mardi 9 juillet 2024

Fragmentée-s

Presque chaque matin, survol des nouvelles acquisitions à la BAnQ et Biblio Outaouais / Prêt numérique. Presque chaque semaine, un regard vers ce qui se publie au Québec.
Volontairement vers le féminin.
Ce matin, les mots écrire, écriture, avant le mot littérature.
Qui me mènent au livre  Écrire au féminin au Canada français.

J’y passe l’avant-midi. Parmi ces universitaires qui ont un vocabulaire que je n’ai/n’aurai jamais. Devant leurs mots que je ressens plus que je ne comprends.
Je note les noms, nouveaux pour moi, qui existent pourtant depuis longtemps, si près (au Canada) : Lise Gaboury-Diallo, Andrée Christensen, Simone Chaput.
Je note des thèmes : l’identité fragmentée ou cette impression de duplication du soi.
Je retiens les mots : fragments et double.

            mon id / entité n’est qu’une série
            d’approximations
            une foule d’éventualités
            fragmentées
            mes réactions
            une litanie changeante selon la mesure
            de l’urgence
            moi toujours à refaire
            à rattacher à mon esprit volage
                                            Lise Gaboury-Diallo

Être tant de personnes dans une seule, avoir tant d’identités. Les accepter, les aimer toutes. Sans toujours les comprendre.

L’après-midi, encore la preuve : pourquoi avoir tant tardé pour aller voir le dentiste?
Un an que mon dentier du bas me fait mal. Pas tout le temps, pas à chaque repas. Juste à droite.

Du déni, certes. De l’orgueil sûrement. Ça va passer, ça ne fait pas si mal.
Toujours cet autre moi (un des) qui ne sait pas décider, qui ne sait pas ce qui est bien pour elle. Dépendante et indépendante à la fois, qui veut prouver quoi à qui? qui attend que ça passe, qui passe après les autres. Comme ma mère.

Même pas une question d’argent, l’ajustement fut gratuit. Même après un an.
Je suis de diable et d’ange. De bourreau et de martyre. D’accusations et de pardons. De beaucoup de mots et de peu d’écoute pour moi-même. De tout et de rien. De mal et de bien. 
Compartimentée-s, fragmentée-s.

mercredi 3 juillet 2024

Le dedans et le dehors

Tableau de Louise Falstrault: Du dehors au dedans. (Collection F. Leduc)

« Je fais partie de ces personnes pour qui les questions par plusieurs jugées abstraites et nébuleuses semblent les plus proches, les plus exaltantes. » 
ou
« La grande question de l’existence est celle des rapports entre le dedans et le dehors.» 
Chimères, Frédérique Bernier
Je fais partie de ces personnes qui ont l’impression que si on ne lit pas ce que j’écris ou a écrit ne peuvent pas m’aimer vraiment. Si on ne cherche pas à savoir ce que je lis ne peuvent pas savoir ce que j’aime ou qui je suis. Ne voient que le dehors. Comme si je n’étais que mes mots écrits.
J’aime pourtant aussi « mon dehors » et peut-être finalement que je ne montre que lui.

Très souvent on me dit que le fait d’avoir tant déménagé m’a traumatisée. Chaque fois, je dis que non, mais je dois admettre que de la naissance à vingt ans, quinze écoles et presque autant de maisons ont dû marquer mon rapport à l’attachement.
Attendre d’être choisie
Attendre d’être aimée
Avant de m’attacher
Avant de montrer mon dedans

Et sans doute pour l’avoir montré une fois ou deux, d’avoir aimé en premier, d’avoir été celle qui attend, pire, délaissée, j’ai fermé la porte du dedans.
Faire passer des tests avant d’y donner accès.
Rendre la tâche complexe à qui s’approche.
Et puis, finalement, comprendre que moi non plus, je ne cherche pas à voir le dedans de tout le monde. Trop engageant. Nous sommes multiples. Nous sommes tous plus ou moins des personnages dans notre propre vie. Constamment en représentation. Même en dedans.

