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dimanche 15 novembre 2020

Le choix des mots

Professeur, je disais des milliers de mots dans une heure. 
Infographiste, je cherchais les meilleurs, les plus précis pour les titres d’articles, pour les annonces. 
Auteure, je peux jongler avec les mots pendant des jours, des semaines. 

Hypersensible aux mots. Ceux que je dis, ceux que j’entends. 
Nos conversations marquées par l’oralité ne laissent pas le temps à la nuance ni à la recherche du mot juste. Pendant que je trébuche sur un mot, déjà un autre sujet. Pourquoi les réponses courtes, même maladroites, ne me suffisent-elles pas? Pourquoi toujours vouloir débattre ou tout nuancer? Juste jaser, c’est possible non! 

Aujourd’hui, le mot « envahissante ».
Je pourrais me contenter de répondre « non, non, bien sûr que non, tu n’es pas envahissante ». Et ça s’arrêterait là. Choisir la facilité, la bienséance. Émoticône sourire. Et on passe à un autre sujet. 
J’ai choisi la taquinerie : « bien sûr que tu es envahissante... » me suis-je entendue dire. Me suis sentie obligée de rajouter « mais pas dérangeante ». Ça me trotte dans la tête depuis. Je cherche encore une meilleure réponse, probablement parce que je ne sais pas ce que je ressens, je ne sais pas clairement ce que je pense. Boileau a bien raison.

La semaine dernière, c’était le mot : « folle ». J’entends très souvent « fou » ou « folle ». Pas pour me qualifier, moi. Non, pour décrire quelqu’un: Trump, un tueur. Une femme dont le comportement ne fait pas notre affaire, nous dérange, nous fait souffrir. On dit « folle » pour ne pas chercher plus loin. On se protège, on fuit, on évite. On juge.

Quand les mots traînent dans mon esprit, c’est que le doute vient de s’installer. Ou le malaise ne se dissipe pas. Ou comme dit Lisanne Rheault-Leblanc dans son livre Présages : 
« Certains mots reviennent et reviennent : leur répétition actionne maladroitement des leviers rouillés, déclenche des flashs, des brûlures de honte, une suite d’images troublantes dont la bande sonore s’est égarée dans les archives. »
Il ne faut pas non plus imaginer que c’est maladif mon affaire. Ou souffrant. Les mots me font jouer au Scrabble, à Alpha Betty. J’en ai fait mon métier de cette recherche des mots. Exercice matinal aussi : écrire la soirée de la veille ou le plaisir du jour. Ou le trop-plein. 

Et ne me dites pas de lâcher prise ou d’arrêter, ou de ne pas m’inquiéter. J’aime bien chercher, essayer de comprendre, approfondir et si possible expliquer, communiquer. 
Comme assembler un casse-tête, celui de ma vie.


