mardi 1 mars 2011

Auteur de l'Outaouais: Raymond Ouimet

Le dernier de ma petite série sur les auteurs de l'Outaouais (d'autant qu'aucun ne se reconnaît en tant qu'auteur de l'Outaouais, c'est bien ce que je pensais! Mais paradoxe, ils ne sont guère connus en dehors de la région.), mais non le moindre : Raymond Ouimet. J’ai déjà écrit deux billets à son sujet.
Je crois bien qu’il doit manger de l’histoire chaude ou froide, au petit-déjeuner comme au souper: généalogie, archives, les gens ordinaires, les gens riches et célèbres, les méchants, les bons, tout le monde y passe, même les villes, les maisons, les manoirs, les églises. Très intéressant à écouter et autant à lire.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
À ce jour, j’ai surtout publié des livres d’histoire, trois ou quatre nouvelles, et deux bandes dessinées dont j’ai fait le scénario.

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
Il me semble que le titre d’écrivain n’est pas le mot juste pour moi ; je me satisfais de celui d’auteur. J’ai commencé en 1988 avec un essai biographique qui, à ma grande surprise, s’est vendu à 1 250 exemplaires.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
Je m’installe toujours devant mon ordinateur pour écrire, dans mon bureau qui est situé au sous-sol de ma maison. Quel instrument ! Il me permet de rapidement écrire une idée, de la travailler et retravailler mille fois sans trop me fatiguer, sans faire de rature. Ainsi, mes pages sont toujours propres. Et quand me vient une idée dont le développement se trouvera nécessairement dans un autre chapitre, ça n’est pas un problème puisque je peux écrire partout et reformater mon texte, changer les paragraphes de place quand bon me semble. Le traitement de texte s’adapte très bien à ma façon de réfléchir. Et avec l’Internet, j’ai accès à de nombreux dictionnaires et bases de données en un tour de main. Que demander de plus ?

4- Quel est votre rituel ?
Je n’ai pas vraiment de rituel. J’écris quand bon me semble, quand j’en ai le goût, quand les idées me viennent. À bien y penser, je constate que j’ai toujours la radio (le plus souvent) ou la télé allumée quand j’écris, comme pour meubler le silence de la maison, sauf la nuit où le silence va de soi, du moins pour moi.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Euh !... Je n’ai jamais pensé à cette question. Ça doit être un auteur tout court ou, un auteur québécois. Je pense que cette dernière définition serait la plus juste.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Aux éditions du Septentrion, Vents d’Ouest, Vermillon, Écrits des Hautes-Terres et Premières lignes.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
Un manuscrit a été refusé et un autre a reçu réponse ambiguë, mais dans les deux cas, cela n’a pas présenté de problème puisque qu’une autre maison d’édition a accepté mes projets de publication.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Je ne vois pas de rapport entre le million et l’écriture. Bien sûr que je continuerais puisque j’écris d’abord et avant tout pour moi, pour satisfaire ma soif d’histoires.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
Bien sûr. Pourquoi pas ? L’argent n’a rien à voir avec ce que je fais.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ?
Est-ce vrai tout ce que vous racontez ?
Et que répondez-vous à cette question ?
Bien sûr. Mais, Clio est une muse capricieuse et l’apparition d’une seule nouvelle pièce d’archives peut changer ce que nous savions de l’Histoire et des histoires. C’est pourquoi elle doit être régulièrement revisitée

lundi 28 février 2011

Auteure de l'Outaouais: Lysette Brochu

Le Salon du livre de l'Outaouais est terminé, mais je continue de vous présenter des auteurs qui vivent ou publient dans cette région.

Lysette Brochu est bardée de diplômes en enseignement, en théologie, mais ce n’est pas ce qui m’a impressionnée dans nos rencontres, c’est sa gentillesse, sa douceur, sa générosité. Malgré tous les livres qu’elle a publiés, elle a encore la candeur d’une jeune auteure. Chez elle, j’ai reconnu l’art de la communication, elle sait encourager les jeunes à lire et, plus encore, les inciter à écrire. Elle a le compliment flatteur et je voudrais bien lui renvoyer tous ceux qu’elle m’a faits.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
Je ne veux pas me cantonner dans un genre particulier, ni porter une étiquette. J’écris ce qui me chante sur des sujets qui m’attirent. Depuis 2001, j’ai écrit un livre de nouvelles et de récits de vie, un livre de poésie, un recueil de nouvelles pour adolescent.e.s, une bande dessinée pour enfants, une légende pour expliquer la toponymie de la ville d’Ottawa et huit albums pour une clientèle âgée de 4 à 12 ans. À l’heure qu’il est, j’ai deux ouvrages pour enfants chez un éditeur, un autre livre du style épistolaire qui paraîtra cette année et je travaille à un roman et à un autre recueil de récits de vie, et ce, tout à la fois.

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
J’ai publié, pour la première fois, en 1979, dans une anthologie littéraire et par après, de façon sporadique, dans des collectifs et dans des revues jusqu’en l’an 2000. Afin de gagner ma croûte, j’enseignais alors à temps plein, j’étais engagée dans du bénévolat ici et là et je veillais au bien-être de ma famille. En 2001, à l’heure de la retraite, j’ai vite entamé ma deuxième carrière, celle de chroniqueuse et d’écrivaine.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
Le lieu où j’écris ? Il est privé. J’ai un bureau au sous-sol de notre maison où l’on y trouve un ordinateur et un numériseur, une imprimante, une photocopieuse, un pupitre et une bonne chaise, un petit frigo où je garde des bouteilles d’eau, une réserve de papiers, nombreux dictionnaires (dictionnaire des idées de Roubaix, dictionnaire des onomatopées, des cooccurrences, de rimes etc.) et des rayons remplis de livres.
J’ai aussi un MacBook Pro sur ma table de salle à dîner et parfois, c’est devant une magnifique fenêtre à carreaux que j’écris les idées qui me viennent en vaquant au ménage ou à la cuisine.

4- Quel est votre rituel ?
De ce temps-ci, je souffre d’arthrite inflammatoire donc je ne peux me discipliner trop sévèrement. Il y a des jours, la douleur étant trop atroce, je n’arrive pas à écrire plus de trente minutes. L’an dernier, je pouvais rester devant mon écran de trois à huit heures.
Je sors mon calepin de notes de mon sac à main, j’éparpille tous les petits papiers sur lesquels j’ai écrit des mots ou des idées et je fais un remue-méninges avec moi-même. Parfois, je crée une nébuleuse sur un thème avant de commencer à rédiger. C’est toujours la première phrase qui me prend le plus de temps… Je me relis au fur et à mesure, ajoute et retranche et parfois, je supprime le tout. Bizarrement, je n’ai pas l’impression de perdre mon temps. Le processus de l’écriture exige d’avancer et de reculer, de recommencer, de peaufiner et d’abandonner si nécessaire.
Facilement distraite, j’écris entre les coups de téléphone, les travaux ménagers, la cuisine, les visites de mes enfants et de mes quatorze petits-enfants, les rencontres avec mes quatre soeurs et quoi encore ?

