Aucun message portant le libellé Michèle Bourgon. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Michèle Bourgon. Afficher tous les messages

mercredi 26 novembre 2025

Lachute, terroir de souvenirs!

Pour le livre Lachute, terroir de souvenirs ! elle est à la fois auteure, directrice, éditrice, blogueuse, relationniste, cheffe de projet, responsable du marketing, hôtesse, animatrice. Elle a tout réussi. Ce fut long d'espoir, ce fut stressant, jusqu’à la fin : le jour du lancement, il y eut un peu de neige, un peu de glace noire, mais surtout beaucoup d’embarassades et de sourires.

Michèle Bourgon y a longtemps pensé à ce livre, elle l’a tellement voulu. Elle l'aime tellement son Lachute, là où elle est née, là où elle a grandi, là où elle a enseigné, là où elle a aimé.
Pour raconter ses souvenirs, ceux des gens qu'elle a côtoyés, qu'elle a aimés, elle a fait appel à 80 personnes, a lu plus de 125 textes. Lus. Corrigés. Relus. Sans compter les centaines de courriels aux auteur.e.s, à l’imprimeur, aux médias, aux maires, aux librairies, aux bibliothécaires.

Il est beau, coloré. À son goût.
Elle a tout fait. Sauf le graphisme et la mise en page.
Je fus sa graphiste.
Et un peu sa confidente, je pense.
Elle dit que c’est mon livre aussi. Pour elle oui, pour moi, non. Quoiqu’à bien y penser, si quand même un peu.

Pour moi, il y a trois catégories de livres : ceux que je lis, ceux dont je fais la mise en page, ceux que j’écris j’ai écrit. Chacun m’apporte différentes satisfactions. Ça reste qu’ils nourrissent tous ma passion des livres.

Je pourrais presque écrire, comme Lydie Salvayre dans Autoportrait à l’encre noire :
« Je vis avec mes livres. Je pense avec mes livres. Je dors avec mes livres. Ils sont ma force et mon réconfort. Ils comblent mon besoin d’admirer, ils me fortifient, ils m’augmentent, ils me transforment, ils m’instruisent, ils m’égayent, ils m’enivrent, ils me multiplient, ils m’écorchent, ils m’allègent, ils m’enchantent, ils m’emportent, ils m’attendrissent [...] Je ne saurais vivre sans eux. Et je veux mourir avec eux. »

Et comme le dernier « vrai » mien date de 2019, comme je ne me sens absolument plus la force ni la patience ni le cœur à me lancer encore dans l’autoédition-autopromotion, dans cette folle aventure que Michèle Bourgon a vécue la dernière année, je crois bien que pour les années à venir, je serai comme ces femmes qui ne peuvent (plus) enfanter, je vais porter les livres des autres : ceux que je lis et ceux que je mets en pages.

Et encore toutes mes félicitations à Michèle Bourgon pour ce collectif rempli de souvenirs! Les livres seront en vente les 28-29-30 novembre, à la Foire de Noël d’Argenteuil. Les profits de ces ventes iront à la Fondation de l’Hôpital d’Argenteuil.

Quant à moi, à Lachute, depuis bientôt 70 ans, je ne fais qu’y passer alors, dans ce livre, j’ai écrit :


La passante


Lachute.Un entre-deux, un mi-chemin. Entre Montréal et Gatineau. Lieu idéal de rendez-vous.
Elle n’y est pas née, mais elle aime y passer.Pas longtemps, mais souvent.

Elle a 8 ans, elle s’en va au chalet, au lac Simon.
Pour l’été.
En passant dans Lachute, sa mère se pâme devant les belles maisons de briques rouges.
Elle parle de l’architecture victorienne, du pont en porte-à-faux. Elle utilise le mot anglo-saxon.
La petite apprend de nouveaux mots. Elle aime les mots, les lire surtout.

                                                                              ***

Elle a 15 ans, elle revient de son camp de Guides, elle doit retourner au chalet.
À la gare Jean-Talon, elle prend le train pour se rendre à Papineauville. Avant, il y aura Lachute.
Elle entend encore le chef de train crier : « Lachute/Lachout ».
Aujourd’hui encore, elle répète chaque fois qu’elle y passe.

                                                                               ***

À 18 ans, elle part de la ville de Saint-Laurent à vélo, elle pédale, traverse plusieurs villages et se rend à la Laiterie Lowe.
Achète et déguste lentement un cornet de crème glacée.
Au chocolat, sa saveur préférée.
Elle ne fait que passer, elle doit retourner chez elle.
Écrire son journal, raconter ses aventures.

                                                                                ***

Adulte devenue, elle s’y rend pour acheter fruits et légumes au célèbre Marché aux puces, le mardi.
Elle en profite pour manger des mets chinois, ou un morceau de gâteau aux carottes chez Mikes ou encore les beignes chez Dunkin’Donuts.
Il n’y en a pas chez elle, dans la Petite-Nation où elle demeure désormais.

