mardi 20 février 2024

Petits bonheurs d'une curieuse

Petits bonheurs des derniers jours.

Mon dernier billet de blogue où il était question du Livre bleu m’a apporté de belles nouvelles, petits bonheurs non négligeables.
Premier : quelques heures seulement après la publication du billet, ma cousine de Jonquière (j’en ai déjà parlé dans un billet, voir le lien à la fin), m’a écrit et m’a demandé la version numérisée du Livre bleu.

Donc, elle me lit. Toujours un plaisir de voir qu’on me lit. Et qu’elle veuille voir ce que notre grand-tante commune a écrit en 1917... m’émeut. Je lui avais montré le livre un jour qu’elle était venue me rendre visite, mais une heure pour regarder les photos surtout, c’est court pour connaître toutes ces vies racontées dans un livre de généalogie.
Je lui ai donc fait parvenir les fichiers PDF du livre comme tel et des feuillets qui étaient insérés dans le cahier.
Échange bien plaisant de courriels et de Messenger.

Deuxième : en réunissant les fichiers PDF, je me suis attardée aux documents sur les religieuses de la famille. Dans le livre bleu, j’avais des documents de quatre sœurs Sainte-Croix. Je cherche leurs noms, je me souviens facilement de trois, mais rarement du quatrième, parce qu’il n’en est pas vraiment question dans le Livre bleu. Et me voilà à chercher. Non pas seulement le nom de la petite-nièce d’Esther Leduc, mais aussi de ces deux autres qui ont été postulantes, dès 1847 quand le Père Basile-Moreau a fondé la congrégation des Sœurs de Sainte-Croix à ville Saint-Laurent.

J’y ai passé une bonne partie de la soirée et de la matinée.

Premier extrait trouvé dans Le livre bleu,
deuxième extrait provient des Annales des Soeurs de Sainte-Croix


Dans les feuillets, j’avais bien lu que les trois postulantes étaient parentes, mais sans plus. Et dans les années 2000, quand j’ai entré des noms dans ma base de données, je ne me suis attardée qu’à Esther Leduc dont ma grand-tante religieuse avait fait grand cas dans le Livre bleu.
C’est hier que j'ai poussé plus loin. Dans ma base de données, pas de Marie Gohier ni d’Émilie Fortier. Et des célibataires, ce n’est pas évident de les trouver en généalogie. Beaucoup plus facile de trouver des mariés.
J’ai été lire ce document dont j’ai parlé dans mon billet : Annales de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs, et dans la chronologie, page 334, j’ai lu, noir sur blanc ou plutôt noir sur jaune : «toutes trois cousines».

J’avais la confirmation, il ne me restait qu’à trouver.
Ma curiosité légendaire a fait de moi une chercheuse infatigable. Encore faut-il savoir où chercher. Sur mon ordinateur, j’ai ouvert mon logiciel de généalogie (Family Maker 2014); sur Internet, une fenêtre pour le PDRH (répertoire de tous les actes de baptême, mariage et sépulture catholiques enregistrés au Québec entre 1621 et 1861) et une autre pour Le Lafrance qui couvre une période plus longue.
J’ai d’abord cherché la date de naissance d’Esther Leduc, la seule sur qui j’ai quelques informations de source sûre : 1826. Comme des cousines normalement, c’est né dans les mêmes années, j’ai ratissé entre 1820 et 1830.

J’aurais dû commencer par Émilie Fortier parce que des Marie... toutes les filles s’appelaient Marie. Et Gohier s’écrit aussi Goyer. Enfin bref, après des Marie Anne, Marie Rosalie, Marie Rose, je tombe sur une Marie Pélagie. Pour chacune, je cherche les parents, je trouve la famille entière, je guette les filles non mariées, et qui ne sont pas décédées en bas âge, elles sont nombreuses. Et puis dans les unions, je vois le nom de Philippe Leduc. Je vérifie... oui, oui, dans ma base de données Philippe Leduc est le père d’Esther Leduc.

De Philippe Leduc à son épouse Marie Julie Judith Crevier Saint-Jean, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi. Le PDRH m’a indiqué le chemin. Je trouve que le couple Louis Gabriel Crevier /Marie Julie Boyer ont eu 16 enfants, dont trois filles : une a épousé Philippe Leduc, une, Casimir Fortier et une Gilbert Gohier. Que les patronymes Leduc, Fortier, et Gohier se retrouve dans la même famille, des bonnes chances que ce soit la bonne famille.

Les mères des postulantes cousines étaient donc trois sœurs Crevier :
Marie Judith, mère d’Esther Leduc (1826)
Marie-Anne, mère d’Émilie Fortier (1822)
Marie-Pélagie, mère de Marie Gohier (1828)

Avec ce que j’ai découvert, il va falloir que je réécrive mon roman Les têtes bouclées! Ce n’est pas une des trois premières postulantes qui est dans ma « famille », mais bel et bien les trois. Bon, ce sont des arrière arrière arrière grand-tante ou très petite petite-cousine, mais quand même!

