mercredi 28 décembre 2011

Je ne comprends pas


Je n’en suis pas à ma première publication en tant qu’auteure et, dans le milieu de l’édition, j’ai un tout petit peu d’expérience, mais tout de même, je ne comprends pas. Dans la chaîne du livre, il y a l’auteur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur, le libraire et le lecteur. Dites-moi si j’en ai oublié? Qui a intérêt à ce que le livre se vende? L’auteur, l’éditeur (l’imprimeur s’en fout, il a été payé, mais tout de même s’il y a réimpression, il sera bien content, mais disons qu’on l’oublie pour l’instant), le distributeur et le libraire. À qui donc incombe la responsabilité de la vente du livre? C’est parce que je ne me sens ni compétente ni dynamique, ni compétitive que je n’ai pas accepté, il y a plusieurs années, de poursuivre dans la voie de l’édition. Je me suis contentée du graphisme et de l’écriture d’un livre. Je ne sais pas trop qui de l’éditeur, du distributeur ou du libraire doit faire tout son possible pour que chaque livre se vende le plus possible. Donc, je ne pointe personne du doigt, mais permettez que je pose des questions, que je livre mes observations, que je passe mes remarques. 

Je ne comprends pas. 

Sachant que je suis une auteure de l’Outaouais, sachant que l’éditeur est de l’Outaouais, sachant qu’il est plus probable que les médias de la région parlent de mon livre, plus que ne le feront ceux du reste du Québec (ce qui fut le cas), je ne comprends pas pourquoi il y a deux exemplaires seulement dans les librairies de l’Outaouais. Même nombre qu’à Amos ou Jonquière ou Granby ou même Montréal. À deux exemplaires, il est certain que mon livre ne peut pas constituer une pile, ne peut pas être sur un des blocs d’entrée, à la vue du visiteur. Je ne comprends pas pourquoi les libraires de l’Outaouais (ou de n'importe quel coin du Québec) n’ont pas un petit coin pour les auteurs de leur région, comme le font certaines bibliothèques. 

Il faut croire que je ne comprends rien à la vente. Qui devrait intervenir? Suis-je la seule à remarquer ces faits? À qui m’en plaindre : à l’éditeur qui fait de son mieux, au distributeur qui fournit le Québec entier, aux libraires de ma région? 

Je me contente pour l’instant de le noter dans ce blogue. Je me suis contentée aussi, cet après-midi, à Gatineau, de mettre le dernier livre qu’il reste dans une librairie (sur deux souvenez-vous) face devant.

mardi 27 décembre 2011

Passages obligés


Ne trouvant pas dans mes souvenirs ce à quoi je croyais quand j’étais enfant, comme Pierre H. Charron, j’ai plutôt relevé quelques étapes importantes dans ma vie. 
J’ai déjà lu dans Passages de Gail Sheehy (non, non, ne vous fiez pas au lien, j'ai bel et bien lu ce livre en français!) que nous vivons des «passages» à chaque dizaine environ. J’ai remarqué que les étapes importantes dans ma vie personnelle se passaient autour du chiffre 9. 
À 9 ans, ville nouvelle, école nouvelle, nouvelles amies (il faut dire que je changeais d’école chaque année, rien de bien différent, mais ce passage plus marquant parce que plus houleux). 
À 19 ans, je peinais amoureusement (on ne me fera jamais changer d’idée : la jeunesse n’est pas la plus belle période de la vie. Pas chez moi en tout cas). 
À 29 ans, je renonçais à gagner ma vie comme auteure et je me cherchais un emploi (à chaque renoncement suit un commencement, mais parfois la peine est plus profonde que la joie est réjouissante). 
À 39 ans, ah! un voyage en Europe, beau fixe. 
À 49 ans, j’en arrachais physiquement, je laissais mon emploi et je devenais travailleur autonome, à la maison. 
Je surveillais donc mes 59 ans. Rien à signaler. Eh non, belle année! Pas de passages difficiles. À 60 non plus. Fausse alerte ai-je cru, je vivrais une soixantaine tranquille. Mon horloge biologique n’a eu qu’un petit retard et un petit revirement : à 61 ans, la joie d’abord, les déceptions ensuite. Le doute qui gruge, les petites peurs qui grossissent, la réalité qui chasse (ou éloigne ou retarde) les rêves. Un seul espoir : avec les années, j’ai appris que justement ce n’est qu’un passage, un chemin, une tempête et qu’après les bourgeons reviennent, les feuilles verdiront, même si ce n'est pas le même vert. Et même pendant, à moi de voir les sourires, de profiter des journées ensoleillées, de lire un bon livre. Je suis mieux armée qu’à 9, 19, 29… je n'ai plus besoin d'avoir hâte que ça passe, je vis tout pleinement.
En avril, j’aurai 62 ans.
(photo de l'auteure de ce blogue, à 9 ans)

lundi 26 décembre 2011

Neige



Lendemain de Noël, ma journée préférée. Le soleil, la neige blanche, beauté hivernale: joies et plaisirs assurés. Le silence de la forêt, les traces de lièvre, les premiers pas dans la neige fraîche. Les joues qui sentent bon. Les yeux brillants qui regardent les arbres, de près de loin. Instant présent. Rien d'autre. Que là, que cela. Reconnaissante.

jeudi 22 décembre 2011

Ah! le temps des fêtes!


Écrire forcée, je peux rarement. En fait, je peux, mais ce n’est pas senti, pas très beau, pas original, pas organisé. Comme un examen, je ne suis pas à mon meilleur. Comme la carte qu’il faut écrire parce que c’est l’anniversaire de quelqu’un. Comme les vœux pour les Fêtes. Parce que j’écris, parce que j’aime écrire, on croit à tort que je peux écrire sur commande. Pour écrire, forcée, il me faut au moins une période de réchauffement, des brouillons. Et rien dans la tête, rien qui presse, rien à penser d’autre.

Ces jours-ci, j’ai la tête ailleurs, je n’ai pas le goût d’être poussée dans le dos ni par le verglas, ni par les obligations, ni par les fêtes et ses préparatifs.

Je lis les billets des autres, je relis ce que j’avais écrit les dernières années et rien ne me vient pour cette année. Je pourrais être ordinaire, conventionnelle, écrire des phrases toutes faites ou copier celles des cartes commerciales. Je pourrais. Pas que je n’ai pas le sourire, pas que je suis de mauvaise humeur, pas que je suis clouée au lit, fiévreuse, non, juste pas le goût d’écrire sur Noël qui vient. Ce soir, demain soir, le 24 et le 25, je vais voir du monde, de la famille, des amies, je vais aller chez eux, ils vont venir chez nous. Je vais parler, je vais manger, je vais recevoir et donner des cadeaux, une partie de moi sera heureuse, mais je sais que je vais faire des phrases banales, je vais lever mon verre en formulant les souhaits habituels. Et après, fatiguée, je vais m’écrouer sur mon lit et repenser à ces soirées, et je vais être probablement déçue de moi, les émotions à l’envers ou pas d’émotions du tout. Parce que, forcée, je ne suis pas le meilleur de moi-même. Une partie seulement, la sociale, la bavarde. Je suis une bavarde sociale comme on est une buveuse sociale. Pas à mon meilleur. Pourquoi faudrait-il que je le sois toujours? Écrire forcée, je suis plate. 

Pourquoi j’écris alors? Probablement pour voir si le petit démon va finir par se changer en ange, si la rebelle en moi peut accepter un peu de convention.

Peut-être est-ce seulement parce qu’il n’y a pas de neige, pas de magie : le cœur n’y est pas. Peut-être.

(illustration: extrait d'un tableau de Louise Falstrault)

samedi 17 décembre 2011

Une raison pour aimer un roman


Est-ce question d’intelligence? Non je ne crois pas. De tempérament, peut-être. Je n’ai jamais aimé analyser. Comprendre oui, chercher, fouiller, oui, mais analyser, décortiquer, formuler en phrases, non. Je dois être une intuitive. Donc je viens de m’apercevoir — intuitivement — que dans mes lectures, l’histoire, à elle seule, ne suffit pas pour que le roman m’intéresse, que les personnages, à eux seuls, ne suffisent pas pour que je m’identifie à eux. Je viens de comprendre que le style de l’écriture m’impressionne ou m’attire ou m’amène à la page suivante et encore et plus loin. 

