samedi 10 novembre 2018

Dix ans de blogue



Dans une dizaine de jours, dix ans de blogue
Le plaisir de voir
que j’écris encore
que j’ai encore le goût et le besoin
que la plateforme me plaît
Merci Blogger.

Et puis pour voir l’évolution ou plutôt le chemin parcouru, en zigzag.
Au début c’était De nos pinceaux et de nos stylos
L’artiste plus présente, ses expositions, ses travaux, son art.
Les artistes, ses pairs, ses amies, les Créateurs de la Petite-Nation.
Puis, j’ai vogué en solitaire pour… Laisser des traces.

Plus un carnet qu’un blogue à thème unique.
Sans vouloir convaincre, conseiller ou vendre. Juste m’exprimer.
« Écrivez! Noircir le papier est idéal pour s’éclaircir l’esprit. » Aldous Huxley
Mes passions, mes sujets, toujours les mêmes : écriture, lecture, voyages, généalogie photographie.
Des images, des montages et, plus encore, des mots.
À part inégale. Selon les saisons, selon les humeurs.

Au début sans Facebook, entre nous, entre blogueurs et blogueuses
Parler d’auteurs de l’Outaouais
Vanter ma Petite-Nation, les champs, les forêts, les lacs et les rivières
Aimer les événements culturels de ma région
Raconter mes voyages et mes escapades
Partager mon opinion sur mes lectures
Confier mes doutes et mes angoisses d’auteure
Dire les saisons, les petits bonheurs au bord de la mer, sur un sentier
Admirer les flocons qui s’accumulent sur les branches
Comme un enfant qui a hâte de jouer
Et non comme une personne qui vieillit et ne ressent que les désagréments de la saison froide.
Les dire souvent ces peurs, ces doutes, ces soucis
Des états d’âme
Taire mes problèmes plus personnels souvent pour ne pas les amplifier.

Merci à ceux et celles qui lisent, qui commentent parfois ici ou sur Facebook
Sans vous, peut-être aurais-je cessé de publier.
Je n’ai pas besoin de 10,000 « J’aime »
Je n’ai pas besoin de chiffres
Juste quelques mots.
J’aime écrire les miens, j’aime lire les vôtres.

Partants pour encore dix ans?

jeudi 1 novembre 2018

Rituel de matinée

Chaque matin, bagel coupé en deux, beurre d’arachides (je viens d’apprendre qu’il contient de l’huile hydrogénée) et demi-banane, le tout accompagné de café au lait, comme il se doit.

Sur ma tablette, La Presse+. Je m’attarde surtout à la section des Arts.
Petit quinze minutes pour résoudre le sudoku.
Puis tour des blogues via Netvibes.
Aujourd’hui, je note une phrase d’Yvon Paré dans son blogue :
« Les écrivains se nourrissent souvent des silences de leur famille et ne les abandonnent que quand ils peuvent les exhiber devant un public. »
Et si aucun travail de graphiste ou d’auteur ne m’accapare pas, je pars à la recherche des nouveautés ou des disponibilités.
BANQ, Biblio Outaouais, Babelio. D’un titre à un autre, d’une suggestion à une autre, je feuillette, je lis des extraits. Est-il en numérique? Est-il disponible?

Ce matin :
Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard : en librairies seulement, pour l’instant. Je vais suivre.
Jelly Bean de Virginie Francoeur : milieu glauque, fille d’immigrés. Pas sûre, je passe.
Mère d’invention de Clara Dupuis Morency : je le guette depuis un bout celui-là. Je réserve, mi-novembre, ça me convient.
Un lien familial de Nadine Bismuth : dans la mire.
Riquet à la houppe d’Amelie Nothomb : j’hésite, je renonce.
Le cri de la sourde de Sylvie Nicolas : parce que « les figures féminines de la mère, de la grand-mère et de la fille tissent une fabuleuse histoire de souvenirs filiaux. ». Cet hiver sûrement. 

Le café est terminé depuis longtemps. Dehors, toujours gris, mais sans pluie. Quelques feuilles de hêtre résistent, les aiguilles des mélèzes colorent la forêt déjà verte et noire. Est-ce que je tente ma chance d’aller à la poste à pied avant la pluie annoncée? Six degrés, bien habillée, je marcherai d’un pas rapide. Je regarderai les grains de maïs que les écureuils grignotent et éparpillent dans la rue. Je me demanderai quand seront coupés les longs épis secs et dorés que le soleil n’illumine pas ces jours-ci.

Au retour, j’ouvrirai La disparition de Stéphanie Mailer ou Les écrivements. Selon mon humeur. Selon que je veux être touchée au point que je doive ouvrir mon cahier de notes pour y glisser citations ou réflexions, ou simplement distraite -- et bien mêlée avec les noms et les retours en arrière (ah!cette mode du non linéaire).

Et vous quel est votre rituel du matin?

dimanche 28 octobre 2018

Grisaille du jour



Même le blanc de la neige est gris.
Comme le ciel, comme mon humeur.
Je deviens l’autruche dans le sable, l’ours dans sa caverne, les trois petits singes asiatiques qui se couvrent les yeux, les oreilles et la bouche : Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal
Je résiste, je me tais. Au moins un jour, hier.

Ce matin, je décide plutôt de la regarder en face, cette grisaille, et de trouver le revers de la médaille, de me concentrer sur la moitié pleine de la bouteille. De voir le ciel bleu avant mardi.

Je ne m’attarde pas aux refus de deux éditeurs, j’attends plutôt la réponse (positive peut-être) d'un des trois autres. Sinon, eh bien ce sera la fierté d’avoir (encore) essayé, le soulagement d’enfin savoir, la ferme intention de ne pas déprimer, cette fois, ni de recommencer. Mettre le point final à l’écriture de roman. Jusqu’à ce que l’urgence revienne. Je ne serai l’auteure que de dix livres, de quelques nouvelles et d’un blogue, qu’il soit «anecdotique, sans intrigue ou sans ligne directrice» (un reproche d’éditeur pour mes manuscrits), un blogue qui me plait, et dont je suis la seule juge et responsable.

Je délaisse — un temps, quelques jours — Les écrivements de Mathieu Simard parce que, comme Madame lit, « mon cœur craque et mon âme divague sur les sentiers poétiques du texte. » Comment un homme, un jeune réussit-il à dépeindre aussi bien une vieille dame de 80 ans passés?
« Je cultive l’insomnie depuis longtemps que j’arrose de la crainte constante de cauchemars de neige, mais j’avais bon espoir de m’endormir rapidement, après avoir laissé fondre sous ma langue une dizaine de comprimés de mélatonine, en rébellion contre mon pharmacien qui me l’a déconseillée. »
Il doit avoir une tante excentrique ou tout au moins volubile, raconteuse d’histoires pour aussi bien la mettre en scène.

Je lis plutôt La disparition de Stéphanie Mailer qui ne me donne ni envie de réfléchir ni d'écrire. Je ne suis que lectrice.
Pour un temps, la désaccoutumance des beaux textes. Juste lire pour le plaisir. Sans papier ni stylo.

D'autres grisailles à chasser. C’est dimanche, l’entreprise qui vend mon VR est fermée. Si ce n’est pas cet automne qu’elle vend mon VR, ce sera ce printemps. Tôt ou tard. Je stresse beaucoup moins que lorsqu’il était dans la cour.

C’est dimanche, je n’ai pas mes pneus d’hiver, mais je ne suis pas obligée de sortir. Je n’ai qu’à attendre une chaussée sèche. Faire taire mes craintes.

C’est jour de budget. Je regarde les fonds de placement qui… fondent comme la neige. Mais à quoi bon déprimer, je ne manque de rien.

Au sous-sol, c’est le quatrième jour sans souris. Et la deuxième semaine sans dégât de souris ou d'écureuils en mal de nids sous le capot de mon automobile. Enfin.

Fin octobre, la neige fond déjà, la neige reviendra.
Je suis née dans ce pays de contrastes. Le froid dans les os, l’humeur facilement vacillante.
Le sourire reviendra, lui aussi.
Je suis née au printemps. Toujours hâte. Dès l'automne. Dès aujourd'hui.

mardi 23 octobre 2018

Quand Pauline Julien...

Le froid dehors et le gris du ciel me font frissonner.
Les quelques feuilles ocre qui s’accrochent aux hêtres ne suffisent plus à me garder à l’extérieur.
À l’intérieur, je me promène dans ma jeunesse.

J’ai vu le documentaire Pauline Julien, intime et politique.
Plus qu’un documentaire sur l’artiste, la femme engagée, plus qu’une voix forte, c’est une époque que j’ai vue, reconnue. Un temps d’émotions. La fierté d’avoir vécu cette révolution pas si tranquille. Le sentiment d’avoir été dedans, pas devant, pas seulement témoin, mais dedans.

