mercredi 11 août 2010

Coups de coeur, suprises et déceptions aux Correspondances d'Eastman

Aucune envie d’être objective pour parler des Correspondances d’Eastman.
Coups de coeur, surprises et déceptions en plusieurs billets.

Coups de cœur

Mon arrivée
Des fleurs partout, des enseignes pour le stationnement, les chapiteaux, des cafés terrasses où s’attardent les dineurs. À l’accueil, les bénévoles sont fébriles, ils me renseignent. Repérage facile, tout est dans moins d’un kilomètre. Je trouve facilement Le parc du temps qui passe où se tiendra l’ouverture. Je remonte dans mon Pruneau (ma dinette-couchette-toilette comme je dis souvent) et je pars à l’assaut des côtes pour lesquelles on m’a fait un peu peur en me disant de ne pas apporter mon vélo (mais sur le plat, au village vers le lac d’Argent, belle piste cyclable asphaltée).

Pruneau monte la côte, sans élan, jusqu’au théâtre de la Marjolaine. Sans problème. C’est donc là que je passerai les quatre prochains jours. Le jour au moins. J’aurais bien aimé y coucher, mais les organisateurs ne veulent pas. Je n’aurais pourtant dérangé personne. Bon, c’est un autre débat. Les spectacles du soir ont lieu dans la salle du théâtre et les cafés littéraires derrière sous une grande terrasse recouverte.

Je suis donc prête. Retour au village. Dans une des boîtes à malle, je trouve un livre : Garage Molinari de Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique). Je me rends au parc, je m’assieds à l’ombre. Je lis. Rien d’autre, je suis ici et maintenant dans un livre. Et je verrai l’auteur le jour suivant.

Clémence
Dès que j’ai su qu’elle donnait un spectacle, j’étais déjà gagnée, c’est certain que j’irais la voir. Je l’aime depuis très longtemps. La première fois que je l’ai vue, ce devait être autour de 1968, dans le temps des nappes à carreaux rouges et les filets de pêche sur les murs de bois. Probablement le Patriote à Sainte-Agathe. Plusieurs années plus tard, je m’étais rendue à Ottawa voir son spectacle sur la ménopause. Et si j’entends son nom à la télévision, c’est certain qu’il faudra une sacrée bonne raison pour la manquer.

Donc son spectacle un mélange d’entrevue — pas très poussée — et rappel de ses nombreux textes. À l’occasion Danièle Bombardier faisait office de souffleuse et n’a qu’à lui poser une ou deux questions et voilà que Clémence se levait et repartait.

Du déjà vu, du déjà entendu, mais on rit encore. Elle en rajoute, elle improvise ou a l’air d’improviser. Personnellement il n’y a que deux humoristes qui me font rire à voix haute : Yvon Deschamps et Clémence. Question de génération? Peut-être.

Je ne suis pas la seule à l’aimer. Des centaines ce soir-là, dont une douzaine à peine qui la voyait pour la première fois. Et quelques rares hommes.

Petite déception quand Clémence a demandé : quelle heure il est là? Je sais bien qu’elle l’a demandé parce qu’il y avait retrouvailles au Piano rouge à 21 heures, mais ça m’a fait un petit choc. Comme quand mon père demandait l’heure parce qu’il en avait assez, il voulait passer à une autre activité. J’aurais eu envie de dire à Clémence : ça n’a pas d’importance, ceux qui veulent partir, qu’ils partent, nous autres, nous allons continuer de jaser.

Surprises

Jean Barbe
Quand je l’ai vu, je me suis dit : « reste ouverte, ne te rebiffe pas tout de suite ».Je n’aimais pas Jean Barbe, je n’avais pas choisi ce café littéraire pour lui, mais pour Jean-François Beauchemin. Quand il parle à la télévision, je n’aimais pas ce qu’il disait, son ton tranchant, ses idées exposées fermement. Il avait l’air d’en vouloir au monde entier, de ne trouver personne à sa hauteur. Comme un professeur qui regarde tout le monde de haut.

Et là, il est arrivé avec son chien, ça ne me l’a pas rendu sympathique parce que je trouvais que le chien dérangeait, attirait les regards.

Mais quand l’émotion vous étreint la gorge, quand vous retenez les larmes qui veulent monter, c’est que des phrases vous ont touchée, que vous vous êtes reconnue dans les dires de quelqu’un. Ce fut le cas devant Jean Barbe. Il fut généreux dans ses impudiques confidences : « J’avoue que je méprisais mon père » Chacune de ses interventions était efficace, comme un acteur qui sait doser ses effets, comme un professeur qui sait attirer l’attention, comme un humoriste sait «à quelle heure le punch ». Visiblement expérimenté, il sait comment faire naître l’émotion.

Il m’a également intéressée par les affirmations, les observations au sujet des livres, de l’écriture. Il fallait l’entendre quand il a parlé du premier livre qui l’a marqué. Il en parle aussi dans cet article>>>;

L’importance des livres dans sa vie est assez semblable à celle que je leur accorde moi aussi : il y a plus dans certains romans que dans nos vies.

Je ne sais pas si j’aimerai Jean Barbe dans toutes ses interventions futures, je ne sais pas si je serai capable de lire en entier un de ses livres, mais au moins une fois, il m’aura touchée.

À suivre…

(photos: le parc de Claude Lamarche et celle de Jean Barbe empruntée à fr.canoe.ca)

lundi 9 août 2010

L'après Correspondances d'Eastman

L’après Correspondances d’Eastman. Je ne suis pas encore après, je suis toujours dedans. En revenant chez moi, je pensais déjà à ce que j’allais écrire. Je revivais les cafés littéraires, je revoyais les spectacles. Je ne savais déjà plus qui avait dit quoi. Ne me restait que des impressions. Des images des lieux : tous ces jardins fleuris où j’ai écrit, où j’ai lu. Il y eut tant de mots, des graves, des impressionnants, des drôles, des émouvants, des ordinaires, quelques-uns ennuyants, mais la plupart très intéressants. Tant de titres de livres présentés.

J’étais tellement bien. Dans mon élément. Presque rien d’autre pour me distraire de cette jouissance de vivre avec des livres et des gens qui aiment aussi les livres.

Ce matin, la confusion est totale dans mon esprit, tout s’emmêle. Comme un gros gâteau bien décoré, que j’ai goûté, apprécié et dont je n’ai pas vraiment envie de parler, pas envie de donner la recette, de faire l’effort d’expliquer en quoi c’était beau et bon. Juste garder le secret pour moi. Juste savourer encore, comme on garde longtemps en bouche, le goût d’un bon vin. Permettez que je les garde pour moi, encore un peu avant de les éparpiller aux quatre vents. De les circonscrire dans des phrases définitives. De les limiter à quelques billets banals.

Encore heureux que je ne sois pas journaliste qui doit respecter une heure de tombée.

(photo: de plus Blogger ne veut pas télécharger mes photos ce matin, signe qu'elles ne sontn pas prêtes, elles non plus!)

mercredi 4 août 2010

Demain, Eastman


Demain, jeudi 5 août, Les Correspondances d’Eastman. Pour la première fois. Pendant quatre jours. Seule. Dans mon idée comme un salon du livre en plein air. Mieux parce que seulement des café littéraires et des spectacles. Rencontres indirectes d’auteurs, juste comme je les aime : pas nez à nez, un peu en retrait à écouter une animatrice ou un animateur les interviewer. Enfin, je pense que ce sera comme ça.

Lire aussi leurs livres. Écrire aussi, on peut. Envoyer des lettres.

Entre les cafés et les spectacles, je compte bien m’isoler dans mon véhicule récréatif et continuer de corriger mon manuscrit. Me semble que l’atmosphère s’y prêtera.

Connection Internet? Peut-être pas. Tant pis ou tant mieux, pas de distraction. Être juste dans les mots. Les miens et ceux des auteurs. Venise vous en parlera sûrement des auteurs, des rencontres.

Rencontrer d’autres blogueuses? Peut-être mais ce n’est pas le but. Parler aux autres participants? Peut-être mais pas nécessaire. Malgré que je serai dans une foule, je me sentirai surtout avec ce moi-même que j’aime : le moi des livres, le moi des phrases, le moi des mots intimes. Que cela.

(photo de Claude Lamarche, seule au coucher de soleil)

dimanche 1 août 2010

Un petit cours de psychologie avec ça?

N’empêche que les jurys de tout acabit devraient suivre des cours de psychologie, des cours de relations humaines. Apprendre à dire les choses. Apprendre à rédiger des lettres de refus. Dans le monde des arts visuels, les artistes peintres vivent les mêmes joies, les mêmes affres que les auteurs dans le monde merveilleux de l’écriture.

Quand il y a refus, un refus sans aucune autre explication que « nous avons le regret de vous informer que vous n’avez pas été acceptée ». L’artiste peintre se pose des questions, passe par toute la gamme des émotions: le doute, le "c'est pas grave" et, avant de se retrousser les manches et de passer à autre chose, dort mal, vit mal. Pendant des heures. Pendant des jours.

