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samedi 28 mai 2016

Complètement accro

Du meilleur, du plus important, du plus cher à mon cœur, je n’ose pas dire. Je n’ose pas exposer au grand jour. Non par peur du jugement, ou du regard, mais pour le garder intact, privé, beau pour moi-même. Ne pas exposer à la critique. Garder dans le silence et dans l’ombre, comme un joyau précieux. Ce n’est pas sujet de bavardages futiles. Ni excès de snobisme intellectuel, n’allez pas croire, mais pour moi c’est du sérieux et il ne faut pas tout prendre à la légère. 

Et pourtant ce plaisir, je voudrais le présenter maintenant, non pas pour l’exhiber ou même le promouvoir. Seulement en parler parce que j’en suis fière. Mais encore là, je laisse venir tout doucement la manière, les mots. Sur la pointe des pieds, sur le bout de la langue. Ouvrir la porte en petits gestes retenus. 

Le groupe existait déjà quand j’en ai entendu parler au hasard d’une conversation entre deux membres. Dès lors, ma curiosité fut piquée, excitée. Un tel groupe existait? Enfin je pourrais parler de mon sujet favori (et favori est un euphémisme dans mon cas, c’est LE sujet, bien haut sur la liste de mes envies), de ce sujet dont il est rarement question même avec mes meilleures amies dont les intérêts sont tout autre.

Le livre.
La lecture.

J’étais prête à toutes les bassesses pour faire partie du groupe dont il avait été question dans cette conversation. Ai-je supplié? Me suis-je mise à genoux? Ai-je bien expliqué les raisons pour lesquelles je le voulais à ce point? Et quand j’ai entendu le « oui », fut-il fort ou hésitant? Qu’importe, j’ai embrassé, j’ai remercié et je déborde encore de gratitude envers ces deux femmes qui m’ont fait une petite place au sein de leur bande.

Nous sommes donc une douzaine de ferventes (permettez que j’utilise le féminin, il n’y a qu’un homme!), mais rarement les douze en même temps.

Pour l’instant, nom temporaire : Cercle de lecture.
Opinion émise qui n’est pas de moi, mais qui résume tout : 
«Quelle richesse de personnes, de cultures, de points de vue, de découvertes et d’échanges».
Des trentenaires, des soixantenaires. Des Québécoises, des Belges. Une malvoyante qui lit en braille et écoute des livres audio. Certaines aiment les polars, d’autres lisent en anglais. On apporte nos livres, à tour de rôle, on en parle, on les prête ou on les recommande.

Des découvertes comme réaliser n’avoir jamais lu Amélie Nothomb. En profiter pour parler du vedettariat. Faire connaitre des auteurs québécois comme Louky Bersianik et son célèbre L’Euguélionne (qui n'avait l'air célèbre que pour moi), et ne réussir tout au plus qu’à piquer la curiosité. En profiter pour digresser sur le féminisme.

La saison dernière, avoir lu, toutes, le même livre : La peste d’Albert Camus. En discuter. Trouver que le climat social n’a pas tellement changé.

Voir passer les deux heures fixées trop rapidement. Céder au plaisir de rester encore un peu. Bavarder, sympathiser, s’embrasser.
Avoir hâte au mois prochain. 
Le lendemain, échanger des courriels pour ajouter quelques commentaires complémentaires aux discussions de la veille. Où on partage encore notre plaisir de lire.

Ivresse dans mon cas. Complètement accro.

mardi 6 octobre 2015

Pensées du jour

Pensées hautement philosophiques et un peu noires du jour.

Peu importe le domaine de création, la qualité ne se mesure hélas qu’à la visibilité du moment. Plus le créateur est vu, plus on croit le produit créé meilleur. Plus croustillant est le propos, plus grand est l'intérêt. C’est faux, évidemment. Ni notre produit ni soi-même ne sont meilleurs qu’un autre. Juste plus ou moins visibles, plus ou moins médiatisés.

Le succès dans le domaine des arts ne se mesure pas aux efforts du créateur, mais bien souvent au nombre de ses contacts avec les médias.

Je l'ai déjà écrit mais je ne le crois plus autant: un chef d'oeuvre n'est pas oeuvre de chef mais oeuvre de temps. Sur la même lancée, je pourrais écrire: un best-seller n'est pas oeuvre de best, mais oeuvre de seller!

J'arrête, je démoraliserais un crapaud de devenir beau.

vendredi 19 décembre 2014

Lire à Noël

Noël, encore un. Mon grand-père calculait son temps en Noël : « c’est mon dernier » a-t-il dit pendant une bonne dizaine d’années. Pour certains, qu’ils soient seuls ou bien entourés, les fêtes peuvent être nostalgiques, voire tristes. Pour d’autres, une prouesse d’organisation. Mais il faut bien admettre que nos Noëls d’enfants sont, en majorité, pleins de beaux souvenirs. Des fêtes de congé, de neige, de couleurs, de cadeaux, de joues rouges, de sourires ravis. Parsemées de danses, de musiques, de bonshommes de neige ou de jeux de cartes. Toujours de bonne boustifaille. 

Nos Noëls d’adultes sont souvent très loin de nos jours d’enfants. Je n’y échappe pas. Même entourée de la famille, de princesse et de chevaliers, de pirates et de bricoleurs, je me sens superficielle, consommatrice, un peu sur la corde de la performance d’hôtesse ou je joue le jeu de l’invitée. 

Du plaisir oui, 
de la joie, oui, 
de la fatigue, sûrement, 
de la satisfaction, très souvent.
Mais de l’émotion, celle du dedans, celle qui remue mon cœur d’enfant, rarement.
Sauf cette année. 

