Je l'ai emprunté à la BANQ, je l'ai commencé au nord et terminé au sud, les deux pieds dans le sable chaud, comme dit la chanson.
J'avoue que je ne suis pas fan de Laferrière, du genre qui se jette sur tout ce qu'il écrit (qu'il ne s'en offusque pas, je cherche encore pour quel auteur je le fais), bien sûr, je ne suis pas insensible à tout le tapage médiatique dont il est entouré et ce, depuis la parution de son premier roman. J'ai renoncé depuis longtemps à comprendre comment sont décernés prix et nominations, peu importe la discipline, alors disons que le fait qu'il remporte tel ou tel prix me laisse froide, mais me rend curieuse. Je suis comme tout le monde, je prends le livre primé, je le feuillette, rien ne m'attire particulièrement, et bien souvent, je le remets sur la tablette jusqu'au prochain Salon du livre ou ma prochaine visite dans une librairie. J'ai lu le Prix Femina, dont j'ai oublié le titre c'est vous dire, et je dois avouer que j'ai aimé. Le personnage-auteur me plaît plus que ses livres. Pour l'avoir vu, entendu et même lui avoir parlé un peu soit aux Correspondances d'Eastman soit dans un Salon du livre, je le trouve sympathique, j'aime sa modestie. Mais je suis plus rue Fabre que Petit Goave.
Journal d'un écrivain en pyjama
Mais quand j'ai entendu le sujet de Journal d'un écrivain en pyjama, tout de suite, j'ai voulu lire. Comme souvent, je me suis précipitée sur le site de la BANQ, évidemment, il fallait attendre, nous étions en septembre, je l'aurais début octobre. Je l'ai eu quelques jours seulement avant mon départ pour Myrtle Beach.
J'ai tout lu, à peine passé quelques pages... sur Haïti justement. Je l'achèterai parce que je veux relire certains passages. J'ai lu comme une auteure et non une lectrice. Même que j'ai été surprise d'entendre une personne dire qu'elle l'avait lu alors qu'elle n'écrit pas. Je pensais que ce genre de billets écrits comme un blogue n'intéresseraient que des écrivains, en herbe ou non. C'est beaucoup mieux que Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke pour la simple raison que c'est écrit aujourd'hui et qu'on connaît l'auteur.
Mauvais livre
Pas d'accord avec tout ce qu'il dit, nous n'avons pas à l'être non plus, mais deux mots m'ont bien intriguée à plusieurs reprises: « mauvais livre ». Je ne peux le citer puisque je n'ai plus le livre, mais il revient souvent sur le sujet. Je me demande bien ce qu'est un mauvais livre. N'est-ce qu'une question de temps pour qu'un livre soit mauvais? L'est-il dès sa publication? Dès l'écriture? Naît-il mauvais ou il le devient? C'est quand les lecteurs le boudent? Quand il s'en vend moins que le précédent? Ou quand après 15 ans l'auteur le relit et le renie? Quand le critique ou le professeur d'université le juge comme tel? Qui a envie de publier un « mauvais livre »? Un ouvrage peut-il être mauvais pour un lecteur et bon pour l'autre? J'aurais voulu des titres, même si je comprends que ce devait être mal aisé d'en citer quelques-uns. Mais pourquoi pas puisqu'il en nomme tant et tant (je n'ai pas lu le quart des auteurs qu'il cite). Est-ce à dire qu'ils sont tous bons? Tant parler de mauvais livres, ça suppose que d'autres sont bons. Bons pour qui?
Opinions versus émotions
Comme tant d'autres, il conseille de ne pas écrire nos opinions, si on le désire, on n'a qu'à écrire un essai. J'aurai quand même réalisé que je n'écrirai jamais d'essais: je n'ai pas d'opinions. Pas très arrêtées en tout cas. Je n'étais pas forte en dissertation à l'école et je comprends pourquoi: je ne tiens pas mordicus à telle ou telle idée et je n'envie pas les personnes qui tiennent aux leurs. Je suis femme d'émotions. J'aime en parler, en lire, et j'espère réussir à en écrire. Sans doute pour cette raison que, comme Laferrière, je puise dans la vie des gens mon matériel d'observation. La vie des gens qui m'entoure est un terreau fertile.
Je m'arrête ici, j'y reviendrai sûrement quand je l'aurai acheté. D'autant plus tentant que son roman, en numérique, est la moitié du prix du livre papier, c'est rare. Habituellement ça ne dépasse pas 20%.
Pas parce que je m'identifie à lui, je ne crois pas qu'un éditeur m'envoie à Paris, mes romans n'ont jamais dépassé un tirage de 3,000 exemplaires, je ne suis plus une jeune auteure en herbe. Mais de le lire, de se reconnaître dans le rêve, c'est très inspirant.
Était-ce le bruit de la mer, mes pieds dans le sable, le doux temps, le plaisir de lire, ou son roman inspirant, mais je sais que je terminerai mon manuscrit cet hiver.
Empruntez-le (ou plutôt réservez-le) à la BANQ, via www.pretnumerique.ca
(photo empruntée au site de l'éditeur)