vendredi 26 août 2016

Après le Bella Desgagnés encore la mer

Après une semaine qui nous a paru le double tellement nos sens (note de 200% pour la vue, et 200% pour le goûter) ont été flattés, nous n'avions aucune intention de rentrer dans le train-train quotidien. À défaut d'avoir encore un service de trois repas gastronomiques par jour, nous avons goûté à la mer en faisant un tour rapide de la Gaspésie, au pays de l'épilobe aux teintes rosacées. Ce n'était ni la première ni la dernière fois. Se lasse-t-on de la mer, des vagues parfois paresseuses, parfois furieuses, de l'odeur du varech, de la brume matinale, des oiseaux et des mammifères marins? Pas moi qui vis entre forêt et champs.

jeudi 25 août 2016

Croisière sur le Bella Desgagnés

Du lundi soir 8 août au lundi matin 15 août, j’étais sur le navire ravitailleur Bella Desgagnés

Voyager, c’est découvrir et admirer de nouveaux paysages.
C’est entendre des accents tantôt chantants, tantôt rudes comme les galets.
C'est rire avec les autres voyageurs.
C’est écouter les histoires et les plaintes des gens de la place. Essayer de comprendre leur parcours, leurs espoirs, leurs revendications.
C’est comparer avec nos propres opinions, et finalement les trouver parfois semblables, ces opinions sur la politique municipale, provinciale ou fédérale.
C’est dormir au son des vagues, mais aussi au bruit des moteurs.
C’est se gâter, se reposer.

Et rêver. Mais cette fois, je n'ai pas eu le temps ni le loisir de rêver. J’aurais voulu que la poésie des lieux m’inspire des mots jolis. Des mots de mer, d’îles, de tourbières et de vents.
Ne vinrent que ceux du pratique, du réel, de la conversation sociale. Pourtant, des mots affluèrent, des nouveaux ou rarement employés dans mon Outaouais agricole, comme chicoutai, crâbe, timonerie.

Pendant le voyage, j’ai écouté, vu, ressenti. Je fus émerveillée de tout parce que tout était nouveau.
C’est au retour quand je viens pour commenter, pour écrire les légendes des photos que je m’aperçois que je n’ai pas tout retenu. Que je ne sais pas tout. Que je ne sais rien. Que je ne peux pas parler à la fois de l’histoire, de la culture, de la langue, de la géologie, des pêches.

Donc, ci-après un album photo qui ne dit que le survol de cette croisière sur un bateau qui ravitaille la Basse Côte-Nord et Anticosti. Des impressions. Que le beau. D’ailleurs nous avons eu beau temps. Un petit dix minutes de pluie à Blanc-Sablon. Qu’une petite nuit de roulis, presque un bercement. Pas de mal de mer ni de vagues fracassantes.
Et pas de photos des repas alors que ce fut une des principales attractions du voyage. Un régal offert à des yeux ébaubis, une fête visuelle et gustative trois fois par jour.
Et pas de photos du personnel au sourire charmant, à l'accueil chaleureux, au travail professionnel.

C'est maintenant que l'imaginaire prend la relève et tout ne semble que rêve.

Pour en savoir plus, plusieurs sites donc ceux-ci:

Après la croisière, nous avons poursuivi notre voyage par un rapide tour de la Gaspésie, ce qui fera l'objet d'un prochain album.
Veuillez excuser la largeur de cet album, mieux adapté à mon site de voyages.



jeudi 4 août 2016

L'attente, quarante ans plus tard

Le manuscrit Les têtes dures est parti chez l’éditeur.
Après la solitude de l’écriture, la collaboration pour les corrections, vint l’attente.
En bon bélier ou en bon tempérament bilieux, je déteste détestais attendre.
Mais je n’ai plus cet âge pressé de vivre qui n’a pas de temps à perdre.

Radotons un peu pour qui connait ma vie. À 26 ans j’ai voulu voir si je pourrais devenir écrivain. Je pris donc un an de congé sans solde (qui s’est avéré être deux, finalement) et j’ai écrit. Quand je réussis à envoyer un premier manuscrit, au lieu d’attendre les réponses des éditeurs sans rien entreprendre d’autres projets, je retravaillai un premier manuscrit écrit à dix-neuf ans. Puis coup sur coup, la deuxième année, je passai ces temps d’attente en rédigeant deux livres jeunesse. Les quatre livres parurent et eurent un certain succès, mais je dus quand même retourner travailler. 

Puis, pendant vingt ans, je suis devenue graphiste et monteuse en page. Tout en écrivant dans mes temps libres. Et comme je publiais en auto-édition (ou plus précisément chez une maison d’édition que ma famille avait fondée), finie l’attente. Au moins dans ce domaine précis.

En recommençant à vouloir publier chez des éditeurs reconnus, j’acceptai ce stress supplémentaire. Mais dès que la signature du contrat pour Jacques Lamarche, un homme, une époque, trop heureuse de renouer avec la publication, c’est avec enthousiasme que j’entrepris les recherches pour ce qui allait devenir ma trilogie irlandaise. je n'eus donc pas l'impression d'attendre.

Et là, j’ai frappé un mur. Une muraille de Chine d’attente et de patience, de doutes et de questionnement. C’était en 2004. Je cherchais un éditeur, j’ai attendu des commentaires, des lettres, des appels, des courriels, des corrections, des commentaires encore. J'attendais surtout un contrat.

Nous sommes en 2016 et le troisième tome ne paraîtra vraisemblablement pas avant 2017 minimum. Et cette fois, je n’ai pas d’autres projets de livre à écrire. Et je n’en veux pas. 

Quarante ans plus tard, je n’ai plus les mêmes besoins ni les mêmes rêves d’auteure. Et j’ai prouvé que si je n’ai pas le tempérament pour attendre, j’ai celui de la patience, de la persévérance, voire de l’entêtement.

Alors, ce ne sera plus réellement de l’attente, pas stressante en tout cas, ni remplie de doutes, ni les yeux rivés sur mes courriels ou, pis, sur le répondeur comme lorsque nous attendons l’appel d’un hôpital. Cette attente-là aussi je l'ai connue, bien pire que toutes les autres, mais là n'est pas mon propos d'aujourd'hui.
Je retournerai à ma liseuse qui n’est jamais bien loin. Je voyagerai, j’irai voir la mer. Je profiterai de ma piscine encore quelques semaines. Le 12 août j’achèterai un livre québécois. J’irai au restaurant avec des amies. Je fêterai quelques vierges de ma famille. Je discuterai passionnément de littérature, de lecture et de langue française avec les membres du Cercle des mots écrits.

Et quand la directrice littéraire m’écrira pour me dire qu’elle est prête pour la correction des Têtes dures, je dirai simplement « prête ». Et mon cœur ne battra pas à cent trente à l’heure. Peut-être un peu plus que mon soixante-douze habituel!

Et vous, comment trompez-vous l'attente?