dimanche 13 avril 2014

Au pays de la canne à sucre

Pour raconter un voyage, beaucoup de gens utilisent un blogue, c'est très bien, j'en lis beaucoup. Personnellement, pour les miens, je préfère un site. D'abord je peux le monter tranquillement, à mon retour, quand j'ai une connexion internet digne de ce nom. Puis, pour les consulter, plus facile d'utilisation. Quoique maintenant avec les nouvelles plateformes, il est possible de retrouver un voyage qui date d'un an ou même de dix ans. 
Toujours est-il que ça ne fait pas une semaine que je suis de retour, et j'ai réussi à 
-- visionner plus de 600 photos
-- en traiter près de 200 avec Lightroom ou Windows Live Gallery
-- les classer et les monter en diaporama grâce à Jalbum
-- relire mon carnet de bord pour ne pas dire n'importe quoi, identifier oiseaux et fleurs
-- écrire les légendes (de nombreuses fautes que je corrigerai cette semaine)
-- monter les pages dans Web Creator Pro 5
-- envoyer le tout chez Funio, via Filezilla
... et regarder encore le tout avec plaisir, puis avoir déjà hâte au prochain voyage ou séjour dans le sud.

Pour voir et lire, c'est par là>>>

Un avant-goût:






jeudi 10 avril 2014

Après la canne à sucre, la glace

La peau brunie, le cheveu déteint, des réserves de bonheur, assez pour oublier le soir sombre des élections, après deux mois au pays de la canne à sucre, je suis de retour… dans la glace. Quoiqu’aujourd’hui, à douze degrés, elle fond, tranquillement.

Plus de 500 photos à visionner et « post-traiter » avant de les publier sur mon site de voyages. Quoique cette fois-ci ce n’était pas vraiment un voyage, ce le sera de moins en moins d’ailleurs. Nous en sommes à rester sur place, à jouir du temps, rayonner autour. 

Ainsi, cette année, nous avons élu domicile à Clewiston, Floride, au pays de la canne à sucre. J’en reparlerai lors de la publication de mes photos.

Et puis j’ai beaucoup farnienté. Mon billet de mars Ne rien faire a été écrit sous la latitude 27.26oN. La photo qui accompagnait le billet datait du mois de décembre, juste pour mêler les cartes.

Activités de ces deux mois :
— (re)lu Le journal en pyjama de Laferrière, j’ai poursuivi la lecture de la vie de George Sand ai feuilleté quelques livres numériques;
—écrit la première version d’une nouvelle pour Nouvelles de Gatineau 4;
—roulé plus de 6,000 kilomètres en VR;
—pédalé un bon 300 kilomètres;
—baigné presque tous les jours;
—jasé avec plusieurs résidents du parc, on a déjà hâte d’en revoir plusieurs l’an prochain;
—écouté des chansons et de la musique sur une terrasse, une petite bière froide à la main;
—appris qu’un éditeur était intéressé à mon manuscrit (la sorte de suite des Têtes rousses), mais après refonte complète. On a discutera la semaine prochaine.

Tout est lavé, rangé, la correspondance à jour, l’auto sortie de la glace (grâce au CAA, le soleil à lui seul n’y parvenait pas), l'argent reçu (le Droit public entre autres) déposé et le réfrigérateur empli à nouveau. Quelques visites encore, Pâques à fêter, et je retrouverai sans doute un rythme plus adapté à une grande maison, un terrain dégelé et une vie de travailleur autonome. 

Le prochain voyage est déjà prévu, réservé, mais comme à mon habitude, je ne vous en parlerai qu’à mon retour !

(Photo: Palm royal avenue, à Clewiston, Floride)
Ajout: j'ai volontairement tu les 60 (et je dirais même et demi) jours de soleil sur 62 et les 27 degrés de moyenne, mais j'ai constaté que les Québécois et les Québécoises ont un talent très développé pour oublier d'une saison à l'autre, d'un gouvernement à un autre. Hooooonnnn, méchante!

samedi 8 mars 2014

Le jour où j'ai reçu un cahier bleu

(billet pour la page Facebook : Les descendants deFrançois Deguire dit Larose)

Comme il sied à un homme dans la soixantaine qui aime l’histoire, mon père s’est intéressé à son ancêtre, un soldat de Carignan, Jean Bricault dit Lamarche et à celui de son épouse, un soldat de Carignan aussi, François Deguire dit Larose. Ma quarantaine était alors encore bien loin et j’avais d’autres préoccupations que la généalogie, mais le respect filial me forçait à écouter les inlassables histoires au sujet de ces deux patronymes. Sans grande passion.
Jusqu’au jour où, en 2004, ma mère me remit un cahier bleu. Une sorte de livre imprimé et même illustré dans lequel ma grand-tante religieuse, Annie Deguire, a noté minutieusement des centaines de noms et de dates en plus d’écrire de longs textes sur ses grands-parents autant maternels que paternels.

Je l’ai pris des mains de ma mère vieillissante et, j’étais alors prête, j’ai plongé dans la généalogie familiale. Et je n’en suis jamais vraiment sortie.

Les recherches ont commencé, j’ai repris là où mon père avait laissé. Mon frère qui avait eu la patience d’entrer les centaines de noms et dates amassées au cours des années m’a généreusement offert sa base de données informaqtisée. Mon intérêt me mena bien au-delà de cette liste. De ma mère, Michelle Deguire, je sautai rapidement à sa grand-mère maternelle, une certaine Jenny Lynch, épouse de Philéas Deguire, de son vrai nom de baptême Margaret Jane. Il était écrit que ses parents, Bridget Bushell et Denis Lynch venaient d’Irlande. S’il ne fut pas difficile de trouver :

l’acte de mariage de Bridget et Denis, en 1855 à Montréal
les noms du frère et de la sœur de Bridget Bushell, leur mariage, leur descendance,
la vie de Jenny et de Philéas Deguire à Saint-Henri
la vie des parents de Philéas Deguire, à Saint-Laurent

  J’eus beau éplucher les listes des bateaux et les recensements, il fut beaucoup plus ardu et même impossible de trouver :
Sur quel bateau mes Irlandais étaient-ils arrivés?
En quelle année?
Avec qui? Ensemble? Avec leurs familles respectives?
Les parents, frères et sœurs de Denis Lynch

Ma grand-tante religieuse avait heureusement noté que l’une était originaire du comté de Roscommon et l’autre du comté de Leitrim. J’en conclus que c’était la grande famine (1846-1849) qui les avait contraints à choisir l’Amérique comme terre d’accueil. Je lus tout ce que je pouvais, en français, sur cette époque, la difficile traversée, le mildiou, le typhus, le passage obligé à Grosse-Île et l’arrivée pour les miens à Pointe-Saint-Charles.

Après un an de recherches sur de nombreux sites, des visites à la Société de généalogie de l’Outaouais, et des lectures instructives, faute d’obtenir toutes les informations, je décidai d’imaginer ce ma grand-tante Deguire n’avait pas écrit.

Ainsi est né le roman — publié en 2011, sept ans après que ma mère m’ait remis le cahier bleu —, Les têtes rousses.

mardi 4 mars 2014

Ne rien faire

Ne rien faire d’utile ou d’important.
Sans être en vacances ou plutôt l’être tout le temps. Il est de coutume d’appeler cela la retraite.
Juste guetter et, sil vient, écouter l’oiseau.
Juste lire un roman. Pas un essai où il faudrait réfléchir, juste un roman, une histoire, des émotions. Ressentir sans être en relation, sans conflit.
Juste aller nager ou pédaler ou faire de la raquette. Et parfois même pas.
Juste déguster un verre de vin.
Juste parler à une voisine. Ou se taire. Ne pas commencer de polémique, ne pas monter aux barricades.
Juste surveiller la prochaine vague ou le chien qui marche dans la rue.
Juste soupirer d’aise.
Juste regarder le ciel bleu ou la neige qui tombe en gros flocons ou la pluie qui tambourine. Et ne pas paniquer parce qu’on n’a pas à sortir.
Juste avoir l’esprit tranquille.
                Sans attente
                Sans inquiétudes
                Sans tension
                Sans appréhension
                Sans culpabilité
                Sans cœur brisé
Juste écrire un billet complètement inutile.

Ne vraiment rien faire? Je n'en suis pas capable. À moins d’être malade et attendre que le mieux revienne. Ce qui n'est pas le cas.
Était-ce permis chez vous de ne rien faire? Seulement le dimanche? Seulement en vacances?

