dimanche 29 juillet 2018

De mes lectures l'été

Le choix de mes lectures est-il différent selon les saisons? Non. La seule différence : le fauteuil et le breuvage! 
C’est l’été. Et quel été! La chaleur allège ma culpabilité de ne rien faire. Ou plutôt je me sens bien à l’aise de lire tous les après-midis.

La semaine dernière, j’en ai parlé à Karine Lessard d’Ici Première… à 6 h 25 le matin. (Oui, oui entrevue pré-enregistrée, quoique je suis souvent éveillée à cette heure).

Je résume et complète mes propos au sujet des lectures estivales.

Que lisez-vous l’été?

Même quand je travaillais à l’extérieur, même quand j’avais des vacances en été, je ne me suis jamais dit : tiens je vais lire ce livre cet été ou je vais garder ce livre pour l’été prochain ou pire, je ne lirai pas ce livre parce que c’est l’été.
Je crois que la lecture de livre, c’est plutôt selon l’âge ou selon nos besoins, nos expériences, nos passions. Aujourd’hui, je lis moins de polars, de thrillers. Presque plus d’essais. Je lis beaucoup plus de livres écrits par des femmes. Je lis évidemment plus de romans québécois que dans les années 70.

Un livre qui vous a grandement émue

Émue ou marquée? Ou remuée?
Lors de l’entrevue, j’ai fait la différence entre un livre qui m’a marquée et un roman qui m’a émue. Je l’ai dit souvent, j’ai été marquée à jamais par L’Euguélionne de Louky Bersianik publié en 1976. Pour ce qui est d’être émue, j’ai cherché dans ma mémoire et dans ma bibliothèque. J’ai pensé aux sœurs Groult, aux Filles de Caleb, à la trilogie de David Gaudreault et aussi à La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau Lavalette. Tous ces romans m’ont émue différemment, pour différentes raisons. Finalement j’ai choisi Fleurs de neige de Sara Lee parce que c’est une belle histoire d’amitié et hélas, comme souvent de trahison.

J’ai la jasette assez facile alors je n’ai pas eu le temps de raconter

Un souvenir lié à la lecture d’été

J’avais 15 ou 16 ans. Nous étions au chalet, au lac Simon. J’avais terminé depuis longtemps Les mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir et Rebecca de Daphné du Maurier, deux romans que ma mère avait glissés dans mes bagages. Mes parents jouaient au scrabble chez mon oncle et ma tante. J’aimais bien les regarder chercher, réfléchir, essayer de tricher, rire. Mais ça pouvait être long. Près d’un fauteuil, une petite bibliothèque. Deux bonnes rangées de livres. Tous des Maigret de Simenon. Je les ai tous lus. L'été suivant, j'ai apporté plus de livres, mais je savais que s'il m'en manquait, je pourrais toujours aller voir mon oncle.

La lecture au moment de l’entrevue

N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell.
Ce n’est pas tant le sujet du sida en Suède dans les années 1980 qui m’a vivement intéressée. D’ailleurs quand l’auteur passait au mode essai, je décrochais un peu. Ce qui m’a plu, c’est comment l’auteur raconte une histoire à travers des personnages très typés. Un témoin de Jehovah homosexuel est bien différent d’une « tantouse ». Le style de l'auteur m'a emballée, cette façon de répéter certaines phrases accentuait la narration.

Vos livres à lire plus tard

Quand plus tard? Je suis du genre tout de suite. Je choisis selon les suggestions de mon club de lecture, la revue les Libraires, Kobo, des amies.
Mais pour l’événement « le 12 août J’achète un livre québécois », je compte bien acheter ou commander: L’autre saison de Louise Simard, Les villes de papier de Dominique Fortier, Thelma, Louise et moi de Martine Delvaux.

Livres jeunesse

À la toute fin de l'entrevue, Karine Lessard m'a demandé une suggestion de livres pour les jeunes. Sans hésiter j'ai lancé le nom d'Andrée Poulin. Non pas qu'elle est de l'Outaouais... si, un peu, mais ses livres rejoignent plusieurs catégories d'âge, certains sont primés et puis parce que je la connais.

La lecture ces jours-ci

Une amie m’écrit qu’elle lit Les devins de Margaret Laurence. Wikipédia m’apprend que l'auteure est née le 18 juillet 1926 au Manitoba et décédée en 1987, Canada. Dans La presse du 6 janvier 1987, j’apprends que c’est un des écrivains canadiens les mieux connus dans le monde. Ah! oui? Sa saga de Manawaka (ville imaginaire) a été traduite par Claire Martin en 1976, introuvable aujourd’hui. Heureusement Alto l’a fait traduire à nouveau, par Sophie Bastide-Foltz et édité en… 2008.
Je décide donc de commencer par le début avec L’ange de pierre.
Comme j’aime beaucoup, j’enchainerai sûrement avec
Une divine plaisanterie
Ta maison est en feu
Un oiseau dans la maison
Les devins
.

