Donc le dernier mois, dix jours de Covid, de menus travaux d’automne (ai-je dit menus? Ce fut de gros travaux, suite du derecho de mai, mais menus pour moi qui ne fut qu'une aide) et des jasettes entre amies m’ont occupée le corps et l’esprit. Malgré tout, quelques lectures m’ont comblée! Mais lire, c’est un peu comme écrire : faut avoir la tête à ça.
Annie Ernaux a remporté le Prix Nobel, en feuilletant son livre lu en 2015, Écrire sa vie, je m’aperçois que je n’ai pas lu Mémoire de fille. Ce qui fut fait. Il est vrai qu’elle se répète, mais quel·le auteur·e ne le fait pas? Suis heureuse de constater qu’elle n’aime pas les étiquettes:
« Lorsque quelqu’un referme un livre qu’il a lu, il ne se demande pas s’il a lu un roman ou un récit, il sait juste s’il a lu un bon ou un mauvais livre. »
Écrire c’est reprendre le contrôle. Le contrôle sur le vécu vécu.»
Dans cette thématique du « je », j’ai enchaîné avec La lettre aérienne de Nicole Brossard. À lire lentement.
Visiblement, je cherche un miroir. Voir ma vie écrite dans un livre pour voir où elle va après avoir retrouvé ce qu’elle a été ailleurs que dans mes souvenirs. Plus je vieillis, plus il n’y a que moi qui m’intéresse. Plus de temps à perdre avec ce qui ne me rejoint pas.
Entre deux récits de vie, je me suis laissé tenter par Les marins ne savent pas nager. J’ai beaucoup aimé les 200 premières pages. Le décor de l’île : je me revoyais à Terre-Neuve. Le vocabulaire très riche et très autre siècle. Toute mon admiration à l’auteure pour son travail original. Mais pas de conflit à résoudre, pas d’attachement réel aux personnages. Donc pas d’identification à part cette île dans laquelle j’irais bien habiter... deux semaines. Y lire sûrement.
Je suis revenue à plus personnel, j’ai enchaîné avec Quand viendra l’aube de Dominique Fortier.
Quand je lis : « je ne vois pas quand les mots reviendront; j’ignore s’ils reviennent jamais ou s’ils ne font que nous visiter une fois pour tourner les talons, dépités, quand on tarde à leur ouvrir la porte », ça me pousse à « ouvrir la porte » pour voir si mon besoin d’écrire s’est envolé.
Au lieu de me dire que Dominique Fortier a été chanceuse d’avoir été assistante de recherche de François Ricard, chanceuse d’avoir poursuivi des études en littérature, je me demande plutôt en quoi j’ai été chanceuse dans ma vie. La liste est longue certes et chaque « chance » m’a menée là où je suis et a fait de moi ce que je suis. Mais (toujours ce mais qui dit le doute et fait croire a une insatisfaction) quelles autres chances aurais-je pu avoir pour être... Et chaque fois je me demande être qui? Qui aurais-je tant voulu être? Je cherche dans les livres ce « qui », ce « je ».
Puis, sans me souvenir comment, je suis passé à Hantises de Frédérique Bernier.
Il y a aussi :
Et comme je n’ai pas réussi à être happée à ce point par les livres de Virginia Woolf (n’en ai terminé aucun, sauf Une chambre à soi), peut-être ne suis-je pas comme ces lecteurs et lectrices — dont Frédérique Bernier, visiblement — pour qui un livre réussit à justifier l’existence. Ou je n’ai pas encore trouvé LE livre. Alors je cherche. Je trouve par petits bouts. Des extraits ici et là. Et me voilà à noter des phrases marquantes, à citer des auteur·e·s, comme tant d'écrivains le font ces années-ci.
Voilà, fin de l’exercice pour aujourd’hui.
Je m’en vais me faire vacciner. Contre l’influenza puisque paraît-il, il faut attendre trois mois avant une nième dose si on a eu la Covid.
Et vous, dites-moi vos occupations, vos préoccupations d'hier ou de demain.