mercredi 6 mars 2024

Extimité

Nouveau mot pour moi : extimité.

Lu dans le livre Ports d’attache, Osons révolutionner nos amitiés
« L’extimité est le fait de rendre visible et accessible à tous·tes, en ligne, des parties de soi considérées comme relevant du domaine de l’intime. Il s’agit avant tout d’un exercice de communication de soi : s’exposer pour se construire. »
J’ai ensuite lu dans Wikipédia que ce n’était pas vraiment un nouveau mot même si Word ni Antidote ne le reconnaissent. Voici ce qu’en dit Serge Tisseron :
« Je propose d’appeler “extimité” le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. [...] Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur. »
Je pense bien que j’en suis atteinte et depuis longtemps. Pas au point de m’exhiber par des selfie sur les réseaux sociaux, mais pour avoir ce besoin d’écrire,et surtout de laisser des traces. Que mes écrits, mes pensées plus ou moins intimes soient rendus visibles. Je ne pensais pas que j’avais besoin de « m‘exposer » pour me construire.
Et besoin vite, besoin fort, besoin tout de suite... ça c’est mon ti-bélier je crois bien.
Exemple, j’ai écrit un texte sur..., j’ai fait un petit montage photos et texte. J’ai hâte de le montrer, je résiste, je me retiens de le publier. Non pas que je le considère parfait ou fini — ils ne le sont jamais tout à fait —, mais ce n’est pas vraiment le temps. Il conviendrait mieux en mai lors des célébrations entourant le 350e anniversaire de la Seigneurie de la Petite-Nation. 
En mai, dans trois mois. Une éternité!

Extimité donc. Il me semble qu’à mon âge, je n’ai plus besoin de m’exposer ni de me construire. Mais bon, je regarde Robert Lalonde et Gilles Archambault, plus vieux que moi qui ont encore besoin de raconter, de dire, d’écrire, de publier. Pas dans un blogue ni sur les réseaux sociaux il est vrai, via un éditeur.

Je ne crois pas que je révolutionnerai mes amitiés, mais je continuerai à m’«extimiter»! Et puis je parle surtout de livres et d’écriture... Parlant ami·es, j’ai rejoint le club, toutes mes ami·es en ont... alors résisterai-je à vous parler de Mika?


mardi 20 février 2024

Petits bonheurs d'une curieuse

Petits bonheurs des derniers jours.

Mon dernier billet de blogue où il était question du Livre bleu m’a apporté de belles nouvelles, petits bonheurs non négligeables.
Premier : quelques heures seulement après la publication du billet, ma cousine de Jonquière (j’en ai déjà parlé dans un billet, voir le lien à la fin), m’a écrit et m’a demandé la version numérisée du Livre bleu.

Donc, elle me lit. Toujours un plaisir de voir qu’on me lit. Et qu’elle veuille voir ce que notre grand-tante commune a écrit en 1917... m’émeut. Je lui avais montré le livre un jour qu’elle était venue me rendre visite, mais une heure pour regarder les photos surtout, c’est court pour connaître toutes ces vies racontées dans un livre de généalogie.
Je lui ai donc fait parvenir les fichiers PDF du livre comme tel et des feuillets qui étaient insérés dans le cahier.
Échange bien plaisant de courriels et de Messenger.

Deuxième : en réunissant les fichiers PDF, je me suis attardée aux documents sur les religieuses de la famille. Dans le livre bleu, j’avais des documents de quatre sœurs Sainte-Croix. Je cherche leurs noms, je me souviens facilement de trois, mais rarement du quatrième, parce qu’il n’en est pas vraiment question dans le Livre bleu. Et me voilà à chercher. Non pas seulement le nom de la petite-nièce d’Esther Leduc, mais aussi de ces deux autres qui ont été postulantes, dès 1847 quand le Père Basile-Moreau a fondé la congrégation des Sœurs de Sainte-Croix à ville Saint-Laurent.

J’y ai passé une bonne partie de la soirée et de la matinée.

