En vue d’une conférence, je remonte dans le temps, je
tentais alors
désespérément,
en tout cas, de toute ma petite expérience,
bon, ne soyons pas trop humble, disons moyenne,
de faire publier mes histoires chez un éditeur reconnu.
Reconnu au Québec à tout le moins,
Je visais Montréal pour tout dire.
Comme dans mon roman, il était question d’histoire et de
généalogie, Septentrion était tout indiqué.
C’était avant la collection Hamac,
et avant mon blogue.
C’était en 2006.
Dix ans plus tard, j’ai réussi à publier mon histoire.
Pas à Montréal, mais qui le sait?
Qui sait où les éditeurs établissent leurs bureaux.
L’important, c’est la distribution des livres.
Qu’on les retrouve partout.
À Montréal, à Amos, en Gaspésie.
Dix ans plus tard, j’ai aussi un blogue.
Mais comme pour mon roman, ai-je les mots
suffisamment intéressants,
judicieusement choisis,
forts
percutants
joyeux ou tristes
un style, un thème?
Pour qu’une maison d’édition s’y intéresse?
En fait, le rêve de tout artiste, tout créateur…
Enfin je pense,
je pense que tout le monde pense comme moi
C’est d’être désiré, remarqué, voulu, choisi.
Pour mon roman, un éditeur a voulu.
Je lui en suis encore reconnaissante.
Septembre, le mois des rentrées.
J’ai l’impression de regarder
les élèves, les professeurs entrer à l’école.
J’ai déjà été de ceux-là.
De regarder aussi
les auteurs annoncer fièrement, fébrilement, timidement
leur lancement
les éditeurs faire la promotion de leurs nouveaux titres.
Septentrion ou plutôt la collection Hamac-carnets sort Une fille qui louche de la blogueuse
Sylvianne Blanchette.
Un blogue qui n’a pas quatre ans.
Un blogue qui n’a pas de nom de domaine.
Ah! l’apparence!
Comme s’il y avait une recette gagnante : si tu es
sous Wordpress, si tu as un nom de domaine, si, si, si…
Non, le
texte d’abord. Le propos. Tant mieux. C’est l’important.
Enfin je
suppose.
Il faut.
Je lirai, j'ai déjà commencé. J'aime.
J’ai l’impression d’être sur la touche.
J’ai pris
un coup de vieux, de vieille.
J’ai les
cheveux blancs de l’auteure qui écrit depuis bien longtemps.
Nostalgique,
envieuse un brin même si je n'ai pas de raison de l'être.
Le sourire d’un clown triste.
La baraque sous un jour gris. On
m'a planté un clou dans le coeur.
Reflux de vague, après dix-sept
jours de mer azurée.
Chavirement.
De l’autre
côté de la clôture.
De l’autre
côté du banquet.
Ce n’est
pas vendeur, c’est dépassé, ça n’intéresse personne.
Pourtant
j’ai une conférence à préparer.
j’ai une fête du livre à organiser.
Déjà une date retenue en mai pour aller parler de mes
livres.
Et un courriel bientôt m’apprendra peut-être
qu’on aime mon troisième tome,
qu’on veut le publier.
Le temps ne s’arrête pas qu’en septembre.
Et puis, il y a tous ces livres à lire. Les librairies
débordent.
C’est la rentrée, c’est l’abondance.