Ce matin, je suis encore avec elle. Dans les années 60-70. J’ai l’âme à la tendresse, je m’ennuie de la Manic, je danse presque à Saint-Dilon, et l’hiver ne tarde pas à venir, mais je ne ferai rien sauter comme Bozo-les-culottes.
Je revois des visages : Pauline Julien, Gérald Godin, Gaston Miron, Michelle Lalonde, Lise Payette, René Lévesque.
Je revois le temps de mes parents surtout.
Quand mon père manifestait. Pour la langue française, pour le droit de manifester, pour avoir un pays, pour être Québécois et non plus Canadien-Français.
Quand mon père nous parlait d’écrivains québécois : Claire Martin, Yves Thériault, Gérard Bessette, Gaston Miron, Hubert Aquin.
Quand il assistait aux lancements chez Fides, Beauchemin, Cercle du livre de France (Pierre Tisseyre), Éditions du Jour (Jacques Hébert).
Quand il se cloîtrait au sous-sol devant les corrections de Geneviève Gilliot.
Quand il travaillait avec Andrée Maillet, Alice Parizeau, Germaine Guèvremont à la création d’un P.E.N. club canadien-français.
Quand ma mère chantonnait Pauline Julien, mais aussi Georges D’or, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Claude Gauthier.
Quand, avec ferveur et conviction, elle nous faisait écouter ou lire les propos de Claire Kirkland-Casgrain, Thérèse Casgrain, Lise Payette, Madeleine Chaput, Denise Boucher, Michèle Lalonde… et Pauline Julien.
Quand on lisait le dimanche après-midi.
La famille Lamarche un dimanche après-midi des années 1960 (photo privée)
(Oui, je sais mon père a l'air de fumer par le nez, mais bon,
je n'en ai pas trouvé de plus représentative de notre occupation dominicale)

Je revois mes premières fois :
Quand j’ai été voté.
Quand j’ai été dans un vrai Centre de ski.
Quand je suis sortie dans une boite à chansons, voir Clémence.
Quand, j’ai pris le métro tout neuf de la station Jean-Talon à Berri-Demontigny.
Quand j’ai fréquenté ma première école mixte, à 17 ans.
Quand j’ai eu mon vélo dix vitesses. Le premier vélo dix vitesses de fille, à Montréal en tout cas.
Quand j’ai lu Anne Hébert, Jacques Godbout, Hélène Ouvrard.
Quand j’ai acheté mes premiers livres, toute seule.
Quand j’ai acheté ma première radio : on n’en avait pas chez nous.
Quand j’ai dansé mes premiers slows.
Je tairai toutes les peurs de ma jeunesse bien tranquille.
Dans la vie de Pauline Julien, quand son Gérald est tombé malade, quand ses propres forces à elle s’en allaient, quand ses idées noires la hantaient, j’ai sauté de mes 18 ans à mes 60 en quelques secondes.
Les peurs reviennent, différentes, mais plus tenaces je dirais.
La peur de vieillir, d’être malade, d’être seule.
La peur de ne pas avoir le temps, ni le goût, ni la patience.

Mais en fin de compte, tant que je suis en vie, tant qu’il y a des films comme celui de Pascale Ferland, il y aura l’âme à la tendresse, de beaux voyages, le temps des vivants, le temps qui passe et encore bien des je vous aime.

Merci Pauline Julien, merci Pascale Ferland.
Et vous, y a-t-il des films, des livres qui vous font revivre votre jeunesse?

mardi 16 octobre 2018

De l’utilisation du mot « De »
délicieusement suranné
dans un flot d’images très modernes.

Pendant que les feuilles tombent, des larmes sur les nervures
Pendant que les souris cherchent chaleur et nourriture dans nos maisons
Pendant que les écureuils façonnent leurs nids sur nos moteurs de véhicules
Pendant que la lumière du jour grisonne et s'affaiblit
Pendant qu’on range les vêtements d’été et qu'on enfile chandails et pantalons...

Entre le café du matin et le thé Tchai du soir, mon esprit vacille encore entre les mots et les images que Karoline Georges a créées avec tant de sensibilité dans son livre dont on dit qu’il est inclassable, De synthèse.

Je l’avais commencé malgré la couverture qui ne m’attirait pas, malgré tous les prix littéraires qui s’accumulaient
Parce que je n’ai aucun penchant pour les jeux vidéos du genre Second Life
Parce que je n'avais pas compris que la couverture était un avatar et quand bien même
Parce que je croyais que l’histoire flirtait avec la science-fiction.

Puis, une blogeuse facebookienne en parle. En général, nous aimons les mêmes livres.

J’ai donc repris De synthèse. J’ai lu ceci :
« Très tôt, j’ai compris que la vraie vie se jouait là, à l’écran. Ou entre les pages d’un livre. Le reste était une corvée à vite expédier pour fréquenter le plus souvent possible des univers improbables captés par une antenne ou imprimés sur papier. »
En ce qui me concerne, pas autant qu’elle pour l’écran, mais entre les pages d’un livre, oh! que oui.
Alors, je ne l’ai plus laissé.

Oui, il y est beaucoup question de l’image parfaite, du corps mince, du monde virtuel, mais personnellement ce qui m’a émue, ce pour quoi j’ai poursuivi ma lecture, c’est la filiation.
Comment on peut aimer sa mère, même si on s'en défend.
Comment le mot divorce et un seul coup de feu tiré peuvent changer une vie.
Comment la télévision, les vedettes dans l’écran peuvent modeler un enfant.
Comment les silences peuvent faire aussi mal que les cris.
Comment l’anxiété peut mener à la solitude.

Ses chapitres sont originaux, ses phrases percutantes, ses mots technos si on veut les voir ainsi, et pourtant bien simples à la fois. Elle a tricoté chaque maille dans un désordre fort bien construit avec des allers retour entre l’enfance, sa vie de mannequin, celle de recluse misanthrope, asociale et son retour vers ses parents.

J’adore l’utilisation du « De » dans les titres de ses chapitres. Suranné, mais efficace.

J’ai été voir Le radeau de la Méduse de Géricault sur Internet. La narratrice y a vu sa famille, ses ancêtres. Elle a frissonné.
« Un groupe à la dérive, en décomposition. Mais qui avance, encore. Sans destination. J’ai senti monter les larmes. Je venais d’éprouver mon premier choc esthétique. Ou poétique. Ou philosophique, peut-être.
J’arrivais de tellement loin. »
Ses frissons viennent des images, les miens viennent des mots.
Pas les mots des journalistes, pas les mots des éditorialistes. De certains chanteurs quand on comprend les paroles qu’ils prononcent, oui. Mais surtout des mots des écrivains.

Cette semaine, ce fut ceux de Karoline Georges.
Les vôtres, quels sont-ils?

mardi 9 octobre 2018

La brume tarde à se lever

« Comme tout auteur, je ne lis pas en toute innocence. Tel un prédateur, je cherche chez les autres ce qui me servira. Non pour copier leurs prouesses. Ce serait grotesque. De toute manière, l’habitude très tôt adoptée de ne fréquenter avec assiduité que les écrivains qui me nourrissent me plongerait plutôt dans l’admiration. »
Gilles Archambault, La pratique du roman
« Il semble que beaucoup de critiques sont bien trop occupés à dire aux écrivains et aux écrivaines — et surtout aux écrivaines — ce qu’ils et elles devraient faire, pour pouvoir s’intéresser à ce qu’ils et elles font vraiment. »
Louky Bersianik, La théorie , un dimanche
Je voudrais bien.
Je n’y parviens plus.
J’ai déjà pu philosopher, pérorer, cogiter, théoriser, disserter. Pas seulement le dimanche. Tout comme je jonglais avec les formules de trigonométrie, de géométrie, de chimie. Ou je zigzaguais et m’empêtrais dans les règles de grammaire.

Ai-je vraiment déjà eu une opinion sur tout et sur rien?
J'ai eu du mal à lire en entier La pratique du roman et La théorie, un dimanche. Deux essais. Un sur le roman, l'autre sur le féminisme ou l'écriture féministe. Pourtant deux sujets qui m'intéressent au plus haut point.
Mon cerveau racornit, se désintellectualise. Il ne s'enfonce pas, il ne sombre pas dans la brume. Il renonce tout au plus. Il n'a plus envie d’argumenter. Tout au plus nuancer.
À 18 ans, je lisais des essais, de la théorie. J'alimentais les feux. En 1976, j'avais les larmes aux yeux et la joie au cœur devant l’euphorie, la fierté, l’espoir d’avoir un pays.

Pourtant aujourd’hui, je suis beaucoup plus moi-même que je ne l’étais à 18 ans.
Aujourd’hui, je suis plus corps qu’esprit.
La tête panique, décroche, se recroqueville au moindre malaise physique, à la moindre blessure. Je refuse de penser quand toute mon énergie se concentre sur la guérison ou le seul bien-être du corps.
La peur s'est infiltrée ailleurs. Ce n’est plus celle d’être violée, non aimée, non désirée, d’échouer à un examen ou pire, manquer ma vie. La peur d’aujourd’hui, c’est celle de la maladie, de la dépendance, des appels téléphoniques qui annoncent les mauvaises nouvelles ou les rendez-vous médicaux. La peur des autres, la peur de la différence, la peur d’être dérangée. La peur du bruit des choses et des idées.