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Je suis fière d’être une auteure de la région de la capitale nationale, mais lorsque j’écris, en général, je suis une auteure parmi tant d’autres sur la planète. Parfois, en créant des textes plus près de mon lieu géographique, « Mon Outaouais » ou « Sur le pont interprovincial », je ressens une certaine fierté et un certain privilège de vivre ici et maintenant, en sol outaouais. Depuis quarante-deux ans, je vis à Gatineau. Je suis cependant née à Sudbury, alors parfois je me sens Ontabéquoise. Mon cœur s’étire entre les deux provinces.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Je suis une fidèle des Éditions du Vermillon. Monique Bertoli et Jacques Flamand, les fondateurs et éditeurs de cette maison sont devenus de vrais amis pour moi. J’ai aussi publié une bande dessinée chez Studio Premières lignes et comme j’écris dans nombreux collectifs, j’ai des textes un peu partout : l’Harmattan à Paris, les Éditions Vents d’Ouest à Gatineau, les Éditions les Impatients à Montréal, le CFORP à Ottawa, les Éditions La plume libre à Trois-Rivières, à Bourges en France, etc.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
Bien oui, c’est normal de recevoir des refus. Nos textes ne sont pas toujours choisis pour diverses raisons : le comité de lecture en privilégie d’autres ou le « synchronisme » n’est pas le bon ou notre nouvelle ou récit ou poème ne répond pas aux consignes d’un concours ou notre sujet ne semble pas rentable… Mille raisons ! Les premières fois, cela me secouait, car je manquais de confiance en ma plume, mais aujourd’hui, malgré la déception, je hausse les épaules et envoie mon texte ailleurs.
Je me dis que si jamais je ne trouve pas un éditeur, je peux avoir recours un jour à l’auto-édition. Pourquoi pas ? De nos jours, publier à compte d’auteur ou faire imprimer nos écrits chez un bon imprimeur, c’est devenu plus facile et moins coûteux.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Bien oui ! Je n’ai jamais écrit pour l’argent. D’ailleurs, la profession de l’écrivain est loin d’être « payante » à moins d’être une J.K. Rowling (et je me réjouis de son succès) ou un James Ellroy. Écrire donne un sens à ma vie, c’est un plaisir de jouer avec les mots, c’est ma passion.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
Assurément ! Et je pourrais aider d’autres écrivains en herbe à réaliser leurs rêves.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ?
Quels sont vos auteurs favoris ?
Je ne connais pas un seul écrivain qui ne lit pas beaucoup.

Et que répondez-vous à cette question ?
Gabrielle Roy, Jean Éthier-Blais, Stefan Zweig, Marcel Pagnol, Gustave Flaubert, François Mauriac, Claire Martin, Henri Troyat, Antoine de Saint-Exupéry, Julien Green, Jean d’Ormesson, Françoise Chandernagor, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Doris Lessing, Albert Camus, Jules Roy, William Shakespeare, Lamartine, Verlaine, Rimbaud, Rainer Maria Rilke, Elizabeth Barrett Browning, Émile Nelligan, Félix Leclerc… et tous les auteur.e.s de l’AAAO et de l’AAOF…

(photo fournie par Lysette Brochu)

dimanche 27 février 2011

Auteure de l'outaouais: Michèle Bourgon

Avant de publier les réponses de Michèle Bourgon, je voulais me procurer son livre Fatum (qui signifie fatalité, le thème de ses nouvelles), lancé au Salon du livre. C’est fait : acheté, payé, dédicacé. Même quelques nouvelles lues. C’est son premier livre, mais ce ne sont pas les premières nouvelles qu’elle écrit, loin de là (voir la page de l’Association des auteurs de l’Outaouais). Je lui décernerais un prix pour les meilleures chutes, même quand la nouvelle n’a que deux pages, elle réussit à nous surprendre dans les deux dernières lignes.

L’auteure tient un blogue où elle lance quelques petites flèches sur tout ce qui bouge dans le monde scolaire ou politique, écrit généreusement sur Facebook et enseigne la littérature au cégep.

1- Quel genre de livres écrivez-vous?
De la poésie, des nouvelles et des textes d’opinion. Je pense qu’écrire est un geste politique et que l’écriture nous donne un pouvoir. Le pouvoir de s’indigner, de faire prendre conscience, de remercier, de louanger, de critiquer, de provoquer, d’apprécier.. Les écrivains ont un rôle social à jouer.

2- Quand avez-vous démarré votre carrière d’écrivain?
Toute petite, j’écrivais déjà et j’adorais ça.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon ordinateur dans ma salle de travail, parfois dans ma classe en observant les étudiants rédiger un examen, d’autres fois j’écris quelques mots dans le noir total, en plein milieu de la nuit pour ne pas réveiller Chouchou.

4- Quel est votre rituel?
Je m’installe à l’ordinateur, je lis toutes les actualités, je repousse le moment d’écrire. Je suis paresseuse. Pour moi, c’est difficile d’écrire, c’est contraignant.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court?
J’adore l’Outaouais qui m’a si bien reçue, mais pour moi, un auteur, c’est quelqu’un qui écrit. Point à la ligne.

6- Chez quel (s) éditeur (s) sont publiés vos livres?
J’ai participé à plusieurs collectifs français et internationaux, mais ici, en Outaouais, Vents d’ouest et Vermillon sont mes éditeurs.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition?
Comme tout le monde, oui, j’ai eu des refus. Ça fait mal, ça blesse l’égo, mais on ne doit pas oublier que les maisons d’édition ont leur politique éditoriale. Ça ne fonctionne pas là ? On va frapper ailleurs. Il ne faut pas se décourager à moins de ne pas croire en ce qu’on fait.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire?
Quelle question! Bien sûr ! Je vais écrire jusqu’à ma mort. La richesse ou la pauvreté n’a rien à y voir.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier?
J’écris d’abord pour moi, pour mon propre plaisir, mais j’écris aussi pour être lue. J’ai cet immense désir de partager même si ça me rend folle d’angoisse à cause de la critique.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre?
Et que répondez-vous à cette question?
Qu’est-ce qui vous plaît en littérature ? Tous les écrits qui ont quelque chose à raconter, des informations à donner. Je vais vous surprendre, mais un livre où l’écriture a été très travaillée m’ennuie la plupart du temps.
J’exige des livres qu’ils me parlent pas qu’ils monologuent.

(illustration empruntée aux éditions Vermillion qui a publié le livre de Michèle Bourgon)

samedi 26 février 2011

Auteure de l'Outaouais: Andrée Poulin

Présidente du conseil d’administration du Salon du livre de l’Outaouais 2011 (lire Voir.ca), Andrée Poulin est aussi une auteure prolifique, plus d'une dizaine de livres publiés (liste sur son site>>> ). Elle écrit surtout pour les enfants, d’ailleurs je trouve qu’elle a un air de jeunesse sur ses photos et en personne, elle a l’enthousiasme et l’énergie de ceux et celles pour qui elle écrit. Une blogueuse aussi qui sait dénicher des images et des vidéos originaux et sait partager ses opinions de belle façon.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
Des livres pour les jeunes de 7 à 77 ans.

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
Dans la réalité, il y a une dizaine d’années. Dans mon esprit, depuis toujours.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À l’ordinateur. Ce n’est pas très romantique mais c’est ce que j’ai trouvé de plus efficace.

4- Quel est votre rituel ?
J’aimerais bien avoir un rituel d’écriture, mais la vérité, c’est que je jongle avec tellement de projets, de piges alimentaires, de contrats et de bénévolat que le temps pour écrire, je dois le voler à tout le reste…

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Une auteure, tout simplement.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
- Québec Amérique
- Imagine
- Isatis
- Bayard
- Fou Lire
- ERPI

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
Oui, j’ai déjà eu des manuscrits qui ont été refusés. Ma réaction : travailler plus fort la prochaine fois.
L’auto-édition ? Non merci, jamais de la vie. Je veux bien écrire mais je n’ai ni l’envie ni le talent pour vendre moi-même mes livres.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Bien sûr. Plus même. Car j’aurais sans doute l’immense luxe d’avoir plus de temps !

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
Bien sûr. On écrit pour être lu.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ?
Et que répondez-vous à cette question ?
Quel est votre livre préféré ?
Je ne l'ai pas encore écrit.

vendredi 25 février 2011

Auteur de l'Outaouais: Claude Bolduc

Un quatrième auteur de l’Outaouais en quatre jours. Ce matin, Claude Bolduc. Chacun se considérant d’abord et souvent seulement auteur et non auteur de l’Outaouais, j’ai l’air fine avec mon titre : auteur de l’Outaouais. Il est certain que chacun aspire se faire connaître sans limites géographiques. Je dirais que Claude Bolduc y réussit parce qu’il fait partie de la grande (ou petite selon le point de vue) famille de science-fiction/fantasy/horreur. Pas tout à fait mon genre de lecture, mais, pour ces billets, je m’intéresse surtout à l’auteur. Et Claude Bolduc est assez fascinant.
1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
De l'épouvante, de l'insolite. Et essentiellement sous forme de nouvelles, une centaine environ, que ce soit dans des livres ou dans des périodiques. Il y a quelques années, j'ai cosigné un roman satirique et un peu trash avec la française Serena Gentilhomme, intitulé Prime Time. Sur une période d'une douzaine d'années, j'ai aussi publié quelques romans relevant du fantastique pour le public adolescent.