(photo de l'auteure en train de rêvasser)

dimanche 23 février 2014

Verbes de février

Mes journées en ce mois si court et si long à la fois:

Oublier d'attendre les réponses pour le dernier manuscrit envoyé aux éditeurs. 

Écrire trois ou quatre pages où je présente un nouveau personnage : Johanne que les intimes pourront appeler Jo (prononcer [ʒo] et non [dʒo]. Elle excelle au handball. Je ne comprends pas encore pourquoi ce sport que je connais très peu et avec lequel je devrai me familiariser, mais Jo en a décidé ainsi.

Le reste de la journée, observer les mésanges et le pic qui ont hâte que l’hiver achève pour accueillir des petits copains. Admirer les photos d'oiseaux de Luc Parent en le suivant dans son voyage. L'admirer d'autant plus que je sais fort bien que même si je le suivais à la trace, mes photos ne seraient pas aussi belles. Apprendre à connaître ses limites et ne pas jouer au petit Québécois qui-est-capable-d'en-faire-autant!

Autant j’aime les Olympiques d’hiver qui me font apprécier… l’hiver, autant je suis bien heureuse de revenir à un horaire plus normal. Me reposer de ces cris de victoire, ces larmes de défaite, cette fierté d’être canadienne deux semaines aux quatre ans, ces tensions insoutenables.

Lire. J’ai terminé C’est le cœur qui meurt en dernier de Robert Lalonde que j’ai beaucoup aimé même si les dialogues étaient fort nombreux, mais toujours justifiés. Qui m’a fait réfléchir à ma propre relation avec ma mère. Qui m’a donné des idées pour enrichir les relations mère-fille dans mon prochain roman. 

Retourner à la vie de George Sand. En attendant un prochain roman québécois qui m’intéressera.
Essayer de recruter des Deguire et des Larose pour une rencontre en 2015. Être un peu déçue de ne pas trouver d’association des descendants de soldats de Carignan. Féliciter les femmes qui ont créé la Société des Filles du roi (site>>>), un groupe plus actif disons que celui-là>>>, un peu statique. Admettre que Marcel Fournier et André Delisle s'activent et comptent bien souligner ce 350e anniversaire >>>

Préparer le voyage Yukon-Alaska quoique ce n’est pas très difficile, à peu près un seul itinéraire : Whitehorse, Dawson City, Fairbanks, Parc Denali, Anchorage, Homer, Seward, Valdez, Skagway, Haines.

S’y voir déjà.
Et puis, le plus important, vivre, aimer.

samedi 1 février 2014

Le jour où…
j’ai appris l’histoire de Canard Blanc

À l’école, je n’étais pas très intéressée par l’histoire, je préférais le jeu des mathématiques et la dissection des grenouilles. Ce qui m’intéresse encore dans la vie, ce n’est pas de connaitre l’opinion politique de chacun ou les raisons de l’accident survenu la veille, je suis curieuse de la vie des gens : leurs choix, leurs amours, leurs voyages.

Sur les sentiers de leurs déplacements, la recherche de mes ancêtres et de ceux des personnes qui m’entourent m’a tout de même menée à la re-découverte de l’histoire. Ainsi par le soldat Henrich Faulstroh, j’ai ré-appris la révolution américaine. Par le soldat de Carignan Jean de Lalonde, j’ai revu le massacre de Lachine. Et en trouvant des traces de Deguire et de Larose dans ma Petite-Nation bien aimée, j’ai connu la vie de certains Algonquins.

Mes étés d’enfant et d’adolescente furent joyeux sur les rives du lac Simon. En canot, en chaloupe, j’ai sillonné la baie de l’Ours, le lac Barrière, le lac Simon, la rivière Petite-Nation. J’ai marché sur l’île du Canard-Blanc. Plus tard, j’ai conduit sur les routes de Chénéville, Duhamel, Ripon, Saint-André-Avellin, jusqu’à Montebello, Plaisance. Sans jamais me demander d’où venaient ces noms, sans jamais chercher à savoir qui avait parcouru ces sentiers avant moi. 

Et ma famille y fixa sa demeure en 1970. Mon père, féru d’histoire, intrigué par le manoir des Papineau et le château Montebello se mit à fouiller les archives. Il fit mieux connaître le temps des Algonquins, et le temps des Papineau. Ainsi j’ai appris que Canard Blanc, Simon étaient des chasseurs algonquins, des weskarinis. Certains s’établirent dans la Petite-Nation et se marièrent avec des blanches.

Quelle ne fut pas ma surprise quand, en 2004, je lus le nom de Olive Larose Deguire dans le très beau livre de Jean-Guy Paquin : Le pays de Canard Blanc. D’ailleurs ce même auteur publiera sous peu le livre Weskarinis que j’ai bien hâte de feuilleter. Elle a épousé Amable Simon, en 1865 à Saint-André-Avellin, et le couple s'établit dans la baie Saint-Laurent, au lac Simon (le point A sur la carte).

Encore aujourd’hui, j’ai bien du mal à me retrouver dans les noms algonquins, mais j’ai retenu qu’une Deguire dit Larose était intimement liée avec les Simon, Canard-Blanc qui, jusqu’alors étaient pour moi des noms de lac et d’île.

Des lieux de mon enfance. Des lieux que j’ai aimés au point de m’y établir. Je ne pensais pas alors trouver que d’autres avant moi, descendants du même François Guire, y avaient vécu.

D'autres informations sur Canard Blanc>>>

mercredi 29 janvier 2014

Le jour où...
je suis arrivée dans la Petite-Nation

La Petite-Nation? Où est-ce? En Outaouais. Ni région administrative, ni région touristique officielle, ni MRC (même si c’était le premier nom qui ne fut pas retenu pour la MRC Papineau), une région du cœur. Son nom prend naissance dans la seigneurie de la Petite-Nation.

Cliquez sur l'illustration pour l'agrandir
Vous voyez le numéro 181 sur la carte, complètement à gauche? La seigneurie isolée, la plus à l’ouest de la province? C’était la seigneurie de la Petite-Nation. Celle de notre ancêtre, François Deguire dit Larose venait de celle de Saint-Ours (numéro 80). La Petite-Nation était alors limitée aux paroisses de Plaisance, Papineauville et Montebello. Après l’abolition des tenures en 1854, d’autres municipalités sont fondées. Le nom de la Petite-Nation est resté.

Voilà pour la situation géographique. Les Deguire maintenant puisque le sujet de cette série de billets porte sur les descendants de François Deguire dit Larose.
Le jour où j'ai choisi de m'installer dans la Petite-Nation, en 1970, après l'avoir connue en tant que touriste estival depuis 1956, j'ai entendu le patronyme Lamarche ici et là, sans plus. Au moins un Bricault, le coloré curé que nous connaissions bien depuis 1956, au temps où nous allions encore à la messe du dimanche, l’été, à Montpellier. Il fut transféré à Notre-Dame-de-la-Paix par la suite. Mais de Deguire, point. Je croyais naïvement ma mère toute seule à être Deguire dans cette région outaouaise.

L’enseignement nous permet de rencontrer rapidement de nombreuses familles. Alors des Larose, oui, j’en ai connu plusieurs. Dont le très dynamique chauffeur d’autobus, Zéphirien Larose. Je n’étais pas certaine qu’ils fussent tous des descendants de François Deguire dit Larose, mais quand j’ai commencé à m’intéresser à la généalogie, à poser des questions, à avoir accès aux dictionnaires et aux registres, je fus surprise de trouver autant de personnes issues du même ancêtre que ma mère. Dans les registres paroissiaux, tous Larose ou Deguire confondus, c’est à Ripon que j’en ai dénombré près d’une centaine. 

Mes deux questions : 
Quand ont-ils délaissé le Deguire pour le Larose? Après 1900 on dirait bien. Dans les registres, pendant longtemps les deux noms, alors que même mon arrière-grand-père, à Saint-Laurent, n’a jamais employé le patronyme Larose. Quant à savoir pourquoi, j’ai eu vent que c’était souvent une simple chicane de famille, mais tous? Quand on se chicane, certains sont d’un côté et les autres d’un autre, tandis que là…. que des Larose. Les rares Deguire sont plutôt plus à l'ouest du côté de Gatineau, Masson, Ange-Gardien, Lochaber. 

