mercredi 23 février 2011

Auteur de l'Outaouais: Nicole Balvay-Haillot

Nicole Balvay-Haillot. La première fois que je l’ai vue, je savais qu’elle était, à ce moment-là, présidente de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais. Déjà elle avait toute mon admiration. Je me doutais bien qu’avec un nom pareil, elle devait être Française et comme j’ai une opinion favorable des Français en partant, j’avais hâte de la rencontrer. Je crois me souvenir qu’elle avait mis un bras sur mon épaule, ce geste familier me mit à l’aise tout de suite. Par la suite, j’ai eu l’occasion de l’entendre discourir, j’ai suivi des ateliers d’écriture en sa compagnie, j’ai lu ses textes. Et j’ai pleuré quand elle décrivait la relation avec sa mère. Il ne m’en fallut pas plus pour l’aimer et donc aimer ses écrits.

1- Quel genre de livres écrivez-vous?
Des récits, des romans, des nouvelles

2- Quand avez-vous démarré votre carrière d’écrivain?
En 1982, avec des chroniques pour le magazine Vidéo-Presse. Mon premier texte en solo fut Dérive, publié en 1993.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon ordinateur dans ma salle de travail.

4- Quel est votre rituel?
Le matin, dans mon lit, j’écris au stylo. Depuis peu, il m’arrive aussi d’y écrire directement à l’ordinateur, grâce à mon portable. J’aime être dans le silence total.
Il peut m’arriver d’écrire toute la journée, jusqu’à ce que les yeux me sortent de la tête. J’écris dans l’urgence.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court?
Un auteur tout court, ce qui ne change rien à mon attachement pour l’Outaouais. Mon imaginaire se situe dans un ailleurs difficile à définir, surtout au pays de mon enfance.

6- Chez quel (s) éditeur (s) sont publiés vos livres?
Remue-Ménage, Vents d’Ouest, Vermillon

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition?
À chaque fois, c’est une peine de coeur et une blessure pour l’ego !
Publier en auto-édition, non. J’ai besoin du regard critique d’un éditeur. Cela m’aide à raffiner. La diffusion pose problème et je ne suis pas encore assez portée sur les réseaux sociaux ou le numérique pour prédire l’avenir, mais l’avenir est peut-être là.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire?
Bien sûr.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier?
Bien sûr

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre?
Et que répondez-vous à cette question?
Je n’aime pas qu’on me la pose, mais j’aime y répondre ! « Quand vous écrivez au je, c’est vous? » Une fois, à propos de l’Enfant du Mékong, écrit au je, un monsieur me dit : « Alors, comme ça, vous avez été danseuse? » « Non, monsieur, mais je me suis cassé la jambe et j’ai beaucoup souffert, comme Julie… » Pauvre monsieur, il ne savait plus quoi dire. Pour Fenêtre sur vie, les gens ne savent pas trop. Impossible pour eux de distinguer le récit de la nouvelle. Alors, j’adore mystifier l’importun ou l’importune ! Il doit répondre tout seul à sa question.

(photo empruntée au site de l'Aaao)
Billet reproduit chez Voir.ca de Gatineau

mardi 22 février 2011

Auteur de l'Outaouais: Guy Jean

Dans un récent billet, j'avais écrit que j'enverrais quelques questions à des auteurs de l'Outaouais. J'avais pensé me servir de leurs réponses pour écrire un texte comme on écrit une chronique, mais comme le Salon du livre de l'Outaouais se tient du 24 au 27 février, je préfère y aller rapidement, profiter de l'occasion et donc reproduire leurs réponses.

Je ne lis pas beaucoup de poésie, mais il m'est arrivé de lire celle de Guy Jean parce que le monsieur est très sympatique, d'un calme qui... me calme, et un auteur qui ouvre un petit calepin de molesquine, moi ça m'attendrit.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
Poésie

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
J’ai commençé à écrire de la poésie à l’âge de 25 ans, puis j’ai écrit sporadiquement selon les disponibilités que me laissaient le travail et la famille. Depuis 1996, je fais de l’écriture mon activité première.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon pupître

4- Quel est votre rituel ?
J’ai surtout une discipline : mes avant-midis sont consacrés à l’écriture ou à la recherche relativement à mes projets d’écriture. J’écris d’abord à la main : journal, notes, ébauches. Puis lorsque j’ai un texte qui se tient, je l’informatise de façon à pouvoir le travailler et le laisser mûrir jusqu’à satisfaction – parfois sur une période de quelques années.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Oui, je suis un auteur de l’Outaouais et aussi de l’Acadie en raison de mes premières écritures mais mon écriture ne s’y limite pas.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Un premier aux éditions Asticou, cinq aux Écrits des Hautes-Terres, et les trois derniers (dont tout récemment une traduction et un livre d’artiste) aux éditions d’art Le Sabord.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
J’ai essuyé un refus pour mon premier livre à la maison d’édition que j’avais choisie. J’ai ensuite approché les éditions Asticou avec succès.
Auto-édition : non.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Oui.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
Oui.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ? Et que répondez-vous à cette question ?
L’inspiration ? (toute question à ce sujet)
L’écriture est d’abord une discipline, un travail-jeu avec les mots et ce que nous voulons saisir (sentir, comprendre, etc) et exprimer. Et parfois, dans le cadre de ce travail-jeu, survient un moment de grâce, un cadeau : une écriture qui dépasse, qui surprend, qui nous mène ailleurs, c’est cela l’inspiration.

Pour renseignements sur mon oeuvre et photos, voir :

(photo empruntée au site des Écrits Hautes-Terres)

lundi 21 février 2011

Des auteurs de l'Outaouais

Le Salon du livre de l’Outaouais commence ce jeudi 24 février 2011. Je m’y rendrai en tant que visiteuse, en tant que lectrice. Un salon à ma mesure, me semble-t-il. Peut-être parce que c'est dans ma région, parce que je connais plusieurs auteurs, quelques animateurs de radio et les noms des panélistes ne me sont pas trop inconnus.

Je ne me sens pas la petite souris dans un pays de géants. Êtes-vous capable de me nommer un auteur de l’Outaouais? Un auteur que vous savez originaire ou vivant en Outaouais? Je dois avoir un petit côté communisme : tout le monde est égal, tout le monde a la même valeur. Alors je ne me sens pas jalouse des autres auteurs, je suis comme eux, je vaux autant qu’eux. Je n’ai donc pas à combattre des sentiments de jalousie, d’envie, d’infériorité. Parce que mon problème bien souvent c’est de rêver d’être…

Prolifique comme Balzac
Reconnue comme Michel Tremblay
À l’aise devant public comme Francine Ruel

Ou...
Écrire sur le bord de la mer comme Marie Laberge
Laisser des traces comme Simone de Beauvoir
Être publiée à 50,000 exemplaires comme Élisabeth Tremblay
Avoir encore la naïveté d’un jeune auteur et ne pas être déçue par tous les éditeurs

Voilà pourquoi, en Outaouais, je me sens égale à ces auteurs :
Claude Bolduc
Raymond Ouimet
Nicole Balvay Haillot
Lysette Brochu
Andree Poulin
Michèle Bourgon
Loïse Lavallée
Jacques Michaud
Christian Quesnel
Jean-Guy Paquin

et quelques autres qui font également partie de l'Association des auteurs et auteures de l'Outaouais.

Non pas que j’écrive aussi bien ou que je publie aussi souvent, mais simplement parce que je me sens à l’aise de parler avec eux, d’égale à égale, parce que je peux être moi-même.

D’ailleurs, j’ai l’intention de parler de ces auteurs, bientôt dans mon blogue.

(Illustration provenant du site du SLO)

mercredi 16 février 2011

L'hiver m'a gelé le cerveau

Hier, un courriel se glisse parmi deux pourriels et deux autres courriels qui sont des fichiers pour une brochure que je monte. Dans une liste de courriels, rien ne différencie les importants, les intéressants de ceux qui iront à la poubelle sans autre regard.