lundi 3 septembre 2012

Mais c'est comme ça


Les derniers mois, j’ai préféré publier des billets où je montrais plutôt les photos prises que parler des livres lus ou des textes que j'aurais pu écrire. J’ai quand même lu quelques livres empruntés à la bibliothèque.
Tout le monde sait qu’il y a des événements bizarres dans la vie, des coïncidences que j’observe, mais que je ne cherche pas nécessairement à expliquer. Il y a quelques mois à l’annonce de la publication du dernier roman d’Arlette Cousture, j’avais parlé de ma déception devant le titre anglais « Pearl’s pub » (c'était là>>>). Ce n’était pas le seul, mais celui-là m’avait touchée d’autant que mon admiration pour l’œuvre de cette auteure était sans borne.
À quelques occasions, lors de mes brefs et rares visites dans les librairies, je me risquais quand même à le feuilleter. Le cœur continuait à me faire mal en voyant le choix (de l’éditeur? De l’auteure?) des notes en bas de page pour la traduction des très nombreux passages en anglais, choix qu’Arlette Cousture m’avait expliqué  avec arguments défendables, je dois bien l’admettre. La graphiste en moi, autant que la lectrice, accrochait à ce procédé.
Malgré ces irritants, je fus bien heureuse que la bibliothécaire me montre fièrement sa dernière acquisition et m’en propose la lecture.
La coïncidence — j’y viens — tient au fait que j’ai commencé (et achevé tellement l’attente est longue) la lecture de Pearl’s pub dans cette ville de l’Est ontarien où le français est en baisse constante : Orléans, près d’Ottawa.
Mes oreilles entendaient un peu de français, surtout de l’anglais et, le plus souvent, un mélange des deux pendant que mes yeux lisaient la même mixture. Heureusement que je n’avais rien d’autre à faire que d’attendre que les techniciens réparent mon véhicule récréatif parce qu’il est certain que j’aurais laissé Angélique, Violette et encore plus Margaret/Marguerite à leurs amours.
À mon avis, Suzanne Aubry (et son éditrice, parce que je demeure convaincue que c’est un choix qui ne revient pas qu’à l’auteure seule) a beaucoup mieux réussi à faire comprendre aux lecteurs la difficulté d’une Irlandaise à parler le français quand elle arrive dans un pays francophone: quelques mots ici et là en gaélique, de petites phrases vraiment courtes, écrites en italique, qui tiennent en une ligne, ce qui fait que nos yeux sautent l’italique et vont directement à la traduction qui suit immédiatement le gaélique. Un procédé qui suffit amplement à expliquer la situation des nouvelles arrivantes. Au besoin l’auteure complétait certaines informations dans la narration.
La lecture des Fanette glisse facilement alors que celle Pearl’s Pub est fort ardue. Nos yeux s’y perdent à devoir descendre chercher d'abord la bonne ligne, puis lire la traduction des notes et devoir remonter au texte principal. Encore pire, quand la pauvre Margaret tente de glisser des mots en français dans sa phrase, on a envie de passer par-dessus tout le passage.
Vous voyez, je ne parle même pas de l’histoire, tellement je suis frustrée de la simple lecture. Histoire qui est très bien ficelée par ailleurs, pleines d'émotions et de justes observations sur ce Montréal de la fin du 19e siècle.
Quant au titre, je reste sur mes positions, bien d’autres, en français, auraient mieux convenu. Je sais que l’auteure en avait proposés, alors j’en veux à l’éditeur de n’avoir pas su faire preuve de plus d’imagination d’autant que ce fameux pub, on ne l’entrevoit qu’aux trois quarts du roman, donc ledit titre ne reflète même pas l’ensemble du livre… à mon humble avis toujours.
Sur l’heure du diner, je suis sortie manger et j’ai poursuivi ma lecture. De devoir commander mon repas en anglais en entendant vaguement la télévision en anglais, d’être assise à côté de voisines qui se racontaient leur fin de semaine en français, je ne peux nier que j’étais tout à fait dans l’atmosphère du roman d’Arlette Cousture. Sauf qu’à ce que je sache, celle-ci est québécoise et son livre s’adresse à un lectorat francophone. En France, où l’anglais est porté fièrement ces années-ci, peut-être sera-t-il mieux apprécié?
Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis si sévère envers ce roman -- d'autant que je le répète, l'histoire est très intéressante--  ou pourquoi l’irritation née du titre en anglais, accentuée par le procédé des phrases traduites ou du choix de les utiliser si nombreuses  me font oublier le bonheur de lire une bonne histoire, mais c’est comme ça. Je pourrais me taire, j’ai l’habitude de passer sous silence ce qui me déplaît et trouver plutôt ce qui est bien dans mes lectures (ou dans ma vie en général), mais c’est comme ça… cette fois-ci. J’en suis la première désolée.

(illustration empruntée à l'éditeur)

mardi 1 février 2011

Encore et toujours le français!

 
 Les derniers jours, je montais une brochure pour l’Association pour le soutien et l’usage de la langue française. Un organisme qui s’intéresse à la qualité du française dans les écrits ou les communications. Sur leur site, de nombreuses capsules linguistiques. Une association qui a son siège social dans la ville de Québec, mais qui a des ramifications jusqu’à Montréal. Les membres se rendent parfois à Gatineau rencontrer leur cousin Impératif français.