Comment j’ai saisi ce phénomène? En lisant — rapidement — 33, rue de la Baleine de Myriam Beaudoin et en commençant aussitôt après Chroniques du Pays des Mères (ça m'arrache les doigts de devoir mettre des majuscules à pays et mère!) d’Élisabeth Vonarburg. Le premier, malgré les critiques assez élogieuses merci, dont celle de Venise dans son blogue Passe-mot, je n’ai pas eu ce wow, ce coup de cœur, ce plaisir, même pas une petite émotion que ce roman a fait naître chez bon nombre de lecteurs. Je n’ai pas détesté, j’ai même assez aimé, mais je ne parvenais pas vraiment à trouver ce qui me décevait. Je ne voulais pas que ce soit une simple question de graphisme : j’aurais mis les lettres en italique, choix bien personnel qui, je l’avoue, m’aurait fait passer certains passages où, à mon avis toujours, il ne se passait rien. L’intrigue n’a pas été suffisante pour me retenir bien longtemps, mais j'ai tout lu dans l'espoir d'y trouver, bien plus que le dénouement final, le pourquoi tant de gens avaient aimé.

J’en ai compris la raison après la vingt-cinquième page du roman d’Élisabeth Vonarburg : le style. Je me suis mise à penser pourquoi je n’aimais pas beaucoup les séries de Michel David, même si je dois admettre que l’histoire se lit toute seule et que les personnages peuvent être attachants. J’ai pensé aux livres de Cormac McCarthy que je n’ai pas terminés. J’ai pensé aussi au Si le grain de meurt d’André Gide que j’ai lu avec grand plaisir, à l’automne, je me disais que c’était le fait que ce soit une biographie, mon genre préféré. J’ai même pensé que j’étais devenue snob en matière de lectures : madame ne lit plus n’importe quoi, madame ne lit que de la littérature! Mais non, c’est tout simplement le style qui m’accroche, ça ne fait de moi une snob. S’il fallait m’en convaincre, je me suis rappelé qu’il y a bien des livres primés que je suis incapable de lire. Quand je lis et que j’admire comment les phrases sont construites, quand j’ai envie de recopier quelques phrases dans un cahier pour ensuite m’en servir (sans les recopier, juste m’en inspirer) lors de portraits, de descriptions ou tout simplement quand je veux accoler un adjectif à un nom pour que le lecteur voie, hume, entende… quand je prends mon temps pour déguster et non pas sauter au plus vite à la fin de l'histoire, c’est que j’aime vraiment le livre. Aimer d'amour, de jouissance et de reconnaissance. Bien sûr, si je m’identifie aux personnages en plus, si l’histoire m’intéresse (si je la comprends, ce qui n’est pas toujours le cas, je pense à L’énigme du retour de Dany Laferrière), alors, là c’est le plaisir assuré que j’étire. 

Vraiment, une belle journée : j’ai trouvé que le style dans un roman pouvait déterminer mon intérêt, le décupler. On m’aurait dit ça quand j’étais à l’école alors que je détestais l’ « étude comparative du style »! Il y a une différence entre aimer et analyser. Oui à la lecture, non à la dissertation. Oui aux courts billets de blogue, non à une maîtrise en littérature. 

Je retourne donc à la page 26 du roman d’Élisabeth Vonarburg, crayon à la main.

(Illustration empruntée au site http://sf.emse.fr/)

jeudi 15 décembre 2011

La vie après la vie du roman


15 décembre. Dans dix jours, Noël. Déjà petite folie dans les magasins. 

Mon roman est sorti en librairie le 12 octobre. Deux mois. Un autre mois et le distributeur fera probablement le tour des invendus. 

Si le livre est imprimé à moins de 1,000 exemplaires, pas grande chance qu’il se retrouve sur les cubes de promotion… 
Si deux livres par librairie, pas de quoi faire une pile impressionnante… 
Si aucun média n’en a parlé, sinon à la sortie du roman, une chronique à la radio régionale et un article dans un quotidien, régional aussi, (merci Andrée, merci Jessy, merci Michèle)… 
Si le service de presse de l’éditeur est d’une vingtaine d’envois… 
Si les personnes qui le reçoivent en service de presse n’en parlent pas… 
Si je reçois un chaleureux accueil d’estime de blogueurs et qui prennent la peine de l’acheter, de le lire et de le commenter (voir site des Têtes rousses >>>) 
Si des circonstances exceptionnelles décident de subvenir à ce moment précis (dois-je y voir un signe?), ce qui m’empêche de me lancer dans une promotion  auprès de libraires, de bibliothèques ou d’organismes où j’aurais pu présenter une mini-conférence ou des séances de signatures… 
Si on sait que ce sont les trois premiers mois les plus importants en librairie… 
Si on sait que le temps des fêtes est un temps propice à l’achat de livres à offrir en cadeau… 

Alors que puis-je faire pour le dernier sprint? 

La même chose qu’au début : espérer, faire confiance, lâcher prise. Ce que je pourrais faire de mieux, c’est de continuer à écrire, ce que je ne fais pas. D’arrêter de penser aux Têtes rousses, de rêver à sa traduction ou de le voir en film, de le laisser avoir sa vie, quelle qu’elle soit. Me réjouir de tout ce que le livre m’apporte et me fait vivre. Remercier tous ceux qui l'achètent, qui en parlent. Et me dire que la vie du roman n’est pas pour autant terminée après ces trois mois en librairie. Il reste les Salons du livre, il reste les bibliothèques.
Il reste surtout ma propre vie qui est toujours là, à attendre que je m’occupe d’elle.

vendredi 9 décembre 2011

Les troupes allemandes de Dominique Ritchot


Je ne suis pas la seule à partir de ses ancêtres pour publier un livre. Dominique Ritchot, généalogiste (une vraie de vraie, pas amateure comme moi) et descendante de soldat auxiliaire allemand,  s’est intéressée au livre de Virginia Easley De marce, The settlement of former German Auxiliary Troops in Canada after the American Revolution. Elle l’a non seulement traduit, mais revu toute la liste des soldats, consulté de nombreuses archives, corrigé des erreurs trouvées au cours de ses recherches et, après que les Éditions Septentrion aient abandonné la publication, l’auteure a persisté et a finalement pu voir le fruit de son travail, d’une bonne dizaine d’années, publié aux Éditions historiques et généalogiques Pépin (Institut généalogique Drouin) 

Ce n’est pas un roman, mais un ouvrage de référence fort bien documenté pour qui s’intéresse à la venue de ces soldats allemands longtemps appelés des « mercenaires », dans les années 1776-1783, pendant la révolution américaine.

Si je m’intéresse à ce livre, c’est que j’ai longtemps cherché l’ancêtre de Louise Falstrault: Heinrich Faulstroth, et c’est grâce aux recherches de Dominique Ritchot, entre autres, que je l’ai découvert. J’en ai déjà parlé, là>>>. Son livre nous permet de reconnaître de nombreux patronymes dont l’orthographe a changé au cours des années. La liste des épouses, en grande majorité francophone, est également très intéressante à parcourir.

L’auteure est aussi blogueuse à ses heures. Et elle s’occupe d’un forum sur les soldats qui provenaient de la région de Hesse-Hanau. 

(photo de la couverture, empruntée au blogue de Dominique Ritchot)

mardi 6 décembre 2011

Je pourrais parler de...


Je pourrais parler du décès de Louky Bersianik survenu hier, le 5 décembre. Reparler surtout de son Euguélionne qui m’a frappé de plein fouet quand je n’avais pas trente ans, et a laissé des traces qui ne s’effaceront jamais tout à fait, même si je suis incapable de relire le livre. 

Je pourrais parler de mon après-midi, assise sur une bûche à conter ma Petite-Nation à une équipe qui prépare une exposition permanente: comment je l’ai découverte, comment elle m’a conquise petit à petit, d’une plage sablonneuse à un grand lac rempli de plaisirs estivaux, à une descente de rivières, à l’amour des chutes Lockbow, où je n’amenais que les personnes aimées comme on livre une confidence, un secret, comme on dévoile le plus beau de soi-même. 

Je pourrais parler de Noël qui vient me chante-t-on de plusieurs voix, mais je ne suis tellement pas là et pas seulement parce que la neige se fait rare. Le repas de Noël risque fort d’être un buffet froid : charcuteries, fromages et toutes sortes de pains délicieux. Achetés prêts-à-manger. 

Je pourrais parler des livres que je ne lis pas, mais la nuit, quand je ne dors pas, j’écoute Fred Pellerin. Ses contes parlés sont bien différents de ceux écrits, mais je ne me décide pas à savoir lesquels je préfère. En fait, je prends les deux pour ce qu’ils m’offrent dans leurs plaisirs distincts. 

Je pourrais parler de bien des sujets, mais pas longtemps, mon esprit n’étant pas tout à fait assez libre pour plonger dans une chronique élaborée. Être collégienne, en dissertation, je n’aurais pas la note de passage, c’est certain. Incapable de rédiger un brouillon, tout au plus une prémisse.

Je me contente donc de publier la photo prise lors de mon passage au Salon des métiers d’art de Ripon où j’ai eu la surprise de voir arriver Pierre et Chantale qui me suivent partout, je dirais!


jeudi 24 novembre 2011

Des ballons lancés depuis trois ans


Il y a trois ans, je publiais mon premier billet. 
Trois ans. 