Alors, je vis compartimentée : la campeuse, la voyageuse, la campagnarde, la généalogiste amateure, la fille de, la sœur de, l’amie de, celle qui connait beaucoup de noms d’auteu. re. s, celle qui écrit pas pire, celle qui publie ses photos de voyage ou de couchers de soleil, celle qui aime et choisit le français en toute chose, celle qui parle beaucoup, mais ne dit rien de son dedans, celle qui préfère l’écrit pour pouvoir réfléchir et bien dire ce qu’elle veut dire, celle qui pleure rarement devant les autres, qui pleure par en dedans, celle qui cherche à comprendre, mais qui a du mal à expliquer simplement, celle qui a toujours des réponses longues à des questions même courtes. Parce que rien n’est simple ni noir ou blanc pour elle.

Accepter que chacun.e montre son dedans à sa manière. Ou pas.
Il ne faudrait pas non plus confondre le dedans et le dehors  comme si c'était le meilleur et le pire.
Parfois, aimer le dehors, c’est déjà beaucoup. Ça peut prendre une vie.


vendredi 28 juin 2024

Laisser venir ce qui vient

Ennui
Un mot de jour et non de nuit
Pas nécessairement les jours de pluie
Pas nécessairement le dimanche après-midi
Comme quand nous étions petits

Pas ennui comme questions
Celles qu’on n’a pas le temps de se poser
Quand on travaille
Quand on a des enfants
Quand on a une maison à entretenir
Quand on a 30 ans

La question ennui parfois derrière le mot retraite
Temps de penser
D’hésiter
De choisir
De tourner en rond
De prendre le temps de ne rien faire
De se chercher
Avec un peu de chance, se (re)trouver
Le temps d’écrire
Ce qu’on n’a pas dit
À moins d’avoir oublié
D’avoir pardonné
À moins de comprendre, de réaliser qu’on n’a plus le temps

Peut-être tranquillité d'esprit finalement
Paix du cœur
Et le sentir
Et dansle silence, le confondre

La retraite
On a plus de temps et pourtant moins de temps, devant
Il faut regarder le présent
Les feuilles vertes au printemps
La mer ou le sable en été
Le chevreuil un matin
La vie toute l’année
Ne pas s’attarder au mal des os, aux plis de la peau, aux cheveux blancs
Parler aux gens
Ne pas craindre le vent
Le mot retraite qui dit l’argent, qui chuchote le sud en hiver, qui rêve de voyages
qu’on entend à 55-60 ans

Après 70, j’entends plutôt le mot vieillesse
Tendresse aussi
Les parents, les ami. e. s disparaissent
Encore des sorties
Encore des printemps
Plus tout à fait la retraite 
Plutôt des nuits d’insomnie
Viennent des ennuis 
Moins de questions
Sans réponses pourtant

Juste laisser venir ce qui vient
Comme un chevreuil, un matin.




mercredi 12 juin 2024

Entre le 2 et le 11 juin 2024

Avant que viennent les mots à ajouter aux photographies, il me faudra le silence. Faire le tri dans tous ceux qui se bousculent encore de tout ce que j’ai vu, senti, entendu les dix derniers jours.
Entre vagues, brume, vent, frais, anses, golfe, rochers, barachois, bleu du ciel, bleu de la baie.
Entre déceptions, plaisirs.
Entre guédilles, galvaude, pêcheur, cafés.
Entre autoroutes, piste cyclable, mauvais état des routes.
Entre conversations, écoute, lecture à voix haute d'Un animal sauvage de Joël Dicker.
Entre Chandler, Maria, Carleton-sur mer, Mont-Joli, Sainte-Flavie, Rimouski, Saint-Casimir.
Peut-être qu’après avoir nommé les plus marquants, ne retiendrai-je que les images et les odeurs de bord de mer, que l’accueil du préposé à l’accueil du motel à Saint-Flavie, que les très bons services des gens du camping de Pabos, que les yeux fermés de ma compagne de voyage, toujours aux prises avec cette greffe de cornée qui n’en finit pas de guérir, que les émotions de mon amie nouvellement retraitée.

