samedi 13 janvier 2018

La fois où j'ai passé les Fêtes dans le sud (7)

Okeechobee Landings, Clewiston, Floride, 1er décembre au 2 janvier


Notre pied à terre pour le mois de décembre. Trente-trois jours au même endroit. Emplacement 91 du RV Park Okeechobee Landings: 620,11 $CAN

Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre? Pour en avoir connu d’autres, des plus beaux, des plus grands, et aussi des plus chers, pour avoir déjà séjourné 43 jours dans ce RV park, pour connaitre nos besoins et nos moyens, pour savoir combien il est difficile de trouver un camping sans avoir réservé au printemps précédent, pour l'environnement rural, pour avoir reçu une réponse positive quelques jours après notre départ, nous avons choisi de revenir à Clewiston.

Le voyage se termine ici, le séjour commence. Un temps d’arrêt pour que dure l’enthousiasme, pour que les jambes se dégourdissent, pour que les nuits de sommeil s’allongent.
Ne plus avoir à chercher où coucher, où arrêter, quoi voir.
Je n’aime plus autant rouler qu’à vingt ans. Pas cinq heures ou plus. Me lever tôt, partir avant l’heure de pointe, conduire pour arriver avant la noirceur. Se rendre ailleurs. Recommencer le lendemain ou le surlendemain. De moins en moins.

Alors oui, s’installer. Apprivoiser son environnement. Établir une routine. Lente et nôtre.

La grandeur du terrain nous convient, notre VR est petit. Deux palmiers délimitent l’arrière. Des fleurs rouges s’accrochent aux arbustes. Un bougainvillier?
Côté services : électricité 30 ampères, égout, eau, le câble. Inutile de brancher le câble et le 20 ampères, ils ne fonctionnent pas nous dit notre voisin ontarien et francophone.
Côté auvent : deux rosiers, un fouillis de broussailles. L’autre voisin qui, comme tout bon caravanier, nous a regardé reculer notre VR à notre arrivée, nous offre pelle et gants si on veut désherber la petite plate-bande qui sépare nos deux terrains. En souvenir de son père qui avait si joliment aménagé son terrain en Floride dans les années ’80, et qui l’avait invitée à séjourner un mois, Louise décide de laisser sa marque, en Floride également, en plantant un croton.

Vivre dans un parc de VR, c’est accepter de vivre avec des voisins. Les voir, leur parler ne serait-ce que dire bonjour, s’entraider, partager, écouter, être généreux, être reconnaissant, et rire. Surtout rire, souvent.
Vivre au grand jour, à la lumière naturelle le jour et artificielle le soir.
Vivre avec les bruits ambiants : les camions sur la route 27, les trains qui charrient la canne à sucre. Parce que la région sud du lac Okeechobee, c’est « La US Sugar Corporation est une grande entreprise agricole privée basée à Clewiston, Floride. La société exploite plus de 760 km2 de terres dans les comtés de Hendry, Glades et Palm Beach. » C’est donc voir parfois, même à Noël, des nuages gris formés par le brûlage de la canne à sucre. Une odeur occasionnelle à laquelle on s’habitue… ou pas.

S’installer dans un parc de VR, ne serait-ce que pour un mois, c’est prendre son temps. Oublier le GPS et Google maps. Oublier les nouvelles de 18 heures. Se réveiller avec le chant des oiseaux, attendre que la brume se lève et se pâmer devant le ciel (encore) bleu. Et même s'il y a des nuages, il pleut rarement. Vivre comme en été : dehors. Marcher en sandales ou pieds nus, se baigner, autant qu’on veut, pédaler. Comme nous n’avons pas d’auto, nous pédalons pour aller faire des achats. Quitte à ce que ça prenne deux heures. On n’a que ça à faire. Plaisir du jour. On longe les canaux, on cherche les tortues, on reconnait facilement les ibis, on a la chance d'apercevoir un iguane. On traverse les parcs, on s’arrête au Tiki-bar de la marina, on surveille les bateaux.

