dimanche 1 mars 2015

« Mon » Salon du livre de l'Outaouais 2015

La route était belle, sèche, le soleil réchauffait enfin cette terre québécoise, glaciale comme jamais en février 2015. Cette année, je pouvais y aller, je le voulais. Je n’étais pas dans le sud, la maladie ne me retenait pas à la maison, il n’y avait pas de tempête, donc je pouvais. Je n’y allais pas en tant qu’auteure qui irait attendre derrière une table pour présenter son dernier roman qui datait déjà de 2011, non juste comme lectrice. Comme amoureuse des livres, croyais-je. Et ce n’était qu’à une heure de chez moi, dans une ville dont je connais les rues, dans un bâtiment dont je connais les labyrinthes.

Salon du livre de l’Outaouais, donc.

En tant que membre de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais, j’ai un accès gratuit. Déjà, à l’entrée, de se nommer, de voir son nom sur une liste de personnes autorisées, ça me donne une existence, une reconnaissance en tant qu’auteure.

J’avais noté quelques noms de personnes que je voulais rencontrer et les numéros des stands où elles seraient présentes. Comme je ne publie pas souvent des photos de moi, certaines personnes connues sur Internet ne me reconnaissaient pas. Mais quel plaisir de voir qui leur sourire, qui leurs grands bras ouverts, ou entendre de joyeux : ah ! Claude ! ou de sentir la chaleureuse accolade.

Photo qui servira à mon profil sur Facebook.
Ce fut donc un grand plaisir de parler à Corinne De Vailly, Suzanne Ouellette, Suzanne Roy, Évelyne Gauthier, Mylène Gilbert Dumas, toutes connues sur Facebook. D’ailleurs, à la suite de ces rencontres, j’ai finalement décidé de mettre ma photo sur Facebook. La dernière, laissée quelques semaines à peine, datait de 2009. Il serait temps que j’assume mes rides et mes cheveux gris et le fait que mon identité visuelle serait divulguée sur Internet.

Quant à Andrée Poulin, Loïse Lavallée et Michèle Bourgon, ce sont des auteures qui vivent en Outaouais et que je connais depuis plusieurs années. Je suis leur carrière, je lis leurs livres. Elles corrigent parfois mes textes. Je les admire et les aime. 

Au passage, on m’a fait connaître Paul-François Sylvestre de Toronto qui m’a beaucoup appris sur l’histoire franco-ontarienne et j’ai compris une fois de plus que ce n’est pas parce que je demeure en Outaouais que je connais mieux l’histoire de l’Ontario. Et j’aime toujours parler de la langue française, des accents, des idéologies. Jean-François Grosmaire, un Français d’origine, un Québécois de cœur, vantait l’authenticité, l’humour du livre de Michèle Bourgon, Y’a pas de soucis et voudrait bien que les Français le lisent. Ils éviteraient peut-être de colporter quelques clichés éculés au sujet du Québec ou des Québécois. 

J’aurais bien voulu rencontrer Lynda Dion, mais elle était retenue ailleurs. Ce qui ne m’a pas empêché d’acheter son dernier livre, Monstera deliciosa. Un petit livre qui ne fait pas 150 pages, dont j’essaie d’étirer la lecture. Moins roman au sens classique du thème que les deux précédents, mais texte qui m’inspire des mots, des phrases, qui m’entraîne vers mes propres écrits. Vers ma propre vie émotive.

Dernier plaisir du jour : discuter de mon prochain roman avec Vents d’Ouest : la publication des Têtes bouclées, prévue pour l’automne, mes petites idées au sujet du lancement que j’espère cette fois pouvoir célébrer, ce qui me fera oublier l’annulation de celui de 2011. 

Au retour, comme toujours quand je suis le moindrement seule, des mots, des phrases, des images de scènes pour mon prochain roman. Et de grands soupirs de satisfaction. Finalement, je me suis sentie plus auteure que lectrice.

Tout du bon. Une journée dans mon pays, dans mon monde. 

jeudi 26 février 2015

J'aime voyager, mais...

C’est la faute de mes parents ! Et peut-être un peu à ma carte du ciel très, très favorable à cette tendance : j’aime voyager. En revanche, pas n’importe où et pas n’importe comment. La Thaïlande ou l’Amérique du Sud ne m’attirent pas. Je suis une Nordique. La Scandinavie bien avant l’Asie. Et le camping bien avant l’hôtel. 