L’objet « révision finale » ne me dit rien à première vue, le nom de l’envoyeur ne trouve pas mes neurones d’intelligence ou de mémoire très rapidement. Faut dire qu’il ne m’écrit pas tous les jours. Le temps de glisser les courriels importants vers mon dossier « à garder », le temps de supprimer les pourriels indésirables, mon esprit se réveille enfin : c’est le directeur littéraire de Vents d’Ouest où sera publié mon roman. Où ai-je la tête? Il m’envoie les corrections effectuées par la réviseure.

Ah! Allons, réveille, allume, c’est ton roman, pas celui de la voisine!

Contrairement à Dominic Bellavance, je me contente de deux étapes. J’imprime le courriel sans le lire à l’écran. Neuf observations qui tiennent en une seule page. Soulagement. Ça veut dire que tout le reste est bien? L’éditeur ne me renvoie pas les corrections de la réviseure? Comment m’améliorer alors? Je veux connaître mes fautes, même si ce ne sont que des coquilles, des inversions de lettre. Pas d’anglicismes? Pas de participes passés mal accordés? Ça ne se peut pas.

Les neuf observations ne me font pas dire de gros mots, ne me choquent pas. Ce sont de judicieuses observations, du genre : je parle de trois enfants à une page et de quatre quelques pages plus loin, il est question de sa chambre qui est au rez-de-chaussée alors qu’elle monte se coucher au premier, une répétition oubliée, et une liasse d’argent récupérée alors que le monsieur ne reçoit aucun salaire pour son travail. Elle a l’œil la linguiste, bravo! Un métier que je ne pourrais pas faire si je ne suis pas foutue d'avoir vu ce genre d'erreurs.

Je ne peux pas dire que ça se règle en deux minutes, ça me prend plutôt deux heures. Il faut que je cherche la page, que je trouve la ligne, que je vérifie, que je relise, que je réfléchisse comment je vais régler le problème, puis pour trouver la page suivante, je ne dois pas corriger sur mon manuscrit, donc corrige, copie et colle dans un nouveau dossier, sans changer l’original.

Deux heures plus tard, j’envoie les corrections (pas le nouveau manuscrit eh non, seulement les corrections, c’est le monteur qui va transférer les modifications, bizarre!)

C’est tout. Suis-je contente? Ai-je un cœur? Il me semble qu’il ne bat pas plus vite. Vraiment, en comparaison avec Lucille ou Sylvie, je suis de marbre.

On dirait que c’est le livre de quelqu’un d’autre. Quand réaliserai-je? Impression de passer à côté de ma vie d’auteure. Comme si ce n’était pas plus important que le souper que je vais préparer. Comme si ça ne m’intéressait pas. Un travail à faire, rien de plus! L’hiver m’a gelé le cerveau, je pense.

samedi 12 février 2011

De la difficulté de résumer un roman

Depuis que la blogueuse de La plume et le poing a parlé du résumé en trente secondes et résumé version deux minutes de son roman, je n'arrête pas de faire des phrases. En essuyant la vaisselle, j’ai commencé à penser à ce que je dirais si on me demande: "De quoi parle ton roman Les têtes rousses?" Au bout de trente secondes, je n’avais résumé que les cinquante premières pages. Et plus j’y pensais, plus je recommençais, plus je m’emberlificotais dans les chiffres : en quelle année ça s’est passé, quel âge avaient mes personnages, combien de temps durait la traversée. On s’en fout, et après qu’est-ce qui arrive?

Ma co-blogueuse arrive (pas pour essuyer la vaisselle, non, elle, c’est le balayage!) et, montre en main, me résume mon manuscrit (qu’elle a lu bien sûr). Sauf que ça ne dit rien, ça ne donne pas le goût au lecteur de le lire, ça ne le « vend pas ». Parce qu’en plus de résumer, faut donner envie au lecteur de l’acheter.

Je recommence. Sans vaisselle, sans montre.

C’est l’histoire de Bridget Bushell, une Irlandaise chassée de son pays lors de la famine de 1847. Elle, son frère et sa sœur traversent l’Atlantique, côtoient des malades du typhus, jettent des morts par-dessus bord et passent plus de quarante jours à Grosse-Île. Une fois à Montréal, ils habitent le quartier des tanneries, trouvent leurs premiers emplois…
Non, mais c’est platte en tipépère. D’autant que c’est plus que ça. Ils vivent des rejets, des deuils, ils deviennent amoureux. Le conflit, la quête, est-ce qu’on en parle dans un résumé? J’aurais tellement aimé que le directeur littéraire rédige la quatrième couverture, mais il a accepté tel quel le texte que je lui ai soumis. Même à ça, une quatrième couverture écrite n’est pas nécessairement un bon résumé oral, au mieux ça fait leçon apprise par cœur.
Je recommence.

Chassés de l’Irlande lors de la famine de 1847, Bridget Bushell, son frère et sa sœur traversent l'Atlantique. Avant d'arriver à Saint-Henri des Tanneries, à Montréal, ils affrontent le typhus, ils attendent à Grosse-Île.

Très catholique et assez rigide, Bridget connaît des amours difficiles. Denis Lynch est trop jeune pour elle, mais il finit par l'épouser. Ils auront cinq enfants, mais Denis meurt tragiquement, Bridget élève ses enfants toute seule.

Une histoire inspirée de mes ancêtres irlandais, ce sont les vrais noms, les vraies dates, mais tout le reste est inventé. À partir de quelques lignes que ma grand-tante a écrites dans un cahier de généalogie, j'ai essayé d'imaginer ce qu'avait pu être la vie de cette Bridget Bushell et de son mari Denis Lynch.
Je devrais peut-être me contenter du dernier paragraphe. Je sais bien que je ne dirais pas ça de cette façon. Rien que pour l’écrire, j’ai effacé, réécrit, j'ai choisi de dire ceci et de taire cela. Comment résumer tout en donnant le goût de lire et en ne dévoilant pas tout? Au fond, c’est l’histoire banale de la vie d’une immigrante, mais comment dire l’abandon, comment dire la difficulté d’être veuve et  mère?

C’est pire que d’écrire le roman, ma foi!
C'est surtout moins long de laver de la vaisselle!

(L'illustration provient de Print Master)

mercredi 9 février 2011

De l'amour des vieux auteurs


Je l’avais commencé parce qu’une amie nous l’avait passé et que j’aime les gros livres. Après avoir beaucoup apprécié le livre que l’auteur, Elisabeth George, avait pris la peine d’écrire sur son métier d’écrivain, je voulais voir si elle appliquait les règles prônées. C’est ainsi que j’aurai pris plus d’un mois pour lire le gros pavé Mémoire infidèle.

Oh! que oui, elle applique les règles prônées dans son livre sur l’écriture! Malgré bien des abandons, faute de temps, j’y revenais presque chaque matin, preuve que l'auteure avait le tour de retenir son lecteur. Après quelques chapitres, j'étais un peu mêlée entre le journal d’un personnage et la narration de l’histoire comme telle, j’ai été fidèle à ma (mauvaise?) habitude, et encore plus quand il y a tant de pages et que je n’ai pas tant d’heures à consacrer à la lecture, j’ai été voir la fin. Ça ne m’a rien appris, j’ai reculé, j’ai feuilleté, je lisais une page ici et là, à la recherche d’un nom, me contentant des dialogues. J’ai trouvé. Peine perdue, l’auteure expérimentée m’a complètement eue : j’ai dû lire quand même tout le livre pour comprendre. Même si j’ai passé, je dirais, 200 pages sur 620, surtout sur la vie de ses inspecteurs qui ne m’intéressaient pas (quelques lecteurs l’ont écrit de ne pas commencer par ce livre parce qu’on ne connaît rien de Havers, Nkata ni de l’inspecteur Lynley), je dois dire que j’ai bien aimé ce roman, à peine policier. L’auteure a réussi son coup de m’intéresser.

Pour le suivant, en attendant les livres commandés à la bibliothèque, j’ai descendu au sous-sol. Je voulais une lecture différente, mon regard s’est attardé à la collection brune, cartonnée que j’ai achetée en… en… au siècle dernier! Ma mémoire (fidèle cette fois, contrairement au titre du roman que je venais de terminer) a dirigé ma main vers Vipère au poing de René Bazin. Livre que j'ai bien dû lire cinq fois depuis que je l'ai (en passant blogue intéressant sur cet auteur>>>).