Quand on a donné notre liste de cadeaux à la personne responsable de la cueillette. Je ne sais pas qui m’a pigée, mais je l’annonce, avant Noël, j’ai pigé mon frère. Je n’en ai qu’un. Nous n’étions que deux enfants dans la famille. Qu’ai-je demandé au père Noël? Un livre. Qu’a demandé mon frère au père Noël? Un livre. De la quinzaine de personnes qui constituent la famille agrandie, nous avons été les seuls à demander un livre. Ce qui m’a émue jusqu’au cœur. Comme un fil qui me relie à lui, pour toujours. Quand on lisait, on ne pensait pas à se détester. Les livres nous ont rendus généreux, ont permis de garder intacte notre fraternité-sororité, celle qui s’entend bien et s’aime malgré les différences.

En voyant sa demande, je nous ai revus certains dimanches, et à plusieurs anniversaires, parents et enfants, au salon. Nous lisions. Nous étions bien. Très bien. Merveilleusement calmes. Sans acrimonie, sans bataille. Chacun dans son monde, et pourtant le même monde. Du même souffle. D’un même cœur. Enfin, j’ose le croire. 

Je vous souhaite de retrouver cette émotion de votre enfance, au temps où il n’y avait que le bonheur d’être soi-même. Avez-vous essayé avec un livre?
(Photo de l'auteure, en 1962)
(Illustrations d'arbres de Noël en livres, empruntés à Google images)

vendredi 28 novembre 2014

Bonheur du jour(4)

D’abord l’anticipation. Prendre prétexte de l’achat d’un cadeau pour Noël pour quelqu’un d’autre et te faire plaisir à toi aussi. Avoir hâte de voir l’étalage, la décoration des fêtes, les nouveaux titres surtout. 

Le choix de la librairie. Sans hésitation une librairie indépendante (Rose-Marie à Buckingham) parce que tu boudes Renaud-Bray depuis plusieurs mois : il ne veut pas des livres de Dimedia, tu ne veux pas des siens. Quant à Archambault, il peut se passer de ton argent et de toute façon, le magasin est mal situé pour toi. 

Et puis quel plaisir de voir que la propriétaire te reconnait, même si tu n’y vas plus aussi souvent, depuis que tu es membre de la BANQ. Et si elle ne se souvient pas de ton nom, son sourire et l’empressement avec lequel elle t’indique où trouver tel ou tel livre te font chaud au cœur comme si tu partageais une même passion, ce qui est le cas.

Le choix des livres. Le véritable enchantement commence, la délectation. Comme des caresses d’amour. Rapidement tu prends le livre de 1000 pages de Ken Follett pour le cadeau des Fêtes. Peut-être l’emprunteras-tu pour le lire ? Tu t’attardes aux présentoirs des nouveautés. Tu remarques que les sept tomes de Fanette de Suzanne Aubry ont leur propre présentoir. Wow, quelle promotion ! Tu hésites devant le dernier de Michel Tremblay, Survivre Survivre. Mais tu sais que c’est une sorte de suite de la diaspora des Desrosiers et que tu n’as pas lu tous les précédents. Prendre un livre de Léméac/Actes sud est toujours un plaisir. Tu as toujours aimé le format, le choix du papier la texture de la couverture. Quoiqu’on dirait bien qu’au toucher, la couverture n’est plus aussi poreuse. Tu hésites.

Tu te rends dans les bandes dessinées, tu cherches les éditions de la Pastèque, tu ne trouves pas, tu demandes à la propriétaire. Auteur Marsi, Titre Colis 22, éditions La pastèque, elle trouve immédiatement. Pourquoi celui-là ? Depuis le temps que tu voulais lire Marsi, le compagnon de Venise. Tu as couché chez eux, ou plutôt tu avais séjourné dans leur stationnement trois jours pendant les correspondances d’Eastman. Elle tient un blogue sur la littérature québécoise, Le Passe-mot et lui, il dessine. Fort bien d’ailleurs. Tu feuillettes : un vélo. Ça te rappelle tes intrépides virées avec tes bicyclettes. Tu tournes encore quelques pages, tu es ravie, tout à fait le genre de dessins en noir et blanc comme ceux de Michel Rabagliati que tu aimes bien aussi. Tu hésites, mais entre un Tremblay que tu pourrais emprunter à la bibliothèque et une bande dessinée québécoise, d’un auteur relativement nouveau qui commence dans le domaine… tu te décides, ce sera Marsi.

Un troisième ? Allez, dis oui. Un roman que tu ne peux pas emprunter en numérique à la BANQ, parce que tous les éditeurs ne s’y trouvent pas, allez savoir pourquoi. Tu retournes aux romans, tiens un nouveau Nancy Huston, oui, tu te souviens avoir lu un article sur elle, dernièrement. Bad girl. Non, non, tu ne vas pas encourager ces titres en anglais ? Tu sais comme ça t’horripile cette tendance très française de croire que l’anglais répond mieux à certaines façons de penser. Et puis tu sais aussi que tu as été souvent déçue de la lecture de Nancy Huston. Tu feuillettes quand même. Page 11 : «Toi, c’est toi, Dorrit. Celle qui écrit. Toi à tous les âges, et même avant d’avoir un âge, avant d’écrire, avant d’être un soi. Celle qui écrit et donc aussi, parfois, on espère, celui/celle qui lit. Un personnage.» Et page 259, une citation de Roland Barthes « Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman. » Tu es remuée, avoues. Tout à fait ce que tu voudrais écrire au sujet du manuscrit sur lequel tu travailles présentement. De vraies personnes qui deviennent personnages. Dont la vérité se change peu à peu en simple vraisemblance.

Tu aimes déjà ces petits chapitres courts qui tiennent en une demi-page, parfois deux. Tu le gardes dans tes mains, mais tu cherches s’il n’y aurait pas mieux. La tête penchée pour voir les noms des auteurs, tu cherches dans les « L », sachant bien que les tiens ne sont plus sur les tablettes depuis bien longtemps. Et puis, de toute façon, trop estomaquée par ce que tu viens de lire, tu sais que ton choix est fait, tu jettes un coup d’œil à la quatrième couverture  et à quelques pages encore du Bad girl de Huston. Non, décidément, tu dois le prendre, tu veux le lire, tu sais déjà que tu souffriras de ne pouvoir écrire comme elle, qu’il ne faut pas d’ailleurs, mais que finalement tu baigneras dans cette atmosphère que tu aimes tant, assise dans ton fauteuil préféré, au coin du feu, peut-être du Mozart ou du Bach en sourdine, un café sur la petite table, sûrement. Tu essaieras de ne pas te précipiter sur ton cahier de notes à chaque trois pages de lecture. Tu essaieras d’être une lectrice seulement. 

