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vendredi 22 octobre 2010

L'élégance du hérisson: de l'amour des longues phrases

Pour en parler, il a fallu que j’attende de l’avoir terminé, comme on attend que le film finisse pour être capable d’ouvrir la bouche et en dire quelque chose de sensé, tellement on est ému, tellement on ne veut pas que ça finisse. Même si je l’ai lu parcimonieusement, par morceaux, entre deux autres activités.
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Aux dernières pages, j’avais les yeux embués et je ne savais pas trop si j’avais le nez bouché et la gorge nouée à cause d'un rhume ou des larmes qui coulaient.
Même si, entre les chapitres, il y a eu des journées qui n’ont rien à voir avec celles des deux héroïnes, Renée et Paloma, je n’avais aucun mal à reprendre le fil de l’histoire, j’aurais voulu encore des pages, encore des «pensées profondes». Je voudrais les garder pour moi, ces personnages attachants, encore un peu, même si je sais qu’elles ne m’appartiennent pas, ne m’ont jamais appartenu, que des milliers d’autres lecteurs, de 34 langues (combien de livres québécois traduits ne serait-ce qu’en deux langues?), ont probablement eu le même réflexe.

J’ai aimé oui, parce que deux personnages féminins, parce que j’ai toujours aimé la philosophie, c’était ma matière forte à l’école, mais surtout parce qu'écrit avec des phrases complètes, de longues et belles phrases avec des subordonnées, des incises nous promenant dans des méandres compliqués, des lignes truffées de mots savants, ceux qu’il faut chercher dans un dictionnaire et qui, pourtant coulent si bien, glissent sans effort dans un cerveau déshabitué de ces sinuosités littéraires. Je n’ai pas l’intelligence de l’adolescente, je n’ai jamais été concierge, je n’ai pas beaucoup fréquenté les riches, mais pendant des jours, j’ai habité leur édifice, je les regardais, je les écoutais. Béate d’admiration devant leurs réflexions, je retrouvais mon cœur de rebelle. J’ai lu les six pages sur l’Art à l’artiste-de-nos-pinceaux, retrouvant le plaisir de la découverte d'un tableau, nous qui venions justement de passer trois jours dans un symposium de peinture. Et si je fus jalouse, comme il arrive parfois devant un style recherché, je sais cette fois que je ne pourrais même pas construire de pareilles phrases si complexes et pourtant limpides alors j’ai goûté pleinement, l’esprit ouvert et libre. Et je suis triste que ce soit fini.

Autre preuve que j’ai aimé le livre : je suis incapable d’en commencer un autre, je les trouve tous sans intérêt.

(Illustration empruntée à Google images)

samedi 9 octobre 2010

De la capacité de lire sans interruption

À vingt ans, il m’arrivait souvent de lire toute la nuit, sans interruption. Ou certains samedis – pas d’école, pas de travail – je pouvais me lever vers midi sans avoir déjeuné, m’étant nourri de la lecture d’un roman de toute la matinée. Aujourd’hui, c’est tout juste si je peux lire quinze minutes sans me lever.

Je me précipite sur l’ordinateur pour écrire une phrase qui m’est venue à l’esprit. Ou je me rue sur Internet - comme je l’ai fait pendant des années sur un Atlas ou sur le Robert des noms propres – pour connaître l’auteur, ou chercher où est le Finistère, ou pour savoir ce que veut dire « poujadiste » (je vous laisse le chercher celui-là).

Le matin, alors que mon café refroidit, un bref regard à l’horloge qui me dit : « et la vaisselle, elle ne va pas se faire toute seule! » ou encore « faudrait bien que tu t’habilles » ou pire : « quelle date sommes-nous, tu n’as pas un travail à remettre aujourd’hui? » Envolées les belles heures de lecture.

Le soir, assise bien à l’aise dans mon fauteuil préféré, au salon, je lève les yeux de mon livre aussi parce que l’émission de télé diffusée a l’air intéressante, ayant auparavant enlevé de mon oreille l’écouteur qui devait me couper de la vie télévisuelle, mais qui n’avait réussi qu’à me chatouiller le conduit auditif. Si j’ai tenu trente minutes, je me considère comblée.

Il reste l’été parfois, dans la balancelle, à l’ombre. Si personne ne se pointe le nez, si la chaleur ne m’invite pas à me diriger tout droit dans la piscine. Il reste en voyage, sur une plage, au besoin emmitouflée dans une couverture polar. Si le soleil ne m’y chasse pas. Si la faim ne m’appelle pas.

Et ça c’est quand le livre est intéressant.
Dire que tout auteur qui se respecte doit être aussi un grand lecteur. Si j’écris comme je lis!
Et vous? Où lisez-vous, quand lisez-vous, combien de temps lisez-vous?

(photo de la blogueuse en train de lire L'élégance du hérisson)

jeudi 23 septembre 2010

Lire et écrire, seulement

Certains jours, rien à dire. Certains autres, trop à dire. Le résultat est le même dans les deux cas : je ne dis rien, ou plutôt, je n’écris pas.

Il faut que je mette de l’ordre d’abord. Que j’expédie le domestique : le lavage de dix jours de voyage, la piscine à fermer, les cheveux à faire couper, les réponses à donner aux courriels aux messages laissés sur le répondeur. Allez au plus pressé. Et la vie me reprend bien assez vite : commencer à répondre au téléphone quand il sonne, c’est déjà se faire happer pour de futures réunions. Et aider l’artiste de nos pinceaux à préparer les deux prochaines expositions dont une où elle est l’artiste invitée, petit discours à pondre : écouter ses idées, noter quelques mots clés, rédiger dans ses mots à elle.

Hier, soir de bibliothèque. Ai reçu sept livres d’un seul coup alors que je n’en avais pas eu un seul depuis avril. Et il y a Les Larmes de saint Laurent, acheté à Chicoutimi que je n’ai pas terminé et à propos duquel j’aurais beaucoup à dire. J’ai tout juste lu les deux premières pages de L’étreinte des vents d’Hélène Dorion que déjà je me suis dit : « j’écris donc plate et ordinaire, comme j’aimerais écrire même mes billets, dans un style recherché».

Aussitôt, j’ai eu envie de retourner en voyage, au bord de la mer et lire, lire, lire, écrire bien sûr parce que dans mon cas l’un ne va pas sans l’autre. Et au diable tout le reste qui prend tant de temps et ne me nourrit pas, ne m’amuse pas et m’intéresse de moins en moins.

Mais je ne le ferai pas.
Parce que, paraît-il, la vie, ce n'est pas que ça.