J’essaie de figurer ce que ça peut représenter 370 billets. Et je ne vois pas. On peut tellement faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Je ne suis pas femme de chiffres, suis personne de mots et d’émotions. Que j’aie publié x livres dans ma vie, qu’un événement attire 5,000 ou 20,000 personnes, qu’un artiste peigne 20 ou 120 tableaux par année, que je gagne 20,000 ou 40,000 $ par année, qu’il fasse moins 5 degrés ou plus 33 degrés, l’important pour moi n’est pas là. C’est comment je me sens, qu’est-ce que ça me fait aujourd’hui, là. 

Et là, maintenant, aujourd’hui, je suis assez contente de ce blogue et fière de moi. Même s’il n’est pas ce que je voulais qu’il soit au départ. Je voulais des chroniques, des billets, comme les journalistes en pondent chaque jour ou chaque semaine. Je croyais créer un petit hebdomadaire culturel où il serait question de ma région, des artistes qui m’entourent et de mes démêlés avec l’écriture. Pas de vie personnelle. Il pourrait y en avoir beaucoup plus, mais il y a en déjà trop. Même aussi s’il n’a pas la profondeur, l’impact, le sérieux que je croyais pouvoir y mettre. 

Je voulais témoigner, faire profiter les autres de mon expérience, au sujet du monde de l’édition surtout, mais je sais bien — j’ai toujours su — que chacun doit faire son chemin, doit se forger sa propre idée. Tout au plus puis-je dire, puis-je partager et lancer mon ballon. Qui le regardera, est-il beau, est-il profitable, est-il bien rond, qui comptera combien j’en ai envoyé, à qui son envolée profitera-t-elle? Je ne saurais dire. Ma partie, mon besoin était de les gonfler, un à un, et de les envoyer dans l’univers. 

Ce que je continuerai de faire tant que j’en retirerai du plaisir et que les aléas de la vie m’en laisseront le temps.

(Illustration créée par la graphiste de ce blogue)

mardi 22 novembre 2011

Des livres écoutés



On peut lire à peu près n’importe où, tout le monde le sait et même sur une table d’opération. Demain, mercredi, pendant que je lirai du Fred Pellerin dans une salle d’attente, l’opérée, elle, écoutera le même Fred Pellerin sur son lecteur Mp3. En effet, comme elle sera opérée au genou, elle ne sera pas endormie et comme elle ne veut rien entendre des instruments de chirurgie, on lui a suggéré d’apporter son lecteur. La maison Planète Rebelle a la bonne idée d’éditer des livres sur CD. 

Et début décembre, j’aurai le plaisir de lire quelques pages de mon livre Visions de la Petite-Nation qui date de l’an 2000. Le petit vidéo sera diffusé dans une exposition permanente dont le thème tourne autour des rivières et lacs de ma région. 

Comme quoi les livres peuvent lus… et écoutés. 

P.S. je remercie Sylvie, Isabelle, Lucille, Gen et quelques autres auteurs d’un groupe sur Facebook de m’avoir donné l’impression de vivre un peu le Salon du Livre de Montréal avec elles, malgré mon absence. Un plaisir bien goûté sans avoir mal aux pieds ou mal à la foule. 

(source de l'illustration: Planète Rebelle)

dimanche 13 novembre 2011

Salon du livre de Montréal: décision difficile

Décision difficile mais nécessaire: j'ai déchiré mon billet. Je ne serai pas au Salon du Livre de Montréal. Raisons très personnelles, circonstances exceptionnelles. 
C'est comme ça, on ne peut pas être partout et tout faire.

Ne m'y cherchez donc pas, ni comme auteure ni comme visiteuse, mais si vous désirez quand même mon roman, lui, il y sera. Enfin, j'espère. Stand de Prologue. 

Ne soyez pas triste pour moi, la décision a été difficile à prendre mais une fois prise, je suis fière de moi, et c'est très rare dans ma vie que j'ai regretté mes décisions.

(source de l'image: site du Salon du livre de Montréal, retouche de la graphiste)

samedi 12 novembre 2011

Premiers flocons

Oui, je pourrais chercher des mots pour dire pourquoi je suis sortie ce matin
pour expliquer ce que j'ai vu, ce que j'ai respiré, ce que j'ai senti
oui, je pourrais,
mais les mots, les phrases, c'est déjà autre chose, ce n'est pas le bonheur ressenti dans l'air frais, dans le bruit des feuilles foulées, dans ces petits grains blancs tout neufs.

Alors, non, je ne dis rien, je n'ajoute rien. L'instant est déjà passé, les premiers flocons ont déjà fondu. L'instant magique était là dans le temps de voir et de sentir.

mardi 8 novembre 2011

Silence



Souvent, j’ai dit que je préférais l’écrire au parler. 
Ce qui ne signifie nullement que j’ai toujours envie d’écrire. 
Troisième option : le silence. 
Ni écrire, ni parler et non plus écouter ou lire. Juste regarder ou marcher. Faire le vide de toutes les paroles entendues, de tous les mots des autres. Ne rien penser. Prendre des vacances de la pensée. 
Ce que je compte faire, ce que je fais déjà. 
Oui, je sais un blogue ne doit pas être un blogue de silence, mais permettez que le mien le soit quelques jours au moins.

(photo de la blogueuse: en face de chez elle)

mardi 1 novembre 2011

Une lectrice conquise


Pour que j’aime un livre, l’histoire doit être intéressante et le texte bien écrit. Les détails historiques sont si bien immiscés dans le déroulement, on croirait que vous y étiez, à regarder agir les personnages dans leur environnement. J’ai rarement lu des romans qui se déroulent dans le Montréal de cette époque, c’est un vrai plaisir.   
Je ne jouerai pas à la critique littéraire, mais sincèrement, je pense que vous êtes une grande écrivaine : tous vos personnages ont une personnalité, et celle-ci évolue sans se trahir. Vous réussissez à penser en jeune femme, en mère, en fils, en enfant, en homme, tout ce qu’ils pensent est vrai et propre à chacun.  
Les sentiments, les émotions, les petits gestes du quotidien : magistral.
Les dialogues sont justes, moi qui suis auditive, je les entends parler. Le ton est adapté à l’époque, le langage aussi, sans lourdeur.
Les détails des lieux, extérieur et intérieur, les couleurs, les textures, les sons, les odeurs, vous avez pensé à tout.
Mais ce qui importe le plus sans doute, ce qui fait qu’on a envie de continuer, c’est qu’on s’attache à ces personnages, ils ont corps et âme, on aimerait les rencontrer. Je me sens près d’eux, ils sont comme nous. 
Après de tels commentaires, comment croyez-vous que je me sois sentie le reste de la journée? Au début, je croyais que c’était tellement fort que ça fondrait comme une première neige, mais non, une véritable poudrerie et les congères formés me cachaient la vue à tout autre activité. Je n’ai pas cru tout ce que la lectrice conquise a écrit, ce n’est que sa vision, ce n’est qu’une première évaluation, quand dix personnes me diront la même chose, peut-être le croirais-je. J’ai reçu d’autres compliments, que des réactions positives, mais rien d’aussi détaillé. Et puis je connais cette lectrice, une lectrice consciencieuse, si elle prend la peine de l’écrire, c’est qu’elle le pense vraiment, alors ça m’oblige à y croire aussi. Sauf qu’un avis, même dix du même acabit ne font pas du roman un best seller ou un chef-d’œuvre. Ce qui remet (encore) en question le pourquoi je tiens à publier ou le pourquoi je fais des séances de dédicaces, le pourquoi je vais dans les Salons du livre. Pour recevoir ce genre de lettres? Pour être vue, reconnue, vedette? Quand serai-je satisfaite en tout? Voudrais-je être un Réjean Ducharme : écrire, être publié, ne pas être vu, mais être reconnu? Je crois bien que je n’aurai jamais la réponse, parce qu’on ne finit jamais de se connaître et de se chercher. 

Et ce n’est pas la lumière au bout de la route qui est importante, c’est la route parcourue. Ma lectrice conquise a fait ma journée... et ma semaine, je pense bien.