Tu seras comblée.

(photo de l'auteure)
Blogue de Venise >>>

vendredi 18 janvier 2013

Pour tout de suite, Gabriel Anctil

Ce n’est pas la première fois que je le constate et que je le dis : je n’ai plus de discipline. Me demande même si j’en ai déjà eu. Mon blogue est donc à l’image de ma vie : diversifié (je n’ai pas voulu dire dispersé). Tout ne m’intéresse pas, mais contrairement à certains dont j’admire la constance, je ne m’astreins pas à un seul sujet : les livres. 

Alors évidemment, je ne commente pas tous ceux que je lis. Et si je n’ai pas aimé, ou si j’ai été déçue, j’hésite encore plus à en parler. Le fait d’être auteure moi-même me force à réfléchir encore plus à ce que je peux dire d’un livre, surtout s’il est québécois. J’attends de voir si le fait d’avoir été déçue venait du livre ou venait d’un autre facteur comme mon humeur, la température, une attente injustifiable comme le fait d'avoir aimé le livre précédent du même auteur.. Ensuite, je passe à un autre livre ou une autre activité. Je vois moins l’urgence de mettre sur papier (ou sur écran) mes impressions et mon avis que je considère tellement secondaires parfois que je ne vois pas l’importance de les noter. 

Quand même. Parce que Venise du Passe-Mot m’a lancé la perche, j’ai feuilleté à nouveau les derniers livres lus et tenté de rassembler mes idées. 

En livre papier (je spécifie maintenant parce que vraiment, je ne choisis, ni n’attends, ni ne lis de la même manière un livre papier et un livre numérique), j’ai beaucoup aimé Sur la 132 de Gabriel Anctil. Je ne sais trop pourquoi, sur le site de l’éditeur Héliotrophe, il est écrit« Roman d’apprentissage, mais aussi roman d’atmosphère, », mais je dois dire que j’ai beaucoup apprécié l’atmosphère en effet. Histoire qui se passe au Québec, dans ces années-ci, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ça me donne l’impression de vivre en même temps que mes contemporains et non pas au temps de mes grands-parents, soit entre 1920 et 1950 ! 

Un livre aussi qui s’inscrit dans la continuité des livres que j’aime et que je lis depuis toujours : des histoires qui me racontent une vie, j'en ai parlé là >>>. J’ai bien aimé Théo qui délaisse travail, patron, amis, conjointe, et même ville pour aller à la recherche de son lui-même. Même si certaines scènes sont répétitives, même si les dialogues sont en « joual », ce qui ne me dérangerait pas vraiment, habituée maintenant à en lire beaucoup plus que dans les années 1970, mais trop longs à mon goût. Même si, pendant quelques pages, j'ai cru retrouver le plaisir de L'herbe et le varech d'Hélène Ouvrard, alors que vraiment, mais vraiment pas le même ton. Juste la même route et le même but: voir plus clair dans sa vie.

Portrait de la ville et portrait de la campagne, je sais pour avoir vécu dans les deux que tout n’est pas aussi noir pour l’un et extraordinaire pour l’autre et j’espère bien que si de jeunes urbains européens lisent ce roman qu’ils n’iront pas jusqu’à croire tout ce qui est écrit ! Ça demeure la vision du personnage, peut-être celle de l’auteur qui s’est largement inspiré d’un pan de sa vie, a-t-on écrit, mais certainement pas de la lectrice que je suis. Ne donnera peut-être pas envie d’aller vivre dans le Bas-Saint-Laurent et pourtant… 

D’autres commentaires de lecture à venir… je ne sais trop quand: souvenez-vous, je suis indisciplinée!

mercredi 28 décembre 2011

Je ne comprends pas


Je n’en suis pas à ma première publication en tant qu’auteure et, dans le milieu de l’édition, j’ai un tout petit peu d’expérience, mais tout de même, je ne comprends pas. Dans la chaîne du livre, il y a l’auteur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur, le libraire et le lecteur. Dites-moi si j’en ai oublié? Qui a intérêt à ce que le livre se vende? L’auteur, l’éditeur (l’imprimeur s’en fout, il a été payé, mais tout de même s’il y a réimpression, il sera bien content, mais disons qu’on l’oublie pour l’instant), le distributeur et le libraire. À qui donc incombe la responsabilité de la vente du livre? C’est parce que je ne me sens ni compétente ni dynamique, ni compétitive que je n’ai pas accepté, il y a plusieurs années, de poursuivre dans la voie de l’édition. Je me suis contentée du graphisme et de l’écriture d’un livre. Je ne sais pas trop qui de l’éditeur, du distributeur ou du libraire doit faire tout son possible pour que chaque livre se vende le plus possible. Donc, je ne pointe personne du doigt, mais permettez que je pose des questions, que je livre mes observations, que je passe mes remarques. 

Je ne comprends pas. 

Sachant que je suis une auteure de l’Outaouais, sachant que l’éditeur est de l’Outaouais, sachant qu’il est plus probable que les médias de la région parlent de mon livre, plus que ne le feront ceux du reste du Québec (ce qui fut le cas), je ne comprends pas pourquoi il y a deux exemplaires seulement dans les librairies de l’Outaouais. Même nombre qu’à Amos ou Jonquière ou Granby ou même Montréal. À deux exemplaires, il est certain que mon livre ne peut pas constituer une pile, ne peut pas être sur un des blocs d’entrée, à la vue du visiteur. Je ne comprends pas pourquoi les libraires de l’Outaouais (ou de n'importe quel coin du Québec) n’ont pas un petit coin pour les auteurs de leur région, comme le font certaines bibliothèques. 

