vendredi 3 octobre 2025

Il restera toujours la lecture

Pour ne pas oublier ou pour consulter
j’écris :
les rendez-vous sur un calendrier
des listes aussi sur un calepin
des notes et des chiffres dans un cahier
j’encercle, je souligne

Pour le reste qui trotte, qui se faufile, qui insiste parfois, qui rêve a rêvé de livre
Il reste ce blogue

Octobre
Le six mois des éditeurs pour accepter, refuser ou ne rien dire est bien passé
Ne plus y penser
J’aurai essayé
En voyant tous ces livres de la rentrée littéraire
En voyant sur Facebook et encore plus sur Instagram (oui, oui, j'y suis retournée) tous ces premiers romans, récits, essais
En lisant tous ces anciens étudiants et étudiantes en création littéraire
Je vois bien qu’il reste moins... qu’il ne reste plus de place pour les bébéboomers

Je cite Laurent Gaudé à l’émission à La grande librairie :
« J’écris et je lis pour avoir mille vies! »
À défaut d’écrire plusieurs vies, je vais en lire quelques-unes!

Il me reste tout de même la lecture
Il y aura toujours la lecture
Se perdre une boussole sur le cœur, Julie Bosman
La fille de la foudre, Gabrielle Boulianne Tremblay
Il faut beaucoup aimer les femmes, Martine Delvaux
Architectes de la joie, Anaïs Barbeau et Steve Gagnon
Reprise, Florence Chadronnet
Tout cela m’appartient, Virginie Chaloux-Gendron
Auprès de moi, Kazuo Ishiguro

Je veux tous ces livres
Les lire faire miens tous ces mots toutes ces phrases tous ces fragments
Faire miens comme si je les avais écrits
Y plonger, y flotter, s’y mirer
Probablement souvent, toujours autour des mêmes thèmes :
Femme, féminisme, mère, fille, être humain, amour, amitié
Aussi mots, écriture, livres, bibliothèque, librairie

Parce que je n’écris plus
Moins besoin, il faut croire
Moins pressant
Moins le temps
À force de moins, ça ressemble à pas du tout
Ça n’enlève pas ni n’annule ce qui fut
L’empreinte, la trace ne sera que le temps de ma vie
Faut que je me fasse à l’idée
Encore une fois
Probablement jusqu’à la fin

Alors je lis
J’en sens le besoin
J’en ai le temps
Probablement jusqu’à la fin
Ça donne des plus à ma vie
Pas plus de sens
Mais au moins plus de plaisir
Plus de joie
Plus de paix


vendredi 29 août 2025

De meilleure humeur donc plus causeuse


J’aurais dû en dire plus. En dire mieux.

Marie-Sissi Labrèche et Lynda Dion ont toutes deux pris la peine d’ajouter un « cœur » au petit billet d'hier, alors que je n’ai écrit que quatre lignes sur leurs livres.

J’ai presque honte. À peine digne d’un brouillon. Ai-je l’excuse d’avoir la tête ailleurs? L’excuse d’avouer n’être pas critique littéraire? Pas mon genre d’analyser, juger, expliquer, inciter. J’assume mon amateurisme en matière de compte-rendu. Mais j’aurais quand même pu élaborer un peu plus.

J’aurais pu dire... je le dis ici, je me reprends...

Bien avant que le mot autofiction existe, j’aimais les biographies, j’ai toujours aimé en lire, en écouter. La vie intime, les secrets, ce qu’on ne dit qu’aux vrai·e·s ami·e·s. J’aime que des écrivain·e·s osent. Merci aux éditions Québec Amérique d’avoir créé cette collection de trois souvenirs (Ne pas aimer les hommes) et bonne chance à la nouvelle maison d'édition Ventricule gauche (Ressac et bientôt Reprise).

Alors, j’ai été gâtée avec ces deux livres. Il y est question de leurs amours, de leurs expériences, de leurs hommes. Elles n’hésitent pas — ou peut-être que oui, mais elles ont réussi à vaincre anxiété ou honte ou peurs ou gêne — à aller fouiller loin autant dans leurs pensées, leurs réactions que leurs sentiments.