Premier extrait trouvé dans Le livre bleu,
deuxième extrait provient des Annales des Soeurs de Sainte-Croix


Dans les feuillets, j’avais bien lu que les trois postulantes étaient parentes, mais sans plus. Et dans les années 2000, quand j’ai entré des noms dans ma base de données, je ne me suis attardée qu’à Esther Leduc dont ma grand-tante religieuse avait fait grand cas dans le Livre bleu.
C’est hier que j'ai poussé plus loin. Dans ma base de données, pas de Marie Gohier ni d’Émilie Fortier. Et des célibataires, ce n’est pas évident de les trouver en généalogie. Beaucoup plus facile de trouver des mariés.
J’ai été lire ce document dont j’ai parlé dans mon billet : Annales de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs, et dans la chronologie, page 334, j’ai lu, noir sur blanc ou plutôt noir sur jaune : «toutes trois cousines».

J’avais la confirmation, il ne me restait qu’à trouver.
Ma curiosité légendaire a fait de moi une chercheuse infatigable. Encore faut-il savoir où chercher. Sur mon ordinateur, j’ai ouvert mon logiciel de généalogie (Family Maker 2014); sur Internet, une fenêtre pour le PDRH (répertoire de tous les actes de baptême, mariage et sépulture catholiques enregistrés au Québec entre 1621 et 1861) et une autre pour Le Lafrance qui couvre une période plus longue.
J’ai d’abord cherché la date de naissance d’Esther Leduc, la seule sur qui j’ai quelques informations de source sûre : 1826. Comme des cousines normalement, c’est né dans les mêmes années, j’ai ratissé entre 1820 et 1830.

J’aurais dû commencer par Émilie Fortier parce que des Marie... toutes les filles s’appelaient Marie. Et Gohier s’écrit aussi Goyer. Enfin bref, après des Marie Anne, Marie Rosalie, Marie Rose, je tombe sur une Marie Pélagie. Pour chacune, je cherche les parents, je trouve la famille entière, je guette les filles non mariées, et qui ne sont pas décédées en bas âge, elles sont nombreuses. Et puis dans les unions, je vois le nom de Philippe Leduc. Je vérifie... oui, oui, dans ma base de données Philippe Leduc est le père d’Esther Leduc.

De Philippe Leduc à son épouse Marie Julie Judith Crevier Saint-Jean, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi. Le PDRH m’a indiqué le chemin. Je trouve que le couple Louis Gabriel Crevier /Marie Julie Boyer ont eu 16 enfants, dont trois filles : une a épousé Philippe Leduc, une, Casimir Fortier et une Gilbert Gohier. Que les patronymes Leduc, Fortier, et Gohier se retrouve dans la même famille, des bonnes chances que ce soit la bonne famille.

Les mères des postulantes cousines étaient donc trois sœurs Crevier :
Marie Judith, mère d’Esther Leduc (1826)
Marie-Anne, mère d’Émilie Fortier (1822)
Marie-Pélagie, mère de Marie Gohier (1828)

Avec ce que j’ai découvert, il va falloir que je réécrive mon roman Les têtes bouclées! Ce n’est pas une des trois premières postulantes qui est dans ma « famille », mais bel et bien les trois. Bon, ce sont des arrière arrière arrière grand-tante ou très petite petite-cousine, mais quand même!

En 1847, elles ont été les trois premières postulantes canadiennes de la nouvelle « Communauté des Sœurs de Sainte-Croix ». Et moi, je suis demeurée plusieurs années à ville Saint-Laurent, ma mère nous parlait quelquefois de ses deux tantes Deguire (Annie et Évelyne) devenues religieuses au couvent de Saint-Laurent, j’ai eu des sœurs Sainte-Croix comme enseignantes, mes préférées. J’ai été à Regina Mundi, j’ai été au collège Basile-Moreau. J’ai même fait ma dernière année d’École normale dans ce bâtiment, qui, l’année suivante, devenait le cégep Vanier. Comme si la boucle était bouclée.
Mes grand-tantes Annie et Evelyne Deguire et leurs arrière petites-cousines ou arrière grand-tante ont sans doute connu le couvent Notre-Dame-des-Anges du haut et moi, j'ai plutôt fréquenté le collège Basile-Moreau (le bâtiment de gauche).