J’ai trouvé difficile de lire les premières pages tellement le style différait de mes lectures des derniers mois. Mais j’ai persévéré, justement pour dompter mon esprit, varier mes lectures, lire d’autres styles. Pendant quelques lignes, je me suis cru aux études quand on passait un siècle de littérature par année et une seule pour la littérature québécoise.

C’est justement pour me rattraper que je me cantonne aux auteurs québécois depuis de nombreuses années, mais je suis pourtant toujours ravie et comblée quand je renoue avec les Français et encore plus avec les Français qui ont écrit entre 1880 et 1920 (j’ai mis des années comme ça au hasard). Il ne faut pas les oublier trop vite, il ne faut pas penser que ce sont des vieux démodés. Ne lire que des « contemporains », c’est comme se contenter de voyager en Amérique, certes agréable mais il y a d’autres pays qui offrent d’autres trésors.

Bref, imaginez-vous assise confortablement, au chaud, le concerto pour violon en mi mineur, op 64, no 2 de Mendelssohn en sourdine, un cappuccino sur la table que vous venez de déplacer dans votre salon pour justement y déposer votre boisson favorite et vous plongez dans un roman. Vous savez que vous ne répondrez pas au téléphone, qu’il n’y a aucune émission de télévision qui viendra perturber vos neurones et encore moins votre nerf auditif… voilà comment je me sens quand je lis un roman qui a du vécu! Un roman québécois, un roman policier encore plus, je peux le lire n’importe où. Je pourrais être vêtue d’un jean et d’un maillot bien ordinaire. Lire de « vieux » classiques, on dirait que c’est comme m’endimancher. Visiter un musée. S'ils étaient humains, je les vouvoierais.

Finalement, c'est peut-être comme dans la vie: une marque de respect pour les plus vieux que nous? C'est fou, je sais! En tout cas, je constate au moins que j'aime beaucoup ces « vieux », je les écoute avec délectation et je ne me lasse pas de leurs histoires.

(Illustrations empruntées à livre.fnac.com et lexpress.fr)

vendredi 4 février 2011

Je cours mais je n'avance pas

Je cours parce que je n’avance plus aussi vite. J’ai beau me lever entre six et sept heures, je fais ceci et cela et tout à coup, il est dix heures et je n’ai rien fait. Je n'ai rien créé en tout cas. Tout ce que je fais, ça me prend plus de temps qu’avant. Moins productive. Je cours après le temps. Même penser est plus long qu’avant. Avant quand? Avant quoi? Et puis non, en réfléchissant, en cherchant des points de repère, je m’aperçois que non, ce n’est pas l’âge, non ce n’est pas parce que je suis comme en semi-retraite. C’est que je suis plus minutieuse, que je cherche plus, que je m’attarde aux détails.

Au début de l’ordinateur, mon frère qui tentait par tous les moyens de pression de me convaincre que cette chère petite bébelle, outil de l’avenir, allait me rendre la tâche facile pour monter l’hebdomadaire pour lequel nous travaillions tous les deux (avec quelques autres bien sûr). Ça irait plus vite, "c'est une affaire de rien", "ça se fait le temps de le dire", "tu pourras en faire beaucoup plus". Oui, j’en fais plus, mais tellement plus que finalement, ça ne va pas plus vite.

Dans les derniers dix jours, j’ai monté une brochure de 70 pages, un dépliant en trois volets, mis à jour un site Internet et j’ai envoyé l’illustration de la page couverture de mon livre Les Têtes rousses. Ça peut paraître beaucoup, mais parfois je peux passer une heure sur un détail et plusieurs heures seulement pour envoyer 53 Mo de fichiers, certains compressés, par courriel. Pour tout ce travail, je dois jouer dans une douzaine de logiciels, ce n'est pas vrai que je les connais tous à fond.

Encore ce matin, une grosse heure à chercher comment la pagination d’une brochure s’inversait une fois dans PDF. Une heure à tâter, à faire des essais, ajouter un page blanche à droite ou à gauche, à poser la question sur Google, à chercher autant dans mon logiciel de mise en pages que dans Adobe Reader. Finalement, j’ai trouvé : un crochet à ajouter dans Adobe Reader/affichage/afficher page de couverture 2 pages.

Une heure pendant laquelle je n’ai rien fait de bien créatif. De la technique. Et c’est comme ça pour chaque détail. Je suis devenue une technicienne, autodidacte en plus, ce qui fait que c’est plus long. Adieu la créativité pour laquelle il faut avoir la tête libre.

Je cours après le temps parce que l’ordinateur nous permet tellement d’en gagner qu’au cours des années, j’ai développé mon talent de graphiste: parfois plus de technique, de patience, de recherches que de réelles créations. Je cours après le temps parce que je le perds dans la technique, ce qui m’en laisse peu pour la créativité.

Mais j’aime ça. Je suis contente quand je réussis, quand le produit final est à mon goût et au goût du client, peu importe le nombre d’heures que j’y ai mis. Sauf que j'ai l'impression de ne pas avancer.

(Illustration de Print Master)

mardi 1 février 2011

Encore et toujours le français!

 
 Les derniers jours, je montais une brochure pour l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française. Un organisme qui s’intéresse à la qualité du française dans les écrits ou les communications. Sur leur site, de nombreuses capsules linguistiques. Une association qui a son siège social dans la ville de Québec, mais qui a des ramifications jusqu’à Montréal. Les membres se rendent parfois à Gatineau rencontrer leur cousin Impératif français.

J’aime bien Impératif français qui souligne les efforts des uns et les négligences des autres par des prix d’excellence et un prix Citron. Celui donné en 2009 à - à la compagnie Red Bull qui, « sans aucune considération et aucun respect pour l’environnement culturel du Québec et de sa capitale nationale, a baptisé sa compétition Red Bull « Crashed Ice ».
Tellement, tellement à changer, à surveiller. Être vigilant tout le temps. Parfois je suis découragée, je me sens seule à être à contre-courant, à être contre le fait qu’on choisisse un titre en anglais pour un roman québécois.

Je me sens parfois nulle en français quand je fais les exercices sur ce site>>> . Je me remonte le moral quand je vois toutes les fautes que font certains journalistes, fautes que Line Gingras relève dans son blogue. Quand je vois tous les organismes, et tous leurs membres, qui veillent au grain, qui disent haut et fort leur fierté de la langue française (ce qui ne veut absolument pas dire qu’elles se cachent la tête dans le sable et dénigrent les autres langues ou dénient le fait que nous soyons entourés d’anglophones) et qui résistent à cette attraction contagieuse pour la culture américaine, ça me donne un peu de force et de courage.

Dernière irritation donc : l’émission LOL. Je ne veux même pas savoir leurs raisons, c’est non en partant. MDR aurait très bien fait l’affaire. Oui, je traduirais tous les titres de films, de livres, d’émissions qui viennent des pays anglophones, mais, ici il ne s’agit même pas de traduction, l’émission est une conception purement québécoise, alors pourquoi un titre en anglais?

jeudi 20 janvier 2011

De l'idée avant l'écrit

J’aime écrire, tout le monde le sait, mais il ne faut pas croire que je n’aime écrire que des romans. Petit exercice amusant, sans prétention puisque de toute façon, tous ces titres sont épuisés : en cherchant à connaître la motivation pour mes prochains écrits, j’ai repensé à l’élément déclencheur pour chacun de mes livres publiés (je vous épargne ceux qui ont été refusés). Dans l’ordre chronologique de publication.

Je me veux : petite plaquette d’une centaine de pages. Fiction qui va d’une phrase à deux ou trois pages. Je voulais prouver à je ne sais qui qu’on pouvait avoir quelque chose à dire à 25 ans, j’ai puisé dans mes expériences mais aussi celle d’une amie, une ex-religieuse. Anecdote : persuadé que c’était une autobiographie (une ex-religieuse pour la télé, c'était des détails croustillants?), Radio-Canada voulait m’interviewer. J’ai avoué que c’était œuvre de fiction … et donc pas de passage à la télé radiocanadienne!

De rien au tour à rien en dedans : roman au style très contemporain inspiré de l’amitié vécue à quatre lors d’étés et d’aventures. Des jeunes qui refont le monde, qui se prennent pour Sartre-Beauvoir, qui s’amusent à philosopher et jouer avec les mots et qui sont perdus comme le Mathieu de Françoise Loranger.