J’ai connu la tente par choix et pour le prix modique. J’ai essayé la tente-roulotte, mais j’ai su que reculer quelque véhicule tracté que ce soit, ce n’était pas aussi facile que la théorie me l’a laissé croire. Avec l’âge, vint le véhicule récréatif. Une petite caravane portée de sept pieds et demi pour commencer et depuis quelques années, un motorisé de classe B. 

J’ai voyagé pendant les vacances d’été. Une seule fois pendant les vacances de la construction et plus jamais, oh ! que non. Puis, quand j’ai pu, en septembre et en juin. Depuis quelques années, je peux partir à peu près toute l’année, ce sont plutôt les rendez-vous médicaux et le besoin quand même d’être dans ma maison, sur mon terrain, bref, chez nous qui limitent mes déplacements.

J’aime me sentir libre d’aller où je veux, quand je veux.

Mais ce qui m’amène à résumer ma vie de campeuse, c’est pour souligner que depuis quelques années, je ne voyage plus de façon aussi agréable. Aussi décontractée, aussi l’esprit libre. Est-ce l’âge ? Peut-être un peu. J’ai besoin de plus de sécurité, je m’inquiète plus facilement, bref, je stresse.

Pas que l’âge pourtant.

Depuis quand ? Depuis que les campeurs peuvent RÉSERVER. Majuscules et gras, parce que ça m’énerve, et tous les synonymes possibles : être sur des charbons ardents, s’alarmer, s’angoisser, s’en faire, s’inquiéter, se faire du mauvais sang, se faire du souci, se faire du tracas, se faire un sang d’encre, se mettre martel en tête, se morfondre, se ronger les moelles, se ronger les sangs, se soucier, se tourmenter, se tracasser.

Depuis que les campeurs peuvent réserver eh bien, ils réservent. Parfois un an à l’avance. Et pas à un seul camping, à plusieurs. Pire, ils oublient d’annuler ou le font la veille.

Je déteste réserver. Je ne sais pas un an à l’avance, même pas un mois à l’avance si je vais aller là ou là, à telle date ou telle autre. Et si j’ai envie de rester plus longtemps sur le bord d’un cours d’eau ? Et s’il y a une tempête qui me retarde en route ? Et si je n’aime pas ce camping et que je n’ai plus envie d’y aller ? (Déjà arrivé, ai perdu un dépôt de 100 $) Et si…

Exemple au Québec : la Sépaq. Je voulais aller au parc Mont-Tremblant, deux nuitées dans les très beaux et nouveaux chalets EXP. Nous étions le 20 janvier, pas dans la semaine de la relâche, juste en janvier. Et je voulais y aller dans la semaine, pas le vendredi, mais un lundi et un mardi. Je jette un coup d’œil sur le site. Il y a cinq chalets. Tous loués jusqu’à la fin mars, tous les jours. Ah ! non, un seul disponible, une seule journée, le 19 février. 130 $. Un mois plus tard. Commencèrent les « et si… » Et s’il y a tempête ? Et si ça ne me tente plus ? J’appelle et je demande comment le système d’annulation fonctionne. À un mois d’avis, pas d’annulation possible. Si, pour une raison ou pour une autre, je ne peux pas y aller le 19 février, je perds 130 $! Je n’ai évidemment pas réservé et n’y suis pas allée. Je ne sacre pas, mais il m'arrive de dire des gros mots.

Aux États-Unis, ce sont les State park qui sont réservés des mois à l’avance. Les plus près de la mer comme les plus reculés. Il y a un site, Reserva America, qui nous permet de réserver dans la plupart des State park et quelques RV park. Je connais des campeurs qui réservent à deux ou trois endroits. Je comprends que les Étatsuniens du sud puissent camper à l’année, donc ils ne se gênent pas pour partir camper presque chaque fin de semaine. Mais la semaine ? 

La réservation est devenue un système fort lent et déshumanisé. Il m’est arrivé d’être au Anastasia State park (St-Augustine, Floride) et aussi à Walt Disney, bien présente, devant un comptoir et je ne peux pas avoir d’emplacements. Il faut que je téléphone. Je suis là, devant une préposée qui pourrait me renseigner, me dire au moins s’il y a des emplacements disponibles, non, il faut que je téléphone à la centrale de réservations. En anglais, évidemment. Heureusement à Walt Disney, on a le droit d’avoir une traductrice. L’appel se fait à trois… au téléphone. Heureusement aussi, à St-Augustine, une fois que j’ai su qu’il n’y avait pas d’emplacements libres, la préposée a été assez gentille pour téléphoner à deux autres campings et depuis ce jour, je me rends directement au Indian Forest campground.

