jeudi 5 juillet 2012

Faire ou être


Je ne fous rien.
Je regarde la grive faire sa demoiselle snob, le nez en l’air, les épaules par en arrière, cherchant le vers. Je guette le geai bleu qui va venir faire le faraud et revendiquer son territoire.
En quoi est-ce utile? En quoi est-ce productif? Je suis adulte depuis très longtemps (enfin je pense), mais je suis encore les principes de mes parents : il faut faire quelque chose de notre vie. Je voudrais avoir au moins l’humour d’une Sylvie qui transpose ce non-faire en fable se disant fourmi qui se repose pendant l’été. Personnellement, je suis plus intellectuelle et je raisonne avec des mots très sérieux, je me prends pour Sartre à chercher la phrase qui dirait tout mon beau parcours entre l’avoir, le faire, le paraître et l’être. Ne pourrais-je pas me contenter d’être? Seulement être, ça ne fait pas des billets de blogue très longs!

Alors j’essaie de retrouver ce que j’ai fait d’utile ces derniers temps. Pas nécessairement rémunérateur, mais qui entre dans la catégorie réalisations. Et si possible catégorie sociale, montrable, parce que faire la vaisselle, repeindre un vieux banc, tondre le gazon et vider les gouttières, c’est le quotidien, c’est le personnel, le domestique, ça n’intéresse personne et  ça n’entre pas ni dans un site Internet ni dans un curriculum vitae. Pourtant ç’a pris du temps et bien de mes énergies.

J’ai monté un livre de 628 pages, pas si mal comme réalisation. Rien que le lire, le passer sous la loupe d’Antidote et de mes connaissances acquises au fil de mes années de travail, le monter, imaginer la couverture, tout préparer pour l’imprimeur, travailler avec l’auteure, la conseiller, respecter ses choix qui n'auraient pas été les miens, attendre les épreuves et les approuver. Oui, c’est bien. Je suis fière de ce que j'ai "fait". L’auteure qui m’a confié cette tâche l'est aussi. Elle lancera son livre début septembre. Je lui ai même monté quelques pages web pour l’aider dans sa promotion. C’est par là >>>

Parce que c’est professionnel, parce que c’est en tant que graphiste, parce que ce n’est pas mon roman, parce que ce n’est pas tout à fait moi, parce que sur ce blogue, il ne faudrait ne parler que de mes lectures et de mon écriture? Parce que ça ne m’intéresse plus de parler de mes réalisations? Parce que j’ai passé ma phase de paraître, d’avoir besoin de parler de ce que je fais? Parce que j’ai l’âge de ceux et celles qui sont à la retraite et qui sont considérés comme ne « faisant » plus rien? Parce que je ne veux pas me sentir comme eux et elles : que vivre pour soi. Être. Sans plus sentir ce besoin de justifier ce non-faire?

Peut-être, je verrai avec le temps.

(illustration de l'auteure de ce blogue)

jeudi 21 juin 2012

Pur bonheur à Baie-Saint-Paul

Cliquez sur la photo pour en voir d'autres
De tous les pores de ma peau, de tous les sens de mon corps, je suis attentive à la vie devant et autour de moi.
D’abord le sentier qui mène à un belvédère et à une épave (pour ceux et celles que la vie de cette épave intéresse, plus de détails par là >>>), puis les arbres protecteurs, les bancs accueillants et puis finalement le fleuve qui m'attire toujours autant. 
Je marche et je m’assois.
À Baie-Saint-Paul, devant l’île aux Coudres, devant ce fleuve à marée montante, devant le sable et l’herbe, à écouter le vent et la corneille, je jouis, je vis. Après quatre mois où mon esprit a dû se concentrer sur plus urgent, je sors. Mon corps s’imprègne de la nature, d’un horizon plus distrayant, plus énergisant.
Ce que je vois,
Ce que je sens,
Ce que j’entends,
Ce que je touche,
Et même ce que je goûte me remplit de paix et de contentement.
Je suis ici et pas ailleurs, je suis maintenant et dans aucune attente de l’après et d’aucun moment autre que celui-ci.

(photos de l'auteure)

vendredi 27 avril 2012

Les têtes rousses dans la revue Le Libraire

La blogueuse Prospéryne qui avait déjà publié un billet (là>>>) au sujet de mon roman Les têtes rousses est aussi libraire dans une librairie indépendante à Saint-Hyacinthe et peut donc écrire dans la revue Le libraire. Ce qu'elle a fait dans le dernier numéro, le 70, à la page 15.

Belle surprise, je l'en ai remerciée personnellement. Tant qu'on en parle, c'est comme si le roman était encore en vie.

La fin de semaine dernière, j'ai rencontré des descendants de ma Bridget Bushell et Denis Lynch. Leur grand-mère Mabel Lynch était la cousine de mon grand-père, Léo Deguire. Ce sont les seuls descendants qui m'ont donné signe de vie lors de mes recherches. Ce fut une rencontre fort agréable et je me suis trouvé quelques points communs avec l'une d'eux: nous sommes nées toutes les deux le même mois, nous sommes allées en Irlande toutes les deux au début des années '70, elle a cheval, moi en vélo. Elle compte bien y séjourner pour écrire un livre. Son fils qui est de la sixième génération est roux, ce qui a rendu bien jalouse ma mère à qui j'ai montré la photo. Elle qui aurait tant voulu l'être, comme l'était son frère et sa soeur.

Et j'ai également appris que mon roman sera à la boutique (dirigée par la Corporation de la mise en valeur de Grosse-Île) du Parc national de Grosse-Île pendant toute la saison estivale soit de mai à octobre.

(illustration tirée de la page 15 de la revue Le libraire)

mercredi 18 avril 2012

Louise Falstrault expose ses sculptures


Louise Falstrault est surtout connue en tant qu'artiste peintre. On retrouve ses tableaux à la galerie René-Richard de Baie Saint-Paul et à la galerie Stephen Lowe à Calgary, mais pour la première fois, elle expose publiquement ses sculptures sur pierre. En mars dernier, elle participait à l'exposition FemmExpo à Saint-André-Avellin en montrant une de ses sculptures qui s'est vendue la journée même du vernissage, mais cette fois, ce sont cinq sculptures que l'on pourra admirer. 
Rendez-vous donc à la galerie d'art Fontaine, à Bugkingham, en Outaouais, du 26 avril au 26 mai. L'artiste sera présente au vernissage, le jeudi 26 avril.
(illustration du carton réalisé par Diane Fontaine, artiste peintre et galériste)

dimanche 8 avril 2012

Souvenir de Pâques


Pâques. Un billet de Michèle Bourgon sur ses souvenirs de cette fête m’a rappelé les miens. Certaines bonnes années, quand c’était tard en avril, Pâques voulait dire : on va au chalet, au lac Simon. Trois heures de route et la dernière, souvent dans la bouette. Pas d’eau courante, la baie à peine dégelée. Mais un printemps plein d’espoir qui nous donnait hâte à l’été, aux vacances. 

Mais mon souvenir le plus original, le plus mémorable fut celui de 1963, à Lévis. J’étais dans les guides. Pour Pâques, nous avions une activité spéciale, pour amasser des fonds, nous devions vendre des billets. Du chocolat à gagner : quatre petits paniers, deux moyens et un énorme. Je déteste vendre des billets, je suis nulle en sollicitation. J’ai réussi à vendre un calepin de dix billets à mon père et un autre à ma mère. Vingt billets au nom de mon frère et du mien. C’est la seule famille que j’avais à Lévis, les autres membres demeuraient encore à Montréal. Je savais que je ne serais pas la meilleure vendeuse qui pourrait remporter le gros chocolat en lapin, mais qu’importe, j’avais fait ma part. 

Le jour du tirage, nous encerclions les paniers dans notre petit local, la cheftaine au centre qui tenait les énormes sacs verts remplis de billets vendus. Le curé, notre aumônier, devait tirer les billets gagnants. Il s’exécute quatre fois pour les paniers moyens. Il ne reste que le plus gros. Je spécifie que ledit curé ne s’entendait pas tellement avec mon père et je crois bien qu’il ne voulait plus jamais à avoir à prononcer le nom de Lamarche. Circonstances que j’ai racontées dans le livre Jacques Lamarche, un homme une époque. Le curé plonge la main dans le grand sac, il retire un billet, je suis tout juste derrière lui, je crois voir mon nom, mais j’ai peine à croire que parmi les centaines, voire les milliers de billets, un de mes pauvres petits vingt billets puissent sortir du lot. Le temps de me concentrer pour être certaine que j’ai bien vu, je vois le prêtre remettre le billet dans le sac. C’était sans compter la célérité de la cheftaine qui, sans voir le nom du gagnant, a quand même vu la main hésitante. Elle se précipite sur le billet et lit le nom. C’est bel et bien le mien. Le curé ne s’éternise pas en longue homélie, bénit tout le monde et s’en va. 