Je ne sais pas vraiment pourquoi ça m’impressionne, pourquoi j’aime chercher et trouver des liens, mais c’est ainsi.

C’est le genre de petit bonheur qui comble bien plus la chercheuse curieuse que la généalogiste amateure ou la romancière-blogueuse.

Source des photos du couvent >>> 
Lien vers ma cousine >>>







dimanche 18 février 2024

20 ans plus tard
ou du détachement des objets.

J’aime bien les titres ou les incipits qui frappent, qui soulèvent la curiosité.

Donc, 20 ans plus tard, je me décide. En 2004, dans le journal du futur roman Les têtes rousses (lien vers ce journal >>>), j’écrivais : « Je me souvenais qu’elle [ma mère] m’avait remis un livre bleu dans lequel sa tante religieuse avait consigné des tas de dates, de notes où il était question aussi bien des Deguire que des Lynch et d’une certaine Bridget Bushell. Je ressortis ce livre bleu, et j’y lus matière à histoires. »
LE livre bleu.

Il date de 1917. Les pages sont jaunies, recollées. L’écriture pâlie. Les photographies détachées. Ma mère en avait hérité de son père, elle l’a lu, annoté. Mon père s’en est servi pour dresser un premier arbre généalogique à la main puis à la machine à écrire. Objet de ma curiosité depuis que je suis toute petite. Je ne me souviens pas quand j’en ai pris possession. Probablement quand mes parents ont déménagé pour la nième fois. En tout cas, en 2004, je l’avais.

En vingt ans, je l’ai tellement feuilleté, tellement lu et relu, scruté à la loupe, noté les erreurs de dates.
Il a été mon point de départ pour la recherche de mes ancêtres irlandais. Il a été mon inspiration pour l’écriture de trois romans.

Depuis la parution de mon dernier tome de la trilogie des Têtes rousses, en 2019, je n’en ai plus besoin. Mais pas pour autant que je me décidais pas à m’en départir.

Est-ce le premier pas vers le détachement de mes livres, de mes écrits?
Je ne sais pas quoi faire avec mes centaines de livres, mes dizaines de cahiers et mes milliers de feuilles imprimées. Certains datent de 50 ans. Autour de 1974. Je commençais ma vie d’adulte-qui-est-partie-de-chez-ses-parents, je commençais ma vie professionnelle avec de l’argent. Je pouvais acheter des livres. Je ne m’en privais pas. Mais là, cinquante ans plus tard, à la veille peut-être bientôt, peut être pas, qu’est-ce que j’en sais, mais peut-être déménagerai-je dans un 4 et demi? Que faire de tous ces livres? Les vendre, les donner? Qui veut lire Han Suyin, Hervé Bazin, Maurice Druon, les prix Nobel? Et les écrits, les journaux, les lettres, les manuscrits d'une parfaite inconnue?


C’est tout un processus le détachement des biens matériels. Surtout ceux qui, croit-on, nous représentent, disent qui nous sommes. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. À quel âge on commence à pouvoir les laisser aller? Et même pourquoi? Simplement parce que je n’en ai plus besoin? Simplement au cas où je doive partir de la maison? Simplement pour ne pas donner de problèmes à ma succession? Pourtant quand mon père est mort, oui ça m’a pris six mois pour faire le tri de tous ses livres et documents, mais bon, j’ai bien aimé. J’ai vendu un peu, jeté un peu, conservé un peu, mais beaucoup donné.

Ma vie tourne beaucoup autour des livres, des écrits, des mots, alors m’en défaire, c’est un peu comme jeter ma vie. Pas lui enlever de la valeur, mais la mettre déjà au passé. Ces écrits, s’ils devenaient des archives au lieu d’être jetés, attesteraient de mon existence? Suis-je cette éternelle jeune fille qui voudrait qu’Hollywood la découvre, qu’un éditeur la publie? Non, il me semble que ce stade est passé.

