samedi 2 novembre 2013

Aller ou ne pas aller aux Salons

Lucille Bisson va au Salon de Montréal avec son Dominos sorti aux éditions Apothéose en 2012. 
Sylvie Gaydos va au Salon de Montréal avec son Impasse sorti chez De Mortagne en 2011. 

Constatation sans jalousie, observation avec admiration pour leur feu sacré, leur persévérance, mais déclencheur de questions personnelles tout de même. Réflexion. Les Salons du livre, c'est quoi pour moi? Aujourd'hui, pas il y a un siècle quand je voulais être écrivain, pas il y a trente ans quand ma famille avait une maison d'édition et que j'accompagnais mon père aux Salons comme aux expositions locales, mais bien aujourd'hui avec mon petit bagage d'auteure, c'est-à-dire un seul livre encore disponible sur le marché? 

Si, et je sais que ce si n'arrivera pas, si la maison d'édition était représentée au Salon du livre de Montréal, elle l'est via le distributeur Prologue ce qui complique un peu les choses, aurais-je demandé à y aller? Parce que le temps où on vous invitait, faut pas trop y penser quand on n'est pas un gros nom -- comprendre gros vendeur. La seule année où j'ai insisté pour y aller, c'était en 2011, lors de la parution de mes Têtes rousses et la vie a fait en sorte que justement en cette fin novembre, des examens se multipliaient entre Gatineau et Montréal pour une tumeur au sein pour l'une et une prothèse au genou pour l'autre. C'était beaucoup trop. 

Mais les autres, celui de l'Outaouais, Jonquière, Abitibi-Témiscamingue, Trois-Rivières, tous, pourquoi pas? Pourquoi j'y pense, mais je renonce? En fait je ne renonce pas vraiment, je me dis que ça ne vaut pas la peine. Je me garde celui de l'Outaouais parce que j'aime bien, pas loin, je connais les éditeurs, plusieurs auteurs. Pourtant chaque fois que j'y vais, au stand des éditions Vents d'Ouest, ou avant à celui des défunts Écrits Hautes-Terres ou à celui de l'association des auteurs et auteures de l'Outaouais dont je fais partie, si j'ai vendu cinq livres c'est beau. Faut croire que je n'y vais pas pour cette seule raison. 

J'ai été aussi à Ripon, une exposition surtout pour les métiers d'art, parce que c'est dans ma région, mon monde, j'y ai vendu une vingtaine de livres. À Hawkesbury, pour voir, deux ventes je crois, beaucoup de jasette avec ma voisine.

Pourquoi pas ailleurs? Pourquoi j'irais? Les livres, c'est quand même un de mes sujets favoris, le premier d'ailleurs. Et je ne suis pas si associable que ça. Toujours intéressant d'être au courant des nouveautés et des jeunes auteurs. Avez-vous regardé la liste des auteurs sur le site du Salon de Montréal? Combien en connaissez-vous? Alors si c'est pour la reconnaissance de ses pairs, ça fait beaucoup à "reconnaître"!

Finalement, comme souvent, plus de questions que de réponses. Et faut-il vraiment en trouver, quitte à en inventer, comme je ne suis pas vendeuse, je suis paresseuse, je n'ai plus la passion, ça ne vaut pas la peine (ou pire, je n'en vaux pas la peine), je veux qu'on me demande d'y aller plutôt que d'avoir à téléphoner pour m'imposer. Non, ne pas aller dans ces zones de doute.

La seule réponse qui me convient: je suis de ces auteurs qui aiment écrire, et je ne déteste pas être publiée, le reste, la promotion, la tournée des Salons, les longues journées assise derrière une chaise à attendre qu'on veuille bien vous parler, faut croire que ça ne m'attire pas suffisamment pour que je fasse l'effort d'un appel téléphonique ou d'un courriel. 

Ah oui, il y a aussi l'obligation versus la liberté! M'engager des mois à l'avance? L'année de la parution de mon roman, j'avais réservé un an dans mon agenda, juste pour la promotion. L'agenda fut plutôt rempli de rendez-vous à l'hôpital, ça refroidit les ardeurs pour les années à suivre. Et comme j'aime partir dans le sud souvent aux dates des Salons... y a comme un choix. 

La liberté gagnera toujours. Côté obligations, j'ai déjà donné.
Et vous, les Salons, vous aimez? vous y allez?

(photo de l'auteure au Salon de l'Outaouais 2013)

8 commentaires:

  1. Pour ma part, aller aux salons du livre c'est comme une cure, un pèlerinage... j'y vais pour rencontrer des amis auteurs, pour y vivre la frénésie, pour m'envelopper de cet aura magique, pour y puise une source indescriptible d'émotions vives, pour voir les gens, beaucoup de gens... et pour vendre des livres!

    Ce ne sont pas les salons qui font une différence dans les ventes... pour ma part en tout cas. Mais j'aime y être. J'ai fait Trois-Rivières, Québec, l'Abitibi et dans quelques jours je serai à Montréal.

    J'y suis présente parce que mon éditeur y est et parce que je veux y être aussi. Si d'autres opportunités s'ouvrent, je serai aussi de la fête!

    Mais Montréal... j'ai trop hâte, vraiment!

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  2. Moi j'aime les salons, parce que ça me sort de ma routine, parce que ça me permet de rencontrer les amis, de jaser avec des lecteurs, avec d'autres auteurs...