En profiter pour aller acheter un nouveau pneu et une chambre à air et changer le pneu arrière de son vélo à assistance électrique, ce qui n’est pas une mince affaire. Et être fière d’y parvenir sans l’aide de personne. Dommage, cette année la partie ouest de la piste cyclable sur la digue qui couronne le lac Okeechobee est en rénovation. Reste la partie est, un bon 20 kilomètres aller-retour. Jouer à la pétanque, si on veut. Assister au « Happy Hour » mensuel.

Pouvoir fermer les yeux en plein cœur de l’après-midi.
Pouvoir terminer le Ken Follett commencé avant mon départ. Hésiter entre le Journal de Joyce Carol Oates et Captive de Margaret Atwood. Finalement, lire les deux de front.

Et puis, après dix jours, décider d’aller voir les Keys.




10 commentaires:

  1. WOW! Elle est belle cette iguane! Tu décris très bien ce que c'est de passer d'une vie itinérante à la sédentarité! Personnellement, ce ne sera pas tout le temps mais un arrêt d'un mois au même endroit, nous avons beaucoup aimé également!

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    1. La sédentarité, ça c'est fait tranquillement avec les expériences passées, en notant les rêves qu'il nous reste à réaliser. Et on s'aperçoit que ce n'est plus tellement les endroits à voir qui sont sur cette courte liste mais ce que nous avons le goût de vivre. Et les quelques endroits à voir se visitent... de mai à octobre!

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  2. @Claude : Bonyenne que tu me donnes envie de partir à mon tour! En fait, on avait prévu partir l'année prochaine, le budget, un reste du Prix Canada-Japon, était mis de côté... et il servira à réparer l'infiltration d'eau :'(

    Ton VR m'étonne par contre. Je me trompe ou ce n'est plus le Pruneau de jadis? On dirait plutôt un Sajari Condo... C'est quoi exactement?

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    1. On a acheté ce Roadtrek 210 (21,11 pieds) en juillet 2012. On vendait Pruneau (un Great-West 19 pieds en octobre).
      N'hésitez pas à réaliser vos rêves.
      Je me souviens encore quand on parlait d'acheter un VR à notre retraite. Jusqu'à ce qu'une amie nous dise: "vous pouvez mourir demain matin, qu'est-ce que vous attendez. Achetez plus petit, allez moins loin ou moins longtemps mais faites-le".
      J'avais 44 ans, j'ai vendu mon auto, j'ai acheté une petite camionnette et on a fait faire une caravane portée de 7 pieds, ce qui était très rare.
      Ah! oui... le Vr s'appelle Prunelle! Après Pruneau, celui-ci devenait la prunelle de nos yeux!
      As-tu su que notre Pruneau avait été acheté par une petite famille et il est allé jusqu'à la terre de feu? Son histoire est racontée sur facebook:
      https://www.facebook.com/lescargotvoyage/

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    2. Ma mère étant décédée à 56 ans sans avoir réalisé ses rêves, je partage tout à fait ta vision des choses... sauf que mon rêve prioritaire, c'est d'écrire, alors ça implique des sacrifices sur d'autres rêves (avant que ma maison ne s'écroule!)

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  3. Les photos sont superbes et représentatives du magnifique texte.

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  4. Super ton récit... belles photos, ralentir le rythme aide à savourer!

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    1. Merci. Pourtant, pas très fière de mes photos cette année. En les regroupant, ça les rapetisse et je perds de la luminosité. Et j'ai utilisé plus souvent un petit Canon SX270 bien pratique mais moins performant. J'y mets moins de coeur. Quant aux couchers de soleil, je n'étais pas toujours aux meilleurs endroits.

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  5. J’ai également bien aimé Clewiston et son odeur de caramel brûlé.

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    1. Tu es bien le seul. Disons que cette année, j'ai trouvé que ç'a avait diminué et ça dure moins longtemps.
      Le bruit du train par contre, je ne me rappelais pas. Tout dépend peut-être de notre emplacement.
      Quant à Clewiston, pas la plus belle ville, mais avantage de la campagne et facile de circuler en vélo. L'an prochain, on aura une auto, donc déplacements plus nombreux et plus faciles.

      Tant que les irritants ne sont pas plus nombreux que les plaisirs.

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