(photo de l'auteure au bord de la mer)

vendredi 3 septembre 2010

Quatre promenades dans quatre univers pas si différents


Première : la préparation de la tournée des ateliers des Créateurs de la Petite-Nation. Elle s’inquiétait du comment rejoindre les médias, comme il fut expliqué dans ce billet>>> : ils ont été au rendez-vous, nombreux, généreux : 97,1; 90,7, la télé de Radio-Canada reportage (curseur à 38m52s) par ici>>>, le journal Ottawa Citizen, le journal La Petite-Nation, le journal La revue de Gatineau et, surprise suprême, le Journal de Montréal du mardi 31 août et celui de demain, samedi 4 septembre. Il s'en est fallu de peu que Le Droit passe une fois de plus à côté, et ce matin, sans tambour ni trompette, sans nous en parler ce que tous les autres ont fait, un petit article. On attendrait plus de leur part, un reportage, des photos, une entrevue, quelque chose de consistant à la hauteur de leur iimage. Chaque année on s'énerve, chaque année on doute et chaque lundi soir, tout le monde est fatigué mais content, mais n'anticipons pas pour cette année.

Les Créateurs de la Petite-Nation ont fait de leur mieux. Ils sont prêts pour la tournée, là est leur responsabilité, là se concentrent leurs efforts.

Deuxième en écriture : J’ai fini de réviser mon manuscrit. Celui qui a des chances d’être publié à l’automne prochain. Il me restait à le passer au peigne fin d’Antidote. Comme j’ai changé tous les verbes de la narration de l’indicatif présent au passé simple et imparfait, Antidote peut m’aider à vérifier si vraiment je n’en ai pas oublié. Rendu à la moitié et j’en avais oublié quelques-uns. Corrigé encore quelques fautes. J’ai douté de l’emploi du pluriel dans Conte de fées, mais Choux de Siam m’a confirmé : ça prend un « s ». Détails, détails, détails, mais ça fait longtemps que je ne crois plus qu’un auteur, c’est celui qui laisse aller sa plume dans un moment de débordement passionnel. C’est aussi et encore plus celui qui corrige, corrige, travaille, retravaille.

Troisième sur Internet : Encore cette semaine, deux coups au cœur, deux coups à ma langue. Le premier, en lisant un éditeur, oui, un éditeur-blogueur, donc je me dis: "il ne devrait pas être amateur, devrait montrer l’exemple". Il a écrit « Excusez les fautes et les tournures de phrases... je ne me relis pas! » Si un éditeur ne se relit pas et ne trouve pas que ça ne vaut la peine de corriger les fautes dans son blogue, quelle crédibilité a-t-il? Et quel exemple pour les auteurs qu’il publie! Un blogue, ce n’est pas important? Si on prend le temps d’écrire, on prend le temps de corriger. Point final. Et s’il reste des fautes, elles ne sont pas volontaires (comme les miennes sûrement). En tout cas, il a baissé dans mon estime.

Deuxième irritant : une blogueuse qui publie depuis 2002, qui vogue dans la galère des pros, à ce que je lis, et qui n’a pas encore trouvé le moyen de traduire plusieurs en-têtes de ces « widgets ». Ça n’enlève rien à son contenu fort diversifié et intéressant, mais enlève beaucoup à mon goût d’aller la lire. Je pardonne beaucoup aux amateurs, moins à ceux qui se disent communicatrice bardée de diplômes. Plusieurs utilisent la plateforme Wordpress qui a l’air de donner du mal à ses utilisateurs. Pourtant bien des amateurs réussissent à traduire tous ces petits en-têtes, sous-titres, calendriers et bidules propres aux blogues, alors pourquoi pas elle? Pas difficile de choisir « Partager » au lieu de « Share ». De la paresse ou pour faire mode? Grrrrr. Je ne lâcherai pas. Je ne veux pas.

Quatrième en lecture : Peut-être parce que bien occupée avec la révision de mon manuscrit, je lis moins. Mais avec la chaleur et le beau temps des derniers jours, à 15 heures, je n’en pouvais plus, il fallait que je sorte. À l’ombre de mes grands pins, après une petite saucette dans la piscine qui n’a jamais tant servi que cet été, j’ai lu Les Écureuils de Central Park sont tristes le lundi, la suite (et fin?) des deux précédents que j’avais lus dans le désordre Les yeux jaunes des crocodiles et de La valse lente des tortues.

Celui-ci, non pas que j’ai moins aimé, si tout de même un peu. Surtout à cause des longueurs. Je n’avais pas besoin de nouveaux personnages, seulement de nouvelles intrigues pour les anciens personnages. Et ce journal du Petit jeune homme sur Cary Grant, non, je n’ai pas accroché. Mais j’aime tellement le style de Katherine Pancol que je lui pardonne tout. Et je lis son « blablablog » avec autant de plaisir que je lis ses livres. À lire sans retenue. En toute saison.

Voilà où mes promenades m'ont menée la dernière semaine. Quelques autres promenades m’attendent…

(image: couverture du livre de Katherine Pancaol, empruntée sur son site)

vendredi 20 août 2010

Partir

Partir. Pour oublier. Déplacer son corps pour aérer son esprit. Décrocher. Sinon, c’est trop. On s’imagine qu’il n’y a que son petit univers de x mètres carrés. Et on se noie dedans.

Je suis donc partie trois jours au bord du fleuve, au bord des îles de Sorel, au pays du Survenant, au Chenal du moine. Voir les bateaux, les kayaks, sentir l’eau, voir le héron attraper le raz musqué, voir le balbuzard chercher le mulot, faire une croisière, me faire raconter les ruisseaux, les rivières, le lac Saint-Pierre et le fleuve Saint-Laurent. Être là, nulle part ailleurs.

Assise sur un banc, en face d’un petit chenal trop bas pour qu’un bateau s’y promène dans cette eau pourtant capable d’inondation certaines années, j’ai lu un livre écrit par Germaine Guèvremont en 1942, Le Survenant. Comme on déguste des bleuets au Saguenay, comme on boit un vin dans son pays d’origine.

Et on se dit qu’il y avait beaucoup moins d’écrivains québécois (ou canadiens-français comme on disait à l’époque), plus de chances d’être publié? Si peu de livres que plus de chance de remporter un prix? Qu’ai-je à apprendre de cette auteure qui a si peu publié?

Et quand on revient, on a un courriel qui vous dit qu’un éditeur est intéressé à votre manuscrit.

(photo: ce qu'il reste du chalet de Germaine Guèvremont sur l'îlette de Pé, Sainte-Anne-de-Sorel, photo Claude Lamarche) 

jeudi 1 juillet 2010

Des caresses préliminaires s'il vous plaît

Je déteste écrire sur commande, ça ressemble aux examens de l’école. Les dernières années de l’école normale, quand c’était possible, je composais mes textes la veille. Je les apprenais par cœur et le matin, je régurgitais. Ce fut mes meilleures notes. Finalement, peut-être que j’écris mieux le soir.

En ce qui concerne l’atelier d’écriture professionnelle que je vais suivre du 5 au 9 juillet à l’école d’été de Mont-Laurier, je veux et je ne veux pas. J’ai hâte et j’appréhende. Avec l’expérience, je me suis aperçue que pour bien écrire, je dois lire. Masturbation intellectuelle? Disons plutôt caresses préliminaires. En guise de préparation, de motivation, de « caresses », je lis Le médaillon dérobé de Louise Simard. C’est tout ce que j’ai trouvé hier soir à la bibliothèque de mon village. C'est très bien d'ailleurs, déjà la moitié entamée.