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
J'ai eu une petite période de création à la jeune adolescence, mais elle n'a pas eu de suite. Quant à la vieille adolescence, disons simplement que je n'étais plus capable de comprendre quelque chose de plus compliqué que le Journal de Québec! Les premières fois où j'ai songé à formuler au moyen d'un crayon des pensées qui parfois me faisaient rire tout seul, c'est lors d'une période de choc: arrivée subite en Outaouais, retour tout aussi subit aux études après sept ans de galère afin de commencer mon cégep. Bref, nouvelle vie. C'est dans ma relative solitude, dans un cégep où j'avais moins de cours que les autres et où j'étais plus vieux que tous les autres, que j'ai gribouillé mes premières réflexions ainsi que mes premières histoires qui ne valaient pas cher la livre. Mais c'est le point de départ, d'autant plus que mon prof de cinéma, ce cher Stéphane-Albert Boulais, avait eu de bons mots pour ce que je lui avais montré et m'avait encouragé à persévérer.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
Toujours au même endroit. Faut dire que la maison est loin d'être grande. Disons que mon bureau se trouve à l'angle du L formé par le salon et la cuisine. Je spécifie que je n'ai pas d'ordinateur portable. Ça ne me serait pas très utile, car je ne me souviens pas d'avoir écrit ailleurs que chez moi.

4- Quel est votre rituel ?
Je n'ai évidemment plus le même rituel qu'à l'époque où j'étais livreur de pizza. À cette époque, j'avais presque toutes mes journées devant moi pour écrire puisque je travaillais de la fin de l'après-midi au début de la nuit. Comme je n'avais pas trop besoin de mon cerveau au travail, j'ai produit un grand nombre de nouvelles en relativement peu de temps. Malheureusement, ce n'était pas très bon!
Maintenant, après le travail, je ne me laisse pas refroidir. J'allume le vieux Mac, je fais un seau de café, le cendrier déborde, je contemple l'écran – et ce qui s'y affiche! La fin de semaine, c'est parfois le bonheur total. Je ne sors pas, je ne réponds pas au téléphone, j'oublie de manger, mais je m'amuse. Pas nécessairement en écrivant tout le temps, mais aussi en ruminant toutes sortes de choses reliées à la littérature ou à ce que moi j'écris.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Je dirais d'abord un auteur tout court. Bien que je me sois mis à l'écriture après mon arrivée en Outaouais, ce brusque changement de vie, je ne crois pas qu'il y ait une véritable résonnance outaouaise dans mes histoires. Si la nature et le cadre avaient une plus grande importance à mes débuts, il ne faut pas s'y tromper: j'ai passé mon premier quart de siècle sur la Côte-de-Beaupré, avec devant moi des montagnes usées par le temps et derrière moi, juste après un mince boisé, le fleuve mystérieux, et ça s'est imprimé dans mon petit moi. Depuis plusieurs années, je crois que les lieux sont rarement nommés dans mes histoires. Ce n'est pas nécessaire, car ce que j'y raconte se passe toujours près de chez vous.
Il y a au moins une exception de taille: «Entre les bras des amants réunis» se passe clairement en Outaouais, mais cela n'a aucune incidence sur l'histoire. C'est une histoire de maison. Les maisons, c'est un peu mon thème-fétiche.
Ceci dit, mis à part le milieu culturel proprement dit, je suis plutôt inconnu en Outaouais. Ailleurs, j'ai de petits publics çà et là.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Les livres les plus importants, mes trois recueils de nouvelles d'épouvante, ont paru aux Éditions Vents d'Ouest, de même que l'anthologie Petites danses de Macabré que j'ai dirigée en 2002. Deux romans pour la jeunesse ont paru aux éditions Médiaspaul, le roman Prime Time a paru chez Interkeltia éditeur, un petit éditeur spécialisé en France. Si on inclut les anthologies où certaines nouvelles ont paru, on peut ajouter Alire et Beauchemin au Québec, Edge Publishing à Calgary. En Europe, j'ai eu le plaisir de figurer dans une grosse anthologie au Fleuve Noir, mais aussi chez plusieurs petits éditeurs spécialisés en littérature fantastique.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
Si je m'en tiens aux manuscrits de livres, bien sûr, c'est déjà arrivé. Mon tout premier roman pour ados avait été refusé à sa première destination. C'était la grosse maison à l'époque, et je ne savais évidemment pas, dans ce temps-là, qu'ils ne lisaient même plus les manuscrits qui n'étaient pas de leurs auteurs. Vents d'Ouest m'en a refusé quelques-uns également au fil des ans. Bref, il faut pas dramatiser, ça fait partie du métier. Cela n'a parfois rien à voir avec la qualité du texte; il se peut que ce soit simplement un type d'histoires qui n'intéresse pas cette maison d'édition. Il faut être conscient qu'on n'envoie pas n'importe quoi à n'importe quel éditeur. Il faut apprendre à viser, dans une certaine mesure. C'est d'ailleurs la même chose pour qui veut publier dans des revues ou des magazines.

Ah, comment j'ai réagi? À une certaine époque, j'ai écrit ce qu'on pourrait appeler Les petites aventures de Klaus Bundoc, un écrivain plus ou moins raté et ses démêlés avec d'impitoyables directeurs littéraires. Les histoires se passaient dans un milieu où tout le monde se connaît, et j'y déformais des noms connus pour amuser les copains. Pour vous donner un exemple, le redoutable directeur littéraire Noël Champollion faisait immanquablement penser à quelqu'un de bien connu!

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Je crois que oui. Je ne suis pas sûr de savoir faire autre chose de façon efficace. Avoir un million? Qui sait si mon coeur ne péterait pas sur-le-champ?
Ou alors, bedon rose et distendu, brandy nose patatu, l'oeil rouge comme un symbole «tilt!», je prendrais racine devant l'écran et il ne se passerait plus rien.
Bref, on ne peut pas savoir. J'attends donc le million, et on verra bien.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
C'est la même chose pour moi. Si j'écris quelque chose, c'est sûr que je vais voir si c'est publiable. Et comme un livre ne pèse pas grand-chose dans la balance des finances, alors million ou non, ça n'entre pas en ligne de compte.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ?
Et que répondez-vous à cette question ?
La question cauchemar pour moi, c'est «où prenez-vous vos idées». Parce qu'on la pose tout le temps, depuis toujours. J'ai eu toutes sortes de réponses plus ou moins vaseuses au fil des ans. Les idées arrivaient parfois au moment où je prenais ma douche, ce qui compliquait la prise de notes (une période où j'écrivais beaucoup; je devais donc avoir les cheveux plus gras à ce moment). Parfois, face à un problème dans un bout de texte, je peux astiquer un robinet de cuisine pendant quinze minutes, laisser toute le reste sale et retourner à mon histoire. Dans une nouvelle quelque peu grotesque que j'ai écrite, à la question du journaliste qui lui demandait où il prenait ses idées, le brave écrivain répondit «Dans cette entrevue, monsieur.»

jeudi 24 février 2011

Auteure de l'Outaouais: Loïse Lavallée

Assise sur une jambe, quand ce n’était pas les deux, les coudes appuyés sur la table, le crayon à la main, le verbe facile, Loïse Lavallée m’est apparue comme une femme de tête et une femme de cœur qui connaissait son chemin. Elle a fait partie pendant plusieurs années du conseil d’administration de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais. Une femme engagée, une femme qui a même été jusqu’à reprendre quelques textes de la bible pour rendre justice à treize femmes du temps de Jésus. C’est dire la polyvalence de l’auteure aussi bien capable d’écrire un poème, une histoire pour les enfants que soulever « la part manquante des Évangiles ». Pour ce livre audacieux, Loîse Lavallée a mérité le prix littéraire Jacques-Poirier 2008.
Mise à jour 25 février 2011: Loïse a remporté le prix LeDroit - jeunesse pour son livre Grand-maman Om'a.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
Multigenres. Mais comme la poésie a été mon terreau premier, tous mes écrits ont par la suite été marqués par un souffle lyrique.

