Lucille Bisson va au Salon de Montréal avec son Dominos sorti aux éditions Apothéose en 2012.
Sylvie Gaydos va au Salon de Montréal avec son Impasse sorti chez De Mortagne en 2011.
Constatation sans jalousie, observation avec admiration pour leur feu sacré, leur persévérance, mais déclencheur de questions personnelles tout de même. Réflexion. Les Salons du livre, c'est quoi pour moi? Aujourd'hui, pas il y a un siècle quand je voulais être écrivain, pas il y a trente ans quand ma famille avait une maison d'édition et que j'accompagnais mon père aux Salons comme aux expositions locales, mais bien aujourd'hui avec mon petit bagage d'auteure, c'est-à-dire un seul livre encore disponible sur le marché?
Si, et je sais que ce si n'arrivera pas, si la maison d'édition était représentée au Salon du livre de Montréal, elle l'est via le distributeur Prologue ce qui complique un peu les choses, aurais-je demandé à y aller? Parce que le temps où on vous invitait, faut pas trop y penser quand on n'est pas un gros nom -- comprendre gros vendeur. La seule année où j'ai insisté pour y aller, c'était en 2011, lors de la parution de mes Têtes rousses et la vie a fait en sorte que justement en cette fin novembre, des examens se multipliaient entre Gatineau et Montréal pour une tumeur au sein pour l'une et une prothèse au genou pour l'autre. C'était beaucoup trop.
Mais les autres, celui de l'Outaouais, Jonquière, Abitibi-Témiscamingue, Trois-Rivières, tous, pourquoi pas? Pourquoi j'y pense, mais je renonce? En fait je ne renonce pas vraiment, je me dis que ça ne vaut pas la peine. Je me garde celui de l'Outaouais parce que j'aime bien, pas loin, je connais les éditeurs, plusieurs auteurs. Pourtant chaque fois que j'y vais, au stand des éditions Vents d'Ouest, ou avant à celui des défunts Écrits Hautes-Terres ou à celui de l'association des auteurs et auteures de l'Outaouais dont je fais partie, si j'ai vendu cinq livres c'est beau. Faut croire que je n'y vais pas pour cette seule raison.
J'ai été aussi à Ripon, une exposition surtout pour les métiers d'art, parce que c'est dans ma région, mon monde, j'y ai vendu une vingtaine de livres. À Hawkesbury, pour voir, deux ventes je crois, beaucoup de jasette avec ma voisine.
Pourquoi pas ailleurs? Pourquoi j'irais? Les livres, c'est quand même un de mes sujets favoris, le premier d'ailleurs. Et je ne suis pas si associable que ça. Toujours intéressant d'être au courant des nouveautés et des jeunes auteurs. Avez-vous regardé la liste des auteurs sur le site du Salon de Montréal? Combien en connaissez-vous? Alors si c'est pour la reconnaissance de ses pairs, ça fait beaucoup à "reconnaître"!
Finalement, comme souvent, plus de questions que de réponses. Et faut-il vraiment en trouver, quitte à en inventer, comme je ne suis pas vendeuse, je suis paresseuse, je n'ai plus la passion, ça ne vaut pas la peine (ou pire, je n'en vaux pas la peine), je veux qu'on me demande d'y aller plutôt que d'avoir à téléphoner pour m'imposer. Non, ne pas aller dans ces zones de doute.
La seule réponse qui me convient: je suis de ces auteurs qui aiment écrire, et je ne déteste pas être publiée, le reste, la promotion, la tournée des Salons, les longues journées assise derrière une chaise à attendre qu'on veuille bien vous parler, faut croire que ça ne m'attire pas suffisamment pour que je fasse l'effort d'un appel téléphonique ou d'un courriel.
Ah oui, il y a aussi l'obligation versus la liberté! M'engager des mois à l'avance? L'année de la parution de mon roman, j'avais réservé un an dans mon agenda, juste pour la promotion. L'agenda fut plutôt rempli de rendez-vous à l'hôpital, ça refroidit les ardeurs pour les années à suivre. Et comme j'aime partir dans le sud souvent aux dates des Salons... y a comme un choix.
La liberté gagnera toujours. Côté obligations, j'ai déjà donné.
Et vous, les Salons, vous aimez? vous y allez?
(photo de l'auteure au Salon de l'Outaouais 2013)