En 1847, elles ont été les trois premières postulantes canadiennes de la nouvelle « Communauté des Sœurs de Sainte-Croix ». Et moi, je suis demeurée plusieurs années à ville Saint-Laurent, ma mère nous parlait quelquefois de ses deux tantes Deguire (Annie et Évelyne) devenues religieuses au couvent de Saint-Laurent, j’ai eu des sœurs Sainte-Croix comme enseignantes, mes préférées. J’ai été à Regina Mundi, j’ai été au collège Basile-Moreau. J’ai même fait ma dernière année d’École normale dans ce bâtiment, qui, l’année suivante, devenait le cégep Vanier. Comme si la boucle était bouclée.
Mes grand-tantes Annie et Evelyne Deguire et leurs arrière petites-cousines ou arrière grand-tante ont sans doute connu le couvent Notre-Dame-des-Anges du haut et moi, j'ai plutôt fréquenté le collège Basile-Moreau (le bâtiment de gauche).

Je ne sais pas vraiment pourquoi ça m’impressionne, pourquoi j’aime chercher et trouver des liens, mais c’est ainsi.

C’est le genre de petit bonheur qui comble bien plus la chercheuse curieuse que la généalogiste amateure ou la romancière-blogueuse.

Source des photos du couvent >>> 
Lien vers ma cousine >>>







dimanche 18 février 2024

20 ans plus tard
ou du détachement des objets.

J’aime bien les titres ou les incipits qui frappent, qui soulèvent la curiosité.

Donc, 20 ans plus tard, je me décide. En 2004, dans le journal du futur roman Les têtes rousses (lien vers ce journal >>>), j’écrivais : « Je me souvenais qu’elle [ma mère] m’avait remis un livre bleu dans lequel sa tante religieuse avait consigné des tas de dates, de notes où il était question aussi bien des Deguire que des Lynch et d’une certaine Bridget Bushell. Je ressortis ce livre bleu, et j’y lus matière à histoires. »
LE livre bleu.

Il date de 1917. Les pages sont jaunies, recollées. L’écriture pâlie. Les photographies détachées. Ma mère en avait hérité de son père, elle l’a lu, annoté. Mon père s’en est servi pour dresser un premier arbre généalogique à la main puis à la machine à écrire. Objet de ma curiosité depuis que je suis toute petite. Je ne me souviens pas quand j’en ai pris possession. Probablement quand mes parents ont déménagé pour la nième fois. En tout cas, en 2004, je l’avais.

En vingt ans, je l’ai tellement feuilleté, tellement lu et relu, scruté à la loupe, noté les erreurs de dates.
Il a été mon point de départ pour la recherche de mes ancêtres irlandais. Il a été mon inspiration pour l’écriture de trois romans.

Depuis la parution de mon dernier tome de la trilogie des Têtes rousses, en 2019, je n’en ai plus besoin. Mais pas pour autant que je me décidais pas à m’en départir.

Est-ce le premier pas vers le détachement de mes livres, de mes écrits?
Je ne sais pas quoi faire avec mes centaines de livres, mes dizaines de cahiers et mes milliers de feuilles imprimées. Certains datent de 50 ans. Autour de 1974. Je commençais ma vie d’adulte-qui-est-partie-de-chez-ses-parents, je commençais ma vie professionnelle avec de l’argent. Je pouvais acheter des livres. Je ne m’en privais pas. Mais là, cinquante ans plus tard, à la veille peut-être bientôt, peut être pas, qu’est-ce que j’en sais, mais peut-être déménagerai-je dans un 4 et demi? Que faire de tous ces livres? Les vendre, les donner? Qui veut lire Han Suyin, Hervé Bazin, Maurice Druon, les prix Nobel? Et les écrits, les journaux, les lettres, les manuscrits d'une parfaite inconnue?


C’est tout un processus le détachement des biens matériels. Surtout ceux qui, croit-on, nous représentent, disent qui nous sommes. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. À quel âge on commence à pouvoir les laisser aller? Et même pourquoi? Simplement parce que je n’en ai plus besoin? Simplement au cas où je doive partir de la maison? Simplement pour ne pas donner de problèmes à ma succession? Pourtant quand mon père est mort, oui ça m’a pris six mois pour faire le tri de tous ses livres et documents, mais bon, j’ai bien aimé. J’ai vendu un peu, jeté un peu, conservé un peu, mais beaucoup donné.

Ma vie tourne beaucoup autour des livres, des écrits, des mots, alors m’en défaire, c’est un peu comme jeter ma vie. Pas lui enlever de la valeur, mais la mettre déjà au passé. Ces écrits, s’ils devenaient des archives au lieu d’être jetés, attesteraient de mon existence? Suis-je cette éternelle jeune fille qui voudrait qu’Hollywood la découvre, qu’un éditeur la publie? Non, il me semble que ce stade est passé.

