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vendredi 12 juin 2020

Ces auteures que j'aime

Aveu facile. Plaisir même pas coupable. Depuis que j’ai une liseuse, depuis que les auteurs acceptent que leurs éditeurs publient des extraits, depuis que sur les sites des libraires, on peut en lire, je suis devenue accro. Avant c’était la quatrième couverture, mais c’était vite fait. Maintenant c’est l’extrait.

Je suis accro aux extraits. Dès que je vois un nouveau titre, que ce soit dans les journaux, les blogues ou sur Facebook (je ne suis pas très Twitter ni Instagram), je me précipite sur ma liseuse Koko ou sur les sites de la BANQ, de Biblio Outaouais ou sur celui de Libraires.ca. Parfois, l’extrait me donne envie d’emprunter le livre. Parfois non. 

Ou sinon, une amie me suggère Jean Désy ou Madeleine Chapsal. De belles heures. Je lis mais j’oublie dès la dernière page tournée.
Tandis que pour d’autres, comme on se promène comme sur une route ou le long du fleuve, je flâne, je rêvasse, je m’attarde. De baie en baie, de phrase en phrase. Parfois une odeur, une montagne, une vague. Une émotion, des petits bouts : « Lire, lier. Livre, livrer. Les mots se mêlent souvent. » (Marie-Ève Lacasse dans Autobiographie de l'étranger).

Si le silence se présente, si le banc m’invite, j’entends Clémence qui dit « je suis fatiguée de mes peines ». Je pense aux miennes. J’écris et, je suis comme Virginie Savard : « Je ne sais plus être autre chose que mon bouleversement. »

En ce qui concerne certain·e·s auteur·e·s, point besoin d’extrait, aucune hésitation, attente et amour inconditionnel. C’est certain que j’emprunte ou achète leurs livres.
Louise Dupré 
Hélène Dorion 
Catherine Mavrikakis 
Martine Delvaux 
Michèle Plomer 
Élise Turcotte 
Dominique Fortier
Marie-Sissi Labrèche 
Nancy Huston 

Elles ont entre 60 et 70 ans. Ce sont des femmes. Des écrivaines. Parfois professeurs à l’université, surtout poètes. Leurs romans ou récits ne m’ont jamais déçue. Je suis leur carrière comme d’autres suivent les spectacles de leurs chanteurs et chanteuses préférés. Elles parlent de leur mère, de leur écriture, de la littérature. Je m’identifie. Elles sont mon miroir. Leurs mots sont ceux que je voudrais écrire. Elles évoquent les lieux, les paysages, les livres que j’aime.

Aussi, j’ai emprunté deux fois Pas même le bruit d’un fleuve, d’Hélène Dorion. J’ai trouvé un peu longuette cette histoire de l’Express of Ireland, d’autant que je la connaissais déjà. La lecture des journaux dans un roman, la longue liste des morts alors qu’il n’y en a qu’un seul qui nous intéresse… Mais à ces auteures, je pardonne tout comme on pardonne à nos acteurs et actrices québécois parce qu’on les aime et qu’on veut qu’ils vivent encore de leur art, qu’ils nous nourrissent, qu’ils nous émeuvent. Et puis je ne me lasse pas des relations mère fille. Ni de tout ce vocabulaire qui déferle comme une vague. Ni de cette route entre Kamouraska et Rimouski.

Quant à Théo à jamais, le drame — une tentative de meurtre de Théo sur son père —, est bien ancré dans le réel des tueries, des violences familiales. Le sujet me touche moins, mais l’écriture, le style de Louise Dupré me font du bien. Comme une séance de thérapie. La colère se dissipe. La compassion refait surface.

Voilà, finalement, depuis de 13 mars qui a chamboulé toutes mes habitudes, qui m’a fait revenir rapidement au Québec où je croyais qu’après quatorze jours de confinement, j’allais retrouver mes vieilles chaussettes et mes bonnes habitudes de lecture, pour m’apercevoir que plus rien n’était comme avant… finalement, j’ai quand même réussi à lire trois livres au complet et de nombreux extraits de livres intéressants.

Qui sait, l’été sera peut-être beau!

mardi 20 novembre 2018

Entre deux


Entre deux saisons
Entre neige blanche et soleil jaune
Entre froid et vent
Entre matin et soir

Entre deux livres :
Mère d’invention de Clara Dupuis-Morency et Ce qui restera de Catherine Mavrikakis
Entre fiction et autofiction
Corps et tête
L’élève et le professeur
Entre philosophie et folie
Qui nous parlent de Proust, Angot, Cixous
« Dans un très, très beau texte, Abstracts et brèves chroniques du temps, l’écrivaine Hélène Cixous raconte qu’il y a un livre, celui qu’elle n’écrit pas et qui vraisemblablement à la base de tous ses livres […] parce qu’elle n’a pas pu ou su écrire ce livre, qu’elle a fait cette œuvre sublime. »
Des récits, des essais, des écrits qui mènent à Les argonautes et Ça va aller
Dans ma jeunesse, déjà, j’écrivais de l’autofiction,
sans le savoir, sans polémique, sans nommer les choses, sans rien classer ou étiqueter.
Juste écrire. Juste aimer la philosophie. En martelant les verbes avoir et être jusqu’au nihilisme à la mode. Clara Dupuis Morency, elle, ose la minuscule après le point, ou pas de point ou pas de virgule. Entre thèse et récit, être elle-même qui travaille l’écriture.
« Je vois dans Christine Angot une anticipation de Clara Dupuis-Morency, et je voudrais leur dire elle est là, l’écriture […] ce sont sur elles qu’elle travaille, »
À vingt ans, si je n’avais pas tant cherché l’amour, aurais-je écrit une thèse?
Si j’avais trente ans de moins, aurais-je connu les cours de création littéraire?
Aurais-je écrit mieux? Ou plus?
Je n’ai ni l’âge, ni les études, ni le style, ni la violence, ni la force des mots des auteures d’aujourd’hui.
Je suis aussi celle qui écrit sur elle-même.

Entre nomade et casanière
Pas tout à fait ici, pas tout à fait ailleurs.
Juste entre deux.