Et suivent les litanies habituelles :
Je ne suis pas un bon peintre
Ça vaut pas de la ma…. ce que je fais
Pourtant mon portfolio était excellent
Est-ce le portfolio ou les tableaux?
Pourtant…Pourtant... j'avais tel contact
Pourquoi?
Qu’ils aillent tous au diable, je ne sors plus, je ne m’inscris plus nulle part.

Il aurait fallu tellement peu. Un peu plus qu’une lettre type, banale, la même pour tout le monde. Il aurait fallu une lettre personnalisée, signée par un ou tous les membres du jury. Une lettre qui laisse de l’espoir : nous gardons votre candidature pour l’année prochaine ou vous êtes refusée pour ceci ou cela, vous pourriez améliorer ceci ou cela, il a fallu choisir entre plusieurs très bons artistes. Des vraies raisons qui tiennent qui n'entraînent pas de mini-déprime mais qui permet d'avancer. Parce que l’artiste n’est pas folle, elle verra qui a été accepté et elle se comparera. Ne comprendra pas pourquoi un tel et pas elle. Elle se jugera encore plus sévèrement que ne l'a probablement fait le jury. Et grommellera pendant des jours.

Il aurait fallu si peu. Un peu de psychologie. Se mettre à la place de l'autre. Qu'est-ce que vous aimeriez lire, vous? Une lettre de refus pourrait être constructive, apporter des solutions, un espoir pour l’année suivante. Sinon comment savoir ce qu’il lui faut corriger pour la prochaine fois?

Et puis un beau matin, un appel téléphonique, une lettre, un courriel. Telle galerie veut exposer ses œuvres. Un visiteur a remarqué l’artiste, il vient acheter un tableau. Ils aiment, eux? Ça vaut donc quelque chose ce qu'elle peint? Et puis elle se remet à peindre, parce qu’elle est bien incapable d’arrêter de toute façon et elle aime ce qu’elle fait, elle retrouve l’état de grâce, elle flotte, elle est contente de sa journée. Et de son tableau.

Elle oublie… jusqu’à la prochaine exposition : s’inscrira-t-elle?

(photo d'une oeuvre de Louise Falstrault)

jeudi 29 juillet 2010

D'un blogue à l'autre

Question de diversifier mes intérêts, de découvrir de nouveaux blogueurs, (et tant mieux si ça attire de nouveaux lecteurs chez moi) je visite assez souvent la liste des blogues des autres. Je risque parfois de tourner en rond, de retrouver les mêmes, mais il m’arrive aussi de faire de jolies découvertes.

Ce matin encore, chez Audrey, je pensais trouver du nouveau, ce ne fut pas le cas. (Même que j'ai l'air de copier son idée, mais non, ça fait deux trois jours que je suis sur l'enquête!
Mais les dernières semaines, en passant chez Venise, j’avais trouvé Annie Perreault.
En passant chez La plume et le poing, j’ai déjà trouvé Les archives du sanatorium

Et un peu déçue de ne pas trouver d’autres auteurs québécois qui tiennent salon-blogue, j’essaie encore et encore dans Google de trouver quelqu’un qui les aurait recensés. Je fouille les annuaires, mais comme la plupart sont de la France, je peux y perdre des heures avec un maigre résultat. J’ai consulté les sites d’associations d'auteurs croyant qu’elles auraient une listes de blogueurs, mais non. Il m’est venu l’idée de leur écrire, à chacune, et de leur proposer d'en établir une. Je l’avais déjà fait pour la mienne, celle de l’Outaouais, il faut croire que soit les responsables n’ont pas le temps, soit ce n’est pas une si bonne idée, soit il n’y pas suffisamment d’auteurs qui tiennent un blogue. En Outaouais, je crois bien en avoir déjà parlé, il y a au moins, Christian Quesnel, Claude Bolduc (pas vraiment un blogue, mais un site) et Andrée Poulin. C’est chez elle d’ailleurs que j’ai connu Camille Bouchard (que je néglige tellement que je n’avais pas vu qu’il s'était rendu à la Baie-James en véhicule récréatif, donc il m'intéresse doublement puisque j'aime aussi voyager en véhicule récréatif).

Quelques-uns s’expriment sur Facebook, mais ce n'est pas la même chose, même quand ils écrivent quelques articles. Je me lasse finalement de chercher me demandant bien pourquoi je cherche d'ailleurs.

Et vous, "zieutez"-vous du côté des amis de vos amis? Qui aimeriez-vous trouver?

(image: une partie de mon blogue)

samedi 24 juillet 2010

De l'insaisissable

Peut-être que je bloque (pas blogue, bloque!) sur mon roman parce que ce n’est pas tout à fait ça que je voulais écrire. Parce que je ne suis pas perfectionniste. J’ai toujours hâte de commencer un nouveau projet. Mon regard est toujours porté vers la talle de framboises d’à côté, plus invitante. Quand je finis quelque chose, c’est par entêtement, par devoir, par habitude, parce que j’ai été bien élevée, bien éduquée. Rarement par plaisir.

Il ne faut pas non plus que le projet soit trop ambitieux. Ambitieux pour moi s’entend. Comme mon histoire avec mes ancêtres irlandais, je voulais que ce soit plus que leur simple venue au Canada-Uni, plus que le simple vécu de couple, de famille, plus que la famine en Irlande, plus que le typhus, le choléra, plus que les morts. Je voulais partir ou arriver à aujourd’hui. Trouver des réponses à des questions actuelles. Interpréter un rêve que j’ai fait pendant de nombreuses années en rapport avec une cale de bateau, un capitaine qui tient la barre, mon amour de la mer, ma mort. Mais pour cela il me faudrait tellement de recherches sur la psychogénéalogie, domaine qui m'intrigue mais avec lequel je ne suis pas familière, loin de là. Fautes de données scientifiques, d’explications rationnelles et convaincantes, j’ai choisi le roman.

Mais les éditeurs n’ont vu que le premier degré. Dans la première version qui racontait cinq générations, je n’ai pas su leur montrer ma vision. Et puis, le tout a dérapé. Mon roman n’a plus de symbolique, plus d’interprétation, plus de réponses. Une simple histoire où la poésie du paysage, du voyage en mer, des blessures intérieures est escamotée au profit du sacro-saint dialogue qui rend plus vivants les personnages. Surtout plus facile à lire, je l’admets, on le voit bien quand on essaie de se rendre au bout du dernier Marie-Claire Blais, Mai au bal des prédateurs, sans point ni chapitre.

Je ne voulais pas une histoire qui ressemble à un scénario de film, je voulais une âme qui voyage entre les générations.

À défaut d’avoir le talent pour saisir l’insaisissable, j’espère réussir l’histoire. À force de persévérance, en allant chercher le cœur, l’âme de mon ancêtre… et son entêtement.

(Image empruntée au site des Archives nationales du Canada)

De la patience

Si vous venez faire un tour par ici et que vous désirez ajouter votre commentaire, patience. Depuis que j'ai changé de modèle, tout n'est pas encore au point, quelques ajustements. Je cherche, je cherche. Et j'attends de l'aide.
D'abord hier, vendredi, pas d'internet de toute la journée, donc je n'ai pas pu corriger le problème. Pour l'instant, on dirait qu'il faut être connecté à Google pour envoyer des commentaires. Et pas de vérification de mots. Enregistrement immédiat.
Que ça ne vous décourage pas d'en laisser.
Merci Alexandre, grâce à vous, j'ai pu voir qu'il y avait problème puisque pour vous répondre, ça m'a pris  plus de vingt-quatre heures et trente minutes :-)

jeudi 22 juillet 2010

Des modèles de blogue


Bon, cette fois, je crois bien avoir (enfin) trouvé le modèle qui nous conviendra. J'ai trouvé celui-ci sur ce site>>>;
Toute une différence entre un logiciel de création de sites et les modèles de blogue, d'où les nombreux changements dans les derniers mois. Il est fortement recommandé de ne mettre un site en ligne qu'une fois qu'il est complet, mais pour un blogue, on a hâte d'écrire, de déposer nos billets...
Il me reste encore quelques détails de fontes, de couleurs et de grosseurs de caractères, dans le titre notamment, mais promis, je n'y toucherai plus dans l'ensemble.
Pas avant un an, je le jure.

Merci de votre patience.

mardi 20 juillet 2010

Je croyais savoir

À 26 ans, quand j’ai pris deux ans de congé sans solde pour devenir auteure publiée, on me disait trop jeune pour écrire parce que n’ayant pas assez vécu (j’espère que les professeurs en création littéraire ne disent plus pareille bêtise à leurs étudiants). Comme écrire ne s'apprenait pas alors à l'université, Je croyais apprendre en autodidacte, en forgeron : «c’est en forgeant qu’on devient forgeron». Alors j’ai écrit. Et comme j’ai eu la chance d’être publiée, je croyais que ça y était : je savais.

Aujourd’hui, plusieurs années plus tard, je fais le raisonnement inverse : j’ai du vécu mais je ne sais pas écrire.
Aujourd’hui, écrire ça s’apprend. À l’université, dans les ateliers d’écriture, dans les livres.
Aujourd’hui, on ne publie pas mes manuscrits.