Le mystère de la femme en noir : roman jeunesse. Une histoire que m’ont racontée mes élèves de secondaire 1 pendant les cours de catéchèse.

Poursuite sur la Petite-Nation : roman jeunesse. À 19 ans, j’avais descendu une partie de la rivière Petite-Nation, j’avais le goût de raconter cette aventure. J’ai enrobé le tout dans une histoire de voleurs, j’en ai profité pour présenter la région.

Appliqués Patchwork et couvre-lits : essai. Pendant ma dernière année d’enseignement, j’enseignais la couture. Comme ce que je savais le mieux faire, c’était d’écrire, bien plus que de coudre, j’ai décidé d’écrire un livre avec mes élèves qui ont servi de modèles, qui ont préparé les différentes pièces photographiées. Trente ans plus tard, quand je les rencontre, elles m’en parlent encore.

Pourquoi nous avons cessé d’enseigner : essai. Chaque semaine, Louise Falstrault et moi, nous nous racontions les diverses péripéties et difficultés avec la direction, le syndicat, les élèves. C’était l’époque où la diminution de la clientèle scolaire se faisait sentir dans les campagnes. L’époque où la polyvalente redevenait simple école secondaire, faute d'élèves. Mon premier livre publié à compte d’auteur aux Éditions de la Petite-Nation que mon père venait de mettre sur pied. Premier et seul passage au canal 10, devant Réal Giguère.

Jacques Lamarche, un homme, une époque : essai. Le journal La Presse avait organisé un concours de biographie, j’avais décidé d’y participer. Je n’ai pas gagné, mais j’ai présenté le projet aux Écrits-Hautes-Terres qui fut intéressé. Pendant un an, j’ai fait des recherches, j’ai posé des questions à mon père, j’ai relu quelques-uns de ses livres (pas tous les 96 qu’il avait publiés!) et, en 2005, le livre fut lancé dans une auberge qui était une ferme qui a marqué mon enfance et la vie de villégiateurs de mes parents. Trop faible pour assister au lancement, mon père mourait l’année suivante.

Les Têtes rousses : roman qui sera publié à l’automne 2011. Après avoir tant parlé de mon père, je me suis demandé si ma mère avait aussi une vie intéressante à raconter. Dans un prochain billet, j’en dirai plus.

Et vous, d'où vient le commencement du début de l'idée? Surtout quand c'est une histoire d'extra terrestres ou de sorciers ou de mort suspecte ou tout ce qui est hors de notre quotidien.

(quelques-uns de mes livres publiés... et épuisés, sauf peut-être dans quelques bibliothèques)

mardi 18 janvier 2011

Du pourquoi je n'écris pas

Presque chaque matin, je me réveille en me demandant de quoi je pourrais bien parler dans mon blogue. Presque chaque matin, depuis Noël environ, il me semble que je ne trouve rien d’intéressant à dire. Je commence et même les trois lignes écrites ne valent pas d'être publiées sur Facebook. Je lis les autres et je me dis : « ah j’aurais pu parler de ça », parfois je me contente de commenter. De moins en moins. Il est loin le temps où je croyais être aussi prolifique qu’un journaliste. Elle est finie depuis longtemps la liste de sujets que j’avais établie pour des billets potentiellement intéressants. Et je ne veux pas, vraiment pas me dire que c’est parce que je vieillis, que je n’ai plus rien à dire ou que le peu que j’écris est nul et inintéressant. J’ai bien trop peur que ce soit vrai.

Un matin, j’avais même écrit tout un billet pour aider les personnes qui montent elles-mêmes leur site internet. Loin d’être professionnelle en la matière, au fil des années, j’ai appris quelques petites choses et je voulais en faire profiter les autres. Pour m’apercevoir que les conseils que je donnais étaient caduques. Quoique plus je lis sur le sujet, plus les informations sont contradictoires, alors peut-être...

J’hésite aussi parce que j’essaie d’être cohérente, rester dans le sentier de l’écriture-lecture-peinture, quoique je ne tiens pas à me limiter à ce lectorat (quoi, j'ai un lectorat, moi?) de jeunes auteurs dans la trentaine, mais des comme moi, il n'y en pas beaucoup, on dirait.

Pourtant, hier encore, comme il fut question de REER obligatoire ces derniers jours, je me demandais à combien j’aurais accès dans… cinq ans. Quelques recherches sur le site de Services Canada m’ont arrêtée net.

L’expression « fonds de pension » demeure vague, mais au moins ça ne vous met pas votre condition en pleine face, tandis que l’autre, là… Sécurité de la vieillesse, ouache, rien que de voir ces mots m’a vieilli de vingt ans. Non décidément, j’ai changé de site et je n’ai rien écrit sur le sujet, en me demandant qui me lirait jusqu’au bout si moi-même je ne parvenais pas à écrire ces deux mots qui ne correspondent pas du tout à ma situation.

Voilà donc pourquoi je n’écris pas ces jours-ci : rien d’intéressant à dire.

(Illustration de ce que je ne suis pas encore, juré je ne ressemble pas à ça. Emprunt de Printmaster-platinium 2011)

mercredi 12 janvier 2011

Hooonnn! Je joue!


Je recommande à ceux et celles qui veulent faire travailler leurs neurones. Je déconseille à ceux et celles qui sont payés pour vraiment travailler: on devient accro rapidement.

dimanche 9 janvier 2011

De ce temps perdu

Ce n’est pourtant qu’un simple petit blogue. Des billets de rien du tout, des réflexions, des débordements, des nouvelles qui intéressent surtout la personne qui les écrit et une dizaine de personnes qui le suivent assidûment, même si quarante-quatre membres sont inscrits officiellement.

Neuf jours déjà depuis la nouvelle année. Neuf jours que je n’ai pas publié de billets sur mon blogue. Neuf jours à tousser, étouffer, à rester couchée, parfois fièvreuse, souvent somnolente, à ne rien faire d’autre que peser sur le mute et le guide de la télécommande. Je ne me suis même pas offert le luxe de lire. Si, Ru de Kim Thúy qu’évidemment j’ai beaucoup aimé, qui n’a pas aimé? Une lecture qui, contrairement à bien d’autres, ne m’a pas entraînée dans cette rivière claire et gonflée d’images et de mots pour lesquels, entre d'autres temps, une force étrangère m’aurait fait lever et me diriger vers un cahier ou mon clavier. Non, rien. Que des yeux humides, un voile de brume sur mon cerveau.

Ce matin pourtant, après deux meilleures nuits, le nez encore bouché et les oreilles bourdonnantes, il y a un appel, un ennui, un sentiment de paresse aussi. Pas un sentiment d’urgence, mais un manque, une peine.

J’ai rangé les pastilles, le sirop et les acétaminophènes, et je tente depuis de sortir ces mots et ces phrases qui ont été perdus, qui en ont profité pour me déserter et s’enfuir. Où sont-ils donc? Heureusement, aujourd’hui il y a aussi le soleil qui m’appelle, qui m’invite au grand air. J’irai voir dehors si mes mots y sont aussi.

vendredi 31 décembre 2010

Jean-Paul Filion, l'auteur

J’ai oublié comment c’est arrivé, quand je l'ai rencontré, j’ai oublié pourquoi j’avais aimé, mais je me souviens du nom de l’auteur, je me souviens avoir deux de ses livres dans ma bibliothèque, dont un dédicacé à nos deux noms. Je me souviens que l’artiste de nos-pinceaux avait aussi été touchée par ses tableaux et en avait même été inspirée au point où elle a peint une petite série d’instruments de musique à la manière de…

Il est peut-être connu par sa chanson « La parenté est arrivée » très de circonstance en ce dernier jour de l’année, mais pour moi, ce fut d’abord le frère de Marcel, électricien réputé dans toute la Petite-Nation mais surtout celui qui m'a écrit : « Du réel au pays de l’imaginaire, il y a la distance qu’on veut bien y mettre ».

Et j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit alors, probablement en l'an 2000. Je le publie à nouveau, ici. Juste pour lui dire un dernier au-revoir.