Et quelle prouesse dans l’écriture! C’est souvent — que dis-je toujours — par le style que je poursuis ou non la lecture d’un livre. Alors Lynda Dion, avec son enchaînement de phrases sans majuscule ni point, aurait pu me faire reculer, comme l'a fait Marie-Claire Blais qui, je crois, a été une des premières, sinon la première à utiliser ce procédé de "pas-de-point". Cette fois, ça coulait très bien. Peut-être qu'on s'habitue. Je ne dis pas que c’est facile à lire, en fait c’est surtout difficile à arrêter et recommencer, on ne sait pas trop où on en était avant la pause. Ce fut la même chose avec Un roman au four de Marie-Sissi Labrèche, il y a quelques mois. J’avoue cependant qu’une fois arrivée à son journal au sujet de Bado, avec police de caractères différente, je n’ai pas reculé, mais j’ai lu moins vite. Décroché un peu. Moins d’intérêt. J'ai préféré tout ce qui tournait autour de l"événement" qui a tout déclenché. Non, je n'ai pas trouvé qu'elle se répétait. Elle approfondissait. En tout cas, j’aimerais bien être un petit oiseau et voir la réaction de la femme qui a déclenché « l’attaque » première de toute l’histoire, si tant est qu’elle lise Ressac.

Quant au livre de Marie-Sissi Labrèche, je ne suis pas de sa génération ni de son milieu, je n'ai pas connu la moitié des garçons qu'elle a connus, mais je me suis reconnue dans le féminin si je puis dire, dans les réactions, dans les nons-dits et les attentes face à l'amour.  Pour ce qui est de tout le reste,  je vous réfère au texte de Claudia Larochelle. Celle-ci sait mieux que quiconque écrire clairement, précisément ce que je pense tout bas :
« Il n’y aura jamais trop de Marie-Sissi Labrèche. Comme chaque fois, la lire ressemble à l’heureuse reprise d’une conversation avec une amie, on se surprend à y puiser du réconfort pour garder la tête hors des flots. La littérature devrait aussi pouvoir être cette bouée-là. »


Voilà, ce que j'aurais dû écrire hier. L'avantage avec un blogue, c'est qu'on peut se reprendre, on peut avoir des billets ordinaires et d'autres plus travaillés. 
Et peut-être que finalement, mes meilleurs, ceux que je voudrais voir dans un livre, ceux qu'aucun éditeur ne semble vouloir... bon d'accord, je radote, je renote, je ressasse. Je me tais.

Texte de Claudia Larochelle >>>

jeudi 28 août 2025

Humeur du jour



C’est la rentrée.
Littéraire, scolaire, agricole.
Il pleut. Un peu. Pas autant que prévu, pas autant qu’on voudrait.
Il fait frais, j'ai sorti bas et pantalon. Il faut rentrer aussi. Ça ne me tente pas.
Dans la maison, je tourne en rond. Comme entre deux. En attente d'un puits, de deux projets à venir.
Pas encore le temps des marinades.
Je pourrais lire.
Devant l’avalanche des nouveautés, je pourrais commencer à noter les titres qui m’intéressent.

Au début de la semaine, j’étais bien assise sur ma galerie arrière, encore en short et encore en sandales quand j’ai terminé Ressac de Lynda Dion et Ne pas aimer les hommes de Marie-Sissi Labrèche. Je ne suis, n’ai jamais été, ne serai jamais, n'ai jamais cherché à être critique, alors simplement dire que j’ai aimé et aimerai toujours le style de ces deux auteures. Peu importe le sujet dont elle traite. Les deux ont écrit sur les hommes avec qui elles ont couché. Dit comme ça, c’est aussi cru que leur écriture!

Ce que j’aime des livres, c’est qu’ils éveillent une émotion. Que je ressente quelque chose. Cette fois-ci donc : de l’empathie, de la solidarité, de la sororité. De l’admiration : de tant se dévoiler, d’oser l’écriture sans point pour une (ce qu'avait aussi réussi Marie-Sissi Labrèche dans Un roman au four, il y a quelques mois à peine) et le langage cru et familier pour l’autre.

Ai-je déjà lu un livre où un homme divulgue tout ce qu’il a vécu sentimentalement, raconte ses expériences amoureuses? Donnez-moi quelques titres? Il me semble que les hommes ne m’émeuvent pas autant que les femmes. En tout cas, ces dernières années, force est de reconnaitre que je lis de plus en plus des auteures. Québécoises de surcroit.

En revanche, pas de citation, pas de phrases qui m’ont rentrée dedans.
Il faut dire qu’une de mes amies (à nos 13 ans, j'étais certaine que c'est elle qui publierait), au bord du fleuve pour deux nuitées, a écrit :
« Le vent du fleuve emporte les peines. Balaie le fond de l'âme comme au commencement de l'âge. »
Après ça, je suis restée accrochée au fleuve.