Il arrive que la communication entre le parc, la centrale de réservation et les ordinateurs de chaque partie concernée ne voyage pas à la vitesse de la lumière. Tu vois le camping à moitié vide et pourtant, à l’entrée, c’est indiqué « No vacancy ». Vers 11 heures, heure du « check-out », tu parles au préposé à l’accueil, il furète dans son ordinateur et parfois il te trouve un emplacement. Et si tu appelles directement à la centrale de réservation, tu cours encore plus la chance qu’elle t’en trouve, parce que les annulations arrivent sur leur écran en premier, au parc en deuxième et sur le site seulement 24 heures plus tard. Qu’on m’a dit.

Quand même du stress, de l’impatience, de l’incertitude. Du changement de camping, du changement d’emplacement : un jour sur le 48, un jour sur le 233. Tu ne peux pas partir visiter la ville, faut que tu déménages !

Je ne voyage plus aussi librement. Certains diront que c’est de l’aventure, que je ferai de belles découvertes. Ce n’est pas ce genre d’aventure que j’aime. Perdre des heures à chercher, à attendre, à m’inquiéter, à téléphoner, à espérer. Pas plus agréable des mois avant de partir que presque chaque jour si tu roules. 

Encore cette année, je voudrais pédaler sur la piste cyclable Pinellas Trail, en Floride, monter au nord et me baigner dans un ou deux « spring » et finir par la visiter cette Panhandle dont tout le monde parle avec un enthousiasme communicatif. Disons, trois campings sur neuf jours. Et bien pas évident, encore. Quelques possibilités très limitées. Si je réserve telle date à l’un, pas de place à l’autre. Si j’obtiens un mercredi à l’un, il n’y a plus de place le samedi à l’autre. Et même si j’avais toutes les dates voulues, ça m’obligerait à être là à ces dates fixées des mois à l’avance. La contrainte et moi ! Aussi stressant que de ne pas savoir où je vais coucher le soir. 

Je déteste réserver. Si ça continue, je vais détester voyager. Papa, maman, pourquoi vous m’avez donné le goût de voyager !

Pour lire ou visionner quelques-uns de mes comptes-rendus des voyages de ces dernières années, cliquez sur l’onglet « voyage », en haut du blogue.

dimanche 15 février 2015

Le désert mauve de Nicole Brossard

Un dimanche sans raquettes. Trop froid. Surtout trop venteux. Alors, écrire, corriger. Et pendant les pauses, question de prendre du recul, lire Le désert mauve de Nicole Brossard.

Je m’améliore : je suis capable de lire, d’admirer, d’aimer, sans être ravagée d’envie, sans tomber dans la mésestime de l’auteure que j’essaie d’être. Je sais, chaque fois, je me dis que je ne devrais pas lire pendant l’écriture , ni la réécriture, ni la révision. Mais voilà, une journée sans sortir m’offre d’autres possibilités durant mes pauses. Et aujourd'hui, c'est tout beau, question lecture. Plus que beau.

Le désert mauve, un livre écrit en 1987. En 1987 ! Il y a vingt-huit ans. Et déjà des phrases comme :

« Pourtant la nuit. » Oui, il y a bien un point, donc c’est une phrase.
« Le désert boit tout. La ferveur, la solitude. » 
« La nuit ! Oui, j’ai vu l’aube. Souvent. »

J’aurais dit une écriture du 21e siècle, pas de 1987. Alors avant-gardiste, précurseure, madame Brossard.

Des phrases courtes, qui, parfois, ne semblent avoir aucun lien. Pourtant, comme une chaîne aux maillons entrelacés. Un noir, un blanc, un bleu, un vert et on répète et on insiste. Les chaînes s'enchaînent. Exemple ? « Un homme vient s’asseoir près d’elles. Il entame la conversation en français. L’homme est mince. […] Je ne comprends pas ce qu’il dit. Elles rient. Il se lève et se dirige vers le bar. La lumière est vive. »

Un livre comme je les aime : sans histoire évidente, sans dialogues, presque sans intrigue. Où je n’ai absolument pas le besoin d’aller voir la fin parce qu’il n’y a ni questions ni réponses. Le bonheur est dans la lecture de chaque phrase, de chaque chapitre. Pour la musique. Que du bonheur du mot présent.