J'aime les mots et les peintures. J'aime que les mots et les peintures me fassent rêver. Le livre de Jean-Paul Filion, paru aux Écrits des Hautes-Terres, a réussi mieux encore: il m'a fait m'envoler. Au-dessus des arbres et des êtres. Au-delà de moi-même. Je m'écartais justement du plus beau de mon âme, me laissant envahir par tout ce qui ne coule pas. Il m'a montré la source. Les conteries de Jean-Bel, à lire pour se souvenir comment voir la vie autrement, à entendre le violon qui fait rêver et à regarder un peu mieux nos ailes qui nous permettent de nous envoler.

Merci à Jean-Paul Filion de l'avoir écrit. Merci aux Écrits Hautes-Terres de l'avoir publié.

Un livre qu'il faut relire deux ou trois fois dans la même semaine et qu'on peut reprendre n'importe quand. Des histoires qui se lisent en une heure, mais alors tu n'as rien goûté, rien digéré, elles passeront d'un seul coup sans s'attarder dans ta mémoire, encore moins dans ton imagination. Il faut les reprendre, une par une, pour les lire avec plus que les yeux. Avec les oreilles, avec les images des violons bleus, avec la folie qui nous habite tous et qu'on relègue aux oubliettes de l'enfance croyant faussement que c'est leur place. Et chacune alors vous fera des diamants dans le sourire et les phrases vous resteront dans le coeur comme des notes de «violon-ciel»
(page couverture publiée aux défunts Écrits Hautes-Terres)

Le cadeau de la couverture

Il s’agissait que je dise que je ne foutais rien comme un chien qui tourne en rond sans se décider à se coucher pour que l’inverse se produise : je n’arrête pas comme le même chien qui court après sa queue en se demandant où il va.

Je n’aurai probablement pas la surprise et le petit coup au cœur de voir la couverture de mon livre. Pas parce qu’il ne paraîtra pas, mais c’est que je l’aurai vue surgir à partir de tout le fouillis qui précède le montage et tous les essais pour obtenir un résultat satisfaisant. En effet, j’ai proposé à l’éditeur que l’artiste-de-nos-pinceaux fasse l’illustration de mon livre. Il a trouvé l’idée possible et demande à voir une ébauche.

À la recherche d’images inspirantes, j’ai ressorti toutes celles qui ont si longtemps traîné sur mon bureau, pendant l’écriture de mon roman. Elles provenaient surtout des sites de Parcs Canada et du Musée McCord. Des maisons, des bateaux, des enfants pauvres, des vêtements de l’époque. Des atmosphères, des lieux.

Je ne pensais qu’à ça. Pas l’artiste. Louise était prise dans l’accouchement d’un gros tableau (72 pouces sur 24 pouces) qu’on lui avait commandé. Elle prit quand même le temps d’esquisser quelques dessins, mais elle préférerait jouer avec des photos. Sur le site du Musée McCord, il est clairement indiqué qu’on ne peut pas déformer les photos même si on les achète. Louise était bloquée, moi j’attendais et je rongeais mon frein. Tant bien que mal, on avait les bateaux et les maisons, mais les personnages, ça n’allait pas du tout.

Quand elle eut fini son tableau, je pensais qu’on allait s’y remettre. Point. Alors un matin, j’ai sorti la table lumineuse, de nouvelles photos de paysanne au baluchon vue de dos et je me suis mise à tracer. Louise m’a vue, elle ne réagissait pas. Finalement, elle a dit qu’elle renonçait, on dirait à l’éditeur qu’on ne proposait rien, qu’il demande à quelqu’un d’autre. J’étais déçue, mais à demi soulagée.

« Que voyais-tu comme couverture? » ai-je demandé en dernier recours. Des photos, pas des dessins, mais où trouver des vieilles photos haute résolution, libres de droit?

Louise me disait sa vision, les couleurs, les formes, l'arrière-plan. J’ai senti un déclic : des photos anciennes, j’en ai. J’ai ressorti le vieux cahier bleu de ma grand-tante sur la généalogie, on a trouvé.

Depuis, Louise suggère les couleurs et la composition, j’exécute sur l’ordinateur.

Essai d’un vert, non, d’un roux, trop orangé et un autre et dix autres, impression, retouches, autres couleurs, des sepias, plus pâles, impression. Plus gros, plus bas. Je me promène entre trois logiciels: un petit Photofiltre pour le sépia, mon sempiternel Corel Photopaint que je connais comme le fond de ma poche, et le classique Photoshop qui me donne de meilleures couleurs.

Nous en sommes à la cinquième version et je crois que ça y est.

Pourvu que l’éditeur aime aussi.

Je ne ressentirai peut-être pas ce cœur qui bat à la vue de la couverture imprimée, je ne dirai pas wow que c’est donc beau comme pour un cadeau tout neuf qu’on déballe et dont on ne sait strictement rien. En revanche, je n’aurai pas non plus de petits yeux tristes de déception, ce qui m’est déjà arrivé. Je serai surtout fière d’avoir mis nos talents à contribution. Contente d’avoir travaillé en équipe. Et d'avoir persévéré.

mardi 28 décembre 2010

Du droit de ne rien faire

Ai-je le droit de perdre mon temps?
À ne pas écrire sérieusement? À ne pas faire avancer un roman? À écrire sur des forums ou commenter des blogues ou répondre sur Facebook au lieu de travailler de vrais textes?
Ai-je le droit de perdre mon temps à lire? Quoique souvent lire me porte vers l’écriture. Ai-je le droit, à mon âge, de ne rien faire alors que tant de jeunes courent après le temps.

Qu’est-ce que je fais des phrases qui me trottent dans la tête, comme « les enfants ne peuvent jamais remplacer les parents que leurs parents n’ont pas eus ». Quelle responsabilité ai-je envers moi-même? Des phrases de curés et de religieuses me reviennent en tête : « tu ne dois pas gaspiller ton talent » Mais quel talent? « Qu’as-tu fait de ta vie? demandera Saint-Pierre à votre arrivée au ciel ». Mon père, qui n’est pourtant pas de la génération qui a étudié Sartre et l’existentialisme, répétait souvent « tu es ce que tu fais », alors que je suis plutôt du genre « être plutôt qu’avoir ». Même si l’un ne contredit pas vraiment l’autre.

Ai-je le droit de vivre en retraitée rien que parce que j’en ai l’âge? Et qui dit que les retraités ne font rien? Qu’est-ce qu’être productif, qu’est-ce qu’être utile? Je ne garde pas de petits-enfants, je ne fais pas de bénévolat auprès des personnes âgées ou malades, je ne fais pas partie d’aucun comité culturel ou communautaire.

Je fous rien.
Je blogue, je forume, je facebooke, je cherche des lignées de Lauzon, de Beaulieu, je joue aux cartes et à la dame de pique, je regarde la télé, je fais le lavage, la vaisselle, je fais de la raquette, je vais à la piscine. De temps à autre, je monte un dépliant, je corrige les textes des autres. Je monte un site que je ferai paraître en même temps que mon roman.
Est-ce bien utile? À quoi se mesure l’utilité d’une vie?

À soixante ans, je me pose les mêmes questions existentielles qu’à seize : pourquoi on vit?
Sauf peut-être qu’à soixante, ça ne me fout pas le moral à terre, pas même de nostalgie des années de philosophie, je ne me lance pas sur L’Étre et le néant (je me demande bien si je pourrais le relire en entier, celui-là?)
Non, juste me demander ce que ça donne d’écrire pareil billet. Peut-être est-ce un bilan de fin d'année? Me déculpabiliser de ne rien faire.

lundi 27 décembre 2010

De la tradition à aujourd'hui

Entre Noël et le jour de l’An. Traditions. Comment chaque famille passe-t-elle ces deux fêtes? Je ne partirai pas de discussions à savoir si vous êtes pour ou contre le fait de monter un sapin dans la garderie de vos enfants, mais si ça vous tente de donner votre opinion, ne vous gênez pas. Non, chez nous, à Noël avec la venue de trois nouveaux bébés dans le paysage hivernal, avec des conjoints qui ont vécu d’autres traditions, il fut question du Père Noël, des cadeaux. Que dites-vous aux enfants : que c’est le Père Noël qui a emporté les cadeaux qui sont sous le sapin? Avez-vous un oncle, un beau-frère qui se déguise en Père Noël?  Les biscuits, le verre de lait? Donnez-vous les cadeaux à Noël ou au jour de l’An? Et quand vous étiez petits, comment ça se passait? Avez-vous connu la messe de minuit?