Mais si je lis, c’est que mon corps et le monde entier me laissent tranquille.
Quand je lis, je n’ai pas d’âge.
Je ne suis qu’esprit qui pense, qui pense la vie, non à la manière d'un essayiste mais comme un écrivain (ou devrais-je me définir comme « écrivante » ou personne qui écrit?). Comme dans les récits d'Hélène Dorion.

Quand j’écris, je n’ai pas d’âge, pas de corps qui réclame toute la place.
Je suis devant un feu, un jour d’automne, comme Monique Durand était devant le fleuve quand elle a écrit. « J’écrivais d’après nature, comme j’aurais peint. »
« Chacun a quelque part dans le monde son lieu de prédilection, d’épousailles avec lui-même, de confidences faites au vent et à quelques disparus chers, de rencontre avec les multitudes qui l’ont précédé. Ce lieu-là, le mien, se trouve à Gaspé. »
Monique Durand, Saint-Laurent, mon amour  
Les épousailles avec moi-même n’ont pas de lieu précis. Elles ont lieu partout où il y a le silence, un arbre ou une vague, un crayon et un cahier.
Elles ont lieu aujourd’hui, ici maintenant, dans un paysage brumeux, devant un feu.
Même si certains jours, la brume tarde à se lever.  

vendredi 28 septembre 2018

Entre forêt et mer, j'ai passé la journée


Le 12 août dernier, L.B. a acheté ce roman, parce qu’elle connaît l’auteure.
Le 12 septembre, à notre rencontre du Cercle de lecture, L.B nous en parlait… en bien.
Je connaissais le nom de Monique Durand pour avoir lu ses articles sur le fleuve, la basse Côte-Nord, le Bella Desgagnés (publiés dans Le Devoir l’été 2008).

J’ai pris le livre. Et trois autres. J’ai d’abord lu les autres. Mais comme je ne cessais d’ouvrir et refermer Ruban de Ito Ogawa, j’ai ouvert Le petit caillou de la mémoire.
Je n’allais plus le fermer de la journée.

Entre forêts profondes et mer de pêcheurs, par toutes les saisons, de la Bretagne à Terre-Neuve, d’Aimé à Étienne à William, ils ont vécu, aimé, bûché, pêché.

Ça commence avec le petit William qui a huit ans et qui tue son premier orignal, ça se termine avec William qui, à plus de 80 ans, tue son dernier.

Entre les deux, des étoiles, des flocons de neige, des gréements de pêche composés de poils de chevreuil et de plumes de perdrix. Des amours, des départs, des morts. Des hommes courageux qui ne savent pas parler d’amour. Des femmes maternelles qui laissent partir leurs enfants. Un petit caillou qui passe dans les mains de quatre générations. La transmission d’une « folle furieuse faim de vivre »

Dès que j'ai lu :
« Il leur décrira le lieu exact, la pierre précise, la position de la lune, leur dira le nom de chaque arbre. […] Il va ériger ses feux sur la pointe la plus extrême qui s’avance dans la mer, un peu en retrait du village. Il a l’impression d’être encore plus seul avec ses étoiles. Là, la nuit est encore plus noire, encore plus à lui. Avec le grand chaudron dessiné dans le ciel, qui verse une pluie de promesses sur sa jeune vie. »
je savais que j’aimerais ce roman.

Je ne saurai sans doute jamais pourquoi, mais je suis toujours attirée par les romans dans lesquels les personnages vivent près de la mer, alors Saint-Suliac en Bretagne, Port au Port à Terre-Neuve avaient tout pour me plaire. Et ça m’a plu. Beaucoup.

Le soleil blafard sur ma joue, la lumière caressante d'un matin d’automne, je suis là dans ces forêts, dans ces bateaux, avec ces hommes et ces femmes, des Français, des Montagnais, des Terre-Neuviens dans l’hiver et le froid, dans la misère et l’isolement. Je suis là aussi, en Bretagne, à Terre-Neuve. Là où j’ai vécu quelques jours, quelques heures.
J’aime qu’on me raconte nos parents, nos grands-parents. D’où ils viennent. Pourquoi ils sont partis. Que ce soit vrai ou pas, puisque de toute façon, même sa propre vie est une histoire quand on vieillit.
« Je crois qu’il faut avoir un peu vieilli pour s’intéresser à ce qui nous a précédés. »
Et puis à la page 85, je fus transportée dans la série Entre la terre et la mer. Une belle histoire de marins bretons partis pêcher près de Terre-Neuve.

J’ai d’autant mieux revu les vagues, les doris, la morue, le maquereau, les marins. J’ai réécouté la musique et les paroles de ces chansons un peu tristes qui parlent de l'eau salée qui coule dans les veines des pêcheurs marins.

À la fin, Nicolas, le petit-fils de William, lui, part à la recherche d’une chanson de Terre-Neuviens.
« J’en connais qui sont allés à Paimpol, juste pour la Paimpolaise. En Irlande, juste pour Danny Boy. À Natashquan, juste pour Jack Monoloy.» 
Il ne suffit quand même pas que des lieux pour qu’une lecture m’absorbe tout entière. Il faut y mettre la manière, le style, les mots. Monique Durand y réussit fort bien. Rien de linéaire. On passe d'une génération à l'autre, du père à l'épouse, du fils à la sœur. De 2006 à 1878. Et tout coule parfaitement bien.
« Pour lui, la beauté c’était ça : quand les champs tombent dans la mer, directement, sans transition, champs de blé noir, de patates, de tabac, vergers et brûlis, prés et guérets, autant de pièces d’un grand étendard déployé jusqu’aux premières vagues de la côte. Et que lui, Aimé, avance dans l’immensité des prairies et des après-midi où on a toute la vie devant soi. »
« Marie pouvait rester quatre ou cinq jours dans sa retraite d’arbres et de feuilles, le temps d’accorder son âme avec son corps. »
L’auteure a le sens du punch, surtout à la fin des chapitres.
« Parce qu’un homme, ça tient le coup sans rien dire. Ça endure. Et ça n’est jamais malade.
Sauf d’amour. »
Même si les derniers chapitres s’enchaînent rapidement comme si l’auteure était restreinte à 200 pages, j’ai fermé le livre au soleil couchant, à peine rassasiée de ma journée passée entre terre et mer. Je me reprendrai sûrement en lisant Saint-Laurent mon amour.


Monique Durand a reçu le Prix du CALQ – œuvre de l’année sur la Côte-Nord pour ce roman.
On peut visionner les six épisodes de Terre et mer sur Youtube >>>

vendredi 21 septembre 2018

Assise face à la mer, je lirai

Haut: Dans la région de Kennebunkport. Bas: de Google street view, près de Prouts Neck

Je l’ai déjà dit, mais je le répète pour les nouveaux venus : je ne tiens pas un blogue littéraire. Et si je parle de livres, ce n’est ni pour en faire une critique ni même une recension. Juste dire ce qu’ils me font… à l’âme, au cœur, à l’esprit.

Avant Les villes de papier, j’ai lu La dame blanche de Christian Bobin. Même sujet : Emily Dickinson. Mais un peu trop de Bon Dieu. Bobin rédige des phrases courtes criantes de certitude. Comme un marteau qui enfonce un clou avec l’assurance qu’il sera droit.
« Les enfants savent tout du ciel jusqu’au jour où ils commencent à apprendre les choses. Les poètes sont des enfants ininterrompus, des regardeurs de ciel, impossibles à élever. »
« Le silence est l’épée des mères lunatiques »
« Personne n’a jamais eu de parents : quelqu’un dont la seule présence vous empêche de mourir, cela n’existe pas. »
« L’écriture est à elle-même sa propre récompense. »
Mais si je n’avais rien noté, j’aurais oublié, ce n’était qu’un hors-d’œuvre en attendant Les villes de papier.Dans un billet précédent, je racontais qu’à la lecture de certains livres, je deviens parfois le personnage, parfois l’auteur. e.
Ce matin, je parcours à nouveau Les villes de papier de Dominique Fortier, je deviens voyage, je deviens paysage.

Du Massachusetts, je connais surtout Cape Cod. Pour être encore dans l'été, encore dans le livre, encore dans les mots, je me promène autour d’Amherst.
« […] J’écume les sites où l’on voit des photos de Homestead, des Evergreens voisins, de la ville d’Amherst au temps des Dickinson. […] Depuis quand ai-je peur d’entrer dans un livre? »
Je remonte dans le Maine, que je connais mieux.
« Il y a Scarborough, au bord de l’océan Atlantique, un chemin parmi les plus beaux de toute la Nouvelle-Angleterre. Directement face à l’océan, les grandes demeures qui s’y élèvent sont lumineuses, recouvertes de bardeaux de cèdre, percées de fenêtres où se reflètent le ciel et la mer. »
Je prédis une affluence de voyageurs dans cette région, dans les rues Shell, Pearl. Ils iront jusqu’à Prouts Neck. J’irai sûrement, tout comme j’ai été voir Petite Plaisance à Northeast Harbor où a vécu Marguerite Yourcenar.

