(billet pour la page Facebook : Les descendants deFrançois Deguire dit Larose)
Comme il sied à un homme dans la soixantaine qui aime
l’histoire, mon père s’est intéressé à son ancêtre, un soldat de Carignan, Jean
Bricault dit Lamarche et à celui de son épouse, un soldat de Carignan aussi,
François Deguire dit Larose. Ma quarantaine était alors encore bien loin et j’avais
d’autres préoccupations que la généalogie, mais le respect filial me forçait à
écouter les inlassables histoires au sujet de ces deux patronymes. Sans grande
passion.
Jusqu’au jour où, en 2004, ma mère me remit un cahier bleu.
Une sorte de livre imprimé et même illustré dans lequel ma grand-tante
religieuse, Annie Deguire, a noté minutieusement des centaines de noms et de dates en plus
d’écrire de longs textes sur ses grands-parents autant maternels que paternels.
Je l’ai pris des mains de ma mère vieillissante et, j’étais alors prête, j’ai plongé dans la généalogie familiale. Et je n’en suis jamais vraiment sortie.
Les recherches ont commencé, j’ai repris là où mon père
avait laissé. Mon frère qui avait eu la patience d’entrer les centaines de noms
et dates amassées au cours des années m’a généreusement offert sa base de
données informaqtisée. Mon intérêt me mena bien au-delà de cette liste. De ma mère, Michelle
Deguire, je sautai rapidement à sa grand-mère maternelle, une certaine Jenny
Lynch, épouse de Philéas Deguire, de son vrai nom de baptême Margaret Jane. Il
était écrit que ses parents, Bridget Bushell et Denis Lynch venaient d’Irlande.
S’il ne fut pas difficile de trouver :
l’acte de mariage de Bridget et
Denis, en 1855 à Montréal
les noms du frère et de la sœur
de Bridget Bushell, leur mariage, leur descendance,
la vie de Jenny et de Philéas
Deguire à Saint-Henri
la vie des parents de Philéas
Deguire, à Saint-Laurent
J’eus
beau éplucher les listes des bateaux et les recensements, il fut beaucoup plus
ardu et même impossible de trouver :
Sur quel bateau mes Irlandais
étaient-ils arrivés?
En quelle année?
Avec qui? Ensemble? Avec leurs
familles respectives?
Les parents, frères et sœurs de
Denis Lynch
Ma grand-tante religieuse avait heureusement noté que l’une
était originaire du comté de Roscommon et l’autre du comté de Leitrim. J’en conclus
que c’était la grande famine (1846-1849) qui les avait contraints à choisir
l’Amérique comme terre d’accueil. Je lus tout ce que je pouvais, en français,
sur cette époque, la difficile traversée, le mildiou, le typhus, le passage
obligé à Grosse-Île et l’arrivée pour les miens à Pointe-Saint-Charles.
Après un an de recherches sur de nombreux sites, des visites
à la Société de généalogie de l’Outaouais, et des lectures instructives, faute
d’obtenir toutes les informations, je décidai d’imaginer ce ma grand-tante Deguire
n’avait pas écrit.
Ainsi est né le roman — publié en 2011, sept ans après que
ma mère m’ait remis le cahier bleu —, Les têtes rousses.