Le vendredi soir, mon père dut venir chercher le cadeau gagnant qui couvrait toute la banquette arrière de l’automobile : un gros lapin de 3 pieds de hauteur, 4 oursons ou lapins, je ne me rappelle pas trop, de 2 pieds, 8 autres chocolats de 12 pouces et des centaines d’œufs en chocolat de toutes sortes de grosseurs et de couleurs. Ça formait un énorme sapin de Pâques et trônait sur la table du salon. À cette époque, nous ne pouvions pas manger de bonbons pendant le carême et encore moins le Vendredi saint. Ce n’est que le samedi soir que nous avons été autorisés à y goûter. Pas question de s’empiffrer. Ma mère a soigneusement cassé les lapins, oursons, a séparé les morceaux dans des petits sacs, a tout congelé. On a eu beau en donner, on en a eu… jusqu’en juin. 

Je n’ai jamais rien gagné de semblable avant et jamais depuis.
Joyeuses Pâques à tous!

mardi 27 mars 2012

Les chutes de Plaisance débordent de vie


À Sylvie,
À tous ceux et celles -- dont moi -- qui ont besoin
de la force
de l'énergie
de la lumière
de la beauté
cette saison de vie qui crie sa fureur
le temps d'aller à la recherche de plus grand
le temps de se retrouver, soi.

Les chutes de Plaisance, sont situées sur la rivière Petite-Nation,
juste avant d'arriver dans la rivière des Outaouais
et le fleuve Saint-Laurent et la mer
(photos de l'auteure de ce blogue)
cliquez sur le montage pour l'agrandir

lundi 12 mars 2012

Des nouvelles de Gatineau



La vie d’un auteur est un peu comme la vie d’une vedette de télé ou de film : quand sort le livre, ça fait longtemps que le texte a été écrit. Au point qu’il faut parfois le relire pour se le rappeler. Ainsi, le livre Des nouvelles de Gatineau est sorti au Salon du livre de l’Outaouais, le 3 mars dernier. Je viens tout juste de le recevoir. Page 101 : un texte de Claude Lamarche. Eh! Eh! c’est moi, ça! Quand donc ai-je écrit ce texte? Petit coup d’œil dans mes fichiers, dernier envoi : août 2011 et probablement écrit au printemps ou pendant l’hiver. 

Un livre sous la direction de Michèle Bourgon et de Vincent Théberge, qui n’en sont pas à leurs premières armes dans l’écriture ou la direction de nouvelles. Déjà, Trente XXX en 2009.

Ces deux auteurs de l’Outaouais récidivent en lançant, il y a plus d’un an, un concours de nouvelles. Il s’agissait d’écrire une nouvelle (2,500 mots maximum) dont l'action se déroulait à Gatineau. 

Je réside en Outaouais, mais pas à Gatineau, je connais cette grande ville fusionnée surtout parce que je me rends dans les centres commerciaux, dans les hôpitaux, mais comme j’ai eu le plaisir d’accompagner Louise Falstrault à une exposition qui a duré cinq ans : L’île en art, c’est donc sur le terrain du Théâtre de l’île que j’ai situé mon action. Même que j’ai emprunté son métier d’artiste peintre le temps de quelques phrases et de quelques émotions. 

Je n’ai pas gagné le concours, mais les deux directeurs ont quand même choisi ma nouvelle pour la publier avec 28 autres nouvelles. 

Andrée Poulin en parlé à l'émission de Radio-Canada, Divines tentations samedi dernier, à partir de la minute 4 :40.

Je suis honorée que mon nom côtoie quelques autres auteurs que j’ai connus lors d’ateliers ou de rencontres : Gilbert Troutet (dont la photographie de la couverture est tout à fait remarquable), Daniel Paradis, Claude Bolduc, Julie Huard, Jocelyne Béland, Michel-Rémi Lafond. Je connais aussi le journaliste de la Revue de Gatineau, Patrick Voyer qui a remporté le troisième prix. Le premier prix a été attribué à Frédéric Bisson et c’est amplement mérité : l’émotion est à son paroxysme dans sa nouvelle. 

Tout compte fait, même quand on pense qu’on écrit moins, les textes publiés en deux ans s’accumulent : deux nouvelles et un roman, tous chez Vents d’Ouest. Je suis à la veille de faire partie des meubles.

(Illustration empruntée au site de l'éditeur >>>)

dimanche 11 mars 2012

J'ai succombé


Ça y est, je n’ai pu résister, j'ai facilement trouvé une ou deux raisons pour m’offrir un cadeau. Un genre de cadeau utile, agréable, pour lequel mon cœur soupire encore après l’avoir déballé. 

Il s’agit d’une liseuse. Une Sony Reader parce que selon mes lectures, c’était celle qui me convenait le mieux. Je l’ai eue samedi matin. Elle fonctionne un peu comme un lecteur Mp3. J’ai eu un peu de difficulté à la connecter à mon réseau wi-fi, pas très rapide, mais ce n’est pas un I-pad que je voulais. Je me demande même si je vais me servir de cette fonctionnalité étant donné que je passe par mon ordinateur pour télécharger les livres. Encore plus de difficulté à rentrer les pièces de musique parce que je croyais que tous les fichiers étaient valides, mais non, elle ne prend que les MP3. Qu’à cela ne tienne, j’ai trouvé le moyen de convertir les .wma en .mp3. Je pourrai donc, en lisant, écouter mon album favori Leseïm.

Le plus facile finalement fut de transférer les livres. J’avais pris de l’avance en téléchargeant sur mon ordinateur portable quelque vingt livres trouvés ici et là sur les sites de livres numériques gratuits.  Pour l’instant, j’ai surtout glané mes livres sur le site Gutenberg. Je compte bien emprunter des livres à la bibliothèque BANQ, mais on dirait qu’il faut que je sois abonnée et je me demande bien si je peux obtenir une carte d’abonnement sans avoir à me rendre à Montréal. En espérant et en attendant que le projet pilote s'étende à toutes les bibliothèques publiques.

Je n’ai pas l’intention d’acheter de livres numériques tant que le prix avoisine celui du livre-papier. Peut-être que le plaisir d’utilisation sera de courte durée. En trois ans, peut-être moins, j’en aurai fait le tour. Non pas que la technologie va changer et que mon jouet sera désuet, si un peu, mais surtout parce que pour l’alimenter en nouveautés, je ne suis pas certaine que la marchandise ne sera pas épuisée dans quelques mois. Quand j’aurai lu tous les classiques de Stendhal, Balzac, Maupassant, Zola et quelques autres auteurs français, qui me procurer? Petite déception, on dirait que les traductions ne sont pas encore offertes en numérique. Pas d'auteurs du 20e siècle en tout cas.

En attendant de l’utiliser dans des salles d’attentes, dans l’auto (non, non, pas pendant que je conduis!) je l’ai essayée au souper : enfin, j'avais les mains libres, je n’ai pas eu besoin de briser le livre afin de le garder ouvert! Il me reste à lui tricoter un petit étui pour pouvoir me l’accrocher dans le cou, stylet et écouteurs compris. 

Grand sourire de contentement.

(photo personnelle de  l'auteure de ce blogue)
Ajout pour Andrée:

jeudi 8 mars 2012

Au sujet des prix littéraires

Mon roman Les Têtes rousses était finaliste au prix littéraire Le Droit. Il avait également été inscrit au prix Jacques-Poirier. Les deux prix étaient décernés lors du Salon du livre de l’Outaouais. Dans le premier cas, c’est par téléphone que j’ai appris que j’étais finaliste, mais je n’ai connu le gagnant, Renaud Bouret pour son roman Les chinoises, qu’en lisant le journal Le Droit. Si j’avais pu assister à la remise du prix au Salon du Livre, je l’aurais appris ce soir-là. Pas avant. Dans le second cas, il n’y eut pas de finalistes et j’ai appris le nom de la gagnante, Dominique Robert, par courriel, une semaine avant la remise du prix. Courriel dans lequel étaient nommés les membres du jury. 

