mardi 29 avril 2014

Entre réalité et fiction
mensonges et trahison

J’aime lire des biographies, je l’ai déjà dit. Et comme il est suggéré aux écrivains d’écrire ce qu’ils aiment lire, raconter la vie des gens m’attire toujours autant. Je l’ai fait dans des reportages journalistiques, je l’ai fait dans un récit sur mon père. Je pense avoir réussi pour mes ancêtres irlandais, mais là pour le prochain, je suis confrontée à des choix difficiles. Probablement par pure paresse intellectuelle, au fil des années, je me suis fait un ancrage en me disant que je n’avais pas d’imagination, alors je pars de personnes qui ont existé, elles m’offrent une base de départ : visage, cheveux, dates de naissance et de décès, adresses de maison et même leurs prénoms et noms. Ça pouvait paraître une bonne idée quand mon histoire se situait dans les années 1850-1900, je pouvais bien faire vivre ce que je voulais à mes personnages, personne ne viendrait me dire qu’ils n’ont pas éprouvé ceci ou cela. 

Benjamin, Philéas et Léo Deguire
Mais une fois dans les années 1900-1950, à l’époque de mes grands-parents? Les historiens pourront mettre en doute mes écrits au sujet des événements ou des lieux, mais pourtant ce n’est pas cette réalité qui me fait peur. Je cherche et vérifie tout ce que je peux et si je doute de l’exactitude des faits, je n’en parle tout simplement pas. Non, la réalité qui m’effraie et me fait hésiter dans le choix des scènes, ce sont les personnalités, les caractères. Dans un roman, contrairement à une biographie ou un article de journal, l’éditeur insiste (parce que moi, je me contenterais bien d’un récit linéaire, des histoires d’amour et des petits drames quotidiens qui ont jalonné leur existence), il faut un conflit, donc des méchants et des bons, des doux et des durs, des surprises. 

Dès le début de l’écriture de cette sorte de suite aux Têtes rousses, je me suis sentie plus libre en changeant la plupart des prénoms des personnes qui, très tôt dans l’histoire, sont devenues des personnages, mais ce ne fut pas suffisant. J’ai attendu que leurs visages se métamorphosent, que je ne voie plus les photographies que ma grand-tante avait précieusement conservées. J’en suis à la page 75 de la nième version et leurs visages sont toujours les mêmes dans ma tête. Hélas! Au final, ce n’est plus du tout l’histoire de mes grands-parents dont j’ai tout de même gardé le patronyme parce que je le trouve beau et riche d'histoire. Ni leur vie, ni leur personnalité, ni leurs gestes. Il ne reste à peu près que leurs dates de naissance et de mort. Mais pourquoi donc, est-ce que je me sens coupable de trahir leur mémoire? Je me sens coupable de faire croire à leurs descendants que telle a été leur vie. Même si j’en ai parlé à ma cousine qui me donne l’autorisation de déformer la réalité — réalité qu’elle n’a pas connue puisqu’elle n’a pas vécu au Canada à l’époque des faits —, j’ai toujours ce tiraillement dans ma tête entre le vrai du faux. Comme si je ternissais leur réputation. Pourquoi me suis-je embarquée dans cette galère? 

En exergue, j’ai déjà cité Simone de Beauvoir : « La littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports » et Jean-Guy Paquin également : « J’aime aller à la rencontre de ce qui veut exister », mais est-ce que, de là-haut, mon grand-père et tous les membres de sa famille, vont me lire et me comprendre?

lundi 21 avril 2014

Les dix commandements
de l'écrivain qui corrige

Tu ouvriras seulement des sites dont tu as besoin pour des recherches. Surtout pas de blogues de voyages ou de réseaux sociaux.

Tu ouvriras seulement des dictionnaires, des grammaires. Surtout pas de romans. Encore moins des romans québécois. 

Tu ne détourneras les yeux de ton écran et de ton clavier que vers ton manuscrit. Même si le ciel est d'un bleu magnifique, même si les oiseaux chantent.

Tu écriras dans la joie et le plaisir de trouver le mot juste et de garder le rythme. Jamais dans le doute ou la mésestime de toi.

Tu répondras aux appels téléphoniques et aux courriels que le matin très tôt ou le soir quand tes yeux seront fatigués. Et tu dis non le plus souvent possible.

Tu sortiras une fois par jour pour prendre l’air, gratter le terrain ou pédaler jusqu’au village pour aérer ton esprit, et tu enverras promener tes personnages faire la sieste pour quelques heures. S'ils insistent, s'ils crient trop fort, fais les patienter un peu, tu as le droit à une vie toi aussi!

Tu mangeras sainement et boiras abondamment de l’eau, modérément du reste.