Une étape à la fois. D’abord l’acceptation. De vieillir. D’être fatiguée plus vite. D’avoir moins le goût de voyager, de voir le bout du monde. D’aimer rester à la maison. D’aimer me promener au Québec, près de chez nous. Hier encore, j’ai été à Duhamel, j’ai vu cinq chevreuils. J’ai acheté des pâtés et une baguette. Souper agréable. J’ai lu un extrait du livre Ports d’attache: osons révolutionner nos amitiés de Karine Côté-Andreetti (un livre qui commence par l'incipit:  « Même dans l'amour, il y a de la solitude »... je l'ai dit, j'aime les incipits qui invitent à poursuivre). J’emprunte des livres à la bibliothèque maintenant. Plus facile de s’en détacher.

Revenons au livre bleu que je suis prête à laisser aller. Première étape avant de trouver à qui donner tout le reste. De me décider surtout à jeter les écrits de ma vie : journaux, lettes et manuscrits.

L’an dernier, ce livre généalogique, je l’ai offert à mes neveu et nièces. Avec mon frère, on a numérisé chaque page. Je l’ai remonté en PDF : 130 pages, 250Mo. Personne n’en veut, mais au moins j’aurai une copie numérisée.

J’ai hésité entre envoyer le livre aux Sœurs de Sainte-Croix parce que quelques fascicules de la vie de quatre religieuses — Esther Leduc, Annie Deguire, Evelyne Deguire, Marie-Louise Bourdon —, ont été glissés dans ce « Livre de généalogie », mais quand j’ai lu un livre sur les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix et des Sept douleurs, publié en 1930 (très intéressant pour qui a connu les soeurs de Sainte-Croix, Saint-Laurent, Regina Mundi et Basile-Moreau), je me suis dit que MON livre bleu ne leur apprendrait pas grand-chose qu’elles ne sachent déjà, et puis, les archives n’avaient pas l’air aussi bien organisées que celles de la Société généalogique canadienne-française.

La coordonnatrice de la Société généalogique canadienne-française, Dominique Ritchot a été intéressée. C’est elle qui nous a trouvé l’ancêtre Falstrault, en 2003. J’ai confiance que le livre sera bien conservé. Le livre bleu ira rejoindre La monographie des Lynch (prix Percy-W. Foy, 1989) rédigé par John Lynch un descendant, comme moi, de Denis Lynch et de Bridget Bushell.

Aujourd’hui, préparer le paquet. Demain, la poste.
Alea jacta est.

Lien vers le livres Les Annales de la congrégation des Sœurs Sainte-Croix >>>


vendredi 9 février 2024

Ce qui devait, ce qui sera - 2

Hiver doux s’il en est un. Sans s’éreinter sur la souffleuse ou la pelle. Sans ce froid qui vous gèle les os.

Je suis rarement partie en février. Trois fois quand même :
en 2008, en véhicule récréatif, classe B, 58 jours dans un parc régional en Georgie;
en 2009, même véhicule récréatif, 59 jours, à Fort De Soto en premier et retour au Blythe regional Park, en Georgie;
et finalement, en 2014, avec un nouveau classe B, en Floride cette fois, 57 jours dont 43 à Okeechobee landings.

Cette année, ce devait être une cinquantaine de jours aussi, mais dans un resort, à Myrtle Beach.
Ce n’est ni le regret ni la tristesse, encore moins la colère contre le vieillissement et la maladie qui m’ont fait regarder la liste de mes voyages et visionner quelques photos de mer ce matin. Non, juste des associations d’idées : d’un février à l’autre. Des associations d’activités : d’un site à l’autre, mettre à jour les sites Internet dont je m’occupe. Des couchers de soleil devant moi versus les levers de soleil de Myrtle Beach que j’ai déjà vus, et tant aimés.

Et qui dit février, dit Salon du livre de l’Outaouais. Je le vois sur ma page Facebook. Et comme chaque jour, je regarde les nouvelles parutions chez les éditeurs, chez les libraires, aux deux bibliothèques auxquelles je suis abonnée, je me demande si cette année, je n’irai pas feuilleter avec plus d’attention ces livres dont je lis les extraits chaque matin.

Voilà, c’est tout.
Ce sont mes joies quotidiennes, mes plaisirs du jour. Entre les repas que j’aime préparer, les silences que j’aime entendre, les marches dans le chemin/droit de passage pour le voisin qui ne vient pas souvent, à moins que je n’entende pas sa voiture électrique! Entre le café du matin et le verre de vin de fin d’après-midi. 
Oh! la la! j’ai oublié le linge dans la sécheuse, excusez-moi, à la prochaine!