Je ne sais pas comment ça fonctionne dans les autres cas, je connais mieux les prix en arts visuels et chacun a sa propre façon d'être accordé. C’était la première fois que j’étais finaliste, j’en étais très flattée. Maintenant que c’est chose faite, chose du passé, que les lauréats sont connus, que j’ai lu les articles concernant les heureux récipiendaires, je me pose quelques questions. Si les membres du jury ont été connus dans le cas du prix Jacques-Poirier, j’aurais aimé connaître ceux du prix littéraire Le Droit. Les articles des journaux sont élogieux, intéressants, donnent envie de se procurer les livres primés, mais rien sur le prix lui-même. Pourquoi ce roman plutôt qu’un autre? Combien de livres étaient inscrits? Pas obligé de les nommer, mais pourquoi les membres du jury ont-ils voté pour celui-là, quels étaient les critères d’évaluation? Qu’est-ce qui a motivé leur choix? Il me semble que ce n’est pas seulement les finalistes qui aimeraient savoir, mais aussi les lecteurs. Sans compter quelques autres questions : c’est quoi ce prix, pourquoi et depuis combien de temps existe-t-il, que représente-t-il pour l’auteur, pour l’éditeur, pour le lecteur?

Un de mes proches m’a demandé pourquoi je n’avais pas gagné, je n’en ai aucune idée, à part dire que les romans de Renaud Bouret et de Dominique Robert étaient meilleurs que le mien. Pour les membres du jury en tout cas. Un peu court comme réponse, mais je n’en avais pas d’autre. 

samedi 25 février 2012

De ma fenêtre

(Cliquez pour agrandir)
Les mots me fuient, mon coeur les craint un peu.
Je laisse les images le remplir de joie. Elles y réussissent très bien.

lundi 20 février 2012

Un dimanche à Duhamel


Duhamel, au bout de la route 321, en Outaouais. Pays de lacs et de forêts, pays de poissons et de chevreuils. Que je connais depuis 1956, que j'aime depuis toujours. Au bout de la route, au bout du monde. J'ai enseigné à leurs enfants, j'ai créé leurs armoiries colorées, j'y ai loué un chalet en hiver, j'y ai campé plusieurs étés. J'y ai skié. Je me suis prélassée sur la longue plage sablonneuse, réputée. J'ai nagé dans les eaux claires et fraîches du lac Simon.
Et ce dimanche, j'ai photographié les chevreuils, si nombreux, nourris de luzerne et d'amour.


(Album photos mis à jour, c'est par là >>>)


mardi 14 février 2012

Finaliste au prix littéraire Le Droit


Il y a des appels téléphoniques qui changent toute une vie. Certains en mieux, certains en pire. D’autres, beaucoup plus nombreux, vous donnent un petit coup au cœur et vous monte l’estime de soi d’un cran. 

Ce fut le cas hier, lundi. 
— Valérie Lessard, du journal Le Droit. 
— Oui. 
— Je vous appelle pour vous dire que votre livre Les têtes rousses est finaliste au prix Le Droit, catégorie fiction. 
— Ah oui! 

Un « Ah oui! » plus interrogateur qu’exclamatif, qui accélère les battements de mon coeur, mais pas comme si j’avais peur, mais plutôt comme une montée de bonne humeur, un cœur qui pousse sur l’estime de soi, et vous chante la fierté d’avoir réussi un examen, sans le soulagement parce que vous ne l’attendiez pas, sans la revanche sur l’autre prix que vous n’avez pas obtenu la semaine précédente, juste contente, juste un petit pied de nez à votre perpétuel doute sur votre talent. Ce n’est pas le prix du Gouverneur général, mais quand même une reconnaissance. Et puis, peu importe ce que c’est, vous n’allez pas commencer à le comparer, à le mesurer. Réjouissez-vous un point c’est tout! 

Un peu nerveuse, la responsable du cahier des arts me dit que mon nom sera ajouté la fin de semaine prochaine dans le cahier week-end. Un oubli me dit-elle dans le cahier de la fin de semaine passée. Pas remarqué, je ne suis pas abonnée au journal et cette partie du journal n’est pas sur Internet. 

Nous sommes quatre finalistes paraît-il, beaucoup de participants cette année et la remise du prix se fera au Salon du Livre de l’Outaouais. Un courriel suivra. 
— Merci beaucoup, est-ce que je peux l’annoncer? 
— Certainement. 

Alors c’est fait, je l’annonce, mon roman est finaliste au prix Le Droit

Yé! Yahou! Youppi! Bébé contente-contente.

(Illustration: extrait du prix 2011 publié sur Internet>>>)

dimanche 12 février 2012

Une pâtisserie au Château Frontenac,
devant le fleuve Saint-Laurent


Ces temps-ci, pas le goût d’écrire, écrire un roman je veux dire. Pas la tête à ça. Lettre reçue d’un «Malheureusement, vous n’avez pas gagné le prix…» et quelques autres petits (je me demande bien pourquoi j’écris « petits » alors que certains sont vraiment très gros) signes remettent (encore) en question mon choix d’écrire des romans. Comme si tout me disait de regarder à gauche alors que je m’obstine à marcher à droite.

Et puis voilà que ce matin, sur Facebook où je flâne en sirotant mon café, que vois-je, qui vois-je? Marie-Christine Bernard qui fait un lien vers son blogue. Comment ça son blogue? Quel blogue? Pas vu. Je m’y précipite. Rouge papier. Clique sur le profil pour m’assurer qu’il s’agit bien d’elle. Collège d’Alma, bon je ne savais pas, je m’en fous un peu. Livres publiés dans la colonne de droite. Je reconnais « Prix Abitibi-Bowater pour Mademoiselle Personne ». C’est bien elle. 

Non, je ne mets pas cette auteure sur un piédestal, je ne veux plus le faire pour personne, mais je peux bien en faire l’éloge, je peux bien lui dire mon admiration pour son roman, le seul que j’ai lu d’elle, Mademoiselle Personne. Roman que j'ai beaucoup aimé et pas seulement parce que l'histoire se passe dans cette Gaspésie que j'aime, même si je n'y vis pas. J’en ai parlé un peu dans ce billet, en juin dernier. 

Disons que je suis contente de trouver cette auteure qui blogue parce que :
1- Une auteure québécoise (des Français et Françaises, je n’aurais pas trop de difficultés à en trouver, j’aime encore lire les billets de Katherine Pancol), c’est comme regarder à travers la fenêtre et voir les châteaux de la Loire au lieu du Château Frontenac.

2- Une auteure qui n’écrit pas pour la jeunesse ou fantastique/science-fiction... je n’ai rien contre et je suis avec grand intérêt les blogueurs qui ont choisi cette voix, parce que finalement écrire, c’est écrire et les difficultés rencontrées sont du même ordre, mais tout de même, c’est un comme regarder à travers la fenêtre et voir la planète Mars au lieu du fleuve Saint-Laurent. 

Bref, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis contente de l’avoir trouvée, pourquoi je suis contente qu’elle commence un blogue, ça tient probablement à un problème d’identification, mais bon, j’ai lu ses billets de février et je suis ravie, quelle écriture! Et c’est comme manger une pâtisserie au Château Frontenac en regardant le fleuve Saint-Laurent!

mercredi 1 février 2012

Givre



Ce sont pourtant les mots qui sont les plus forts.
Ce sont pourtant les mots que j’aime, ceux des autres quand les miens sont absents ou trop lourds.
Parfois, ils sont trop révélateurs, ils nous submergent, ils peuvent nous blesser, nous enfoncer.
Certains matins, ils s’imposent, certains soirs, ils s’envolent. Certains jours ils sont cris.
Parfois le silence nous fait croire que les mots ne s’insinueront pas, ne frapperont pas à la porte. Juste un peu de calme, juste un peu de repos. Pour récupérer.
Les mots, certes, peuvent être espoir, mais ils peuvent aussi être méchants. Ils savent trouver le cœur, mais ils peuvent aussi le transpercer.