Ensuite: comment sont-ils arrivés dans la Petite-Nation. J’ai répondu en partie à cette seconde question en regardant le lieu des mariages : départ de Saint-Ours en 1700, puis Boucherville, quelques générations à Saint-Laurent entre 1750 et 1800, de terre en terre, de paroisse en paroisse vers Saint-Benoît ou Saint-Hermas ou Saint-Scholastique et arrivée à Saint-André-Avellin ou Chénéville un peu avant 1870. Il me reste à savoir quelles familles se sont dirigées vers la Petite-Nation, seulement celle de Jean-Baptiste Deguire et Appoline Cyr? Au moins une autre famille, celle du fils de Pierre Deguire et de Marie-Joseph-Françoise Groux et j'en parlerai dans un prochain billet : Le jour où… j’ai appris l’histoire de Canard-Blanc.

La nouvelle page Facebook s'enrichit chaque jour >>>

(Illustration empruntée au site Mémoire du Québec >>>)

lundi 27 janvier 2014

Le jour où...
je suis arrivée sur la rue Deguire

Je ne suis pas historienne, mais plutôt observatrice et fouineuse. Née Lamarche, j’ai beaucoup plus entendu parler de Bricault dit Lamarche, plus fréquenté ma famille paternelle, mais un jour de 1963, ma famille a déménagé au 1455, rue Deguire. C’était le patronyme de ma mère.

Combien de chances qu’une Deguire demeure sur la rue Deguire? 

Et sur les quinze maisons que j’ai connues en vingt ans, pourquoi au moins quatre à ville Saint-Laurent? Tant de liens avec cette municipalité. Et ce, plus de cinq générations après que Pierre Deguire se soit installé sur une grande terre, au nord de la côte des Vertus, après que son fils François Deguire y ait été maire. Un maire que mon arrière grand-père, né à Saint-Laurent, a sûrement connu, même s’il n’était qu’un lointain cousin.

Depuis bientôt dix ans, je m’intéresse plus au patronyme des Deguire qu’à celui des Lamarche. Tout simplement parce que plus d’informations, plus de ressources. En retournant dans le passé, en découvrant ma lignée Deguire, je ne suis pas loin de penser que la psychogénéalogie n’est pas si bizarre que ça. C’est peut-être moi qui fais tous les liens, j’en fais même la base de mes romans, mais si le fait d’être née d’une mère Deguire me permet de faire ce que j’aime : écrire, tant mieux pour moi. En tout cas, ça expliquerait quelques coïncidences. Peut-être parce que je suis plus attentive aux «hasards» de la vie.

Je ne retiens que deux « coïncidences » qui me relient à Saint-Laurent. Pour l’instant.
Il y a le fait d'avoir habité sur la rue Deguire, nom de rue qui vient de François Deguire, maire de 1893 à 1902. Et le fait que Benjamin Deguire, mon arrière-grand-père ait épousé Sophie-Victoria Leduc, née à ville Saint-Laurent également (il y a aussi une rue Leduc à Saint-Laurent). Sa tante, Esther Leduc a été une des trois premières jeunes filles à entrer au couvent Basile-Moreau lors de sa création, en 1847.

L’ont rejointe quelques années plus tard les deux sœurs de mon grand-père, Annie et Évelyne Deguire. Et croyez-le ou non, j’ai fermé ce même Basile-Moreau, en 1969. Fermé au sens où, l’année suivant mon passage, le collège perdait son nom et devenait le cégep Vanier. Donc une arrière-grand-tante y entre dès sa fondation et moi j'en sors à sa fermeture. Quand même!

Plutôt que d’en chercher le pourquoi du comment, le propre de la psychogénéalogie, plutôt que d’en faire un article dans une revue d’histoire , j’ai préféré en tirer des romans. 
Les têtes rousses racontent l’arrivée des parents irlandais de Jenny Lynch qui épousera Philéas Deguire, la suite est écrite, publiée prochainement, je l’espère.

Ce billet est le premier d'une série qui s'intitule "Le jour où...", publié également sur la toute nouvelle page Facebook: Descendants de François Deguire dit Larose que je vous invite à "aimer" et consulter >>>

(Illustration empruntée au site de Gilles Deguire, celui qui m'a permis de tant découvrir sur tout ce qui entoure le patronyme Deguire)

mercredi 22 janvier 2014

Comment dire...

Ce n’est pas la menace du cancer du poumon qui m’a fait arrêter de fumer dans la trentaine. À 30 ans on se croit invincible. 

Adolescente, je ne voulais pas gaspiller mon argent pour des cigarettes. Mes parents fumaient, m’en offraient de temps à autre, je n’avais pas besoin de résister, ça ne me disait rien. Ça tombait bien, mes amies ne fumaient pas non plus. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saisis pas encore la logique, mais en voyage, nous étions cinq jeunes de vingt ans, on pédalait dans les vertes montagnes de l’Irlande et on a commencé à acheter des Turret. Au retour, j’ai continué à fumer… des Craven-A.

Jusqu’à 26 ans, quand j’ai pris deux ans de congé sans solde. Pour économiser d’abord, mais je me suis aperçue que, tranquille à la maison, je ne sentais pas le besoin d’en griller une aux heures. Mais dès que le téléphone sonnait ou qu’on frappait à la porte, avant même de répondre, j’en allumais une. Dès que je suis retournée enseigner, le matin même, j’achetais une cartouche.

Je ne me rappelle plus très bien en quelle année j’ai arrêté de nouveau, mais c’était autour de 1981 je dirais. J’ai joué à la ringuette, tout le monde prétendait que j’aurais bien meilleur souffle si j’arrêtais de fumer et si je perdais un peu de poids. J’ai donc cessé de fumer, mais j’ai pris quinze livres, malgré le sport.

Ça commençait à coûter cher, j’avais quitté l’enseignement, je n’avais plus le même salaire, je roulais mes cigarettes, c’était long et ennuyeux et pas aussi bon. Je montais un journal sur des tables inclinées. Les cafés et les cendres que j’ai échappés sur les journaux, je ne vous dis pas ! Et je ne fumais toujours pas à la maison, seulement en « société ». Des ami-e-s essayaient l’acupuncture, la gomme et tout ce qui s’offrait à nous. Certains en parlaient, d’autres se taisaient, d’autres fumaient en cachette croyant qu’on ne les voyait pas. 

J’ai eu l’idée d’essayer d’arrêter, tout en continuant à mettre de l’argent réservé à cet effet dans une petite boîte. L’argent fut donc ma motivation. J’ai réussi. Je n’ai jamais recommencé. Ou peut-être une fois, juste pour m’étouffer et détester le goût. Je ne me souviens plus ce que j’ai fait de l’argent économisé.

Pas de loi pour fumer à l’extérieur des bureaux à ce moment-là, donc au moins deux autres personnes fumaient dans le bureau où je travaillais. Ça m’a pris cinq ans avant de sentir l’odeur de la fumée, j’ai acheté un purificateur d’air et le soir en arrivant à la maison, il m’arrivait souvent d’accrocher mes vêtements à l’extérieur pour les aérer. Mais j’ai toujours respecté les fumeurs sachant combien il est difficile d’arrêter. Par contre, je fus bien contente quand les fumeurs ont commencé à aller à l’extérieur. 

Ce vendredi 24 janvier s’ouvrira un centre de services de la Société canadienne du cancer à Saint-André-Avellin. Je serai présente, en tant que survivante, pour témoigner de l’aide que cet organisme peut apporter aux personnes atteintes d’un cancer. Personnellement, c’est grâce à elle que j’ai obtenu une prothèse capillaire. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est concret. Ce n’est pas la première chose à laquelle on pense quand on pense au cancer, mais quand ça vous arrive, ce n’est pas évident, pour une femme surtout, de se voir du jour au lendemain le crâne nu. L’orgueil en prend un coup. 

Déjà qu’il faut aller à Gatineau, à une bonne heure de route, pour les traitements, alors avoir des services près de chez nous, c’est bien. Pouvoir en parler, échanger, si on en sent le besoin.

(photo au temps où je portais ma prothèse capillaire, j'ai beaucoup moins de cheveux depuis!)

dimanche 19 janvier 2014

La très soutenable légèreté de l'être

D’abord rêver aux soldats de Carignan, et, au réveil, me souvenir à peine d'avoir entendu le nom. Me demander si je n’écrirais pas un petit billet sur ce qui se trame ces jours-ci, à ce propos. 

Déjeuner en lisant des blogues de caravaniers qui gèlent à ce Jekyll Island que j’aime tant, mais dont j’envie la balade à vélo au bord de la mer; je poursuis avec d’autres en Arizona qui photographient des oiseaux et des cactus saguaro et me parlent des kokopelli qui m’ont séduit quand j’y étais. Nostalgie, petite envie.

Me promener ensuite sur Facebook dans les divers groupes que je suis et qui ont rapport soit avec les auteurs, soit les voyages, soit la généalogie. Je n’en sors pas ! Pourquoi lire sur d’autres sujets puisque ce sont mes passions?

