mercredi 21 décembre 2016

Jour d'hiver, jour de souhaits

Solstice d’hiver.
Était-ce donc l’automne hier encore? À regarder les champs tout blancs, les branches d’arbres encore chargées de la dernière bordée, j’ai dû mal à y croire. 
L’hiver, comme d’ailleurs aucune saison, n’est vraiment pas une question de date.

Je suis née au Québec, née dans ce pays de contrastes, de quatre saisons inégales. Une seule fois, j’ai passé Noël ailleurs que dans mon pays de givre et de neige blanche. Une seule fois, dans le sud de la France, au bord du sable et de la mer. J’ai aimé pour l’aventure. Serais-je capable de passer tous les Noëls sous les palmiers? Ou tous les hivers sans chemins enneigés? 
Sans tuques ni bottes, sûrement, j’aimerais. 
Sans pelle ni moteur assourdissant de souffleuse, sûrement, j’aimerais.
Sans routes dangereuses ni verglas, sûrement, j’aimerais.

Mais sans jamais sortir parce qu'il fait trop froid, sûrement pas.
Sans jamais marcher dans la neige folle, sûrement pas.
Sans jamais respirer à pleins poumons cet air que l’on croit et espère pur, pourvu que ce soit entre 0 et 10 degrés, sûrement pas.

Et puis, il y a les Fêtes.

Il y a ceux qui choisissent le sud pour quelques jours, quelques semaines, parfois six mois. Il y a ceux qui vont loin, très loin, aux antipodes, en Australie, au Nunavik.
Il y a moi qui les envie parfois… quelques heures. 
J’aime la solitude, j’aime rester en pyjama, manger des restants et regarder un film. Ou mieux encore, lire un bon roman.
Mais j’aime aussi voir les enfants s’amuser autour d’un arbre de Noël. Les parents autour de la table joliment décorée et bien garnie. Offrir, donner.
Bref, j’aime tout, avec modération.

Je vous souhaite donc un bel hiver et des fêtes remplies de joie et de bonheur.
L’amour : le ressentir, le dire, le vivre. 
Peut-être mieux que l’amour, qui parfois peut être mal aimé, je vous souhaite la paix.
La paix du cœur, celle de l'esprit, celle de l'univers.

Et finalement, être bien là où vous êtes, avec qui vous êtes.

vendredi 16 décembre 2016

Mes lectures : une route en lacets

Étudiante, je lisais avec un crayon, je soulignais, je notais dans la marge.
Vacancière, je lisais avachie sur un sofa, sur une chaise longue ou dans mon lit.
Avant Internet, je lisais parfois avec un cahier de notes. Et je frustrais de demeurer loin d'une bibliothèque.
Avant la tablette, je me levais souvent pour vérifier sur l'ordinateur qui était l’auteur-e, ce qu’il avait publié d’autre.
Depuis la tablette et la liseuse, je lis un texte dans un média (La Presse+ ou Le devoir ou Facebook ou un blogue) qui m’amène à un site qui m’amène à la BANQ ou Biblio Outaouais/Pretnumerique pour voir si le roman dont j’ai vu le titre est disponible. Je feuillette, et il est fort possible que je le télécharge. Je le lis sur tablette, et si ma batterie est presque à plat, je transfère sur ma liseuse. 


En ce moment, je lis Les fugueuses de Suzanne Jacob. Quand j’ai vu le livre au Village des valeurs, j’ai été attirée par le nom de l’auteure. J’ai tellement aimé son Laura Laur. Dès que je suis arrivée à la maison, j’ai vérifié les autres titres que j’avais d’elle dans ma propre bibliothèque. J’ai encore Laura Laur et La passion selon Galatée.