Aujourd’hui, je préfère l’image. Givrée.


samedi 28 janvier 2012

Comme une mère qui n’approuve pas
le choix de ses adolescents



Mon esprit se faufilait encore dans les méandres des livres, des blogues, il s’attardait dans un café virtuel d’écrivains, baignant dans ces eaux où il se sent à l’aise, souvent chez lui. Il se distançait de la petite onde de choc que mes derniers billets sur les titres anglais des romans avaient provoqué chez lui. Ce matin, après la lecture d’un article de Nathalie Petrowski dans le cahier des arts de La Presse, mon esprit s’est calmé, s'est ouvert. 

La chroniqueuse, que je considère comme étant de ma génération, avec qui je suis assez souvent d’accord, écrivait sur le premier roman du jeune (26 ans) Alexandre Soublière, Charlotte before Christ. Un des titres qui m’a hérissé le poil. (Je ne peux pas croire que je suis en train de le promouvoir en ajoutant généreusement le lien!)

Comme une mère qui n’approuve pas le choix de ses adolescents rebelles. Adolescents et rebelles , n'est-ce pas un pléonasme? En disant adolescents, on pourrait croire que je joue à la mère supérieure qui force ses petits à tenir les yeux baissés, mais finalement le mot écrit me renvoie plutôt à ma propre jeunesse. Poussée par le grand vent de renouveau culturel qui a suivi l’Exposition universelle de 1967, et la montée du féminisme, moi aussi, je refaisais le monde, moi aussi, je voulais trouver mon propre chemin. Ça m’a pris des années à ne plus être la fille de… la sœur de… J’ai encore le livre  Je me veux  dans ma bibliothèque qui témoigne de ma volonté d’être qui je suis. Je voulais me démarquer, être originale. Surtout ne pas écouter la génération précédente. 

Et puis, dans la vingtaine, une fois sur le marché du travail, une fois en âge de voter, une fois l’influence des professeurs et des amis passée, je suis devenue plus docile. Comme mes parents, j’ai rugi, j’ai ragé en lisant quelques pages seulement, sans parvenir à terminer les premiers romans de Michel Tremblay, je n’ai pas voulu suivre cette mode des sans virgules et sans points d’une Marie-Claire Blais et je n’ai rien compris aux textes des poètes de l’Hexagone, Nicole Brossard, Gaston Miron. 

Pourtant, même si je ne comprenais pas, je respectais, j’admirais, je voulais m’en inspirer, m’en réclamer, m’y identifier. En fait, j’étais encore en train de me faire, je n’avais aucune certitude encore moins d’assurance. 

J’ai dû en acquérir au fil des ans. J’ai fait des choix. 

Je ne suis donc toujours pas d’accord pour utiliser de l’anglais dans les titres de romans, parce qu’il y a longtemps, j’ai fait le pari et le choix de parler et d’écrire en français quand je parle et que j’écris en français et de parler anglais quand je dois parler anglais. Pas un mélange des deux. Mais Nathalie Petrowski m’a fait comprendre que la génération d’aujourd’hui ne cherche pas à nous tasser, mais simplement à faire leur place et pour ces jeunes nés les doigts plantés dans la technologie, l’américanisme, la mondialisation les interpellent. Le langage web a remplacé le joual. 

Comme une mère, je n’approuve pas leur choix, mais je dois les laisser vivre et prendre leurs propres décisions, trouver leur propre identité. Mon cœur de mère va donc continuer à souffrir, je le crains. Et je n'ai pas encore lu le livre, juste le titre qui me rebute!

(photo trouvée sur Google images)

mardi 24 janvier 2012

Refroidir les ardeurs


Le dernier billet a soulevé quelques réactions autant sur mon blogue que sur Facebook. J’ai eu droit à de nouveaux venus, et surtout à un message de madame Cousture. Je me sentais comme à l’école normale quand un « vrai » professeur venait nous parler de son expérience : impressionnée, mais elle a su me mettre à l’aise et nous avons parlé entre auteures. Je n’ai pas changé d’idée au sujet de cette tendance à publier des titres en tout ou en partie en anglais, tendance dangereuse selon moi. Je respecte les opinions de chacun et je vis aussi dans cette société qu'à moi seule, je ne peux décider vers où elle se dirige. 

Ce matin, je réalise que si la tête est parfois capable de tenir une argumentation pendant quelques jours, mon petit coeur fâché n’aime pas souffrir longtemps, n’aime pas les tensions et les débats, il préfère continuer à aimer lire et à aimer les humains. Aussi, je délaisse les mots pour les images pour détendre l’atmosphère et refroidir les ardeurs. Voici donc quelques photos prises le matin du 22 janvier, à moins 28 degrés Celsius.








samedi 21 janvier 2012

Titres de romans en anglais : mon petit coeur souffre


Dans Le Devoir, la liste des romans qui sortiront dans les mois qui viennent. Encore trois titres en anglais à paraître d’ici le printemps (j'ai hésité à les nommer, à les montrer pour ne pas leur faire de publicité). 
Petal's Pub, Arlette Cousture (Libre Expression)

Charlotte before Chris, Alexandre Soublière (Boréal)

Négroni on the rocks, Rafaële Germain (Libre Expression)
L’auteur est québécois, l’éditeur est québécois, les lecteurs seront québécois et même si les romans se rendent en France, le lectorat est francophone à ce que je sache. Alors c’est quoi l’affaire? Je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais. Même une raison de mode ou de mise en marché ne me convaincront pas. 

Quand bien même j’appellerai au boycottage (un anglicisme, oui, je n’ai rien contre qu’on emprunte des mots d’une autre langue, mais quand on a déjà des mots en français… et un mot n’est pas tout un titre), ma voix n’est pas assez forte, mon nom pas assez connu pour qu’on m’entende. Et je désespère de convaincre les plus jeunes que ça ne dérange pas. Que ça ne dérange plus. Même que plusieurs aiment ça, trouvent que ça fait bien à l’oreille. Lisez l’anglais, allez voir des films en anglais, si pour vous l’original vaut mieux qu’une traduction, mais puisque le roman est en français, pourquoi un titre en anglais? 

Même Arlette Cousture! Je l’aimais tant. Si c’est l’éditeur qui l’a convaincue, je suis déçue qu’elle ne lui ait pas tenu tête. Si c’est son idée à elle… même si ça parle d’Irlande, de Grosse-Île, de Griffintown — ce qui me fait plus mal encore puisque ce sont là les lieux de mon dernier roman, Les têtes rousses (je n’ai jamais songé une seule seconde à donner un titre en anglais ou en gaélique à mon roman)—, je lui en veux encore plus. J’en pleurerais. Comme un coup de couteau en plein cœur qui me dit : « tous ces efforts que tu as fournis, pendant tant d’années, à corriger, à vouloir améliorer, à être fière d’apporter ta petite contribution, tout ça, ne compte pas, on recule, on revient à zéro, vive l’anglais! »

Que faudrait-il pour que cette pratique cesse? Quelle levée de boucliers réussirait à endiguer cette vague qui s’abat sur nos romans depuis quelques années? Quel groupe puis-je rejoindre pour crier haut et fort mon indignation, pour dire ma peine?

Ajout: j'ai lu l'article du journal de Montréal où Arlette Cousture explique son choix du titre en anglais. Elle n'a pas réussi à me faire changer d'idée ou à me convaincre de quoi que ce soit. Dans Ces enfants d'ailleurs, les personnages venaient de Pologne a-t-elle choisi un titre polonais? Non, mon coeur n'est pas rasséréné du tout. J'en veux encore plus à elle qu'aux autres parce que la déception est proportionnelle à l'amour qu'on porte (portait) à quelqu'un. Sans compter, qu'avec sa réputation, je considère qu'elle a la responsabilité de l'exemple.

vendredi 13 janvier 2012

Un dinosaure à l'ère du numérique


Je n’ai pas de liseuse, je n’ai pas encore acheté de livre numérique, je m’attarde dans les bons vieux livres imprimés et publiés chez des éditeurs reconnus. Pourtant, je connais l’auto-édition depuis belle lurette. Bien avant qu’on en parle en mal, bien avant que l’impression numérique permette de petits tirages ou que le livre numérique attire l’auteur qui veut à tout prix publier sans vivre les longues étapes de l’édition traditionnelle. 