Peut-être déjà tout ça n’est que souvenirs parce que Mika retrouvée, le gazon à couper, la revue Lettres Québécoises numéro 193 à lire, le costume à aller chercher pour la rencontre du 15 juin à Ripon occupent tout mon présent.
Déjà d’autres images, d’autres sons, d’autres odeurs, d’autres plaisirs.
Finalement les mots seront ceux-là.



jeudi 16 mai 2024

Le 16 mai 1674...

 


En 1674, j’étais de ce grand territoire de 25 lieues désormais nommé Seigneurie de la Petite-Nation.
Avant-avant, j’étais argiles marines dans la mer de Champlain,
Avant, j’étais forêt, rivières et ruisseaux, terrain de chasse et de pêche des Weskarinis.
Je ne savais pas alors:
que je faisais partie de la chaîne de montagnes Laurentides,
que j’allais me détacher de deux voisines fondées bien avant moi,
que j’allais devenir paroisse au début du vingtième siècle.

Je suis de frêne blanc, de tilleul et de noyer cendré,
Je suis de pins rouge, blanc et gris et de couchers de soleil orangés.
Je suis de buttes et de collines, de roches métamorphiques.
Je suis de la Petite rivière Rouge et des ruisseaux Sam, Pearson et Suffolk.
Et surtout, je suis de dépôts sableux et de terre légère, sol idéal pour la culture de la pomme de terre.

En 1902, Ariste Bock, Anthime Paiement, Moïse Charron et Anthime Cloutier se rencontrent, discutent et s’adressent à l’archevêque d’Ottawa, Mgr Thomas Duhamel.
Saint-André-Avellin et Notre-Dame de Bonsecours me laissent aller et, enfin, en 1902, 
je suis constituée canoniquement d’abord, puis civilement. 
J’existe enfin, nommée, désirée, choisie.
Je ne suis plus ce vague territoire du nord de la seigneurie de la Petite-Nation.
De monts et de vaux, je deviens plateau.
Je suis terre d’avenir, terre d’espoir. 
Je suis forêt à défricher, champs à cultiver, maisons à bâtir,
aussi de messes à chanter, mariages à célébrer, familles à établir.

De Labelle ou de Prescott, de Saint-André-Avellin ou de Montebello, sont venus les Lauzon, Bock, Deschambault et Lanthier; ils choisissent le rang Saint-Augustine. 
Les Pilon, les Laporte, les Lalonde s’établissent au village, entre rang Gustave et rang William. 
Les Bédard, Brazeau, Bigras, Deschâtelets, Legault, Perrier, Rieux et Robillard dans le rang Thomas. 
Les Pharand et les Chartrand, dans le rang Procule.
Sont venus aussi des Gauthier, des Perrier.
Les Tessier deviennent Lavigne, les Deguire deviennent Larose.

Je suis de ces hommes et de ces femmes qui ont fait et font encore qui je suis.
J’ai encouragé les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs, les mécaniciens.
J’ai vu naître des maires, préfet et député, des policiciens.
J’ai vu se former des organisations, des clubs, des comités.
J’ai vu s’établir des artistes peintres, des artisan.e.s, des auteur.e.s et même des inconnu.e.s.
Plusieurs étudiant.e.s sont parti.e.s, sont revenu.e.s.
Quelques discrètes célébrités vivent ailleurs leur vie quotidienne, 
mais ne renient pas leur origine pacificienne.

Je vois tout ce beau monde s’entraider et s’entredéchirer, se reproduire ou s’ignorer.
Pour un coin de terre, pour un principe. 
Certains fonceurs, d’autres plus craintifs.
Chacun avec ses idées, ses ambitions et ses choix.
Toujours pour le meilleur. Enfin, je crois.