Tu entretiendras ce blogue comme un simple exercice de réchauffement.

Tu dormiras du sommeil du juste, et si jamais la lune te tient éveillée, et que les mots forcent ta chambre, tu te lèveras et iras écrire, sachant qu’une fois le soleil revenu, tu sauras bien raturer les passages inintéressants.

Tu remercieras tout ton entourage de bien vouloir t’encourager à observer ces commandements.

vendredi 18 avril 2014

Un Vendredi saint de doutes

Je veux et ne veux pas, dans la même minute. Je dis oui et non en même temps. 

Je suis moi et pas une autre. Je ne devrais pas lire Katherine Pancol qui intègre si bien les phrases dites sans guillemets ni tirets, et encore moins Sonia Marmen qui détaille si bien les scènes. Ne pas lire les autres pour me garder vierge à mon propre style. Même si je ne crois pas en avoir encore un bien à moi. 

J’ai dit oui à l’éditeur, je réécrirai le manuscrit, oui, j’ajouterai du socio-historique, même si je trouve qu’il y en a déjà suffisamment comme ça. Comme une bonne élève, pour avoir la note de passage — de publication dans le cas présent — je ne suivrai pas mon penchant naturel pour le romantisme, la sentimentalité et je me pencherai sur le contexte, l’environnement, l’époque tout comme on ajoute de la description pour situer les personnages dans un lieu. J’enrichirai les événements déjà présents, mais parfois à peine effleurés. En souhaitant que ça suffise pour améliorer la montée dramatique qui, elle, je le sais bien, fait cruellement défaut. Ça aurait pu être un récit, mais l’éditeur veut un roman, une forme narrative et non un simple album qu’on feuillette. Je n’ai guère d’espace et encore moins de nom connu pour négocier. Je dis non et je vais voir ailleurs ou je dis oui, je cesse de résister et je me mets au travail.

Mais avant d’obéir, permettez que je lutte, permettez que je défende un peu mon manuscrit. Je sais déjà que je m’appliquerai, mais pas après avoir combattu et laisser parole et temps à celle qui a le goût d’arrêter là, de ne pas aller plus loin. Après tout, je n’ai pas besoin d’argent et même si j’en avais besoin, ce n’est pas la publication d’un roman qui m’en apporterait. Après tout, je pourrais simplement jouir de la vie, voyager, prendre des photos, me plonger dans la généalogie ou mieux encore, lire ces autres auteurs dont j’admire la persévérance, et que j’ose appeler parfois mes consoeurs, mes confrères, mes pairs. La tentation est forte d'envoyer tout promener. Je me donne trois jours de résistance, de réflexion.

Je sais pourtant déjà que, comme Jésus, après ce Vendredi saint de doutes et de questionnement, après des célébrations pascales ensoleillées, je sais que je mettrai mes habits de résurrection, je forcerai mon inclination à la facilité et je monterai vers un ciel qui, espérons-le, me sera clément pour trouver les mots, le ton de ce roman qui veut voir le jour.

(Illustration: après Les têtes rousses, le prochain roman qui voudrait bien voir le jour)

mardi 15 avril 2014

À défaut d'imagination,
le travail suffira-t-il?

Pendant mon séjour dans le sud, j’ai commencé à écrire une nouvelle. Pour le concours Des nouvelles de GatineauUn petit cinq pages, mais rien d’autre.

Avant mon départ, j’avais envoyé un manuscrit à trois éditeurs. Pendant mon séjour, j’ai reçu un courriel de l’un d’eux. À la fin du courriel où il refusait de publier mon manuscrit dans l’état actuel, il me demandait si j’étais prête pour un «travail de refonte considérable». Le teint bronzé, les pieds nus, un petit vent chaud dans mes cheveux, bien sûr, j’étais prête à tout. Je me sentais forte et ragaillardie.

Mais voilà que jeudi prochain, je le rencontre, je relirai avec lui les commentaires et les suggestions des lecteurs du comité. Je n’appréhende pas la rencontre, mais je me sens moins forte devant ce travail colossal. J’aurais le goût de lui servir la phrase assassine de Simone de Beauvoir quand son éditeur lui a demandé de réécrire Les Mandarins. Elle a dit non et l’éditeur a publié tel quel. Je sais bien que je ne peux pas me permettre un tel non, mais pour l’instant, je suis dans le déni, c’est certain.

Ce n’est pas un roman parce qu’il n’y a pas d’intrigue : et alors, ce sera un récit ou pas, juste un texte de fiction. Pourquoi faut-il une intrigue? Et puis il y en a, mais elle est ténue.

C’est un texte linéaire : bien oui et après? Je ne suis pas Catherine Leroux pour écrire de courts paragraphes comme autant de pièces d’un casse-tête. Le personnage nait, vit et meurt. C’est si ennuyant que ça?