Sous prétexte de préface, aux allures d’étude universitaire, les dix-neuf premières pages de l’édition Typo rend hommage à ce livre, l’explique, le décortique, le résume. J’avais trop hâte de lire le livre, alors j’ai lu en diagonale. De toute façon, même étudiante, je n’ai jamais disserté de la sorte et je ne lis jamais avec ma tête qui cherche à circonscrire un sujet, quel qu’il soit. Je lis avec mon vécu émotif.

Et pour Le désert mauve, je me laisse bercer par le rythme. Et je jouis de lire pareil texte. Fascination pour cette auteure. Pourtant à cent lieues de mon univers littéraire, parce que je ne suis pas friande de poésie à laquelle elle est identifiée. Ne m’y sens pas à l’aise, ne m’attire pas. Comme la musique contemporaine de Jean Papineau-Couture ou les tableaux de Marcel Barbeau. Même si, à l’occasion, j’aime bien un Jean-Pierre Lafrance.

L’œuvre et la vie de Nicole Brossard m’attirent… depuis quarante-six ans, simplement parce qu’un certain été, nous avons partagé une baie, un lac. Et c’est à elle, à elle seulement, que j’ai osé montrer mon premier roman. Peut-être a-t-elle oublié, elle a sûrement oublié. Mais moi, pas.

vendredi 6 février 2015

De la musique intérieure pour écrire

Quand je suis dans l’organisation des jours à venir, des achats à noter, des voyages à préparer, mon esprit est rationnel. Froid. Mon langage direct. Mon cerveau, une armoire compartimentée. Et ça avance d’un pas assuré.

Mais je ne sais plus écrire. 

Pour écrire, pour imaginer, je dois m’abandonner au temps. L’oublier. M’en détacher. Ne plus être dans aucune organisation, aucun agenda, aucune obligation. Mon esprit doit flotter, ici et maintenant, se promener dans un ciel bleu pur et qu’aucun bruit ou nuage-obstacle ne viennent le déranger. Que naisse une petite musique au bout de mes doigts. Au moins les premières notes, et, avec un peu de chance, suivront quelques lignes ou peut-être même quelques pages. 

Écrire, c’est comme méditer. Il faut que viennent des souvenirs d’émotions et ensuite seulement, les voir, les sentir et les faire revivre dans des corps de personnages. En tout cas, c’est ma façon. 

Aujourd’hui, troisième tentative pour la quatrième de couverture : résumé et biographie.

Besoin d’aide, de temps, de silence. J’ai fait brûler de l’encens. Furent brûlés en même temps le doute, l’éparpillement. Furent fermés les tiroirs inutiles. Furent calmées mes propres émotions. 

Et la musique vint.

vendredi 23 janvier 2015

De la révision du manuscrit
Les têtes bouclées

Petite pause de corrections des Têtes bouclées (prochain roman à paraître à l'automne 2015 pour ceux et celles qui ne le savent pas).

Quand c’est rendu que tu veux redevenir le professeur que tu as déjà été plutôt que l’élève que tu ne cesseras jamais d’être, il vaut mieux arrêter, reposer tes neurones. À l’étape où j’en suis, c'est-à-dire relire posément les suggestions de la réviseure-directrice-littéraire (avec qui je m’entends super bien, que je respecte, que j’admire, faut-il le mentionner) et les appliquer ou non, c’est une perte de temps de vouloir lui expliquer, à distance qui plus est, comment je pense, comment j’ai construit mon roman. La phrase qui est en train de devenir un classique chez les auteurs : « si la réviseure n’a pas compris, le lecteur ne comprendra pas ». Et comme, au moment de la lecture, l’auteur n’est pas là pour expliquer comment il a raisonné au moment de l’écriture... Maladroit, reformuler, transition. C’est imprécis à la page 174, ce n’est pas à la page 182 qu’il faut lire l’explication. Et le lecteur, lui, ne sait pas que telle phrase est écrite parce qu’il y aura un lien dans le tome 3. Il n’a pas à le savoir. 

Alors, tu laisses l’ancien prof de côté, son orgueil compris. Tu redeviens l’élève qui doit recommencer son devoir. Penser autrement, recomposer ta petite musique, avec les mêmes notes, mais de façon plus harmonieuse. Trouver les fameuses transitions manquantes et en trouver des pas trop clichés.

Avant de sombrer dans le doute, prendre une pause. Ne pas lire surtout ni roman québécois ni aucun, même pas un de ces mauvais dont parle souvent Dany Laferrière. Reste concentrée. Et puis, si l’impatience te venait, regarde la couverture. Si belle, si réussie. Regarde le contrat signé. Pas de quoi déprimer, c’est certain. Encore un peu de temps et tu vaincras.