L’été sera peut-être alors terminé. Mes lectures… jamais.

Lien vers La presse de 1987, page 12 >>>
Site des éditions Alto >>>
Émission Les matins d’ici du 26 juillet, 6h25 >>>
Site d'Andrée Poulin >>>

samedi 14 juillet 2018

Un seul mot

Un mot, une phrase peut blesser, peut réjouir, peut redonner confiance.
Sait-on jamais quel mot, quelle phrase touchera l’autre?
Hier soir, ce fut le mot fluide.

Francine a dit que j’avais « une écriture fluide » dans mon blogue.
Et elle me donne le livre Les femmes qui écrivent vivent dangereusement.
Me parler de mon blogue, me donner un livre. Je suis émue. Je suis aux anges. Je flotte. Je renais. On me lit. On aime ce que j’écris. C’est rare, c’est précieux.

Le savez-vous que vous êtes peu nombreux à me parler de mon sujet préféré : les livres. On ne devrait pas demander aux gens comment ils vont, on devrait leur demander : « qu’est-ce qui vous intéresse ces jours-ci? »

À quelqu’un qui n’est jamais très loin du fond de la désespérance (oui, je sais je suis un peu une Anne Shriley de l’exagération) en matière d’écriture, cette conversation ressemble à un printemps qui refleurit. À une eau fraîche par un jour de canicule. À un lever de soleil rosé après des mois de nuages noirs.

Vous me direz que j’étais pourtant déterminée fin mai au retour du camp littéraire Félix. Oui, bien sûr. Mais en bon bélier qui a la course rapide, mais la résistance anémique, j’ai eu la respiration haletante un mois plus tard. L’estomac s’en est mêlé, le sommeil aussi. Les questions ont suivi. L’écriture ne coulait plus, était loin d’être fluide. C’était devenu un devoir. Le genre de devoir qu’on écrivait pour plaire au professeur. Où notre cœur n’y était pas.

Et pour éviter d’entendre « non, non, non » de M. B. qui m’interdit le scepticisme, je me suis même interdit mon Carnet de roman. Je n’ai rien abandonné, tout juste délaissé.
Mais écrire l’été? C’est être masochiste, ou folle, ou obsédée. À moins qu’il ne pleuve à torrents ce qui n’est pas le cas cet été.

L’été, il y a les fraises, les framboises, les bleuets.
Il y a les pique-niques, les baignades, les promenades à vélo.
Il y a les vacanciers à accueillir, la famille à recevoir.
Il y a aussi les merles, les geais bleus, les phébis à observer.
Il y a les livres à lire.
Il y a la vie.

Je me suis donc remise à la lecture. Frénétiquement, comme une nageuse essoufflée qui s’accroche à une bouée qui la fait encore rester un peu dans l’eau, son milieu préféré.
J’ai enchaîné les lectures :

Bien sûr, Les femmes qui écrivent vivent dangereusement de Laure Adler et Stefan Bollmann. Sur les cinquante femmes citées, j’en connaissais une petite vingtaine. Donc encore des heures de plaisir à découvrir les autres.

Puis,
Hôtel Lonely Hearts : J’ai encore ragé contre le titre anglais (en partie, je sais puisqu’il y a un accent circonflexe sur le « o »). À les voir se multiplier (My absolute darling, After), à ne pouvoir m’y opposer, je baisse le ton. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi ce titre. On mentionne le nom de l’hôtel une seule fois… à la page 518. L’éditeur a raison de dire que c’est « un conte sans fées ». Un style original, de l’érotisme à chaque page, des métaphores à la tonne, de la musique, de la magie. Bref, j’ai bien aimé.

L’amour aux temps du choléra : Venu par erreur sur mon agrégateur Netvibes, alors que le billet de Madame lit datait de 2015, j’ai quand eu le goût de relire. Fait du bien de lire des vraies phrases, longues avec des virgules, des subordonnées. Une histoire qui ne bouscule rien, une intrigue sans violence, autre que celle des sentiments. Délicieusement suranné et puis, même pas. Disons que cet amour passionné ne m'a pas émue, mais qui ne rêve pas d’avoir un Florentino aussi tenace et patient?