Il faut donc :
me poser des questions
m’apercevoir que finalement je ne savais pas
réapprendre à écrire, selon certaines règles
suivre ces règles, ce qui est très difficile pour moi qui est une plutôt accrochée-style-libre des années '70

Comme je n’ai pas l’intention de retourner à l’université, il me reste les ateliers, les livres, cet Internet inaccessible en 1976. Où d’ailleurs, j’ai trouvé le site d’Annie Perreault. À elle seule, cette blogueuse a réuni de nombreuses informations qui peuvent servir à un auteur qui veut apprendre.

Et surtout, il me faut
retrouver la confiance en moi
chasser le démon qui dit : « franchement si à ton âge, tu ne sais pas encore écrire, à quoi bon essayer, prends ta retraite, contente-toi de lire et laisse la publication aux jeunes »
écouter la petite voix qui dit que je peux, qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre, essayer encore et encore
croire les personnes qui me disent que mon manuscrit a du potentiel

Et encore, quand mon manuscrit sera publié, ne pas dire « maintenant, je sais ».

lundi 19 juillet 2010

Des produits dérivés de l'art

Tout artiste peintre, qu’il soit en art figuratif ou en art actuel est un jour ou l’autre confronté à la décision difficile : est-ce que je me lance dans les produits dérivés?
Un produit dérivé, ça peut être un giclée, une reproduction,  une reproduction sur une tasse, un sac, un coussin de lecture, un casse-tête, un parapluie, un livre même, les possibilités sont infinies.

Il y a des puristes qui disent : « Non, jamais », il y a les autres qui choisissent le «Pourquoi pas?»

Comme en toute chose, tout n’est pas noir ou blanc. Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations ou d'opinions sur Internet. Cet article d’une artiste peintre français.

L’artiste-de-nos-pinceaux, après moultes hésitations, a tenté l’expérience il y a quelques années en faisant imprimer des giclées. Cinq modèles, dix giclées pour chacun des modèles. Oui, elle en a vendus. Certains clients aiment bien, ils peuvent s’offrir un Falstrault à un coût accessible pour eux. Il lui en reste moins d’une dizaine mais elle ne les sort plus. Elle croit qu’elle se « coupe l’herbe sous le pied », que ces giclées ne la représentent plus, surtout depuis qu’elle est passée à la spatule. Elle croit aussi que les clients n’achèteront pas ses originaux. D’ailleurs bien des gens seraient incapables de dire si c’est un original ou une reproduction si on ne leur dit pas, tellement la technologie est haut de gamme. Des cartes, ça peut aller parce que c’est évident que c’est une reproduction, mais les giclées sur toile, il faut toucher pour voir la différence. Et les aquarelles reproduites sur papier Arches et vitrées, il faut regarder le petit chiffre en bas 3/95 par exemple qui voudrait dire que c’est le troisième sur 95. Un tel chiffre ne se retrouve pas sur l'aquarelle originale, seulement sur la reproduction. Et pour une huile, c'est pire encore, pas de place pour l'écrire ce petit chiffre, la plupart des artistes l'écrivent au dos. Et seul l'artiste (ou une galerie après entente avec l'artiste) a le droit de faire reproduire son oeuvre. Le droit d'auteur demeure toujours à l'artiste même une fois le tableau vendu.

La valeur d’un giclée sera la même dans 10 ans, 20 ans, tandis qu’un original prend de la valeur avec les années. Pas tout le monde qui le sait. Mais on peut comprendre que ce n’est pas tout le monde qui peut se payer un Gisèle Benoît à 8,000$ ni un Falstrault à 1,000$

La question demeure donc entière et chaque artiste a sa propre idée sur le sujet. Idée remise en question surtout quand les ventes des originaux sont à la baisse comme depuis plus d’un an.

(tableau de Louise Falstrault, toute reproduction interdite)

mardi 13 juillet 2010

La graphiste dérange l'auteure

J’haïs ça être dérangée. Je me dérange moi-même. Un rien me déconcentre. Cette semaine, bien décidée à écrire, à corriger mon manuscrit en tenant compte de tout ce que j’ai appris la semaine dernière à l’atelier d’écriture professionnelle (que je recommande d’ailleurs, s'il revient l'été prochain). Dès potron-minet, je me lève, direction toilette et ordinateur. Je déjeunerai plus tard.

J’aurais donc voulu ce matin, poursuivre ma lancée d’hier. Petit échéancier : 236 pages, à raison de six pages à la fois, ça devrait me prendre 40 fois. J’aurai pu commander à mon cerveau 40 jours, mais il aurait cru entendre 40 jours consécutifs. Je le sais, je le connais bien, il comprend toujours de travers, donc, je lui ai envoyé 40 fois, sans limite de temps. Il aura compris qu’il pouvait être dérangé, je suppose. Et pas plus tard qu’hier soir, vlan, un appel téléphonique qui me chamboule, me fait sentir coupable de ne pas avoir fait mon travail, qui me fait rappeler d’urgence la graphiste que j’avais envoyée en vacances, congé prolongé jusqu’à ce que l’auteure ait pris toute la place (se rappeler que la graphiste et l’auteure, c’est la même personne dans mon cas).

Hier soir donc, et cette nuit dans mon sommeil, et ce matin, en attendant que les bureaux ouvrent — à 10 heures pour faire exprès— le cerveau de la graphiste a travaillé fort pour renouveler le nom d’un domaine. Des recherches dans les Whois, ouverture de la chemise rouge qui contient les papiers des clients, carte de crédit prête pour payer, rien n’y fait, pas tout le monde qui travaille 24 heures sur 24. Pas réussi encore. Et tant que je n’ai pas réussi, que croyez-vous que l’auteure fait? Elle attend, elle lit, elle pitonne n’importe quoi, elle joue aux cartes, elle déjeune plus lentement. Trop prise par l’autre cerveau, celui de la raison, de la logique, elle est bien incapable de se concentrer sur la créativité. Tiens, je devrais faire un petit trois minutes d’écriture automatique comme le recommande Julia Cameron, question de me le vider ce cerveau. Mais l’autre, le tarla, celui du devoir avant tout, de la raison, de l'argent que je dois gagner serait bien capable d’accourir juste pour me déranger. Ce qu'il sait très bien faire d'ailleurs. Grrr.

(image empruntée à Google images)

samedi 10 juillet 2010

De la voix narrative

« Elle avait besoin de pleurer. Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait trop de bonnes raisons. Celle-là ferait l’affaire. Elle chercha des yeux un torchon, s’en empara et l’appliqua en garrot sur la blessure. Je vais devenir fontaine, fontaine de larmes, fontaine de sang, fontaine de soupirs, je vais me laisser mourir. »
Katherine Pancol, Les yeux jaunes des crocodiles,
Albin Michel, poche, page 11

Je ne veux pas écrire comme Katherine Pancol, je veux écrire comme moi. Mais, en ce qui concerne ce passage entre le « elle » et le « je », entre le narrateur et le personnage, je lui tire mon chapeau et là, pour cette glissade technique, c’est certain, je veux la copier, être comme elle, penser comme elle. Réussir ce tour de force d’avoir dans le même paragraphe deux voix narratives cohérentes, sans changer de ton, sans avoir le langage littéraire d’un côté et le langage parlé familier de l’autre. Ça coule. Me faudra-t-il, comme une patineuse de fantaisie, des années et des années d’exercices pour en venir à cette apparente facilité? Ce ne serait pas tant de le réussir pendant un paragraphe ou deux, mais de tenir pendant 300 pages. Et peu importe les personnages.

Est-ce que ça paraît que je reviens d’un atelier d’écriture? Il m’en faudrait plus d’un pour maîtriser cette fichue voix narrative.

Résumé de la semaine à Mont-Laurier

Le dimanche, paqueté, en allées, roulé, arrivées, jasé, électricité, couchées.

Le lundi, présentées, écouté, parlé, écrit, lu, aimé. Interdiction d'électricité, cherché, trouvé, climatisées, baignées, déconnectées, chiâlé, contrariées, rebranchées, Morphée agitée, capoté, vouloir se sauver, rester.

Le mardi, essayé, écrit, lu, peu mangé, écouté, échangé, beaucoup bu, travaillé, rebellée, cœur léger, baignées, reposées.

Le mercredi, pensé, décidée, clarifier, vouvoyer, écouté, sous-douée, corrigée, pleuré, douté, nulle à chier.

Le jeudi, remontée, écrit, lu, corrigé, corrigée, encouragée, idée, éclairée, embrassé, baignées, climatisées.

Le vendredi, écrit, jasé, vouvoyer, toujours pas d’égalité, résumé, aimé, parti, roulé, arrivé, dépaqueté, baigné, télé, couchées.

vendredi 2 juillet 2010

Bruno Côté est parti peindre le ciel

Bruno Côté, ce grand artiste peintre canadien est décédé mercredi. Ça nous remue.

Nous étions en 1996, l’artiste-de-nos-pinceaux commençait à exposer, à peindre de façon intensive. Depuis plusieurs années, elle visitait les galeries, les symposiums. Elle était en admiration devant les tableaux de Bruno Côté. Nous avons appris qu’il venait, incognito, peindre dans la Petite-Nation, il s'en est fallu de peu qu'on le rencontre, une tempête de neige nous en a empêché. En 1999, quand j'ai décidé de publier dans un livre les portraits des artistes peintres qui demeuraient dans la Petite-Nation ou qui venaient la peindre, tout de suite, j’ai pensé à l'y inclure.