(tableau d'Adolf Fényes, photo empruntée au site http://www.kieselbach.hu/fitpic.html?/images/mutargy/3437/1.h500.jpg)

lundi 31 octobre 2011

Articulez, s'il vous plaît


Hier, dimanche soir, rien de bon à la télévision. Le film Mary Reilly m’a attiré un temps, mais je n’avais pas l’humeur à l’horreur. Je zappais. Tiens, je vais écouter le numéro d’introduction du gala de l’Adisq, me suis-je dit puisque je ne déteste pas de temps à autre les textes de Louis-José Houde. Mais voilà, le tout commençait en musique, c’était rythmé, j’ai essayé de comprendre ce que disaient les deux premiers chanteurs. En vain. Au bout de cinq minutes, je n’en pouvais plus, je ne comprenais rien. Était-ce l’anglais, du français, une suite de sons? C’est quoi cette manie d’avoir le micro si près de la bouche qu’on dirait qu’ils vont le manger comme un cornet de crème glacée. Je ne peux même pas lire sur les lèvres. Ginette Reno, Céline Dion, les chanteurs et chanteuses d’opéra n’en ont pas besoin. Ça ne se peut quasiment pas que personne ne leur dise qu’on n’entend pas ce qu’ils disent. Qu’ils ouvrent la bouche, qu’ils prononcent, qu’ils ne chantent pas si vite. Si ça passe en direct, savent-ils qu’à la télévision, on ne comprend pas? Ou bien est-ce moi qui a le cerveau au ralenti. 

J’ai décroché. 

Pendant un commanditaire à un autre poste, j’y suis revenue juste à temps pour l’hommage à Gilles Vigneault. Juste à entendre Fred Pellerin, à comprendre les mots, à savourer son accent, et surtout à être émue d’un si beau texte, je n’ai plus zappé. Quand Robert Charlebois, Louise Forestier, Richard Séguin ont chanté les paroles de Gilles Vigneault, j’ai tout compris. J’écoutais, émerveillée. Et au mot de la fin, la liberté, j’étais prête à bondir de ma chaise et ovationner ce grand auteur comme l’ont fait les centaines de spectateurs. 

Comme j’ai déjà le livre « Les gens de mon pays » de Gilles Vigneault, au Salon du livre de Montréal, c’est certain que j’achète le coffret de Fred Pellerin. Ce qui prouve que je préférerai toujours les textes imprimés aux textes chantés parce que je peux les lire, les comprendre et ainsi les apprécier. Tandis que les chanteurs qui n’articulent pas ou parlent trop vite ou qui bouffent leur micro : pas capable. Dommage, je suis certaine que je manque de belles paroles.

samedi 29 octobre 2011

Première sortie publique de l'auteure des Têtes rousses


Le livre est sorti en librairie, au tour de l'auteure de se présenter en public.
Ce samedi 29 octobre, Claude Lamarche sera présente pour dédicacer son roman,
à la librairie Rose-Marie de Gatineau (secteur Buckingham), de 10 heures à 15 heures.

(Bon, encore question de ce roman, mais je n'allais tout de même pas laisser mon blogue sur le malaise vagal! Et si vous vous demandez pourquoi la photo de l'auteure est quasiment aussi grosse que la couverture du livre, c'est pour éviter toute confusion avec un autre auteur qui porte le même nom que moi.)

jeudi 27 octobre 2011

Digne d'un roman


Ce matin-là, départ vers Montréal à 9 heures. Deux heures de route, GPS allumé. Elle conduit L’autre à son rendez-vous à une clinique où un chirurgien orthopédiste devrait l’examiner et, avec un peu de chance, lui dire quand il pourra l’opérer pour un nouveau genou. Peut-être enfin l’aboutissement de plusieurs mois de démarches. Le GPS les mène à bon port, arrivée à 11h30 dans le quartier Côte-des-Neiges. Pour deux anciennes Montréalaises, le choc culturel est grand : la secrétaire-réceptionniste parle anglais, espagnol, italien et français, les clients aussi, le docteur parle suffisamment le français pour que L’autre le comprenne, heureusement. Petite attente d’une heure où Elle et L'autre s'imaginent le Montréal en 2025: tout anglophone. L’autre passe finalement dans la salle du chirurgien. Dix minutes après, L’autre en ressort, remplit quelques paperasses et la secrétaire lui fixera la date de l’intervention. Dix minutes encore et L’autre apprend que ce sera le 23 novembre. Elle et L’autre s’en réjouissent, pourront recommencer à faire des projets de voyage. 

De retour sur l’autoroute, L’autre, au régime pour perdre du poids pour que l’opération et la réhabilitation soient plus faciles, décide quand même de se payer un petit Saint-Hubert, à Vaudreuil. Il est 14 heures. Tranquille conversation où il est évidemment question d’opération et d’hôpital. 

Puis, soudain, sans avertissement, en prenant une gorgée de café, Elle se sent étourdie. Elle a chaud. Sans trop s’en apercevoir, Elle penche dangereusement vers la banquette comme pour se coucher. L’autre l’appelle par son prénom. Elle se relève, enlève ses lunettes et sa tête se dirige maintenant vers la table. Puis, plus rien pour Elle. L’autre panique un peu, à ce qu’elle lui dira plus tard, se lève, en oublie son genou, demande un verre d’eau froide et le lance dans le cou d’Elle qui revient à elle. Trois serveuses s’affairent autour d’Elle, lui parlent, la tiennent éveillée. Elle oublie tout orgueil, enlève ses partiels, demande un bol, Elle a mal au cœur. Juste à temps, Elle vomit tout son diner, se sent un peu mieux. Une des serveuses lui dit qu’elle doit appeler les ambulanciers, parce qu’Elle a perdu connaissance. 

Les ambulanciers arrivent, prennent les choses en main. En moins de deux, Elle est branchée partout, oxygène sur le visage. Quand ils disent les mots clés : « on vous amène à l’hôpital de Valleyfield » , Elle se laisse faire tellement elle flotte. L’autre voit déjà son amie morte, crise cardiaque, que fait-elle? Que doit-elle faire? La serveuse lui dit qu’elle n’a pas besoin de payer, qu’elle peut partir avec son amie. Une fois dans l’ambulance, celui en arrière essaie de prendre un électrocardiogramme d’Elle, mais les suces ne tiennent pas tellement Elle est « trempe à lavette ». Pendant ce temps, celui en avant qui ne doit pas partir tant que la patiente n’est pas stabilisée, programme patiemment le GPS de L’autre pour qu’elle puisse se rendre au Centre hospitalier du Suroit. 

En route, Elle va de mieux en mieux, se souvient de presque tout, se rappelle aussi qu’elle a déjà eu ce genre de réaction : deux fois dans un avion, une fois à son travail où elle était restée étendue pendant une heure sur le plancher de la salle de bains et quelques fois quand elle était adolescente le premier jour de ses menstruations. Jamais Elle n’avait su pourquoi. 

En cours de route, Elle fait connaissance avec le transport ambulancier et les routes qui, à son avis, ne se sont guère améliorées avec toute la construction. Si Elle n’avait pas déjà tout vomi, ce serait l’occasion idéale. D’ailleurs, son estomac brasse autant que toute l’ambulance. 

Arrivée à l’hôpital, petite attente, les gentils ambulanciers restent avec Elle. L’Autre arrive, se trouve un banc (se rappeler qu’avec son genou L’Autre ne peut rester plus de dix minutes debout), se réjouit qu’Elle soit toujours en vie. L’infirmière écrit tout ce que l’ambulancier lui décrit. Changement de civière, départ des ambulanciers remerciés dix fois plutôt qu’une pour leur excellent travail. Elle enlève ses vêtements qui lui collent à la peau, nouvelles électrodes qui collent un peu mieux et attente du docteur. 

Un peu moins d’une heure (finalement pas si long) , un jeune (et très beau) docteur arrive, demande à Elle de raconter ce qui lui est arrivé, mais le diagnostic est déjà prêt : malaise vagal. 

Les yeux et les oreilles grands ouverts, Elle lui demande de lui répéter et d’expliquer. Le nerf vague. Une émotion, une peur, un stress, un repas ou n’importe quoi peut causer cette perte de conscience, ce sang qui ne circule plus, cette chute de pression, ces nausées, cette sudation. 

Tout est revenu à la normale. Elle et l’autre peuvent partir. Arrivée à la maison à 19 heures. Elles étaient parties pour l’opération de L’autre et c’est Elle qui s’est retrouvée à l’hôpital. Elles auront appris au moins deux choses : L’autre sera opérée le 23 novembre et Elle peut mettre un nom sur cette petite faiblesse qu’elle a depuis près de cinquante ans : malaise vagal.
Et que la vie, on ne sait pas à une seconde près ce qu'elle nous réserve.

(source de l'illustraition http://fr.wikipedia.org/wiki/Nerf_vague)

vendredi 21 octobre 2011

Pas plus vendeuse qu'acheteuse

Aujourd’hui, vendredi, j’ai magasiné comme une femme. Habituellement, je suis plutôt genre masculin: j’entre, je demande, j’achète ou non et je ressors. J’ai fait une femme de moi: plus de deux heures à regarder, chercher, essayer, rechercher, réessayer et finalement acheter un chemisier et un chandail. Un très grand sacrifice pour moi et tout ce temps perdu pour être à la mode ou du moins regardable quand j’irai à mes séances de signature. 