    Mais c'est vraiment une occasion sociale plus qu'une occasion de vendre. C'est beaucoup de travail, de longues heures, mais... pour le moment j'aime ça.

    Quand ça commencera à me déplaire, j'arrêterai d'insister auprès de mes éditeurs pour avoir des heures! ;)

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  3. On finira bien par se rencontrer... À celui de Gatineau, peut-être puisque tu te promènes plus que moi!

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  4. Si tu penses qu'on va dans les Salons du livre pour vendre des livres, tu peux bien y trouver le temps long. Il y a des milliers sinon des millions de livres au Salon du livre de Montréal. Faut pas voir ça comme une foire commerciale même si c'en est une. Faut voir ça comme une occasion de montrer qu'on existe, qu'on écrit, mais surtout faut voir ça comme une occasion unique de rencontrer nos pairs, de jaser avec eux, d'aller boire un verre avec eux. Les rencontres qu'on fait dans les salons du livre sont importantes parce qu'il s'agit souvent de nos seuls contacts avec le monde des livres, en dehors de notre maison d'édition. Ça permet de s'informer, de comparer, d'apprendre et de fraterniser.

    J'ai vendu deux livres à mon premier Salon du livre de Montréal. C'était en 2002. Je venais de gagner le prix Robert-Cliche avec un roman historique. On m'avait installée à côté de Pauline Gill pour que je ne trouve pas trop le temps long. Ma première vente, c'est à elle que je la dois. Une dame venait de lui dire qu'elle avait lu tous ses livres et attendait le suivant. Pauline lui a dit: «Essayez donc celui de la p'tite jeune à côté de moi.» Mon second lecteur, c'était Noël Audet, qui était venu pour m'encourager. Il m'a dit: «C'est toi qui a écrit le livre dont tout le monde parle? C'est pour ça que personne ne parle du mien?» Il me taquinait, évidemment. Personne ne parlait de mon livre. Je le sais parce que, malgré mon prix Cliche et malgré toute la publicité qui est venue avec, j'ai vendu juste deux livres en six heures de signatures réparties sur une fin de semaine. Ça fait pas cher de l'heure. Mais je n'étais pas là pour vendre. J'étais là pour apprendre. Et Dieu que j'ai appris! Dans tous les salons d'ailleurs. Si je suis amie avec Pauline Gill, avec Sonia Marmen, avec Sylvie Ouellette, avec Anne-Marie Sicotte et avec tant d'autres, ce n'est pas parce que nous sommes tous des écrivains. C'est plutôt parce qu'on a pris un verre ou partagé un repas quelque part loin de la maison, dans un des salons du livre de la province.

    Aussi, je dois te dire que ton livre est sorti depuis plus d'un an, c'est normal qu'on ne t'invite pas dans les salons. La tournée de promotion dans les salons du livre dure un an après la sortie du livre. Il n'y a que trois façons pour y retourner. Soit on fait notre téteux chez notre éditeur et il finit par dire oui, mais sans rien défrayer. Soit on gagne un prix avec notre livre alors là, des fois, on nous invite pour faire de la promo. Soit, et c'est la meilleure façon, on sort un nouveau livre et on recommence la tournée.

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  5. Merci de vos commentaires et je suis consciente de tout ça, je sais fort bien que ce n'est pas pour les ventes. Quand j'y suis, j'aime, j'y prends plaisir, c'est certain.
    Avouez qu'il est quand même difficile de voir tout le monde, avec les horaires de chacun et chacune.
    On verra lors du prochain livre...

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  6. Aller ou ne pas aller, c'est ton choix. De mon côté, j'ai envoyé un petit courriel à EDM pour manifester que j'aimerais, cette année encore, être au salon du livre de Montréal. Là-dessus, c'est une maison d'édition vraiment chouette, mais c'est parce qu'elle a un grand espace à Montréal. Dans les petits salons de région, j'ai déjà demandé, et ce fut non. Pourquoi je voulais y être ? Pas pour vendre une dizaine d'exemplaires, ça c'est sûr. Mais pour les rencontres, oui. Avec les autres auteurs, avec quelques lecteurs sympathiques, avec le milieu. C'est un mélange de promo, de social, de fête. Un genre d'occasion rare qu'il faut prendre quand elle passe, j'imagine. Mais je t'avouerai qu'à certains moments, je me prends à penser : 'Mais qu'est-ce que tu fais ici ?' Surtout que le week-end fini, je retourne au bureau faire ma semaine.
    Tu vois ? Tu n'es pas seule à ressentir une certaine ambivalence. hihi

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  7. Tu as bien raison Sylvie, c'est comme une fête. Des fois, j'ai envie d'être invitée, de sentir que j'en suis, pendant, j'ai bien peur d'être toute petite, pas vraiment de ce monde et au retour, fatiguée (surtout si c'est loin ou s'il neige) mais heureuse d'y avoir été.


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  8. Je ne suis pourtant pas particulièrement attirée par le côté social de ces événements. Il faut que je me force pour aller dans les cocktails d'auteurs, trop de bruit, trop de gens qui parlent en même temps, trop timide. Mais le week-end est tout de même marqué chaque fois par de belles rencontres plus individuelles. Toi, à mon premier salon (je n'oublierai jamais). L'an dernier, une jasette tellement sympa avec un Daniel Lessard chaleureux qui me reconnaît du café !! Ces petits moments valent tous les petits inconvénients. ;)

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Les anonymes: svp petite signature