Frustration, Biblio-Outaouais nous refuse les commandes. Jusqu’en septembre et peut-être même jusqu’en janvier. Je ne comprends pas pourquoi. Il y a quelques mois, on nous disait que c’était à cause d’un changement du système, mais hier, je l’ai vu le bel écran tout en couleurs, un système tout neuf, formation incluse, alors?

J’ai beau aimer Louise Simard (Thana Rivière, La guerre des autres), tous ses livres ne se retrouvent pas à ma succursale, elle ne me tiendra pas chaud très longtemps. Je veux Muriel Barbery, Marina Endicott, Arlette Fortin, Hélène Dorion, pour ne nommer que celles-là. Tiens surtout des auteures? Pourquoi pas? Certains lecteurs aiment la science fiction, d’autres des policiers, moi ce sont des livres écrits par des femmes. Je pourrais ajouter Éric Dupont pour faire mentir…

Donc ce billet pour me plaindre de n’avoir rien à me mettre sous la dent pour mieux écrire la semaine prochaine à Mont-Laurier.

(photo empruntée à XYX éditeur)

mercredi 23 juin 2010

Des mots qui n'en finissent pas de vouloir être écrits

Devant tous ces mots qui m’habitent, j’aurais cru que j’aurais plus à écrire. Que mes billets sur ce blogue, débuté en novembre 2008, seraient plus nombreux. Chaque deux jours au moins. Suis-je paresseuse ou n’est-ce parce que rien ne me force à prendre le temps de noter, de réfléchir, et d’organiser ces pensées qui se bousculent de moins en moins dans ma tête?

Je croyais avoir la plume plus bavarde que facile.

Une de mes amies qui me connait tellement bien m’a offert un livre. N’importe quel livre aurait déjà été un très beau cadeau en soi. Elle a choisi celui-là plutôt qu’un autre après avoir lu ceci :

« Rien ne me bouleverse ni ne me démoralise autant que d’entrer dans un bibliothèque, une librairie, et, surtout, un salon du livre. Pourtant, je devrais m’y sentir à l’aise puisque, justement, je me prétends auteur. Mais à la seule vue de ces montagnes de livres en tous genres qui submergent et marginalisent mes quelques livres à moi, il me faut résister à la tentation de tourner les talons et de m’enfuir. Je me demande pourquoi j’ai publié des livres et, surtout, pourquoi je devrais en écrire d’autres, découragé à la pensée que ma voix se perd dans la multitude. »
Elle sait que je n’en aurai jamais fini des mots.

L’auteur : Maurice Henrie
Le titre : Esprit de sel.
L’éditeur : Prise de parole

Je connaissais la maison d’édition ontarienne, mais ni l’auteur et évidemment pas le titre.

L’auteur a rassemblé de courts textes, comme les billets d’un blogue d’ailleurs. Ce qui m’a rappelé — tant qu’à m’identifier à lui — à mon premier livre Je me veux où j’avais réuni toutes sortes de petites pensées, où j'avais écrit: « un chef d'œuvre n'est pas œuvre de chef mais œuvre de temps », ce qui avait tellement impressionné ma mère.

Esprit de sel, un livre identitaire, des bribes de philosophie sur la vie, sur la vie d’écrivain. Des jugements plus assurés que les miens au sens où je pourrais écrire les mêmes phrases que lui, probablement pas avec autant de style, mais les miennes seraient truffées de mais… de peut-être, de en revanche, de par ailleurs. Je nuancerais, je minimiserais. Je personnifierais aussi. Il faut dire que je suis tellement caméléon : j’adopte facilement l’idée de l’autre.

Aux apprentis auteurs, aux jeunes qui commencent à publier de la fantasy, je ne conseille pas cette lecture. À moins que vous soyez fort. Que vous croyez en vous, ce que j’espère, ce qui n’est pas toujours mon cas. Parce que ce Maurice Henrie ne ménage pas les romans. Pourtant, il le fait en toute humilité, sans abaisser quiconque, il ne parle pas des personnes, il parle des livres. C’est seulement son opinion et il a eu besoin de l’écrire parce que, malgré ce qu’il a cru, il n’en a jamais fini avec les mots.

(photo Claude Lamarche)

vendredi 28 mai 2010

Du plaisir de s'attarder dans une librairie

Un de mes plus grands plaisirs sinon, le premier sur la liste des moments présents agréables à vivre, c’est d’entrer dans une librairie et de m’y attarder. Un plaisir qui se vit seul. Je ne veux pas être ailleurs, je ne pense plus à ce que j’ai vécu avant ou ce qui m’attend après. Je suis là, tout entière, je n’entends plus rien, ne me parlez pas, je ne vois personne.

Et comme la librairie la plus proche — une vraie, pas une étagère de quelques livres ou revues dans une pharmacie ou un dépanneur —, est à une heure de chez moi, je n’en visite pas souvent. Quoique la librairie de livres d’occasion de Chénéville peut s’avérer un substitut, mais si je peux me permettre ce serait comme faire l’amour sans orgasme (je rougis rien que de l’écrire mais c’est vraiment la première image qui m’est venue puisque je suis dans l’ordre des plaisirs).

Je ne savais pas que j’irais en visiter une hier, donc pas d’anticipation. J’étais à Gatineau, secteur Buckingham et j’ai pensé à cette cartouche d’encre cyan dont j’avais besoin et comme je vais dans cette ville surtout pour l’hôpital et le Maxi, je ne connais pas vraiment les autres magasins. Et puis je me suis souvenue de la librairie-papeterie Rose-Marie.

En ouvrant la porte, j’ai su. Je l’ai senti. Je devais jeter un coup d'oeil et m'attarder, me faire plaisir. J’ai regardé l’heure : de combien de temps disposais-je? Au diable le reste. Rapidement j’ai acheté la cartouche d’encre pour l’avoir dans un sac qui se tient mieux et me laisse les mains libres pour feuilleter les livres.

D’abord regarder l’ensemble, puis faire le tour des nouveautés. Remarquer Merveilleusement givrée de Audry Parily, son tome 2, où est le tome 1? En lire quelques lignes, c’est vrai que ça l’air bien : phrases courtes, ça sent la jeunesse, 25$. Ne rien choisir pour l’instant, juste faire le tour. Tellement d’auteurs que je ne connais pas, d’autres que je reconnais, ceux qu’on retrouve partout, qui ont droit à un présentoir pour eux seuls : Michel David, Louise Tremblay D’essiambre. Par habitude, je cherche mon nom, sachant fort bien que mes livres ne s’y trouvent plus depuis bien longtemps.

Et puis me vient l’idée de chercher ces revues qu’on ne trouve qu’en librairie, ces revues qui publient des nouvelles et qui m’intéressent depuis que je connais des auteurs qui y publient, depuis aussi qu’il en est question dans les blogues que je suis. À la suite d’un atelier littéraire en Outaouais, je connaissais Brèves littéraires, mais je trouvais rarement XYZ et Moebius et là je vois Virages. Quatrième de couverture, je reconnais les noms de Loïse Lavallée et de Lysette Brochu. Et qui vois-je: Isabelle Lauzon! Oui, c’est vrai, elle a parlé de sa nouvelle publiée (croyant alors que c'était la dernière). Je feuillette, je lis le sommaire, le titre des nouvelles. Pas folle du graphisme et de la présentation mais j’aime bien le prix 7$, je prends.