Les villages, les maisons, les jardins, la mer. J’aurais aimé savoir les livres d'Emily. À part la Bible.

Souvent, je dis que je ne tiens pas à rencontrer les auteurs, que leurs mots me suffisent. Je nuance : j’aime bien les connaitre, mais à travers une biographie, écrite par eux-mêmes ou par d’autres. Et il y a autant de sortes de romans que de genres de biographies. Certaines ressemblent plus à des essais, comme celle de François Ricard sur Gabrielle Roy, celles de Dominique Bona sont très agréables à lire.

Finalement, dans Les villes de papier, ce n’est pas tant Emily Dickinson que j’ai appris à connaitre, à aimer, c’est Dominique Fortier. Pas tellement les mots d'Emily Dickinson que j'ai envie de lire et relire, ce sont ceux de Dominique Fortier. Ce n'est pas à Amherst que j'irai, je retournerai dans le Maine. Assise face à la mer, je lirai.

mardi 18 septembre 2018

Je deviens elles

Eh oui, j’ai encore lu deux livres de front! Deux livres parus presque en même temps. Je dis livres parce que ce ne sont pas tout à fait des romans ni des essais. Ce sont des écritures, et ça me suffit. Je n’ai pas besoin qu’on me raconte une histoire, Juste me faire réfléchir ou m’émouvoir.

Dans Les villes de papier, Dominique Fortier nous présente Emily Dickinson, une poète américaine qui a vécu au 19e siècle. Petits chapitres, quelques lignes par page : j’adore la mise en page aérée qui laisse le temps de respirer, le temps d’admirer le paysage. Doucement, l’auteure s’invite dans le récit. Après avoir raconté la maison et le jardin d’Emily, après avoir présenté la famille, le besoin de réclusion, elle nous amène au bord de la mer, dans le Maine. Je repère les villes autant du personnage que celles de l’auteure sur Google maps, je cherche des photographies. Mais aucune n’est aussi belle que ses mots.

« Le jardin bruisse des murmures des fleurs. Une violette ne se remet pas d’être si fripée. Une autre se plaint de ce que les grands tournesols lui font de l’ombre. Une troisième lorgne les pétales de sa voisine. Deux pivoines complotent sur la façon d’éloigner les fourmis. Un lys long et pâle a froid aux pieds, la terre est trop humide. Les roses sont les pires, énervées par les abeilles, incommodées par la lumière trop vive, soûlées de leur propre parfum.

Seuls les pissenlits n’ont rien à dire, trop heureux d’être en vie. »

Et c’est comme ça du début à la fin. Pur ravissement. Je me suis laissée bercer comme si j’étais sur une mer calme un soir d’été.

Martine Delvaux aussi s’est insérée entre ses questions et ses réflexions. Avant de lire, j’ai revu Thelma et Louise, le film. J’étais tantôt Louise tantôt Thelma. Dans Thelma, Louise & moi, le livre, j’ai été l’auteure. Pourquoi, en 1991, lors du premier visionnement du film et quinze fois par la suite, pourquoi a-t-elle pleuré à la fin? Toute l’histoire des femmes y passe : nos peurs de filles, nos réactions, nos désirs, nos folies, nos envies, nos amours, nos questions, nos réponses, nos silences, nos choix et nos larmes. Disons que les rêves de l’auteure ne m’ont pas autant touchée que ses peurs et ses amours, mais le fait qu'elle explore son chemin, on se sent l'envie de regarder le nôtre.

Le film nous a marquées, le livre m’a appris pourquoi.

Mutation, métamorphose, me projeter. Je prends la couleur du roman que je lis. Je deviens l’autre. Je change de siècle ou d’année. Je change de pays. Souvent au bord de la mer, en Irlande, en Bretagne, au Maine, sur le bord du grand canyon. Souvent sur le bord d’une fenêtre. Dehors, c’est vert. Je change de vêtements, mais jamais trop chics: un t-shirt, une robe toute simple. En revanche, je garde le même environnement: la campagne, la nature, le grand air. La terre, l’eau, les oiseaux, les arbres. Quelques fleurs, je veux bien.

J’avais quinze ans. Mon père admirait, respectait, m'en parlait, me présentait : Pauline Julien, Pauline Marois, Geneviève Gillot, Claire Martin, Nicole Brossard. Ma mère m’a mis les livres de Simone de Beauvoir dans les mains. Plus tard, je lui ai mis L’Euguélionne dans les siennes. Nous étions quittes.
Je suis un peu d’elles toutes : les fortes, les courageuses, les victimes, les colériques, les amoureuses, les travailleuses, les écrivaines, les professeurs, les artistes. Et à chaque lecture, je me reconnais dans un des personnages, parfois même dans l’auteure. Et sinon, je ne lis pas.

Au fil des pages lues, je deviens le personnage. Je lis Villes de papier et je deviens une Emily Dickinson qui n’a qu’une envie : rester assise dans sa pièce préférée. Sans le blanc, sans le poème, sans le jardin, mais avec les livres comme seuls compagnons. Être là, à écouter les petits cris stridents des écureuils en souhaitant qu’ils ne fassent pas d’autres dégâts dans le moteur de mon automobile ou ne fassent pas leurs nids dans un coffre du VR.

Je lis Thelma, Louise & moi de Martine Delvaux, je me change en cowgirl. Je me vois très bien foncer sur les routes, essayer de comprendre les hommes, aider les femmes à devenir autonomes. Je revois aussi la jeune fille de 19 ans qui avait
« peur d’être suivie. Peur de faire confiance. Peur d’être aimée, peur de ne pas être aimée. Peur d’écrire. Peur d’avoir peur. Peur d’avoir peur d’écrire »
À la limite du transfert, je deviens l’auteure. Comme l’hypocondriaque qui devient le malade dans une émission du Docteur Grey.

Je suis Jo le personnage ou Louisa May Alcoot, l'auteure dans Les quatre filles du docteur March.
Je suis cette enfant solitaire qui aime lire et s’appliquer à bien tracer ses lettres, remplir des cahiers.
Je suis celle qui est parfaitement heureuse avec un livre entre les mains. Et rien d’autre.

Comme Martine Delvaux : 
« Je n’ai aucun désir d’aller écouter parler des femmes que j’ai lues et que j’admire. Je n’ai aucun besoin de les voir dans la réalité. Je n’ai pas le fantasme de les rencontrer. Elles existent à l’intérieur de moi, je vis avec leurs mots, ça me suffit. »
Dans Les villes de Papier, je me vois très bien dans cette femme solitaire qui préfère le silence au bruit des villes.
« […] comme la plupart des gens qui, en vieillissant, se raffermissent dans leurs habitudes et deviennent de plus en plus eux-mêmes, cède-t-elle [Emily Dickinson] à son penchant naturel la solitude, et à son corollaire, le silence. En vérité, cela ne me semble pas si difficile à concevoir — à la rigueur, on a plutôt du mal à comprendre pourquoi plus d’écrivains ne font pas le même choix. »
 Les villes de papier et Thelma, Louise & moi ont éclairé la fin de mon été.
« Le monde est noir et la chambre est blanche. Ce sont les poèmes qui l’éclairent »
Les villes de papier, Dominique Fortier

Ajout en complément: lire l'Aparté de Dominique Fortier au sujet des Villes de papier >>>

mardi 11 septembre 2018

Carnet de roman (16)

Tu as enregistré le fichier de ton roman sur une clé USB. Prêt à être imprimé quatre fois.
Quatre fois pour quatre éditeurs qui demandent la version papier.
Prêt à être envoyé chez deux éditeurs qui acceptent le fichier numérique.

Tu déjeunes et tu lis Thelma, Louise & moi de Martine Delvaux. Tu viens tout juste de le recevoir via Biblio Outaouais.
Après trois pages, tu as envie de reprendre ton roman d’y ajouter quelques lignes.
Comme avant-hier en lisant Villes de papier de Dominique Fortier.

Certaines lectures te font ça : avoir envie d’écrire. Pas écrire comme les auteur-es. Pas copier, non. C’est que leurs romans te donnent des idées, te rappellent des émotions, te remuent le cœur et le cerveau.

Tu penses que ton roman est fini, mais comme Cézanne qui reprenait ses tableaux, tu réécrirais certaines phrases. Est-ce un acte manqué : tant qu’il n’est pas chez l’éditeur, tant qu’il n’est pas imprimé, tant qu’il n'est pas refusé, tu peux encore le reprendre, le réécrire? 

Ça fait cent fois que tu le dis : tu ne devrais pas lire pendant que tu écris!
Oui, mais là, je croyais avoir fini.
Oui, mais là, c’est la rentrée, il y a de tellement bons romans intéressants.

Tu aimes lire des livres qui parlent des auteurs, des écrivains. Comme Le dernier chalet, comme Villes de papier, comme Thelma, Louise & moi.
Ils parlent d'eux, mais tu te reconnais.
Leurs phrases appellent tes phrases.
Leurs mots soufflent sur les tiens.
Leur vie ressemble à la tienne.