Chez nous, tant qu’il y eut la messe de minuit, tant que j’ai vécu chez mes parents, rien ne changeait : pas de biscuits ou  de verre de lait pour le père Noël. messe de minuit, au retour développement des cadeaux (que le Père Noël avait apporté jusqu’à mes six ans), repas en famille (seulement les grands-parents maternels, de leur vivant, se joignaient à nous), tourtières, dinde, bûche de crème glacée achetée, dodo, le matin pyjama jusqu’à l’heure de diner, restants de réveillon avec des grand-tantes maternelles. La famille maternelle à Noël, la paternelle au jour de l’An.

Le premier de l’an, bénédiction paternelle, pas de bas de Noël avec orange ou bonbons,  messe et le diner de  tous les Lamarche chez le grand-père, ce qui voulait dire dix-huit du grand-père au dernier petit-enfant. Cadeaux aux enfants seulement, repas : la table des enfants, la table des adultes. Un adulte sortait avec les enfants soit jouer dehors, soit aller voir un film, de Walt Disney de préférence.

Une fois devenue adulte, une fois des conjoints et des enfants dans le décor, des parents vieillissants, des déménagements, les enfants qui devenaient grands,  les « traditions » ne duraient guère plus de deux ou trois ans. Peu à peu, disparaissaient les pères Noël, la messe de minuit, et même la tourtière et la dinde.

Mais cette année, depuis longtemps, des enfants d’un et deux ans, des joues rouges qu’on a le goût d’embrasser aux deux minutes, des yeux endormis ou brillants, des sourires innocents qu’on regrette avoir perdus, des nouveaux mots prononcés, des cadeaux colorés, réclamés, des papiers déchirés. Des enfants heureux. Et une famille qui ne regrette nullement les traditions, l’important étant la joie dans les yeux de l’arrière grand-mère chelsédéenne et les yeux émerveillés des petits.

(J'aurais pu mettre une photo d'enfants, mais je suis contre le fait de mettre des photos de personnes mineures sur Internet)

mercredi 22 décembre 2010

Louise Falstrault: 15 ans de carrière

Tableau publié en 1995
Il y a quinze ans, le journal La Petite-Nation publiait en première page un tableau de Louise Falstrault. C’est elle qui avait proposé cette idée de choisir un artiste peintre chaque année pour l’édition de Noël.

Depuis ses douze ans, Louise Falstrault peignait dans la cuisine, souvent le dimanche après-midi, mais le mois suivant la parution de son tableau dans le journal, Yvon Lemieux de Thurso, aujourd’hui décédé, l’a appelé et lui a proposé de faire partie d’un groupe Les artistes des Deux-vallées. Ce fut le début de sa carrière professionnelle, il y a quinze ans donc. Les expositions se multiplièrent, d’abord régionales puis provinciales en participant à des symposiums comme ceux de Kamouraska, de Baie-Comeau.

Après avoir enseigné neuf ans et travaillé seize ans au journal La Petite-Nation, elle décida de se consacrer à son art. L’artiste fit bâtir son atelier, l’ouvrit au public. Le temps de se faire un nom, de se faire une clientèle, elle s’assura d’un petit revenu en produisant, treize années de suite, le Guide touristique de la Petite-Nation. En 1997, elle devint membre fondateur des Créateurs de la Petite-Nation dont elle fait encore partie et qui organise chaque année une tournée des ateliers. Cette année-là également une première galerie d’art fut intéressée à présenter ses œuvres. D’autres s’ajoutèrent et aujourd’hui, quinze ans plus tard, ses tableaux se retrouvent à Calgary, Toronto et en Colombie-Britannique. Au Québec, c’est surtout à son atelier qu’elle reçoit les amateurs d’art.

Tableau publié en 2010
Louise Falstrault a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses.

Quand peignez-vous?
N’importe quand, mais j’ai longtemps dû me lever à 7 heures pour aller travailler à l’extérieur alors maintenant, ma journée ne commence guère avant dix heures. Je prends mon temps le matin et je peins l’après-midi, mais la peinture m’habite tout le temps. Et vous savez, être artiste peintre, c’est aussi être une femme d’affaires, un travailleur autonome, chercher des galeries, envoyer des portfolios, emballer des tableaux, faire de la promotion. Évoluer aussi dans son art, d’ailleurs depuis deux ans, je fais de la sculpture sur pierre, explorer les trois dimensions, c’est très différent et intéressant.

Combien de tableaux par année?
Les bonnes années (de vente je veux dire), jusqu’à 140, mais ces années-ci autour de 80, ça dépend aussi des expositions que je fais.

Qu’est-ce qui vous inspire?
La nature, toujours la nature, les arbres, les rivières. Je suis née à Montréal, mais j’ai toujours souhaité vivre à la campagne, je suis arrivée dans la Petite-Nation et j’ai su tout de suite que c’état ici que j’achèterais une maison et que je vivrais. Contrairement à beaucoup de peintres qui aiment peindre des maisons, des villages, je le fais à l'occasion, mais j’ai toujours préféré la nature sauvage comme le Groupe des Sept qui, je l’avoue, m’a influencée au début. J’ai beaucoup aimé Bruno Côté aussi qui est décédé il y a quelques mois. Je l’ai même rencontré et il m’a dit de l’oublier pour développer mon propre style. C’est ce que j’ai fait.

Peignez-vous en plein air?
Je l’ai fait quelques années, surtout pendant les symposiums, mais je préfère la tranquillité de mon atelier. À l’extérieur, je suis trop distraite, je regarde partout, je m’attarde aux oiseaux, aux gens et j’oublie de peindre!

Donnez-vous des cours ou peignez-vous devant le public?
Je n’offre pas de cours, mais il m’arrive de donner des ateliers et ça me fait plaisir de peindre devant les gens pendant les symposiums, les gens aiment toujours voir comment on peint et puis, c’est très valorisant de recevoir des compliments.

Vous faites partie des Créateurs de la Petite-Nation, c’est important pour vous?
Oui, j’ai toujours aimé m’engager dans la communauté. J’ai fait partie du comité des loisirs de ma municipalité, je me suis battue pour garder le presbytère, j’ai fait partie de quelques comités culturels de la Petite-Nation aussi. On me dit souvent que j’ai une opinion sur tout et je voudrais en faire plus, mais j’aime aussi ma liberté alors je choisis mes causes et aujourd’hui je me consacre surtout à ma peinture.

Si vous gagniez un million, continueriez-vous à peindre?
Je me suis déjà posé la question et je suis certaine que oui. Peut-être moins, je ferais peut-être moins d’expositions, mais c’est certain qu’un artiste, un vrai, ne prend jamais de retraite, on a ça dans l’âme.

Louise Falstrault a l’air timide au début, ne parle pas beaucoup, mais une fois à l’aise et si on lui parle couleurs, peinture ou même Petite-Nation, elle devient intarissable. Comme elle ne prendra pas de retraite, nous aurons l’occasion de la rencontrer encore lors d’expositions ou de symposiums ou tout simplement à son atelier. Un plaisir à ne pas bouder.

Ce texte a été publié dans le cahier spécial des voeux du journal La Petite-Nation qu'on peut visionner ici>>> (le chargement est un peu long pour qui n'a pas très haute vitesse, comme moi!)


Tableau que l'artiste-de-nos-pinceaux aurait voulu voir publié parce que, dit-elle, c'est plus son style.

Alors pour se faire plaisir, elle l'ajoute ici et vous souhaite un hiver rempli de couleurs et des fêtes à l'image de votre âme.


(Photos prises par les deux blogueuses,
 toute reproduction interdite)

mardi 21 décembre 2010

Pourquoi je ne suis pas ici

Pourquoi je ne suis pas ici? Parce que comme toujours, je fais cinquante-six mille affaires en même temps. Je vous épargne les 55,995 premières.

