Le cerveau est une drôle de bibitte. L’être humain au complet, disons. Pas vraiment logique. À moins bien sûr, — c’est plus que certain —, que je ne saisisse pas toutes les nuances de son raisonnement ou de son comportement sûrement teintés, l’un comme l’autre, d’émotions dont le propre est d’être irrationnelles. À preuve, pourquoi être revenue ce 9 avril alors que partout sur la route du Maryland à la Pennsylvanie, c’était annoncé « Winter wheather, use caution »? Sachant qu’à la maison, il y avait eu de la neige les jours précédents et qu’il en resterait sûrement. Qu’il ferait dans les moins 10 la nuit et un timide 0 le jour?
Nous sommes deux. Une qui a toujours peur de prendre les mauvaises décisions, qui pitonne sur sa tablette à chaque wi-fi rencontré pour vérifier les conditions routières de la 1-81 empruntée, et l’autre qui fait confiance, qui se dit qu’elle s’arrêtera si elle juge qu’elle n’est plus capable d’affronter ce qui se présente. Mais les deux s’entendent pour rentrer à la maison, les vacances sont finies. Plus le goût d’être dans le sud. Quand c’est rendu tu remarques le prix (élevé) des campings, que celui des State parks n'est pas bien mieux, que tu trouves bien longues les deux heures de pluie, que tu te dis à quoi bon aller là, qu’il vente trop pour aller à Cap Hatteras que tu as déjà vu, aussi bien rentrer. Quand tu commences à penser à ce que tu feras une fois à la maison, que ta tête y est déjà, ton corps te le dit, ton cerveau te le dit : allez, monte. Tu ne raisonnes plus. Tu t’entêtes, tu avances.
Et oh! petite merveille du corps qui s’inquiète la nuit et se fait des scénarios, ce même corps, le jour, trouve la force, le courage, l’énergie d’agir. Et une fois le jour venu, les raisonnements, les peurs, les hésitations se transforment en adrénaline et ce cerveau qui a créé l’inquiétude se met en mode adaptation et il réussit à prendre les bonnes décisions.
Samedi 9 avril, route I-81, Pennsylvanie |
Le matin, à Hagerstown, Maryland, au lever du rideau, la trace de neige prévue à l’aube n’a pas eu lieu, la route est à peine mouillée. Tu pars. Une petite heure après, un long nuage de brouillard se profile à l’horizon, une petite neige dans les champs. Une route mouillée pour l’instant. La neige tombe, fine puis floconneuse. Tu actives les essuie-glaces. Tu ralentis, tu ne dépasses plus, mais tu avances. À l’intersection de la 81 et de la 78, d’un seul coup, la voie de gauche est enneigée, tu ralentis encore. Tu ralentis encore, de 90 à 70 à 50km/h. Tu ne dépasses pas. Ça monte vers Hazelton. Tu connais la route et les montagnes de la Pennsylvanie. Tu connais tes repères. Tu réfléchis rapidement, tu pourrais arrêter au camping de Lickdale, ouvert toute l’année. Et puis, tu vois un camion 18 roues. Tu les aimes parce qu’ils sont informés, ils ouvrent les routes, ils assèchent la route. En voilà un qui te dépasse, ça te rassure, tu le suis. Et puis un long segment de construction, une seule voie. À la queue leu leu, à 70 km à l’heure, tu roules pendant plusieurs kilomètres en suivant le camion. Ton cœur se calme, ta respiration redevient normale. Tu te sens en contrôle. Et pas toute seule. Après Hazelton, il neige toujours, mais la chaussée redevient double et libre de neige.
Il faudra attendre l’état de New York pour qu’il cesse complètement de neiger, retrouver une chaussée sèche. Le thermomètre restera autour de 0 degrés jusqu’à la maison, six heures plus tard. Le passage de la douane n’est jamais assez rapide ou facile à notre goût, d’autant que notre anglais n’est pas fameux, mais finalement un petit quinze minutes d’attente, quatre ou cinq questions d’un douanier qui ne te regarde même pas et te voilà enfin à trois heures de chez vous. Tu y seras avant le coucher du soleil qui, heureusement, au printemps, se couche de plus en plus tard.