Débâcle de Lize Spit (en numérique) : Attirée par les articles élogieux, les étoiles accordées, les prix remportés, il m’a fallu attendre longtemps avant de lire plus qu’un extrait parce qu’il est beaucoup emprunté, numérique ou papier.
Oui, pour les louanges méritées. Oui, pour la forme construite comme un scénario de télé. Oui, pour le récit glacial comme un vent calme avant l’orage.

13 à table : treize nouvelles publiées par certains auteurs chevronnés. Le thème de 2018 (parce que ça fait trois ans, je crois, que le concept existe, voir leur site Internet) est l’amitié. Certaines nouvelles s’en tiennent à ce thème d’autres non. Certaines sont vraiment surprenantes, d’autres ont une chute très réussie, d’autres un peu plus prévisibles, mais toutes agréables à lire.

Quarante-quatre minutes, quarante-quatre secondes de Miche Tremblay : J’étais à la bibliothèque municipale, j’attendais un livre pour une amie. Évidemment, je furetais. Tiens, un Tremblay que je ne me souviens pas avoir lu. Je feuillette. J’emprunte. Je lis. J’aime.

Alors, merci Francine. Merci pour Les femmes qui écrivent vivent dangereusement. Merci pour Hôtel Lonely Hearts. Mais surtout pour m’avoir écoutée. M’avoir parlé de mon blogue. Être intéressée par la lecture et l’écriture.

Alors moi aussi, un seul mot: merci.

site des restos du coeur>>>

mardi 3 juillet 2018

Tomate rouge contre stylo rouge

Depuis quelques jours, je ne filais pas. La tête vacillante, le matin surtout. L’estomac nerveux, comme une barre qui sépare mon corps en deux. Fatigue. Moins d’énergie. Respiration courte.

Question : suis-je stressée?
Réponse à moi-même : comment pourrais-je l’être, aucune obligation, je reviens d’une belle escapade au bord du fleuve.

Est-ce déjà arrivé? Et qu’ai-je fait?
Réponse à moi-même : oh! que oui! Comment oublier les quatre heures d’attente au CLSC. Et le diagnostic : rien, je n’ai rien, rien aux poumons, rien à l’estomac. Juste anxieuse et insomniaque.

Calme tes ti-nerfs, Claude. Respire. Dors. Mange mieux, mange moins, un peu moins de café, un peu moins de vin.
Arrête de te stresser. Dis à ton petit hamster d’aller jouer dehors. Il va crever sous la chaleur.
Personne ne te demande de finir ta révision de ton manuscrit demain matin. Personne ne te demande de te lever à 6 heures. Rien ne t’oblige à y penser 24 heures sur 24. Et puis, écoute-moi bien: tu ne culpabilises pas. Ça ne veut pas dire que tu abandonnes ni ne renonces. Ni que c'est un échec.

Écrire peut-il rendre malade?
Réponse à moi-même : peut-être pas écrire, mais se stresser, oui.

J’ai donc arrêté de me lever à 6 heures, arrêté de corriger mon roman. Et je lis, je butine, je me baigne, je relis, je joue à Candy crush. Avec les ressentis 40 degrés, je demeure dans la maison climatisée. Je me promène sur Facebook.

Et puis, je suis tombée sur une vidéo d’Irène Grosjean qui parlait de médecine de santé et non de médecine de maladies… et surtout d’alimentation. J’ai lu ceci :
En mangeant de la nourriture morte, nous restons dans des fréquences basses : la peur, l’angoisse, la dépression, la contrariété, le négatif. En mangeant de la nourriture vivante et pleine d’énergie, nous avons accès à des fréquences plus élevées : amour, tolérance, partage, développement de l’intuition et de la clarté.
Au lieu d’accuser le stress de tous mes maux, je vais maintenant accuser mon alimentation.
En fait, je n’accuserai rien ni personne. Je ne vais pas commencer, comme d’habitude, à chercher des faux-fuyants. Ni tergiverser. Juste écouter mon corps, il veut du repos, il veut du calme, il peut se guérir lui-même.

Je ne suis pas plus du genre extrémiste et tout couper : produits laitiers, gluten, mets cuits, et me précipiter sur l’achat d’extracteur à jus. Depuis le temps, je sais ce qui calme mon estomac : range le vinier, oublie le café le midi, sort le pot d’eau, cuisine des salades. Troque les biscuits contre une pomme, un ananas, des noix. Tomate rouge contre stylo rouge.

Et puis, oui, pourquoi pas, laisse tes personnages se débrouiller quelques jours sans toi. Ils t'attendront, tu sais bien. Cesse de les nourrir, eux, et nourris l’auteure. 

P.S. à moi-même : tu vois, après trois jours, ça va déjà mieux.