Il faut croire que je ne comprends rien à la vente. Qui devrait intervenir? Suis-je la seule à remarquer ces faits? À qui m’en plaindre : à l’éditeur qui fait de son mieux, au distributeur qui fournit le Québec entier, aux libraires de ma région? 

Je me contente pour l’instant de le noter dans ce blogue. Je me suis contentée aussi, cet après-midi, à Gatineau, de mettre le dernier livre qu’il reste dans une librairie (sur deux souvenez-vous) face devant.

mardi 27 septembre 2011

Les têtes rousses dans mes mains

Dès que le monsieur qui était venu gentiment porter la boîte de mes livres dans ma voiture se fut retiré (je ne voulais pas le faire devant lui, je voulais me garder cette surprise et ma première sensation pour moi seule, je déteste ouvrir des cadeaux en public probablement parce que mes réactions s’affichent sur mon visage), j’ai ouvert la boîte, j’en ai pris un dans mes mains et je l’ai aussitôt déposé sur la banquette avant. Je suis partie. 

Aux feux rouges, je le prenais, je touchais le papier, je l’ai regardé sous toutes ses coutures. Je l’ai feuilleté, comment on dit ça tourner les pages avec le pouce, comme on fait parfois avec les cartes à jouer. 

Qu’on ne vienne pas me dire que la sortie d’un livre numérique m’aurait fait autant plaisir. 

Le voir ne fut pas une surprise, j’ai travaillé avec l’illustratrice pour la couverture, j’ai fourni la photo de la quatrième couverture. Que me restait-il pour me faire battre le cœur : être seule, en silence et le tâter à mon goût, juste pour moi, avant que tout le monde (on oublie l’imprimeur et l’éditeur) le voit. Sentir que cette bonne nouvelle, c'est à moi que ça arrive. 

Quatre heures de route (oui, bon, il y eut aussi une mammographie et quelques achats chez Costco, tant qu’à y être, je combine toujours plusieurs éléments lors de mes virées à Gatineau), un demi-réservoir d’essence, mais je voulais le voir. Si le livre avait été numérique, je l’aurais eu la semaine dernière. Je ne veux même pas y penser. Aucune comparaison. 

En attendant les camions-escortes sur les routes en construction, j’en profitais pour lire quelques mots. Mes mots. Tous ces mots, toutes ces phrases sont de moi. Ça aussi ça fait pouf-bang-couic-toc-toc-toc direct dans le cœur. Et dans le sourire. Sur papier recyclé, sur l’écran, ce n’est pas pareil. Il faut la reliure allemande, il faut la grosseur de caractères, la police de caractères, l’interlignage mais surtout, les pages bien retenues par la reliure. Ça, c’est un livre, et c’est le mien. 

Il est vrai qu’il y a analogie avec un accouchement (quoique je n’ai jamais accouché, c’est par ouï-dire et ouï-lire que je le sais) : une fois qu’il est là, normalement constitué avec toutes ses couleurs, ses pages, ses mots, on oublie toutes les lettres de refus, tous les maux de ventre, toutes les corrections et versions et recherches, toutes ces interminables attentes et ces innombrables découragements. Il est là, c’est tout ce qui compte. 

Mon esprit a bien commencé à penser à la suite : probablement pas de lancement de la part de l’éditeur, en ferais-je un, ça ne me tente pas, je n’ai pas le talent d’organisatrice; la distribution, le distributeur n’ira probablement pas dans les tabagies de ma région, je devrai m’en occuper; les communiqués de presse, à qui en envoyer, coordonner mes actions avec celles de l’éditeur. Non, pas tout de suite, demain, la semaine prochaine. Pour l’instant, ne sois qu’auteur : regarde-le, touche-le encore, relis-le. Oui, relis-le, et sois fière de chaque mot, de chaque phrase, de chaque ligne. C’est toi qui l’as écrit.

vendredi 23 septembre 2011

Les têtes rousses: en librairie le 26 octobre

Voilà une date précise : le 26 octobre. Sortie en librairie de mon roman Les têtes rousses. Je me la répète, cette date, depuis ce matin pour voir comment elle raisonne. J’avais déjà octobre en tête depuis quelques mois, maintenant le 26. Les chiffres 7 ou 16, nombreux dans ma vie, auraient sonné une cloche, mais le 26? 

Une autre étape franchie. Je ne saute toujours pas au plafond. Ma foi, je ne sauterai jamais au plafond. Peut-être n’est-ce pas dans ma nature? Mon semblant de froideur ou d’indifférence cache souvent les plus fortes émotions. Quand je crie de joie, de peur ou de colère, c’est que ce n’est pas si grave. Une bûche sur un ongle d’orteil, une auto qui fonce vers moi, une personne qui hurle me trouvera silencieuse, de marbre, comme si je ne réagissais pas. J’attends, la tête froide, le cœur solide. J’attends que ça passe, j’attends de voir la suite. Alors la sortie de mon roman le 26 octobre, c’est très bien. J’aimerais être folle de joie, ce serait croire que c’est le plus beau jour de ma vie, que c’est l’aboutissement de mes rêves, mais non, juste une autre étape. Je me trouve « plate ». J’ai beau me secouer, rien ne sort : ni déception, ni enthousiasme. Qu’est-ce que je fais maintenant? Et si je publiais le petit site que j’ai monté. On m’avait suggéré un mois avant. Alors le voici, le voilà, tout de vert habillé, comme il se doit.


Site du roman
Les têtes rousses >>> 


ou cliquer sur la page d'accueil >>>

lundi 30 mai 2011

L'Euguélionne: je ne veux pas qu'on l'oublie

«La lunde, tu t’esquintes.
La marde, tu t’éreintes.
La mercrède, tu t’échines.
La jeude, sur tes machines.
La vendrède, tu t’escrimes.
La samède, tu t’agrippes.
La démanche, tu suintes.
La janvière, tu t’étripes.
La févrière, tu anticipes,
La marse, tu t’émancipes.
L’avrilée, tu brûles.
La maïe, tu en saignes.
La juine, te v’la enceinte.
La juillette, tu participes.
L’aoûte, tu cours.
La septembrée, tu flambes.
L’octobrée, tu trembles.
La novembrée, tu fais du ventre.
La décembrée, tu t’essouffles.
L’année suivante, tu accouches.»