En 1979, mon père fondait les Éditions de la Petite-Nation. Ce qui lui a permis de mettre son expérience à profit et en plus des quatre ou cinq livres d’auteurs de l’Outaouais, il pouvait publier les livres qu’il écrivait et qui étaient refusés par les éditeurs. Le premier portait sur l’histoire de la Petite-Nation, celle de la seigneurie de Louis-Joseph-Papineau, du manoir du célèbre député. Pendant des semaines, des mois, il avait faisait des recherches au Manoir, au Château Montebello, au chef-lieu du comté. 

Les Éditions étaient une histoire de famille : mon père écrivait, ma mère corrigeait et tapait sur une énorme photocomposeuse, je cirais les longues épreuves en galés et je montais le livre sur des feuilles à carreaux bleus non reproduisibles (on disait non-repro). Nous faisions imprimer. Mon père préparait un article pour l’hebdomadaire local, y joignait un bon de commande. Mon frère s’occupait de l’administration. 

Quand les livres furent épuisés, mon père fit une mise à jour, des ajouts autant de textes que de photos, surtout au sujet du Château Montebello construit en 1930. En 2003, une troisième édition voyait le jour et s’ajoutait également une version légèrement différente, en anglais, qui raconte surtout la vie du Seignory Club

Même quand les Éditions de la Petite-Nation ont cessé leurs activités, mon père et moi avons continué de faire imprimer ce livre qui changeait de titre chaque fois. Il y eut donc Le manoir Louis-Joseph-Papineau, Rêves et splendeurs, La fascinante histoire du Château Montebello et La fascinante histoire du Fairmont Château Montebello, Les Seigneurs du ChâteauDreams in a Castle. Après 1980, les techniques ont évolué, j’ai numérisé toutes les photos, j’ai monté les deux versions, française et anglaise, avec mon bon vieux logiciel PageMaker qui date de Mathusalem, mais que je connais comme le fond de ma poche et comme il me permet d’exporter en fichier pdf, je n’ai pas l’air trop dinosaure. 

Mon père est décédé en 2006, mais ces deux livres lui survivent. C’est donc en auto-édition que je m’en occupe : toutes les dépenses, toutes les étapes, sauf l’imprimerie, mais tous les revenus. Certains jours, je n’ai pas l’air d’écrire, on me demande à quoi je travaille, eh bien ces temps-ci, sur ces deux montages : nouvelles couvertures, nouveau graphisme, un autre ISBN, mise à jour des événements qui sont survenus depuis la dernière édition. 

Ainsi, je demeure dans le monde du livre, même si ce n’est pas dans celui de l’écriture. Les deux livres seront prêts pour la Saint-Valentin et je pourrai aller porter les livres tout frais sortis de l’imprimerie dans la seule boutique qui me les prend tous : celle du Fairmont Château Montebello. 

Et qui sait si un jour, ce n’est pas par ces livres que j’entrerai dans l’ère du numérique. Ce serait grâce à mon père qui, pourtant, n’a jamais été capable d’utiliser un ordinateur! 

(illustrations: en primeur, les deux prochaines couvertures des livres auto-édités)

jeudi 5 janvier 2012

Lectures hommes femmes


Pendant les fêtes, j’ai lu, entre autres, L’homme blanc de Perrine Leblanc : auteure féminin, personnage masculin. J’ai également lu Tarmac de Nicolas Dickner : auteur masculin, personnages féminins. 
Dans les deux cas, point de sentiments, pas d’épanchements, et l’histoire d’amour, s’il y en a, est écrite entre les lignes, de sorte que, personnellement, je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages. Ce qui n’enlève rien à la force et à la valeur des romans qui résident surtout dans le choix et le traitement du sujet ainsi que du style très moderne, avec vocabulaire élaboré sans être affecté. 

Ce qui m’amène quand même à une question, déjà maintes fois posée par bien d’autres écrivains avant moi : y a-t-il des livres pour les hommes et d’autres pour les femmes? Question qui en entraîne plusieurs autres : les femmes peuvent-elles écrire pour les hommes et vice-versa? À celle-ci, en regardant mes lectures et celles des hommes qui m’entourent, je dirais que oui, mais il est vrai que dans certains cas, il y a des auteurs que je ne lis qu’occasionnellement (Ken Follet, Tom Clancy, Louis Hamelin) alors que je n’ai jamais vu mon frère lire Nancy Huston ou Marie Cardinal. Je n’irais pas jusqu’à dire que je refuse un John Grisham sous le seul prétexte que c’est un homme et que ses personnages principaux sont souvent des hommes. Autre question soulevée : est-ce que j’écris pour les hommes ou pour les femmes? Je n’ai pas encore eu d’écho d’hommes qui ont lu mes Têtes rousses. En revanche, deux femmes m’ont félicitée pour mes personnages masculins bien rendus, bien campés. Sans le savoir, aurais-je suivi les quelques conseils donnés sur ce site français>>> ?

Je me rappelle une anecdote : quand mon père a écrit un roman (était-ce Eurydice, je ne saurais dire), il l’avait présenté, sous un pseudonyme, au Prix Molson. Il a appris par la suite qu’il ne l’avait pas remporté parce que ça faisait deux années de suite que le prix était décerné à une femme et comme le jury était convaincu que l’auteur du manuscrit était encore une femme, à cause justement du personnage féminin principal, le prix lui a échappé. Il s’est rattrapé par la suite, mais tout de même, c’est pour dire! 

Je ne tiens pas à rédiger une analyse universitaire ni même élaborer une théorie sur ce sujet, je me borne donc à vous renvoyer la balle : et vous, qu'en pensez-vous? que lisez-vous? Avez-vous l'impression d'écrire plus pour des lecteurs ou des lectrices?

(Illustrations des couvertures empruntées aux sites des éditeurs respectifs)

dimanche 1 janvier 2012

À vous, à nous!

Triste constat : je n’ai pas l’enthousiasme facile. Par contre, du genre caméléon, je prends l’humeur des autres. Ce matin, les bilans, les souhaits d’autres blogueurs et blogueuses me montrent le chemin de la bonne humeur. Quoi de plus agréable que d’être désirée : le Castor déplumé et Lucille des Chroniques décontractées veulent me voir au Salon de Rouyn en mai prochain. En 2011, j’ai rencontré Sylvie Gaydos pour la première fois. Aux Correspondances d'Eastman, en 2010, j'ai pu converser un peu avec Venise du Passe-mot. Au Salon du livre de l'Outaouais, j'ai réussi à placer un mot ou deux avec la volubile et intéressante Élisabeth. Quant à Pierre H. Charron et sa conjointe Chantale, ils me relancent depuis le début de mon blogue et viennent me voir jusqu’à Ripon, ce n’est pas rien, ça fait plaisir chaque fois. Et si je n’ai pas vu de visu  Gen, Isa, Audry, Prospéryne, (et quelques autres, des Isabelle, Francine, Suzanne, Julie, Ruth) j’ai grand plaisir à les retrouver chaque fois dans leurs blogues ou leurs commentaires. 

Alors à tous vous autres, devenus si importants pour moi, dont je guette les mots, les billets et les écrits comme le Petit Prince attendait sa rose et son renard, et comme vous savez que j’aime la généalogie (et non pas parce que je pourrais être votre Mémé, quoiqu'en pense Gen, surtout pas), même si ce n’est pas tellement cette passion que nous partageons, je vous laisse sur cette chanson, ne serait-ce que parce qu’elle se termine par...


 « car ce soir, nous allons danser! » 

Donc, réjouissons-nous, enthousiasmons-nous, levons nos verres à la nouvelle année et à tout ce que nous partagerons encore virtuellement ou de vive voix en 2012.

mercredi 28 décembre 2011

Je ne comprends pas


Je n’en suis pas à ma première publication en tant qu’auteure et, dans le milieu de l’édition, j’ai un tout petit peu d’expérience, mais tout de même, je ne comprends pas. Dans la chaîne du livre, il y a l’auteur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur, le libraire et le lecteur. Dites-moi si j’en ai oublié? Qui a intérêt à ce que le livre se vende? L’auteur, l’éditeur (l’imprimeur s’en fout, il a été payé, mais tout de même s’il y a réimpression, il sera bien content, mais disons qu’on l’oublie pour l’instant), le distributeur et le libraire. À qui donc incombe la responsabilité de la vente du livre? C’est parce que je ne me sens ni compétente ni dynamique, ni compétitive que je n’ai pas accepté, il y a plusieurs années, de poursuivre dans la voie de l’édition. Je me suis contentée du graphisme et de l’écriture d’un livre. Je ne sais pas trop qui de l’éditeur, du distributeur ou du libraire doit faire tout son possible pour que chaque livre se vende le plus possible. Donc, je ne pointe personne du doigt, mais permettez que je pose des questions, que je livre mes observations, que je passe mes remarques. 