Tu écris ta lettre aux éditeurs. C’est plus difficile d’écrire deux pages aux éditeurs que trente pages de roman. La lettre qu’ils liront en premier. Ils ne liront peut-être rien d’autre. Tu voudrais être originale, qu’ils mettent ton manuscrit sur le haut de la pile, qu’ils t'appellent après la lecture des trente premières pages. Ou les vingt dernières que tu juges meilleures. Tu rêves en couleurs! Tu as envie de relire ces trente premières pages pour voir si elles ne peuvent pas être meilleures encore.
Tu en relis cinq. Tu changes quelques mots.

Visiblement, tu procrastines, tu retardes le moment de l’envoi. Tu as peur de faire le saut?

Tu te sais impulsive, tu essaies de te calmer, prendre le temps qu’il faut pour bien faire les choses. T’assurer que ta lettre est la meilleure que tu puisses écrire.

C’est qu’il vient un moment où tu es seule à prendre la décision. Tu n’as plus ton père ou ta mère ou un professeur ou un mentor ou un agent ou une directrice littéraire ou un-e ami-e pour t’encourager, pour te donner une petite tape dans l’épaule. Te dire, « ça va aller ». Au pire, tu auras un refus. Mais si tu ne l’envoies pas, tu n’auras rien.

Allez, saute.
Allez, clique sur « envoyer ».

vendredi 7 septembre 2018

Que du beau, du grand, du merveilleux!

« UN VOYAGE MERVEILLEUX » dans la région de la capitale nationale!
Venez admirer 45 œuvres gigantesques célébrant la nature dans toute sa splendeur. Soyez témoin de cette exposition éphémère comptant plus de 5,5 millions de plantes, un véritable hommage au travail magistral qu’exige l’Art de la Mosaïculture et un admirable témoignage de l’excellence de ses magiciens créateurs de renommée internationale.

Tous les mots sont vrais : merveilleux, gigantesques, splendeur, magistral, excellence.
Gatineau, à une heure de chez nous, c’est à côté, quoi!
Succès l’an dernier, de retour cette année, qu’est-ce que j’attends?

Une belle journée, autour de 24 degrés, ressentis et tout, je me décide.

Qu’on aime les plantes, les fleurs, la nature, l’art ou l’histoire ou simplement se promener dans un parc, s’assoir à l’ombre d’un grand saule, écouter une musique tout à fait appropriée, c’est l’endroit idéal pour passer une heure ou deux ou trois.

Même si parfois on voit les édifices derrière, on devine aussi la rivière, la marina. Même sans fermer les yeux, vous pouvez vous croire dans un grand parc de New-York ou de Paris. C'est chez nous. Les plantes et les fleurs douces et colorées nous parlent de notre histoire, de notre pays, du nord à l'ouest, de la terre et de l'eau. De la création de notre monde.

Et même si on dit qu’une image vaut mille mots, ne vous contentez pas de regarder des photos, les miennes ou celles de professionnels, allez-y. Ni les mots ni les photos ne réussissent à vous faire sentir ce que l’on sent, à vivre ce que l’on vit quand on est là, dans ce décor absolument original.












Et plus prosaïquement: 10$ de stationnement et 18$ (prix d’aîné) pour l’entrée. Gratuit pour les personnes à mobilité réduite en quadriporteur ou fauteuil roulant.
Jusqu'au 15 octobre.

vendredi 31 août 2018

« Je n’ai pas mon voyage »

Photo prise lors d'un voyage en 2016 parce que celle d'hier, je n'ai pas pensé à la prendre!
J’aurais pu être contrariée, c’est mon genre. Tout ce que j’aurais fait, je l’aurais fait en grognant, en rouspétant. À vingt ans, j’aurais tapé du pied, j’aurais boudé, je me serais enfermée dans ma chambre.

À vingt ans par contre, je me débrouillais, je savais changer un pneu, je savais quand et comment mettre de l’huile dans une auto, comment faire démarrer un moteur « noyé », comment vérifier des bougies, comment « booster » un char avec des câbles. J’aimais avoir les mains dans la graisse.

Aujourd’hui, je connais les mots en français, mais c’est tout.

Donc, je n’étais pas contente, mais pas contrariée.
Il faisait beau, frais, on respirait bien, les poumons dégagés, les sinus libres.
J’avais bien dormi, la tête lavée, le déjeuner pris, la vaisselle du matin rangée, la Van remplie, les portes et fenêtres de la maison verrouillées.
Je ne dépassais ma prédiction d’horaire que de vingt minutes.
Même le GPS indiquait l’heure d’arrivée : 13 h 45. J’ajoute toujours une bonne heure pour le trafic, les haltes routières. Ce serait très bien.

Ça y est, c’est le départ.
La clé dans le contact. Toc-toc, toc-toc. Pas gnigne-et-gnigne, non, toc-toc, toc-toc.
La batterie complètement à plat.
Pourtant, dimanche, j’ai reculé la Van près de la maison, tout allait bien.
La semaine dernière, au garage, vidange d’huile, changements de bougies, permutation et pression des pneus. 664 $. J’avais confiance.

Pendant qu’une appelle notre mécanicien, l’autre sort le bloc d’alimentation justement rempli la semaine dernière aussi. On ne peut pas dire qu’on n’est pas prévoyantes!
Essaie les lumières, oui, elles fonctionnent. Batterie? Starter?
Petit banc, parce qu’un 3500, c’est haut. Branche le bloc d’alimentation, un 700 watts. Le rouge d’abord, le noir. Essai. Le toc-toc devient gnigne-et-gnigne, mais pas assez longtemps, pas assez fort. Éteins. Attends. Nouvel essai. Un tout petit gnigne-et-gnigne et retour définitif au toc-toc. L’icône jaune du « check-engine » reste allumé. Revérifie, débranche, rebranche, repart… Toc-toc, toc-toc. Le bloc d’alimentation est déjà à plat.

Aux grands maux, les grands remèdes. On ne paie pas notre assurance pour rien. Appel, assistance-routière. Nous n’avons droit qu’à un seul service : survoltage ou remorquage. On ne prend pas de chance, ce sera remorquage.
On est jeudi, longue fin de semaine de trois jours. Décision, même si la Van est réparée, on ne part plus avant la semaine prochaine. Et encore, on verra. En attendant la dépanneuse, on vide la Van. Ordre inversée d’entrée: le frigo, le congélateur, l’ordinateur, les tablettes, les armoires, les vêtements, les livres.

Trop occupée pour penser, pour réagir, pour bouder. Ou pour se sentir nulle. Ou pour regretter mes vingt ans quand la mécanique automobile était à la portée de tout le monde.
La dépanneuse arrive.
Le camionneur-préposé-technicien sort un « gros » bloc d’alimentation, la batterie vrombit du premier coup, mais on sent l’effort. L’icône jaune du « check-engine » s’éteint. La batterie tient le coup, le moteur a de grands soupirs hésitants, mais la Van pourra monter sur la dépanneuse toute seule.
Bye-Bye Van qui s’en va chez notre mécanicien averti.

On entre dans la maison, on tourne en rond. On range les vêtements. On jase. On n’a pas l’air du tout de filles déçues de ne pas être parties. Pas l’impression de manquer notre voyage. Ou quelque chose d’exceptionnel. Sommes-nous désabusées? Plus le goût de partir? Jamais plus? Nulle part?
Pourtant si. L’hiver, quand il fait froid et qu’on préférerait avoir chaud. Pas jusqu’à 30 degrés, ressentis 40, mais dans les 20-25, c’est très bien. Comme aujourd’hui.

Bientôt l’heure du diner.
Zut on a oublié les médicaments dans la Van.
On n’hésite pas, on part en auto. On roule lentement, on voit une mère chevreuil et ses deux petits dans un champ de soya. On ralentit. On sourit. Ils nous regardent. Décidément, une belle journée.

Au garage, les hommes sont absents, partis diner sans doute. Notre Van n’est pas verrouillée, on prend les médicaments, mon casque de vélo.

À Chénéville, on arrête à un nouveau bistro qui annonce des paninis. Petite table et chaises à l’extérieur. On décide de se gâter. Sauf que dehors, et à l’intérieur, musique trop forte, trop rock. Je demande poliment si c’est possible de baisser la musique. Non, c’est la marque du resto. Contrariée la madame. Pas moi, la serveuse (ou propriétaire, je ne saurai jamais)! Bon, bien, c’est dommage. Non, la musique trop forte, trop rock and roll, qu’on s’entend pas penser, pas pour nous. On est peut-être deux vieilles fatigantes, mais on assume.

Achats de pains et jambon fumé chez Metro, retour à la maison. Diner sur notre galerie terrasse à nous. Bière, panini, salade et… le doux silence de la nature (les écureuils partis diner aussi?).