Je me réjouis de toutes les saisons, des semences aux récoltes, des vents froids aux étés chauds.
J’ai vécu des carnavals d’hiver, des Festival de la patate en été.
J’ai vu les jeunes jouer à la balle molle, au soccer, au hockey, à la ringuette.
Était-ce un fantôme ou ai-je entraperçu Jack Rabbit, cet homme qui a conçu le saut à ski du Seigniory Club à Montebello, dans la forêt enneigée qui borne la municipalité?
J’ai deux ou trois bâtiments dignes d’intérêt, publiés dans un livre sur le patrimoine. 
Au fil des ans, les commerces se sont raréfiés, la caisse populaire a fermé, l’école n’est plus une école. J’aurais voulu plus, mais l’important, c’est que je sois accueillante. 
Que de jeunes familles aient envie d’y venir. 
Pour travailler, pour cultiver, pour y vivre plus que les étés.
Je suis triste de voir les octogénaires mourir alors que naissent peu de bébés.

Je suis un peu morte quand l’église a passé au feu, quelques mois avant son centenaire.
J’ai été dévastée de voir la démolition du presbytère. 
Pour se recueillir et parler à nos morts, il reste le cimetière.

Je veux qu’on me nomme, qu’on ne m’oublie pas, que je ne disparaisse pas.
J’étais là, indéfinie il y a 350 ans, au temps de monseigneur Laval.
Bientôt 125 ans 
que j’ai un nom bien à moi, 
que je souhaite fierté aux Pacificiens et Pacificiennes,
que je veux vivre et prospérer... dans la paix,
que je veux laisser bien plus que de merveilleux et célèbres couchers de soleil.

Je suis Notre-Dame-de-la-Paix!




dimanche 12 mai 2024

Attentes


En attendant d’obtenir Liste de mes envies 2, je relis La liste de mes envies 1.
En attendant de lire À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit?, je lis Ce matin-là.

J’ai vu que dans À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit? les chapitres sont courts. Deux ou trois pages. Chaque fois un personnage et ses histoires, ses souvenirs. Chacun·e sa nuit.

Alors m’est venue l’idée de l’attente. Je pourrais conter tous ces moments où on attend. Où j’attends.

Comme aujourd’hui : rien de particulier à faire. Pas d’obligation. Ni assez beau ni assez chaud pour un tour de vélo. Un peu de pluie qui m’empêche de peinturer les marches de la galerie.

Impression d’attendre.

Remontent des souvenirs de mes attentes. De mes nuits et de mes envies également.
Comme Jocelyne dans le livre de Grégoire Delacourt, je pourrais faire la liste de mes attentes. Pour certain·e·s auteur·e·s, ça pourrait faire un livre. Pour moi, au moins un billet de blogue?

Il y a les parfois courtes et plutôt banales : attendre que la visite arrive, attendre qu’elle parte. Attendre l’heure polie de tirer sa révérence.

Il y a les stressantes : attendre le verdict d’un docteur. Que le vent cesse lors de tempête. Que la pluie diminue quand je conduis sur une autoroute. Que ton équipe compte un but. Que l’aube se lève et chasse les idées noires.

Il y a les frustrantes : attendre ton tour de parler, attendre que l’autre se taise. Attendre que le trafic diminue. Attendre que l'autre comprenne. Attendre après des formulaires. Attendre qu'un humain réponde au bout du téléphone.

Que la fièvre baisse, que la douleur diminue. Que l’électricité revienne.
Attendre de revoir, de pouvoir, de savoir. De guérir, de revenir à la normale ou comme avant.
Attendre patiemment, sagement, silencieusement.
Attendre sans attentes.