Le temps de terminer mon café, lire tout de même quelques pages du roman de Catherine Leroux, Le mur mitoyen, me perdre encore une fois dans ces trois longues nouvelles, plus une petite que l’auteure a choisi de faire chevaucher pour une meilleure structure narrative sans doute. M’y accrocher rapidement, bien aimer finalement.

Après la vaisselle (quand même, me prouver que je ne suis pas qu’une intellectuelle qui néglige le domestique), revenir à ces courriels échangés depuis deux semaines au sujet des Deguire, le patronyme de ma mère. Nous sommes trois ou quatre descendants qui voudraient souligner le 350e anniversaire de l’arrivée des soldats de Carignan. J’ai la chance d’en avoir deux comme ancêtres directs : Jean Bricault dit Lamarche et François Deguire dit Larose. De plus celui-ci a épousé une fille du roi, Marie Rose Collin. 
Il en fut déjà question sur ce blogue (ce billet >>>)
Et là, d’une fouille à une autre, je me retrouve sur le site des Fêtes de la Nouvelle-France
En 2013, ces fêtes ont souligné l’arrivée des Filles du roi et si en 2015, elles commémoraient l’arrivée des soldats de Carignan? Et si notre petit groupe de Deguire y allait? Et si je me déguisais en Marie-Rose Collin ou même en François Deguire? Pourquoi pas ! Fait longtemps que j’ai le goût de participer à ces fêtes, dans le Vieux-Québec. Penser à en parler aux autres.

Jeter ensuite un coup d’œil à la fenêtre, sentir mon cœur conquis par la petite neige fine, décider d’aller en raquette (l’intellectuelle et la domestique pensent aussi à mon corps qui a besoin d’un peu d’exercice). Y être si bien dans cette douce neige qui tombe en gros flocons que je ne pense plus à être ailleurs, dans le sud ou à vélo. Il n’y a plus de Deguire, ni de lecture, ni d’ailleurs, ni de plus tard, rien que le simple plaisir de mettre un pied devant l’autre dans le silence ouaté de la forêt qui goûte la liberté.

Heureuse que mon cerveau m’y ait amenée dans cette légèreté de l’être, très soutenable et très souhaitable.

site des Fêtes de la Nouvelle-France>>>
site assez complet sur les Deguire>>>

Note: avez-vous remarqué, ai (encore) un peu changé entête et arrière-fond du blogue?

mardi 14 janvier 2014

Après que les arbres auront pleuré,
le ciel sourira

Pourtant je sais comment ça fonctionne, mais je me fais prendre chaque fois. Ça commence par un problème. Un problème, évidemment, que je n’ai pas le goût d’avoir, sinon, ça ne serait pas un problème. Un problème pour lequel il faut tout arrêter, cesser de faire ce qu’on était en train de faire et freiner notre élan. 

Ensuite, on prend son courage, on s’y attaque, on y fait face, on gueule un peu, le ton monte en même temps que l’adrénaline. Pour le régler, il faut du temps, de la patience. On s’y attaque, on sent qu’on va en venir à bout. On fait attention de ne pas se faire mal, de ne pas attraper de rhume. On mange à peine, on dort mal, on se lève la nuit, on surveille, on écoute. 

Le lendemain, dans la grisaille du temps, malgré les chemins glacés, on continue, on sort chercher ce qu’il faut, on communique avec des gens expérimentés, on demande des conseils, on se remet à la tâche. On fait ce qu’on peut, ce qu’on est capable de faire avec nos forces physiques et nos petits talents. 

Quand enfin le problème est réglé, temporairement, il reste à espérer que le printemps ne tarde pas trop pour y trouver une solution permanente, on pense qu’on va tout simplement continuer là où nous étions avant le problème. 

Mais non, c’est le blocage. C’est le fond du baril. Toutes nos forces physiques et encore plus les morales nous ont quittés. C’est la confusion, on ne sait plus où on était rendu et même si on trouve, l’élan n’y est plus. Tout ce qui était beau devient banal. Tout ce qu’on réussit à commencer est à refaire ou est de travers. Rien ne nous réussit. 

Il faut seulement se reposer. Attendre. Quand nos pieds sentiront le fond du baril, nous pourrons pousser et remonter. Lentement ou rapidement, c’est selon la gravité du problème réglé, je suppose. Il faut aussi en parler, l’écrire pour passer à l’autre étape, celle de l’oubli et de la remontée. 

Après que les arbres auront pleuré, le ciel sourira. Une fois encore.

(photos de l'auteure)

dimanche 5 janvier 2014

En marche vers un long chemin étroit

Janvier 2014. Après les fêtes, ça devrait raisonner recommencement, nouveau départ. Il neige doucement. J’hésite entre la raquette, la lecture et l’écriture. Les trois me tentent, mais pour des raisons différentes. Me suis réveillée et levée avec la ferme intention de trouver l’ordre des événements pour mon prochain roman. À me voir tourner en rond, je vois bien que je n’en suis qu’à la gestation, à la prise de notes. Je tâtonne comme quand on avance à petits pas dans un chemin inconnu ou tout noir et qu’on veut quand même prendre son temps pour être bien préparée à la longue marche qui nous attend.

Pas besoin de m’égarer en vaines recherches pour ce « tome 3 », seuls mes souvenirs suffisent puisque l’histoire se passe à mon époque, mais quand même bien des questions. 

J’ai relevé les chapitres déjà écrits lors d’une première version. Je pars avec un bagage de 90 pages que je juge utilisables, mais que je dois réorganiser. Toujours cette sempiternelle hésitation : comment bien passer d’une génération à l’autre sans qu’il y ait coupure entre les personnages : se détacher de l’un pour s’attacher à l’autre?

Et que se passe-t-il ensuite? Quelles intrigues, quelles scènes puis-je inventer pour régler les conflits, faire avancer le récit? Je sais le début, la fin, mais entre les deux. À cinq et même dix pages par chapitre, il me manque une autre bonne dizaine de scènes.

Dire qu’il y a des écrivains qui ont le souffle long, un James Michener, un Ken Follet avec leurs mille pages et plus près de nous, un Michel David, une Suzanne Aubry avec leurs quatre ou six tomes. Comme dans les conversations, je vais à l’essentiel, je ne vise que l’émotion, j’oublie les détails. Le physique entre autres.

« J’ai parlé de ma figure, afin de n’avoir plus du tout à en parler […] je me suis conformé à l’usage qui est de faire la description extérieure du personnage […] afin de me débarrasser complètement de cette puérilité. » C’est ce que pensait George Sand dont je lis actuellement l'autobiographie (Histoire de ma vie, George Sand) et souvent, je ne suis pas loin de penser la même chose, autant pour le portrait physique que pour les descriptions de paysages, de lieu, de la maison. Qui les lit? Qui les retient? À moins que ça ne serve le récit, que ça soit important pour comprendre le personnage, pour cerner les rêves du personnage. Le moins long possible, quelques mots. 

Finalement, je pense que je vais lire, en attendant que la neige ait fini de tomber que je la ramasse. Question de laisser les personnages se chamailler, discuter entre eux et, en allant à leur rencontre dans ce chemin étroit de la création, je les écouterai quand ils se seront mis d’accord ou qu’ils ne parleront pas tous en même temps.

J'aimerais être du genre Katherine Pancol: tenir un décompte des pages écrites, belle poussée sur le crayon. Mais voilà, ce n'est pas moi. N'empêche que ce serait un beau défi. Qu'est-ce qui me ferait bien avancer, donc? Et vous, quel est le petit truc qui vous fait avancer sur ce chemin solitaire de la création?

vendredi 27 décembre 2013

Chronologie d’un roman annoncé

Un matin de frimas comme un autre, quelques jours après Noël, où aucune obligation n’est prévue, où la météo clémente permet congé de pelletage et promesse de promenade en raquettes, l’auteure en attente de rien se promène sur Facebook et lit : «Bon... c'est le grand jour. J'ouvre Word et je me lance dans roman no 3» d’une romancière dont vous suivez avec bonheur les messages d’autant que son premier roman est sorti en même temps que le vôtre, sauf qu’elle, elle en lancera un autre en janvier 2014 tandis que votre manuscrit est à peine à ses premières corrections chez votre meilleure amie. Vous vous dites : « Est-ce que je me lance moi aussi dans le tome 3? Même si le tome 2 n’est pas encore publié? »

Dans la matinée, vous envoyez un petit mot à cette amie, comme ça, sans arrière-pensée, juré-craché, juste pour un petit bonjour. Elle répond qu’elle a terminé la lecture de votre manuscrit, il lui reste quelques notes à rédiger. Elle ajoute qu’elle aime et ceci et cela et vous parle justement de la fin ouverte et vous demande donc s’il y aura suite. Euh ! C’est que la suite, c’est rendu à votre génération, à votre époque, et donc des personnages qui s’inspireront sans doute de gens vivants. Aghhh ! petite panique. 