J’aime bien Impératif français qui souligne les efforts des uns et les négligences des autres par des prix d’excellence et un prix Citron. Celui donné en 2009 à - à la compagnie Red Bull qui, « sans aucune considération et aucun respect pour l’environnement culturel du Québec et de sa capitale nationale, a baptisé sa compétition Red Bull « Crashed Ice ».
Tellement, tellement à changer, à surveiller. Être vigilant tout le temps. Parfois je suis découragée, je me sens seule à être à contre-courant, à être contre le fait qu’on choisisse un titre en anglais pour un roman québécois.

Je me sens parfois nulle en français quand je fais les exercices sur ce site>>> . Je me remonte le moral quand je vois toutes les fautes que font certains journalistes, fautes que Line Gingras relève dans son blogue. Quand je vois tous les organismes, et tous leurs membres, qui veillent au grain, qui disent haut et fort leur fierté de la langue française (ce qui ne veut absolument pas dire qu’elles se cachent la tête dans le sable et dénigrent les autres langues ou dénient le fait que nous soyons entourés d’anglophones) et qui résistent à cette attraction contagieuse pour la culture américaine, ça me donne un peu de force et de courage.

Dernière irritation donc : l’émission LOL. Je ne veux même pas savoir leurs raisons, c’est non en partant. MDR aurait très bien fait l’affaire. Oui, je traduirais tous les titres de films, de livres, d’émissions qui viennent des pays anglophones, mais, ici il ne s’agit même pas de traduction, l’émission est une conception purement québécoise, alors pourquoi un titre en anglais?

samedi 20 mars 2010

Même quand je n'aurai plus de mots...
ils seront en français

Au lieu de me contenter d'un commentaire après la lecture d'un billet, il pourrait me venir l’idée d’en parler ici, plus longuement, mais je ne suis pas du genre longue analyse, éditorial percutant, opinion énergique, débat passionné. Je dois bien avouer que je deviens facebookienne ou twitterienne (même si je n’y suis pas inscrite sur ce dernier), au sens où j'écris de plus en plus court.

Alors, il vaut mieux rendre à César… et simplement retracer mon parcours matinal :
Acheter un livre directement de l’auteur chez Dominic Bellevance
Doit-on traduire ou non? chez Isa Gusso

Cette question de traduction m’a ramenée à une demande d’ami, sur Facebook : une entreprise québécoise, dont la raison sociale est en anglais. En tout cas la raison sociale fournie sur Facebook parce qu’ils en ont deux ou trois autres plus ou moins bilingues. On dirait qu’ils veulent jouer sur tous les tableaux et en sont à la période d’essai pour cette nouvelle appellation. Les propriétaires et même leurs parents sont on ne peut plus francophones. La page d’accueil de leur site, qu’ils nous invitent à visiter, est unilingue anglaise, pas de lien vers le « français ». Un site visiblement pas fini puisque tous les onglets ne mènent qu’à une seule et même page… bilingue celle-là. Avant de refuser leur demande d’amitié, je leur ai quand même demandé pourquoi une raison sociale en anglais? Juste pour lire leur réponse. Ils recherchent une « clientèle internationale », ont-ils répondu. Pourtant dans le même élan, ils prétendent que leur principale clientèle est québécoise! J’ai cliqué sur « ignorer » leur demande d’amitié. S’ils veulent des anglophones qu’ils ne me demandent pas d’être adepte. Point final. Qu'ils s'étouffent avec leur choix que je ne cautionnerai pas.
Je verrai tomber un à un mes compatriotes, sous la pression ou sous l’indifférence, je ne ferai pas d’esclandre, je ne crierai pas après les commis qui mettent les boîtes de conserves du côté de l’anglais sur les étagères, je ne refuserai pas de louer les films même si le titre anglais est plus gros que celui en français sur la couverture du DVD, je n’écrirai pas de lettre à l’Office de la langue française, je l’ai déjà fait sans résultat (je vais quand même relire quelques-uns de ces documents >>> ).

Je porterai haut le flambeau de la fierté jusqu’à mon dernier mot. Et tolérance zéro pour les concessions. Même si je manque d’arguments... et de mots. Une évolution, oui, l’acception d’une langue vivante, oui, mais je demande une logique, des raisons solides et surtout pas la tendance mode, la tendance mondiale, la tendance commerciale et monétaire, la facilité.