Je ne comprends pas. 

Sachant que je suis une auteure de l’Outaouais, sachant que l’éditeur est de l’Outaouais, sachant qu’il est plus probable que les médias de la région parlent de mon livre, plus que ne le feront ceux du reste du Québec (ce qui fut le cas), je ne comprends pas pourquoi il y a deux exemplaires seulement dans les librairies de l’Outaouais. Même nombre qu’à Amos ou Jonquière ou Granby ou même Montréal. À deux exemplaires, il est certain que mon livre ne peut pas constituer une pile, ne peut pas être sur un des blocs d’entrée, à la vue du visiteur. Je ne comprends pas pourquoi les libraires de l’Outaouais (ou de n'importe quel coin du Québec) n’ont pas un petit coin pour les auteurs de leur région, comme le font certaines bibliothèques. 

Il faut croire que je ne comprends rien à la vente. Qui devrait intervenir? Suis-je la seule à remarquer ces faits? À qui m’en plaindre : à l’éditeur qui fait de son mieux, au distributeur qui fournit le Québec entier, aux libraires de ma région? 

Je me contente pour l’instant de le noter dans ce blogue. Je me suis contentée aussi, cet après-midi, à Gatineau, de mettre le dernier livre qu’il reste dans une librairie (sur deux souvenez-vous) face devant.

mardi 27 décembre 2011

Passages obligés


Ne trouvant pas dans mes souvenirs ce à quoi je croyais quand j’étais enfant, comme Pierre H. Charron, j’ai plutôt relevé quelques étapes importantes dans ma vie. 
J’ai déjà lu dans Passages de Gail Sheehy (non, non, ne vous fiez pas au lien, j'ai bel et bien lu ce livre en français!) que nous vivons des «passages» à chaque dizaine environ. J’ai remarqué que les étapes importantes dans ma vie personnelle se passaient autour du chiffre 9. 
À 9 ans, ville nouvelle, école nouvelle, nouvelles amies (il faut dire que je changeais d’école chaque année, rien de bien différent, mais ce passage plus marquant parce que plus houleux). 
À 19 ans, je peinais amoureusement (on ne me fera jamais changer d’idée : la jeunesse n’est pas la plus belle période de la vie. Pas chez moi en tout cas). 
À 29 ans, je renonçais à gagner ma vie comme auteure et je me cherchais un emploi (à chaque renoncement suit un commencement, mais parfois la peine est plus profonde que la joie est réjouissante). 
À 39 ans, ah! un voyage en Europe, beau fixe. 
À 49 ans, j’en arrachais physiquement, je laissais mon emploi et je devenais travailleur autonome, à la maison. 
Je surveillais donc mes 59 ans. Rien à signaler. Eh non, belle année! Pas de passages difficiles. À 60 non plus. Fausse alerte ai-je cru, je vivrais une soixantaine tranquille. Mon horloge biologique n’a eu qu’un petit retard et un petit revirement : à 61 ans, la joie d’abord, les déceptions ensuite. Le doute qui gruge, les petites peurs qui grossissent, la réalité qui chasse (ou éloigne ou retarde) les rêves. Un seul espoir : avec les années, j’ai appris que justement ce n’est qu’un passage, un chemin, une tempête et qu’après les bourgeons reviennent, les feuilles verdiront, même si ce n'est pas le même vert. Et même pendant, à moi de voir les sourires, de profiter des journées ensoleillées, de lire un bon livre. Je suis mieux armée qu’à 9, 19, 29… je n'ai plus besoin d'avoir hâte que ça passe, je vis tout pleinement.
En avril, j’aurai 62 ans.
(photo de l'auteure de ce blogue, à 9 ans)

lundi 26 décembre 2011

Neige



Lendemain de Noël, ma journée préférée. Le soleil, la neige blanche, beauté hivernale: joies et plaisirs assurés. Le silence de la forêt, les traces de lièvre, les premiers pas dans la neige fraîche. Les joues qui sentent bon. Les yeux brillants qui regardent les arbres, de près de loin. Instant présent. Rien d'autre. Que là, que cela. Reconnaissante.

jeudi 22 décembre 2011

Ah! le temps des fêtes!


Écrire forcée, je peux rarement. En fait, je peux, mais ce n’est pas senti, pas très beau, pas original, pas organisé. Comme un examen, je ne suis pas à mon meilleur. Comme la carte qu’il faut écrire parce que c’est l’anniversaire de quelqu’un. Comme les vœux pour les Fêtes. Parce que j’écris, parce que j’aime écrire, on croit à tort que je peux écrire sur commande. Pour écrire, forcée, il me faut au moins une période de réchauffement, des brouillons. Et rien dans la tête, rien qui presse, rien à penser d’autre.

Ces jours-ci, j’ai la tête ailleurs, je n’ai pas le goût d’être poussée dans le dos ni par le verglas, ni par les obligations, ni par les fêtes et ses préparatifs.

Je lis les billets des autres, je relis ce que j’avais écrit les dernières années et rien ne me vient pour cette année. Je pourrais être ordinaire, conventionnelle, écrire des phrases toutes faites ou copier celles des cartes commerciales. Je pourrais. Pas que je n’ai pas le sourire, pas que je suis de mauvaise humeur, pas que je suis clouée au lit, fiévreuse, non, juste pas le goût d’écrire sur Noël qui vient. Ce soir, demain soir, le 24 et le 25, je vais voir du monde, de la famille, des amies, je vais aller chez eux, ils vont venir chez nous. Je vais parler, je vais manger, je vais recevoir et donner des cadeaux, une partie de moi sera heureuse, mais je sais que je vais faire des phrases banales, je vais lever mon verre en formulant les souhaits habituels. Et après, fatiguée, je vais m’écrouer sur mon lit et repenser à ces soirées, et je vais être probablement déçue de moi, les émotions à l’envers ou pas d’émotions du tout. Parce que, forcée, je ne suis pas le meilleur de moi-même. Une partie seulement, la sociale, la bavarde. Je suis une bavarde sociale comme on est une buveuse sociale. Pas à mon meilleur. Pourquoi faudrait-il que je le sois toujours? Écrire forcée, je suis plate. 

Pourquoi j’écris alors? Probablement pour voir si le petit démon va finir par se changer en ange, si la rebelle en moi peut accepter un peu de convention.

Peut-être est-ce seulement parce qu’il n’y a pas de neige, pas de magie : le cœur n’y est pas. Peut-être.

(illustration: extrait d'un tableau de Louise Falstrault)

samedi 17 décembre 2011

Une raison pour aimer un roman


Est-ce question d’intelligence? Non je ne crois pas. De tempérament, peut-être. Je n’ai jamais aimé analyser. Comprendre oui, chercher, fouiller, oui, mais analyser, décortiquer, formuler en phrases, non. Je dois être une intuitive. Donc je viens de m’apercevoir — intuitivement — que dans mes lectures, l’histoire, à elle seule, ne suffit pas pour que le roman m’intéresse, que les personnages, à eux seuls, ne suffisent pas pour que je m’identifie à eux. Je viens de comprendre que le style de l’écriture m’impressionne ou m’attire ou m’amène à la page suivante et encore et plus loin. 

Comment j’ai saisi ce phénomène? En lisant — rapidement — 33, rue de la Baleine de Myriam Beaudoin et en commençant aussitôt après Chroniques du Pays des Mères (ça m'arrache les doigts de devoir mettre des majuscules à pays et mère!) d’Élisabeth Vonarburg. Le premier, malgré les critiques assez élogieuses merci, dont celle de Venise dans son blogue Passe-mot, je n’ai pas eu ce wow, ce coup de cœur, ce plaisir, même pas une petite émotion que ce roman a fait naître chez bon nombre de lecteurs. Je n’ai pas détesté, j’ai même assez aimé, mais je ne parvenais pas vraiment à trouver ce qui me décevait. Je ne voulais pas que ce soit une simple question de graphisme : j’aurais mis les lettres en italique, choix bien personnel qui, je l’avoue, m’aurait fait passer certains passages où, à mon avis toujours, il ne se passait rien. L’intrigue n’a pas été suffisante pour me retenir bien longtemps, mais j'ai tout lu dans l'espoir d'y trouver, bien plus que le dénouement final, le pourquoi tant de gens avaient aimé.

