jeudi 21 juin 2018

Au fil des jours, au fil de l’eau


Lundi 11 juin

Jour bleu 
Arrêt à Berthieville
Pour diner avec une amie de longue date
à qui on écrit souvent
à qui on parle rarement
mais qu'on aime toujours autant.
En route
Vent frais
Oiseaux joyeux
Iris en fleur
Lundi tranquille au camping de Beaumont
Le fleuve à nos pieds
Un cadeau.

Mardi 12 juin

Jour de vent
Fleuve brun
Moutons blancs
Passereaux et chevaliers
Lilas et rosiers
Belles maisons ancestrales
À Saint-Vallier
Amours et passions
De nature et de saison
Un mardi heureux.

Mercredi 13 juin

Jour noir et blanc
On retrouve Rivière-du-Loup
Là-bas, à l’horizon, une lumière blanche
Le blanc du ciel, libre de nuages
Le noir du fleuve
Presque le soir
À l’avant, un rocher, une île entre lumière et ombre
Je serais là, assise sur les roches
J’aurais froid à cause du vent
Au bout d’une heure, dans un cahier tout neuf peut-être, j’écrirais
Ce serait facile
Ce serait beau
Ce serait noir et blanc.

Jeudi 14 juin



Jour d’éclaircies
Jour de promenade
De crabes-crevettes et turbot
De fine pluie
De terre imbibée d’eau, la nuit
De feuilles gorgées d’eau, elles aussi
De douces marées
Le soleil, soudain, près du clocher
Venu nous rendre le sourire
Sécher les larmes des arbres
Un jeudi de mots trouvés
De regards tendres
De repos mérité.

Vendredi 15 juin

Jour de fleuve
Un aller-retour entre Rivière-du-Loup et Saint Siméon
Une allée de goélands
Dans un long sillon d’écume
De vent sur les joues
De sourire aux lèvres
Une frite au retour
Au bord du fleuve
Près de l’Indien
Et puis la belle surprise, l’admiration
Presque l’envie
D’une seconde vie
Une petite famille française
En vélo et remorques
Panneaux solaires pour charger leurs batteries au lithium
Raphaël Favrat, c’est son nom
Valérie, sa conjointe
Manon et Lison, les deux fillettes
Il écrit, il publie ses voyages
Je les suivrai jusqu’en Argentine
Sur Facebook du moins.
Un autre jour heureux.


Samedi 16 juin


Jour de soleil
Jour de déplacement
À Sainte-Flavie cette fois
Jour de vaguelettes à nos pieds
De goélands à manteau noir sur un rocher
D’une marche sur la plage
Parfums d'algues
Ramassage de verre poli, de bois d'échouerie
De reconnaissance des lieux si souvent visités
Toujours aimés.

Dimanche 17 juin

Jour de pluie
Un douze degrés frisquets
Promenade le matin
Les oiseaux absents du Gros ruisseau
Quelques cormorans sur les rochers, fidèles et vaillants
Plage déserte
Camping délaissé
La météo nous joue des tours.
Musso aussi : j’aime moins son Appartement à Paris que son Central Park.
Je préfère cent fois mieux Noces de sables de Rachel Leclerc
Qui convient au bord de mer.

Lundi 18 juin







Jour de brume
D’un phoque sur une roche
Jour de dedans
Dans le VR
Dans les magasins
Dans les livres
Et quand enfin, vers 17 heures, le ciel se clairsème de bleu
On peut sortir
Un peu moins fâché contre lui
En guise de pardon, le brouillard se lève en nous offrant
Un arc-en-ciel
et un coucher de soleil exceptionnel.

Mardi 19 juin

Jour de visite à Luceville
De vins et de parlures
De souvenirs, de partages et d’amitié
D’au revoir et à bientôt
C'est sûr.

Mercredi 20 juin

Jour de route
De pluie et de soleil
Jour de traversée de villes
De patience et de panique
De doigts engourdis
D'estomac contracté
De fleuve à rivière
De retour à hier

vendredi 1 juin 2018

L'amitié littéraire d'Yvon Paré et Nicole Houde

Le surligneur jaune est un clin d'oeil à Yvon Paré, le formateur du camp littéraire Félix

Yvon Paré nous fait entrer dans l’univers de la romancière Nicole Houde que je ne connaissais pas. Il la tutoie, il la cite, il l’invite chez lui, il l’écoute, il lui parle. C'est une belle promenade, comme sur la couverture du livre. J’ai marché derrière eux en les écoutant discourir sur leurs personnages, sur leurs familles. Je me suis assise sur un banc public près du Saguenay et comme eux, j’ai eu envie d’écrire près d’un lilas ou d’un érable. J’ai cherché les oiseaux qu’ils observaient. Je suis certaine d’avoir flatté leurs chats. Je suis retournée à Montréal que j’ai connu moi aussi, à peu près au même âge. Au détour d’une rue, j’ai même entraperçu mon père (quand il s’agit d’éditeurs et d’auteurs et d’années 68-69, il n’est jamais bien loin) qui entrait chez Jacques Hébert en compagnie d’Andrée Maillet ou de Nicole Brossard. 

Ils discutent de Laetitia, de Claudia, d’Ulysse, d’Ovide. On ne sait plus trop quand il parle de ses textes à lui ou de ses personnages à elle. Et c’est très bien parce que ça nous donne le goût de nous plonger dans la lecture de quelques-uns des quinze ouvrages de Nicole Houde, mais dans un des quatorze siens, également. Sans parler des quarante-neuf livres qu’il nomme au passage qui vont de Gilbert Langevin à Victor-Lévy Beaulieu, de Virginia Woolf à Marie Cardinal. Yvon Paré nous donne à lire pour les cinq prochaines années!

Ce n’est pas une biographie ni une anthologie. Un peu comme L'enfant qui ne voulait pas dormir, c'est sous forme de carnet que l'auteur nous emmène sut la route de cette amitié littéraire. Et en révélant Nicole Houde, Yvon Paré se révèle aussi. J’ai reconnu le grand homme qui anime un atelier au camp littéraire Félix. J’avais hâte de découvrir cette musique dont il nous a parlé, de lire ce premier paragraphe qu’il peut prendre deux mois à peaufiner.
Je lis le soir. C’est ma façon de terminer le jour, de m’avancer lentement dans la nuit. Sonnerie du téléphone. Jamais personne n’appelle après vint-deux heures. C’est Frédéric : « Nicole… est partie…»
Je ne fus pas déçue : c’est une magnifique ballade (avec un ou deux "l") littéraire.
Un livre pour les amoureux des livres, des auteurs et des mots.