de dire : « X vient de publier son deuxième roman, elle tient le blogue Y ». J’ai bien hâte d’entendre la première partie de la phrase, mais je ne sais pas si je serais bien fière d’entendre la deuxième partie. Je n’aurais pas honte, je n’aurais pas peur que les lecteurs lisent mon roman, mais mon blogue! Je ne veux pas me juger trop sévèrement, je l’aime bien, moi, il est comme un carnet de voyage, là où on note les routes empruntées, les appréciations de campings, à la limite il peut servir à d’autres voyageurs, mais de là à entendre : « elle tient un blogue » sur le même ton qu’on le dirait pour un journaliste chevronné, reconnu (payé)!

En vérité, ce n’est pas tellement que je ne sais plus écrire ou que je ne trouve pas de sujets, mais c’est que je me retiens, je me censure. Je commence quelques fois et je ne trouve pas que ça vaille de continuer, d’autres auront mieux dit, auront dit plus. Je ne cherche pas toujours à faire sérieux ou utile — si un peu — j’admire ceux et celles qui dissertent longuement et joliment sur les couleurs des arbres au lever du soleil ou des mots d’enfants de leur garçonnet de cinq ans ou encore — quoique je lise moins — ceux qui réagissent à un fait divers, qu’il soit d’ordre politique ou judiciaire, mais je n’y réussis pas, je n’ai rien à dire sur ces sujets-là.

Il y a aussi ces silences que je garde pour laisser aux autres la liberté de vivre leurs propres expériences, de former leur propre jugement. À quoi bon exposer mon parcours s’il se termine pour moi par des rancunes, d’amers souvenirs dont le rappel ne servirait à personne?

Les autres silences, plus difficiles à tenir, naissent de la peur. D’être ridiculisée, ça, je m’en fous, mais peur d’être montrée du doigt, avec dans les yeux un regard haineux. D’être dénoncée en chaire (façon de parler parce que je ne vais plus à l’église, mais mon père l’a déjà été et nous l’avons payé cher). De subir des représailles d’ordre matériel (c’est déjà arrivé). D’être obligée de me justifier. De me faire battre à plate couture dans une bataille d’arguments. Je ne tiens pas à m’aventurer dans des sujets de controverse qui attirent commentaires, débat, tensions. Peur aussi de perdre des contacts précieux parce qu’en parlant d’un tel, tel autre qui exerce le même métier pourrait se sentir attaqué et me rayer de sa liste de « bons contacts ».

Ce dont je parlerais si je n’avais pas peur?

De certains journalistes qui ne posent plus de questions et ne vérifient pas telle ou telle assertion, qui écrivent des demi-vérités.

De certaines personnes flagorneuses qui choisissent des mots, des adjectifs, des images ou tout procédé tendant à faire beau, frapper fort, impressionner voire provoquer, attirer le regard sur soi, jouer la carte de la démagogie et, le pire, réussir par ces jeux de coude à accroître leur popularité ou attirer les foules, lecteurs, téléspectateurs se donnant ainsi raison, du genre la fin justifie les moyens.

De certaines personnes en poste d’autorité (douanier, maire, conseiller, directeur, patron) qui vivent comme si nous étions encore en 1950, sous Duplessis : « vient me voir je vais t’arranger ça », « ça reste entre nous, n’est-ce-pas? », « c’est de même que ça marche, que ça fasse ton affaire ou pas », « si tu votes pour moi…»

À force de résister à la provocation, je me demande bien si c’est la peur la raison de mes retenues ou la lâcheté ou la conscience de mes forces.

Mais qu’est-ce que je fais avec mes dents serrées et cette boule dans l’estomac? Ah! oui, c’est vrai, je transpose dans une nouvelle ou un roman.

(photo: pile de journaux)

vendredi 22 octobre 2010

L'élégance du hérisson: de l'amour des longues phrases

Pour en parler, il a fallu que j’attende de l’avoir terminé, comme on attend que le film finisse pour être capable d’ouvrir la bouche et en dire quelque chose de sensé, tellement on est ému, tellement on ne veut pas que ça finisse. Même si je l’ai lu parcimonieusement, par morceaux, entre deux autres activités.
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Aux dernières pages, j’avais les yeux embués et je ne savais pas trop si j’avais le nez bouché et la gorge nouée à cause d'un rhume ou des larmes qui coulaient.
Même si, entre les chapitres, il y a eu des journées qui n’ont rien à voir avec celles des deux héroïnes, Renée et Paloma, je n’avais aucun mal à reprendre le fil de l’histoire, j’aurais voulu encore des pages, encore des «pensées profondes». Je voudrais les garder pour moi, ces personnages attachants, encore un peu, même si je sais qu’elles ne m’appartiennent pas, ne m’ont jamais appartenu, que des milliers d’autres lecteurs, de 34 langues (combien de livres québécois traduits ne serait-ce qu’en deux langues?), ont probablement eu le même réflexe.