***

Un certain soir de février 1997, à l’invitation de Dominique Legault, la toute jeune Maison de la culture présente une exposition des tableaux d’une amie artiste.
Elle aime les mots, les livres, mais les tableaux aussi.
Elle s’y rend avec une autre amie.
Dehors, une neige collante tombe.
À l’intérieur de l’hôtel de ville, la longue salle étroite est vide.
Et si personne ne venait?
Personne n’est venu.
Sauf un monsieur.
Un passant aussi.
Le député Maurice Dumas.
Il a acheté un tableau.
L’artiste invite ses compagnes au restaurant.
Juste en face, de l’autre côté de la bande centrale joliment installée sur la rue Principale.
Le 16.
Le vin est bon, le menu varié, les plats succulents.
Aujourd’hui, le restaurant Le 16, comme tant d’autres, est fermé.
D’autres ont ouvert.

***

Depuis qu’elle connaît Michèle Bourgon, la passante passe plus de temps à Lachute.
Chez Eatalya, chez Le Caucus.
Comme elle, Michèle écrit.
Elles s’entendent bien.

***

Pour la passante, le nom d’une ville ravive les souvenirs des gens qu’elle y a côtoyés,
des mots qu’elle y a entendus ou qu’elle y a prononcés,
des traces qu’elle y a laissées,
de beaux moments qu’elle y a passés.
La passante l’écrira.

samedi 26 juillet 2025

Les mots des autres

                      

Dans les années 1990, alors étudiante à la maîtrise, j’ai tenu un carnet de citations, une sorte de bibliothèque mobile. [...] Je les relis, elles me font l’effet de matières fossilisées.

Il reste que, même dans ce monde d’instantanéité et ce réseau d’icônes, une citation bien frappée marque l’imaginaire et relance la pensée.

On écrit avec les mots des autres.
                                                                                                                Recueillir, Louise Warren

Un autre livre dans lequel je me reconnais. Lors de ces deux années de congé sans solde que j’avais pris pour devenir écrivaine — rien de moins —, je notais aussi des citations. Et je les commentais.
173 citations écrites à la main, 173 commentaires. Déjà genre blogue.
Qui se termine par le mot « Paix », mon préféré.
Beaucoup de Simone de Beauvoir, de Marie Cardinal, de Flora Groult, d’Anaïs Nin.
Citation numéro 87 : « Au XVIIe siècle, savoir écrire c’est déjà savoir bien écrire. » 
                                                Qu’est-ce que la littérature? Jean-Paul Sartre.

Les mots des autres, les miens.
À défaut de voir les miens publiés ailleurs que dans mon blogue (toujours pas de réponse des éditeurs sur un manuscrit envoyé en mars), je m’occupe de ceux des autres.
Au printemps, ceux de Colombe Turpin qui a publié Le mystère de Juliette.

Ces jours-ci, ceux que Michèle Bourgon regroupe dans un livre sur les souvenirs de Lachutois et de Lachutoises. Une bonne centaine de textes d’une bonne cinquantaine de personnes. Des lieux, des commerces, des personnages, les écoles, le sport, l'amour.

Monter un livre, c’est toute une aventure.
Que j’adore parce que je m’y sens bien. Je me sens utile. On apprécie ce que je fais. Je sais quoi faire, je sais où chercher, à qui demander des informations (merci Marthe Lemery). Et c’est un peu comme écrire : je doute, je fouille, je lis, j’uniformise. Et je travaille étroitement avec Michèle Bourgon qui, heureusement pour ma petite tête-qui-ne-se-décide-jamais, aura toujours le dernier mot. C’est son livre, pas le mien.

En 1976, 1977, alors que je ramassais les citations, je ne savais pas que j’allais devenir infographiste, metteuse en page, le restant de ma vie, mais finalement c’est une autre façon de créer à partir des mots. Un journal, un dépliant, un bulletin, un blogue et même des livres.

Je retourne donc à ces mots... des autres.



vendredi 6 novembre 2020

La langue de feu de Michèle Bourgon

La poésie et moi, c’est compliqué.
Comme les prix littéraires. Je m’imagine indigne de comprendre. Une écolière inculte. Pourtant, à 16 ans, après mon journal intime, mes premiers mots écrits dans un cahier noir avaient la forme d’un poème. C’était simple, court. Une émotion plus qu’une pensée. Une chanson plus qu’une symphonie.

L’étude des vers de Villon, Lamartine, Baudelaire, Nelligan et même Saint-Denys Garneau a achevé de me convaincre que je n’y comprenais rien, je ne sentais rien, je n’entendais aucune musique. Donc pas pour moi. J’ai vite renoncé. En guise de poésie, je me contentais des chansons de Claude Gauthier, Georges d’Or, Gilles Vigneault. 