L’Euguélionne, Louky Bersianik, Édition La presse, 1976, page 152

Après la coupe du gazon, je me demandais ce que serait la prochaine activité. Je me demandais ce que je faisais de mes journées, de mes semaines, de mes mois. Je n’ai plus les mêmes repères qu’à trente ans, quand je travaillais à l’extérieur. Puis je me suis souvenu de l’énumération de l’Euguélionne.

Dans mon cas, ça ressemblerait plutôt à :

La lunde, tu piscines
La marde, tu rêvasses
La mercrède, tu te presses
La jeude, tu vas voir ta mère
La vendrède, tu te reposes
La samède, tu laves
La démanche, tu budgètes
La janvière, tu gèles
La févrière, tu prépares
La marse, tu voyages
L’avrilée, tu vieillis
La maïe, tu coupes
La juine, tu repars
La juillette, tu piscines
L’aoûte, tu reçois
La septembrée, tu publies
L’octobrée, tu trembles
La novembrée, tu lis
La décembrée, tu t’énerves
L’année suivante, tu espères recommencer

1976. Trente-cinq ans. Quel âge aviez-vous?
L’Euguélionne, je ne veux pas qu’on l’oublie. J’en ai parlé brièvement en mars 2010. Je ne suis pas du genre capable d’en réciter de larges extraits comme on sait une chanson entendue mille fois, comme on sait une fable apprise par cœur. Pourtant son nom, je ne l’oublierai jamais. Le nom de l’auteure, Louuky Bersianik, il m’arrive de ne pas m’en rappeler, ça m’a pris du temps à pouvoir le prononcer, mais le titre, L’Euguélionne, jamais.

J’avais vingt-six ans. Au début de ma vie d’adulte. Au début de ma vie d’auteure. Croyais-je!
Je l’ai aimée d’amour cette extra-terrestre. Un amour rempli d’admiration. Que j’ai mise sur un piédestal. Très haut. Si haut que jamais elle n’en est descendue. Si haut que j’ai su dès lors que mes mots à côté des siens ne valaient pas cinq cennes et ne tiendraient sûrement pas trente-cinq ans. Mais quand on aime, ça ne fait rien de se comparer. Si haut que je peux la voir encore, où que je sois, même si elle ne m’écrase plus de sa prestance. Si haute qu’elle fut, elle a tout de même réussi à m’élever, me donner des ailes, me montrer l’immensité de la mer, l’infini de l’univers et le ciel de toutes les planètes. Mes yeux se sont agrandis, mon cœur s’est ouvert, mes oreilles ont entendu comme jamais auparavant tous les murmures et tous les cris, ceux des femmes en particulier,  parce que personne, avant elle, n’avait rapporté tant de paroles vraies, justes, profondes qui m'ont transformée à jamais.

À vingt-six ans, j’ai compris que ce n’est pas le contenu d’un livre qui compte, mais comme dans un budget, entre ce que tu reçois et ce que tu donnes, c’est ce qui en reste qui est important. À preuve, je serais bien incapable de relire ce livre, pas en entier en tout cas, et pourtant ce qu’il m’en reste dans tous les pores de ma peau et tous les neurones de mon cerveau, m’accompagne encore aujourd’hui, après trente-cinq ans.

Pourtant, je me demande : si j’avais un seul livre à apporter sur une île déserte, si c’est L’Euguélionne que je choisirais. Probablement Le petit Robert des noms propres : il dérange moins, il fait moins mal.

(Autres détails par là>>>)

mercredi 16 février 2011

L'hiver m'a gelé le cerveau

Hier, un courriel se glisse parmi deux pourriels et deux autres courriels qui sont des fichiers pour une brochure que je monte. Dans une liste de courriels, rien ne différencie les importants, les intéressants de ceux qui iront à la poubelle sans autre regard.

L’objet « révision finale » ne me dit rien à première vue, le nom de l’envoyeur ne trouve pas mes neurones d’intelligence ou de mémoire très rapidement. Faut dire qu’il ne m’écrit pas tous les jours. Le temps de glisser les courriels importants vers mon dossier « à garder », le temps de supprimer les pourriels indésirables, mon esprit se réveille enfin : c’est le directeur littéraire de Vents d’Ouest où sera publié mon roman. Où ai-je la tête? Il m’envoie les corrections effectuées par la réviseure.

Ah! Allons, réveille, allume, c’est ton roman, pas celui de la voisine!

Contrairement à Dominic Bellavance, je me contente de deux étapes. J’imprime le courriel sans le lire à l’écran. Neuf observations qui tiennent en une seule page. Soulagement. Ça veut dire que tout le reste est bien? L’éditeur ne me renvoie pas les corrections de la réviseure? Comment m’améliorer alors? Je veux connaître mes fautes, même si ce ne sont que des coquilles, des inversions de lettre. Pas d’anglicismes? Pas de participes passés mal accordés? Ça ne se peut pas.

Les neuf observations ne me font pas dire de gros mots, ne me choquent pas. Ce sont de judicieuses observations, du genre : je parle de trois enfants à une page et de quatre quelques pages plus loin, il est question de sa chambre qui est au rez-de-chaussée alors qu’elle monte se coucher au premier, une répétition oubliée, et une liasse d’argent récupérée alors que le monsieur ne reçoit aucun salaire pour son travail. Elle a l’œil la linguiste, bravo! Un métier que je ne pourrais pas faire si je ne suis pas foutue d'avoir vu ce genre d'erreurs.