Excitée comme si c’était mon premier cadeau de Noël, je reviens sur terre, je consulte ma montre, je dois y aller, ce n’était qu’une petite vite! On m’attend.

Eh que j’aime ça me faire plaisir!

mercredi 7 avril 2010

Dany Laferrière: quel livre choisir?

Disons que c'est votre anniversaire ou Noël. Disons qu'on veut vous offrir un cadeau. Disons qu'on vous demande votre avis. Vous savez que vous voulez un livre, puisque vous aimez les livres par-dessus tout. Bon disons que vous préféreriez un voyage, mais ce n'est pas tout à fait le même prix. Vous vous arrachez le coeur et vous torturez les méninges pour vous limiter à un seul titre. Après moultes réflexions, après avoir hésité sur Paul à Québec que vous aviez longuement regardé au Salon du livre de l'Outaouais, vous décidez de plonger dans l'univers de Dany Laferrière pour des raisons qui ne vous ressemblent pas, mais en vieillissant vous ne tenez plus autant à cet esprit rebelle qui faisait votre fierté.

Il reste la question la plus difficile: quel roman choisir? Vous furetez chez vos blogueurs et blogueuses préférés, vous cherchez dans les medias, vous vous tapez plusieurs minutes de lectures de sites, en vous demandant, au passage, pourquoi l'auteur a changé quand même relativement souvent d'éditeur. Vous résistez à l'envie de changer carrément d'idée et d'auteur.

Et puis vous hésitez entre Pays sans chapeau, Lanctôt Éditeur, que Foglia semblait avoir préféré à L'énigme du retour qui a été encensé et primé. Et puis vous ne savez plus.

Alors vous demandez à ceux et celles qui ont lu ce qu'ils choisiraient.
Disons que je vous le demande: quel Laferrière lire?

(photo empruntée au journal Le Devoir.com)

mardi 6 avril 2010

Plus enchantement que fureur

La très grande lectrice et blogueuse Suzanne a fait une petite mise à jour du Défi de la plume québécoise. Ce qui m'a fait penser que sur la table traîne La fureur et l'enchantement de Georges-Hébert Germain. Au moins une autre blogueuse en a déjà parlé. Comme elle et d'autres ont bien résumé l'histoire, je donnerai surtout mes impressions, privilège de propriétaire.

Je suis en train de lire aussi. J'aime bien. Richesse de vocabulaire il est vrai. Un seul petit hic: dans les dialogues, il n'emploie jamais la négation au complet (exemple: J'aime pas au lieu de je n'aime pas), pourtant ses personnages parlent assez bien, alors pourquoi? Ça m'a dérangée et surtout déçue.

J’ai beaucoup aimé la forme du récit : plus récit que roman justement. Sobriété dans les dialogues qui laisse toute la place à l’histoire. L’auteur peut alors approfondir la vie du personnage. Par contre, j’ai eu du mal à passer d’un lieu à un autre à chaque chapitre. Je me demandais bien quand les personnages des Patriotes rejoindraient ceux du Saguenay, mais après quelques lignes du nouveau chapitre, on se retrouvait.

Pour le reste, on sent que c'est un homme qui a écrit l'histoire (les scènes d'amour auraient été différentes, écrites par une femme), ça fait changement. Beaucoup de noms, parfois inutiles selon moi (il faut dire qu’un éditeur m’a déjà fait la remarque que j’avais trop de noms comme si je voulais absolument nommer les personnes qui ont réellement existé, et je dois admettre que ça m’est resté en travers de la gorge, alors forcément, je décèle le même procédé chez les autres), je ne crois pas que je les retienne tous, mais très beau récit qui coule de manière simple (mais pas simpliste) et harmonieuse. Ni haletant ni bouleversant comme un drame violent auquel les films nous ont habitués, mais identitaire. Et si les Patriotes étaient connus, la quête de la terre et de la forêt au Saguenay l’était moins et c'est d'un regard calme que nous en sommes témoins.

(photo empruntée de edlibreexpression.com)

samedi 27 mars 2010

14 livres qui m'ont marquée

Venise du blog Le passe-mot m’a donné envie d’établir la liste des livres qui m’ont marquée. Exercice quand même sérieux. Que signifie «marquer»? Nous impressionner, laisser une marque, une empreinte forte, faire mal, nous impressionner, nous laisser sans mots, nous transformer. Livre dont on se souvient, dont on a retenu le titre même si on ne sait plus très bien pourquoi il nous a marqués.

Établir la liste m’a pris environ vingt minutes parce qu’il a fallu que je descende au sous-sol où est ma bibliothèque. Parce que par cœur, il ne me venait à l’esprit que les neuf premiers. Mais plus d'une heure pour trouver ou me souvenir du pourquoi.
Sans ordre:

1- Les Line. C’étaient des albums comme les Spirou. Parce que j’en ai eu beaucoup du numéro 18 au numéro 32 si je me souviens bien. Après, ou j’étais trop vieille, ou la série a cessé de paraître. J’ai tellement appris dans ces albums. Je me rappelle encore la biographie de Marie Curie, de l’aviatrice Amelia Earhart.

2- Les Claudine de la bibliothèque rose. Que d’aventures, que de beaux étés j’ai passés en compagnie de l’héroïne qui ne voulait rien entendre de se faire appeler Claudine. C’était Claude…comme moi. Je ne pouvais ne pas aimer!

3- L’Euguélionne de Louky Bersianik. Un livre qui devrait être en tête de liste. Le summum qui vous jette à terre. Les femmes à qui je l’ai passé m’en ont voulu un certain temps, même ma mère. Si ce livre ne vous rend pas féministe, je ne sais vraiment pas qui ou quoi y réussira. De plus, unique en son genre dans le style, dans la forme. À mes yeux, inégalable.

4- Mathieu de Françoise Loranger. Je lui en veux encore à ce roman. Après sa lecture, j’ai jeté tous mes journaux intimes tenus entre 15 et 19 ans. Pour regarder en avant et laisser mon passé derrière moi, comme Mathieu. Une mine de renseignements qui m’auraient permis d’écrire sur cette période que j’ai tellement détestée.

5- Les mots pour le dire de Marie Cardinal. Presque aussi fort que L’Euguélionne. Personne avant et je dirais personne après aura parlé du sang de la femme comme Marie Cardinal.

6- Le rouge et le noir de Stendhal. Je suis certaine d’avoir vécu à cette époque et d’avoir vécu des amours malheureuses.

7- Les mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. J’avais 15 ans, ma mère m’a conseillé cette lecture parce que j’aimais les biographies. J’ai été servie. Je l’ai relu au moins deux ou trois autres fois, à différents âges et je pleurais tout autant à la mort tragique de son amie Zaza. Entre autres. De plus c'est la faute de Simone de Beauvoir si j'ai voulu me rendre en France: suivre ses traces, voir là où elle avait vécu.