Il faudrait être plus précis. Personnaliser l’histoire. Raconter un souvenir.
Quand j’avais quatre ans, mon frère, mon aîné de deux ans, a eu son premier bicycle. En vouloir un. Il fallut attendre d’être plus grande.
Quand nous avions un répondeur et que j’attendais une date pour une opération. Chaque fois que je revenais d’une sortie, je regardais si le bouton rouge clignotait. Je n’ai plus de répondeur, mais il m’arrive encore de regarder dans la direction de l’objet absent.

Il faudrait montrer à l’aide de verbes d’action, de vrais lieux, les cinq sens, et non raconter.
Mais ça, ça ne me tente plus. Je préfère lire les auteur·e·s qui ont la patience, la persévérance.
Alors attendre les livres de la bibliothèque. Parce que... attendre de gagner à la loterie pour me payer tous les livres que je voudrais!

Heureusement entre chaque attente, et même dans, il y a la joie, la fierté, la satisfaction, la paix, l'espoir de la réconciliation, la respiration, le sang qui bat, qui coule, l’amour des livres, du voyage, du paysage, de soi, des autres, de l'autre.  Le silence dans la tête, la petite musique douce. La vie.
Et je n’en suis pas à attendre la mort.







samedi 4 mai 2024

Dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation



Le samedi 20 avril dernier, à Saint-André-Avellin, a eu lieu le lancement du livre La merveilleuse histoire de l’Ange de la rivière de la Petite Nation.

Comme une fin d’année scolaire. Deux ans pour l’autrice et ses collaboratrices, à chercher des photos, à retrouver des écrits de Raymond Whissell décédé trop tôt, à écrire et transcrire. Un an pour moi à monter le livre, à chercher un imprimeur. Comme une distribution des prix. Les discours, les compliments, les éloges, les récompenses après un dur labeur. La bière au nom évocateur L’Ange de la rivière, les petites bouchées. Et finalement le dévoilement du livre.

De retour au silence de la maison, ont-elles, comme moi, ressenti un soulagement? Les épaules tombées, la respiration normale retrouvée? Une fatigue certes, mais une satisfaction du devoir accompli, une fierté de la réussite. D’autant qu’il y avait beaucoup de monde, qu’il y eut de nombreuses ventes. Et des annonces d’activités prochaines pour la Société historique de Saint-André-Avellin, l’organisme qui a publié le livre.

Cet Ange (l’auteure Thérèse Whissell a choisi la majuscule puisque c’est devenu son nom), tout le monde en convient, est un joyau identitaire de Saint-André-Avellin. Une statue en plein milieu d’une rivière, visible du pont... mais il vaut mieux aller la voir de la passerelle construite à côté du musée, rue Bourgeois. Comme elle est là depuis 1923, bien sûr des rumeurs, des histoires devenues légendes. Il en est question dans le livre, mais il y a plus : « Pour en parler de cet ange, une société historique a été créée en 1968. Pour l’entretenir cette statue, une corporation des Affaires culturelles est née en 1990, et un musée expose des objets d’intérêt patrimonial depuis 1992. » c’est ce qui est écrit sur la quatrième couverture et c’est ce qui est raconté — et abondamment illustré dans le livre de 90 pages.

Ce livre fut lancé dans le cadre, des « grandes célébrations » entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. Un événement qui ne passe pas inaperçu dans les réseaux sociaux. (Il le faut bien, il n’y a plus de journaux régionaux, Le Droit n’est qu’en numérique et on ne peut plus partager). Pour tout savoir sur ce grand évévement qui risque d'être mémorable, je vous invite à consulter les liens en bas de ce billet.

Personnellement, je veux juste dire pourquoi cet anniversaire me touche. En fait, je ne sais pas trop. Comme quelque part dans mon cœur, mon esprit, mon sang, mon ADN, ce lieu indéfini où se bataillent autant les souvenirs que les émotions. Je ne suis pas née dans la Petite-Nation, mais j'y suis venue à partir de 1956, l’été surtout et... je l’ai choisie en 1970. Je l’ai raconté dans Ma Petite-Nation (texte disponible dans la colonne latérale).

