Jour de ressac « roman dense et touffu, à l’écriture serrée et aux phrases longues qui s’étalent parfois sur deux pages » est-il écrit dans La Presse . Qui me rappelle ces fécondes années où je notais dans un cahier les belles phrases ou expressions. C’est certain que, admirative, j’aurais noté :
« son iris gauche opacifié d’un glaucome »
« pluie fine hachurait la ville »,
« le vent forçait, le crachin fouettait les vitres »
Demain jour de bac bleu ou de bac vert?
Jeter, donner, classer. Que faire de tous ces cahiers, de tous ces albums photo, des CD qui ne servent plus, qu’on ne peut plus lire ou écouter de toute façon? Tout est rendu USB.
On nous intime de vivre au présent.
Pourtant, hier encore, jour de souvenirs en photos trouvées au fond des armoires : toutes ces expositions, symposiums auxquels Louise Falstrault a participé et moi qui ai regardé, accompagné. Pas que des expositions, des voyages, des paysages, des dépaysements, des amitiés. Des tableaux pour elle, des mots à écrire pour moi.
L’artiste a encore des tableaux à vendre, son atelier est ouvert sur rendez-vous. Les yeux « opacifiés » de glaucome qui souffrent de sécheresse oculaire, l’artiste ne peint plus, mais sur Facebook, elle surveille encore les artistes peintres qu’elle a connus lors des symposiums. Elle reconnait des noms. Elle se réjouit que Marie-Claude Courteau soit l’invitée d’honneur au Symposium de peintre de Gatineau en couleurs qui a lieu les 25-26-27 octobre. Elle a feuilleté quelques albums photos, a vérifié sur son site Internet en quelle année elle était à Gatineau, à Ottawa, à Baie-Comeau, à Maniwaki, au Massachusetts, à Kamouraska. Et puis, sereine, elle revient à aujourd’hui et maintenant. Elle veut vendre, donner. Des revues, des livres, des pinceaux, des chevalets. Elle est prête, elle veut se sentir légère.
Quant à moi, encore le goût d’écrire. Court. Petits billets. Publiés facilement sans attente, sans stress. Dans ce blogue qui a déjà porté le titre « De nos pinceaux et de nos stylos », qui se voulait une fenêtre sur la Petite-Nation et qui finalement tient plus du carnet de lectures. Je suis aussi prête à donner des livres, des albums de bandes dessinées. Le problème n’est pas tant d’être prête à se départir de ses biens, mais accepter, vouloir vraiment, ne pas croire que sa vie est finie, ne pas espérer que tout se fasse par magie. La solution, c’est d'aller chercher le bac vert, le bac bleu et de remplir la première boîte de carton.