J’en ai compris la raison après la vingt-cinquième page du roman d’Élisabeth Vonarburg : le style. Je me suis mise à penser pourquoi je n’aimais pas beaucoup les séries de Michel David, même si je dois admettre que l’histoire se lit toute seule et que les personnages peuvent être attachants. J’ai pensé aux livres de Cormac McCarthy que je n’ai pas terminés. J’ai pensé aussi au Si le grain de meurt d’André Gide que j’ai lu avec grand plaisir, à l’automne, je me disais que c’était le fait que ce soit une biographie, mon genre préféré. J’ai même pensé que j’étais devenue snob en matière de lectures : madame ne lit plus n’importe quoi, madame ne lit que de la littérature! Mais non, c’est tout simplement le style qui m’accroche, ça ne fait de moi une snob. S’il fallait m’en convaincre, je me suis rappelé qu’il y a bien des livres primés que je suis incapable de lire. Quand je lis et que j’admire comment les phrases sont construites, quand j’ai envie de recopier quelques phrases dans un cahier pour ensuite m’en servir (sans les recopier, juste m’en inspirer) lors de portraits, de descriptions ou tout simplement quand je veux accoler un adjectif à un nom pour que le lecteur voie, hume, entende… quand je prends mon temps pour déguster et non pas sauter au plus vite à la fin de l'histoire, c’est que j’aime vraiment le livre. Aimer d'amour, de jouissance et de reconnaissance. Bien sûr, si je m’identifie aux personnages en plus, si l’histoire m’intéresse (si je la comprends, ce qui n’est pas toujours le cas, je pense à L’énigme du retour de Dany Laferrière), alors, là c’est le plaisir assuré que j’étire. 

Vraiment, une belle journée : j’ai trouvé que le style dans un roman pouvait déterminer mon intérêt, le décupler. On m’aurait dit ça quand j’étais à l’école alors que je détestais l’ « étude comparative du style »! Il y a une différence entre aimer et analyser. Oui à la lecture, non à la dissertation. Oui aux courts billets de blogue, non à une maîtrise en littérature. 

Je retourne donc à la page 26 du roman d’Élisabeth Vonarburg, crayon à la main.

(Illustration empruntée au site http://sf.emse.fr/)

jeudi 15 décembre 2011

La vie après la vie du roman


15 décembre. Dans dix jours, Noël. Déjà petite folie dans les magasins. 

Mon roman est sorti en librairie le 12 octobre. Deux mois. Un autre mois et le distributeur fera probablement le tour des invendus. 

Si le livre est imprimé à moins de 1,000 exemplaires, pas grande chance qu’il se retrouve sur les cubes de promotion… 
Si deux livres par librairie, pas de quoi faire une pile impressionnante… 
Si aucun média n’en a parlé, sinon à la sortie du roman, une chronique à la radio régionale et un article dans un quotidien, régional aussi, (merci Andrée, merci Jessy, merci Michèle)… 
Si le service de presse de l’éditeur est d’une vingtaine d’envois… 
Si les personnes qui le reçoivent en service de presse n’en parlent pas… 
Si je reçois un chaleureux accueil d’estime de blogueurs et qui prennent la peine de l’acheter, de le lire et de le commenter (voir site des Têtes rousses >>>) 
Si des circonstances exceptionnelles décident de subvenir à ce moment précis (dois-je y voir un signe?), ce qui m’empêche de me lancer dans une promotion  auprès de libraires, de bibliothèques ou d’organismes où j’aurais pu présenter une mini-conférence ou des séances de signatures… 
Si on sait que ce sont les trois premiers mois les plus importants en librairie… 
Si on sait que le temps des fêtes est un temps propice à l’achat de livres à offrir en cadeau… 

Alors que puis-je faire pour le dernier sprint? 

La même chose qu’au début : espérer, faire confiance, lâcher prise. Ce que je pourrais faire de mieux, c’est de continuer à écrire, ce que je ne fais pas. D’arrêter de penser aux Têtes rousses, de rêver à sa traduction ou de le voir en film, de le laisser avoir sa vie, quelle qu’elle soit. Me réjouir de tout ce que le livre m’apporte et me fait vivre. Remercier tous ceux qui l'achètent, qui en parlent. Et me dire que la vie du roman n’est pas pour autant terminée après ces trois mois en librairie. Il reste les Salons du livre, il reste les bibliothèques.
Il reste surtout ma propre vie qui est toujours là, à attendre que je m’occupe d’elle.

vendredi 9 décembre 2011

Les troupes allemandes de Dominique Ritchot


Je ne suis pas la seule à partir de ses ancêtres pour publier un livre. Dominique Ritchot, généalogiste (une vraie de vraie, pas amateure comme moi) et descendante de soldat auxiliaire allemand,  s’est intéressée au livre de Virginia Easley De marce, The settlement of former German Auxiliary Troops in Canada after the American Revolution. Elle l’a non seulement traduit, mais revu toute la liste des soldats, consulté de nombreuses archives, corrigé des erreurs trouvées au cours de ses recherches et, après que les Éditions Septentrion aient abandonné la publication, l’auteure a persisté et a finalement pu voir le fruit de son travail, d’une bonne dizaine d’années, publié aux Éditions historiques et généalogiques Pépin (Institut généalogique Drouin) 

Ce n’est pas un roman, mais un ouvrage de référence fort bien documenté pour qui s’intéresse à la venue de ces soldats allemands longtemps appelés des « mercenaires », dans les années 1776-1783, pendant la révolution américaine.

Si je m’intéresse à ce livre, c’est que j’ai longtemps cherché l’ancêtre de Louise Falstrault: Heinrich Faulstroth, et c’est grâce aux recherches de Dominique Ritchot, entre autres, que je l’ai découvert. J’en ai déjà parlé, là>>>. Son livre nous permet de reconnaître de nombreux patronymes dont l’orthographe a changé au cours des années. La liste des épouses, en grande majorité francophone, est également très intéressante à parcourir.

L’auteure est aussi blogueuse à ses heures. Et elle s’occupe d’un forum sur les soldats qui provenaient de la région de Hesse-Hanau. 

(photo de la couverture, empruntée au blogue de Dominique Ritchot)

mardi 6 décembre 2011

Je pourrais parler de...


Je pourrais parler du décès de Louky Bersianik survenu hier, le 5 décembre. Reparler surtout de son Euguélionne qui m’a frappé de plein fouet quand je n’avais pas trente ans, et a laissé des traces qui ne s’effaceront jamais tout à fait, même si je suis incapable de relire le livre. 

Je pourrais parler de mon après-midi, assise sur une bûche à conter ma Petite-Nation à une équipe qui prépare une exposition permanente: comment je l’ai découverte, comment elle m’a conquise petit à petit, d’une plage sablonneuse à un grand lac rempli de plaisirs estivaux, à une descente de rivières, à l’amour des chutes Lockbow, où je n’amenais que les personnes aimées comme on livre une confidence, un secret, comme on dévoile le plus beau de soi-même. 

Je pourrais parler de Noël qui vient me chante-t-on de plusieurs voix, mais je ne suis tellement pas là et pas seulement parce que la neige se fait rare. Le repas de Noël risque fort d’être un buffet froid : charcuteries, fromages et toutes sortes de pains délicieux. Achetés prêts-à-manger. 

Je pourrais parler des livres que je ne lis pas, mais la nuit, quand je ne dors pas, j’écoute Fred Pellerin. Ses contes parlés sont bien différents de ceux écrits, mais je ne me décide pas à savoir lesquels je préfère. En fait, je prends les deux pour ce qu’ils m’offrent dans leurs plaisirs distincts. 

Je pourrais parler de bien des sujets, mais pas longtemps, mon esprit n’étant pas tout à fait assez libre pour plonger dans une chronique élaborée. Être collégienne, en dissertation, je n’aurais pas la note de passage, c’est certain. Incapable de rédiger un brouillon, tout au plus une prémisse.

Je me contente donc de publier la photo prise lors de mon passage au Salon des métiers d’art de Ripon où j’ai eu la surprise de voir arriver Pierre et Chantale qui me suivent partout, je dirais!


jeudi 24 novembre 2011

Des ballons lancés depuis trois ans


Il y a trois ans, je publiais mon premier billet. 
Trois ans. 