Je ne peux pas dire que ça se règle en deux minutes, ça me prend plutôt deux heures. Il faut que je cherche la page, que je trouve la ligne, que je vérifie, que je relise, que je réfléchisse comment je vais régler le problème, puis pour trouver la page suivante, je ne dois pas corriger sur mon manuscrit, donc corrige, copie et colle dans un nouveau dossier, sans changer l’original.

Deux heures plus tard, j’envoie les corrections (pas le nouveau manuscrit eh non, seulement les corrections, c’est le monteur qui va transférer les modifications, bizarre!)

C’est tout. Suis-je contente? Ai-je un cœur? Il me semble qu’il ne bat pas plus vite. Vraiment, en comparaison avec Lucille ou Sylvie, je suis de marbre.

On dirait que c’est le livre de quelqu’un d’autre. Quand réaliserai-je? Impression de passer à côté de ma vie d’auteure. Comme si ce n’était pas plus important que le souper que je vais préparer. Comme si ça ne m’intéressait pas. Un travail à faire, rien de plus! L’hiver m’a gelé le cerveau, je pense.

vendredi 22 octobre 2010

L'élégance du hérisson: de l'amour des longues phrases

Pour en parler, il a fallu que j’attende de l’avoir terminé, comme on attend que le film finisse pour être capable d’ouvrir la bouche et en dire quelque chose de sensé, tellement on est ému, tellement on ne veut pas que ça finisse. Même si je l’ai lu parcimonieusement, par morceaux, entre deux autres activités.
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Aux dernières pages, j’avais les yeux embués et je ne savais pas trop si j’avais le nez bouché et la gorge nouée à cause d'un rhume ou des larmes qui coulaient.
Même si, entre les chapitres, il y a eu des journées qui n’ont rien à voir avec celles des deux héroïnes, Renée et Paloma, je n’avais aucun mal à reprendre le fil de l’histoire, j’aurais voulu encore des pages, encore des «pensées profondes». Je voudrais les garder pour moi, ces personnages attachants, encore un peu, même si je sais qu’elles ne m’appartiennent pas, ne m’ont jamais appartenu, que des milliers d’autres lecteurs, de 34 langues (combien de livres québécois traduits ne serait-ce qu’en deux langues?), ont probablement eu le même réflexe.

J’ai aimé oui, parce que deux personnages féminins, parce que j’ai toujours aimé la philosophie, c’était ma matière forte à l’école, mais surtout parce qu'écrit avec des phrases complètes, de longues et belles phrases avec des subordonnées, des incises nous promenant dans des méandres compliqués, des lignes truffées de mots savants, ceux qu’il faut chercher dans un dictionnaire et qui, pourtant coulent si bien, glissent sans effort dans un cerveau déshabitué de ces sinuosités littéraires. Je n’ai pas l’intelligence de l’adolescente, je n’ai jamais été concierge, je n’ai pas beaucoup fréquenté les riches, mais pendant des jours, j’ai habité leur édifice, je les regardais, je les écoutais. Béate d’admiration devant leurs réflexions, je retrouvais mon cœur de rebelle. J’ai lu les six pages sur l’Art à l’artiste-de-nos-pinceaux, retrouvant le plaisir de la découverte d'un tableau, nous qui venions justement de passer trois jours dans un symposium de peinture. Et si je fus jalouse, comme il arrive parfois devant un style recherché, je sais cette fois que je ne pourrais même pas construire de pareilles phrases si complexes et pourtant limpides alors j’ai goûté pleinement, l’esprit ouvert et libre. Et je suis triste que ce soit fini.

Autre preuve que j’ai aimé le livre : je suis incapable d’en commencer un autre, je les trouve tous sans intérêt.

(Illustration empruntée à Google images)

mardi 5 octobre 2010

Le Duhamel de Michel Tremblay
et ma Petite-Nation

Michel Tremblay, dans son roman La traverse des sentiments, devait avoir ses raisons de situer Duhamel dans les Laurentides et toujours dans "La Gatineau" plutôt qu’en Outaouais et au bord de la rivière Petite-Nation. Mais j’ai bien le droit de me poser des questions. C’est pourtant bien le Duhamel que je connais puisqu’il écrit que c’est au nord de Papineauville et que les personnages passent par Saint-André-Avellin. Il mentionne aussi la rivière Petite-Nation  et une seule fois Chénéville.

Michel Temblay s'amuse à dire "le lac à Simon", pour parler du  lac où le Simon de Rose se baigne nu pendant les orages. L'auteur aurait-il lu Jean-Guy Paquin qui, dans Le pays de Canard Blanc écrit  que l'Algonquin Cri Simon Kanawato chassait sur des terres qui s'étendaient au delà d'un lac qu'on appelait alors le lac à Simon et qui est devenu effectivement le lac Simon?

En 1915, l’Outaouais n’existait pas? Tremblay a choisi le mot Laurentides à cause des montagnes? Il parlerait de la chaîne de montagnes les Laurentides et non pas de la région touristique? Parce que la chaîne de montagnes des Laurentides commence près de la rivière Gatineau et s’étend tout au long du fleure Saint-Laurent jusqu’au Saguenay? Bof! pas si important, l'important c'est de faire connaître les lieux d'où nous sommes, où nous vivons.

Ce qui m’amène à parler des lieux dans nos manuscrits. Je ne les décris pas systématiquement, mais je les nomme à tout le moins. Parce que dans mes lectures, je les trouve importants. J’ai voulu connaître les sentiers où Simone de Beauvoir se promenait aux alentours de Marseille. J’aurais bien voulu visiter la Russie de Michel Strogoff. Dernièrement, j’ai relu avec plaisir Le Survenant au milieu même du Chenail du Moine et j’ai passé par Péribonka en ne reconnaissant rien de la vie de Maria Chapdelaine.