J’ai aimé oui, parce que deux personnages féminins, parce que j’ai toujours aimé la philosophie, c’était ma matière forte à l’école, mais surtout parce qu'écrit avec des phrases complètes, de longues et belles phrases avec des subordonnées, des incises nous promenant dans des méandres compliqués, des lignes truffées de mots savants, ceux qu’il faut chercher dans un dictionnaire et qui, pourtant coulent si bien, glissent sans effort dans un cerveau déshabitué de ces sinuosités littéraires. Je n’ai pas l’intelligence de l’adolescente, je n’ai jamais été concierge, je n’ai pas beaucoup fréquenté les riches, mais pendant des jours, j’ai habité leur édifice, je les regardais, je les écoutais. Béate d’admiration devant leurs réflexions, je retrouvais mon cœur de rebelle. J’ai lu les six pages sur l’Art à l’artiste-de-nos-pinceaux, retrouvant le plaisir de la découverte d'un tableau, nous qui venions justement de passer trois jours dans un symposium de peinture. Et si je fus jalouse, comme il arrive parfois devant un style recherché, je sais cette fois que je ne pourrais même pas construire de pareilles phrases si complexes et pourtant limpides alors j’ai goûté pleinement, l’esprit ouvert et libre. Et je suis triste que ce soit fini.

Autre preuve que j’ai aimé le livre : je suis incapable d’en commencer un autre, je les trouve tous sans intérêt.

(Illustration empruntée à Google images)

lundi 18 octobre 2010

Gatineau en couleurs:
bien plus que de la peinture


Des couleurs, des tableaux, 60 peintres et sculpteurs, trois jours intenses, trois jours d'émotions. Plus qu’un symposium ordinaire pour Louise Falstrault, puisqu’elle était l’artiste invitée. Plus que des honneurs, elle s’est sentie choyée, valorisée, regardée, photographiée.

Un peu gênée de parler au micro, elle était plus à l’aise au milieu des artistes. Elle aurait voulu avoir le temps de parler à chacun. Des retrouvailles avec certains : Denise Venne, Ghyslaine Saint-Denis, Hélène Charland, Danielle Doucet, Guy Morest; de beaux échanges avec d’autres : Diane Brunet, Lucie Lucas. Plus à l’aise au souper et à son kiosque, elle a pris plaisir à jaser avec Diane Fontaine – grâce à qui elle avait été invitée à ce symposium, une Diane Fontaine dynamique et enthousiaste, qui a gagné le prix Coup de cœur du samedi — avec Caroline Dion qu’elle avait connue lors d’une exposition à Buckingham, en mai, avec Madeleine Caron aussi qui est venue de Québec, sympathique et avenante.

De la Petite-Nation, elle a eu le temps de saluer Özgen Eryasa qui a gagné un des deux prix du jury, Guy Morest des Créateurs de la Petite-Nation, Monique Beauchamp de Thurso et Jocelyn Rochefort Simard de Saint-André-Avellin.

Le comité organisateur et toute son équipe de bénévoles étaient aux petits soins avec elle. Louise leur en sera longtemps reconnaissante. Un public en or, tellement, mais tellement de compliments, de yeux brillants, des embrassades, des poignées de main, des questions, des sourires. Des ventes aussi.

Comme une de ses amies, artiste peintre également, lui disait à la fin d’une exposition : «notre boîte à caresses» fut bien remplie.

(montage de photos où apparaissent différentes personnes du comité organisateur, de la présidente d'honneur, de l'ambassadeur dont on peut retrouver les noms sur le site du Symposium Gatineau en couleurs).

mardi 12 octobre 2010

Symposium Gatineau en couleurs


Symposium Gatineau en couleurs : 15, 16 et 17 octobre. Louise Falstrault est l’artiste invitée. Première fois en quinze ans de carrière professionnelle. L'artiste-de-nos-pinceaux est bien contente que ce soit dans cet Outaouais où elle habite depuis plus de quarante ans.