Il pleut toujours, le puits, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Je vais donc chercher ma prochaine lecture. Ah! tiens, peut-être relire Le mur invisible de Marlen Haushofer pour être prête à la rencontre de mon club de lecture.

Mise à jour :
Juste à lire : « Reprise de Florence Chadronnet est un roman d’une écriture à la fois fragmentée et nuancée », j’ai été lire l’extrait. Des fragments et une écriture au « tu ». Alors c’est certain que...
lien vers le site des librairies indépendantes >>>

mardi 5 août 2025

Comme ces histoires dont on parlera plus tard avec légèreté



Été 2023 et été 2025

Premier hiver à l’Étoc (nom que mon intellectuel de père avait donné à la maison qu’il avait fait bâtir sur un... étoc, un rocher.) La froidure de janvier avait eu raison des tuyaux qui n'étaient pas vraiment à quatre pieds sous terre... à cause du roc. Bref, plus d’eau. Pendant trois mois. La neige dans le bain. Les gallons d’eau charriés de l’école, où mon père et moi enseignions, jusqu'à la maison -- en motoneige puisque le chemin n'était pas déneigé--  où la patience légendaire de ma mère fut mise à rude épreuve. Pas de voisins pour nous aider. En mars, je m'étais fait couper les cheveux pour qu’ils soient plus faciles à laver.

L’hiver suivant, j’étais déjà déménagée, les tuyaux gèlent à nouveau, mes parents emménagent à Saint-André-Avellin pour la fin de l’hiver.

52 ans plus tard, Notre-Dame-de-la-Paix, au sous-sol, après le lavage hebdomadaire de vêtements, la pompe ne s’arrête plus. Je l’arrête, la repars. Elle se désamorce, plus de pression, plus d’eau. Alors que les champs — de pommes de terre ou de blé ou de maïs ou de soya — qui m’entourent sont irrigués par de puissants jets d’eau ou le système Pivot... chez nous, le puits est à sec ou presque. Je sais, il n’y a pas de rapport, mais avouons que c’est un peu frustrant de voir tous ces jets d’eau et chez nous, rien. 

Je sais aussi, je traumatise à pas grand-chose. Comme un revenant d’il y a deux ans quand il a fallu refaire toute la « ligne » de la maison au puits. Et le souvenir revenu des hivers à l’Étoc. Autant mon père enjolivait les histoires dans ses romans (exemple ces hivers de 1972-1974 dans Les toqués du firmament), autant, j’ai une facilité à créer des amalgames et des associations d’idées. La nuit surtout. Peut-être juste pour le plaisir de raconter.
 
Il faudra être patiente, attendre qu’il pleuve.

Heureusement, contrairement à ma première année dans la région, c’est l’été. J'ai une piscine. J’ai des voisins, des ami.e.s, la municipalité qui me fournit l’eau. J’ai les cheveux courts!
Et nous avons connu tellement pire : le verglas, le derecho.

Je ne pensais pas, un jour, avoir hâte qu'il pleuve!

Comme j’aime bien les exergues, les citations. Voici celle du jour :
Il ne faut pas pleurer pour ce qui n'est plus mais être heureux pour ce qui a été. 
Marguerite Yourcenar

samedi 26 juillet 2025

Les mots des autres

                      

Dans les années 1990, alors étudiante à la maîtrise, j’ai tenu un carnet de citations, une sorte de bibliothèque mobile. [...] Je les relis, elles me font l’effet de matières fossilisées.

Il reste que, même dans ce monde d’instantanéité et ce réseau d’icônes, une citation bien frappée marque l’imaginaire et relance la pensée.

On écrit avec les mots des autres.
                                                                                                                Recueillir, Louise Warren

Un autre livre dans lequel je me reconnais. Lors de ces deux années de congé sans solde que j’avais pris pour devenir écrivaine — rien de moins —, je notais aussi des citations. Et je les commentais.
173 citations écrites à la main, 173 commentaires. Déjà genre blogue.
Qui se termine par le mot « Paix », mon préféré.
Beaucoup de Simone de Beauvoir, de Marie Cardinal, de Flora Groult, d’Anaïs Nin.
Citation numéro 87 : « Au XVIIe siècle, savoir écrire c’est déjà savoir bien écrire. » 
                                                Qu’est-ce que la littérature? Jean-Paul Sartre.