Une étape à la fois. D’abord l’acceptation. De vieillir. D’être fatiguée plus vite. D’avoir moins le goût de voyager, de voir le bout du monde. D’aimer rester à la maison. D’aimer me promener au Québec, près de chez nous. Hier encore, j’ai été à Duhamel, j’ai vu cinq chevreuils. J’ai acheté des pâtés et une baguette. Souper agréable. J’ai lu un extrait du livre Ports d’attache: osons révolutionner nos amitiés de Karine Côté-Andreetti (un livre qui commence par l'incipit:  « Même dans l'amour, il y a de la solitude »... je l'ai dit, j'aime les incipits qui invitent à poursuivre). J’emprunte des livres à la bibliothèque maintenant. Plus facile de s’en détacher.

Revenons au livre bleu que je suis prête à laisser aller. Première étape avant de trouver à qui donner tout le reste. De me décider surtout à jeter les écrits de ma vie : journaux, lettes et manuscrits.

L’an dernier, ce livre généalogique, je l’ai offert à mes neveu et nièces. Avec mon frère, on a numérisé chaque page. Je l’ai remonté en PDF : 130 pages, 250Mo. Personne n’en veut, mais au moins j’aurai une copie numérisée.

J’ai hésité entre envoyer le livre aux Sœurs de Sainte-Croix parce que quelques fascicules de la vie de quatre religieuses — Esther Leduc, Annie Deguire, Evelyne Deguire, Marie-Louise Bourdon —, ont été glissés dans ce « Livre de généalogie », mais quand j’ai lu un livre sur les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix et des Sept douleurs, publié en 1930 (très intéressant pour qui a connu les soeurs de Sainte-Croix, Saint-Laurent, Regina Mundi et Basile-Moreau), je me suis dit que MON livre bleu ne leur apprendrait pas grand-chose qu’elles ne sachent déjà, et puis, les archives n’avaient pas l’air aussi bien organisées que celles de la Société généalogique canadienne-française.

La coordonnatrice de la Société généalogique canadienne-française, Dominique Ritchot a été intéressée. C’est elle qui nous a trouvé l’ancêtre Falstrault, en 2003. J’ai confiance que le livre sera bien conservé. Le livre bleu ira rejoindre La monographie des Lynch (prix Percy-W. Foy, 1989) rédigé par John Lynch un descendant, comme moi, de Denis Lynch et de Bridget Bushell.

Aujourd’hui, préparer le paquet. Demain, la poste.
Alea jacta est.

Lien vers le livres Les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix >>>


vendredi 9 février 2024

Ce qui devait, ce qui sera - 2

Hiver doux s’il en est un. Sans s’éreinter sur la souffleuse ou la pelle. Sans ce froid qui vous gèle les os.

Je suis rarement partie en février. Trois fois quand même :
en 2008, en véhicule récréatif, classe B, 58 jours dans un parc régional en Georgie;
en 2009, même véhicule récréatif, 59 jours, à Fort De Soto en premier et retour au Blythe regional Park, en Georgie;
et finalement, en 2014, avec un nouveau classe B, en Floride cette fois, 57 jours dont 43 à Okeechobee landings.

Cette année, ce devait être une cinquantaine de jours aussi, mais dans un resort, à Myrtle Beach.
Ce n’est ni le regret ni la tristesse, encore moins la colère contre le vieillissement et la maladie qui m’ont fait regarder la liste de mes voyages et visionner quelques photos de mer ce matin. Non, juste des associations d’idées : d’un février à l’autre. Des associations d’activités : d’un site à l’autre, mettre à jour les sites Internet dont je m’occupe. Des couchers de soleil devant moi versus les levers de soleil de Myrtle Beach que j’ai déjà vus, et tant aimés.

Et qui dit février, dit Salon du livre de l’Outaouais. Je le vois sur ma page Facebook. Et comme chaque jour, je regarde les nouvelles parutions chez les éditeurs, chez les libraires, aux deux bibliothèques auxquelles je suis abonnée, je me demande si cette année, je n’irai pas feuilleter avec plus d’attention ces livres dont je lis les extraits chaque matin.