Au début de sa carrière, elle sortait souvent de son atelier. Question d’apprendre, de se comparer, de rencontrer d’autres artistes, de tâter le marché. Pour se faire connaître, elle s’est rendue à Port au Persil, à Saint-Germain-de-Kamouraska, à Baie-Comeau. Elle courait partout dans toute la province et même en Ontario pour trouver des galeries pour la représenter. De petites galeries d’abord, puis de plus importantes à Montréal, Ottawa, Québec, Toronto et même Calgary.

Un été, elle était avec une amie aquarelliste qui avait connu les années 1970, au temps où les artistes se réunissaient dans ce Charlevoix où, paraît-il, la lumière était idéale pour les peintres. Ensemble, elles ont rêvé : louer une vieille grange près des Éboulements. Y camper l'été, peindre, exposer, vendre. Se faire un nom. Et puis elles ont calculé, ont parlé chiffres, parce qu'il est faux de croire que des artistes ne sont pas des femmes d'affaires. Elles ont discuté, elles ont remarqué que la lumière était plutôt dans les yeux du peintre et non dans un lieu précis. Elles en sont venues à la conclusion que si elles investissaient cet argent à faire connaître leurs œuvres chez elle, dans la Petite-Nation, elles y gagneraient sûrement. Ce qu’elles firent.

Si Louise Falstrault ne s’éloignait pas trop de son atelier, elle a quand même participé à quelques «Art show» à Ottawa, et surtout un symposium tout près de chez elle, le Montebello en peinture. La publicité dans la revue et le répertoire Magazin’Art lui permettait de continuer à se faire connaître dans la province. Encore dernièrement, quand elle est arrivée à la Galerie La Corniche, à Chicoutimi, la galeriste a reconnu son nom. Faut dire que Falstrault, on n’oublie pas ça! Un petit velours quand même!

Dans ce domaine difficile qui suit souvent les fluctuations des crises économiques, Louise Falstrault réussit à tirer son épingle du jeu, à vivre de son art. Des années meilleures que d’autres, il ne faut pas se le cacher.

Elle sera donc heureuse de revoir certaines artistes peintres et sculpteurs qu’elle connaît, rencontrer les autres, reconnaissante aux organisateurs de Gatineau en couleurs de l’avoir choisie, et fébrile de rencontrer les visiteurs à qui elle a l’intention de reprendre à son compte une phrase de Denis Jacques en disant : «acquérir une œuvre originale, c’est plus qu’un geste de consommation, c’est apporter un soutien à l’artiste, c’est intervenir dans la survie de l’art.»

(photo de Louise Falstrault devant un de ses tableaux)

samedi 9 octobre 2010

De la capacité de lire sans interruption

À vingt ans, il m’arrivait souvent de lire toute la nuit, sans interruption. Ou certains samedis – pas d’école, pas de travail – je pouvais me lever vers midi sans avoir déjeuné, m’étant nourri de la lecture d’un roman de toute la matinée. Aujourd’hui, c’est tout juste si je peux lire quinze minutes sans me lever.

Je me précipite sur l’ordinateur pour écrire une phrase qui m’est venue à l’esprit. Ou je me rue sur Internet - comme je l’ai fait pendant des années sur un Atlas ou sur le Robert des noms propres – pour connaître l’auteur, ou chercher où est le Finistère, ou pour savoir ce que veut dire « poujadiste » (je vous laisse le chercher celui-là).

Le matin, alors que mon café refroidit, un bref regard à l’horloge qui me dit : « et la vaisselle, elle ne va pas se faire toute seule! » ou encore « faudrait bien que tu t’habilles » ou pire : « quelle date sommes-nous, tu n’as pas un travail à remettre aujourd’hui? » Envolées les belles heures de lecture.

Le soir, assise bien à l’aise dans mon fauteuil préféré, au salon, je lève les yeux de mon livre aussi parce que l’émission de télé diffusée a l’air intéressante, ayant auparavant enlevé de mon oreille l’écouteur qui devait me couper de la vie télévisuelle, mais qui n’avait réussi qu’à me chatouiller le conduit auditif. Si j’ai tenu trente minutes, je me considère comblée.