Finalement, pourquoi serais-je contrariée? C’est une très belle journée.
On partira un autre jour. Ou pas du tout.
N’empêche j’aimerais avoir encore vingt ans. Quand je savais, quand je me débrouillais. Mais quand je boudais aussi?

dimanche 26 août 2018

Le dernier chalet d'Yvon Rivard


Qu’importe qu’Alexandre, écrivain dans la soixantaine avancée, soit l’alter ego d’Yvon Rivard, qu’importe que cet Alexandre ait déjà été le personnage, à des âges différents, de livres précédents : Le siècle de Jeanne (2005), Le milieu du jour (1995), Les silences du corbeau (1986), qu’importe que ce soit un roman ou un carnet, ou de l’autofiction, je l’ai écouté tout au long des 200 pages dans Le dernier chalet. Délicieusement. Avidement. Intellectuellement.

Je vivais avec lui, dans la nature, près d’un renard, les yeux rivés de l’autre côté du fleuve, là où Gabrielle Roy écrivait, marchait, vivait ses derniers jours. Je l’ai écouté me parler de son voisin, le fermier Gilbert, de son père, bûcheron, de sa Marguerite qui écrit le matin qui marche avec lui l’après-midi, de ses ex, Clara et de Françoise, de ses petits-enfants qui lui rappellent sa jeunesse. Il est intellectuel, Alexandre, il passe ses journées à réfléchir, mais il coupe aussi du bois, il entretient un potager, il nourrit les oiseaux, il répare le chalet.

Il m’a fait voir Champlain sous un jour nouveau. Comme s’il revenait, pagaie à la main, au 21e siècle, nous dire de prendre soin de notre pays.

Il lit beaucoup, Alexandre. J’ai bien aimé que les citations de Gabrielle Roy, Virginia Woolf, Friederich Holderlin, Rainer Malker Rilke, Rimbaud soient intégrés au récit, sans notes en bas de page comme si c’était un travail universitaire.

J’ai revu les chalets de mon enfance, les baignades, les jeux, les vacances, mes grands-parents qui venaient nous voir. Doux souvenirs.

Ses longues phrases m’ont entraînée dans les méandres de mon esprit. Je me suis vue à 19 ans, quand j’aimais follement la philosophie, que j’engloutissais L’être et le néant comme si, enfin, le monde, le sens de la vie et de la mort allaient m’être révélés. Yvon Rivard le fait de manière beaucoup plus concrète, moins théorique.

Bien sûr je me suis identifiée à l’écrivain, mais autant à l’homme qui aime la nature, le fleuve, la retraite, et qui n’a pas peur de la solitude. En lisant qui il est, je comprends mieux qui je suis, qui ma mère a été, une solitaire dans l’âme. Ce qui m’a permis, à mon tour, de mieux circonscrire mes personnages de roman, de les déculpabiliser de ne pas être des porte-drapeaux de cause sociale.
« Le monde serait moins stagnant si tous les retraités étaient conscients que leur oisiveté n’est pas inutile, que leur solitude n’est pas une malédiction, que l’une et l’autre sont une chance d’être plus grands que leurs destins. »

« Le secret des solitaires à qui rien ne manque c’est de ne rien désirer d’autre que la vie et de s’isoler pour ne pas étioler ce désir. »
Pour ce qui est de la mort qu’il regarde en face, comme un coucher de soleil, disons que je n’ai pas entrouvert la porte aussi grande. Pas comme lui. Ce n’est pas elle que je voie dans le fleuve, ni dans mon âge qui avance, bien sûr, trop rapidement.

Dans Le dernier chalet, comme dans la plupart des livres, c’est soi-même qu’on cherche à comprendre, à accompagner. C’est aussi l’autre qu’on cherche à comprendre, à aimer. Yvon Rivard, dans Le dernier chalet, a réussi à me faire aimer cette vie de nos soixantaines avancées.

Et qu’importe si on n’écrit plus ou qu’on ne fait que lire au bord du fleuve.
Délicieusement. Avidement. Intellectuellement.
On a le droit.


jeudi 23 août 2018

Carnet de roman (15)


Jeudi, 23 août 2018,
19 h 30,
90 jours après la fin de « mon » Camp littéraire Félix, j’ai terminé la réécriture de mon roman.
Satisfaction du devoir.
Fébrilité joyeuse.
Sentiment d’accomplissement.
Entêtement récompensé.

Il reste au moins deux relectures, une à voix haute, une sous la loupe d’Antidote.
Il reste à maintenir la confiance.
Surtout avec la rentrée littéraire qui me fait déjà voir la publication de romans d’auteurs chevronnés, la plupart plus jeunes que moi. Alors le mien, fera-t-il un jour partie de cette cohorte? Rejoindra-t-il enfin ses deux petits frères de 2011 et 2015? Plaira-t-il aux éditeurs?

Travailler encore. Mais avec les épaules plus légères et le cœur apaisé.
Comme un exercice plus relaxant après le marathon.
Avant, partir un peu comme une récompense, une pause avant de replonger.

Retourner à la lecture, l’esprit concentré sur d’autres histoires que la mienne.
Lire Yvon Rivard, Dominique Fortier, Martine Delvaux.
Ne pas me sentir intimidée par leurs romans, leurs noms.

Repenser à ma mère qui me disait que la reine Élisabeth allait à la toilette comme elle et moi.
Ma mère, elle l’invoquait souvent la reine Élisabeth :
mariée en 1947 comme elle
premier fils en 1948 comme elle
deuxième enfant, une fille en 1950, comme elle.

Ces points en commun devaient me faire comprendre que nous étions tous égaux, que nous vivions les mêmes choses. Que je ne devais pas me laisser impressionner par un titre, par une couronne, par un château.
Que le soleil brille pour tout le monde.
Chez moi, ce soir, il était éclatant. Annonciateur de beaux jours à venir.

dimanche 19 août 2018

Encore l'été



Encore l’été. Le matin, le jaune du champ de maïs. Souvent la brume venue de la rivière Petite-Rouge. Les montagnes bleutées. Le soir, le soleil couchant, de plus en plus au sud-ouest. Rond, orangé vif. Cette semaine, un chevreuil qui me regarde, qui se demande, qui attend et qui finit par partir vers la réserve Kenauk.

Encore l’été. Le matin, j’écris dans mon bureau ensoleillé. L’après-midi, je lis. Dehors, à l'ombre. 

J’ai terminé L’autre saison de Louise Simard. Un livre écrit dans les règles de l’art : intrigue à résoudre, personnages bien définis, émotions décrites par les cinq sens, sentiments bien sentis. J’ai tout lu, c’est dire que j’ai aimé. Surtout que j’ai senti cet amour des promenades, cette passion pour la nature. Mais… eh oui, il y a un mais… son Thana, la fille-rivière était tellement, mais tellement plus riche, plus beau, plus fort. Il ne faudrait pas que je compare. Chaque livre m’amène dans un temps et un lieu nouveaux. Il y en a des plus beaux, des où je demeurerais plus longtemps, des qui me chavirent plus que d’autres. Mais toujours il me permet de devenir un peu plus l’écrivaine que je veux être. Que je suis.

Parce que je ne lis plus pour me distraire. Je ne veux pas qu’on me raconte une histoire, je veux qu’on me raconte une vie.
Ce fut le cas pour L’autre saison de Louise Simard.

Et ce l’est également pour Le dernier chalet d’Yvon Rivard.

Depuis 2004, je lis pour mieux écrire. Avant aussi peut-être, mais je n'en avais pas conscience.Quand je lis, je ne distingue plus la lectrice de l’écrivaine-qui-lit. Lire pour moi, c’est presque étudier comment le livre est écrit. C’est écouter la musique d’un autre pour mieux entendre la mienne, une fois devant mon écran. C’est aller dans « ce temps plus grand dans lequel nous entrons lorsque nous écrivons », comme l'écrit Yvon Rivard.

En lisant ses longues phrases de quinze lignes, je ne dirais pas que Yvon Rivard est de la génération des cours classiques ou des « vieux », parce que dernièrement, j’ai lu un extrait de Belle-mère, écrit en 1995 et quand j’ai vu les phrases courtes souvent sans pronom, parfois sans verbe, qui commencent par une conjonction, j’ai été surprise de voir que l’écrivaine française, Claude Pujade-Renaud (avec un tel prénom, vous comprenez tout de suite pourquoi j’ai jeté un coup d’œil) est née en 1932.

Donc, Yvon Rivard préfère et contrôle très bien la longue phrase. Il faut en lire de temps à autre pour ne pas oublier, pour que notre esprit, habitué aux raccourcis, soit capable de suivre le fil.

J'achève son livre, je prends mon temps, je relis, je déguste, je note. Il y est question de Gabrielle Roy, du fleuve, d’écriture. J’adore, bien évidemment. Je m’identifie. Mes propres souvenirs de chalet, d'enfance et d’été refluent. On dirait presque un carnet. Le carnet d’un écrivain qui écrit de moins en moins, mais qui a peur qu'en cessant d'écrire, la mort vienne. Il se pose des questions en regardant la rivière se jeter dans le fleuve, en pensant à ses petits-enfants qui vieillissent et n'ont plus besoin de lui.