Déterminée, je me suis présentée à sa maison de Baie-Saint-Paul. Louise voulait rester en bas de la côte à m’attendre. « On n’a pas fait tout ce chemin, pour hésiter ». Son épouse nous a répondu, Bruno Côté était déjà rendu à sa cabane dans le parc des Grands-Jardins, mais il allait revenir. Nerveuses, nous avons quand même appelé chez lui vers 17 heures, il a accepté de nous recevoir.

Une heure de pur émerveillement. Il n’a pas accepté que je publie un de ses tableaux dans mon livre « je ne veux pas être identifié à une région en particulier, je ne suis pas juste un peintre québécois, je suis une peintre canadien », mais il nous a fait visiter son atelier, son séchoir. On a pu voir le tableau presque terminé sur son chevalet. Il a fait un petit dessin qu’il a offert à Louise et lui a surtout recommandé de l’oublier, de ne pas l’imiter, « développe ton style ». Généreux de ses conseils, affable, loquace. Charmant.

Et puis, on a couché à ses pieds. Littéralement, puisque nous étions en caravane portée et il nous a permis de stationner en bas de son entrée, pour la nuit.

Par la suite, chaque fois que nous allions à Baie-Saint-Paul, on ne manquait pas d’aller le saluer à sa galerie Art et Style. Souvent, il trônait dans toute sa prestance, il nous reconnaissait, il nous montrait son dernier tableau, il parlait abondamment de la dernière exposition.

Monsieur Côté puissiez-vous mettre un peu de vos couleurs dans le ciel si gris parfois.

(photo que je me suis permis d'emprunter sur son site)

jeudi 1 juillet 2010

Des caresses préliminaires s'il vous plaît

Je déteste écrire sur commande, ça ressemble aux examens de l’école. Les dernières années de l’école normale, quand c’était possible, je composais mes textes la veille. Je les apprenais par cœur et le matin, je régurgitais. Ce fut mes meilleures notes. Finalement, peut-être que j’écris mieux le soir.

En ce qui concerne l’atelier d’écriture professionnelle que je vais suivre du 5 au 9 juillet à l’école d’été de Mont-Laurier, je veux et je ne veux pas. J’ai hâte et j’appréhende. Avec l’expérience, je me suis aperçue que pour bien écrire, je dois lire. Masturbation intellectuelle? Disons plutôt caresses préliminaires. En guise de préparation, de motivation, de « caresses », je lis Le médaillon dérobé de Louise Simard. C’est tout ce que j’ai trouvé hier soir à la bibliothèque de mon village. C'est très bien d'ailleurs, déjà la moitié entamée.

Frustration, Biblio-Outaouais nous refuse les commandes. Jusqu’en septembre et peut-être même jusqu’en janvier. Je ne comprends pas pourquoi. Il y a quelques mois, on nous disait que c’était à cause d’un changement du système, mais hier, je l’ai vu le bel écran tout en couleurs, un système tout neuf, formation incluse, alors?

J’ai beau aimer Louise Simard (Thana Rivière, La guerre des autres), tous ses livres ne se retrouvent pas à ma succursale, elle ne me tiendra pas chaud très longtemps. Je veux Muriel Barbery, Marina Endicott, Arlette Fortin, Hélène Dorion, pour ne nommer que celles-là. Tiens surtout des auteures? Pourquoi pas? Certains lecteurs aiment la science fiction, d’autres des policiers, moi ce sont des livres écrits par des femmes. Je pourrais ajouter Éric Dupont pour faire mentir…

Donc ce billet pour me plaindre de n’avoir rien à me mettre sous la dent pour mieux écrire la semaine prochaine à Mont-Laurier.

(photo empruntée à XYX éditeur)

dimanche 27 juin 2010

De la route des promeneurs


Le plaisir de vivre à la campagne: vus ce matin, 11 heures, ils sortaient du champ de maïs en face de chez nous, et ils se dirigent vers la forêt.  "Maman, ne cours pas si vite!"
(photo Claude Lamarche)

samedi 26 juin 2010

Des revues de décoration

Revues. Lecture de revues, Achat de revues. Les revues d’actualité artistique, les revues de recettes de cuisine, les revues de madame. Non, non et non. Trop de revues, trop de convergence vers TVA-Quebecor.

Parfois, l’auteure-de-nos-stylos se laisse tenter par une revue comme Lettres québécoises, ou Virages dernièrement pour lire des textes d’auteurs qu’elle connaît.

L’artiste-de-nos-pinceaux, bûcheron dans une autre vie, grand amateure de tout ce qui est bois-roche-terre, oui à l’occasion elle achète une revue de décoration ou de plan de maison. En cadeau elle a demandé un abonnement à la Maison du 21e siècle.

Pour avoir des idées pour refaire le tour de sa baignoire, l’artiste s’est laissée tenter par une revue de décoration où il était question de salle de bains. Non seulement elle n’a pas trouvé ce qu’elle cherchait, mais une fois de plus, elle a grincé des dents, elle a émis des holà. Ce n’est pas la première fois et elle sent que ce ne sera pas la dernière. Il en a déjà été question, là>>>

C’est quoi le problème?

La grande question : Où les designers, les journalistes, les éditeurs ont-ils appris qu’on peut inscrire les noms des entreprises qui fournissent rideaux, tringles, draperies, persiennes, tables, chaises, tapis, les noms des recherchistes, des photographes, mais pas le nom des artistes peintres des tableaux qui décorent la pièce illustrée? Déjà qu’on parle rarement des tableaux, des œuvres d’art dans ces fichues revues, encore moins de portraits d’artistes… Déjà que les animatrices des émissions de télévision qui traitent de décoration — et Dieu sait qu’elles augmentent à vue d’œil sur nos écrans, HD ou pas — ne cessent d’appeler un «cadre» tout ce qui s’accroche sur les murs. Un cadre, c’est la bordure qui entoure un tableau, un miroir, une reproduction, pas le tableau lui-même.

Heureusement, il y a Magazin’Art et Parcours, deux revues auxquelles l’artiste-de-nos-pinceaux est abonnée, qu’elle lit avec plaisir, sans jeter les hauts cris.

Achetez-vous des revues? Lesquelles et comment réagissez-vous aux articles?
(photo de la revue Magazin'art empruntée sur leur site)

jeudi 24 juin 2010

Les gens de mon pays, ce sont gens de parole


Aujourd'hui, je laisse la parole à quelqu'un qui sait
beaucoup mieux que moi dire mon pays:

(Photo chez nous)


mercredi 23 juin 2010

Des mots qui n'en finissent pas de vouloir être écrits

Devant tous ces mots qui m’habitent, j’aurais cru que j’aurais plus à écrire. Que mes billets sur ce blogue, débuté en novembre 2008, seraient plus nombreux. Chaque deux jours au moins. Suis-je paresseuse ou n’est-ce parce que rien ne me force à prendre le temps de noter, de réfléchir, et d’organiser ces pensées qui se bousculent de moins en moins dans ma tête?

Je croyais avoir la plume plus bavarde que facile.

Une de mes amies qui me connait tellement bien m’a offert un livre. N’importe quel livre aurait déjà été un très beau cadeau en soi. Elle a choisi celui-là plutôt qu’un autre après avoir lu ceci :

« Rien ne me bouleverse ni ne me démoralise autant que d’entrer dans un bibliothèque, une librairie, et, surtout, un salon du livre. Pourtant, je devrais m’y sentir à l’aise puisque, justement, je me prétends auteur. Mais à la seule vue de ces montagnes de livres en tous genres qui submergent et marginalisent mes quelques livres à moi, il me faut résister à la tentation de tourner les talons et de m’enfuir. Je me demande pourquoi j’ai publié des livres et, surtout, pourquoi je devrais en écrire d’autres, découragé à la pensée que ma voix se perd dans la multitude. »
Elle sait que je n’en aurai jamais fini des mots.

L’auteur : Maurice Henrie
Le titre : Esprit de sel.
L’éditeur : Prise de parole

Je connaissais la maison d’édition ontarienne, mais ni l’auteur et évidemment pas le titre.

L’auteur a rassemblé de courts textes, comme les billets d’un blogue d’ailleurs. Ce qui m’a rappelé — tant qu’à m’identifier à lui — à mon premier livre Je me veux où j’avais réuni toutes sortes de petites pensées, où j'avais écrit: « un chef d'œuvre n'est pas œuvre de chef mais œuvre de temps », ce qui avait tellement impressionné ma mère.

Esprit de sel, un livre identitaire, des bribes de philosophie sur la vie, sur la vie d’écrivain. Des jugements plus assurés que les miens au sens où je pourrais écrire les mêmes phrases que lui, probablement pas avec autant de style, mais les miennes seraient truffées de mais… de peut-être, de en revanche, de par ailleurs. Je nuancerais, je minimiserais. Je personnifierais aussi. Il faut dire que je suis tellement caméléon : j’adopte facilement l’idée de l’autre.