Pages flip
Parce que je fourrage dans des logiciels (gratuits pour l'instant) pour monter des pages flips. J’aimerais bien monter un portfolio pour l’artiste-de-nos-pinceaux dans ce format. À partir de fichiers PDF et sans trop avoir à jouer dans le code ou à transformer chaque page en jpg.
Le guide touristique de l’Outaouais a été mon point de départ. Mais je ne veux pas héberger mes petits livres sur Internet, je veux pouvoir les placer sur mon site ou les envoyer dans un courriel. Je n’en suis pas encore au point d’arrivée. Les explications en français sont rares. Je prendrai le temps de fouiller plus à fond celles-ci>>>.
Histoire à suivre. Si vous apprenez quelque chose, n'hésitez pas à m'en faire part.

Wikipédia
Parce que j’ai fourragé aussi du côté de Wikipédia. Ça fait longtemps que ça me titillait. Et bien c’est fait, j’ai réussi : je me suis écrit une petite page dans Wikipédia. Une auteure de l’Outaouais, Lysette Brochu, avait réussi il y a plusieurs années et m’avait dit que c’était facile. J’ai remis maintes fois, je me suis plutôt familiarisée avec la méthode en modifiant des textes déjà existants.
Ce n’est pas que ce soit bien compliqué pour écrire les textes ou les titres, mais faire les liens, trouver l’aide. demande de la patience. Beaucoup de mots, beaucoup de lecture avant de commencer. Je me suis lassée de chercher, j’ai foncé, je me suis dit que j’apprendrais à mesure et qu’au pire, je modifierais ou ajouterai spar la suite, ce qui est très facile, tout le monde peut le faire, il suffit de cliquer sur "modifier".
Alors, c'est fait, ça fait un peu prétentieux, mais ce fut surtout par défi, par jeu... j'ai mon nom dans Wikipedia, là>>>.

Lecture
Parce qu’une de nos amies nous a offert quelques livres. Dans la pile, j’ai reconnu le nom d’Élisabeth George. Pour moi cette auteure, c’est celle qui a écrit Mes secrets d’écrivain. Je n'ai rien lu d'autre d'elle. Je savais donc que c’était un roman policier, genre qui m’attire de temps à autre, comme pendant des vacances. Le temps de Noël, c’est un peu comme des vacances. J’ai lu la quatrième de couverture de ce livre intitulé Mémoire infidèle. J’aurais dû me méfier, ce n’est pas son premier livre avec cet inspecteur que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, mais il est écrit que c’est son meilleur. Et puis il est gros et c’est écrit petit. Je ne résiste pas. Je n’ai pas lu cent pages et je suis perdue : trop de personnages, trop de détails. A-t-on réellement besoin de connaître tout ce beau monde?
Mais je vais probablement poursuivre. Par orgueil.

Divers
Parce qu’il y a Noël aussi, les cadeaux, les préparatifs, les décorations.
Parce qu’il y a dehors : la neige, la pelle, les raquettes.

(photo d'un élément sous mon arbre de Noël)

mardi 14 décembre 2010

Les mots gelés

Ce n'est pas parce qu'on a un blogue sur l'écriture ou sur la peinture qu'on écrit ou peint tous les jours. Qu'on ne parle que de mots et de couleurs. Oui, je me réveille avec mes personnages, mais après...

Ce matin, je voulais aller au CLSC, faire prendre des prises de sang, sans rendez-vous. Mais voilà que si la neige nous avait été épargnée jusqu'à maintenant, elle nous a (légèrement) rattrapés. Suffisamment pour avoir une belle petite congère dans mon entrée. La charrue et le vent, chez nous, ça s'appelle la pelle ne suffit plus, ça devient opération souffleuse.

Alors au diable les prises de sang, ça ira un autre jour. Sortir un vieux manteau et de veilles mitaines qui pueront l'essence mais me tiendront chaud, enfiler un pantalon de ski dans lequel j'aurai l'air parfaitement ours polaire, mais on s'en fout, et sortir affronter le moins douze degrés. Comment peut-il neiger à moins douze? Pourvu que la souffleuse parte? Ai-je laissé de l’essence à la fin de la saison l’an dernier? D’abord déblayer l’auto.

La charrue passe à l’instant où je finis de pelleter la galerie. Je me compte chanceuse, elle aurait pu passer après! Ouf, la souffleuse part et ronronne. Je voudrais bien qu’elle fasse la difficile, elle est neuve de février 2009!

Je nous fais une belle allée, plus large même que celle de l’été. Avance, recule, tourne de bord. Le petit trottoir qui mène à la salle d’exposition de l’artiste, l’allée en arrière en prenant bien soin de garder l’angle du terrain pour que celui-ci s’écoule au printemps. Avance, recule, n’accroche pas le rosier.

Une heure. En fait, plus qu’une heure : plus les quinze minutes de préparation, plus les vingt minutes d’après pour aller au village remplir un réservoir d’essence et en profiter pour aller à la poste.

Croyez-vous sincèrement qu’au retour, les mots m’ont attendue pour que je continue à écrire? Niet, partis, les mots. L’hiver arrivé les a gelés.

(photo d'un partie du terrain de l'auteure, je n'allais tout de même pas photographier mon allée déneigée!)

lundi 13 décembre 2010

Ma muse a frappé fort

Il y a quelques jours, j’étais témoin, comme quelques autres, des grandes déclarations d’amitié entre Gen et Isa. Je me demandais si j’avais ce genre d’amie littéraire, quelqu’un qui m’aide, qui me conseille, qui me lise, qui m’endure, qui me pousse dans le dos ou qui m’insuffle une ardeur nouvelle.

Hier matin, comme chaque jour, avant de me lever, pendant ces minutes où je cherche le jour et l’heure, mon esprit était déjà sur le qui-vive. Mes personnages me tournaient déjà autour, mais qui serait le principal de mon prochain roman? Le fils, le petit-fils? Les lieux, je les voyais, je pouvais même nommer le nom des rues. Les dates, je les connaissais aussi bien que les dates d’anniversaire des membres de ma famille. Mais l’histoire. Quelle est mon histoire? Qu’est-ce que je veux raconter? Quelle sera la quête du personnage principal?

Je me suis levée sans que les réponses m’apparaissent suffisamment claires pour que je les note. J’en suis visiblement à la gestation. Pas bloquée, mais le bébé change de position chaque matin, change de sexe et il ne sait assurément pas où il va.

Je n’ose en parler, pas prête encore. Peur d’échapper cette pâte informe qu’est le début d’un nouveau-né et qu’en tombant, en traversant le passage de mes paroles, elle se déforme tant qu’elle ne se tienne plus et ne représente rien que du vent.

Voilà qu’avec très peu d’indices confiés à mi-voix, ma muse, celle qui, dès mon premier roman, en 1976 me poussait à écrire l’histoire que nos élèves communs nous contaient presque chaque semaine au sujet d’une mystérieuse femme en noir (livre publié aux Éditions Paulines, épuisé depuis), qui a récidivé tant et tant qui, encore en 2004, me disait « Puisque tu as écrit la vie de ton père, tu devrais écrire la vie de tes ancêtres maternels », voilà qu’elle frappait à nouveau et m'a suggéré avec confiance et force...

Non, je ne le dirai pas. Mais depuis cette suggestion, mon esprit ne cesse de rassembler des morceaux et le casse-tête se met en place. J’ai mon commencement, j’ai ma quête, j’ai même mon conflit.

Et j’ai ma muse.


samedi 11 décembre 2010

Je voudrais...

Je voudrais écrire un blogue objectif, sans y faire glisser mes états d’âme ou mes émotions. Juste dire ce qui est.
Je voudrais avoir le style humoristique de Karuna.
Je voudrais… ne pas avaler de travers quand je lis des billets, des textes, un livre, tout écrit en fait qui parle d’Irlandais. Comme si on m’enlevait quelque chose.
Je voudrais ne pas regarder ce qui s’est publié sur les Irlandais depuis tout ce temps que j’attends pour que mon histoire soit enfin connue.
Je voudrais regarder tout ce que j’ai fait sur mon site plutôt que me pâmer sur celui d’une autre auteure.

Tant que mon roman sur mes ancêtres irlandais n’est pas publié, je n’ai pas voulu parler sur mon blogue ou dans mon site de son début, de toutes ces recherches entreprises, du comment m’est venue l’histoire. Alors évidemment quelle surprise de voir qu’une autre a déjà publié sur la toile tout ce que je voulais faire d’ici quelques mois.