Encore l’été. Bientôt un voyage. Voir d’autres couleurs, entendre d’autres sons, sentir d’autres parfums. Il fera moins chaud, il y aura moins de monde sur les routes. Je lirai sur une plage. J’écrirai dans un cahier.

Toujours ces trois passions qui m’habitent, que je vis.

lundi 6 août 2018

Autre suggestion pour le 12 août:
Reste encore un peu de Loïse Lavallée

Son premier roman.

Récipiendaire du prix Jacques-Poirier en 2008 pour son recueil de nouvelles 13 malentendues, La part manquante des Évangiles, Loïse Lavallée a écrit des nouvelles, des récits, des livres pour les enfants, mais c’est son premier roman. « Il faut du souffle » dit-elle dans un article du journal Le Gatineau Express de juillet dernier.

L’histoire se passe en Outaouais, l’auteure y tenait, mais comme elle a vécu une résidence d’écrivain à Vezelay, en France — comme plusieurs autres écrivain. e. s de l’Outaouais — elle a profité de son expérience pour y envoyer un de ses personnages.

C’est l’histoire d’un triangle amoureux. Qui pourrait être la nôtre. Ce que j’ai aimé, c’est d’entendre la voix de chacun : l’épouse, la mari et la maîtresse. Et même celui de l’adolescente hargneuse. Chacun a sa façon de voir leurs relations. Des choix difficiles, des attentes forcément déçues. Un séjour à l’hôpital qui remet tout en cause. Des scènes d’amour très bien écrites. Et une fin assez surprenante.

La richesse du vocabulaire, le style imagé de l’auteure nous permettent d’entrer dans l’intimité de chacun. Et une si belle couverture nous invite à prendre ce livre, le toucher, le feuilleter... et le talent de l'auteure fait le reste: on lit. J'ai lu, j'ai aimé.

Versions papier ou numérique, disponibles sur les sites des librairies, et on peut l’emprunter à la BANQ.

jeudi 2 août 2018

Le 12 août, j'achète un livre québécois




Le premier c’est certain, quant aux deux autres, ce sera plutôt commander parce qu’ils ne seront disponibles qu’à la fin du mois.

Raisons qui m’ont conduite à ces choix :

L’autre saison

Parce que c’est Louise Simard. J’aime son écriture, ses sujets, souvent liés avec l’histoire d’une région. C’est elle qui a écrit La querre des autres et de Père en fille où il est question des mercenaires allemands venus en Amérique pour la révolution américaine. Pour qui s’intéresse aux descendants d’Allemands, c’est fort intéressant. Et puis, comme moi, elle aime les oiseaux et la nature. C’est une raison suffisante à mon goût.

Thelma, Louise et moi

Parce que c’est Martine Delvaux et qu’elle a déjà écrit : 
« Je ne sais pas tirer le fil d’une histoire. Je ne sais pas inventer. Je ne sais que noter, toutes ces choses que je prends aux autres et que je fais tourner. »
Ce qui me rappelle quelqu’un.

Et dans Thelma, Louise et moi, c’est déjà imprimé :
« Et au moment où les mots arrivent, avec le frémissement dans le ventre qui indique que ça y est, que je peux enfin me mettre à écrire, alors d’un coup je me détourne, aller chercher (sic) un verre d’eau, attraper un livre, noter quelque chose dans un carnet. Je m’éloigne du clavier, muette devant les mots. J’ai peur de lever les yeux sur ce qui me guette. »
Et que dans ce livre, elle parle du film Thelma et Louise. Que j’ai tant aimé également.

Les villes de papier

Parce que le résumé me dit qu’il y sera question d’Emily Dickinson. J’aime quand on me parle des écrivains. Vu de l’intérieur surtout.

« Si, comme elle l’écrit, l’eau s’apprend par la soif et l’oiseau par la neige, alors Emily Dickinson, elle, s’apprend par la mer et par les villes. Figure mythique des lettres américaines, celle que l’on surnommait « la dame en blanc » demeure encore aujourd’hui une énigme. Elle a toujours refusé de rendre sa poésie publique et a passé les dernières années de sa vie cloîtrée dans sa chambre ; on s’entend pourtant maintenant à voir en elle un des écrivains les plus importants du dix-neuvième siècle. Les villes de papier explore son existence de l’intérieur, en mode mineur, à travers ses livres, son jardin et ses fantômes. »  
Et vous, votre choix est-il arrêté?

dimanche 29 juillet 2018

De mes lectures l'été

Le choix de mes lectures est-il différent selon les saisons? Non. La seule différence : le fauteuil et le breuvage! 
C’est l’été. Et quel été! La chaleur allège ma culpabilité de ne rien faire. Ou plutôt je me sens bien à l’aise de lire tous les après-midis.

La semaine dernière, j’en ai parlé à Karine Lessard d’Ici Première… à 6 h 25 le matin. (Oui, oui entrevue pré-enregistrée, quoique je suis souvent éveillée à cette heure).

Je résume et complète mes propos au sujet des lectures estivales.

Que lisez-vous l’été?

Même quand je travaillais à l’extérieur, même quand j’avais des vacances en été, je ne me suis jamais dit : tiens je vais lire ce livre cet été ou je vais garder ce livre pour l’été prochain ou pire, je ne lirai pas ce livre parce que c’est l’été.
Je crois que la lecture de livre, c’est plutôt selon l’âge ou selon nos besoins, nos expériences, nos passions. Aujourd’hui, je lis moins de polars, de thrillers. Presque plus d’essais. Je lis beaucoup plus de livres écrits par des femmes. Je lis évidemment plus de romans québécois que dans les années 70.

Un livre qui vous a grandement émue

Émue ou marquée? Ou remuée?
Lors de l’entrevue, j’ai fait la différence entre un livre qui m’a marquée et un roman qui m’a émue. Je l’ai dit souvent, j’ai été marquée à jamais par L’Euguélionne de Louky Bersianik publié en 1976. Pour ce qui est d’être émue, j’ai cherché dans ma mémoire et dans ma bibliothèque. J’ai pensé aux sœurs Groult, aux Filles de Caleb, à la trilogie de David Gaudreault et aussi à La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau Lavalette. Tous ces romans m’ont émue différemment, pour différentes raisons. Finalement j’ai choisi Fleurs de neige de Sara Lee parce que c’est une belle histoire d’amitié et hélas, comme souvent de trahison.

J’ai la jasette assez facile alors je n’ai pas eu le temps de raconter

Un souvenir lié à la lecture d’été

J’avais 15 ou 16 ans. Nous étions au chalet, au lac Simon. J’avais terminé depuis longtemps Les mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir et Rebecca de Daphné du Maurier, deux romans que ma mère avait glissés dans mes bagages. Mes parents jouaient au scrabble chez mon oncle et ma tante. J’aimais bien les regarder chercher, réfléchir, essayer de tricher, rire. Mais ça pouvait être long. Près d’un fauteuil, une petite bibliothèque. Deux bonnes rangées de livres. Tous des Maigret de Simenon. Je les ai tous lus. L'été suivant, j'ai apporté plus de livres, mais je savais que s'il m'en manquait, je pourrais toujours aller voir mon oncle.

La lecture au moment de l’entrevue

N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell.
Ce n’est pas tant le sujet du sida en Suède dans les années 1980 qui m’a vivement intéressée. D’ailleurs quand l’auteur passait au mode essai, je décrochais un peu. Ce qui m’a plu, c’est comment l’auteur raconte une histoire à travers des personnages très typés. Un témoin de Jehovah homosexuel est bien différent d’une « tantouse ». Le style de l'auteur m'a emballée, cette façon de répéter certaines phrases accentuait la narration.

Vos livres à lire plus tard

Quand plus tard? Je suis du genre tout de suite. Je choisis selon les suggestions de mon club de lecture, la revue les Libraires, Kobo, des amies.
Mais pour l’événement « le 12 août J’achète un livre québécois », je compte bien acheter ou commander: L’autre saison de Louise Simard, Les villes de papier de Dominique Fortier, Thelma, Louise et moi de Martine Delvaux.

Livres jeunesse

À la toute fin de l'entrevue, Karine Lessard m'a demandé une suggestion de livres pour les jeunes. Sans hésiter j'ai lancé le nom d'Andrée Poulin. Non pas qu'elle est de l'Outaouais... si, un peu, mais ses livres rejoignent plusieurs catégories d'âge, certains sont primés et puis parce que je la connais.

La lecture ces jours-ci

Une amie m’écrit qu’elle lit Les devins de Margaret Laurence. Wikipédia m’apprend que l'auteure est née le 18 juillet 1926 au Manitoba et décédée en 1987, Canada. Dans La presse du 6 janvier 1987, j’apprends que c’est un des écrivains canadiens les mieux connus dans le monde. Ah! oui? Sa saga de Manawaka (ville imaginaire) a été traduite par Claire Martin en 1976, introuvable aujourd’hui. Heureusement Alto l’a fait traduire à nouveau, par Sophie Bastide-Foltz et édité en… 2008.
Je décide donc de commencer par le début avec L’ange de pierre.
Comme j’aime beaucoup, j’enchainerai sûrement avec
Une divine plaisanterie
Ta maison est en feu
Un oiseau dans la maison
Les devins
.