Aux apprentis auteurs, aux jeunes qui commencent à publier de la fantasy, je ne conseille pas cette lecture. À moins que vous soyez fort. Que vous croyez en vous, ce que j’espère, ce qui n’est pas toujours mon cas. Parce que ce Maurice Henrie ne ménage pas les romans. Pourtant, il le fait en toute humilité, sans abaisser quiconque, il ne parle pas des personnes, il parle des livres. C’est seulement son opinion et il a eu besoin de l’écrire parce que, malgré ce qu’il a cru, il n’en a jamais fini avec les mots.

(photo Claude Lamarche)

lundi 21 juin 2010

De la fin des classes

Il fait beau. En vélo, je me rends au bureau de poste de mon village. En route, je vois la cour de l’école. J’entends le babillage joyeux des enfants, visiblement en pique-nique. C’est vrai, l’école achève, c’est le temps des sorties. Certains iront à la ronde à Montréal, d’autres visiteront Upper Canada Village. Selon les argents amassés les dernières semaines, d’autres encore pourront s'initier au camping,

De mon temps d’école, mes journées favorites étaient aussi les dernières de juin. Les premières de septembre aussi quand je retrouvais mes amies (amies au féminin, parce que je n’ai connu les écoles mixtes que très tard après ma douzième année), mais je leur préférais vraiment celles de juin. Pas de sorties, pas de voyages. Plutôt le droit de nous habiller en couleurs, ce qui signifiait permission de ne pas mettre notre costume : jupe grise, blouse blanche ou bleu pâle, veston. C’était jour de grand lavage : découvrir nos livres dont le papier brun tenait parfois à peine sur nos livres usés, vider le contenu de notre pupitre dont le couvercle se relevait, remettre les livres qui ne nous appartenaient pas et serrer les cahiers dans nos sacs qui s’alourdissaient à vue d’œil. Laver les casiers aussi. Mais surtout parler librement, bavarder sans se le faire reprocher, et rire. Je me rappelle même de la musique qui jouait en sourdine. Laver les tableaux une dernière fois, prendre un temps infini pour secouer les brosses pleines de craie.

Était-ce avant ou après la distribution des prix? Ah! cette distribution des prix parfois solennelle devant parents et tous les professeurs de l’école, dans la grande salle. Parfois plus intime, dans la classe, plus troublante aussi parce que la supérieure ne se gênait pas pour nous humilier. Impressionnante par le nombre de prix remis. Je n’ai jamais été dans les premières, dans les dernières non plus. Les prix étaient étalés sur le rebord des trois grandes fenêtres. La pile complètement à droite était haute de douze ou quinze pouces, qu'on enviait toutes en songeant aux livres qu'elle contenait, tandis que la dernière, qui n’était même pas une pile en fait, mais un simple chapelet parfois, était située à l’extrême gauche. Il fallait se rendre en avant de la classe pour recevoir son bulletin et retraverser toute une allée pour  prendre le prix qui nous était réservé. Je regardais par terre, honteuse de ma petite pile, un missel ou, certaines années, deux livres de la Bilbiothèque rose.

Je n’aurais pas dû aimer cette distribution tellement je la trouvais humiliante, les premières souriaient à belles dents, mais les autres ruminaient vengeance, se promettaient de faire mieux l’année suivante. Pourtant, j’aimais cette journée parce que je pouvais rentrer la tête haute chez nous, annoncer à mes parents que je passais et que je monterais en cinquième ou sixième ou au secondaire. Mais plus encore, la distribution des prix signifiait vraiment la fin de l’année scolaire, les vacances pointaient, on avait déjà chaud, promesse de baignades, de jeux. Finis les devoirs, les leçons.

Alors, je souriais aussi. Comme ces enfants ce matin aperçus dans la cour de l’école.

jeudi 17 juin 2010

De l'astrologie

Lisez-vous votre horoscope le matin, dans le journal ou sur Internet ? En décembre, achetez-vous un livre pour savoir ce qui vous attend l’année suivante ? Moi pas. En revanche, depuis toute petite, ça m’intrigue cette histoire d’astres. Le fait d’être née en avril me rendrait presque semblable à tous ceux et celles qui sont nés en ce beau mois printanier? Enfant, on me comparait à ma cousine née cinq jours avant moi, on disait que je fonçais et qu’elle défonçait. J’ai cherché à comprendre et j’ai ainsi appris, grâce à ma mère qui avait eu l’heureuse idée de consigner mon heure de naissance dans un petit livre de bébé, que j’étais ascendant Verseau. Ce qui adoucit un peu mon esprit de chef. Suis plutôt seconde.

Depuis qu’il y a Internet, j’ai pu établir ma carte du ciel. mais je n’ai aucune compétence pour l’interpréter. Pour l’instant, ça m’amuse et je n’ai pas l’intention d’approfondir comme je l’ai fait pour la généalogie. Je dois avouer que ce qui est écrit là >>> me décrit assez bien. Pourtant le texte au sujet d’une Vierge ascendant Sagittaire (signe de l’artiste-de-nos-pinceaux) ne se révèle pas aussi percutant.

Petit aveu : il y a quelques années, j’ai acheté le livre L’ascendant comment l’identifier de Jacqueline Aubry et j’ai pris la peine de repérer, crayon à la main, les faux et les vrais de plusieurs personnes de ma connaissance. Déçue des résultats, j’ai décidé que le livre servirait quand même.

Ce que j’ai fait : je m’en sers pour établir les traits de personnalité de plusieurs personnages de mes romans. Ça vous donne un portrait complet : apparence, comportement, caractère, santé, tendances, amours, travail. Reste ensuite à m’y tenir, ce qui s’avère plus difficile.

dimanche 13 juin 2010

De l'écriture, encore

Pour me reposer, j’ai regardé le film Rocky Nonne 2. J’aime bien Whoopi Golberg. Une scène m’a frappé en plein cœur : quand la religieuse remet le livre de Rainer Maria Rilke en lui disant que dans « Lettre à un jeune poète » (qu'on peut lire là>>>) l’auteur dit que si le matin en te levant, la première pensée qui te vient c’est d’écrire, c’est que tu es un écrivain. La gorge serrée, une larme au coin des yeux, une autre phrase m’est venue : « là où sont tes larmes, là est ton trésor » de Paulo Coelho.

Et de me demander pourquoi les éditeurs ne le savent pas encore que je suis écrivain.

En cherchant presque chaque lien sur Wikipedia, cette encyclopédie libre, je devrais peut-être m’y mettre. Je sais comment modifier les textes, mais je n’ai pas encore pris le temps d’en rédiger.

Pour un écrivain, l'important c'est d'écrire, non?

(image empruntée à Google images)

jeudi 10 juin 2010

Du camping autonome (boondocking)

Ceux et celles qui me suivent depuis un bout de temps ont dû comprendre que je suis une adepte du camping. Disons plutôt de caravaning, c'est-à-dire que je voyage dans un véhicule récréatif et je couche dans des campings. Je pense que dès le début, dans la jeune vingtaine, je sentais que j’aimais ce mode de vie pour voyager. Je n’ai jamais été tenté de devenir saisonnier, c'est-à-dire planter ma caravane à un endroit et y rester deux semaines ou deux mois. Pas de chalet non plus puisque je demeure déjà à la campagne.

Mais si pendant près de trente ans, le camping me permettait surtout de voyager, j’en suis venue à camper aussi pour participer à des symposiums de peinture. C’est alors que j’ai découvert le camping autonome, ce que plusieurs appellent le « boondocking ». C’est coucher gratuitement en quelque part. Sans partir de grand débat, force nous est d’avouer que les propriétaires de camping doivent plaire à plusieurs sortes de clientèles et ils ont beaucoup investi les dernières années. Il reste que les campings ne répondent pas toujours à deux de mes besoins.

1- les dates d’ouverture et de fermeture : de plus en plus de campeurs ont des véhicules récréatifs et peuvent donc camper de la mi-fin avril à la fin octobre, donc six mois. Rares sont les campings qui offrent six mois.

2- Le prix pour une nuitée : supposons que je voyage ou que je veux me rendre dans une ville où je ne serai au camping que de 19 heures à 8 heures le lendemain matin. Je n’utiliserai probablement ni eau, ni toilette, ni piscine, ni jeux d’eau. Peut-être l’électricité et les égouts et encore. 35-40$, c’est un peu dispendieux. Je pourrais payer entre 10 et 20$ pour un stationnement sécuritaire. Mais voilà, ça n’existe pas beaucoup.

