vendredi 28 juin 2024

Laisser venir ce qui vient

Ennui
Un mot de jour et non de nuit
Pas nécessairement les jours de pluie
Pas nécessairement le dimanche après-midi
Comme quand nous étions petits

Pas ennui comme questions
Celles qu’on n’a pas le temps de se poser
Quand on travaille
Quand on a des enfants
Quand on a une maison à entretenir
Quand on a 30 ans

La question ennui parfois derrière le mot retraite
Temps de penser
D’hésiter
De choisir
De tourner en rond
De prendre le temps de ne rien faire
De se chercher
Avec un peu de chance, se (re)trouver
Le temps d’écrire
Ce qu’on n’a pas dit
À moins d’avoir oublié
D’avoir pardonné
À moins de comprendre, de réaliser qu’on n’a plus le temps

Peut-être tranquillité d'esprit finalement
Paix du cœur
Et le sentir
Et dansle silence, le confondre

La retraite
On a plus de temps et pourtant moins de temps, devant
Il faut regarder le présent
Les feuilles vertes au printemps
La mer ou le sable en été
Le chevreuil un matin
La vie toute l’année
Ne pas s’attarder au mal des os, aux plis de la peau, aux cheveux blancs
Parler aux gens
Ne pas craindre le vent
Le mot retraite qui dit l’argent, qui chuchote le sud en hiver, qui rêve de voyages
qu’on entend à 55-60 ans

Après 70, j’entends plutôt le mot vieillesse
Tendresse aussi
Les parents, les ami. e. s disparaissent
Encore des sorties
Encore des printemps
Plus tout à fait la retraite 
Plutôt des nuits d’insomnie
Viennent des ennuis 
Moins de questions
Sans réponses pourtant

Juste laisser venir ce qui vient
Comme un chevreuil, un matin.




mercredi 12 juin 2024

Entre le 2 et le 11 juin 2024

Avant que viennent les mots à ajouter aux photographies, il me faudra le silence. Faire le tri dans tous ceux qui se bousculent encore de tout ce que j’ai vu, senti, entendu les dix derniers jours.
Entre vagues, brume, vent, frais, anses, golfe, rochers, barachois, bleu du ciel, bleu de la baie.
Entre déceptions, plaisirs.
Entre guédilles, galvaude, pêcheur, cafés.
Entre autoroutes, piste cyclable, mauvais état des routes.
Entre conversations, écoute, lecture à voix haute d'Un animal sauvage de Joël Dicker.
Entre Chandler, Maria, Carleton-sur mer, Mont-Joli, Sainte-Flavie, Rimouski, Saint-Casimir.
Peut-être qu’après avoir nommé les plus marquants, ne retiendrai-je que les images et les odeurs de bord de mer, que l’accueil du préposé à l’accueil du motel à Saint-Flavie, que les très bons services des gens du camping de Pabos, que les yeux fermés de ma compagne de voyage, toujours aux prises avec cette greffe de cornée qui n’en finit pas de guérir, que les émotions de mon amie nouvellement retraitée.

Peut-être déjà tout ça n’est que souvenirs parce que Mika retrouvée, le gazon à couper, la revue Lettres Québécoises numéro 193 à lire, le costume à aller chercher pour la rencontre du 15 juin à Ripon occupent tout mon présent.
Déjà d’autres images, d’autres sons, d’autres odeurs, d’autres plaisirs.
Finalement les mots seront ceux-là.