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
J’ai commencé à écrire mon journal à l’âge de 13 ans et participé à mon premier concours de poésie à 15 ans. Mais la vie étant ce qu’elle est, accaparante et souvent incontournable de défis à surmonter, mon premier livre a vu le jour en 1994.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon bureau, dans la pièce qui était autrefois la chambre de ma fille.

4- Quel est votre rituel ?
J’écris le matin ; à tous les matins. Mes premiers livres ont d’abord été écrits à la main, puis retranscrits ensuite. Mais depuis quelques années, j’écris directement à l’ordi.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Je suis une auteure, tout simplement.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Le Jour ; les Éditions David ; Soleil de minuit ; Vents d’Ouest ; Vermillon; Insomniac Press.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
J’ai essuyé des tonnes de refus. Je ne me laisse pas décourager, je fonce, persiste et… finis par signer !
Auto-édition : non

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Oui.

9- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ?
Et que répondez-vous à cette question ?
Qu’est-ce qui vous inspire ?
La vie, ses richesses et ses embûches ; l’injustice. Ceci dit, je rêve que le farfelu et un imaginaire plus débridé me sautent un jour dessus !

(photo fournie par Loïse Lavallée)

mercredi 23 février 2011

Auteur de l'Outaouais: Nicole Balvay-Haillot

Nicole Balvay-Haillot. La première fois que je l’ai vue, je savais qu’elle était, à ce moment-là, présidente de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais. Déjà elle avait toute mon admiration. Je me doutais bien qu’avec un nom pareil, elle devait être Française et comme j’ai une opinion favorable des Français en partant, j’avais hâte de la rencontrer. Je crois me souvenir qu’elle avait mis un bras sur mon épaule, ce geste familier me mit à l’aise tout de suite. Par la suite, j’ai eu l’occasion de l’entendre discourir, j’ai suivi des ateliers d’écriture en sa compagnie, j’ai lu ses textes. Et j’ai pleuré quand elle décrivait la relation avec sa mère. Il ne m’en fallut pas plus pour l’aimer et donc aimer ses écrits.

1- Quel genre de livres écrivez-vous?
Des récits, des romans, des nouvelles

2- Quand avez-vous démarré votre carrière d’écrivain?
En 1982, avec des chroniques pour le magazine Vidéo-Presse. Mon premier texte en solo fut Dérive, publié en 1993.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon ordinateur dans ma salle de travail.

4- Quel est votre rituel?
Le matin, dans mon lit, j’écris au stylo. Depuis peu, il m’arrive aussi d’y écrire directement à l’ordinateur, grâce à mon portable. J’aime être dans le silence total.
Il peut m’arriver d’écrire toute la journée, jusqu’à ce que les yeux me sortent de la tête. J’écris dans l’urgence.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court?
Un auteur tout court, ce qui ne change rien à mon attachement pour l’Outaouais. Mon imaginaire se situe dans un ailleurs difficile à définir, surtout au pays de mon enfance.

6- Chez quel (s) éditeur (s) sont publiés vos livres?
Remue-Ménage, Vents d’Ouest, Vermillon

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition?
À chaque fois, c’est une peine de coeur et une blessure pour l’ego !
Publier en auto-édition, non. J’ai besoin du regard critique d’un éditeur. Cela m’aide à raffiner. La diffusion pose problème et je ne suis pas encore assez portée sur les réseaux sociaux ou le numérique pour prédire l’avenir, mais l’avenir est peut-être là.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire?
Bien sûr.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier?
Bien sûr

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre?
Et que répondez-vous à cette question?
Je n’aime pas qu’on me la pose, mais j’aime y répondre ! « Quand vous écrivez au je, c’est vous? » Une fois, à propos de l’Enfant du Mékong, écrit au je, un monsieur me dit : « Alors, comme ça, vous avez été danseuse? » « Non, monsieur, mais je me suis cassé la jambe et j’ai beaucoup souffert, comme Julie… » Pauvre monsieur, il ne savait plus quoi dire. Pour Fenêtre sur vie, les gens ne savent pas trop. Impossible pour eux de distinguer le récit de la nouvelle. Alors, j’adore mystifier l’importun ou l’importune ! Il doit répondre tout seul à sa question.

(photo empruntée au site de l'Aaao)
Billet reproduit chez Voir.ca de Gatineau

mardi 22 février 2011

Auteur de l'Outaouais: Guy Jean

Dans un récent billet, j'avais écrit que j'enverrais quelques questions à des auteurs de l'Outaouais. J'avais pensé me servir de leurs réponses pour écrire un texte comme on écrit une chronique, mais comme le Salon du livre de l'Outaouais se tient du 24 au 27 février, je préfère y aller rapidement, profiter de l'occasion et donc reproduire leurs réponses.

Je ne lis pas beaucoup de poésie, mais il m'est arrivé de lire celle de Guy Jean parce que le monsieur est très sympatique, d'un calme qui... me calme, et un auteur qui ouvre un petit calepin de molesquine, moi ça m'attendrit.

1- Quel genre de livres écrivez-vous ?
Poésie

2- Quand avez-vous débuté votre carrière d’écrivain?
J’ai commençé à écrire de la poésie à l’âge de 25 ans, puis j’ai écrit sporadiquement selon les disponibilités que me laissaient le travail et la famille. Depuis 1996, je fais de l’écriture mon activité première.

3- Où vous installez-vous pour écrire?
À mon pupître

4- Quel est votre rituel ?
J’ai surtout une discipline : mes avant-midis sont consacrés à l’écriture ou à la recherche relativement à mes projets d’écriture. J’écris d’abord à la main : journal, notes, ébauches. Puis lorsque j’ai un texte qui se tient, je l’informatise de façon à pouvoir le travailler et le laisser mûrir jusqu’à satisfaction – parfois sur une période de quelques années.

5- Vous considérez-vous comme un auteur de l’Outaouais ou un auteur tout court ?
Oui, je suis un auteur de l’Outaouais et aussi de l’Acadie en raison de mes premières écritures mais mon écriture ne s’y limite pas.

6- Chez quel(s) éditeur(s) sont publiés vos livres ?
Un premier aux éditions Asticou, cinq aux Écrits des Hautes-Terres, et les trois derniers (dont tout récemment une traduction et un livre d’artiste) aux éditions d’art Le Sabord.

7- Avez-vous essuyé plusieurs refus d’éditeurs et comment avez-vous réagi ? Avez-vous déjà pensé publier en auto-édition ?
J’ai essuyé un refus pour mon premier livre à la maison d’édition que j’avais choisie. J’ai ensuite approché les éditions Asticou avec succès.
Auto-édition : non.

8- Si vous aviez un million, continueriez-vous à écrire ?
Oui.

9- Si vous aviez un million, continueriez-vous à publier ?
Oui.

10- Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose, à laquelle vous vous amusez parfois à répondre ? Et que répondez-vous à cette question ?
L’inspiration ? (toute question à ce sujet)
L’écriture est d’abord une discipline, un travail-jeu avec les mots et ce que nous voulons saisir (sentir, comprendre, etc) et exprimer. Et parfois, dans le cadre de ce travail-jeu, survient un moment de grâce, un cadeau : une écriture qui dépasse, qui surprend, qui nous mène ailleurs, c’est cela l’inspiration.

Pour renseignements sur mon oeuvre et photos, voir :

(photo empruntée au site des Écrits Hautes-Terres)

lundi 21 février 2011

Des auteurs de l'Outaouais

Le Salon du livre de l’Outaouais commence ce jeudi 24 février 2011. Je m’y rendrai en tant que visiteuse, en tant que lectrice. Un salon à ma mesure, me semble-t-il. Peut-être parce que c'est dans ma région, parce que je connais plusieurs auteurs, quelques animateurs de radio et les noms des panélistes ne me sont pas trop inconnus.