Les mots des autres, les miens.
À défaut de voir les miens publiés ailleurs que dans mon blogue (toujours pas de réponse des éditeurs sur un manuscrit envoyé en mars), je m’occupe de ceux des autres.
Au printemps, ceux de Colombe Turpin qui a publié Le mystère de Juliette.

Ces jours-ci, ceux que Michèle Bourgon regroupe dans un livre sur les souvenirs de Lachutois et de Lachutoises. Une bonne centaine de textes d’une bonne cinquantaine de personnes. Des lieux, des commerces, des personnages, les écoles, le sport, l'amour.

Monter un livre, c’est toute une aventure.
Que j’adore parce que je m’y sens bien. Je me sens utile. On apprécie ce que je fais. Je sais quoi faire, je sais où chercher, à qui demander des informations (merci Marthe Lemery). Et c’est un peu comme écrire : je doute, je fouille, je lis, j’uniformise. Et je travaille étroitement avec Michèle Bourgon qui, heureusement pour ma petite tête-qui-ne-se-décide-jamais, aura toujours le dernier mot. C’est son livre, pas le mien.

En 1976, 1977, alors que je ramassais les citations, je ne savais pas que j’allais devenir infographiste, metteuse en page, le restant de ma vie, mais finalement c’est une autre façon de créer à partir des mots. Un journal, un dépliant, un bulletin, un blogue et même des livres.

Je retourne donc à ces mots... des autres.



samedi 21 juin 2025

Quand je n'écrirai plus, je lirai encore

Que font les écrivains quand ils n'écrivent pas.

Ils s’écrivent. 

                                            Aurelie Valonges
J’en suis là : parler de moi.
Ai-je déjà fait autre chose?
Écrire
ce que je connais
ce que je vis
mes souvenirs des ailleurs
et mon contentement d’ici

Je continue à marcher dans un chemin d’écriture
des pas sans fin
au ralenti maintenant
je tourne en rond parfois

Le manuscrit Chemins d’écriture
envoyé à cinq éditeurs il y a trois mois
silence
Après ceux de Montréal,
irais-je vers ceux de la région?
comme en 2011
ou comme en 2019, me contenter du blogue
cesser de vouloir
avant de devenir frustrée
je ne serai pas écrivain
je suis tout de même auteure
Je fus celle que je voulais devenir un temps
m’en réjouir
m’en contenter

Tant d’autres veulent
les offres d’écriture ne manquent pas
par des institutions, des organismes, des individus
tout le monde peut écrire, master class, ateliers d’écriture, camp littéraire, comment devenir écrivain
Les sites d’auto-édition se multiplient
en France surtout, mais ici au Québec aussi
Amazon offre bien des avantages
La Rocade me tente,
mais que peuvent-ils faire que je ne sache faire
et Amazon : l’idée me rebute.

Toujours la même question depuis cinquante ans
quelle sorte d’écrivain veux-je être?
Je le sais bien
juste écrire et que mes écrits soient publiés
le reste ne m’a jamais vraiment intéressée
sauf s’il faut jouer le jeu
comme un passage obligé
Que je ne me surprenne pas alors de ne pas être éditée!

Depuis le « 75 ans »
Écrire le chiffre
voir les 7 et 5 collés
ça fait vieux
ça fait à quoi bon me démener pour quoi que ce soit
vit dans la paix le temps qu’il te reste
non pas abandonner, mais laisser aller
cesser de vouloir être ailleurs
aimer être ici





Regarder le vert des feuilles encore jeunes
entre deux grands pins, entre les branches d’orme qui montent et descendent
comme les bras de l’enfant qui joue à l’oiseau
le ciel bleu
aussitôt l’envie de l’écrire ce ciel bleu

S’il pleuvait
je rentrerais
j’écrirais
je chercherais des métaphores
Moi qui suis trop terre à terre
je ne sais dire
que ce que je sens ou pense
je ne sais pas transposer






Dehors
devant les arbres et les fleurs
mais toujours avec les livres et les mots des autres
aujourd'hui ceux d’Hélène Dorion
qui sait si bien métaphoriser
mes forêts sont un long passage
pour nos mots d’exil et de survie
un peu de pluie sur la blessure
un rayon qui dure
dans sa douceur
et quand je m’y promène
c’est pour prendre le large
vers moi-même

Quand je n’écrirai plus
je lirai encore.

samedi 14 juin 2025

Où il est question (encore et toujours) de livres



Il fut un temps où j’écrivais dans un journal. Un sujet à la fois.
Il fut un temps où j’écrivais des romans. Une histoire à la fois.
Maintenant, je donne libre cours à cet esprit qui n’arrête pas de penser, qui mêle tout, qui saute du coq à l’âne.
Pour le faire taire, il doit parler, il doit écrire.
De tout ce gribouillage, un seul thème récurrent : les livres.