Il reste l’été parfois, dans la balancelle, à l’ombre. Si personne ne se pointe le nez, si la chaleur ne m’invite pas à me diriger tout droit dans la piscine. Il reste en voyage, sur une plage, au besoin emmitouflée dans une couverture polar. Si le soleil ne m’y chasse pas. Si la faim ne m’appelle pas.

Et ça c’est quand le livre est intéressant.
Dire que tout auteur qui se respecte doit être aussi un grand lecteur. Si j’écris comme je lis!
Et vous? Où lisez-vous, quand lisez-vous, combien de temps lisez-vous?

(photo de la blogueuse en train de lire L'élégance du hérisson)

mardi 5 octobre 2010

Le Duhamel de Michel Tremblay
et ma Petite-Nation

Michel Tremblay, dans son roman La traverse des sentiments, devait avoir ses raisons de situer Duhamel dans les Laurentides et toujours dans "La Gatineau" plutôt qu’en Outaouais et au bord de la rivière Petite-Nation. Mais j’ai bien le droit de me poser des questions. C’est pourtant bien le Duhamel que je connais puisqu’il écrit que c’est au nord de Papineauville et que les personnages passent par Saint-André-Avellin. Il mentionne aussi la rivière Petite-Nation  et une seule fois Chénéville.

Michel Temblay s'amuse à dire "le lac à Simon", pour parler du  lac où le Simon de Rose se baigne nu pendant les orages. L'auteur aurait-il lu Jean-Guy Paquin qui, dans Le pays de Canard Blanc écrit  que l'Algonquin Cri Simon Kanawato chassait sur des terres qui s'étendaient au delà d'un lac qu'on appelait alors le lac à Simon et qui est devenu effectivement le lac Simon?

En 1915, l’Outaouais n’existait pas? Tremblay a choisi le mot Laurentides à cause des montagnes? Il parlerait de la chaîne de montagnes les Laurentides et non pas de la région touristique? Parce que la chaîne de montagnes des Laurentides commence près de la rivière Gatineau et s’étend tout au long du fleure Saint-Laurent jusqu’au Saguenay? Bof! pas si important, l'important c'est de faire connaître les lieux d'où nous sommes, où nous vivons.

Ce qui m’amène à parler des lieux dans nos manuscrits. Je ne les décris pas systématiquement, mais je les nomme à tout le moins. Parce que dans mes lectures, je les trouve importants. J’ai voulu connaître les sentiers où Simone de Beauvoir se promenait aux alentours de Marseille. J’aurais bien voulu visiter la Russie de Michel Strogoff. Dernièrement, j’ai relu avec plaisir Le Survenant au milieu même du Chenail du Moine et j’ai passé par Péribonka en ne reconnaissant rien de la vie de Maria Chapdelaine.

Je reviens aux municipalités mentionnées dans La traversée des sentiments et me laisse aller à leur évocation. Papineauville, le lac Simon, les chalets où j’ai habité, les étés qui s’étiraient jusqu’à l’action de grâces, la plage de la Baie de l'Ours, les baignades avec ma cousine, mon enfance et mon adolescence, cette nuit blanche où, en 1970, j’ai décidé d’y venir pour toujours.
Papineauville, le train. Ce train pris si souvent, même une fois devenue adulte. Plusieurs souvenirs, dont un que je conterai en détail un jour dans un roman sûrement, un souvenir transposé.
Duhamel et la rivière Petite-Nation, je les ai placés en fond de décor pour un roman jeunesse, Poursuite sur la Petite-Nation, publié aux Éditions Paulines. Une rivière que j’ai réellement descendue en canoë. Une municipalité dont j'ai fait les armoiries, une fois devenue graphiste.

Peut-être ne nommerais-je jamais la municipalité où je demeure pour des raisons toutes personnelles, mais je n’aurai jamais ni honte ni restriction à situer mes personnages dans cette Petite-Nation gravée dans mon cœur.

N’empêche, je me demande ce que Michel Tremblay fait de sa maison à Key West quand il n’y est pas? Il en ferait une résidence d’auteurs que je m’inscrirais pour un mois ou deux. Et j’écrirais (encore) sur « ma » Petite-Nation.