Je ne me sens pas la petite souris dans un pays de géants. Êtes-vous capable de me nommer un auteur de l’Outaouais? Un auteur que vous savez originaire ou vivant en Outaouais? Je dois avoir un petit côté communisme : tout le monde est égal, tout le monde a la même valeur. Alors je ne me sens pas jalouse des autres auteurs, je suis comme eux, je vaux autant qu’eux. Je n’ai donc pas à combattre des sentiments de jalousie, d’envie, d’infériorité. Parce que mon problème bien souvent c’est de rêver d’être…

Prolifique comme Balzac
Reconnue comme Michel Tremblay
À l’aise devant public comme Francine Ruel

Ou...
Écrire sur le bord de la mer comme Marie Laberge
Laisser des traces comme Simone de Beauvoir
Être publiée à 50,000 exemplaires comme Élisabeth Tremblay
Avoir encore la naïveté d’un jeune auteur et ne pas être déçue par tous les éditeurs

Voilà pourquoi, en Outaouais, je me sens égale à ces auteurs :
Claude Bolduc
Raymond Ouimet
Nicole Balvay Haillot
Lysette Brochu
Andree Poulin
Michèle Bourgon
Loïse Lavallée
Jacques Michaud
Christian Quesnel
Jean-Guy Paquin

et quelques autres qui font également partie de l'Association des auteurs et auteures de l'Outaouais.

Non pas que j’écrive aussi bien ou que je publie aussi souvent, mais simplement parce que je me sens à l’aise de parler avec eux, d’égale à égale, parce que je peux être moi-même.

D’ailleurs, j’ai l’intention de parler de ces auteurs, bientôt dans mon blogue.

(Illustration provenant du site du SLO)

mercredi 16 février 2011

L'hiver m'a gelé le cerveau

Hier, un courriel se glisse parmi deux pourriels et deux autres courriels qui sont des fichiers pour une brochure que je monte. Dans une liste de courriels, rien ne différencie les importants, les intéressants de ceux qui iront à la poubelle sans autre regard.

L’objet « révision finale » ne me dit rien à première vue, le nom de l’envoyeur ne trouve pas mes neurones d’intelligence ou de mémoire très rapidement. Faut dire qu’il ne m’écrit pas tous les jours. Le temps de glisser les courriels importants vers mon dossier « à garder », le temps de supprimer les pourriels indésirables, mon esprit se réveille enfin : c’est le directeur littéraire de Vents d’Ouest où sera publié mon roman. Où ai-je la tête? Il m’envoie les corrections effectuées par la réviseure.

Ah! Allons, réveille, allume, c’est ton roman, pas celui de la voisine!

Contrairement à Dominic Bellavance, je me contente de deux étapes. J’imprime le courriel sans le lire à l’écran. Neuf observations qui tiennent en une seule page. Soulagement. Ça veut dire que tout le reste est bien? L’éditeur ne me renvoie pas les corrections de la réviseure? Comment m’améliorer alors? Je veux connaître mes fautes, même si ce ne sont que des coquilles, des inversions de lettre. Pas d’anglicismes? Pas de participes passés mal accordés? Ça ne se peut pas.

Les neuf observations ne me font pas dire de gros mots, ne me choquent pas. Ce sont de judicieuses observations, du genre : je parle de trois enfants à une page et de quatre quelques pages plus loin, il est question de sa chambre qui est au rez-de-chaussée alors qu’elle monte se coucher au premier, une répétition oubliée, et une liasse d’argent récupérée alors que le monsieur ne reçoit aucun salaire pour son travail. Elle a l’œil la linguiste, bravo! Un métier que je ne pourrais pas faire si je ne suis pas foutue d'avoir vu ce genre d'erreurs.

Je ne peux pas dire que ça se règle en deux minutes, ça me prend plutôt deux heures. Il faut que je cherche la page, que je trouve la ligne, que je vérifie, que je relise, que je réfléchisse comment je vais régler le problème, puis pour trouver la page suivante, je ne dois pas corriger sur mon manuscrit, donc corrige, copie et colle dans un nouveau dossier, sans changer l’original.

Deux heures plus tard, j’envoie les corrections (pas le nouveau manuscrit eh non, seulement les corrections, c’est le monteur qui va transférer les modifications, bizarre!)

C’est tout. Suis-je contente? Ai-je un cœur? Il me semble qu’il ne bat pas plus vite. Vraiment, en comparaison avec Lucille ou Sylvie, je suis de marbre.

On dirait que c’est le livre de quelqu’un d’autre. Quand réaliserai-je? Impression de passer à côté de ma vie d’auteure. Comme si ce n’était pas plus important que le souper que je vais préparer. Comme si ça ne m’intéressait pas. Un travail à faire, rien de plus! L’hiver m’a gelé le cerveau, je pense.

samedi 12 février 2011

De la difficulté de résumer un roman

Depuis que la blogueuse de La plume et le poing a parlé du résumé en trente secondes et résumé version deux minutes de son roman, je n'arrête pas de faire des phrases. En essuyant la vaisselle, j’ai commencé à penser à ce que je dirais si on me demande: "De quoi parle ton roman Les têtes rousses?" Au bout de trente secondes, je n’avais résumé que les cinquante premières pages. Et plus j’y pensais, plus je recommençais, plus je m’emberlificotais dans les chiffres : en quelle année ça s’est passé, quel âge avaient mes personnages, combien de temps durait la traversée. On s’en fout, et après qu’est-ce qui arrive?

Ma co-blogueuse arrive (pas pour essuyer la vaisselle, non, elle, c’est le balayage!) et, montre en main, me résume mon manuscrit (qu’elle a lu bien sûr). Sauf que ça ne dit rien, ça ne donne pas le goût au lecteur de le lire, ça ne le « vend pas ». Parce qu’en plus de résumer, faut donner envie au lecteur de l’acheter.

Je recommence. Sans vaisselle, sans montre.

C’est l’histoire de Bridget Bushell, une Irlandaise chassée de son pays lors de la famine de 1847. Elle, son frère et sa sœur traversent l’Atlantique, côtoient des malades du typhus, jettent des morts par-dessus bord et passent plus de quarante jours à Grosse-Île. Une fois à Montréal, ils habitent le quartier des tanneries, trouvent leurs premiers emplois…
Non, mais c’est platte en tipépère. D’autant que c’est plus que ça. Ils vivent des rejets, des deuils, ils deviennent amoureux. Le conflit, la quête, est-ce qu’on en parle dans un résumé? J’aurais tellement aimé que le directeur littéraire rédige la quatrième couverture, mais il a accepté tel quel le texte que je lui ai soumis. Même à ça, une quatrième couverture écrite n’est pas nécessairement un bon résumé oral, au mieux ça fait leçon apprise par cœur.
Je recommence.

Chassés de l’Irlande lors de la famine de 1847, Bridget Bushell, son frère et sa sœur traversent l'Atlantique. Avant d'arriver à Saint-Henri des Tanneries, à Montréal, ils affrontent le typhus, ils attendent à Grosse-Île.

Très catholique et assez rigide, Bridget connaît des amours difficiles. Denis Lynch est trop jeune pour elle, mais il finit par l'épouser. Ils auront cinq enfants, mais Denis meurt tragiquement, Bridget élève ses enfants toute seule.

Une histoire inspirée de mes ancêtres irlandais, ce sont les vrais noms, les vraies dates, mais tout le reste est inventé. À partir de quelques lignes que ma grand-tante a écrites dans un cahier de généalogie, j'ai essayé d'imaginer ce qu'avait pu être la vie de cette Bridget Bushell et de son mari Denis Lynch.
Je devrais peut-être me contenter du dernier paragraphe. Je sais bien que je ne dirais pas ça de cette façon. Rien que pour l’écrire, j’ai effacé, réécrit, j'ai choisi de dire ceci et de taire cela. Comment résumer tout en donnant le goût de lire et en ne dévoilant pas tout? Au fond, c’est l’histoire banale de la vie d’une immigrante, mais comment dire l’abandon, comment dire la difficulté d’être veuve et  mère?