Donc le pêle-mêle des dernières semaines :
Il y eut le livre de Colombe Turpin: Le mystère de Juliette. Une auteure de la Petite-Nation qui en est à son quatrième roman. Où il est question de fées au pays de la Terre, une histoire de brisure et de réhabilitation. L’auteure présentera son livre dans diverses bibliothèques de la région. Lien à la fin du billet.

Et puis par la poste pour la première fois, La revue Les libraires.
Pas besoin d’aller la chercher à « ma » librairie Rose-Marie. Surprise : revue tête-bêche : d’un côté la revue habituelle, de l’autre, un spécial « Le 12 août j’achète québécois ».
Le temps frais me permet de déguster lentement sans me sentir coupable de ne pas être dehors.
Je furète, je m’attarde À Rafaële Germain, je découvre la librairie Annie Proulx, je cherche mes prochains achats et surtout mes prochains emprunts chez Prêt numérique.

Dans la revue, une réponse de la libraire Annie Proulx m’intrigue : « Sans contredit [je voudrais qu’on découvre l’écrivain] Michel-Maxim Legault! J’ai eu un coup de cœur pour son livre Michelin. »
Comme toujours, je me précipite chez BAnQ ou Biblio-Outaouais pour... le cœur me débat... Michelin! Je dévore. Original, un “monologue autobiographique” est-il écrit dans La Presse. De quoi oublier Trump, le Moyen-Orient, le ciel gris, l’eau froide de la piscine ou le gazon qu’il faut couper.

Et qui dit livre, dit : “toujours pas de nouvelles des éditeurs à qui j’ai envoyé un manuscrit”.
Trois mois. Je relance ou j’oublie? J’oublie ou je publie moi-même?
D’autres que moi se sont aussi posé la question. Je les connais depuis une quinzaine d’années via le blogue qu’elle tenait, via les livres qu’elles ont publiés, via les batailles personnelles et professionnelles qu’elles mènent. Les revoici, toujours complices, avec un concept d’auto-édition. Haut de gamme ajoutent-elles.
Mylène Gilbert Dumas et Elisabeth Tremblay ont donc fondé La Rocade.
L’auto-édition m’intéresse depuis longtemps. J’ai donc longuement regardé leur site, posé des questions, reçu rapidement des réponses. Ça me tente pour rééditer les trois tomes des Têtes rousses et peut-être le prochain-qui-n’a-pas-l’air-de-trouver-d’éditeur.
C’est une super idée. Une idée qui répondra sûrement à plusieurs auteur·e·s. Mais pas pour moi, pas pour l’instant. Pas tant que j’essaie d’éviter Amazon.
Toujours cette question mcsweenienne : en ai-je vraiment besoin?

Et entre deux brassées de lavage au sous-sol, je regarde les trois bibliothèques, tous ces livres amassés depuis cinquante ans! Qu’en faire? Si un jour — le plus lointain possible — je dois me résoudre à aller vivre dans un petit quatre et demi loué, je ne pourrais apporter tout ça. Alors, je jette, je donne. Tranquillement.
Surtout, je me détache. Je réussis à peu près à ne pas vouloir remplir les vides.
Les plus difficiles à laisser aller : les plus vieux, les Balzac, Victor Hugo, Proust, Simone de Beauvoir, Sartre, Camus, les soeurs Groult, Marie Cardinal. Et les Québécois. Les derniers à partir seront les reliés: Hervé Bazin, Han Suyin, Slaughter, Les rois maudits, les prix Nobel, les coffrets de Colette, d'Annie Ernaux.
Ceux que je garde le plus longtemps possible avant de les donner aux archives : les livres de mon père Jacques Lamarche, les miens, et ceux publiés aux Éditions de la Petite-Nation.
Si vous en voulez, laissez-moi le savoir.