Je résiste parce que je vois pas comment changer ces deux réalités, l'ampleur de la tâche ne m'effraierait pas tant si mon cerveau savait comment remédier à ces deux questions. Du reste, j'en conviens : vocabulaire peu recherché, peu d’effets stylistiques… là, oui, je me sens capable d’amélioration, comme une élève qui passera du secondaire au cégep ou mieux, à l’université. À défaut du talent naturel et d’imagination fertile, le travail palliera-t-il cette difficulté?

Ah ! si jeudi peut arriver et passer, que je m’attaque à cette refonte. Sans rechigner à chaque ligne. Et finalement, avec succès.

dimanche 13 avril 2014

Au pays de la canne à sucre

Pour raconter un voyage, beaucoup de gens utilisent un blogue, c'est très bien, j'en lis beaucoup. Personnellement, pour les miens, je préfère un site. D'abord je peux le monter tranquillement, à mon retour, quand j'ai une connexion internet digne de ce nom. Puis, pour les consulter, plus facile d'utilisation. Quoique maintenant avec les nouvelles plateformes, il est possible de retrouver un voyage qui date d'un an ou même de dix ans. 
Toujours est-il que ça ne fait pas une semaine que je suis de retour, et j'ai réussi à 
-- visionner plus de 600 photos
-- en traiter près de 200 avec Lightroom ou Windows Live Gallery
-- les classer et les monter en diaporama grâce à Jalbum
-- relire mon carnet de bord pour ne pas dire n'importe quoi, identifier oiseaux et fleurs
-- écrire les légendes (de nombreuses fautes que je corrigerai cette semaine)
-- monter les pages dans Web Creator Pro 5
-- envoyer le tout chez Funio, via Filezilla
... et regarder encore le tout avec plaisir, puis avoir déjà hâte au prochain voyage ou séjour dans le sud.

Pour voir et lire, c'est par là>>>

Un avant-goût:






jeudi 10 avril 2014

Après la canne à sucre, la glace

La peau brunie, le cheveu déteint, des réserves de bonheur, assez pour oublier le soir sombre des élections, après deux mois au pays de la canne à sucre, je suis de retour… dans la glace. Quoiqu’aujourd’hui, à douze degrés, elle fond, tranquillement.

Plus de 500 photos à visionner et « post-traiter » avant de les publier sur mon site de voyages. Quoique cette fois-ci ce n’était pas vraiment un voyage, ce le sera de moins en moins d’ailleurs. Nous en sommes à rester sur place, à jouir du temps, rayonner autour. 

Ainsi, cette année, nous avons élu domicile à Clewiston, Floride, au pays de la canne à sucre. J’en reparlerai lors de la publication de mes photos.

Et puis j’ai beaucoup farnienté. Mon billet de mars Ne rien faire a été écrit sous la latitude 27.26oN. La photo qui accompagnait le billet datait du mois de décembre, juste pour mêler les cartes.

Activités de ces deux mois :
— (re)lu Le journal en pyjama de Laferrière, j’ai poursuivi la lecture de la vie de George Sand ai feuilleté quelques livres numériques;
—écrit la première version d’une nouvelle pour Nouvelles de Gatineau 4;
—roulé plus de 6,000 kilomètres en VR;
—pédalé un bon 300 kilomètres;
—baigné presque tous les jours;
—jasé avec plusieurs résidents du parc, on a déjà hâte d’en revoir plusieurs l’an prochain;
—écouté des chansons et de la musique sur une terrasse, une petite bière froide à la main;
—appris qu’un éditeur était intéressé à mon manuscrit (la sorte de suite des Têtes rousses), mais après refonte complète. On a discutera la semaine prochaine.

Tout est lavé, rangé, la correspondance à jour, l’auto sortie de la glace (grâce au CAA, le soleil à lui seul n’y parvenait pas), l'argent reçu (le Droit public entre autres) déposé et le réfrigérateur empli à nouveau. Quelques visites encore, Pâques à fêter, et je retrouverai sans doute un rythme plus adapté à une grande maison, un terrain dégelé et une vie de travailleur autonome. 

Le prochain voyage est déjà prévu, réservé, mais comme à mon habitude, je ne vous en parlerai qu’à mon retour !

(Photo: Palm royal avenue, à Clewiston, Floride)
Ajout: j'ai volontairement tu les 60 (et je dirais même et demi) jours de soleil sur 62 et les 27 degrés de moyenne, mais j'ai constaté que les Québécois et les Québécoises ont un talent très développé pour oublier d'une saison à l'autre, d'un gouvernement à un autre. Hooooonnnn, méchante!