C’est en voulant descendre dans le sud des États-Unis et en m’informant que j’ai découvert le camping autonome. On roule toute la journée, on veut coucher près de l’autoroute et pas payer cher. J’ai découvert les Flying J (station-service complète) où les routiers pouvaient bénéficier d’un grand stationnement pour coucher et à l’intérieur restaurant et douches. Les véhicules récréatifs s’y entassent allègrement. Il est aussi permis de coucher dans la plupart des Wal-Mart, des restaurants Cracker-Barrel. Au Canada, nous avons moins d’endroits, alors souvent vous verrez des véhicules récréatifs dans la cour d’une école ou à l'arrière d’une église, sur un quai, dans un centre commercial.
Évidemment, il y a eu de l’abus, certains campeurs font la vidange de leurs eaux usées ou s’installent auvent ouvert, chaises dépliées et bière à la main. Ce qui fait que plusieurs municipalités règlementent et interdisent le stationnement de nuit dans leurs rues. Il y en a même qui interdisent le stationnement le jour, belle façon d’attirer le tourisme, mais bon…

C’est ainsi que si je veux passer trois jours à Mont-Tremblant, marcher, pagayer, pédaler, relaxer, je choisirai un camping, j’y installerai mon Pruneau (ah oui, au fait c’est mon véhicule récréatif, un classe B de 19 pieds, acheté d’occasion et dont je n’aimais pas la couleur jusqu’à ce que je l’appelle affectueusement Pruneau), mais si je veux me rendre à un cours d’écriture, à un symposium de peinture où je passerai mes journées, j’aime bien me contenter d’un terrain plat, un endroit sécuritaire.

Ceux et celles qui appellent encore tout véhicule récréatif un Winnebago ou un Westfalia, peuvent se mettre à jour , en consultant par exemple ce site >>>; où les nouvelles appellations sont bien expliquées.

Des questions?

mercredi 9 juin 2010

De mon été de plume

Les dernières semaines, j’ai surtout vécu dans la sphère des artistes : dépliant de l’artiste-de-nos-pinceaux, pas mal fière du résultat que j’exposerai quand il sera imprimé; activité avec les Créateurs de la Petite-Nation dont j’ai parlé un peu plus tôt cette semaine. Il est temps de penser à mes petites affaires personnelles. La logistique de mon séjour aux Correspondances d’Eastman m’a pris un peu de temps aussi : d'abord, j’ai écrit quatre lettres pour participer au concours de la poste restante (je ne sais pas trop si je peux dire le fil conducteur des quatre lettres) ensuite, choisir les spectacles et cafés littéraires, chercher de l’hébergement et comme je trouve que les campings sont bien chers pour le temps que j’y passerai, Venise m’a trouvé une autre solution et je lui en suis très reconnaissante. Tellement hâte au mois d’août que j’en ai oublié juillet.

En parlant de son atelier au Saguenay, Gen de La Plume et le Poing m’a rappelé que je suis inscrite à l’atelier d’écriture professionnelle à l’école d’été de Mont-Laurier, du 5 au 9 juillet. cours seulement: 350$, j'irai avec mon Pruneau, mais sans camper dans un camping cette fois, seulement en boondocking camping autonome (explications une autre fois). Atelier donné par Bernadette Renaud que je ne connais pas et dont je n’ai rien lu (il faudrait bien que je m’y mette, mais impossible d’emprunter des livres à la bibliothèque avant juillet??!!). Quand j’ai réservé, comme mon manuscrit Les têtes rousses était en instance de gagner un prix, croyais-je, je pensais bien apporter un autre manuscrit en cours pour le travailler, mais c’est plutôt un brouillon d’une quarantaine de pages. Entre temps j’ai appris que je ne gagnais pas le prix, mais je l’ai envoyé à un éditeur dont j’attends la réponse. Ce qui m’a complètement démotivée pour poursuivre l’écriture entreprise l’hiver dernier. Alors, j’hésite, mais je pense bien que c’est Les têtes rousses, qui en est à la quatrième ou cinquième version, que je vais apporter, rien que pour voir si je peux l’amener à cette qualité demandée pour publication. Rien qu’à l’idée de le relire encore… mais bon, comme ça fait plus de dix mois que je ne l’ai pas lu, on ne sait jamais.

Ah! oui, et moi qui ne suis pas très nouvelle, sauf quand on me le demande (deux fois pour des collectifs), j’ai commencé une nouvelle pour la revue Moebius que la blogueuse de La plume volage m’a remise en mémoire.

À croire que les blogues sont devenus ma source de créativité première!

lundi 7 juin 2010

Les Créateurs de la Petite-Nation devant public

Le 5 juin dernier, sous un chapiteau installé à l’auberge de jeunesse de Saint-André-Avellin, c’était une première dans la Petite-Nation. Et une première aussi pour les Créateurs de la Petite-Nation qui, habituellement, demeurent plutôt dans leur atelier respectif.

Pendant 90 minutes, sous l’œil attentif de l’animateur qui avait soigneusement préparé la musique d’ambiance et qui s’est même permis de danser sous la pluie, au rythme de « Singin in the rain », onze des Créateurs de la Petite-Nation (Michelle Lemire, Louise Falstrault, Denise Harvey-Desroches, Guy Morest, Valérie Dugré, Catherine Boisvert, Koen de Winter, Lise Poirier, Johanne Larouche, Jean-Marc Gladu et Noëlla Lévesque) furent divisés en trois équipes et chacune d’elle a peint un tableau 36 pouces sur 36 pouces devant un public très intéressé.

Malgré quelques averses qui n'ont pas vraiment dérangé les artistes, la bonne humeur régnait. Les trois tableaux ont été vendus aux enchères. Les Créateurs ont tellement aimé l’expérience qu’ils ont bien l’intention de récidiver l’an prochain. Le douzième créateur nommé pour l’occasion animateur-encanteur, Özgen Eryasa, a conclu l’après-midi en invitant tout le monde à rendre visite aux artistes dans leur atelier respectif.

Album d'une soixantaine de photos de l'événement sur le site des Créateurs>>>

(Le chapiteau avant que les visiteurs arrivent, photo de Claude Lamarche)

lundi 31 mai 2010

De l'envoi d'une lettre d'information

D’emblée, je vous dis que j’appelle lettre d’information ou bulletin ce que plusieurs continuent d’appeler Newsletter. Je ne serai jamais aussi bonne que Line Gingras dont j’ai retrouvé le blogue avec plaisir, mais je ferai toujours mon possible pour garder des mots français tant qu’ils veulent dire ce qu’ils veulent dire.

Bon, ce n’est pas mon propos ce matin. Comme je cherche depuis bien longtemps comment réaliser une lettre d’information et pouvoir l’envoyer par courriel, je me suis encore mise à la tâche hier, une bonne partie de la journée. Je ne suis pas une webmaître professionnelle, aussi je prends souvent des détours, des trucs pour me faciliter la vie.

Depuis plusieurs années, je montais des invitations dans Corel Draw, je les exportais en JPG et une fois dans mon logiciel de messagerie (Outlook pendant des années et maintenant Windows Live Mail), j’insèrais mon invitation comme image, je la centre, j’ajoute mon message, en dessous, un lien vers le site internet. C’est déjà pas mal, mais ça ne me suffisait plus, je ne pouvais insérer de liens dans mon image et pire encore, les adeptes d’Hotmail, Gmail ne pouvaient pas vraiment voir l’image en ouvrant leur courriel.

Et puis ce matin, j’ai compris qu’un simple traitement de texte suffit. Je l’ai testé avec Word, mais je crois bien que Wordperfect, Works et Open office devraient faire l’affaire aussi, à moins que ce soit des antiquités avant l’ère du html.

Vous ouvrez votre traitement de texte, vous bâtissez votre lettre centrée (je suggère une largeur maximale de 5 pouces, longueur à votre goût) : Titres, texte, photos, liens, dessins, cadres, bordures. Vous n’avez aucune idée de la composition, de l’harmonie des couleurs? Trouvez-vous un modèle gratuit (exemple là>>>;) téléchargez-le dans un répertoire et ouvrez-le avec votre logiciel de traitement de texte. Eh oui, Word a très bien ouvert le modèle que j’avais téléchargé!



La différence avec un texte normal que vous enverriez sans doute en pièce jointe, c’est que vous enregistrez comme une page web (indiquée par la flèche rouge), donc ça vous donnera une page HTML. Non, non, je partez pas en peur, pas besoin de connaître le langage html, juste de retrouver votre fichier! Vous pouvez ensuite l’ouvrir dans votre navigateur en cliquant dessus et vous l’envoyez comme page de courrier électronique (Fichier/envoyer/page électronique) C’est tout. Et le receveur qu’il soit avec Hotmail, Gmail, Outlook, Windows Live mail, en ouvrant son courriel, il verra une belle lettre en couleurs, avec toutes les photos et surtout tous les liens qui fonctionnent sans que vous ayez eu besoin d’en ajouter dans votre courriel.
CQFD.

Il reste à vous faire une liste d'envoi. Si vous désirez, je peux vous en envoyer une par courriel!


vendredi 28 mai 2010

Du plaisir de s'attarder dans une librairie

Un de mes plus grands plaisirs sinon, le premier sur la liste des moments présents agréables à vivre, c’est d’entrer dans une librairie et de m’y attarder. Un plaisir qui se vit seul. Je ne veux pas être ailleurs, je ne pense plus à ce que j’ai vécu avant ou ce qui m’attend après. Je suis là, tout entière, je n’entends plus rien, ne me parlez pas, je ne vois personne.