J’essaie de figurer ce que ça peut représenter 370 billets. Et je ne vois pas. On peut tellement faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Je ne suis pas femme de chiffres, suis personne de mots et d’émotions. Que j’aie publié x livres dans ma vie, qu’un événement attire 5,000 ou 20,000 personnes, qu’un artiste peigne 20 ou 120 tableaux par année, que je gagne 20,000 ou 40,000 $ par année, qu’il fasse moins 5 degrés ou plus 33 degrés, l’important pour moi n’est pas là. C’est comment je me sens, qu’est-ce que ça me fait aujourd’hui, là. 

Et là, maintenant, aujourd’hui, je suis assez contente de ce blogue et fière de moi. Même s’il n’est pas ce que je voulais qu’il soit au départ. Je voulais des chroniques, des billets, comme les journalistes en pondent chaque jour ou chaque semaine. Je croyais créer un petit hebdomadaire culturel où il serait question de ma région, des artistes qui m’entourent et de mes démêlés avec l’écriture. Pas de vie personnelle. Il pourrait y en avoir beaucoup plus, mais il y a en déjà trop. Même aussi s’il n’a pas la profondeur, l’impact, le sérieux que je croyais pouvoir y mettre. 

Je voulais témoigner, faire profiter les autres de mon expérience, au sujet du monde de l’édition surtout, mais je sais bien — j’ai toujours su — que chacun doit faire son chemin, doit se forger sa propre idée. Tout au plus puis-je dire, puis-je partager et lancer mon ballon. Qui le regardera, est-il beau, est-il profitable, est-il bien rond, qui comptera combien j’en ai envoyé, à qui son envolée profitera-t-elle? Je ne saurais dire. Ma partie, mon besoin était de les gonfler, un à un, et de les envoyer dans l’univers. 

Ce que je continuerai de faire tant que j’en retirerai du plaisir et que les aléas de la vie m’en laisseront le temps.

(Illustration créée par la graphiste de ce blogue)

mardi 22 novembre 2011

Des livres écoutés



On peut lire à peu près n’importe où, tout le monde le sait et même sur une table d’opération. Demain, mercredi, pendant que je lirai du Fred Pellerin dans une salle d’attente, l’opérée, elle, écoutera le même Fred Pellerin sur son lecteur Mp3. En effet, comme elle sera opérée au genou, elle ne sera pas endormie et comme elle ne veut rien entendre des instruments de chirurgie, on lui a suggéré d’apporter son lecteur. La maison Planète Rebelle a la bonne idée d’éditer des livres sur CD. 

Et début décembre, j’aurai le plaisir de lire quelques pages de mon livre Visions de la Petite-Nation qui date de l’an 2000. Le petit vidéo sera diffusé dans une exposition permanente dont le thème tourne autour des rivières et lacs de ma région. 

Comme quoi les livres peuvent lus… et écoutés. 

P.S. je remercie Sylvie, Isabelle, Lucille, Gen et quelques autres auteurs d’un groupe sur Facebook de m’avoir donné l’impression de vivre un peu le Salon du Livre de Montréal avec elles, malgré mon absence. Un plaisir bien goûté sans avoir mal aux pieds ou mal à la foule. 

(source de l'illustration: Planète Rebelle)

dimanche 13 novembre 2011

Salon du livre de Montréal: décision difficile

Décision difficile mais nécessaire: j'ai déchiré mon billet. Je ne serai pas au Salon du Livre de Montréal. Raisons très personnelles, circonstances exceptionnelles. 
C'est comme ça, on ne peut pas être partout et tout faire.

Ne m'y cherchez donc pas, ni comme auteure ni comme visiteuse, mais si vous désirez quand même mon roman, lui, il y sera. Enfin, j'espère. Stand de Prologue. 

Ne soyez pas triste pour moi, la décision a été difficile à prendre mais une fois prise, je suis fière de moi, et c'est très rare dans ma vie que j'ai regretté mes décisions.

(source de l'image: site du Salon du livre de Montréal, retouche de la graphiste)

samedi 12 novembre 2011

Premiers flocons

Oui, je pourrais chercher des mots pour dire pourquoi je suis sortie ce matin
pour expliquer ce que j'ai vu, ce que j'ai respiré, ce que j'ai senti
oui, je pourrais,
mais les mots, les phrases, c'est déjà autre chose, ce n'est pas le bonheur ressenti dans l'air frais, dans le bruit des feuilles foulées, dans ces petits grains blancs tout neufs.

Alors, non, je ne dis rien, je n'ajoute rien. L'instant est déjà passé, les premiers flocons ont déjà fondu. L'instant magique était là dans le temps de voir et de sentir.

mardi 8 novembre 2011

Silence



Souvent, j’ai dit que je préférais l’écrire au parler. 
Ce qui ne signifie nullement que j’ai toujours envie d’écrire. 
Troisième option : le silence. 
Ni écrire, ni parler et non plus écouter ou lire. Juste regarder ou marcher. Faire le vide de toutes les paroles entendues, de tous les mots des autres. Ne rien penser. Prendre des vacances de la pensée. 
Ce que je compte faire, ce que je fais déjà. 
Oui, je sais un blogue ne doit pas être un blogue de silence, mais permettez que le mien le soit quelques jours au moins.

(photo de la blogueuse: en face de chez elle)

mardi 1 novembre 2011

Une lectrice conquise


Pour que j’aime un livre, l’histoire doit être intéressante et le texte bien écrit. Les détails historiques sont si bien immiscés dans le déroulement, on croirait que vous y étiez, à regarder agir les personnages dans leur environnement. J’ai rarement lu des romans qui se déroulent dans le Montréal de cette époque, c’est un vrai plaisir.   
Je ne jouerai pas à la critique littéraire, mais sincèrement, je pense que vous êtes une grande écrivaine : tous vos personnages ont une personnalité, et celle-ci évolue sans se trahir. Vous réussissez à penser en jeune femme, en mère, en fils, en enfant, en homme, tout ce qu’ils pensent est vrai et propre à chacun.  
Les sentiments, les émotions, les petits gestes du quotidien : magistral.
Les dialogues sont justes, moi qui suis auditive, je les entends parler. Le ton est adapté à l’époque, le langage aussi, sans lourdeur.
Les détails des lieux, extérieur et intérieur, les couleurs, les textures, les sons, les odeurs, vous avez pensé à tout.
Mais ce qui importe le plus sans doute, ce qui fait qu’on a envie de continuer, c’est qu’on s’attache à ces personnages, ils ont corps et âme, on aimerait les rencontrer. Je me sens près d’eux, ils sont comme nous. 
Après de tels commentaires, comment croyez-vous que je me sois sentie le reste de la journée? Au début, je croyais que c’était tellement fort que ça fondrait comme une première neige, mais non, une véritable poudrerie et les congères formés me cachaient la vue à tout autre activité. Je n’ai pas cru tout ce que la lectrice conquise a écrit, ce n’est que sa vision, ce n’est qu’une première évaluation, quand dix personnes me diront la même chose, peut-être le croirais-je. J’ai reçu d’autres compliments, que des réactions positives, mais rien d’aussi détaillé. Et puis je connais cette lectrice, une lectrice consciencieuse, si elle prend la peine de l’écrire, c’est qu’elle le pense vraiment, alors ça m’oblige à y croire aussi. Sauf qu’un avis, même dix du même acabit ne font pas du roman un best seller ou un chef-d’œuvre. Ce qui remet (encore) en question le pourquoi je tiens à publier ou le pourquoi je fais des séances de dédicaces, le pourquoi je vais dans les Salons du livre. Pour recevoir ce genre de lettres? Pour être vue, reconnue, vedette? Quand serai-je satisfaite en tout? Voudrais-je être un Réjean Ducharme : écrire, être publié, ne pas être vu, mais être reconnu? Je crois bien que je n’aurai jamais la réponse, parce qu’on ne finit jamais de se connaître et de se chercher. 

Et ce n’est pas la lumière au bout de la route qui est importante, c’est la route parcourue. Ma lectrice conquise a fait ma journée... et ma semaine, je pense bien.

(tableau d'Adolf Fényes, photo empruntée au site http://www.kieselbach.hu/fitpic.html?/images/mutargy/3437/1.h500.jpg)