Pour vous dire que « tout est dans tout », expression qui ne date pas d’hier, je note tout ce qui roule dans ce lieu bizarre qu’est mon cerveau dès qu’on parle de Petite-Nation :
Saint-André-Avellin : ma première année d’enseignement, j’ai travaillé 20 ans au journal La Petite-Nation, mes parents y ont habité, mon frère (qui s’occupe du site Web du Musée des Pionniers), ma belle-sœur, une de mes nièces y demeurent toujours. Mon père a travaillé avec Benoît, Raymond et Thérèse Whissell, il nous en parlait souvent. D’ailleurs ce qui m’a ému dans cette collaboration pour le livre de l’Ange, c’est comme si on rendait hommage à nos pères : Benoît Whissell et Jacques Lamarche. On poursuit ce qu’ils ont commencé.

En tant que... un mélange de graphiste, amoureuse des mots et de l’histoire, auteure par-ci par-là ou tout simplement par un concours de « tout est dans tout », dans le sens, comme l’a expliqué Arthur Koestler (1906-1983):
 « toute personne fait partie d’une unité (l’organisation sociale) qui l’englobe. Toute personne s’ouvre à des unités (des personnes) qui l’englobent »,
je me suis retrouvée à m’occuper des bulletins L’Écho des montagnes du Comité du patrimoine de Ripon. Je ne sais même plus le début, est-ce à partir de Jean-Pierre DeLaplace, conjoint de la sœur de ma belle-sœur, ou de Marthe Lemery, tous de Ripon en 2018? Toujours est-il que depuis cinq ans, comme graphiste, je suis dans le décor de Ripon. Ripon pour moi, c’est aussi les Larose. Des Deguire dit Larose, patronyme de ma mère. Me sens donc un peu parente! Autre souvenir de Ripon : ma descente de la rivière de la Petite Nation en canoë, à 19 ans. Nous étions cinq, nous voulions nous rendre à Ottawa! Certes au pont Neveu et aux chutes du Diable, nous avons fait du portage, mais téméraires furent mes deux compagnons qui, eux, ont bravé quelques rapides... nous nous sommes arrêtés au Portage de la Petite-Nation, faute de résine pour colmater une brèche dans leur canoë.
 
J’ai des souvenirs de toutes les municipalités, mais je vais m’en tenir à celles-là pour aujourd’hui puisque le 18 mai, à Montebello, c’est le Salon des exposants et que je me tiendrai surtout aux kiosques du Comité du patrimoine de Ripon pour expliquer les archives, et c’est certain que j’irai faire un tour à celui de la Société historique de Saint-André-Avellin où sera Thérèse Whissell pour vous parler de son livre. Pendant ce temps, au Musée des Pionniers, d’autres bénévoles présenteront les dernières publications de la Société historique et quelques savoir-faire traditionnels.

Ah! oui, permettez que j’ajoute un mot sur Notre-Dame-de-la-Paix où je demeure. C’est quand même le fait que le sol où je pose les pieds depuis 1972 faisait parti — sans avoir encore de nom— de la Seigneurie de la Petite-Nation en 1674, et comme on en fête le 350e anniversaire, ça m’a inspirée. Je la nomme dans un texte publié aussi dans la colonne latérale. Le lien rapide ici >>>

Bon 350e anniversaire!










mardi 30 avril 2024

Balloune de trois jours

J’étais (encore) partie sur une balloune. Pas au sens de m’enivrer (quoique m’enivrer de mots peut-être ou d’espoirs) mais dans le sens « Avoir une lubie soudaine ».

Élément déclencheur : un message de Carole (nom fictif) :
Qu’as-tu pensé de mon dernier livre? Est-ce que j’ai un certain talent ou non? Est-ce que mes sujets intéressent les lecteurs.