C’est pire que d’écrire le roman, ma foi!
C'est surtout moins long de laver de la vaisselle!

(L'illustration provient de Print Master)

mercredi 9 février 2011

De l'amour des vieux auteurs


Je l’avais commencé parce qu’une amie nous l’avait passé et que j’aime les gros livres. Après avoir beaucoup apprécié le livre que l’auteur, Elisabeth George, avait pris la peine d’écrire sur son métier d’écrivain, je voulais voir si elle appliquait les règles prônées. C’est ainsi que j’aurai pris plus d’un mois pour lire le gros pavé Mémoire infidèle.

Oh! que oui, elle applique les règles prônées dans son livre sur l’écriture! Malgré bien des abandons, faute de temps, j’y revenais presque chaque matin, preuve que l'auteure avait le tour de retenir son lecteur. Après quelques chapitres, j'étais un peu mêlée entre le journal d’un personnage et la narration de l’histoire comme telle, j’ai été fidèle à ma (mauvaise?) habitude, et encore plus quand il y a tant de pages et que je n’ai pas tant d’heures à consacrer à la lecture, j’ai été voir la fin. Ça ne m’a rien appris, j’ai reculé, j’ai feuilleté, je lisais une page ici et là, à la recherche d’un nom, me contentant des dialogues. J’ai trouvé. Peine perdue, l’auteure expérimentée m’a complètement eue : j’ai dû lire quand même tout le livre pour comprendre. Même si j’ai passé, je dirais, 200 pages sur 620, surtout sur la vie de ses inspecteurs qui ne m’intéressaient pas (quelques lecteurs l’ont écrit de ne pas commencer par ce livre parce qu’on ne connaît rien de Havers, Nkata ni de l’inspecteur Lynley), je dois dire que j’ai bien aimé ce roman, à peine policier. L’auteure a réussi son coup de m’intéresser.

Pour le suivant, en attendant les livres commandés à la bibliothèque, j’ai descendu au sous-sol. Je voulais une lecture différente, mon regard s’est attardé à la collection brune, cartonnée que j’ai achetée en… en… au siècle dernier! Ma mémoire (fidèle cette fois, contrairement au titre du roman que je venais de terminer) a dirigé ma main vers Vipère au poing de René Bazin. Livre que j'ai bien dû lire cinq fois depuis que je l'ai (en passant blogue intéressant sur cet auteur>>>).

J’ai trouvé difficile de lire les premières pages tellement le style différait de mes lectures des derniers mois. Mais j’ai persévéré, justement pour dompter mon esprit, varier mes lectures, lire d’autres styles. Pendant quelques lignes, je me suis cru aux études quand on passait un siècle de littérature par année et une seule pour la littérature québécoise.

C’est justement pour me rattraper que je me cantonne aux auteurs québécois depuis de nombreuses années, mais je suis pourtant toujours ravie et comblée quand je renoue avec les Français et encore plus avec les Français qui ont écrit entre 1880 et 1920 (j’ai mis des années comme ça au hasard). Il ne faut pas les oublier trop vite, il ne faut pas penser que ce sont des vieux démodés. Ne lire que des « contemporains », c’est comme se contenter de voyager en Amérique, certes agréable mais il y a d’autres pays qui offrent d’autres trésors.

Bref, imaginez-vous assise confortablement, au chaud, le concerto pour violon en mi mineur, op 64, no 2 de Mendelssohn en sourdine, un cappuccino sur la table que vous venez de déplacer dans votre salon pour justement y déposer votre boisson favorite et vous plongez dans un roman. Vous savez que vous ne répondrez pas au téléphone, qu’il n’y a aucune émission de télévision qui viendra perturber vos neurones et encore moins votre nerf auditif… voilà comment je me sens quand je lis un roman qui a du vécu! Un roman québécois, un roman policier encore plus, je peux le lire n’importe où. Je pourrais être vêtue d’un jean et d’un maillot bien ordinaire. Lire de « vieux » classiques, on dirait que c’est comme m’endimancher. Visiter un musée. S'ils étaient humains, je les vouvoierais.

Finalement, c'est peut-être comme dans la vie: une marque de respect pour les plus vieux que nous? C'est fou, je sais! En tout cas, je constate au moins que j'aime beaucoup ces « vieux », je les écoute avec délectation et je ne me lasse pas de leurs histoires.

(Illustrations empruntées à livre.fnac.com et lexpress.fr)

vendredi 4 février 2011

Je cours mais je n'avance pas

Je cours parce que je n’avance plus aussi vite. J’ai beau me lever entre six et sept heures, je fais ceci et cela et tout à coup, il est dix heures et je n’ai rien fait. Je n'ai rien créé en tout cas. Tout ce que je fais, ça me prend plus de temps qu’avant. Moins productive. Je cours après le temps. Même penser est plus long qu’avant. Avant quand? Avant quoi? Et puis non, en réfléchissant, en cherchant des points de repère, je m’aperçois que non, ce n’est pas l’âge, non ce n’est pas parce que je suis comme en semi-retraite. C’est que je suis plus minutieuse, que je cherche plus, que je m’attarde aux détails.

Au début de l’ordinateur, mon frère qui tentait par tous les moyens de pression de me convaincre que cette chère petite bébelle, outil de l’avenir, allait me rendre la tâche facile pour monter l’hebdomadaire pour lequel nous travaillions tous les deux (avec quelques autres bien sûr). Ça irait plus vite, "c'est une affaire de rien", "ça se fait le temps de le dire", "tu pourras en faire beaucoup plus". Oui, j’en fais plus, mais tellement plus que finalement, ça ne va pas plus vite.

Dans les derniers dix jours, j’ai monté une brochure de 70 pages, un dépliant en trois volets, mis à jour un site Internet et j’ai envoyé l’illustration de la page couverture de mon livre Les Têtes rousses. Ça peut paraître beaucoup, mais parfois je peux passer une heure sur un détail et plusieurs heures seulement pour envoyer 53 Mo de fichiers, certains compressés, par courriel. Pour tout ce travail, je dois jouer dans une douzaine de logiciels, ce n'est pas vrai que je les connais tous à fond.

Encore ce matin, une grosse heure à chercher comment la pagination d’une brochure s’inversait une fois dans PDF. Une heure à tâter, à faire des essais, ajouter un page blanche à droite ou à gauche, à poser la question sur Google, à chercher autant dans mon logiciel de mise en pages que dans Adobe Reader. Finalement, j’ai trouvé : un crochet à ajouter dans Adobe Reader/affichage/afficher page de couverture 2 pages.

Une heure pendant laquelle je n’ai rien fait de bien créatif. De la technique. Et c’est comme ça pour chaque détail. Je suis devenue une technicienne, autodidacte en plus, ce qui fait que c’est plus long. Adieu la créativité pour laquelle il faut avoir la tête libre.

Je cours après le temps parce que l’ordinateur nous permet tellement d’en gagner qu’au cours des années, j’ai développé mon talent de graphiste: parfois plus de technique, de patience, de recherches que de réelles créations. Je cours après le temps parce que je le perds dans la technique, ce qui m’en laisse peu pour la créativité.

Mais j’aime ça. Je suis contente quand je réussis, quand le produit final est à mon goût et au goût du client, peu importe le nombre d’heures que j’y ai mis. Sauf que j'ai l'impression de ne pas avancer.

(Illustration de Print Master)

mardi 1 février 2011

Encore et toujours le français!

 
 Les derniers jours, je montais une brochure pour l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française. Un organisme qui s’intéresse à la qualité du française dans les écrits ou les communications. Sur leur site, de nombreuses capsules linguistiques. Une association qui a son siège social dans la ville de Québec, mais qui a des ramifications jusqu’à Montréal. Les membres se rendent parfois à Gatineau rencontrer leur cousin Impératif français.