8- Jane Eyre de Charlotte Brontë. Les amours malheureuses, l’atmosphère pluvieuse et tristounette de la campagne anglaise. J’aime.

9- Les filles de Caleb d’Arlette Cousture. Un livre qui m’a marquée parce que je relis encore et je regarde sans me lasser la série télévisée. Il doit bien y avoir quelque chose pour que j’y revienne. Mon coeur romantique sans doute.

10- La détresse et l’enchantement de Gabrielle Roy. J’aime les biographies, mais aussi les autobiographies.

11- Journal à quatre mains des sœurs Groult. À la recherche d’une sœur, d’une mère. J’aurais voulu vivre leurs vies.

12- L’herbe et le varech d’Hélène Ouvrard. Le ton, le style, le parcours au bord du fleuve, au bord de sa vie. Il aurait été plus facile de trouver les lignes non soulignées.

13- Ces enfants qui font peur aux hommes de Jean-Guy Paquin. Je n’ai pas de mots pour ce livre. Que des émotions. Que de l’admiration. J’ai stagné pendant des mois dans mon écriture parce que je cherchais à écrire comme Jean Guy Paquin. Il ne faudrait d’ailleurs pas que je le relise, je succomberais encore.

Et, pour le simple plaisir de ne pas rester à 13, j’ajouterais le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers. Un livre, oui vraiment, qui m’a marquée. Du jour où je l’ai découvert, je n’ai jamais tant vanté un dictionnaire. Aucun autre ne trouvait grâce à mes yeux. Le Larousse était trop permissif, le Robert, je n’ai eu les moyens que de m’acheter le Robert des noms propres, mais de Villers! Les pages en sont venues grises tellement je l’utilisais. Il faudrait en parler aux publicitaires avec qui je travaillais, ils ne pouvaient rien me passer. C’est à regret que j’ai donné mon premier dont la couverture ne tenait plus que par une épaisse couche de papier collant. Mais je l’ai donné à ma nièce qui allait devenir traductrice, je le savais donc entre bonnes mains.

(photo d'une partie de ma bibliothèque)

mardi 9 mars 2010

Le secret

Je termine à l’instant la lecture de La traversée de la ville de Michel Tremblay. Je n’ai pas du tout le goût d’en parler comme d’autres le font si bien : résumé et impressions. Le plaisir d’un blogue, contrairement à un article dans un journal ou à quelque travail obligatoire qui doit répondre à une grille d’analyse prédéfinie, c’est que l’auteur peut bien y écrire ce qu’il veut. Pendant ma lecture, je n’ai pas pensé à ce que j’allais en dire. Je me disais plutôt que mon blogue s’en va sur cette route pleine de méandres, d’avenues sans lumière et même de cul-de-sac. Que peut-être j’allais l’arrêter, qu’il mourrait de sa belle mort. Comme tant d’autres qui n’ont eu de vie que le temps de l’urgence à dire. Non que je n’aie plus rien à dire, mais parce que devant ce cahier ouvert, ce public possible, je voudrais penser intelligent, pertinent. Me semble plutôt que je formule tout croche, n’importe quoi, n’importe comment. Comme ces brouillons rédigés à l’école qui devaient précéder la composition mais qui finalement, faute de temps, devenaient le devoir remis.

Donc Michel Tremblay. Ce qu’il m’en reste, c’est là où il me mène. À moi-même, à ma vie. Un livre n’est-il pas un miroir, une recherche d’identification, qui nous aide, nous force à nous comprendre. Certains auteurs y réussissent mieux que d’autres. Chaque lecteur ne lit peut-être pas pour les mêmes raisons. Selon l’âge également. Pourtant, il me semble que j’ai toujours aimé les histoires auxquelles je pouvais m’identifier, dans lesquelles je me reconnaissais ou dans lesquelles j’aurais aimé me trouver. La Claude du Club des cinq, le scout des Jeux de piste, même Sainte-Thérèse de Lisieux qui souffrait dans sa chair et priait pour les autres, les sentiers dans lesquels Simone de Beauvoir se promenait, la longue ascension du mont Everest par Edmund Hillary. Le temps d’une lecture, j’étais ceux-là.

Pourquoi est-ce que j’aime quand même Tremblay puisque je n’ai pas vécu dans les années 1912-1914, n’ai pas connu ce Montréal dont il est question : l’est de la ville, la rue Sainte-Catherine, n’ai pas vécu dans le milieu décrit? J'aime ce qu'il écrit malgré le joual qui me dérange moins qu'à ses débuts.  Je n’ai même pas lu La traversée du continent, donc pas pu, comme Venise du Passe-mot, entre autres, m’attacher à la petite Rhéauna. Il doit y avoir autre chose pour que j'y revienne. Comment l’auteur réussit-il son coup alors? Je voudrais le savoir pour pouvoir à mon tour, en tant qu’auteure, réussir ce tour de force : captiver les lecteurs et avant, surtout avant, plaire à un comité de lecture d’une maison d’édition. Tiens, voilà donc pourquoi je lis, ce que je cherche dans un livre : la recette pour plaire, le truc, le déclic, la méthode, la formule. Le secret.

(photo empruntée à http://www.actes-sud.fr/rapide.php)

vendredi 26 février 2010

Prête pas prête,
je vais au Salon du livre

Je suis prête. Mes livres sont dans mon sac à dos. J’apporte Visions de la Petite-Nation, publié en 2000, autoédition, La fascinante histoire du Fairmont Le Château Montebello, publié en 2003, autoédition, Jacques Lamarche, un homme une époque, publié en 2005 aux Écrits hautes-Terres. Au stand de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais, m’attendra le livre Trente dans lequel j’ai une nouvelle, publiée en 2009. Mon appareil photo pour garder un souvenir de mon passage, le dernier datant de 2005. Des cartes d’affaires aussi pour dire à ceux et celles que ça intéresse que je monte des livres, des brochures, des dépliants, des mini-sites Internet. Parce qu’écrire, on voudrait tous bien en vivre, mais qui y réussit ?

Je suis prête physiquement, la tête propre, mes vêtements déjà sortis, mon sac à dos et mon cellulaire à côté de la porte, faut pas que j’oublie mon lunch dans le frigo… mais mentalement ? Je me souviens de la dernière fois. Il ne faut pas que j’y pense, je n’irai pas. Je ne suis quand même pas si masochiste. Aller m’asseoir et regarder jalousement les longues lignées voisines, attendre le stylo en l’air. Et si par hasard quelqu’un m’adresse la parole « Me semble qu’on se connaît, vous ne m’avez pas enseigné en 1975 ? » ou « c’est votre père sur ce livre? Je l’ai bien connu » ou « Le Château Montebello, oui, je l’ai visité l’an dernier. » De quoi j’aimerais parler finalement ? Pourquoi j’y vais si je ne suis pas prête à sociabiliser ?