J’ai réfléchi à ma réponse quelques heures, je lui ai répondu. Une dizaine de lignes.
Ça mijotait dans ma petite tête. Comme à mon habitude, les phrases ont continué de virevolter. Mon cerveau ressemble à ce hamster qui court sur sa roue : il n’arrête pas.

Donc le lendemain matin, me vint l’idée d’une réponse longue pour lui dire quelle n’était pas la seule à se poser des questions, à douter. Une sorte de Lettre à une jeune auteure (quoique jeune... elle a dans la soixantaine). Du haut de ma longue expérience!!! 
Enthousiaste, sans aucune prétention, avec tout le plaisir que je prends à monter des livres, je commençai à rassembler tous les billets de mon blogue dont le titre était : Carnet de roman. Billets écrits après Les têtes rousses et Les têtes bouclées publiés chez Vents d’Ouest. Donc de 2015 à 2024.

J’ai copié collé, illustrations comprises. Une page par date. Puis, j’ai cherché à combler les trous, les entre-deux. Ce qui n’a pas été écrit sur Blogger. J'ai sorti mes vieux cahiers de notes. J’ai hésité, avec le recul devrais-je nommer les maisons d’édition, les directeurs littéraires. Non, seulement le senti, la déception, les efforts, les espoirs, l'atelier, la réécriture encore et encore, qui, je l'espérais allait mener à la publication, par un "vrai éditeur" du troisième tome.

Trois jours de plaisir. La graphiste en moi se sentait fourmi. La lectrice en moi se voyait déjà à feuilleter le livre dans la collection Hamac-carnets comme s’il était d’une autre. Ça fait longtemps que je me vois chez Hamac. Depuis 2012 quand je lisais le blogue de Julie Gravel-Richard. Il faut se voir, paraît-il. Je me suis vue chez tellement d'éditeurs! 

Après trois jours, 82 pages, 18 586 mots... la balloune est dessoufflée!

Pourquoi, à quoi bon, tant de livres déjà, ça pleut des livres. Des édités, des autoédités, des numériques.
Tout est déjà sur mon blogue, pourquoi en faire un livre? Pour qui?

Pas parce que moi je lis les carnets des autres, que...
Alors si un éditeur veut de mon carnet de roman, qu’il le dise!
D’autant que chat échaudé... c’est déjà arrivé.
En février 2022
« Nous sommes intéressés à publier votre roman. »
En février 2023
« Nous sommes prêts à procéder à l’évaluation du travail éditorial sur vos manuscrits. »
Avril 2024
Je suppose que quand une directrice littéraire ne dit plus rien, ne répond plus à tes courriels, c’est qu’elle ne pense plus à toi.

Je me tais aussi.
Quoique, comme a écrit Camille Readman Prud’homme... Quand je ne dis rien je pense encore.

mercredi 3 avril 2024

350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation

En novembre dernier, je dirais, un dénommé Martin Parent (inconnu des dieux pour moi à ce moment-là) m’appelle et me demande qui avait fait les armoires de plusieurs municipalités de la région. Réponse: mon père, Jacques Lamarche, Louise Drouin, puis Louise Falstrault et moi. Pourquoi voulez-vous savoir? Dans le cadre de... j’ai retenu: Fédération d’histoire, Seigneurie de la Petite-Nation, Montebello, mois de mai.

Puis, en décembre, je vais chercher le livre Le moulin disparu à Papineauville. Il est encore question de ce 350e anniversaire. J’apprends que la Fédération Histoire Québec (FHQ) tiendra son 58e Congrès au Château Montebello... dans le cadre du 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.
En effet, c'est en mai 1674 que cette seigneurie a été concédée à monseigneur de Laval par la compagnie des Indes Occidentales.