J’aime bien Impératif français qui souligne les efforts des uns et les négligences des autres par des prix d’excellence et un prix Citron. Celui donné en 2009 à - à la compagnie Red Bull qui, « sans aucune considération et aucun respect pour l’environnement culturel du Québec et de sa capitale nationale, a baptisé sa compétition Red Bull « Crashed Ice ».
Tellement, tellement à changer, à surveiller. Être vigilant tout le temps. Parfois je suis découragée, je me sens seule à être à contre-courant, à être contre le fait qu’on choisisse un titre en anglais pour un roman québécois.

Je me sens parfois nulle en français quand je fais les exercices sur ce site>>> . Je me remonte le moral quand je vois toutes les fautes que font certains journalistes, fautes que Line Gingras relève dans son blogue. Quand je vois tous les organismes, et tous leurs membres, qui veillent au grain, qui disent haut et fort leur fierté de la langue française (ce qui ne veut absolument pas dire qu’elles se cachent la tête dans le sable et dénigrent les autres langues ou dénient le fait que nous soyons entourés d’anglophones) et qui résistent à cette attraction contagieuse pour la culture américaine, ça me donne un peu de force et de courage.

Dernière irritation donc : l’émission LOL. Je ne veux même pas savoir leurs raisons, c’est non en partant. MDR aurait très bien fait l’affaire. Oui, je traduirais tous les titres de films, de livres, d’émissions qui viennent des pays anglophones, mais, ici il ne s’agit même pas de traduction, l’émission est une conception purement québécoise, alors pourquoi un titre en anglais?

jeudi 20 janvier 2011

De l'idée avant l'écrit

J’aime écrire, tout le monde le sait, mais il ne faut pas croire que je n’aime écrire que des romans. Petit exercice amusant, sans prétention puisque de toute façon, tous ces titres sont épuisés : en cherchant à connaître la motivation pour mes prochains écrits, j’ai repensé à l’élément déclencheur pour chacun de mes livres publiés (je vous épargne ceux qui ont été refusés). Dans l’ordre chronologique de publication.

Je me veux : petite plaquette d’une centaine de pages. Fiction qui va d’une phrase à deux ou trois pages. Je voulais prouver à je ne sais qui qu’on pouvait avoir quelque chose à dire à 25 ans, j’ai puisé dans mes expériences mais aussi celle d’une amie, une ex-religieuse. Anecdote : persuadé que c’était une autobiographie (une ex-religieuse pour la télé, c'était des détails croustillants?), Radio-Canada voulait m’interviewer. J’ai avoué que c’était œuvre de fiction … et donc pas de passage à la télé radiocanadienne!

De rien au tour à rien en dedans : roman au style très contemporain inspiré de l’amitié vécue à quatre lors d’étés et d’aventures. Des jeunes qui refont le monde, qui se prennent pour Sartre-Beauvoir, qui s’amusent à philosopher et jouer avec les mots et qui sont perdus comme le Mathieu de Françoise Loranger.

Le mystère de la femme en noir : roman jeunesse. Une histoire que m’ont racontée mes élèves de secondaire 1 pendant les cours de catéchèse.

Poursuite sur la Petite-Nation : roman jeunesse. À 19 ans, j’avais descendu une partie de la rivière Petite-Nation, j’avais le goût de raconter cette aventure. J’ai enrobé le tout dans une histoire de voleurs, j’en ai profité pour présenter la région.

Appliqués Patchwork et couvre-lits : essai. Pendant ma dernière année d’enseignement, j’enseignais la couture. Comme ce que je savais le mieux faire, c’était d’écrire, bien plus que de coudre, j’ai décidé d’écrire un livre avec mes élèves qui ont servi de modèles, qui ont préparé les différentes pièces photographiées. Trente ans plus tard, quand je les rencontre, elles m’en parlent encore.

Pourquoi nous avons cessé d’enseigner : essai. Chaque semaine, Louise Falstrault et moi, nous nous racontions les diverses péripéties et difficultés avec la direction, le syndicat, les élèves. C’était l’époque où la diminution de la clientèle scolaire se faisait sentir dans les campagnes. L’époque où la polyvalente redevenait simple école secondaire, faute d'élèves. Mon premier livre publié à compte d’auteur aux Éditions de la Petite-Nation que mon père venait de mettre sur pied. Premier et seul passage au canal 10, devant Réal Giguère.

Jacques Lamarche, un homme, une époque : essai. Le journal La Presse avait organisé un concours de biographie, j’avais décidé d’y participer. Je n’ai pas gagné, mais j’ai présenté le projet aux Écrits-Hautes-Terres qui fut intéressé. Pendant un an, j’ai fait des recherches, j’ai posé des questions à mon père, j’ai relu quelques-uns de ses livres (pas tous les 96 qu’il avait publiés!) et, en 2005, le livre fut lancé dans une auberge qui était une ferme qui a marqué mon enfance et la vie de villégiateurs de mes parents. Trop faible pour assister au lancement, mon père mourait l’année suivante.

Les Têtes rousses : roman qui sera publié à l’automne 2011. Après avoir tant parlé de mon père, je me suis demandé si ma mère avait aussi une vie intéressante à raconter. Dans un prochain billet, j’en dirai plus.

Et vous, d'où vient le commencement du début de l'idée? Surtout quand c'est une histoire d'extra terrestres ou de sorciers ou de mort suspecte ou tout ce qui est hors de notre quotidien.

(quelques-uns de mes livres publiés... et épuisés, sauf peut-être dans quelques bibliothèques)

mardi 18 janvier 2011

Du pourquoi je n'écris pas

Presque chaque matin, je me réveille en me demandant de quoi je pourrais bien parler dans mon blogue. Presque chaque matin, depuis Noël environ, il me semble que je ne trouve rien d’intéressant à dire. Je commence et même les trois lignes écrites ne valent pas d'être publiées sur Facebook. Je lis les autres et je me dis : « ah j’aurais pu parler de ça », parfois je me contente de commenter. De moins en moins. Il est loin le temps où je croyais être aussi prolifique qu’un journaliste. Elle est finie depuis longtemps la liste de sujets que j’avais établie pour des billets potentiellement intéressants. Et je ne veux pas, vraiment pas me dire que c’est parce que je vieillis, que je n’ai plus rien à dire ou que le peu que j’écris est nul et inintéressant. J’ai bien trop peur que ce soit vrai.

Un matin, j’avais même écrit tout un billet pour aider les personnes qui montent elles-mêmes leur site internet. Loin d’être professionnelle en la matière, au fil des années, j’ai appris quelques petites choses et je voulais en faire profiter les autres. Pour m’apercevoir que les conseils que je donnais étaient caduques. Quoique plus je lis sur le sujet, plus les informations sont contradictoires, alors peut-être...

J’hésite aussi parce que j’essaie d’être cohérente, rester dans le sentier de l’écriture-lecture-peinture, quoique je ne tiens pas à me limiter à ce lectorat (quoi, j'ai un lectorat, moi?) de jeunes auteurs dans la trentaine, mais des comme moi, il n'y en pas beaucoup, on dirait.

Pourtant, hier encore, comme il fut question de REER obligatoire ces derniers jours, je me demandais à combien j’aurais accès dans… cinq ans. Quelques recherches sur le site de Services Canada m’ont arrêtée net.

L’expression « fonds de pension » demeure vague, mais au moins ça ne vous met pas votre condition en pleine face, tandis que l’autre, là… Sécurité de la vieillesse, ouache, rien que de voir ces mots m’a vieilli de vingt ans. Non décidément, j’ai changé de site et je n’ai rien écrit sur le sujet, en me demandant qui me lirait jusqu’au bout si moi-même je ne parvenais pas à écrire ces deux mots qui ne correspondent pas du tout à ma situation.

Voilà donc pourquoi je n’écris pas ces jours-ci : rien d’intéressant à dire.

(Illustration de ce que je ne suis pas encore, juré je ne ressemble pas à ça. Emprunt de Printmaster-platinium 2011)

mercredi 12 janvier 2011

Hooonnn! Je joue!