Voilà, c’est tout.
Ce sont mes joies quotidiennes, mes plaisirs du jour. Entre les repas que j’aime préparer, les silences que j’aime entendre, les marches dans le chemin/droit de passage pour le voisin qui ne vient pas souvent, à moins que je n’entende pas sa voiture électrique! Entre le café du matin et le verre de vin de fin d’après-midi. 
Oh! la la! j’ai oublié le linge dans la sécheuse, excusez-moi, à la prochaine!

samedi 27 janvier 2024

26-17

Ce qui devait être, ce qui sera


J’aurais dû être en train de préparer le dernier souper.
Le frigo devrait être quasi vide.
Les bagages déjà dans l’auto.
Le vélo accroché sur son support.
La glacière prête à être remplie.

Je devrais être en train de regarder les conditions routières de l’autoroute 81 : Watertown, Syracuse surtout, Wilkes-Barre. Le cœur battant, hésiter à partir demain. On annonce plus beau lundi.
Je devrais être train de préparer des phrases en anglais pour le dounier de Lansdowne, en Ontario, mais aussi voir plus loin, voir notre arrivée à Myrtle Beach. Voir notre hôtel et surtout le balcon.

Un balcon avec vue sur la mer.
Un balcon où je lirais mon cadeau de Noël : Inventer le désir de Camille Laurens.

Oui, jusqu’à mardi dernier, c’était ça : passer deux mois à Myrtle Beach, à marcher sur la plage, pédaler sur le boardwalk, manger des fruits de mer, photographier les oiseaux des mers et les aussi fabuleux que célèbres levers de soleil, et... bien sûr, lire sur le balcon.

Je suis plutôt à attendre que le cassoulet soit cuit à point.
À voir le ciel gris et brumeux, les arbres un peu givrés.
À croire que le grand champ blanc vaut bien la longue plage de sable blond.
À chercher comme un chien ou un chat le meilleur coin où faire mon nid, faire ma couche pour les deux prochains mois et à le lire ce fameux livre de Camille Laurens.

Et surtout... à être heureuse, tellement heureuse d’être ici, de rester chez nous.
De penser à demain où, au lieu de stresser en pensant à la douane, j’écrirai un texte qui raconte mon village. Ce village qui, il y a 350 ans, lors de la naissance de la seigneurie de la Petite-Nation, n’avait pas encore de nom. Oui, je veux en parler de ce village où j'habite depuis plus de 50 ans, qu’il soit nommé, qu’il ne soit pas oublié. Mieux encore, qu’il soit aimé.

Mardi dernier, jour semblable au 19 novembre 2019, quand je titrais le billet de blogue : 42-32. Cette fois, je pourrais écrire 26-17. Je vis toujours avec cette personne dont le glaucome joue au yoyo. Cette fois, l’œil gauche. À 26, c’était trop instable pour une greffe de cornée. À 17, ça pourra aller, faut croire. Mardi dernier donc, l’ophtalmologiste l’a inscrite en priorité pour une greffe de cornée. Sa troisième. Deux pour l’œil droit et cette fois, l’œil gauche.

Le choix n’était pas difficile : on ne part plus. Les yeux d’abord.
Soulagement. Autant en 2019, c’était l’enthousiasme d’enfin partir après deux mois d’opérations, de suivis, autant cette fois, c’est le soulagement de rester.

Et puis, quatre ans plus tard, ce n’est plus le même emballement. Depuis qu’on voyage, on a vu Myrtle Beach huit fois, la Floride sept fois. On n’a plus de véhicule récréatif. Le vélo... bof! Le fleuve de mai à octobre, c’est très bien aussi. Et puis, j’aime bien l’hiver, moi! Bref, les deux mois prochains, je surveillerai les conditions routières des autoroutes québécoises pour conduire Louise à ses rendez-vous médicaux... et c’est dans une chaise berceuse, bien au chaud, que je lirai Camille Laurens.

lundi 1 janvier 2024

Le premier jour de l'année 2024

 



Pourquoi? Pourquoi les couchers ou les levers de soleil nous (me) font un tel effet?
En janvier ou en avril.

Dans le désert, devant une terre blanche, jaune ou brune, ou au bord de la mer calme, rarement violente.

L’horizon, le lointain. Le silence, la contemplation. Le calme intérieur.

Après ces fêtes de beaucoup de personnes et de beaucoup de mots. De boustifaille et de vins. De rires et de jeux d’enfants; de discussions profondes ou de confidences chuchotées. De hâte de les voir, de hâte de partir.
Hier ou demain.