Pendant ce temps, une autre amie, artiste peintre et grande créatrice de paysages, termine la lecture de Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas. À votre suggestion d’ailleurs. Elle a beaucoup aimé, elle s’est identifiée au personnage. Elle qui aime tellement le bois, la nature, aurait voulu être un homme, un bûcheron, un planteur d’arbres vous lance comme chaque fois qu’elle vous parle du dernier livre lu : «j’ai une idée de roman !»

Comme il est l’heure de chausser les raquettes, vous l’invitez à vous suivre et développer son idée. D’un mot à l’autre, d’une suggestion à l’autre, vos voix montent, vos yeux s’illuminent, sa loquacité vous démusèle la cervelle, vous l’avertissez que tout ce qu’elle dit sera retenu contre elle. 

Après une heure dans les bois où elle a pris quelques photos qui lui inspireront la lumière de son prochain tableau, vous, de votre côté, vous avez non seulement l’idée, le fil conducteur, mais aussi le titre et le prénom et surnom du personnage principal.

C’est la joie.

Au retour, alors que le soleil se couche, un fichier Excel est ouvert pour la chronologie des événements et les traits physiques de vos personnages. Un cahier, à peine utilisé, est retrouvé, votre stylo numérique rechargé. Vous êtes prête. 2014 n’a qu’à bien se tenir : le tome 2 sera publié et le tome 3 écrit. C’est dit !

(photo de l'auteure, un jour d'hiver, fin décembre 2013)

Marcher en forêt sans trop de balises

J’ai souvent lu que l’auteur doit faire confiance à l’intelligence du lecteur.

Dans les blogues ou articles de journaux où il est question de La marche en forêt de Catherine Leroux, tout le monde a changé les difficultés à se retrouver dans les noms par des qualités de structure, une originalité, une étape obligée qui renforcent la beauté de l’œuvre. Peut-être parce que j’ai la version numérique et que l’arbre généalogique du début est complètement illisible donc je ne pouvais guère m’y référer, même imprimé, j'ai donc trébuché souvent sur les racines avant de poursuivre cette longue marche.

Je suis une lectrice moyenne, et normalement patiente surtout quand le texte m’intéresse, il m’arrive souvent de lâcher en cours de route, mais là… j’ai ramé. Fort, contre un vent d’exaspération. Mes neurones s'entrecroisaient à chaque changement de personnage et encore, quand l'auteure les nommait. Moi qui me targue d’avoir un bon sens de l’orientation, j’étais perdue dans cette forêt sans balises. À relire ce qu’on a dit de ce premier roman, de ce qui s’est déjà écrit sur le deuxième que j’attends, j’ai ordonné à mon cerveau de persister. Je lui ai ordonné par la même occasion de ne pas comparer avec la ligne chronologique que j’ai adoptée — paresseusement? — pour le manuscrit dont je viens à peine de terminer l’écriture. Ne pas non plus penser à mes déjà vieilles Têtes rousses qu’un éditeur m’avait recommandé de couper parce qu’il y avait trop de noms, j'aurais tant aimé qu'il me conseille plutôt une autre structure. Ce n’est pas tant la «critique» qui m’a fait insister, mais le récit lui-même, le ton, le style, l’histoire me disaient de continuer. J’ai donc sorti papier et crayon et j’ai écrit les noms des personnages indiqués dans l’arbre généalogique de la page 4, comme on fait l'effort de chercher dans le dictionnaire les mots dont on ignore la signification... essentielle à la compréhension du roman.

Et puis, sur ma liseuse, est arrivé Ristigouche, réservé quelques semaines plus tôt. Un court, très court, roman d’Éric Plamondon. Trop curieuse, j’ai voulu au moins voir. J’étais faite comme on dit. Trente et une pages en numérique, ça se lit le temps de le dire. D’autant que j’étais justement à Ristigouche pas plus tard que l’été dernier. J'ai passé deux heures au lieu historique de la bataille où la Nouvelle-France aurait pu devenir Nouvelle-Angleterre si le nom n’était pas déjà pris. Enfin, je pense, pas le goût de vérifier. Pour dire qu’on a perdu. Pour dire que l’auteur a décidé de planter son décor au fin fond de cette baie des Chaleurs, quand elle n’est plus baie, mais début de rivière. 

Je n’ai pu m’empêcher de remarquer que c’était un peu construit comme le livre que j’avais mis de côté: La marche en forêt. Par petites touches, lui aussi. Passant de la bataille de 1760 à la mort de sa mère, à sa pêche au poisson. Changement de temps et de personnages. Sauf qu’on s’y retrouve dans son récit et ce n’est pas parce qu’il est plus court, c’est probablement parce qu’il n’y a que deux personnages : sa mère, lui et le troisième serait la bataille, si on veut. Donc un Il et un Elle. 

Un petit roman — ou une longue nouvelle— qui m’a redonné confiance en ma faculté de comprendre un récit rédigé autrement que dans une forme classique et donc chronologique. Je suis ipso facto retournée à Catherine Leroux et cette fois, feuille en main (qui hélas ne se glisse pas entre les pages du roman numérique !), j’ai vraiment apprécié ma lecture. J’ai hâte de lire son prochain : Le mur mitoyen.

mercredi 18 décembre 2013

Tout simplement la vie


Dans une semaine Noël
Dans deux, le jour de l’An
L’an dernier aussi
L’an prochain, encore, j’espère

Quoi de neuf depuis l’an dernier? Une création artistique? Une réalisation remarquable? Un nouveau-né dans la famille? Un être cher disparu? Temps de réjouissance ou de tristesse ou les deux? 

Tant de temps et si peu à la fois. Du chaud et du froid, du soleil et de la pluie, des tempêtes et des accalmies, des rires et des larmes, des maux et du bien-être, des amours et des déceptions, du bruit de foule et du silence de nature. La vie. 

Pour les fêtes qui viennent, je vous souhaite donc cette vie à la mesure de vos attentes.

(photo en face de chez moi)

vendredi 13 décembre 2013

À défaut d'ambition... de l'entêtement

Dany Laferrière vient d’être élu à l’Académie française. Sentiment mitigé, j’aurai toujours de la difficulté avec les honneurs, les titres, les prix. Mon enthousiasme est de la couleur de mon opinion presque neutre sur le sujet de la gloire et de l'ambition. Je n’ai jamais été à l’aise face à la compétition, je n’aime pas comment je me sens à l’intérieur, à batailler pour recevoir un prix ou, à l’opposé, à recevoir un titre sans l’avoir mérité. Mais qu’est-ce que le mérite? Qui en juge? Parce que je ne suis pas une batailleuse ou ambitieuse, je ne supporterais pas que les autres le soient? Parce que ça sonne faux? À défaut de comprendre ce manque d’élan spontané devant les bonheurs des autres, je jouerai quand même la carte de l’admiration pour leur détermination.

Mon écriture se ressent-elle de cette absence de combativité ? 
Journée de doutes, journée de corrections, journée de ras-le-bol. Encore.
Pourquoi continuer à corriger ce roman qui n’en est pas encore un alors que tant de jeunes veulent publier? Pourquoi je ne laisse pas ma place? Comme Janette qui s’incruste, mais elle a au moins le mérite d’être dans les A,B ou C des vedettes qui ont encore la cote. Ai-je été L ou même Z dans ma vie? Peu importe. 

Pourquoi je m’obstine à vouloir publier? Ou penser que si j’avais un agent…
Me contenter d’aider les autres ne me suffit pas? Me sens à nouveau pathétique à ne pas décrocher.
Pourquoi ne pas me contenter de lire, de voyager, de prendre des photos et d’en parler si je tiens tant à écrire?

Bien sûr, je n’écris pas comme une jeune de trente ans, pas comme une jeune qui sort d’un cours de création littéraire, mais est-ce incompatible avec la publication québécoise actuelle? J’espère bien que non, parce qu’après la lecture par deux cinquantenaires qui me donneront leur avis, mon manuscrit prendra le chemin des éditeurs. Les éditeurs, comme certains galeristes avec les artistes, ne publient-ils que des jeunes qui peuvent leur assurer une certaine pérennité? À moins que l’auteur-e soit connu-e, alors dans ce cas, l’âge devient expérience, et leur notoriété, gage de succès. Je ne suis pas connue et je n’ai plus trente ans depuis longtemps. Il faut juste travailler plus fort. Pour quelqu’un qui n’est pas combatif, le temps va être long !