Je recommande à ceux et celles qui veulent faire travailler leurs neurones. Je déconseille à ceux et celles qui sont payés pour vraiment travailler: on devient accro rapidement.

dimanche 9 janvier 2011

De ce temps perdu

Ce n’est pourtant qu’un simple petit blogue. Des billets de rien du tout, des réflexions, des débordements, des nouvelles qui intéressent surtout la personne qui les écrit et une dizaine de personnes qui le suivent assidûment, même si quarante-quatre membres sont inscrits officiellement.

Neuf jours déjà depuis la nouvelle année. Neuf jours que je n’ai pas publié de billets sur mon blogue. Neuf jours à tousser, étouffer, à rester couchée, parfois fièvreuse, souvent somnolente, à ne rien faire d’autre que peser sur le mute et le guide de la télécommande. Je ne me suis même pas offert le luxe de lire. Si, Ru de Kim Thúy qu’évidemment j’ai beaucoup aimé, qui n’a pas aimé? Une lecture qui, contrairement à bien d’autres, ne m’a pas entraînée dans cette rivière claire et gonflée d’images et de mots pour lesquels, entre d'autres temps, une force étrangère m’aurait fait lever et me diriger vers un cahier ou mon clavier. Non, rien. Que des yeux humides, un voile de brume sur mon cerveau.

Ce matin pourtant, après deux meilleures nuits, le nez encore bouché et les oreilles bourdonnantes, il y a un appel, un ennui, un sentiment de paresse aussi. Pas un sentiment d’urgence, mais un manque, une peine.

J’ai rangé les pastilles, le sirop et les acétaminophènes, et je tente depuis de sortir ces mots et ces phrases qui ont été perdus, qui en ont profité pour me déserter et s’enfuir. Où sont-ils donc? Heureusement, aujourd’hui il y a aussi le soleil qui m’appelle, qui m’invite au grand air. J’irai voir dehors si mes mots y sont aussi.

vendredi 31 décembre 2010

Jean-Paul Filion, l'auteur

J’ai oublié comment c’est arrivé, quand je l'ai rencontré, j’ai oublié pourquoi j’avais aimé, mais je me souviens du nom de l’auteur, je me souviens avoir deux de ses livres dans ma bibliothèque, dont un dédicacé à nos deux noms. Je me souviens que l’artiste de nos-pinceaux avait aussi été touchée par ses tableaux et en avait même été inspirée au point où elle a peint une petite série d’instruments de musique à la manière de…

Il est peut-être connu par sa chanson « La parenté est arrivée » très de circonstance en ce dernier jour de l’année, mais pour moi, ce fut d’abord le frère de Marcel, électricien réputé dans toute la Petite-Nation mais surtout celui qui m'a écrit : « Du réel au pays de l’imaginaire, il y a la distance qu’on veut bien y mettre ».

Et j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit alors, probablement en l'an 2000. Je le publie à nouveau, ici. Juste pour lui dire un dernier au-revoir.

J'aime les mots et les peintures. J'aime que les mots et les peintures me fassent rêver. Le livre de Jean-Paul Filion, paru aux Écrits des Hautes-Terres, a réussi mieux encore: il m'a fait m'envoler. Au-dessus des arbres et des êtres. Au-delà de moi-même. Je m'écartais justement du plus beau de mon âme, me laissant envahir par tout ce qui ne coule pas. Il m'a montré la source. Les conteries de Jean-Bel, à lire pour se souvenir comment voir la vie autrement, à entendre le violon qui fait rêver et à regarder un peu mieux nos ailes qui nous permettent de nous envoler.

Merci à Jean-Paul Filion de l'avoir écrit. Merci aux Écrits Hautes-Terres de l'avoir publié.

Un livre qu'il faut relire deux ou trois fois dans la même semaine et qu'on peut reprendre n'importe quand. Des histoires qui se lisent en une heure, mais alors tu n'as rien goûté, rien digéré, elles passeront d'un seul coup sans s'attarder dans ta mémoire, encore moins dans ton imagination. Il faut les reprendre, une par une, pour les lire avec plus que les yeux. Avec les oreilles, avec les images des violons bleus, avec la folie qui nous habite tous et qu'on relègue aux oubliettes de l'enfance croyant faussement que c'est leur place. Et chacune alors vous fera des diamants dans le sourire et les phrases vous resteront dans le coeur comme des notes de «violon-ciel»
(page couverture publiée aux défunts Écrits Hautes-Terres)

Le cadeau de la couverture

Il s’agissait que je dise que je ne foutais rien comme un chien qui tourne en rond sans se décider à se coucher pour que l’inverse se produise : je n’arrête pas comme le même chien qui court après sa queue en se demandant où il va.

Je n’aurai probablement pas la surprise et le petit coup au cœur de voir la couverture de mon livre. Pas parce qu’il ne paraîtra pas, mais c’est que je l’aurai vue surgir à partir de tout le fouillis qui précède le montage et tous les essais pour obtenir un résultat satisfaisant. En effet, j’ai proposé à l’éditeur que l’artiste-de-nos-pinceaux fasse l’illustration de mon livre. Il a trouvé l’idée possible et demande à voir une ébauche.

À la recherche d’images inspirantes, j’ai ressorti toutes celles qui ont si longtemps traîné sur mon bureau, pendant l’écriture de mon roman. Elles provenaient surtout des sites de Parcs Canada et du Musée McCord. Des maisons, des bateaux, des enfants pauvres, des vêtements de l’époque. Des atmosphères, des lieux.

Je ne pensais qu’à ça. Pas l’artiste. Louise était prise dans l’accouchement d’un gros tableau (72 pouces sur 24 pouces) qu’on lui avait commandé. Elle prit quand même le temps d’esquisser quelques dessins, mais elle préférerait jouer avec des photos. Sur le site du Musée McCord, il est clairement indiqué qu’on ne peut pas déformer les photos même si on les achète. Louise était bloquée, moi j’attendais et je rongeais mon frein. Tant bien que mal, on avait les bateaux et les maisons, mais les personnages, ça n’allait pas du tout.

Quand elle eut fini son tableau, je pensais qu’on allait s’y remettre. Point. Alors un matin, j’ai sorti la table lumineuse, de nouvelles photos de paysanne au baluchon vue de dos et je me suis mise à tracer. Louise m’a vue, elle ne réagissait pas. Finalement, elle a dit qu’elle renonçait, on dirait à l’éditeur qu’on ne proposait rien, qu’il demande à quelqu’un d’autre. J’étais déçue, mais à demi soulagée.

« Que voyais-tu comme couverture? » ai-je demandé en dernier recours. Des photos, pas des dessins, mais où trouver des vieilles photos haute résolution, libres de droit?

Louise me disait sa vision, les couleurs, les formes, l'arrière-plan. J’ai senti un déclic : des photos anciennes, j’en ai. J’ai ressorti le vieux cahier bleu de ma grand-tante sur la généalogie, on a trouvé.

Depuis, Louise suggère les couleurs et la composition, j’exécute sur l’ordinateur.

Essai d’un vert, non, d’un roux, trop orangé et un autre et dix autres, impression, retouches, autres couleurs, des sepias, plus pâles, impression. Plus gros, plus bas. Je me promène entre trois logiciels: un petit Photofiltre pour le sépia, mon sempiternel Corel Photopaint que je connais comme le fond de ma poche, et le classique Photoshop qui me donne de meilleures couleurs.

Nous en sommes à la cinquième version et je crois que ça y est.

Pourvu que l’éditeur aime aussi.

Je ne ressentirai peut-être pas ce cœur qui bat à la vue de la couverture imprimée, je ne dirai pas wow que c’est donc beau comme pour un cadeau tout neuf qu’on déballe et dont on ne sait strictement rien. En revanche, je n’aurai pas non plus de petits yeux tristes de déception, ce qui m’est déjà arrivé. Je serai surtout fière d’avoir mis nos talents à contribution. Contente d’avoir travaillé en équipe. Et d'avoir persévéré.