Ce fut aujourd’hui, le premier jour de l’année.


dimanche 31 décembre 2023

La Floride, juste pour le plaisir

Dernier jour de l’année 2023. Certain·e·s résument, souhaitent, regrettent ou espèrent.

Moi, j’ai visionné et relu. Mais sans regret ni nostalgie. Ni espoir ni souhait. Juste pour le plaisir.

Visionné et relu donc... la Floride. Depuis 2008 mais pas chaque année. Ni les mêmes mois, ni les mêmes lieux. Ni le même véhicule. Ni le même entourage. Toujours avec plaisir.

Si ça vous tente... c’est par là >>>


vendredi 22 décembre 2023

Un achat viscéral


Ce matin, j’ai acheté le livre Un moulin disparu.
Il me le fallait. C’était viscéral.
Viscéral : Qui provient des profondeurs de quelqu’un; qui est instinctif, inconscient, profond.
Il aurait fallu toute une tempête de neige pour que je ne me rende pas à Papineauville.
Pourquoi j’y tenais tant? Viscéral, je l’ai écrit.
Toutes ces raisons :
— Un livre qui ressemble visuellement à celui de Ripon et à ceux de Jean-Guy Paquin : même graphisme que j’admire, qui inspire la metteuse en pages en moi. Normal, ils sont tous de Jean-Luc Denat, ce graphiste qui a monté, entre autres, les livres des Écrits Hautes-Terres où j’ai publié la biographie de mon père.

— Un livre de ma Petite-Nation bien aimée. Un livre sur bien plus que le moulin de Papineauville.

— Collectif d’auteurs : Jean-Guy Paquin, Özgen Eryaşa , Alain Faubert, Claire Leblanc, Nicole Hébert, préface de Paul André-David. Je les connais tous personnellement sauf Nicole Hébert.
Je ne me lasserai jamais du style de Jean-Guy Paquin qui laisse pantoise l'auteure en moi. Alain Faubert me redonne le goût de la généalogie. Claire Leblanc a travaillé avec mon père, ça me replonge dans les années où il vivait, cherchait, écrivait sur l’histoire de la région. Je me rappelle encore sa joie débordante et son plaisir évident de fouiller dans le Livre terrier de la seigneurie des Papineau.

— Le sujet : le moulin de Papineauville, la seigneurie de la Petite-Nation, les Papineau. Chez nous. L’histoire de la région que j’ai choisie, que j’aime.

— Et autre raison que je comprends moins : le moulin.
J’aime les moulins.
Quand je voyage, je les cherche, je les visite. Que ce soit le moulin de Saint-Roch-des-Aulnaies, celui de La-Chevrotière, celui des Éboulements. Je n’oublierai jamais les moulins de Kinderdijk, en Hollande. Et le dernier en lice auquel j’ai pensé en allant chercher le livre : le moulin de Pointe-aux-Trembles... construit par un maçon dénommé Jean-Baptiste Deguire. Deguire patronyme de ma mère. C’était le fils de mon ancêtre François Deguire dit Larose. Quand j’écrivais viscéral « qui provient des profondeurs de quelqu’un »!

Peu importe vos raisons, je vous invite à vous le procurer via le site du Centre de généalogie de la Petite-Nation >>>

Livre Ripon, j'ai la couleur d'une rivière >>>

Et bientôt, en 2024, d'autres surprises, -- je suis dans le secret des dieux!-- au moins un autre livre, qui concerne Saint-André-Avellin, cette fois. Ça sent le 350e anniversaire de la seigneurie de la Petite-Nation!


lundi 18 décembre 2023

Ça ne m'amuse plus

Un deuil? Un autre. Non, ce n’est pas le bon mot, ce n’est pas si douloureux.
Un renoncement? Oui, quand même un peu. Dur sur mon orgueil surtout.
Une autre étape...  acceptée, assumée.
Pas vraiment une étape vers autre chose de différent, plutôt vers... plus du tout.