Finalement je l’aurai fait mon éditorial.

dimanche 30 août 2009

Réfractaire à l'anglais?

Je voudrais ne pas être aussi réfractaire. Soupe au lait sur ce point. En vieillissant je deviens sage sur bien des sujets mais pas celui-là. C’est dur sur les émotions de toujours résister. Avant de chercher à le contenir, à le calmer cet embrasement je devrais le comprendre, savoir d’où il vient. Pourquoi est-ce que ça m’agace de voir dans un blogue, que ce soit d’un Français ou d’un Québécois, des dates ou des sous-titres en anglais ? Et ne me dites pas que c’est parce que le blogueur ou la blogueuse n’a pas trouvé la façon de les changer, si on est capable de se partir un blogue, ce n’est pas très difficile de repérer les mots en anglais et de les changer ou de cocher « Lundi » au lieu de « Monday », de changer « comments » en « commentaires ». Donc à priori c’est voulu. Et supposons qu’à la limite, dans certains forums par exemple, au langage php plus complexe, il soit plus difficile de changer les formulaires, pourquoi est-ce que ça me choque quand même que le propriétaire ne fasse pas l’effort de trouver la manière ou de changer tout simplement de plate-forme ? Je n’en veux pas vraiment à la personne, je cherche surtout à comprendre pourquoi ça m’agace. Et là je ne parle que d’internet, mais le même choc devant des livres, des DVD, tout texte où l’anglais est utilisé quand le français suffirait. Intolérance quasi-zéro. Réfractaire, rebelle. Un coup dans le cœur chaque fois. Même que je refuse de m’inscrire, de lire ces blogues, ces forums, d’acheter un produit. Peut-être que je me prive de quelque chose de bien, mais je ne peux pas. Je referme sans même lire. Je ne prends rien dans mes mains, ça me brûlerait le coeur. Aucun pardon.

C’est comme l’anglais langue seconde dès la première année. Bien de la difficulté avec les raisons. J’ai beau avoir des exemples d’enfants qui distinguent parfaitement l’anglais de leur père et le français de leur mère ou vice versa et maîtrisent parfaitement les deux langues sans jamais les mêler, il me semble que c’est un jeu dangereux. Pourquoi suis-je si sensible à tout ce qui touche le français ? J’ai été élevée dans l’amour et le respect de la langue française. Les deux grands-parents de mon grand-père maternel étaient Irlandais mais il faut croire que le un huitième de sang qu’il me reste n’a pas su domestiquer l’autre septième ! Ma mère a été traductrice une bonne partie de sa vie, c’est elle que je consultais pour mes devoirs en anglais, elle n’a jamais dit un mot contre, elle m’a plutôt appris « ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait ». Du côté de mon père aussi : enrichir son vocabulaire, utiliser les bons mots, chercher dans le dictionnaire, lire, acheter des livres, passer des après-midis dans une librairie et des journées entières dans les bibliothèques sans jamais s’ennuyer, c’était très important. Ce qui n’a pas empêché mon père d’enseigner le latin dans une école anglophone. Rien contre l’anglais, mais entre un voyage aux Etats-Unis et en France, ils ont toujours choisi la France.

Est-ce que ça explique tout ? Une partie seulement. Je n’ai rien contre l’anglais non plus, je voyage beaucoup plus aux Etats-Unis et au Canada (parce que ça coûte moins cher surtout !) et j’ai appris à aimer ces pays, les gens qui y vivent. Donc ce n’est pas par xénophobie que l’émotion me submerge quand je vois des mots anglais au milieu d’un texte qui est en français. Pourquoi est-ce que je ne tolère pas le gris entre le noir et le blanc ? Moi qui me dit si nuancée pour tout le reste.

Non, vraiment, je ne sais pas pourquoi, c’est trop profond, complexe, global, instinctif. Comme une survie, une raison impérieuse. Et puis c’est comme ça. Je dois vivre avec mon poil qui se hérisse, ma gorge qui se bloque, ma colère qui monte, les mots qui me manquent et les fermetures d’écran.

(image d'un forum francophone où tous les boutons sont en anglais, exemple seulement, il y en a tellement d'autres)