Peut-être pas combative, peut-être un peu paresseuse, mais patiente, résolue, têtue, alors ça devrait aller.
Journée de questions sans réponses, journée de remontée, journée d’encouragement.

(photo de l'auteure, en espérant que ce soit des lamas et non des alpagas ou qu'à tout le moins les deux races soient têtues!)

lundi 2 décembre 2013

Entre les pages de Yukonnaise

Combien de temps pouvez-vous lire — un livre dois-je préciser et non un article de journal, un commentaire sur Facebook, ou un billet de blogue —, sans vous lever? Pour un café, pour répondre au téléphone, pour une brassée de lavage?  Dans mon cas, tout au plus une heure.

Deuxième question : combien de temps pouvez-vous lire, sans avoir envie d’écrire parce que le texte lu vous souffle une idée pour votre propre roman, de commenter ou de noter une phrase qui vous touche particulièrement, d’aller voir dans un Atlas ou sur Google maps où est telle ville décrite par l’auteur (e)?
Pire encore, résistez-vous à l’envie de mieux connaître l’auteur(e), de lire sa biographie, de voir si il ou elle a écrit d’autres livres? Et ce qu’on en dit?

Voici mes réponses en ce qui concerne le roman Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas avec qui je suis déjà « amie » sur Facebook, de qui je lis régulièrement le blogue qu’elle écrit avec son âme sœur Elisabeth Tremblay:

Déjà à la page 8, je m'attarde longuement à la carte et je repère les campings où je pourrais séjourner.

À la page 12, j’ai voulu savoir si le Baked Café de Whitehorse existait vraiment. Sans me lever, j’ai étendu le bras, j’ai pris ma tablette et j’ai cherché. Eh oui ! Me suis levée tout de même, me me suis fait un café et je suis retournée à ma lecture.

À la page 53, j’ai examiné la carte fournie au début du livre pour trouver Carmacks, comme ce nom n’y était pas, retour à la tablette et dans Google maps , j’ai vu que le hameau s’est développé autour du Yukon river, ça doit être beau.

À la page 74, j’ai voulu aller voir si la maison de Maureen existait, j’ai plutôt bifurqué vers le Burton House writers retreat où l’auteure a séjourné trois mois, avais-je lu à la fin du livre. Oui, je lis souvent les remerciements et même l’épilogue avant même de commencer le roman. Dans Google images, je suis un peu déçue de la maison, sans vouloir une maison de bois rond comme au Québec, j’aurais aimé une maison de bois rond… comme les camps de chasse du Québec !

À la page 115, je me demande bien pourquoi il n’y a pas un vol Edmonton – Whitehorse, ce serait moins long que Vancouver - Whiterhorse, me semble. Je pense sérieusement à me rendre au Yukon l’été prochain — non, non, pas en hiver comme l’auteure, alors les détails techniques, comme les temps de vol, m’intéressent et me font rêver.

À la page 149, j’ai senti le besoin de savoir jusqu’à quel point le personnage secondaire, la narratrice, se confondait avec l’auteure. J’ai visionné l’entrevue de l’auteure accordée en 2012. Je ne sais pas si c’est là, mais j’ai appris qu’il y avait eu 82 demandes pour aller écrire dans ce fin fond du Canada et de plus, Mylène Gilbert-Dumas a demandé l’hiver. Pas notre hiver à moins 20 certains matins, mais à moins 20 le jour et plutôt moins 40 et moins 50 la nuit, cette nuit qui dure tout le jour ! Fallait-il ce sacrifice pour obtenir un roman aussi réaliste et aussi bien documenté?

À la page 162, liste de noms, je veux tout voir sur une carte. Je trouve que, mine de ne pas s’y attarder, elle décrit simplement les lieux. Ce qui me fait penser que je devrais peut-être ajouter quelques descriptions dans mon manuscrit en cours. Devrais-je me rendre à Varennes comme Mylène a fait la route Whitehorse - Dawson?

À la page 204, je me suis rappelé que le livre devra faire l’objet d’un film. Je veux aller voir le Yukon avant que le film sorte. Certes, je ne verrai pas le Yukon des froids de janvier, des aurores boréales, mais j’espère voir au moins le fleuve, des maisons colorées et des cabanes de bois, les montages ocre, les fleurs rabougries.

photo empruntée à ce site>>>
À la page 242, j’ai voulu savoir si la photographe existait vraiment, je voulais voir ses photos, surtout celles prises en hiver sachant que je ne m’aventurerai pas au pays des caribous, sur la route Dempster. L’auteure me confirme que oui, elle s’appelle Romy Jansen et me fournit ce lien que je m’empresse d’aller voir. D’où la photo pour ce billet.

J’ai enfilé les cent dernières pages, mon esprit me laissait enfin tranquille. À la page 350, je suis revenue à la page 18 pour une vérification : quelle bonne idée. Un tour de force qui dénote un talent d’écrivaine aguerrie et expérimentée.

J’avais aimé L'escapade de Sophie Parent, mais la lecture ne m’avait pas donné envie de partir pour le Mexique, mais cette fois, oh ! que oui, je veux voir le Yukon. Peut-être, finalement, ai-je lu Yukonnaise parce que je savais aller au Yukon l’été prochain? Peu importe, j'ai quand même aimé le roman non seulement pour les lieux choisis mais bien plus pour l’histoire intéressante qui s’y déroule. L’auteure réussit à merveille à brosser un portrait nuancé de son héroïne. Ne tombe jamais dans le sentimentalisme niais. Une progression intelligente. Bien plus, c’est toute une région qu’elle nous fait connaître, nous fait aimer à travers les gens qui y vivent. Au passage, j’ai reconnu des comportements à la Émilie Bordeleau à qui l’auteure fait un clin d’œil, et aussi des tempéraments madelinots quand les gens ne combattent plus ni le froid ni le vent, et prenne le temps de goûter la liberté.
Enfin, bref, j’ai adoré.

Liens:
Entrevue de l'auteure en 2012>>>
Emprunt de la couverture sur le site de l’éditeur>>>
Blogue de l’auteure et son âme sœur>>>

jeudi 28 novembre 2013

Les passeurs
de Nicole Balvay-Haillot

Bien des raisons font qu’on choisit de lire tel ou tel livre. Cette fois, j’ai lu Les passeurs de Nicole Balvay-Haillot (éditions Vermillon) pour la seule raison que j’ai connu l’auteure lors d’ateliers d’écriture. Elle a lu mes histoires d’Irlandais, je lisais ses histoires de France, de Tunisie. 

J’ai parlé d’elle à quelques reprises dans mon blogue et même sur Voir.ca. Son roman Dérives m’a touchée parce que la relation mère-fille m’émeut toujours. Son livre de nouvelles, Fenêtre sur vies, a obtenu une mention au Prix Jacques-Poirier en 2009. 

Celui-ci, Les Passeurs, même si je ne l’avais pas su, je l’aurais senti à la lecture, a demandé beaucoup de recherches et du temps et du silence et de l’obstination. Ce livre, elle le portait depuis plusieurs années, c’est l’histoire de toute une vie, la sienne, celle de ses parents séparés, celle de la seconde guerre mondiale. 

Pour sa recherche, cette Française d’origine qui vit au Québec depuis quarante-quatre ans, a choisi un jour d’aller passer trois mois à Vezelay, à deux heures de route des événements relatés dans son récit. Elle entreprit de continuer à fouiller son passé, de retrouver des membres de la famille, à écouter des témoignages des descendants de passeurs, ces personnes qui prenaient bien des risques en faisant passer des personnes ou des messages ou des lettres de la zone occupée à la zone libre. Sans la famille Tillier qui permit à ses parents d’être réunis, l’auteure n’aurait pas vu le jour. 

La résidence d’auteure, la maison Jules-Roy, à Vézelay commence à être connue des auteurs de l’Outaouais. Sur le site Internet, je reconnais là quelques bénéficiaires, dont Loïse Lavallée, Michèle Bourgon, mais je suis certaine que pour Nicole Balvay-Haillot son séjour là-bas n’a pas représenté la même charge émotionnelle. Pour elle, c’était pays de souvenirs d’enfance et même d’amoureuse.