Voilà, je suis devenue incompétente. Plus envie de chercher. D’y passer des heures. Ce n’est plus un loisir. Ce n’est plus un plaisir.
Je cherche le début pour voir combien de temps j’ai tenu. Le nombre de fois que j’ai recommencé, revisité, reformulé, alimenté, mis à jour. Des heures, des jours, des semaines.
J'ai changé de logiciel : de Frontpage à WebCreator 7Pro.
J'ai changé de nom : De nos pinceaux et de nos stylos, falstrault-lamarche.blogspot, despagesetdespages.com, claude-lamarche.com
J'ai changé l’entête, le graphisme.

En tout cas depuis 2008, c’est certain, c’est écrit dans ce blogue.
Le site « de nos pinceaux et de nos stylos » que j’avais créé avec Louise Falstrault pour parler de ses tableaux et de mes écrits est devenu « despagesetdespages.com » en 2009, c’est écrit dans les Whois.

C’était un jeu, ça m’amusait. Je me trouvais bonne. Plus maintenant.


C’est le site http://despagesetdespages.com/ que je délaisse. Je le laisse tel qu’il est. Tant pis s’il n’est pas « adaptatif », si les photos que je vois sur mon ordinateur ne se voient pas sur une tablette ni un téléphone. Je n’ajouterai pas mes prochains voyages, je ne chercherai pas à changer ces fichus à en é dans ma base de données de généalogie. Je ne le mettrai plus à jour.

Il viendra un jour prochain, pas si lointain où je ne renouvellerai pas mon nom de domaine et ne paierai plus un hébergeur. Pour l’instant, je délaisse, bientôt je délesterai.

Je garde mon blogue. https://www.claude-lamarche.com/ D’abord, il est gratuit et jusqu’à maintenant Blogger ne me demande pas d’apprendre de nouvelles techniques. Il n’a pas changé depuis que je l’utilise. On reste entre vieux copain-copine.
Aussi longtemps que j’y trouverai du plaisir.


samedi 16 décembre 2023

Ombres de la nuit et lumière du matin

Elles se faufilent comme des ombres errantes
Le jour, je les chasse, je les évite, je les contourne, je les rejette
Jusqu’à l’oubli
Je me retiens d’en parler
Je me retiens de les laisser venir
Je les fais taire comme on chasse des moustiques piqueurs

Pendant le sommeil ou la somnolence
alors que je suis seule
qu’aucun travail
qu’aucune activité
qu’aucune personne
qu’aucune opinion ou commentaire
qu’aucune nouvelle
ne me force à l’action, ne m’entraîne dans la quotidienneté, ne me distrait, ne m’oblige au devoir
elles reviennent comme des couleuvres, pire, des serpents venimeux.

Elles insistent, persistent, sifflent, courent, dessinent, parlent...
ces ombres, mes ombres que sont...
les pensées noires
et avant elles, les pensées de la maladie
celles de la solitude aussi
et après elles, les pensées de la mort.

Celles que j’ai fait taire, que j’ai retenues dans la journée
quand j’ai eu mal aux genoux en me levant
quand j’ai eu un petit vertige en marchant d’un pas chaloupé
quand j’ai vu une tache brune sur mon visage
quand j’ai eu mal à la gorge
quand j’ai senti une boursouflure sur un sein
quand j’ai vu les grands pins plier sous le vent
quand j’ai senti une odeur de surchauffe
quand le téléphone a sonné
quand j’ai cherché mes mots
quand je n’ai pas su dire non
quand j’ai haussé le ton
quand je n’ai pas osé dire je t’aime
quand j’aurais voulu entendre je t’aime




Mais
avec moi, il y aura toujours un « mais », je puis compter sur lui
Depuis que le maïs est coupé
j’ai retrouvé mes soleils couchés
mon horizon dégagé
Le soir avant de m’aliter
je me plante devant le grand champ blanc l’hiver, vert l’été
j’implore le soleil d’accueillir mes troublantes pensées et de les emporter
et de me les rapporter le lendemain matin, toutes belles et sans anxiété.

Que reviennent les pensées joyeuses
sinon optimistes au moins réalistes
que la force, le courage, la patience gagnent
que l’amour l’emporte
de moi, de toi
de la vie.