J’y vais pour les livres, parce que j’aime les livres, comme un enfant qui regarde tous les bonbons offerts dans la vitrine. Je voudrais (presque) tous les lire et parfois même les avoir écrits. J’y vais aussi pour revoir quelques consœurs et confrères, ceux et celles avec qui j’ai suivi des ateliers d’écriture : Loïse Lavallée, Nicole Balvay Haillot, Lysette Brochu, Gilbert Troutet, Louis Noreau, Daniel Paradis. Et rencontrer pour la première fois Andrée Poulin, l’heureuse récipiendaire du prix du journal Le Droit, section jeunesse. D’autres blogueuses aussi, si j’ai le temps. Écouter Michèle Bourgon à 16 heures. Revenir fatiguée mais contente en hésitant entre : « je n’y retourne plus, c’est tourner un couteau dans la plaie » et « l’an prochain, j’y serai avec un nouveau livre, à moi. »

(Photo: couverture du livre Trente de l'Association des auteurs et auteurs de l'Outaouais, dans lequel j'ai une nouvelle)

dimanche 21 février 2010

Toutes des vieilles affaires

Dans ma tête, les sujets sont là, parfois brouillons, parfois précis, rarement travaillés. Trop courts pour un billet et trop paresseuse pour les publier, je les ramasse. Voici d’un seul bloc toutes mes petites pensées des derniers jours.

où mon petit cœur a pompé, où je n’ai pas réussi à me rendre au belvédère tout en haut, parce que même si j’ai un bon sens de l’orientation, même si j’avais regardé le plan comme il faut avant de m’aventurer sur une piste, même si j’avais eu la carte des sentiers en main, non je n’étais pas certaine du tout que ce sentier bien indiqué d’un carreau noir et du chiffre 4 corresponde au sentier qui devrait être jaune, se nommer Le Grand Pic et ne pas être numéroté. Après une heure et 45 minutes, j’avais dû mal à croire que je n’avais pas parcouru 1,3 kilomètre. Mais bon, j’étais contente, c’était beau, la neige était plus abondante que chez nous et puis je me souvenais de ce belvédère visité en été.

Deuxième sujet non traité : j’ai lu Des cendres et du feu de Georges Lafontaine. J’achève de lire L’Orpheline que je voudrais bien terminer avant le salon du livre de l’Outaouais parce que l’auteur sera peut-être là, à attendre, en compagnie de quelques autres, pour voir si son L’Orpheline en lice pour l’obtention du Prix du journal Le Droit, va gagner. Prix que je surveillerai beaucoup plus pour la poésie et la jeunesse parce que j’y connais quelqu’une : Loïse Lavallée en poésie et Andrée Poulin, catégorie Jeunesse. Et je souhaite qu'elles gagnent.
Une des raisons qui me font aimer cet auteur, c’est évidemment parce qu’il parle de lieux que je connais : Gatineau, Ottawa, l’Outaouais. Et puis signe que c’est bien : j’avais toujours hâte de reprendre la lecture. Intrigue intéressante.

Troisième sujet non traité : Le chèque de la Commission du Droit public. En effet chaque année, fin février, pourvu qu’il ait publié et prenne la peine de remplir le formulaire d’inscription, l’auteur reçoit un chèque. Jusqu’à sa mort. Je le sais parce que mon père n’y a plus eu droit une fois décédé. Dommage, j’étais son héritière de cette partie!!! Et puis, je ne savais plus très bien quoi en dire qui ne soit pas clairement expliqué sur leur site. Alors je n'ai fait que noter le sujet.

Et puis, dernier point, ce matin, je décide de me faire plaisir. Un plaisir masochiste parce que je n’ai pas les moyens d’en changer, mais je me suis rendue au Parc Lansdowne, à Ottawa. Prête à parler anglais, ce qui ne fut absolument pas nécessaire, ce qui ne m’était jamais arrivé en 40 ans de fréquentations avec cette ville, capitale nationale. Salon du VR. Vr = véhicule récréatif. Eh oui, j’en ai un, j’en fais, je suis une caravanière invétérée. À la veille de partir d’ailleurs. Les deux dernières années, j’étais déjà partie à cette date.

Je pourrais vous conter mes débuts de campeuse et comment j'ai troqué la tente contre le VR, mais vous pouvez toujours lire cette page en attendant. Heureusement pas eu de coup de cœur à ce Salon, de voir d’autres VR m’a fait m’apercevoir que j’aimais encore le mien, même s’il est démodé. J’aime encore le « floor plan » qui fut réaménagé selon nos besoins. Je trouve toujours aussi absurde ces grosses machines où on peut coucher six ou huit personnes alors qu’il n’y a de la place que pour quatre à table. Et puis ça nous permet de rêver. Au jour peut-être où je vivrais six mois dans le sud et six mois au Québec. Qui sait. Mais je me demande ce que je lirais pendant six mois aux États?

Voilà, enfin écrites, je me sens plus libre d’accumuler d’autres pensées toujours aussi variées, légères et probablement complètement inutiles à la majorité des gens.

(photo: mon vieux VR mais que je vendrais pas pour tout l'or du monde...  ben ça dépend combien!)

samedi 30 janvier 2010

Lire québécois: encore à apprendre

Si je peux arrêter de jouer à Move the piece, ou de perdre mon temps sur Facebook ou de chercher la chatte que je garde, je finirai peut-être par écrire le billet commencé il y a trois jours. C’est ça qui arrive quand on n’est pas payé pour faire un travail… on le retarde ou on ne le fait carrément pas.

Or donc, nous sommes mercredi soir, jour de bibliothèque à mon village. Bien décidée à choisir trois livres québébois pour répondre au défi de la blogueuse Suzanne (le quatrième, je me dis que je le choisirai au Salon du livre de l’Outaouais qui a lieu fin février), je suis un peu déçue de voir une haute pile de boîtes qui m’indique qu’hélas, c’est le temps de retourner des centaines de livres, mon choix sera donc restreint dans ce qui reste sur les étagères de bois. Hum! Michel David, non, ça ne me tente pas, trop de dialogues. Les trois Éric Simard, c’est moi qui les avais fait venir, très bonnes lectures, mais je ne vais pas les reprendre! Les accoucheuses ne m’attirent pas plus cette fois-ci que les autres fois. Après avoir fait le tour deux fois, je renonce au québécois et je finis par choisir la grosse brique — c’est un défi aussi de lire près de 1000 pages en trois semaines—, La fille du pasteur Cullen de Sonia Marmen.

Une fois à la maison, un bon thé vert à la main, je m’approche de mon fauteuil préféré, tiens la chatte qui est sortie de sa cachette, non, je regrette, c’est mon fauteuil. Je lis la quatrième couverture, je remarque le nom de l’éditeur, JCL que je sais québécois et il me vient un doute. J’enlève ma doudou qui me couvre les jambes et je me plante devant mon clavier, pitonne Sonia Marmen. Eh oui, c’est une Québécoise! Un petit détour en Ontario que je lui pardonne mais Québécoise quand même.

Finalement, j'ai relevé le défi sans le savoir. Au moins pour ce premier livre qui en vaut bien trois.