Donc je connaissais l’auteure, j’avais entendu parler de Vézelay, je savais que Nicole était née en 1942, en plein pendant la guerre 39-45 dont j’ignore à peu près tout, étant née après et surtout étant venue au monde dans un pays que nulle bombe n’a jamais atteint. L’auteure a su m’apprendre beaucoup sur ce temps de l’Occupation allemande, mais ce que j’ai aimé par-dessus tout dans la lecture de ce roman, c’est l’histoire personnelle. 

Elle a su, méthodiquement, clairement, en mettant sans doute beaucoup d’ordre dans ses émotions retracer la route de son père, soldat, pendant ces années de séparation. Pas de véritable montée dramatique comme dans un film américain, pas besoin, mais lettre après lettre, village après village, rencontre après rencontre, elle nous raconte ses démarches et ses trouvailles. Toujours en nommant les gens, de vraies personnes qui l’aident, qui cherchent, qui témoignent, même après toutes ces années. 

Cliquez sur cette ligne pour atteindre la carte sur Google maps
Je me suis amusée à situer quelques-uns des villages et hameaux dont il est question dans son livre. Dans son livre, l’auteure a eu l’heureuse idée de faire imprimer quelques cartes aussi. Comme des centaines de Québécois qui ne savent rien de la guerre de 1939-1945 (et même les autres), j’ai été très surprise de voir la ligne de démarcation autour de laquelle toute l’action de son roman se situe : je la croyais presque droite, au sud de la France, entre Bordeaux et Lyon, mais non…

Pour Nicole Balvay-Haillot, née d’un père soldat qui a passé la ligne de démarcation pour rejoindre son épouse délaissée, le 11 novembre n’aura jamais la même importance que pour moi qui n'a guère de lien avec les soldats, mais maintenant, au prochain Jour du souvenir, je sais que je penserai à Nicole Balvay-Haillot qui a réussi à boucler la boucle en écrivant Les Passeurs.

Vous pouvez lire un extrait du livre sur le site des Éditions du Vermillon >>>

samedi 23 novembre 2013

S'il y a un après, il y a aussi un avant

Alors que la plupart de mes ami-e-s facebookiens, —des auteurs, ai-je besoin de spécifier—, sont au Salon du livre de Montréal, que mes ami-e-s de la Petite-Nation sont au Salon des métiers d’art de Ripon, j’ai la tête au voyage. Au chaud d’abord, cet hiver — mes articulations le réclament surtout aujourd’hui— et ensuite à Alaska l'été prochain. 

Idée de départ : c’est en regardant la revue Photos solutions de l’automne que l’idée est venue d’aller voir ces montagnes aux couleurs ocres pour certaines et aux neiges éternelles pour d'autres.

Comme je compte bien rouler en véhicule récréatif pour encore cinq ou six ans, ensuite j’opterai probablement pour le nomadisme, du style location de maison de parc quelques mois en hiver et ne voyager qu’au Québec au printemps ou à l’automne, je me suis demandée ce qu'il me restait à voir dans cette grande Amérique? Réponse : Yukon et Alaska. Plusieurs de nos connaissances, comprendre les personnes qui pratiquent le caravaning, rencontrées lors de rassemblements, nous le vantent comme le plus beau de leurs voyages. De mon côté, Mylène Gilbert Dumas, avec son Yukonnaise et sa Lily Klondike, me donne aussi envie d’aller y voir de plus près. Nous irions pour les paysages sauvages, la vie animale, les campings au bord des lacs, la pêche au saumon, une petite croisière d'un jour le long des glaciers, voir les loutres batifoler. 

Mais c'est tellement loin. Ma copilote aime bien être rendue. Nous avons donc regardé l’option : avion jusqu’à Whitehorse, location de VR, visiter le Yukon et l’Alaska ce qui représente environ 4,500 kilomètres. Recherche de prix, petit tableau pour 21 ou 28 jours. On avait juste oublié une chose : le prix de la location du VR ne comprend pas le kilométrage, alors, ça monte, ça monte. Re-tableau, re-calcul, comparaisons. Si on ne compte pas l’usure et la dépréciation de notre véhicule récréatif, même si nous devons lui additionner un bon 17,000 kilomètres, ça semble quand même plus avantageux pour notre portefeuille d’y aller avec notre propre VR.

Cliquez pour agrandir
Alors à quoi croyez-vous que je passe mon temps, entre deux brassées de lavage (on est samedi, c’est son jour)? Recherche d’itinéraire. Pas trop compliqué pour le Yukon : deux routes : la 2 nommée Klondike Highway pour monter à Dawson City et la 1, l’Alaska Highway pour revenir à Whitehorse en longeant le paraît-il très beau lac Kluane. Et en Alaska, tout le monde fait le même circuit, dans un sens ou dans l’autre : Fairbanks, Anchorage, Homer, Valdez. Sur place, on décidera si on s'aventure sur la route Top of the World dont on dit qu'elle est salissante et étroite. Il reste à décider si on part par le Canada et on revient par les États, ce qu’on a déjà fait en 2003. Comme nous n’avons pas vu Edmonton ni Jasper ni Saskatoon, comme on a bien envie de longer les Grands Lacs, il sera assez facile de faire un parcours légèrement différent à l’aller et au retour.

Mon problème d’aujourd’hui : où faire mon itinéraire? J’ai encore le vieux logiciel Streets & Trips, version 2005 qui m’a si bien servi, mais guère utile une fois sur la route parce que je ne garde pas mon portable ouvert en roulant. Sur mon GPS, faire un itinéraire avant le départ ne donne rien. Au mieux quelques semaines avant, je vérifie si tous les POI, ces points d’intérêt utiles sur les campings, restaurants, stations-service sont à jour, quoique pour ça, j’ai aussi le très utile Next Exit. Sur Google maps, même en me servant de la version classique, une fois enregistré, il est très difficile d’ajouter des points de repère à cet itinéraire. Quant aux versions tablettes Android, pas encore très familière avec les applications, il me faudrait probablement le Navigon Android au prix de 60$. Mais je ne sais pas si ça suppose qu’il faut avoir Internet en roulant et si c’est pour être comme un GPS, j’ai le mien qui fonctionne très bien. J’en suis là de mes essais.

Autre tentation du jour : commencer un nouveau blogue exclusivement pour ce voyage. Comme le font quelques blogueurs-voyageurs que je lis régulièrement, dont une qui écrit un nouveau blogue pour chacune de ses destinations. Mais, après avoir fouillé sur les modèles de Blogger (eh oui, encore, c’est mon dada !), il serait trop différent de celui que j’ai présentement. Et comme le voyage n’en est qu’à l’état embryonnaire, je me dis que je vais me contenter d’un premier billet dans mon blogue méli-mélo.

Voilà c’est fait.

mardi 19 novembre 2013

Chantez-moi une belle chanson!

La peur coule. Éponge je deviens. Je pose des pierres, j’édifie un mur. Je me parle. Je donne des ordres à ma volonté. Après que la curiosité m’ait poussée à lire sur le sujet, le regret me bouche les yeux, les oreilles. Je cours vers d’autres lieux. Je fuis. Je regarde ailleurs chez les enfants, du côté de la vie et des rires, du côté du soleil et du sud.

Bientôt cinq ans que je blogue. Courts textes, sur tout et sur rien. Je m’amuse dans mes talles favorites. Chaque fois que l’émotion me dicte des mots pour l’exprimer, je commence un billet, ne le termine pas toujours. 

Je ne suis pas femme d’idées ni d’opinions, je suis femme d’émotions, je l’ai compris il y a peu de temps. En ce temps-là, au début du blogue, je me croyais capable, à défaut d’écrire des éditoriaux ou des billets sérieux avec recherches et arguments fouillés, de rédiger des articles comme celui-là >>> , j’y ai renoncé rapidement. Mais si les opinions ça développe l’intelligence, les émotions, ça gruge le cœur.

Aujourd’hui, j’ai ajouté quelques paragraphes à la fin de mon roman, quand mon personnage principal est à la veille de mourir. Je ressens ce qu’il vit. La mort continue de rôder. Parlez-moi de bébés, de vie, de santé, de choses qui vont bien, qui finissent bien. Dites-moi que je suis l’auteure et non le personnage, que c’est moi qui décide de regarder du côté de la vie. Que la sciatique que j'ai n'est qu'un nerf coincé et non le début de ma fin.

Que ce blogue qui aura bientôt cinq ans, ce n’est rien, c’est tout jeune, qui vivra encore longtemps, comme son auteure. 

Chantez-moi une belle chanson!