J’ai lu les deux premiers tomes de Fanette. J’en ai parlé>>>
Mais ce matin, j’ai découvert le site-blogue de l’auteure, Suzanne Aubry (qui a plutôt comme nom de domaine le titre de sa saga) et j’ai retrouvé les mêmes images (du Musée McCord, de Parcs Canada, entre autres) qui ont alimenté mon imaginaire pendant l’écriture de mon roman. Nous avons emprunté le même chemin, mais il faut que je me convainque que mon roman n’en a pas moins le droit d’exister. Une histoire qui s’est nourrie des mêmes faits, des mêmes atmosphères, mais qui s’est dirigée vers une autre avenue et surtout avec d’autres mots. Ma Bridget vaut bien sa Fanette, je n’en doute pourtant pas. Et pourquoi voudrais-je être la seule ou la première ou la meilleure à vouloir emprunter à l’immigration irlandaise les lieux, les faits, les dates? Un peu comme cet éditeur qui a refusé mon manuscrit sous prétexte qu’il publiait une histoire sur les Irlandais! Quand j’ai vu le roman en question, je n’ai pas compris : ce n’était ni la même époque ni la même histoire.

J’aime aussi le site-blogue de Suzanne Aubry : clair, bien défini, se limitant à son écriture, ses livres. Faut pas que je compare… faut pas que je compare… faut pas que…
Je voudrais lui écrire, mais je n’ose pas. J’attends un peu. J’attends que mon roman soit publié, qu’elle puisse se rendre compte, comprendre ce que je peux ressentir en voyant (non, non pas comparer, juste voir) que moi aussi, les Irlandais de 1847 m’ont inspirée, qu’elle puisse voir ce que j’ai fait de ma Bridget.
Je voudrais ne pas avoir vu son site-blogue. C’est comme si je venais de découvrir une sœur qui a vécu les mêmes événements que moi, mais qui en est sortie alors que je patauge encore dedans. Une soeur, on lui dit qu'on est là?
J’attends.
Je voudrais ne pas attendre.

lundi 6 décembre 2010

Pas mon genre de pondre un titre frappant

Novembre a l’air marquant dans mon parcours :
Le 13 novembre 2004, je commençais mon roman Les Têtes rousses
Le 13 novembre 2007, je recevais mes premières corrections d’un éditeur intéressé
Le 24 novembre 2008 je commençais ce blogue, un anniversaire qui est passé inaperçu à mes propres yeux. Pas du genre à compter, je pense bien avoir arrêté à 40!
Le 13 novembre 2010, je recevais un courriel confirmant l’intérêt d’un autre éditeur pour mon roman.

Ce n’est plus novembre, je sais, mais ces temps-ci, je suis plus graphiste qu’auteure. La tête partout sauf à mon blogue, donc retard en tout.
Graphiste parce que j’ai fini de monter le bulletin de l’Association pour le soutien et l'usage de la langue française.
Graphiste parce qu’il est fort possible que ma co-blogueuse fasse le dessus de la couverture de mon roman alors on travaille là-dessus. Plus spécialiste en paysage (une de ses toiles d’hiver vient d’être sélectionnée pour l’agenda 2012 de Plumes et pinceaux), c’est tout un défi de créer une image à partir de mes mots. Dans sa tête, elle la voit déjà cette illustration de couverture, reste à cogiter et concevoir.
Et puis, j’essaie d’être dehors un peu plus, marcher pour l’instant en attendant la neige qui tarde toujours en Outaouais pour chausser mes raquettes.
De dormir le matin, après six heures.
De préparer mon prochain voyage au Texas et Arizona. Et pour cela, je lis entre autres cet auteur qui tient les chroniques de Matamata
De lire les blogues des autres, j’ai suivi les Belles à bloguer et  avec un certain intérêt juste pour me situer.
Bref, comme chaque jour, après m’être accordé la permission puisque je suis travailleure autonome à la maison, je m’éparpille.
Et j'aime bien.

samedi 4 décembre 2010

mardi 30 novembre 2010

Il ne faut pas

Je corrige mon manuscrit, je soupèse les suggestions du directeur littéraire, je cherche un juron en gaélique, j'ai écrit à l'Université de Concordia.
Et pendant mon déjeuner, j'ai repris la lecture de Katherine Pancol délaissée en septembre pour urgence de lecture de livres venant de la bibliothèque. Après trois lignes de la page 743 des Écureuils de Central Park sont tristes le lundi, j'étais déjà sous le charme. J'avais oublié combien j'aimais ce style, cette abondance de détails qui coulent, qui glissent, qui montent. Je sais, il ne faut pas vouloir écrire comme... De toute façon, même si je voulais, je ne pourrais probablement pas, il me faudrait des années pour y parvenir. Quand même.

Je retourne donc à mon style, mes corrections et peut-être s'y glisseront quelques ajouts à la Pancol.
Non il ne faut pas.

dimanche 28 novembre 2010

Non, je ne serai pas déçue

Plusieurs commentaires sur mon blogue et dans Facebook au sujet de la publication de mon roman chez l'éditeur régional Vents d’Ouest. Dont un qui parlait de sa déception en disant « Les auteurs qui voient leur manuscrit accepté enfin ont le droit d'y croire. »

Oui, je sais. Pour avoir publié la biographie de mon père chez un éditeur régional qui a fermé ses portes l’an dernier, pour avoir fondé avec ma famille et travaillé aux Éditions de la Petite-Nation qui furent agréées pendant quelques années et ne se consacrèrent plus qu’aux « compte d’auteur » par la suite, oui, je connais les limites des maisons d’édition régionales.

Les déceptions qu’un auteur peut avoir en face d’un éditeur sont proportionnelles aux attentes qu’il a.

Oui, je sais que je devrai participer à la promotion de mon livre, je sais que les budgets d’une maison régionale ne sont pas ceux d’une grosse boîte. Oui, je me doute que je n’irai pas à Tout le monde en parle ni non plus chez Le Bigot, mais peut-être en parlera-t-on à Divines Tentations et dans Le Droit (quoique depuis que ce journal appartient à Gesca… mais n’anticipons pas, gardons-nous un peu d’illusions encore un temps)

Oui, j’aurais voulu plus, mais dès que j’ai vu le petit bureau à Gatineau, j’ai rajusté mon tir. Après dix refus, après avoir répondu du mieux que je pouvais aux demandes de corrections d’un éditeur montréalais, sans qu’il m’offre de contrat, j’en étais à l’étape : c’est Vents d’Ouest qui a dit oui ou j’arrête tout ça là.

Non, je ne serai pas déçue parce que je sais à quoi m’attendre, ni la mer à boire, peut-être même plus de dépenses que de revenus, mais une présence pendant un temps dans les librairies, des poignées de main et quelques signatures, des sourires de mes consoeurs et confrères rencontré(s) lors d’atelier d’écriture et de Salons du livre de l’Outaouais. Une boîte à caresses qui a déjà commencé à se remplir. Une estime de soi et une fierté d’avoir persévéré et de pouvoir redire que je suis une auteure puisque je publie à nouveau. Bref sortir de cet isolement, de ce secret que l’on tait tant qu’on n’est pas certaine qu’il devienne réalité. Un secret qui finit par peser lourd.

Le plus difficile, ce n’est pas d’accepter une maison d’édition régionale, c’est de constater, une fois encore, que je ne serai pas vedette ni la découverte de l’année (n’a-t-on pas tous enfoui dans nos rêves d’enfant romantique cette idée de vouloir être découverte, désirée), que mon talent est limité, que je ne suis pas première de classe, que je ne monterai sur aucun podium. C’est comme l’étudiant moyen qui doit choisir l’Université du Québec parce qu’il n’a pas les notes pour aller à McGill ou à l’Université de Montréal. Mais je refuse de me diminuer, je n’ai pas zéro, j’ai même un peu plus que la note de passage. Je suis de ces élèves qui doivent travailler pour réussir, mais je réussis.

Ma vie professionnelle n’est peut-être pas le fleuve Saint-Laurent, ni peut-être même la rivière des Outaouais, mais les ruisseaux aussi rafraîchissent et luisent au soleil. Alors non, je ne serai pas déçue.