Après onze heures de route, chez nous. |
Ce soir-là, l’inquiétude fera place à la fatigue, mais tu seras fière de toi, contente de ton véhicule récréatif qui ne t’aura causé aucun pépin et aura fait son travail de trois quarts de tonne comme un pro.
Cesseras-tu pour autant de t’inquiéter et de surveiller les conditions météorologiques lors de tes déplacements? Cesseras-tu de voyager aux États-Unis en mars-avril?
Cesseras-tu d’être qui tu es?
Réponses au prochain voyage.
Bon retour en terre canadienne!
RépondreEffacerMerci, un autre plaisir d'être chez nous: un wi-fi fiable. Je vais pouvoir lire plus régulièrement votre blogue, Madame-qui-lit!
RépondreEffacerEn tout cas...je trouve que mon écrivaine préféré, ne nous a pas gâté....nous qui avons décidé de ne pas partir ce printemps, j'aurais aimé suivre vos aventures de plus près....surtout après avoir lu ce billet dans lequel on se reconnait tant.
RépondreEffacerBon fini les reproches, bien content que vous soyez bien au chaud dans votre demeure toute les deux. Bon retour.
Retour laborieux à ce que je vois... un petit café à un moment donné pour se raconter nos explois...
RépondreEffacerFrançoise
Le beau-frère: tu veux dire que tu voudrais connaître de nos trois semaines? Patience, ça va venir. Contrairement à plusieurs autres, je n'en parle pas pendant, je ne tiens pas de blogue spécifiquement dédié au voyage. J'en parle après, une fois revenue. Je trie mes photos, j'écris un compte rendu et je publie sur mon site de voyage:
RépondreEffacerhttp://www.despagesetdespages.com/voyages/index.htm
Donc, bientôt, d'autres détails.
Françoise: bientôt, laisse-nous le temps de reprendre nos esprits.
RépondreEffacerJe vous lisais et j'appréciais chacun de vos mots tellement juste pour une description de la route et de l'émotion vécu.Comme j'aimerais avoir cette aisance pour d'écrire une situation. J'ai hate de lire le compte rendu du voyage.
RépondreEffacerUn jour, j'espère que ce drôle de cerveau vous fera prendre la route du Texas. Ici, aucune envie de retourner à la maison pour l'instant. Tant que les sous-bois sont trop mouillés pour y travailler, j'aime mieux affronter les cactus !
RépondreEffacerT'as une coquille dans le texte là où le soleil se couche plus tard.
Bon retour.
Merci Réjean, votre blogue est très bien également. À preuve, le parc de Plaisance vous a même cité.
RépondreEffacerPierrôt, Sylvie: j'ai déjà pris la route du Texas, mais c'était surtout pour nous rendre en Arizona. Et nous changions de camping souvent. Nous visitions plus que nous ne séjournions.
Quant au terrain encore enneigé, il l'est en effet, mais que veux-tu, même les outardes reviennent alors que les lacs sont encore gelés et les champs tout blancs!
Un plaisir de te lire et ce même si tes mots ne racontent pas toujours la quiétude ;-).
RépondreEffacerBon retour à vous deux.
Bonjour Claude. Je voyage pendant mes nuits d'insomnie pour constater que tu as écris une suite à tes têtes rousses et moi, ton unique cousine Lamarche de notre génération n'était pas au courant. Je suis fru!!. Je n'ai ni facebook, ni twitter, ni instagramm. Papa qui parle à Josette tous les 2 jours me tient au courant des nouvelles de nos cousines Cardinal. Mais ton livre n'a pas filtré !
RépondreEffacerLinda: mais tu dois avoir Internet puisque tu as réussi à m'écrire ici. Abonne-toi à mon blogue, tu auras de mes nouvelles.
RépondreEffacerQuant aux Têtes bouclées, la suite des Têtes rousses, il ne doit plus être en librairie, mais tu peux le commander, tu le demandes à ta librairie. Ou à la bibliothèque, tu leur demandes de le faire venir.
On peut se donner des nouvelles par courriel aussi. Me ferait plaisir.