Et puis, à force de côtoyer des auteurs québécois, j’ai rencontré quelques poètes, j’ai ouvert des livres. De Nicole Brossard parce que je l’ai connue.
De René Lapierre parce que j’ai connu sa conjointe.
De Guy Jean, de Loïse Lavallée parce qu’ils sont auteurs dans l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais.

Michèle Bourgon a été professeure, elle écrit des nouvelles, de la poésie, des récits.
Je la connais deuis près de dix ans. Elle vient de publier un recueil de poèmes : Feux de langue.

J’ai lu, et cette fois, j’ai entendu la musique. Son amour du Québec et de la langue de chez nous me rejoint. On y trouve des allusions à Gaston Miron, à Réjean Ducharme et même Victor Hugo.
Un hommage, tout en jeux de mots, à Clémence Desrochers, Yvon Deschamps, et plusieurs autres «grands».
Des images des cinq continents.

Elle a bien raison, Michèle Bourgon, d’écrire en quatrième couverture : « il y a dans Feux de langue des coups de gueule contre l’Histoire, de la déception, de la colère ». 
Mais j’ai aussi reconnu son pur amusement à inventer, déformer des mots que j’avais eu le plaisir de lire, avec un grand sourire, dans ses deux livres : Y a pas de souci! et Y a toujours pas de souci!

Tous centrés, sans ponctuation autre que quelques points d’exclamation, ses poèmes permettent une lecture rythmée, douce et très visuelle.

Je sors ma langue de feu 
Brûle ta langue de bois 
Tire ma langue de chez nous 
Parce que tu l’as si bien pendue… 

Tiens ta langue sur le bout de la mienne 
Et fais sept fois le tour de Babel 
Pour que tu comprennes enfin que 
Ma langue pour moi est la plus belle! 

Une fois la dernière page tournée, comme au retour d’un voyage, je laisserai couler un peu de temps. Et je relirai, comme on regarde des photos, pour lire entre les lignes, pour découvrir la délicatesse des détails. Quoique pour aimer un poème, je ne crois pas qu’il faille un cours universitaire, ni faire le tour de Babel, ni même de longues analyses critiques, ni chercher une histoire.

Juste se laisser aller.
Juste ouvrir une page et commencer à lire lentement.  

Pour acheter son livre ou connaître Michèle Bourgon, vous pouvez visiter son blogue où elle sort sa «langue de feu»!>>>

dimanche 19 octobre 2014

Michèle Bourgon comme titre
pour retenir son nom

Photographie de Michèle Bourgon empruntée à sa page Facebook

Hier, un livre, Y'a pas de souci! Hier, des auteurs, de l’Outaouais pour la plupart. Je reconnais quelques visages, je peux nommer quelques noms. Une cinquantaine de personnes, je dirais, pour le lancement du livre de Michèle Bourgon. Un récit où l’ont conduite ses trois mois de résidence d’auteure en France. Un récit de voyage, de séjour, de rencontres. Pour surmonter ses peurs, une seule arme, la meilleure : les raconter. Autodérision et heureux mélange de mots québécois et expressions françaises qui nous font sourire et même rire. Qui nous fait voir la Camargue et un peu de Bourgogne. Qui nous donne presque envie d’aller voir de plus près.


Dire que c’est une auteure de l’Outaouais, je ne veux pas. Ça ne suffit pas, ça limite trop, même si je voudrais dire au monde entier, au moins à la province de Québec qu’il n’y a pas qu’à Montréal, à Québec ou à Sherbrooke qu’il y a des auteur-e-s. Pas qu’à Montréal qu’il y a des maisons d’édition ou des librairies. Mais ce serait là ouvrir un débat pour lequel je n’ai que des impressions, des réactions, des colères qui ne sont probablement que des envies et pas tellement d’arguments rationnels. Plutôt clamer haut et fort que Michèle Bourgon existe, qu’elle écrit. Fameusement bien d’ailleurs. Sa vie professionnelle a toujours tourné autour des mots. Elle a enseigné le français, elle écrit de la poésie, des nouvelles, des billets de blogue. Elle lit, elle parle de livres à la radio. Elle codirige le collectif Des nouvelles de Gatineau. 

Hier un monde d’écrivains. Son monde et, j’ose croire, le mien aussi. Qu’à mon tour, je veux rendre visible, parce qu’il est digne de mention. Hier, un livre que je dévore ou plutôt non, que je goûte divinement, le sourire aux lèvres.

Michèle Bourgon présentera son livre à Lachute le 13 novembre.
Le livre est disponible sur le site : leslibraires.ca>>>. Papier ou numérique
Son blogue, joliment intitulé La Mère Michèle>>>