Je reviens aux municipalités mentionnées dans La traversée des sentiments et me laisse aller à leur évocation. Papineauville, le lac Simon, les chalets où j’ai habité, les étés qui s’étiraient jusqu’à l’action de grâces, la plage de la Baie de l'Ours, les baignades avec ma cousine, mon enfance et mon adolescence, cette nuit blanche où, en 1970, j’ai décidé d’y venir pour toujours.
Papineauville, le train. Ce train pris si souvent, même une fois devenue adulte. Plusieurs souvenirs, dont un que je conterai en détail un jour dans un roman sûrement, un souvenir transposé.
Duhamel et la rivière Petite-Nation, je les ai placés en fond de décor pour un roman jeunesse, Poursuite sur la Petite-Nation, publié aux Éditions Paulines. Une rivière que j’ai réellement descendue en canoë. Une municipalité dont j'ai fait les armoiries, une fois devenue graphiste.

Peut-être ne nommerais-je jamais la municipalité où je demeure pour des raisons toutes personnelles, mais je n’aurai jamais ni honte ni restriction à situer mes personnages dans cette Petite-Nation gravée dans mon cœur.

N’empêche, je me demande ce que Michel Tremblay fait de sa maison à Key West quand il n’y est pas? Il en ferait une résidence d’auteurs que je m’inscrirais pour un mois ou deux. Et j’écrirais (encore) sur « ma » Petite-Nation.

(image provenant de Google maps pour situer Duhamel en Outaouais)

mardi 2 mars 2010

J'y allais pour les auteurs

Je croyais y aller pour les livres, finalement j'y allais pour les auteurs. En premier, j’ai vu Jocelyne Béland et ses deux tomes de Perline de Montreuil. Dame très gentille, quelques points communs. Ensuite un tour d’horizon du salon. Il me semble que les enfants étaient plus nombreux qu’à mon dernier passage il y a cinq ans. Et à vue d’œil un bon 65-70% de livre jeunesse. De la fantasy dans tous les kiosques. À force de faire le tour et de regarder dans les coins, j’ai trouvé quelques livres pour adultes. Surtout chez Gallimard, tous les livres de poche. Rien pour m’attirer. Rien pour me tenter. Habituée au classement des librairies, j'ai du mal à me retrouver.

Andrée Poulin était occupée chez Québec-Amérique. Tout à fait comme je l’imaginais aussi. Ne l’ai pas dérangée sur le coup, on avait rendez-vous pour une tisane, vers 12h45, entre deux séances de signature.

J’ai retrouvé Lysette Brochu et Nicole Balvay Haillot avec plaisir et facilité. Si je n'étais pas en public, j'oserais même dire avec tendresse. Midi. Je me plante devant Raymond Ouimet avant qu’il y ait une longue file. D’ailleurs, ça m’a surprise qu’aucun auteur n’ait de ces longues lignes dont on est jalouse, celle que je fuis par réaction. De toute façon, pas du genre à aimer parler à un auteur, je ne sais pas quoi lui dire. Je suis là, en général, que pour les livres, rarement, très rarement pour les auteurs. Sauf si je les connais. Donc devant Raymond Ouimet pour lui acheter Crimes, mystères et passions oubliées. Je voulais me le procurer parce qu’il était question de Montpellier, Montebello, la Petite-Nation, chez nous, quoi. Je ne savais pas que j’allais trouver bien plus, mais plus tard, le soir, le lendemain.

Puis diner, seule, une jeune fille cherche une chaise, s’assoit en face de moi. Et nous jasons. Elle travaille au kiosque (ah! oui parce qu’il ne faut pas dire stand, mais kiosque d’exposition) de la Cité collégiale. D’origine Néo-Brunswickoise, elle est bilingue à 19 ans et elle s’exprime très bien. Parle beaucoup, facilement. Intéressante, me raconte qu’elle a lu les Harry Potter en français et en anglais, ce qui fait 14 livres. Très rapidement, je revois quelques athlètes olympiques en entrevue. Très rapidement aussi, pendant que la jeune fille parle plus qu’elle ne mange, je me dis : « peut-être que les jeunes ne savent pas écrire — et encore il doit bien y en avoir quelques-uns qui savent—, mais en tout cas, ils sont nombreux à savoir très bien s’exprimer ». Je revois mes premiers élèves qui auraient accepté trois devoirs écrits plutôt que d’avoir à parler devant la classe. Chapeau, mademoiselle, je ne serais pas surprise de vour voir à la télévision ou vous entendre à la radio bientôt.

Enfin, je rencontre la blogueuse-auteure-jeunesse, celle-là même qui m'a fait un clin d'oeil dans son blogue. Un tout petit quinze minutes volés à ses admirateurs et admiratrices, mais je sens qu’elle a toute mon admiration pour la vie. Une autre blogeuse aussi est venue me voir, je ne l’ai pas reconnue, étant donnés ses cheveux courts alors qu’ils sont longs sur sa photo. Très expérimentée la madame malgré son jeune âge. Sûre d’elle, confiante comme je ne le serai jamais. Puis une autre personne et encore une autre, sur Facebook, celle-là. Quelques accolades, d’autres jasettes pendant que j’étais haut perchée sur ma chaise d’auteure.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde. Une petite heure à refaire le tour, hésiter longuement devant Paul à Québec. Pour terminer, verre de porto en bonne compagnie, et audition de textes d’auteurs de l’Outaouais.

Vous conterai une autre fois ma surprise et les recherches qui ont suivi la lecture du livre de Raymond Ouimet.

mardi 29 décembre 2009

Ce qu'on a aimé en 2009

Quand j’ai cessé de travailler pour une entreprise, c’était comme des vacances : enfin, je pouvais me lever à l’heure que je voulais, écouter le poste de radio que je voulais, sortir quand il faisait beau, rester au chaud lors d’une tempête, lire tout mon saoul, diner à mon heure, travailler (parce que quand même, à 49 ans, on a encore besoin d’argent, suis devenue travailleur autonome à la maison) à mon rythme. Bref le meilleur.

Où je veux en venir? C’est que peut-être la discipline acquise dès l’instant où on entre à l’école à quatre ans (oui, oui, quatre dans mon cas, à la maternelle) a pris un peu le bord. J’ai glissé vers une discipline plus personnelle qui consiste à ne faire d’efforts que pour ce que j’aime. Je suis d’une patience et j’ai de l’ordre exemplaire pour ce que j’aime faire, mais je procrastine ou je délaisse carrément ce qui ne me tente pas.