(photo: couverture du livre, empruntée à Google image)

lundi 11 janvier 2010

Histoires de prof


En deux jours, j’ai lu le livre Ces enfants qui m’ont enseigné de Florence Guay publié aux Éditions Floraison. De prime abord, je dois dire que le fait d’avoir enseigné, dans une école de campagne de surcroît, m’a attiré vers ce livre. J’aime les histoires vécues, surtout si elle me rappelle mes propres expériences. La quatrième de couverture m’apprenait que l’auteure avait d’abord obtenu un brevet C et enseigné dans des écoles de rang. Comme Émilie Bordeleau des Filles de Caleb, j’allais donc aimer.

Deuxième raison de laisser sa chance à ce livre, je ne connaissais pas cette maison d’édition et à lire les autres livres parus, et à voir les photos disséminées un peu partout dans le livre, j’étais certaine que c’était un livre à compte d’auteur et je suis persuadée qu’il y a ça et là de bons livres publiés ailleurs que dans les maisons « réputées ». Mieux que bien des récits parus chez de « vrais » éditeurs. Et puis le logo est vraiment bien réussi.

Le style me rappelait ces beaux textes soignés qu’on étudiait à l’école. Une des qualités de l’auteure, même si à la fin de son récit, elle a ajouté quelques jugements un peu moralisateurs qu’on lui pardonne facilement, c’est que jamais elle n’a succombé à la tentation de raconter sa vie personnelle. Elle s’est limitée à raconter sa vie de professeur, à ces journées de classe et à ces élèves « qui lui ont enseigné ». Jamais elle ne se plaint de sa tâche et pourtant, j’ai rarement connu un professeur qui a si souvent changé d’école, de niveau, de local, de matières. Bien que son écriture m’a fait soupçonner qu’elle avait été religieuse, elle n’a dit que quelques mots à ce sujet et quelques chapitres plus loin, on apprend qu’elle a un conjoint, mais sans plus. Ces faits nous sont donnés sans autres détails, tout comme le fait qu’elle vienne d’une famille de 17 enfants. Et si la quatrième de couverture ne nous apprenait pas qu’elle avait par la suite obtenu d’autres diplômes, nous n’en serions rien.

Donc les presque 400 pages tiennent dans la présentation de ses élèves. Tout y passe : les pauvres des rangs, ses sœurs qui demeurent avec elle, un épileptique, un violent, un drogué, une fille enceinte, et plusieurs autres enfants qu’elle décrit avec tant de bonté, qu’elle écoute avec compassion, à qui elle trouve toujours des qualités. Les émotions que procurent ce livre viennent du fait qu’on a tous connu un professeur comme Florence Guay : dévouée, attentive. Le professeur qui prend à cœur vos problèmes, votre humeur, qui vous amène chez elle pour une soirée ou une fin de semaine, qui téléphone aux parents, qui organise des activités intéressantes.

Un livre qui n’est pas là pour gagner un prix littéraire, qui n’est pas là pour devenir un best-seller, un livre qui rend hommage aux élèves et surtout qui, dans la tourmente des réformes scolaires, nous rappelle que de tels professeurs ont existé et existent peut-être encore. Ça fait du bien d’entendre leurs voix.

(photo: couverture du livre empruntée à La voix du sud)

jeudi 31 décembre 2009

Lectures 2009

Ce que l’auteure-de-nos-stylos a bien aimé en 2009, sans ordre.

1- Redécouvrir Katherine Pancol : lu avec plaisir Les yeux jaunes des crocodiles, La valse lente des tortues. Ai fait venir quelques autres titres. J’étais là avant est bien prenant, une fois qu’on passe par-dessus quelques pages et beaucoup de répétitions, mais c’est son procédé: une énumération à gradation, si je peux dire.

2- Ai adoré Les filles Lauri Lanses pour les mêmes raisons que Venise. C’est fou pourtant je dis toujours pourvu que livre ou film n’ont pas besoin de venir de faits réels, pourvu que ce soit vraisemblable. Mais cette fois, on voudrait que ce soit vrai.

3- Les piliers de la Terre de Ken Follett J’ai dévoré au sens que j’ai tout lu, toutes les pages, sans rien passer. J’ai tout aimé, même quand il décrit avec minutie comment on bâtit ceci ou cela. Normal, j’ai eu envie de lire la supposée suite Un monde sans fin. Ou bien je ne devrais pas lire trop de livres du même auteur. Ou bien le premier était tellement bien que, même si c’était la même structure, l’histoire ou les personnages étaient moins crédibles. Je ne sais pas pourquoi il a mis tant de scènes de sexe (et le mot scènes est déjà beaucoup lui accordé) Et je ne sens pas le besoin de lire les autres Follett.

4- Découverte de l’année : Éric Dupont. J’ai beaucoup aimé Voleurs de sucre et Bestiaire. Frais, langage différent, images… visuelles. Québécois donc identification.

5- Autre suggestion d’un blogueur ou blogueuse (je prendrai note pour l’an prochain) : La petite fille de Monsieur Linh que Philippe Claudel. Délicieux. J’aime beaucoup ce genre roman où tout est dans le ton, dans le style. Une histoire toute simple, deux trois personnages, un lieu, un temps court. Et une très belle surprise à la fin.

6- Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Encore intéressant parce qu’original, différent du roman traditionnel. Des lettres parfois courtes, parfois plus longues, mais toujours intéressantes. L’auteure ne nous mâche pas toute l’histoire en nous encombrant de détails, de dialogues ou de descriptions.

7- Entheos de Julie Gravel Richard. Parce que québécois, parce qu’identification, parce que si je lis un livre en prenant des notes, c’est que je veux y revenir, m’y référer, pour m’en souvenir, parce que je veux en parler, parce que je veux vous le faire aimer.

8- Le livre de Joe de Jonathan Tropper que j’ai laissé, repris, dont le double récit me dérangeait, mais que j’ai fini avec grand plaisir.

9- Et mon petit côté voyeur, comme ma mère me contait la vie des gens « vedettes » lues dans Paris-Match. J’ai lu Eva Bouchard, La légende de Maria Chapdelaine de Marcelle Racine. Et Telle mère quelle fille de Monique Larouche Thibault et de Sophie Thibault.

10- Eh non, il n’y en a pas dix. Je suis loin des 42 de Grominou. J’aurais donc voulu que le dixième soit le mien! En 2010 peut-être.

(Photo de l'auteure)

mercredi 16 décembre 2009

Katherine Pancol: trop à la fois?

J'ai fait venir plusieurs Katherine Pancol de la bibliothèque. Ceux que je n'avais pas lus ou que je ne me souvenais pas avoir lus:

Scarlett si possiblement, Seuil 1985
Les hommes cruels ne courent pas les rues, Seuil 1990
Vu de l'extérieur, Seuil 1993
Encore une danse, Fayard 1998
J'étais là devant, Albin Michel 1999

Parce que j'ai lu La valse lente des tortues et Les yeux jaunes des crocodiles en Espagne, et que j'ai beaucoup aimé même si je les ai lus dans le mauvais ordre, j'ai pensé que c'était une bonne idée d'en lire d'autres. D'autant qu'il me restait cette douce impression de mes lectures des années 1980: Moi d'abord et La barbare qui sont encore bien visibles sur mes tablettes, au sous-sol.