Ne pas t’attarder au fait que tu es une femme et que ton personnage principal est un homme. Ce n’est pas ce que tu avais prévu quand tu as commencé cette histoire, mais maintenant, il est là, il s’est imposé. Il aura la voix qu’il aura, il s’en est satisfait, lui, pourquoi pas toi ? Ne pense pas au lecteur qui le remarquera sûrement, ça le dérangera peut-être, peut-être non. Tu n’es pas Flaubert qui a réussi sa madame Bovary, et alors, tu n’as pas à l’être. Pense à la couverture que tu aimes tant, laisse-la t’inspirer. 

Cesse d’être avocat du diable. Utilise tes neurones pour trouver de nouvelles scènes. Allez, courage, tu as connu tellement pire. Le plus facile est derrière toi, certes : les fautes d’orthographe disparues, les rares anglicismes ont été vus et corrigés lors de la deuxième version, la déficiente concordance des temps et l’accord des participes passés sont moins flagrants qu’au premier roman et donc rapidement corrigés ? L’émotion a l’air de passer puisqu’il n’en fut pas question. Tu es passée du point A au point B. Encore un peu de temps, encore un peu d’efforts et tu te rendras au point C.

N’aimes-tu pas jouer avec les mots ? Va faire ce que tu aimes le plus : écrire. Bon, d’accord, c’est plus difficile de réécrire, mais ce n’est finalement qu’un déplacement des mêmes vingt-six lettres de l’alphabet ! Et puis, c’est une histoire d’amour, une relation père-fille. Ça te va comme un gant. Il suffit que tu joues avec les blocs et que tu les déplaces un peu, que tu y mettes de l’ordre. Pas l’ordre que tu as dans ta tête, en ordre pour que le lecteur, tous les lecteurs comprennent ou au moins se retrouvent un tant soit peu dans l’histoire, peu importe comment ils pensent, de quel sexe ou de quel âge ils sont. 

Bon, ça va mieux, la pause est finie ? On y retourne?

vendredi 16 janvier 2015

De la beauté de mon hiver... au Québec

Il y eut la tuerie à Paris, il y eut Je suis Charlie. J’ai regardé, écouté, j’ai ressenti l’injustice, la colère. La peur surtout. On ne peut pas réagir à tout, s’intéresser à tout, écrire sur tout. Ne me viennent que rarement des mots pour les morts, même proches. Pas plus pour les fêtés. Alors j’ai attendu. J’ai continué à vivre, à m’intéresser à la culture, aux voyages. 

Et à cet hiver que j’aime bien.

Malgré le vent glacial, malgré la neige à pelleter, je sors dehors presque chaque jour. En bas de la petite côte qui mène à une forêt d’aulnes, de bouleaux et d’épinettes, à l’abri du vent, je parcours les sentiers que j’entretiens avec amour depuis des années.

Et j’oublie l’injustice, la colère et la peur. Je respire. Je cherche la mésange et le lièvre. Je suis toute joie quand je trouve des baies rouges. J’admire les effets du soleil sur les branches glacées et enneigées. Je ne sens aucun besoin d'aller dans le sud... pour l'instant.

Je vis. Pendant que je peux. 

mercredi 14 janvier 2015

Nouvelle adresse

Petit billet court, plus de détails ultérieurement.
Vous ne verrez pas la différence à moins de regarder l’adresse URL en haut de votre écran.
Mon adresse falstrault-lamarche.blogspot.com est devenue www.claude-lamarche.com
C’aurait pu être facile, c’aurait pu prendre une petite heure, mais finalement deux jours plus tard, tout est revenu à la normale. 

Merci à Pierre H. Charron pour son aide, à Steve T de Funio mais aussi à J.-P. Casavant de Internet Papineau.

À bientôt. Parce qu’entre temps, j’ai reçu les corrections de la réviseuse pour mon roman Les têtes bouclées, alors il y a plus important qu’une simple adresse changée.

samedi 3 janvier 2015

Trois auteures pour une lectrice

Parce que je lis, parce que j’écris, parce que j’ai marché une heure — même si j’aurais bien aimé que ce soit en raquettes, au moins en forêt, ma forêt — parce que le silence est revenu après les chansons et les rires, je suis bien. Plus que bien, heureuse, de belle humeur. Plus que « Bonheur du jour », je voudrais trouver un titre plus révélateur de mon état. Une métaphore. Comme Lynda Dion dans son tout nouveau blogue. D’ailleurs cette écrivaine québécoise, c’est ma cerise sur le sundae, l’étoile en haut du sapin de Noël, mon sourire large et reconnaissant.