(image provenant de Google maps pour situer Duhamel en Outaouais)

jeudi 30 septembre 2010

De la joie de remettre un manuscrit

Dernier jour de septembre. J’aime bien les débuts de septembre, comme un recommencement, comme un cahier tout neuf, comme une promesse. J’aime moins octobre, une fois les belles couleurs de l’automne passé, comme un ours qui doit entrer dans sa caverne, comme les feuilles qui tombent, les nuages qui se noircissent, les journées qui rapetissent, comme une fin.

Demain, vendredi 1er octobre pourtant, ça sera un beau jour, j’essaie de m’en convaincre, j’y crois de plus en plus depuis le courriel d’un éditeur qui se dit intéressé à mon roman. Demain, je lui remets ma dernière version. Dernière comme dans la dernière fois que j’imprime mon manuscrit parce que la suite ce sera le livre imprimé?

Ce n’est pourtant pas ce jour qui devrait être le plus beau, c’est celui où j’apposerai ma signature en bas d’un contrat. Mais je veux souligner chaque petit pas qui m’y mène. Je veux ressentir, laisser monter en moi cet espoir, cette possibilité qui ressemble à un début septembre et non à un automne décevant. Mais rien ne monte, ni enthousiasme, ni crainte. Comme au neutre et depuis longtemps. Trop eu de refus, trop de relevailles, trop d’essais.

Depuis 2004 que je travaille ce roman. 2004 : six ans.

Le samedi 13 novembre 2004, j’ouvrais un cahier tout neuf et j’écrivais à la main : « Puisque j’aime les biographies, que j’ai écrit la vie de mon père, je pense écrire la vie de mes ancêtres maternels ».

Ce cahier est presque plein. De dates, de noms, de remarques, de lettres de refus, de courriels échangés, de questions, de doutes, de recommencements. Des petites joies de courte durée.

Même si certaines personnes voient déjà le livre en librairie et me voient déjà en train de leur signer leur dédicace, je sais qu’il reste encore plusieurs étapes :
il faut que le manuscrit soit accepté
il faut que le contrat soit signé
il faut que le roman soit révisé par le directeur littéraire
il faut que le roman soit monté
il faut que le roman soit imprimé
Alors peut-être l’an prochain, à l’automne 2011, le livre sera en librairie. Et une autre année avant de recevoir une quelconque redevance.

Il sera quand alors le beau jour où dans mes mots, dans mon cœur qui bat, dans ma tête qui tourne, je sentirai la joie?

Pour l’instant je vois un peu de lumière, je sens beaucoup d’espoir. Mais pas encore la joie qui s’est effritée tout au long de ces six ans, à force d’être contenue.

(photo: une toute petite partie des différentes versions du manuscrit)

dimanche 26 septembre 2010

Méandres plutôt que ligne droite

Je suis certaine que personne n’est comme moi, de cette mixture née de toutes sortes de composantes d’années, d’époques, de lieux, de couleurs, de formes, d’épreuves, de joies, de mots, de lectures.

Je suis persuadée que tout le monde est comme moi : une courbe zigzagante encombrée de courants et de tourbillons dévastateurs, de chutes et de cascades, d’eaux cristallines autant que brouillées. Comme moi imparfaite qui avance et recule et qui tourne en rond, tout sauf une belle ligne droite dans sa carrière, ses publications et sa vie.

Je suis la somme de toutes mes contradictions, je suis chaque jour différente, meilleure et pire que la veille ou que le lendemain. Et à trente ans, ai-je vraiment écrit des mots différents de ceux d’aujourd’hui, au double de cet âge?

Si long le chemin quand il est parsemé de côtes et de retours, quand il est construit d’arrêts à chaque porte de l’autre.

Si court le chemin quand on regarde la route parcourue et le temps qu’on y a mis pour avancer d’à peine quelques pas.

Et tant pis si ce texte n’est pas très langage Internet, ou qui dévie des habituels sujets proposés sur ce blogue, à savoir l’écriture de l’une ou la peinture de l’autre. Disons que cette capsule de réflexion me fut inspirée par mes lectures du moment : L’Étreinte des vents qui vogue allègrement dans la philosophie, sans personnages autres que le « je » et le « on », pas de dialogue, mes préférés et sans étiquette de roman ou de récit et aussi la lecture des Larmes de saint Laurent qui déroge lui aussi des règles établies pour mon plus grand bonheur.


Si quelqu’un veut du style web, qu’il lise Stéphanie Hétu.

(photo prise par l'auteure d'une rivière dans la région de Lac-Saint-Jean)