Alors en déjeunant, ou le soir, s'il n'y a rien d'intéressant à la télé, je lis. Dans l'ordre de parution cette fois. Mais je lis 40 pages de l'un et passe à un autre. Pour voir la différence. J'attends que l'un d'eux m'accroche vraiment. Les hommes cruels: pas folle du style, pas d'alinéa au début du paragraphe, des paragraphes d'une seule ligne, des phrases sans sujet, comme des télégrammes. À la longue, la lecture en souffre. J'étais là avant, c'est mieux pour le style, ça coule. Mais j'ai compris le propos dès la page 20 alors, je voudrais bien passer au vif du sujet, celui dont il est question sur le quatrième de couverture, celui des ombres.

J'aime toujours autant ses phrases qui ne contiennent pas trop de dialogues, comme de longues pensées mais situées dans l'agir quand même.


J'en suis là. Chaque semaine, je vais voir si l'auteure a ajouté un billet sur son Blablablog. Je lis avec délices, comme si je ramassais des miettes à savourer avant d'obtenir le gâteau en avril 2010: la suite des Crocodiles et des Tortues (ou vice versa). À me demander chaque fois pourquoi elle ne change pas sa photo de belle femme dans la jeune trentaine, le jour où je verrai ses rides, semblables aux miennes, je serai peut-être déçue et ça paraîtra sur mon visage... aucune importance finalement. Je me demande aussi pourquoi elle a si souvent changé d'éditeur. Ce genre de questions qu'on se pose surtout pour faire durer le plaisir d'être en sa compagnie.

Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de lire tous les livres d'un auteur dans un seul élan. Surtout qu'en Espagne, est-ce vraiment ses livres que j'aimais ou le plaisir de lire au soleil, d'être sur le bord de la plage, d'avoir les deux pieds sur le balcon, les yeux rivés sur la mer entre deux trois pages de lecture? Et qu'ici, sous la neige blanche, la tête à la souffleuse, aux préparatifs de Noël, à la connexion Internet qui fait défaut, à la brochure à produire, il est possible que l'enchantement ne soit pas au rendez-vous.
 
(photo empruntée à son site)

samedi 28 novembre 2009

Je retourne en Espagne

Depuis mon retour d'Espagne, depuis que j'ai fini de lire les deux Pancol, tortues et crocodiles, rien ne retient trop longtemps mon attention, en ce qui concerne les lectures. Question écriture: quelques phrases éparses ici et là que je devrai insérer dans la vingtaine de pages déjà en cours. Question domestique: lavage, ménage, repas, visites expédiées sans grand entrain, en comptant sur mes automatismes qui n'emportent que mon corps. Mon esprit étant, comme toujours, complètement ailleurs.

En attendant mes commandes de la bibliothèque, j'ai rouvert L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Parce que Le jeu de l'ange n'était pas disponible. Parce que je me souviens l'avoir beaucoup aimé. Parce que l'auteur est espagnol, que l'action se passe à Barcelone et que je ne savais pas que j'irais en Espagne quand je l'ai lu il y a deux ans.

En lisant: « Des comptables, des rêveurs et des génies en herbe partageaient leur table avec les fantômes de Pablo Picasso, Isaac Albeniz, Federico Garcia Lorca ou Salvador Dali », je me suis sentie en pays de connaissance. Des noms qui ne sonnent plus pareils à mes oreilles, comme si je les avais rencontrés lors de mon voyage. Pourtant si, d'une certaine façon, à travers les récits de nos guides et la visite de musées.

Même sans cette identification, ce rappel, cette vision des petites ruelles, des cafés collés sur les murs de céramique, le seul style de l'auteur suffirait à me donner une raison de relire ce livre. « Des dragons de pierre gardaient l'entrée rencognée dans un carrefour sombre, et ses becs de gaz figeaient le temps et les souvenirs. »

Comment voulez-vous vous sentir capable d'écrire après avoir lu de telles phrases? Moi, ça me tue. Je veux faire comme le personnage: « Page après page, je me laisse envelopper par le sortilège de l'histoire et de son univers (…) Je ne voulais pas perdre la magie du récit ni dire tout de suite adieu à ses personnages.» Au diable l'écriture et encore plus le lavage et le ménage, je mangerai une petite soupe en conserve. Je retourne en Espagne... par la lecture.
 
(photo-image prise dans Google-images Renaud-Bray)

jeudi 29 octobre 2009

Lire pour autre chose que l'histoire

Quand je lis un roman, je ne lis pas toujours l'histoire. Au début, oui. Puis tout à coup, je m'aperçois que je deviens une auteure qui scrute à la loupe la méthode, la technique, le style. Je redeviens cette correctrice, cette réviseure du temps pas si lointain où je montais des livres à compte d'auteur (auto-édition) et que donc, je relisais strictement pour les fautes, je n'avais alors aucune idée de quoi parlait l'auteur, je lisais des mots, une structure.

C'est souvent d'ailleurs le style, beaucoup plus que l'histoire qui me fait arrêter de lire un livre. Je me bute à un genre trop savant ou trop hermétique. Pourtant, j'essaie de rester l'esprit ouvert.

La poésie par exemple, je ne peux pas. Dommage sûrement, mais déjà du temps de mes études, de Saint-Denis Garneau à Verlaine ou de Rimbaud à Gaston Miron... non. Pourtant pas faute d'avoir fait des efforts. Même Nicole Brassard que j'avais connue: non plus. Travaux obligeaient. Note de passage tout au plus.

Retour à aujourd'hui. J'aime être surprise. Agréablement surprise, il va sans dire. Qu'on me bouscule un peu, qu'on me change du style classique. Un peu d'originalité, s'il vous plaît, dans le style toujours.

Comme Katherine Pancol, encore ce matin. Visiblement au sommet de son art. Dans deux pages, le personnage peut très bien passer de la troisième personne à la première sans que le lecteur s'y perde. Pas de tiret pour un monologue. La personne ne parle pas, elle pense. Au « je » ou non et sans problème. Chaque personnage a son « je », à son tour.

J'en oublie l'histoire, j'admire la technique, je tourne la page beaucoup plus pour savoir comment l'auteur reviendra au présent après un « flash-back» écrit au passé. Juste assez long pour ne pas nous perdre. Belle réussite chaque fois.

Bien loin des dialogues trop nombreux (à mon goût) d'un Michel David. Bien loin aussi des descriptions de décor ou de physique d'une troisième secondaire. Plutôt des parcours intérieurs, mes passages préférés.

Quand je lis pour le style, c'est inévitable, au bout de dix pages, je me rue sur le crayon ou sur le clavier.

Pour écrire.

Dans mon style à moi. Je me fais plaisir. Et je dis merci à Katherine Pancol pour ce petit bonheur supplémentaire, en plus de celui de la lecture.

(image empruntée à Librairie Pantoute)