Confortablement dans mon fauteuil préféré, j'entame le premier chapitre des Fugueuses. Dense. Concentré. Fort. Des paragraphes qui durent des pages et des pages. Sans cadratin de dialogues. Le point de vue de Nathe, treize ans. Dans Fugueuses, il y a fugue aussi. La musique, les sons, les bruits.
La narratrice « écoute le temps » :
« Je me suis assise sur le bras du fauteuil en vachette vert pomme et j’ai écouté le temps passer dans la chambre, un temps étranger à celui qu’on regarde passer dans la rue, sur les Plaines ou sur le fleuve, un temps qui sentait la sauce brune et le peroxyde, l’élastique et le jaune d’œuf. »
Petite pause, je prends la tablette. Une autre route d'informations. Les fugueuses, roman publié en 2005. Après, il y eut des nouvelles, de la poésie, un essai. Sur le site de L’île (L’infocentre littéraire des écrivains québécois), je lis la notice biographique.

Je me surprends à aimer une auteure qu’on étudie à l’université. Sur qui on fait des thèses. Il suffit d’écrire « thèses Suzanne Jacob » dans Google pour les trouver. J’en lis de grands extraits. Je ne comprends pas grand-chose. Un langage bien hermétique pour moi.

Je retourne au roman. Deuxième chapitre. Autre point de vue, celui de la mère, Émilie.
Un roman qui me frappe aux yeux, parce que le texte est tout sauf aéré, et au cœur par la répétition des mots comme on martèle une porte de grands coups pour l’ouvrir. Trois fois le mot peur en trois lignes. Une peur que j’ai bien connue, qu’il m’arrive encore d’éprouver parfois, que toute femme doit connaitre, je dirais.
« La simple idée de la peur vient de t’enlever le gout de vivre, Émilie, de vivre! Tu as peur d’une idée obscure et glauque et gluante qui rend la place de ta vie, tu as peur, tout simplement, de te faire violer, Émilie. »

Et découvrir des secrets cachés derrière les portes.
Nouvelle pause. Retour à la tablette, sur le site de Boréal qui a publié ses romans. D’autres informations. Le titre La pratique du roman m’intrigue. Sur le site de prêt numérique, je feuillette l’extrait, je télécharge sur ma liseuse. Le sujet: le roman vu par huit romanciers, lecture très accessible (contrairement aux thèses). Je m’attarde à Dominique Fortier qui écrit au sujet de la hiérarchisation des titres  : 
« Qu’un livre porte l’étiquette de roman, de récit d’autobiographie, de "fiction" ou pas d’étiquette du tout (ça s’est déjà vu), l’important est qu’il réponde aux exigences qui lui sont propres, et qu’il emporte l’adhésion du lecteur. »
Ça me rassure sur mes propres écrits. Ça me réconforte de voir que je ne suis pas la seule à penser ainsi.

Plus tard, je lirai ce qu’en pense Suzanne Jacob. 
Plus tard encore, demain peut-être, je retournerai aux Fugueuses.
Lire, dans mon cas, c’est souvent parcourir une route en lacets. Découvrir le monde de l'auteur-e.
Et la route est souvent aussi intéressante que le point de départ.


Et vous, quelle route suivent vos lectures?

jeudi 8 décembre 2016

Festin de livres



Un site, une page Facebook, une infolettre, cette fois, c’est vrai, on ne peut plus reculer. Le cœur battant, les doigts croisés. C’est public, donc officiel depuis ce matin : la fête aura lieu.
Le centre d’action culturelle Papineau
organise son premier
Festin de livres 
les 29-et 30 avril 2017

En Outaouais, à Saint-André-Avellin. À une heure de l’est-Ontarien. À une heure également des Laurentides. Pour tout nous autres. Pour tout vous autres.

Festin comme dans savourer, déguster, se délecter des livres, des mots.
Friand d’auteurs qui signeront, qui raconteront, qui discuteront.
Nous aurons droit à de grands crus.
Auteurs, éditeurs, faites-nous goûter à vos livres!
La table est mise.

Les visiteurs se régaleront des produits du terroir, découvriront des auteurs de la région et pourront participer à des activités autour du sujet de la ruralité.