Le début de ce bonheur-du-jour a commencé fin novembre, dans une librairie. À l’achat de Bad girl de Nancy Huston. Voir billet du 28 >>>. Sauf qu’à la moitié du livre, j’ai dû me faire violence pour arrêter, pour lire des livres de bibliothèque — papier et numérique— délai de trois semaines oblige. J’ai repris le Huston après Noël, l’ai terminé, satisfaite, vaincue. En me pressant un peu parce que je savais — j’espérais— qu’au jour de l’An, Écrire la vie d’Annie Ernaux m’attendrait. Vaincue oui, parce qu’entre le livre et moi, entre la lectrice et l’écrivaine que j’essaie d’être, c’est souvent la bataille. Laquelle gagnerait, laquelle s’avouerait vaincue, laquelle reconnaîtrait que l’auteure n’aurait jamais pu écrire ce que la lectrice est en train de lire, même si elle aurait bien aimé tellement elle se sentit proche de cette écriture, proche du vécu du personnage. Que la lectrice fut tenue en haleine, émue bien souvent, et a réduit l’auteure au silence et à l’admiration. Sans juger, sans critiquer, sans chercher la petite bête noire. Sans non plus se sentir complètement nulle, sans non plus qu’elle soit tellement vaincue qu’elle renonce à jamais à écrire elle-même. Donc, j’ai fini de lire Bad girl, et j’ai même pardonné à Nancy Huston (et/ou son éditeur) ce titre anglais alors que « La mal-aimée » aurait très bien fait l’affaire, selon moi. C’est la seule petite voix qui s’est fait entendre, mais une fois le livre ouvert, pendant qu’elle tournait les pages, qu’elle était ravie de la mise en pages et bien concentrée dans l’histoire de Doritt (bizarrement, j’ai écouté la série La petite Dorrit de Charles Dickens à Radio-Canada entre Noël et le jour de l’An), la petite voix s’est tue, n’a plus rien dit. Conquise.

Alors, quand arrivèrent les mille pages d’Annie Ernaux, la vaisselle, le lavage, le budget furent rapidement expédiés, les émissions de télévision oubliées et la lectrice déjà bouche bée, les mains ouvertes, le cœur prêt à l’abandon se cala dans son fauteuil et partit à la découverte de cette auteure dont elle n’avait lu qu’Une femme et dont elle n'avait gardé — comme il arrive bien trop souvent — qu’un vague souvenir… d’avoir aimé ça.

La lectrice que je suis en était là de son plaisir encore ce matin, après la lecture du chapitre photojournal, après sa marche quotidienne quand sur Facebook, elle vit le nom d’une écrivaine québécoise dont elle a tant aimé les romans. Cherche vainement quand j’en ai parlé. Il est impossible que je n’en ai point dit un mot sur mon blogue. J’ai tellement aimé, me suis identifiée. Grâce à Louise Falstrault, artiste peintre, j’ai connu son père artiste peintre aussi, Eddy Dion. Ingrate. J’ai pourtant parlé d’Hélène Dorion, de Louise Dupré et elle, que j’ai lue à la même époque, au soleil, me semble-t-il, point de traces ? Je me reprends donc: sur Facebook, Lynda Dion, puisque tel est son nom, annonce qu'elle a créé son site et intégré un blogue. Depuis le temps que je cherche des blogues d’auteurs, féminins en plus, et Québécoises. Il y en a peu. Je me précipite, je dévore, je cherche les mots que j’ai aimés dans La maitresse et La dévorante. Je trouve. Différents, mais tout aussi personnels. 

Est-ce moi qui les cherche, est-ce moi qui les réunis, mais dans les mots de Huston, d’Ernaux et de Lynda Dion, le même "je", le même intime, le même personnel. Je ne dirai pas autofiction ni autobiographie, c’est au-delà. N’a plus d’importance de limite, de frontière et encore moins d’étiquette, de classe, de catégorie.

Trois auteures qui me parlent d’elles. Et moi, je suis devant un miroir qui me renvoie ma propre image, devant une plage où je vois mes traces, devant des pages où je me reconnais, devant un calepin où se mêleront des notes de lectures, des mots à écrire, à retenir, à publier peut-être. 

Alors Huston au revoir, au prochain, Annie Ernaux ma joie pour l’hiver et Lynda Dion, chaque fois qu’elle le voudra bien, je vous suis toute reconnaissance de me montrer qui vous êtes pour apprendre qui je suis.