Et comme la librairie la plus proche — une vraie, pas une étagère de quelques livres ou revues dans une pharmacie ou un dépanneur —, est à une heure de chez moi, je n’en visite pas souvent. Quoique la librairie de livres d’occasion de Chénéville peut s’avérer un substitut, mais si je peux me permettre ce serait comme faire l’amour sans orgasme (je rougis rien que de l’écrire mais c’est vraiment la première image qui m’est venue puisque je suis dans l’ordre des plaisirs).

Je ne savais pas que j’irais en visiter une hier, donc pas d’anticipation. J’étais à Gatineau, secteur Buckingham et j’ai pensé à cette cartouche d’encre cyan dont j’avais besoin et comme je vais dans cette ville surtout pour l’hôpital et le Maxi, je ne connais pas vraiment les autres magasins. Et puis je me suis souvenue de la librairie-papeterie Rose-Marie.

En ouvrant la porte, j’ai su. Je l’ai senti. Je devais jeter un coup d'oeil et m'attarder, me faire plaisir. J’ai regardé l’heure : de combien de temps disposais-je? Au diable le reste. Rapidement j’ai acheté la cartouche d’encre pour l’avoir dans un sac qui se tient mieux et me laisse les mains libres pour feuilleter les livres.

D’abord regarder l’ensemble, puis faire le tour des nouveautés. Remarquer Merveilleusement givrée de Audry Parily, son tome 2, où est le tome 1? En lire quelques lignes, c’est vrai que ça l’air bien : phrases courtes, ça sent la jeunesse, 25$. Ne rien choisir pour l’instant, juste faire le tour. Tellement d’auteurs que je ne connais pas, d’autres que je reconnais, ceux qu’on retrouve partout, qui ont droit à un présentoir pour eux seuls : Michel David, Louise Tremblay D’essiambre. Par habitude, je cherche mon nom, sachant fort bien que mes livres ne s’y trouvent plus depuis bien longtemps.

Et puis me vient l’idée de chercher ces revues qu’on ne trouve qu’en librairie, ces revues qui publient des nouvelles et qui m’intéressent depuis que je connais des auteurs qui y publient, depuis aussi qu’il en est question dans les blogues que je suis. À la suite d’un atelier littéraire en Outaouais, je connaissais Brèves littéraires, mais je trouvais rarement XYZ et Moebius et là je vois Virages. Quatrième de couverture, je reconnais les noms de Loïse Lavallée et de Lysette Brochu. Et qui vois-je: Isabelle Lauzon! Oui, c’est vrai, elle a parlé de sa nouvelle publiée (croyant alors que c'était la dernière). Je feuillette, je lis le sommaire, le titre des nouvelles. Pas folle du graphisme et de la présentation mais j’aime bien le prix 7$, je prends.

Excitée comme si c’était mon premier cadeau de Noël, je reviens sur terre, je consulte ma montre, je dois y aller, ce n’était qu’une petite vite! On m’attend.

Eh que j’aime ça me faire plaisir!

mercredi 26 mai 2010

De la voix bavarde

Dans un billet de Venise, j’ai dit que j’allais la rencontrer cet été aux Correspondances d’Eastman. Elle a rétorqué « Oui, tu vas entendre ma voix ». Petit choc. Pourquoi avoir insisté sur la voix? Il est vrai qu’on s’est déjà vues en photos, le visage en tout cas. Que les autres découvrent mes rides, la couleur teinte et la longueur de mes cheveux, ma grandeur et ma grosseur, ça ne me gêne pas, je n’ai pas honte de mon physique, j’assume. Mais ma voix! C’est vrai, elle va entendre ma voix!

Je m’exprime mieux par écrit. J’écoute mieux aussi par écrit. Ma voix, elle parle fort et, si j’ai le malheur d’être une peu nerveuse — et qui ne l’est pas lors d’une première rencontre— elle parle vite et beaucoup. Très verbo-motrice. Elle ne laisse pas beaucoup de place à l’autre. Elle bégaie même un peu.

Je ne l’aime pas quand je l’entends sur le répondeur ou sur une enregistreuse. Ce n’est pas moi cette gorge grave, cette diction pâteuse, ce ton sec. Par écrit, je sais être tendre, avenante, je peux effacer, me reprendre, me taire.

Pourtant j’ai joué sur scène, j’ai été professeur justement parce que j’avais une voix qui porte, une voix qu’on entend de loin. J’ai même donné une conférence et personne ne s’est plaint. Est-ce que j’écris trop et ne parle plus assez pour craindre que ma voix ne me trahisse? Trahir quoi? Bof! Ma petite voix intérieure, elle, saura bien se faire un chemin.

Aimez-vous votre voix?

samedi 22 mai 2010

De la technologie

Personne ne me l’avait dit. On chantait plutôt sur tous les toits que c’était beau et bien et grand et clair, que c’était bien mieux. On m’avait bien conseillé aussi : pas de plasma si tu as le coucher de soleil dans ton salon et pas avant 42 pouces. Au magasin près de chez moi — pas question d’acheter dans la grande ville située à plus d’une heure, ça fait loin pour retourner quand ça fait défaut —, j’ai regardé, comparé, posé des questions. François Charron, dans une de ses chroniques, avait conseillé de regarder les noirs, d’écouter sans le son et plusieurs autres astuces pour bien choisir.

Quelle ne fut quand même ma surprise et ma déception de voir qu’il n’y avait que six postes francophones en HD. Ça fait quoi… un bon quatre cinq ans que les téléviseurs sont rectangulaires, qu’on nous vend le HD à grands coups de publicité, qu’on se sent quasiment octogénaire si on ne change pas notre téléviseur, et pas plus de postes HD que ça! Radio-Canada oui, mais Radio-Canada Montréal seulement. Et même si tu regardes disons Séries+HD, tu risques fort de tomber sur des émissions et des commanditaires «ordinaires». Le pire ce n’est pas seulement la qualité de l’image qui change, c’est la surface de l’image. J’achète un 40 pouces pour voir 40 pouces. Eh bien quand ce n’est pas HD, pouf ça redescend à 31 pouces! J’avais un 27 pouces, je n’ai pas changé de téléviseur pour avoir quatre pouces de plus!!! Alors en plus du cadre noir glacé de la télé, vous avez un bon gros 4 pouces noir tout le tour de l'image. Bon, il y a un zoom (qualité différente quand on agrandit), mais je ne vais pas jouer au yoyo à chaque émission.

C’est ça que personne ne m’avait dit.
Je l’ai acheté pareil.

Une fois bien installé, tous les fils branchés (pas question de virer folle comme la dernière fois où je suis allée porter mon vieux Panasonic et qu’au retour, je ne savais plus quel fil allait dans fil trou, malgré la numérotation et le petit schéma soigneusement préparé), les ah! et les oh » ont fusés. Sur le HDFrame surtout (268 sur Shaw) qui diffuse de si belles photos.

À part ça, ça ne va pas du tout dans un salon, pas le mien en tout cas. Un salon que j’ai rénové il y a deux ans, tout plein d’atmosphère pour qu’on puisse jaser, se détendre, le genre sofas face à face pour convivialité et secrets d’alcôve avec les visiteurs-familles-amis. Eh bien c’est fini, ce gros machin noir, éteint ou allumé, ne va pas du tout dans le décor. Je ne vois que lui. Les tableaux de l’artiste ou de nos amis artistes (ben oui, les artistes s’échangent des tableaux entre elles-eux) se perdent dans l’ensemble. Les couleurs harmonieuses jurent avec ce cadre noir et glacé.

Personne ne me l’avait dit, ça non plus.

Mais les images… en HD… sont bien belles! Ça on me l'avait répété à satiété.

vendredi 21 mai 2010

Entre la souris et le stylo, mon coeur balance

La souris travaille plus fort que le stylo ces jours-ci. Comprendre que la graphiste est plus active que l’auteure. Étant donné une activité prochaine des Créateurs de la Petite-Nation, dont elle s’occupe, graphiquement parlant, elle s’est remise au travail alors qu’elle croyait être en vacances après la sortie du dépliant et la mise à jour du site.

Eh bien non, elle a passé la journée d’hier à poser des questions, à chercher des conseils et finalement elle a réussi à monter une page Facebook aux dits Créateurs, de façon à n’être pas l’administrateur. À l’être au départ mais si quelqu’un veut prendre la relève (j’ai même pensé si je meurs; suis-je rendue comme mon grand-père qui a dit pendant vingt ans que c’était son dernier Noël, franchement!), j'ai donc suivi les conseils de ce blogue. Et bingo, avec permission des artistes et artisans, la page fut créée, non sans fébrililté, parce qu'un faux pas et on ne peut revenir en arrière. D'ailleurs il reste le mot "musicien" qui a surgi de nulle part et que je n'arrive pas à retrouver pour le supprimer, mais bon... le pire est fait.

Retour à une vieille habitude de parler, par assocation d'idées, de deux choses à la fois. J’annonce donc une activité de ces mêmes Créateurs de la Petite-Nation : Les Créateurs en direct. Le samedi 5 juin, de 15 heures à 17 heures, à l’auberge de jeunesse de Saint-André-Avellin, journalistes et public sont invités à voir douze artistes et artisans peindre trois tableaux devant public. Au lieu de faire une conférence de presse banale pour faire la promotion de leur prochaine saison, les Créateurs ont trouvé cette façon festive de se présenter. Un chapiteau sera érigé, animation, musique, mini-exposition et rencontre avec les artistes.