Après, ça n’arrête plus, j’en entends parler au Musée des pionniers à Saint-André-Avellin qui prépare un livre sur l’ange de la rivière. Sur le site de Tourisme en Petite Nation, je lis que plusieurs municipalités de la MRC Papineau ont organisé un événement. Le groupe Le diable à cinq, connu bien au-delà de son Ripon original, donnera un spectacle en mai. J’ai vu les très belles vidéos dans lesquelles Marie-France Bertrand de la MRC Papineau ou Peter Levick présente les activités entourant cet événement. Dans la revue Histoire Québec, j’ai lu l’article que Martin Parent a écrit sur le Château. Je pense à mon père qui a tant écrit sur le Château, sur le Manoir, sur la région. De nouveaux livres, de nouveaux noms, il y a de la relève, l’histoire se réécrit.

Et le plus beau, Notre-Dame-de-la-Paix n’a pas été oubliée.
Quand on dit Seigneurie de la Petite-Nation, on pense Montebello, Papineauville, Saint-André-Avellin, Plaisance, mais on oublie souvent Fassett, Notre-Dame-de-Bonsecours et Notre-Dame-de-la-Paix. Parce qu’on ne sait pas, parce que moins connues, moins touristiques. On ne s’arrête pas à Notre-Dame-de-la-Paix... quoique le vendredi soir à la station-service, en route vers Tremblant...
En tout cas, dans les vidéos, on la nomme, c'est déjà ça, parce qu'en effet, le territoire faisait partie de la seigneurie.

À mon tour, je veux la nommer cette municipalité où je vis depuis plus de 52 ans.
Texte déposé dans la colonne latérale.
Je le publierai directement dans ce blogue, le 16 mai, puisque c'est le 16 mai 1674 que Monseigneur Laval devint propriétaire de la Seigneurie de la Petite-Nation.

mercredi 6 mars 2024

Extimité

Nouveau mot pour moi : extimité.

Lu dans le livre Ports d’attache, Osons révolutionner nos amitiés
« L’extimité est le fait de rendre visible et accessible à tous·tes, en ligne, des parties de soi considérées comme relevant du domaine de l’intime. Il s’agit avant tout d’un exercice de communication de soi : s’exposer pour se construire. »
J’ai ensuite lu dans Wikipédia que ce n’était pas vraiment un nouveau mot même si Word ni Antidote ne le reconnaissent. Voici ce qu’en dit Serge Tisseron :
« Je propose d’appeler “extimité” le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. [...] Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur. »
Je pense bien que j’en suis atteinte et depuis longtemps. Pas au point de m’exhiber par des selfie sur les réseaux sociaux, mais pour avoir ce besoin d’écrire,et surtout de laisser des traces. Que mes écrits, mes pensées plus ou moins intimes soient rendus visibles. Je ne pensais pas que j’avais besoin de « m‘exposer » pour me construire.
Et besoin vite, besoin fort, besoin tout de suite... ça c’est mon ti-bélier je crois bien.
Exemple, j’ai écrit un texte sur..., j’ai fait un petit montage photos et texte. J’ai hâte de le montrer, je résiste, je me retiens de le publier. Non pas que je le considère parfait ou fini — ils ne le sont jamais tout à fait —, mais ce n’est pas vraiment le temps. Il conviendrait mieux en mai lors des célébrations entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. 
En mai, dans trois mois. Une éternité!

Extimité donc. Il me semble qu’à mon âge, je n’ai plus besoin de m’exposer ni de me construire. Mais bon, je regarde Robert Lalonde et Gilles Archambault, plus vieux que moi qui ont encore besoin de raconter, de dire, d’écrire, de publier. Pas dans un blogue ni sur les réseaux sociaux il est vrai, via un éditeur.

Je ne crois pas que je révolutionnerai mes amitiés, mais je continuerai à m’«extimiter»! Et puis je parle surtout de livres et d’écriture... Parlant ami·es, j’ai rejoint le club, toutes mes ami·es en ont... alors résisterai-je à vous parler de Mika?