L’été sera peut-être alors terminé. Mes lectures… jamais.

Lien vers La presse de 1987, page 12 >>>
Site des éditions Alto >>>
Émission Les matins d’ici du 26 juillet, 6h25 >>>
Site d'Andrée Poulin >>>

samedi 14 juillet 2018

Un seul mot

Un mot, une phrase peut blesser, peut réjouir, peut redonner confiance.
Sait-on jamais quel mot, quelle phrase touchera l’autre?
Hier soir, ce fut le mot fluide.

Francine a dit que j’avais « une écriture fluide » dans mon blogue.
Et elle me donne le livre Les femmes qui écrivent vivent dangereusement.
Me parler de mon blogue, me donner un livre. Je suis émue. Je suis aux anges. Je flotte. Je renais. On me lit. On aime ce que j’écris. C’est rare, c’est précieux.

Le savez-vous que vous êtes peu nombreux à me parler de mon sujet préféré : les livres. On ne devrait pas demander aux gens comment ils vont, on devrait leur demander : « qu’est-ce qui vous intéresse ces jours-ci? »

À quelqu’un qui n’est jamais très loin du fond de la désespérance (oui, je sais je suis un peu une Anne Shriley de l’exagération) en matière d’écriture, cette conversation ressemble à un printemps qui refleurit. À une eau fraîche par un jour de canicule. À un lever de soleil rosé après des mois de nuages noirs.

Vous me direz que j’étais pourtant déterminée fin mai au retour du camp littéraire Félix. Oui, bien sûr. Mais en bon bélier qui a la course rapide, mais la résistance anémique, j’ai eu la respiration haletante un mois plus tard. L’estomac s’en est mêlé, le sommeil aussi. Les questions ont suivi. L’écriture ne coulait plus, était loin d’être fluide. C’était devenu un devoir. Le genre de devoir qu’on écrivait pour plaire au professeur. Où notre cœur n’y était pas.

Et pour éviter d’entendre « non, non, non » de M. B. qui m’interdit le scepticisme, je me suis même interdit mon Carnet de roman. Je n’ai rien abandonné, tout juste délaissé.
Mais écrire l’été? C’est être masochiste, ou folle, ou obsédée. À moins qu’il ne pleuve à torrents ce qui n’est pas le cas cet été.

L’été, il y a les fraises, les framboises, les bleuets.
Il y a les pique-niques, les baignades, les promenades à vélo.
Il y a les vacanciers à accueillir, la famille à recevoir.
Il y a aussi les merles, les geais bleus, les phébis à observer.
Il y a les livres à lire.
Il y a la vie.

Je me suis donc remise à la lecture. Frénétiquement, comme une nageuse essoufflée qui s’accroche à une bouée qui la fait encore rester un peu dans l’eau, son milieu préféré.
J’ai enchaîné les lectures :

Bien sûr, Les femmes qui écrivent vivent dangereusement de Laure Adler et Stefan Bollmann. Sur les cinquante femmes citées, j’en connaissais une petite vingtaine. Donc encore des heures de plaisir à découvrir les autres.

Puis,
Hôtel Lonely Hearts : J’ai encore ragé contre le titre anglais (en partie, je sais puisqu’il y a un accent circonflexe sur le « o »). À les voir se multiplier (My absolute darling, After), à ne pouvoir m’y opposer, je baisse le ton. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi ce titre. On mentionne le nom de l’hôtel une seule fois… à la page 518. L’éditeur a raison de dire que c’est « un conte sans fées ». Un style original, de l’érotisme à chaque page, des métaphores à la tonne, de la musique, de la magie. Bref, j’ai bien aimé.

L’amour aux temps du choléra : Venu par erreur sur mon agrégateur Netvibes, alors que le billet de Madame lit datait de 2015, j’ai quand eu le goût de relire. Fait du bien de lire des vraies phrases, longues avec des virgules, des subordonnées. Une histoire qui ne bouscule rien, une intrigue sans violence, autre que celle des sentiments. Délicieusement suranné et puis, même pas. Disons que cet amour passionné ne m'a pas émue, mais qui ne rêve pas d’avoir un Florentino aussi tenace et patient?

Débâcle de Lize Spit (en numérique) : Attirée par les articles élogieux, les étoiles accordées, les prix remportés, il m’a fallu attendre longtemps avant de lire plus qu’un extrait parce qu’il est beaucoup emprunté, numérique ou papier.
Oui, pour les louanges méritées. Oui, pour la forme construite comme un scénario de télé. Oui, pour le récit glacial comme un vent calme avant l’orage.

13 à table : treize nouvelles publiées par certains auteurs chevronnés. Le thème de 2018 (parce que ça fait trois ans, je crois, que le concept existe, voir leur site Internet) est l’amitié. Certaines nouvelles s’en tiennent à ce thème d’autres non. Certaines sont vraiment surprenantes, d’autres ont une chute très réussie, d’autres un peu plus prévisibles, mais toutes agréables à lire.

Quarante-quatre minutes, quarante-quatre secondes de Miche Tremblay : J’étais à la bibliothèque municipale, j’attendais un livre pour une amie. Évidemment, je furetais. Tiens, un Tremblay que je ne me souviens pas avoir lu. Je feuillette. J’emprunte. Je lis. J’aime.

Alors, merci Francine. Merci pour Les femmes qui écrivent vivent dangereusement. Merci pour Hôtel Lonely Hearts. Mais surtout pour m’avoir écoutée. M’avoir parlé de mon blogue. Être intéressée par la lecture et l’écriture.

Alors moi aussi, un seul mot: merci.

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mardi 3 juillet 2018

Tomate rouge contre stylo rouge

Depuis quelques jours, je ne filais pas. La tête vacillante, le matin surtout. L’estomac nerveux, comme une barre qui sépare mon corps en deux. Fatigue. Moins d’énergie. Respiration courte.

Question : suis-je stressée?
Réponse à moi-même : comment pourrais-je l’être, aucune obligation, je reviens d’une belle escapade au bord du fleuve.

Est-ce déjà arrivé? Et qu’ai-je fait?
Réponse à moi-même : oh! que oui! Comment oublier les quatre heures d’attente au CLSC. Et le diagnostic : rien, je n’ai rien, rien aux poumons, rien à l’estomac. Juste anxieuse et insomniaque.

Calme tes ti-nerfs, Claude. Respire. Dors. Mange mieux, mange moins, un peu moins de café, un peu moins de vin.
Arrête de te stresser. Dis à ton petit hamster d’aller jouer dehors. Il va crever sous la chaleur.
Personne ne te demande de finir ta révision de ton manuscrit demain matin. Personne ne te demande de te lever à 6 heures. Rien ne t’oblige à y penser 24 heures sur 24. Et puis, écoute-moi bien: tu ne culpabilises pas. Ça ne veut pas dire que tu abandonnes ni ne renonces. Ni que c'est un échec.

Écrire peut-il rendre malade?
Réponse à moi-même : peut-être pas écrire, mais se stresser, oui.

J’ai donc arrêté de me lever à 6 heures, arrêté de corriger mon roman. Et je lis, je butine, je me baigne, je relis, je joue à Candy crush. Avec les ressentis 40 degrés, je demeure dans la maison climatisée. Je me promène sur Facebook.

Et puis, je suis tombée sur une vidéo d’Irène Grosjean qui parlait de médecine de santé et non de médecine de maladies… et surtout d’alimentation. J’ai lu ceci :
En mangeant de la nourriture morte, nous restons dans des fréquences basses : la peur, l’angoisse, la dépression, la contrariété, le négatif. En mangeant de la nourriture vivante et pleine d’énergie, nous avons accès à des fréquences plus élevées : amour, tolérance, partage, développement de l’intuition et de la clarté.
Au lieu d’accuser le stress de tous mes maux, je vais maintenant accuser mon alimentation.
En fait, je n’accuserai rien ni personne. Je ne vais pas commencer, comme d’habitude, à chercher des faux-fuyants. Ni tergiverser. Juste écouter mon corps, il veut du repos, il veut du calme, il peut se guérir lui-même.

Je ne suis pas plus du genre extrémiste et tout couper : produits laitiers, gluten, mets cuits, et me précipiter sur l’achat d’extracteur à jus. Depuis le temps, je sais ce qui calme mon estomac : range le vinier, oublie le café le midi, sort le pot d’eau, cuisine des salades. Troque les biscuits contre une pomme, un ananas, des noix. Tomate rouge contre stylo rouge.

Et puis, oui, pourquoi pas, laisse tes personnages se débrouiller quelques jours sans toi. Ils t'attendront, tu sais bien. Cesse de les nourrir, eux, et nourris l’auteure. 

P.S. à moi-même : tu vois, après trois jours, ça va déjà mieux.