(photographie de mon grand-père à la fin de sa vie, avec sa petite-fille, ma cousine, dans ses bras. Il m'a servi de modèle pour mon personnage)

jeudi 7 novembre 2013

Le temps est au sérieux

Le temps des pieds dans le sable est passé. D’en rêver aussi. 
Le temps des photos souvenirs est passé. De les montrer aussi.
Le temps de la discipline est venu, comme septembre après les vacances quand j’étais écolière. Répit de deux mois, je me compte chanceuse.
Le temps de l’éparpillement et du Candy crush accrocheur est terminé, je dois rendre deux livres à la bibliothèque dans trois semaines : 
Fanette, tome 6 de Suzanne Aubry
Le destin de Maggie, tome 3 de Daniel Lessard

Le temps est venu de retourner sérieusement à l’écriture. Je ne suis pas aussi prolifique que les deux auteurs cités précédemment, mais tout de même, mine de rien, j’ai eu une petite nouvelle publiée dans Nouvelles de Gatineau 2, dont j’ai manqué le lancement, toute occupée que j’étais à revenir de Myrtle Beach. 

Un livre de nouvelles fort intéressant par ailleurs. Daniel Paradis m’a jetée par terre avec la richesse de son vocabulaire et l’efficacité de son style. J'ai toujours un faible pour Nicole Balvay Haillot, égale à elle-même, toujours touchante. Et la mienne, dans les circonstances dans lesquelles elle fut écrite, c’est-à-dire à la limite de la date de tombée, entre deux traitements de chimiothérapie, je la trouve pas trop mal. Mais celle pour la prochaine édition — car prochaine il y aura, ce fut confirmé — est beaucoup mieux fignolée et j’en suis fière.

Le temps est donc venu de peaufiner un texte plus long, mon prochain roman. Un texte venu des coupures de la première version des Têtes rousses, qui, à force de traîner, ressemble à un cadavre vidé de son sang. Je dois le ressusciter et lui rendre un cœur, lui donner de l’air et si ma force n’est pas dans le vocabulaire recherché d’un Daniel Paradis, dans la beauté des descriptions d’un Daniel Lessard, j’espère lui donner vie d’ici la fin de l’hiver, ce serait déjà bien.

mardi 5 novembre 2013

La mer le plus souvent possible

Si je n'étais pas née au Québec, j'aurais choisi un peu plus chaud...
Si je ne n'avais pas eu besoin de travail, j'aurais choisi de ne rien faire au bord de la mer...
Si je ne devais pas me chausser, je marcherais pieds nus dans le sable...
Si je ne devais pas m'abriter, je vivrais dehors à longueur d'année.

Voici donc le récit d'un endroit qui me permet, le plus souvent possible, de vivre au chaud, mais pas trop, au bord de la mer, accessible à pied, et où je peux marcher, pédaler, relaxer, lire et rêver... dehors.


cliquez ici >>> 
pour voir d'autres photographies et légendes de mon séjour à Myrtle Beach.

samedi 2 novembre 2013

Aller ou ne pas aller aux Salons

Lucille Bisson va au Salon de Montréal avec son Dominos sorti aux éditions Apothéose en 2012. 
Sylvie Gaydos va au Salon de Montréal avec son Impasse sorti chez De Mortagne en 2011. 

Constatation sans jalousie, observation avec admiration pour leur feu sacré, leur persévérance, mais déclencheur de questions personnelles tout de même. Réflexion. Les Salons du livre, c'est quoi pour moi? Aujourd'hui, pas il y a un siècle quand je voulais être écrivain, pas il y a trente ans quand ma famille avait une maison d'édition et que j'accompagnais mon père aux Salons comme aux expositions locales, mais bien aujourd'hui avec mon petit bagage d'auteure, c'est-à-dire un seul livre encore disponible sur le marché? 

Si, et je sais que ce si n'arrivera pas, si la maison d'édition était représentée au Salon du livre de Montréal, elle l'est via le distributeur Prologue ce qui complique un peu les choses, aurais-je demandé à y aller? Parce que le temps où on vous invitait, faut pas trop y penser quand on n'est pas un gros nom -- comprendre gros vendeur. La seule année où j'ai insisté pour y aller, c'était en 2011, lors de la parution de mes Têtes rousses et la vie a fait en sorte que justement en cette fin novembre, des examens se multipliaient entre Gatineau et Montréal pour une tumeur au sein pour l'une et une prothèse au genou pour l'autre. C'était beaucoup trop. 

Mais les autres, celui de l'Outaouais, Jonquière, Abitibi-Témiscamingue, Trois-Rivières, tous, pourquoi pas? Pourquoi j'y pense, mais je renonce? En fait je ne renonce pas vraiment, je me dis que ça ne vaut pas la peine. Je me garde celui de l'Outaouais parce que j'aime bien, pas loin, je connais les éditeurs, plusieurs auteurs. Pourtant chaque fois que j'y vais, au stand des éditions Vents d'Ouest, ou avant à celui des défunts Écrits Hautes-Terres ou à celui de l'association des auteurs et auteures de l'Outaouais dont je fais partie, si j'ai vendu cinq livres c'est beau. Faut croire que je n'y vais pas pour cette seule raison. 

J'ai été aussi à Ripon, une exposition surtout pour les métiers d'art, parce que c'est dans ma région, mon monde, j'y ai vendu une vingtaine de livres. À Hawkesbury, pour voir, deux ventes je crois, beaucoup de jasette avec ma voisine.

Pourquoi pas ailleurs? Pourquoi j'irais? Les livres, c'est quand même un de mes sujets favoris, le premier d'ailleurs. Et je ne suis pas si associable que ça. Toujours intéressant d'être au courant des nouveautés et des jeunes auteurs. Avez-vous regardé la liste des auteurs sur le site du Salon de Montréal? Combien en connaissez-vous? Alors si c'est pour la reconnaissance de ses pairs, ça fait beaucoup à "reconnaître"!

Finalement, comme souvent, plus de questions que de réponses. Et faut-il vraiment en trouver, quitte à en inventer, comme je ne suis pas vendeuse, je suis paresseuse, je n'ai plus la passion, ça ne vaut pas la peine (ou pire, je n'en vaux pas la peine), je veux qu'on me demande d'y aller plutôt que d'avoir à téléphoner pour m'imposer. Non, ne pas aller dans ces zones de doute.

La seule réponse qui me convient: je suis de ces auteurs qui aiment écrire, et je ne déteste pas être publiée, le reste, la promotion, la tournée des Salons, les longues journées assise derrière une chaise à attendre qu'on veuille bien vous parler, faut croire que ça ne m'attire pas suffisamment pour que je fasse l'effort d'un appel téléphonique ou d'un courriel. 

Ah oui, il y a aussi l'obligation versus la liberté! M'engager des mois à l'avance? L'année de la parution de mon roman, j'avais réservé un an dans mon agenda, juste pour la promotion. L'agenda fut plutôt rempli de rendez-vous à l'hôpital, ça refroidit les ardeurs pour les années à suivre. Et comme j'aime partir dans le sud souvent aux dates des Salons... y a comme un choix. 

La liberté gagnera toujours. Côté obligations, j'ai déjà donné.
Et vous, les Salons, vous aimez? vous y allez?

(photo de l'auteure au Salon de l'Outaouais 2013)

vendredi 1 novembre 2013

L'ourse dans sa caverne

Quand pendant une bonne vingtaine de jours, tu as marché entre un et cinq kilomètres sur la plage, à fixer un horizon comme si tu cherchais un sens à la vie, à laisser parler tes personnages, à retenir des phrases pour les noter à ton retour, parce que tu marches légère sans bagage... 

Quand tu pédales entre un et vingt kilomètres dans les petites ruelles asphaltées du camping ou sur les trottoirs d'une ville américaine qui ne fait rien pour améliorer les pistes cyclables... 

Quand tu sors de ton motorisé de 22 pieds tous les matins pour y entrer à peine une fois ou deux dans la journée... 

c'est certain qu'au retour, enfermée dans ta maison, même si elle a quelque mille pieds carrés, parce qu'il pleut depuis deux jours, c'est certain que tu te sens comme un ours en cage. Un ours qui entre dans sa caverne. Ou un chien qui court après sa queue et tourne sur lui-même pour se faire un petit nid sur la carpette du salon, celle au coin du feu si possible. 

Si en plus, tu es privée de ton ordinateur parce que, lui, pour une raison inexplicable, a décidé de supprimer plusieurs lettres du clavier...

Pourquoi suis-je revenue, moi?

(photo prise et traitée par l'auteure sur sa Nexus7: plage de Myrtle Beach)