Comme ce matin... Je pense même que je vais aller déjeuner avant de revenir à ce billet.


Ce matin, j’ai lu le blogue de Venise, j’ai beaucoup aimé lire ses impressions sur les livres lus en 2009. Ai bifurqué ensuite sur la liste d’Éric Simard et celle de Les marées lumières. Suis revenue à celle de Venise. Et comme j’ai ressenti la même chose qu’elle au sujet de Les filles de Lauri Lansens, j’ai noté tous ses autres livres en me promettant de les faire venir à la bibliothèque en 2010.

Étape suivante, logique : et moi qu’est-ce que j’ai lu et aimé en 2009? Oups! C’est là qu’intervient le problème de la discipline. C’est bien moi qui ai retenu ce que j’ai lu. Et encore moins noté ce que j’en ai pensé. Pourtant j’aime lire, j’aime lire ce que les autres ont lu et il y a tant à lire que je choisis les titres en fonction de ce que les autres en disent. Alors, je pourrais en faire autant, non?

Demain peut-être. Et puis tiens, je demanderai à l’artiste-de-nos-pinceaux d’établir son petit bilan elle aussi. Pas pour rien que j’ai une co-blogueuse, je vais la faire travailler un peu.

(photo: livres de décembre 2009)

lundi 23 novembre 2009

Salon du livre... en Outaouais

Le lancement du livre Trente dans lequel j'ai une nouvelle: je l'ai manqué.
La rencontre avec des auteurs-blogueurs au Salon du livre de Montréal: je n'y étais pas.
Pourquoi j'ai l'impression de ne pas être souvent à la bonne place au bon moment? En faisant le tour des blogues que je lis le matin, je vois bien qu'il y a eu rencontres au sommet en fin de semaine et même là, je me suis couchée à 20 heures et je me lève encore à 5 heures (décalage horaire qui s'éternise) et j'ai l'impression d'arriver après la fermeture.

Autre observation: les deux derniers hivers, j'ai aussi manqué le salon du livre de l'Outaouais parce que j'étais dans le sud (encore partie direz-vous eh, oui je cours la galipotte ou plutôt après le soleil et la chaleur)
Donc je vous annonce en primeur que le salon du livre de l'Outaouais aura lieu du 25 au 28 février et que j'y serai. Au moins une petite heure, en tant qu'auteure, au stand de l'Association des auteurs et auteures de l'Outaouais (j'espère que je serai invitée!!!) mais encore plus en tant que visiteuse.

Et je ressemble à ma photo, celle de mon site! Me semble en tout cas, même cinq ans après. Quitte à en mettre une récente sur mon blogue quelques semaines avant.
Au plaisir de rencontrer les auteurs-blogueurs qui y seront.

dimanche 11 octobre 2009

Editeurs verts

En cherchant où envoyer un manuscrit, j’ai trouvé quelques éditeurs qui ont pris le virage vert: plus de papier, mais directement par courriel. Youppie pour nous, auteurs. Pas d’impatience devant l’imprimante qui décide de manquer d’encre ou de poudre, pas de gros mots quand elle n’a plus de papier ou qu’elle s’embourbe au beau milieu d’une page, bref des heures qu’on peut utiliser à meilleur emploi. Pas de paquet à envelopper, pas d’enveloppe à chercher (est-ce que je ré-utilise celle reçue la veille, mais non je ne veux pas paraître “cheap”), pas de timbres à acheter. Seulement ouvrir notre messagerie, insérer pièce jointe, écrire un petit mot qu’on a pris le temps de composer soigneusement en espérant faire bonne impression et clic, envoyer. Le bonheur.

Pour l’éditeur, plus précisément pour les membres du comité de lecture, je ne sais trop ce que ça entraîne, mais sûrement que la haute pile sur le bureau, c’est fini. Un éditeur m’a déjà dit que mon manuscrit avait été égaré lors d’un déménagement, ça n’arrivera plus, mais on peut égarer dans un ordi aussi: 800 courriels, c’est beaucoup dans un ordi.

Je me demande si les membres du comité de lecture vont exiger l’épreuve papier ou s’il vont lire sur leur écran d’ordinateur? Je les verrais bien lire sur les nouveaux liseurs électroniques, mais je pense que ces gugusses ne sont pas configurées pour des fichiers PDF. Liseurs, en passant, que les invités de Marie-France Bazzo n’ont pas tellement aimés (tiens, je dévie encore, il faut toujours que j’aie deux sujets dans mes billets).

Donc, éditeurs qui ont pris le virage vert:
Michel Brûlé
Alto
Les Intouchables
Ceux que j’ai trouvés pour l’instant.

lundi 31 août 2009

Descendants de soldats allemands

Oyez, Oyez, gens d'histoire, gens de généalogie, gens de patrimoine, gens de patronyme, descendants de Faulstroth entre autres, sachez qu'en septembre, le 22, est-il annoncé sur le site des éditions Septentrion, le livre tant attendu de Dominique Ritchot sera disponible.

Après le livre de Wilhelmy, Jean-Pierre que l'artiste «de nos pinceaux», a dévoré, souligné en imaginant son ancêtre dans les troupes allemandes venues au Canada pour le compte de la Grande-Bretagne dans les années 1776, celui de Dominique Ritchot l'intéresse encore plus, d'autant que c'est elle qui lui a appris cette ascendance qu'elle cherchait depuis plusieurs années

Donc, gens intéressés, Faulstroh ou Ebacher ou Naacke et quelques centaines d'autres, ne manquez pas cette sortie de livre. Et les autres, vous pouvez aussi le lire pour connaître l'apport de ces soldats qui ont choisi de rester au Canada. Ce ne sont pas des méchants comme je le croyais avant de lire sur le sujet.

(source de l'image: emprunt aux Éditions Septentrion)