Tellement rare que je magasine des vêtements que je cherchais un Reitmans et après l’avoir demandé, on m’apprend qu’il n’y en a plus dans ce centre commercial depuis six ans! Au moins, j’en ai profité pour me rendre dans un Renaud-Bray… voir vous savez quoi. Petite déception, mon livre n’est pas sur la pile des nouveautés québécoises. Je le cherche sur les tablettes. À la hauteur des yeux, point d’auteurs dont le nom commence par « L », je me baisse, encore. Hé oui, dernière rangée! Deux tout petits livres. Je suis dans ma région en Outaouais. S’il n’y a que deux livres dans cette librairie en Outaouais, qu’est-ce que ça doit être ailleurs? Je prends quand même un des deux livres et je le tourne couverture face. Et je sors, rapidement comme si je venais de faire un mauvais coup, personne ne remarque que je suis celle qui a paru dans le journal Le Droit de samedi dernier. C’est certain, à quoi je m’attendais! 

Tout de même, cette semaine j’ai vérifié, il y en a à la Tabagie de Saint-André-Avellin et à la gare de Montebello. La semaine prochaine (comme je l’ai indiqué dans la petite colonne de droite qui restera fixe pour un temps), le samedi 29, pour l’Halloween, citrouille allumée sur ma petite table (la légende de Jack O’Lantern, est d’origine irlandaise) , je serai à la Librairie Rose-Marie de Buckingham. Puis en novembre, Salon du livre de Montréal où je compte rencontrer d’autres blogueurs-auteurs mais aussi un peu, qui sait, signer quelques Têtes rousses, même si je suis une pure inconnue alors que mes ancêtres, mes grands-parents et mes parents ont demeuré plus longtemps que moi dans cette grande métropole. Je devrais peut-être me déguiser en Leprechaun pour attirer la clientèle. Après tout 40 % des Québécois ont au moins un ancêtre irlandais. 

Disons que, pour la vente, je compte surtout sur la semaine suivante, à Ripon, dans un salon régional des métiers d’arts où j’ai déjà été présente plusieurs fois. J’y suis plus connue et j’espère que l’article paru dans l’hebdomadaire fera boule de neige. 

Et puis, à bien y penser, pourquoi est-ce important de signer quelques livres ou d’en vendre? Je suis une auteure, pas une vendeuse (pas plus qu’acheteuse de vêtements!). Mon bonheur nage en général dans les eaux du silence, avec cahier et plume. 
Heureusement l'enthousiasme des blogueurs et blogueuses est contagieux!

(source: photo des chemisiers de l'auteure)

lundi 17 octobre 2011

La terre a cessé de tourner



Comme tant d’autres avant moi et autant après, sûrement, je me pose une seule question, toujours la même : est-ce que j’ose? 
Est-ce que j’ose écrire (téléphoner, je n’y pense même pas) à : 
      Marcia Pilote de l’émission C’est ça la vie 
      Marie Andrée Arsenault de l’émission radio Plus on est de fous plus on lit 
      Ou tout autre recherchiste de médias qui a un rapport avec le monde littéraire. 

Une question qui en entraîne bien d’autres : qu’est-ce que je peux faire? Comment aider l’éditeur? Ai-je besoin d’aider l’éditeur? De quoi je me mêle? Est-ce que je rêve en couleurs? Qu’ai-je à perdre? Est-ce au bord du harcèlement? Mon livre tiendra-t-il dans les librairies jusqu’au Salon du livre de l’Outaouais en mars 2012? Quand faut-il lâcher prise? 

Encore la fin de semaine dernière, j’étais à un symposium de peinture, où j’accompagnais l’artiste peintre Louise Falstrault, et il y avait là Karine Lessard, à la voix tellement sympathique et enjouée de Planète 97,1 qui animait et annonçait le symposium Gatineau en couleurs. Trois fois, j’ai failli arrêter et lui remettre au moins un signet de mon roman. Surtout, une fois que l’article rédigé par Jessy Laflamme avait paru le samedi matin, dans le journal Le Droit, mais je n’ai pas osé. Je trouvais que ce n’était pas l’endroit, elle n’était pas là pour recevoir des suggestions de reportage. Quand même, j’y ai pensé. 

Je me dis que ce n’est pas dans trois mois que ce sera le temps de réagir, de promouvoir. On voudrait que la terre cesse de tourner ou ne tourne qu’autour de ce livre, comme si c’était le seul à défaut de ne pas être le meilleur. Tout me ramène à mon roman, même l’Halloween qui s’en vient parce que ce n'est pas tout le monde qui sait que cette fête origine en partie des celtes que plusieurs contes irlandais s’inspirent de citrouilles allumées (Jack O’lantern) alors je me porte volontaire pour leur apprendre tout en glissant que je viens de publier un roman sur mes ancêtres irlandais. Je me garde le lutin Leprechaun pour la Saint-Patrick et dans mon roman, j’ai fait raconter une partie de cette histoire à un de mes personnages. 

Si j’ai tardé à être enthousiaste étant du genre à rester froide, lucide et distante avant la majorité des événements, cette fois je deviens carrément impatiente, incapable de rester en place et surtout inapte à commencer quoi que ce soit d’autre. Complètement gaga.

dimanche 9 octobre 2011

Une histoire d'amour entre lui et moi (3)

Mon troisième vélo, un dix vitesses de gars (plus facile à obtenir), un Raleigh britannique, un beau jaune or, acheté au Canada, chez Sears, je ne l’ai gardé que quelques mois. J’ai 21 ans, je termine ma première année d’enseignement. Je dois rejoindre quatre étudiants qui visitent l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande depuis un mois. Eux, ils ont acheté leur vélo là-bas, mais moi, pour être en forme quand j’allais les rejoindre, fin juin, une bonne année après avoir vendu mon vélo rouge, j’achète le mien avant mon départ et je réussis à pédaler quelques jours à peine, certains samedi de juin. 

À l’aéroport de Dublin, je prends possession de mon vélo et de mon sac à dos. Finalement, mon avion arrive la veille de notre rendez-vous. Pas d’ordinateur, pas de cellulaire à cette époque, mais je sais mes amis à l’auberge de jeunesse. Sac sur mes épaules, j’enfourche mon vélo après lui avoir remis le guidon et la selle bien en place, plus ou moins bien ajustés. Une heure plus tard, éreintée, fatiguée, les fesses en feu, le dos en compote, je décide de prendre un taxi. Pas évident de rentrer un vélo dans les taxis noirs. Le chauffeur me conduit à l’auberge de jeunesse. Personne. Je me couche sans trop d'inquiétude. Le lendemain matin, j’hésite entre retourner à l’aéroport avec mon vélo, ou sans. Finalement, plus en forme que la veille, malgré le décalage horaire, je décide de parcourir la dizaine de kilomètres qui me séparent de l’aéroport. 

Mes amis m’y attendent. On s’explique : il y a deux auberges de jeunesse, ils étaient à l’autre, plus au nord. Quand ils me voient mettre mon sac à dos… sur mon dos, ils n’en reviennent pas. « Et un porte-bagage, ça sert à quoi, me lancent-ils à l’unisson. T’imagines-tu vraiment que tu vas pédaler dans les côtes d’Irlande et du Pays de Galles avec 15 livres sur le dos? » Rouge de gêne, je me trouve tellement idiote que jamais, je n’oublierai la leçon. Encore aujourd’hui, 40 ans plus tard, quand je regarde certains cyclistes avec leur sac à dos sur les épaules, j’ai envie de m’arrêter et de leur dire « Et un porte-bagage, ça sert à quoi? » 

Après trois jours de visites et d’achats dans Dublin, nous partons en train, vers Galway. La véritable épreuve commence pour moi. Je suis bonne dernière à chaque village. J'ai mal partout. Nous plantons nos tentes dans un champ, sur une plage, sur les hautes falaises de Moher. Les murets de pierre s’alignent dans les vastes étendues vertes d’humidité constante et de pluies quasi quotidiennes. Au pub, où nous arrêtons presque chaque jour, je me familiarise avec la Guiness que je trouvais imbuvable à mon arrivée et dont je ne peux plus me passer après la première semaine. 

Au bout de dix jours, je n’ai plus mal nulle part et je pédale allègrement sur les petites routes de l’Irlande. À Rosslare, nous traverserons le canal Saint-George, vers le montagneux pays de Galles. Très montagneux. Routes très tortueuses. Quand on descend et qu’on a un élan pour l’autre versant, c’est bien, mais quand on décide de coucher dans la vallée et que le lendemain, il faut monter… les dix vitesses ne suffisent pas. On marche et on pousse. 