L’invitation est lancée, auteurs, éditeurs, associations, bibliothèques, inscrivez-vous. Dites-le, écrivez-le, partagez-le. Ce sera notre fête. À notre mesure, à notre goût. Un goût de festin.

jeudi 1 décembre 2016

Carnet du roman(8)

En juillet dernier, je terminais la rédaction d’une première version de mon prochain roman.
Le 3 octobre dernier, on me remettait mon manuscrit annoté.
Ont suivi deux mois intenses. Presque chaque jour. Souvent plus de cinq heures. À étoffer, ajouter, biffer, couper, choisir, chercher, améliorer, accepter, refuser, expliquer, justifier. Taper sur le clavier, écrire en rouge sur le papier, lire sur l’écran, relire sur le papier, lire à voix chuchotée, lire debout, assise dans mon bureau, dans le salon, dans la cuisine. Retranscrire, biffer encore, ajouter encore. Pleurer, douter.

Avant-hier, 29 novembre, je remettais une nouvelle version de ce roman qui, en cours de doute et de route changera peut-être de titre. Parce que mes personnages n’ont pas la tête si dure finalement. Parce que celle de l’auteure non plus ne l’est pas tellement.

Et puis entre-temps, rendre visite, fêter, et au moins deux fois, pelleter.
Et puis entre-temps aussi, lire. Quelques livres, numériques et papier, empruntés à la bibliothèque, d’autres sur tablette empruntés à pretnumerique.ca

Dont Le journal secret de Charlotte Brontë de Syrie James.

Il y a des écrivains comme ça auxquels je ne sais pas résister. Il y en a pour qui c’est Jane Austen ou Albert Camus, ou plus près de nous dans le temps et l’espace, disons Michel Tremblay ou Marie Laberge, mais moi, c’est Brontë. Charlotte ou Emily surtout.

J’aurais été portée à être un peu discrète sur le fait qu’à mon âge, j’aime encore lire sur les sœurs Brontë, il me semble que ça fait un peu ado. Un peu nostalgique, un peu romantique. Mais il faut croire que je ne suis pas la seule. Syrie James a eu la brillante idée d’exploiter ce filon : écrire à la manière de…, faire comme si c’était le journal ou le manuscrit de… Cette auteure américaine l’a fait pour Jane Austen également. 

Deuxième exemple, sous la forme de blogue cette fois, une Québécoise, Louise Sansfaçon, qui a été jusqu’à visiter le village de Haworth en Angleterre, a rassemblé moult informations, et superbes illustrations, sur les sœurs Brontë.

Si je mentionne mon intérêt ici, dans un billet qui commence par parler de mon manuscrit, c’est que je vois bien qu’au moins un de mes personnages est imprégné de ce romantisme que certains pourraient juger démodé. Une influence des lectures du personnage ou des miennes? Un alter ego? 

Heureusement (tendance à justifier mes choix), j’ai situé l’adolescence du personnage dans les années 63-70. Aujourd’hui, les adolescentes lisent-elles encore les sœurs Brontë? Relisent-elles de vieilles lettres d’un amoureux? Souffrent-elles pendant des mois, voire des années d’un amour non partagé? Vivent-elles ce romantisme mystique dont parle Louise Sanfaçon dans son blogue?
« Le romantisme mystique s’exprime avec une telle force qu’il ne peut laisser personne indifférent. L’omniprésence de la nature et du paysage, rudes et primitifs, tourmentés par les vents, y devient une puissante métaphore de l’événement intérieur et des tourments de l’âme des personnages. »
J’en doute.
Quoique finalement les thèmes abordés par les jeunes auteur-e-s tournent encore autour du « je », encore un mélange d’autobiographie et de fiction. Mais la violence n’est plus dans la nature, dans les paysages, mais plus physique, plus corporelle, dans la sexualité plus… directe, disons.

Ça ne veut pas dire que je n’aime pas lire les romans d’aujourd’hui.
Ça veut seulement dire que je suis mémoire et traces.