L’information est également sur leur site et depuis hier sur leur page Facebook.

La graphiste peut-elle retourner à ses stylos? C’est qu’elle a des lettres à écrire pour les Correspondances d’Eastman!

mercredi 19 mai 2010

De la bicyclette

À huit ans, mon frère m’a permis d’utiliser sa bicyclette qui n’avait plus les deux petites roues pour l’aider à garder l’équilibre. Il m’a poussé, le pneu avant a percuté le trottoir, je suis tombée, je me suis écorché le genou, j’ai pleuré, je n’ai rien dit à mes parents, je suis remontée et j’ai appris toute seule. L’été suivant, j’ai eu ma première bicyclette de fille. J’étais libre, je pouvais aller plus loin, plus vite.

À 18 ans, je faisais fabriquer le premier vélo dix vitesses, de fille. À Montréal chez un marchand italien. Je l’ai rapporté chez moi à Ville Saint-Laurent, j’apprenais à connaître les dangereuses rues de la ville. J’ai longé les routes vers Sorel, vers Saint-Jérôme, vers l’Outaouais. À 19 ans, lors d’une grève des autobus, j’ai préféré le vélo au pouce. Une heure pour me rendre à l’école normale. Mon épaule est entrée directement dans une portière ouverte, j’ai saigné, j’ai ravalé et j’ai appelé mes parents pour qu’ils viennent me chercher. Le lendemain, je remontais et retournais à l’école.

À 20 ans, j’ai traversé l’Irlande et le pays de Galles en vélo. Des vallées et des montagnes, des villages et des champs. Sans le moindre accroc sinon quelques broches à remplacer sur les roues et quelques égratignures aux mollets.

À 38 ans, une collègue professeure se promenait en fin d’après-midi, sur un accotement en gravier, son vélo a fait une embardée, elle est tombée, sa tête a heurté une roche. Quelques heures plus tard, elle fut débranchée. Je n’ai jamais oublié. De ce jour, j’ai toujours porté mon casque, j’ai toujours regardé les accotements avec crainte et nervosité. Encore aujourd’hui, j’hésite à me promener en dehors des pistes cyclables si rares.

Saura-t-on jamais les raisons qui font qu’une personne vit et l’autre meurt? Tout n’est pas inscrit dans la prudence ou la chance. Tout n’est peut-être pas inscrit nulle part.

Chose certaine s’il y a pétition pour paver les accotements de toute la province et même de toute l’Amérique, montrez-la-moi, je la signe tout de suite.

lundi 17 mai 2010

De la peur des douanes

Que ressentez-vous quand on vous parle de douanes? De la peur, de la crainte, de l’indifférence, de l’agressivité, de la répulsion. Tout de suite vous avez envie de raconter vos expériences?

Différenciez-vous les douanes canadiennes, américaines, européennes? Celles où on passe en auto et en avion : une différence dans votre ressenti?

Personnellement, j’appréhende chaque fois le moment d’y passer. Surtout quand je voyage en auto ou véhicule récréatif, c’est-à-dire entre le Canada et les États-Unis. Sûrement cette peur toute enfantine de l’autorité : peur d’être prise en défaut, de cafouiller en plus d’être fouillée.

En ce qui me concerne, le passage des douanes quand je prends l’avion est bien différent de celui quand je suis à bord d’un véhicule. Que ce soit à l’aller ou au retour, je trouve très long cette attente en ligne, dans les aéroports, mais peut-être est-ce le fait que je sois dans une foule ou que le tout se passe sans trop de questions, je n’ai pas du tout la même appréhension que le passage en voiture aux douanes canadiennes lors de mes retours de voyage aux États-Unis. Pourtant il ne m’est pas arrivé tant d’histoires d’horreur que ça, mais chaque fois, les mêmes symptômes : je sue, j’ai mal au ventre, j’ai chaud, j’ai froid, je suis énervée.

Une bonne demi-heure avant d’arriver aux douanes, je commence à réviser et visualiser la scène : ce que je vais déclarer, combien j’ai dépensé, ce que j’ai dans mon VR. Où sont les passeports donc, je demande à ma copilote de les sortir, ce qu’elle ne fait jamais assez vite à mon goût. Et les enregistrements parce que vaut mieux les montrer que d’obliger le douanier à sortir de sa guérite pour aller voir le numéro de la plaque trop dissimulée derrière les vélos. Y aurait-il une longue file? Nous fouilleront-ils? Pourrais-je parler en français : en une bonne douzaine de passages à Ivy Lea, en Ontario, où pourtant il est écrit « Service bilingue », je ne suis tombée qu’une seule fois sur un francophone. Une autre fois, le douanier trouvait notre anglais pitoyable et on s’échangeait des « qu’est-ce qu’il a dit? » qui l’ont visiblement mis de mauvaise humeur parce qu’il nous a fait signe de nous tasser et d’aller à l’intérieur.

Ce qui m’est déjà arrivé :

- me faire enlever de la sauce à spaghetti parce qu’il y avait du bœuf haché à l’intérieur;

- me faire enlever des raisins et des tranches de steak, demander si je peux les prendre à mon retour, le monsieur n’a pas ri du tout;

- j’ai déjà jeté un citron à Magog alors que c’était de nouveau permis;

- acheter des oranges au Texas, aller au Mexique, revenir au Texas et me faire enlever les dites oranges pourtant américaines;

- acheter une bouteille de Tequila au Mexique et payer de la taxe aux douanes américaines alors que j’étais plutôt prête à en payer au Canada, ce qui ne fut pas le cas;

- me faire ouvrir la valise et tout sortir et ouvrir : sacs de couchage, sacs à dos, sac de linge sale et être laissée en plan, arrange-toi pour tout ré-emballer;

- qu’on me demande les factures des campings où j’ai couché. Heureusement je les avais gardées;

- entrer en Ontario un 24 juin et être agréablement reçue par un francophone qui me souhaitait bonne fête nationale;

- attendre 30 minutes que le douanier vérifie que je suis bien celle que je dis être parce que sur mon billet d’avion c’est coché « Monsieur » alors que visiblement je suis « Madame » autant sur ma photo de passeport (cheveux tressés) qu’en personne (cheveux courts récemment coupés);

- me faire demander si j’avais effectué des réparations mécaniques sur mon véhicule

- essayer de comprendre ce que le douanier autrichien veut nous dire alors qu’on a passé quatre autres douanes suisses, allemandes, belges, sans problème. On a fini par comprendre qu’il fallait avoir une étiquette F (pour France) sur notre automobile louée. Achat de la dite étiquette qu’on s’est fait remboursée à Paris qui ne en avait rien dit;

- se faire laver le dessous de notre camionnette à grands coups de lance-jet-d’eau, genre boyaux de pompiers avant de sortir de Terre-Neuve. Une affaire de prévention contre les maladies de la pomme de terre si je me souviens bien. Épisode plutôt comique que stressant, d’autant que je demeure dans une municipalité reconnue pour la culture de la chose!

Somme toute rien de bien grave, mais chaque fois tout de même cette peur de l’autorité comme si j’avais six ans devant un père que je sais pouvoir être abusif. Sachant pourtant qu'ils ne le sont pas tous, mais que certains entachent la réputation de tous les autres.

samedi 15 mai 2010

De la photo au récit


Ce n'est pas tout de partir, de vivre le voyage, j'aime bien au retour le raconter.
En photos et en narration. En fait de narration c'est plutôt un résumé: départ, villes visitées, routes empruntées, commentaires, ce que j'ai aimé, où j'ai couché, combien ça a coûté.

Alors, voici donc mon escapade dans les couleurs printanières d'un peu du New-Hampshire et de beaucoup du Maine. Une fois sur le site, il n'est pas défendu de s'attarder aux autres lieux visités.

(Cliquez sur l'image pour atteindre le site)

jeudi 13 mai 2010

De retour du Maine


De retour de dix jours dans le Maine.

Une des premières impressions: il fait sombre, même l’écran de mon ordinateur n’est pas clair. C’est sûrement le fait d’avoir vécu au grand air, dehors, les onze derniers jours.

Me sens déjà enfermée.

Deuxième impression : c’est plus vert chez nous, le gazon, les feuilles.La nature plus joufflue.

Troisième réaction : je poursuis mes vacances encore au moins cinq jours, au sens où je ne réponds pas au téléphone ni aux courriels. Ne suis pas là pour personne. Rien que ma vie à moi, pas celle des autres. Pas les batailles des autres. Ni d'engagement. Continuer à me faire plaisir même si je suis de retour à la maison. Je prolongerai l’effet du bon homard et de l’aiglefin d'un pouce d'épaisseur, des vagues turbulentes vues au Maine, des oies blanches observées à Québec en racontant mon voyage. Trier les photos les redimensionner, les envoyer au site de Camping au Québec. Sortir mon carnet de bord et transcrire dans mon site de voyages.

Le corps ici, la tête et le coeur là-bas.

(photo vagues, jour de vent à Kennebunkport)