Une fois à Londres, mes quatre amis doivent rentrer. Ils essaient de vendre leurs vélos pourtant achetés à Londres, on ne leur en donne presque rien. Ils décident de les rapporter au Canada. Essayez d’entasser quatre vélos et quatre personnes, cinq en fait parce que je veux les accompagner au moins jusqu’à l’aéroport, en plus de leurs bagages? Les chauffeurs de taxi ne veulent pas, il faut payer un supplément et finalement, trois taxis arrivent tout juste à l’heure à l’aéroport. À peine le temps des dernières embrassades et voilà mes amis partis. Je me retrouve seule, après plus d’un mois d’aventures. 

Avant de partir, je m’étais dit, tant qu’à être en Europe aussi bien me rendre à Paris. Sauf que je ne savais trop si j’irais à vélo. Or, pendant que mes amis essayaient de vendre le leur, le mien, un Raleigh fabriqué en Angleterre, mais pourtant acheté au Canada, vaut son pesant d'or. On m’en offre plus que je l’ai payé. J’accepte. C’est donc en train que je me rends à Paris et c’est à pied que je visite la Ville lumière avant de rentrer à la maison. Sac sur mon dos et sans vélo.

L'histoire d'amour cette fois, ne fut pas avec mon vélo, quoiqu'il fut à la hauteur: pas de crevaison, pas de rayons à changer! Non, non, pas un de mes amis non plus, quoique... Non, avec l'Irlande!

(photo empruntée à Google (lien>>>) parce que je n'ai plus les diapositives prises à cette époque)

dimanche 2 octobre 2011

Une histoire d'amour entre lui et moi (2)

Dans mon histoire d’amour entre le vélo et moi, j’en étais aux derniers milles de ma vieille bécane à rétropédalage (lire là>>>). Je commençais à avoir des goûts d’évasion, des envies de me rendre un peu plus loin qu’à l’école ou chez des amies. J’allais avoir dix-huit ans en avril, je n’avais pas mon permis de conduire, je n’y pensais même pas, les transports en commun me suffisaient amplement, tous mes amis demeuraient à proximité et pour aller à la campagne, je suivais encore mes parents. 

Il n’était pas question d’avoir un simple trois vitesses, je voulais tout de suite passer aux dix vitesses. Je ne connais pas toute l’histoire du dérailleur, mais je sais bien qu’en 1968, au Québec, les vélos dix vitesses pour le commun des mortels commençaient tout juste à faire leur apparition dans les commerces. Et seulement des vélos de gars. Je voulais un vélo de fille, pas de barre encombrante. 

Après avoir feuilleté les pages jaunes, j’ai trouvé Baggio à Montréal. Un italien qui avait connu la course. Une toute petite boutique dont les murs étaient tapissés de photos, d’affiches du Tour de France. Un monsieur qui, sans me trouver ridicule, accepta de me fabriquer un vélo sur mesure . Je le voulais rouge avec des poignées recouvertes de bandelettes blanches, pas d’aileron (j’allais le regretter les jours de pluie) un porte-bagage. Il m’a annoncé le prix : 100 $. Une somme énorme pour moi. Qui dépassait amplement le budget alloué aux cadeaux d’anniversaire. Ma mère, la responsable de nos « paies » me fit une suggestion : en cadeau, elle me payait la taxe : 8 $, ensuite au lieu de me donner 20 $ par semaine, en allocation, elle m’en donnerait la moitié… pendant dix semaines. Affaire conclue. 

Pendant dix ans j’avais eu une bicyclette, j’aurais maintenant un vélo. Je fis bien des jaloux, mon frère y compris. C’était à mon tour d’admirer un vélo et même, à l’occasion, de me l’emprunter. 

Ma vie de liberté commençait. Chaque samedi, je partais de Ville Saint-Laurent et je choisissais une destination différente : Longueuil, par le pont Jacques-Cartier, plus souvent vers le nord : Sainte-Dorothée, Saint-Janvier et même Lachute. Un jour de juin, je décidai même de frapper un grand coup : me rendre au lac Simon. Partie à 8 heures le matin, j’arrivai au lac à 4 heures de l’après-midi. Ça n’allait pas être mon exploit à vie, je ferais bien mieux.

Le vendredi soir où je sortis de chez une de mes amies et que je ne vis pas mon vélo rouge que j’avais appuyé bien droit, sur le trottoir, le cœur cessa de battre dans ma poitrine. Je ne paniquai pas, mais rentrée à la maison après avoir cherché partout, je ne dis rien à personne, je me résignai à téléphoner à la police pour signaler le vol, mais le ton du policier me fit comprendre qu’il ne ferait pas grands efforts pour le chercher. Je ne dormis pas beaucoup et à cinq heures, je marchais déjà dans les rues à la recherche de l’amour de ma vie. Je regardai dans chaque entrée de garage, je m’aventurai même dans les cours arrière, je m’approchai du moindre vélo rouge. Pendant trois heures. Et finalement quand je l’aperçus par terre, sans même être caché à la vue des badauds, je le reconnus tout de suite. Sans égard pour l’heure ou l’endroit, je sonnai à la porte, une dame en robe de chambre m’ouvrit et fut bien surprise d’apprendre qu’il y avait un vélo rouge dans sa cour. Elle se confondit en excuses pour son fils et me permit bien sûr de reprendre mon bien. Je m’empressai de trouver une cabine téléphonique — je ne voulais pas appeler de chez nous pour ne pas apprendre à mes parents que je m’étais fait voler — et de téléphoner à la police leur spécifiant bien que j’avais fait leur travail et retrouvé mon vélo. 

De ce jour, je n’appuyai plus mon vélo sur le bord du trottoir et j’achetai un cadenas. 

J’allais hélas le revendre mon tant aimé vélo rouge le jour où j’ai déménagé à la campagne, croyant que, travailleuse-pouvant-se-payer-une-auto, je n’aurais plus besoin de vélo. C’était bien mal connaître l’amour que je vouais à cet objet qui m’offrait beaucoup plus qu’un moyen de transport. 

À suivre
(photo: un de mes vélos sur une plage, symbole d'évasion et de liberté)

mardi 27 septembre 2011

Les têtes rousses dans mes mains

Dès que le monsieur qui était venu gentiment porter la boîte de mes livres dans ma voiture se fut retiré (je ne voulais pas le faire devant lui, je voulais me garder cette surprise et ma première sensation pour moi seule, je déteste ouvrir des cadeaux en public probablement parce que mes réactions s’affichent sur mon visage), j’ai ouvert la boîte, j’en ai pris un dans mes mains et je l’ai aussitôt déposé sur la banquette avant. Je suis partie. 

Aux feux rouges, je le prenais, je touchais le papier, je l’ai regardé sous toutes ses coutures. Je l’ai feuilleté, comment on dit ça tourner les pages avec le pouce, comme on fait parfois avec les cartes à jouer. 

Qu’on ne vienne pas me dire que la sortie d’un livre numérique m’aurait fait autant plaisir. 

Le voir ne fut pas une surprise, j’ai travaillé avec l’illustratrice pour la couverture, j’ai fourni la photo de la quatrième couverture. Que me restait-il pour me faire battre le cœur : être seule, en silence et le tâter à mon goût, juste pour moi, avant que tout le monde (on oublie l’imprimeur et l’éditeur) le voit. Sentir que cette bonne nouvelle, c'est à moi que ça arrive. 

Quatre heures de route (oui, bon, il y eut aussi une mammographie et quelques achats chez Costco, tant qu’à y être, je combine toujours plusieurs éléments lors de mes virées à Gatineau), un demi-réservoir d’essence, mais je voulais le voir. Si le livre avait été numérique, je l’aurais eu la semaine dernière. Je ne veux même pas y penser. Aucune comparaison. 

En attendant les camions-escortes sur les routes en construction, j’en profitais pour lire quelques mots. Mes mots. Tous ces mots, toutes ces phrases sont de moi. Ça aussi ça fait pouf-bang-couic-toc-toc-toc direct dans le cœur. Et dans le sourire. Sur papier recyclé, sur l’écran, ce n’est pas pareil. Il faut la reliure allemande, il faut la grosseur de caractères, la police de caractères, l’interlignage mais surtout, les pages bien retenues par la reliure. Ça, c’est un livre, et c’est le mien. 

Il est vrai qu’il y a analogie avec un accouchement (quoique je n’ai jamais accouché, c’est par ouï-dire et ouï-lire que je le sais) : une fois qu’il est là, normalement constitué avec toutes ses couleurs, ses pages, ses mots, on oublie toutes les lettres de refus, tous les maux de ventre, toutes les corrections et versions et recherches, toutes ces interminables attentes et ces innombrables découragements. Il est là, c’est tout ce qui compte. 

Mon esprit a bien commencé à penser à la suite : probablement pas de lancement de la part de l’éditeur, en ferais-je un, ça ne me tente pas, je n’ai pas le talent d’organisatrice; la distribution, le distributeur n’ira probablement pas dans les tabagies de ma région, je devrai m’en occuper; les communiqués de presse, à qui en envoyer, coordonner mes actions avec celles de l’éditeur. Non, pas tout de suite, demain, la semaine prochaine. Pour l’instant, ne sois qu’auteur : regarde-le, touche-le encore, relis-le. Oui, relis-le, et sois fière de chaque mot, de chaque phrase, de chaque ligne. C’est toi qui l’as écrit.

samedi 24 septembre 2011

Sur les rives du Saint-Laurent


Après les émotions du vendredi (ce n'est pas parce qu'on ne saute pas au plafond qu'on n'a pas d'émotions et ce n'est pas tant la nouvelle de la sortie de mon roman comme tous les commentaires et réactions qui ont suivi qui m'ont fait vivre bien des émotions, de la fébrilité), j'ai pu reprendre le tri de mes photos, le post traitement surtout (vous souvenir que j'ai un nouvel appareil que j'ai testé, genre prendre 320 photos pour n'en garder qu'une quarantaine) des plus belles. 

Cliquer ICI ou sur la photo pour voir l'album photos de cette escapade d'une dizaine de jours sur les deux rives du Saint-Laurent.

vendredi 23 septembre 2011

Les têtes rousses: en librairie le 26 octobre

Voilà une date précise : le 26 octobre. Sortie en librairie de mon roman Les têtes rousses. Je me la répète, cette date, depuis ce matin pour voir comment elle raisonne. J’avais déjà octobre en tête depuis quelques mois, maintenant le 26. Les chiffres 7 ou 16, nombreux dans ma vie, auraient sonné une cloche, mais le 26? 

Une autre étape franchie. Je ne saute toujours pas au plafond. Ma foi, je ne sauterai jamais au plafond. Peut-être n’est-ce pas dans ma nature? Mon semblant de froideur ou d’indifférence cache souvent les plus fortes émotions. Quand je crie de joie, de peur ou de colère, c’est que ce n’est pas si grave. Une bûche sur un ongle d’orteil, une auto qui fonce vers moi, une personne qui hurle me trouvera silencieuse, de marbre, comme si je ne réagissais pas. J’attends, la tête froide, le cœur solide. J’attends que ça passe, j’attends de voir la suite. Alors la sortie de mon roman le 26 octobre, c’est très bien. J’aimerais être folle de joie, ce serait croire que c’est le plus beau jour de ma vie, que c’est l’aboutissement de mes rêves, mais non, juste une autre étape. Je me trouve « plate ». J’ai beau me secouer, rien ne sort : ni déception, ni enthousiasme. Qu’est-ce que je fais maintenant? Et si je publiais le petit site que j’ai monté. On m’avait suggéré un mois avant. Alors le voici, le voilà, tout de vert habillé, comme il se doit.


Site du roman
Les têtes rousses >>> 


ou cliquer sur la page d'accueil >>>

mercredi 21 septembre 2011

Une histoire d'amour entre lui et moi

Pendant les dix jours de mon petit voyage, ce dont je suis le plus fier c’est d’avoir enfourché mon vélo-dix-huit-vitesses. Une crevaison à mon vélo électrique m’a forcé à ce retour en arrière. Quel plaisir retrouvé, j’avais trente ans. 

Ce qui m’a donné envie de parler de cette histoire d’amour entre lui et moi. 

Avant les vélos, il y eut d’abord les bicyclettes et on disait simplement bicycle. À quatre ans, admiratrice de celui de mon frère, un beau petit bleu à pneus durs dont les petites roues arrières furent rapidement enlevées, je dus être patiente avant d’avoir le mien. 

Un jour de septembre, en rentrant d’un long (petite, il me semble qu’ils étaient longs) et bel (petite, il me semble qu’ils étaient tous beaux) été au lac Simon, je vis, adossée au mur de la maison, une bicyclette bleue, une bicyclette de fille. J’ai cru à un oubli d’une voisine. Mon père, fier de son coup m’explique que pour me rendre à l’école, plutôt que de marcher le vingt minutes qui me séparait de l’école, je pourrais venir diner à la maison. J’avais huit ou neuf ans, je l’ai gardée dix ans. 

Elle a d’abord connu l’Abord-à-Plouffe, puis les côtes de Lévis, elle m’a bien conduite de Saint-Laurent à Sorel, toute une expédition avec ma cousine. Des dizaines de crevaisons, quelques miroirs cassés, des ailes accrochées, mais point de clinquants et d’une fidélité exemplaire. Pendant l’été, elle me manquait horriblement, mais dans le sable et le gravier, mieux valait marcher pieds nus. 

Au retour de Lévis, j’étais devenue une adolescente. Au secondaire, ça faisait « bébé » de se rendre à l’école à bicyclette. J’ai résisté un an. Ma bicyclette fut bien longtemps toute seule dans les supports pourtant invitants de la cour de l’école. Les fins de semaine et plusieurs après-midis, je l’enfourchais avec plaisir pour aller chez mes amies ou chercher un pain chez Perrette. Combien de copines j’ai accompagnées, un pied sur le trottoir, l’autre sur la pédale de gauche. Combien de promenades matinales ou tard le soir qui me permettaient de ne pas craindre les petites rues désertes ou sombres. 

Les bonnes années, je la sortais au début avril, pour mon anniversaire et je la serrais le plus tard possible, quitte à affronter les premières neiges inattendues, certains après-midis de novembre. 

Fin septembre 1967, grève des chauffeurs d’autobus, je fréquentais l’école normale Jacques-Cartier, à côté du parc Lafontaine. En autobus et en métro (qui ne se rendait pas à Saint-Laurent à cette époque), c’était un parcours d’une heure. Le premier soir,  le cœur inquiet et l’amour-propre froissé, je pris près de trois heures pour revenir à la maison sur le pouce. Le lendemain, bien décidée à ne pas revivre pareille incertitude, je fis un essai : à bicyclette, une heure aussi. Pour descendre en tout cas. Pour remonter, il m’a fallu quelques jours pour que mes muscles me permettent de remonter la rue Saint-Denis à une vitesse acceptable. Ai-je spécifié que ma bicyclette n’avait pas de vitesses. À rétropédalage. Les dix vitesses commençaient à peine à faire leur apparition et pour les garçons seulement. 

Un seul incident qui aurait pu être grave : en descendant sur une erre d'aller, malgré les yeux rivés sur tout ce qui se passait et les pieds alertes, prêts à freiner, je ne vis pas une conductrice ouvrir la portière de son auto stationnée. Je reçus le coin de la portière directement dans l’épaule droite. Je sentis le coup, ne tombai pas, regardai le veston que je portais : pas de déchirure, j’assurai la conductrice que je n’avais rien et poursuivis mon chemin. Une fois à l’école, je fus bien incapable de prendre les livres dans le haut de mon casier. Tant bien que mal, sans écrire (je suis droitière), j’assistai à mes cours. À la fin de la journée, je tentai en vain de reprendre le guidon. Je fis taire mon orgueil et j’appelai ma mère (je ne me souviens pas pourquoi elle plutôt que mon père), je lui indiquai où prendre mes outils et lui demandai de venir me chercher après son travail. Elle terminait à 17 heures. Elle arriva dès qu’elle le put. Après s’être assurée que mon bras ne souffrait que d’une grosse ecchymose, elle m’aida à dévisser la roue avant, le guidon et nous avons réussi à entrer la bicyclette en pièces détachées dans l’auto que nous avions alors : une Volkswagen Beetle! 

À suivre.

(photo de la blogueuse à Sorel)

mardi 20 septembre 2011

Encore un peu de temps

Encore un peu de temps et je reviendrai.
Encore un peu de temps, je me remettrai à flots dans mes lectures de blogues et de forums.
Une semaine partie entre les routes 138 et 132, mais une impression d'un mois.
Encore un peu de temps et les billets écrits dans un calepin seront retapés, réorganisés et seront publiés.
Encore un peu de temps et je me remettrai de ce Hotmail piraté qui, telle une pieuvre, m'a grouillé les entrailles tentaculaires.
Encore un peu de temps et je reviendrai parmi vous, ô internautes patients.

vendredi 9 septembre 2011

Mon Hotmail a été piraté

Toute petite, j'étais curieuse et rapide. Parfois, ça m'a desservie, mais la plupart du temps, ça s'est avéré utile et j'en ai retiré plus de bien que de mal. Jusqu'à mardi dernier. J'aurais dû être plus patiente et suivre ma petite voix qui m'a dit attention, prudence.

J'indique tout de suite que j'ouvre tous mes courriels via Windows Live Mail, qu'ils viennent de mes sites, de mon serveur ou de Hotmail. Mardi, je me reposais d'une fin de semaine agréable mais éprouvante d'une tournée d'ateliers, je reçois un courriel d'un de mes contacts, qui, comme par hasard, m'avait dit il y a quelques semaines qu'il m'enverrait un travail de graphisme à exécuter. L'objet du courriel "Urgent517". Le texte: "cliquez sur le message" (peut-être était-ce en anglais). Je trouve ça bizarre que ce ne soit que ça le message mais peut-être que mon contact a passé par un site pour déposer le message, un peu comme une carte de souhaits ou un fichier trop gros que l'on dépose sur des sites qui se chargent de l'envoi.

Ma petite voix m'ayant dit d'être prudente, j'ouvre une autre fenêtre et j'écris un message à mon contact lui demandant de confirmer l'envoi d'un message de ce genre. Sauf que je devais partir le lendemain, sauf qu'il est 19 heures et que mon contact cesse de travailler à 17 heures, sauf que je suis curieuse. Je décide de cliquer pour voir. S'ouvre une fenêtre qui me demande mon mot de passe. Il arrive parfois que Windows Live mail me demande mon mot de passe à la suite de je ne sais trop quelle panne. Et quand on se connecte sur Hotmail, on me le demande aussi, non? (Faut bien que je me trouve des excuses pour me pardonner une telle impatience). Je poursuis et je l'écris.

Et là, je ne me souviens de rien. Est-ce que ça ouvert mon compte Hotmail? Est-ce que je me suis aperçu de ma gaffe? Est-ce que c'est là que 255 messages ont voulu entrer et que j'ai tout fermé? Chose certaine, je venais de comprendre que j'avais gaffé.

J'ai arrêté la saignée, j'ai déconnecté Windows Live mail et j'ai ouvert directement mon Hotmail. Comment on modifie son mot de passe, donc? J'y vais si peu souvent dans ce site Hotmail, je ne vais jamais sur MSN non plus. Je trouve enfin comment changer mon mot de passe. Je le change, j'ouvre avec ce nouveau mot de passe et dans messages envoyés, j'aperçois des centaines et des centaines de "URGENT" suivi d'un chiffre. Tout comme celui que j'avais reçu. Je les efface tous. Je change encore de mot de passe. Et tout a l'air de rentrer dans l'ordre. Je débranche mon routeur, donc pas d'internet pour que le pirate puisse entrer dans mon ordi. Je ferme mon ordi et je vais me coucher. Le coeur inquiet quand même. Ma curiosité bien punie.

Le lendemain matin, frébrile, j'ouvre l'ordi, je rebranche mon routeur, j'ouvre Windows Live mail. Rien d'anormal. Je me rends dans Hotmail, impossible de me connecter, peu importe le mot de passe. Évidemment et/ou heureusement, mon compte est bloqué. Je cherche dans "Aide" comment le débloquer, je voudrais bien rejoindre quelqu'un de Microsoft-Hotmail par téléphone. Impossible. On me suggère de remplir un formulaire. Je commence, le https est bien écrit en haut de l'écran, mais on me demande tous les mots de passe utilisés et le numéro de ma carte de crédit. Là, c'est trop. Hotmail est gratuit, pourquoi ma carte de crédit? Non, cette fois, il ne m'aura pas. Ça suffit. Au diable Hotmail, j'ai d'autres adresses courriels.

Je commence à lire sur Internet au sujet d'un Hotmail piraté. Le méchant pirate (que ce soit une machine ou un vrai humain) possède tous mes contacts. Grrr... Je décide d'envoyer un courriel à mes contacs les plus importants, ceux qui communiquent régulièrement avec moi. Un courriel via une adresse valide bien entendu et non pas mon Hotmail. Ensuite, je passe en revue les sites que je monte et je change l'adresse. J'y passe la journée. Heureusement, le mauvais temps m'a fait annuler mon petit voyage que je devais faire.

C'est comme si j'avais été volée. Cette impression dont tout le monde parle, elle est bien réelle. Je ne panique pas, mais à la moindre peccadille, je soupçonne ce pirate d'en être la cause. Ça fait exprès Facebook fut inaccessible pendant quelques minutes. Ça fait exprès il y eut une panne de l'antenne du serveur. J'ai appelé pour m'assurer que ce n'était pas moi. J'ai parlé de la paranoïa qui commençait à s'emparer de mon petit cerveau. On m'a suggéré de faire examiner mon ordi (pas mon cerveau, mais peut-être que...) pour être certaine qu'un virus malveillant n'était pas entré dans mes fichiers. Ça me coûtera 45$, mais au moins, je saurai.

Les courriels de mes contacts ont commencé d'entrer me rassurant qu'ils n'avaient pas reçu de moi un message "Urgent". Sauf que de ma meilleure amie, qui a une adresse Hotmail, je n'ai reçu qu'un "postmail@je-ne-sais-plus-trop-quoi"! Elle travaille le jour, j'ai attendu. Hier soir, je l'ai appelée. On ne s'appelle jamais. Elle se demandait bien. J'en bégayais presque. Mais finalement, non, elle n'a rien eu et elle m'a envoyé un courriel, je l'ai reçu. Fiou!

Il me reste quelques endroits à vérifier, et sur Google mon adresse va traîner encore quelques semaines, J'ai fait le grand ménage dans mes contacts, il ne m'en reste qu'un trentaine. Quelqu'un m'a même donné son truc: les siens sont dans un fichier Word et quand il en a besoin, il fait un copier-coller, ainsi zéro contact dans son carnet d'adresses.

Si vous avez mon Hotmail en quelque part, effacez-le. Et si, comme moi, c'est dans votre nature d'être curieuse et (trop) vite, même si ce fut bien utile dans votre vie, calmez-vous le pompon et ne donnez jamais votre mot de passe.

(image empruntée à http://techblissonline.com/)

mercredi 31 août 2011

Être un auteur, ce n’est pas qu’écrire

La lecture des messages et des commentaires d’un groupe d’auteurs m’ébranle vraiment beaucoup. Il est question des réels problèmes et questionnements d’auteurs : chercher un éditeur, promouvoir son livre, organiser un lancement, payer pour les séances de dédicace dans les salons du livre, s’intéresser à la traduction. Pourtant, je ne peux pas croire qu’avec l’expérience que j’ai dans ce domaine, j’ai vraiment cru, naïvement, qu’un auteur pouvait se contenter… d’écrire. 

Parce que j’ai vu mon père publier chez Jacques Hébert et Pierre Tisseyre, où il n’avait pas besoin de s’occuper de rien d’autre que d’assister aux prestigieux lancements et d’accepter quelques entrevues dans les médias d’alors… 

Parce que je l’ai vu remplir avec succès tant et tant de demandes de subventions pour continuer à écrire… 

Parce que je l’ai vu fonder plusieurs sociétés qui, toutes, étaient dans le but de publier ses écrits ou ceux des autres… 

Parce qu’une fois adulte et en âge de travailler, je me suis jointe à lui pour divers projets : livres scolaires, dictionnaire, essais… et que j’ai ainsi connu les dessus et les dessous de l’édition… 

Parce que je l’ai beaucoup déçu, même s’il ne me l’a jamais dit, en refusant de prendre la direction de la maison d’édition qu’il avait fondée, tout en acceptant de demeurer graphiste-monteuse-en-pages… de journaux, livres, dépliants, ce qui m’a permis de garder des contacts dans le monde de l’imprimerie et celui de journaux hebdomadaires… 

Parce que de 26 à 30 ans, j’ai écrit, j’ai été publié chez des éditeurs reconnus, sans avoir à m’occuper de promotion, de ventes, ni de lancements. Je m’assoyais et j’écrivais… 

Parce que, par la suite, j’ai connu l’autoédition et décelé mes faiblesses en promotion et en demandes de subventions, j’ai donc cherché à renouer avec les éditeurs « reconnus », force fut de reconnaître que les entreprises ne sont pas toutes d’égale force, il y a les lignes majeures et les petites lignes presque de garage... 

Alors, j’ai peut-être cru qu’avoir la chance que son manuscrit soit accepté par un éditeur faisait de moi un auteur satisfait qui n’aurait plus qu’à écrire… comme à mes débuts. 

Devant les efforts que les plus jeunes déploient pour être publiés, pour vendre leurs livres, pour trouver la perle rare d’éditeur, j’essaie de secouer cette léthargie des dernières années qui n’était en fait qu’attente et réécriture du même manuscrit, je veux retrouver l’enthousiasme et la confiance en moi qui va de pair, comme des vases communicants, avec la confiance que je dois mettre dans un éditeur. 

Tout en restant lucide, réaliste. Mais participante. Qui sait, je recommencerai peut-être à écrire, quitte à ce que le titre de mon livre soit : Comment j’ai arrêté d’écrire à 60 ans.