C’était ma semaine.
Le temps se réchauffe, c’est sur la galerie arrière que je lirai... quoi donc? En attendant que Recueillir (un livre qui juxtapose prose et vers m’intéresse beaucoup ces temps-ci) de Louise Warren soit disponible, je vais jeter un coup d’œil sur son essai L’enveloppe invisible. Un livre qui commence par :
Le lieu que j’imagine se situe dans le territoire de l’attente. On ne le mesure pas, on ne le voit pas, on avance sur des pistes qui s’effacent à mesure. Pour l’instant, ce lieu m’échappe. Je l’appelle « l’enveloppe invisible ». Espace des mutations qui s’opèrent en profondeur. Je note : « Entrer dans une phrase comme dans un couloir sans savoir quelle porte va s’ouvrir. »
ne peut faire autrement que m’attirer.
Bonne semaine et bonne lectures ou bonne écriture ou bonnes brassées de lavage!

Lien vers La Rocade >>> 
Lien vers la revue Les Libraires >>> 
Lien vers Michelin >>>
Lien vers Colombe Turpin >>> 

mercredi 28 mai 2025

« Tesselle dans une grande mosaïque »


Au surlendemain de la clôture des célébrations du 350e anniversaire de la seigneurie de la Petite-Nation, tout est encore pêle-mêle pour moi.
Je croyais que l’événement était à 13h30, comme celui de Montpellier.
C’était à 11 heures
je suis arrivée à 12h30
tout était fini
presque.

J’ai eu le temps de voir l’emplacement de la capsule
j’ai surtout eu le bonheur d’avoir LE livre, Au fil de l’histoire.

Depuis, cul par-dessus tête, tourbillon et fouillis 
tous les mots se bousculent parce que je ressens tout à la fois :
reconnaissance, joie, orgueil sûrement.
Je veux dire merci, mais je trouve que ce n’est pas suffisant.
Je voudrais non pas dire, mais montrer
et pour ça je fais appel à l'autre moi, elle qui a la parole facile mais nerveuse

Elle s’avancerait vers ceux et celles par qui c’est arrivé, Marthe Lemery entre autres
Soit elle se mettrait à parler fébrilement
les yeux fuyants
les mains fouettant l’air
ou juste un grand sourire
ou même un trépignement comme une enfant qui vient de recevoir son bonbon préféré
son favori : sous forme de mots.

Soit elle oserait à peine les regarder
le ventre crispé
la gorge nouée  
de peur d’être devinée
de toute façon, ce serait trop
ce serait beaucoup
ce serait intense.
Alors qu’elle voudrait être comprise à mi-mots
peut-être un câlin qui dirait tous les mercis accumulés.
Elle a peur d’exagérer
de paraître orgueilleuse, prétentieuse
de ne pas mériter cette visibilité 
comme un compliment
de devoir expliquer pourquoi elle est si émotive
incorrigible sentimentale
compliments qui lui font plaisir pourtant.

Alors elle ne fait rien
elle attend
que le tourbillon cesse de tourner
elle se calme le pompon
pour y voir clair
pour trouver le ton juste
trouver les mots
dire qu’elle a depuis longtemps voulu laisser une trace
sans trop en connaître les raisons profondes
et voici qu’elle est dans un livre qui sera (qui est depuis le 27 mai) enfoui dans une capsule intemporelle
qui sera peut-être ouverte dans 10 ans.
Plus trace que ça...

Dans un livre!
Elle les aime tant
les livres, les mots, les phrases qui disent la vie, l'histoire dans ce cas-ci
qui apprennent la vie
elle les aime depuis toujours
elle a appris à se comprendre dans les livres, dans les mots
les siens, ceux des autres
elle cherche encore d’ailleurs
alors si ces personnes-auteures parlent de la Petite-Nation dans un livre,
si, en plus, elles parlent d’elle dans un livre
elle devient le cœur tout mou,
la parole hésitante
les yeux fuyants
vulnérable
elle se sent reconnue, comprise, aimée
c’est à son être profond, au meilleur d’elle-même, qu’elles s’adressent.

Mais peut-être n’est-ce qu’illusion
juste un hasard
elle se dit que c’est encore une émotion d’hypersensible
elle relativise
chacun·e son chemin, sa vie
elles ont croisé le sien
faut pas en faire tout un plat
pas minimiser non plus

Je veux dire la reconnaissance
mais je ne sais comment bien la mesurer ni l’exprimer.
Je veux dire aussi félicitations pour tout ce travail de recherche
bravo pour les textes
merci pour toute la visibilité pour ces « tesselles [d’une] grande mosaïque commencée il y a 350 ans avec la création de la seigneurie de la Petite-Nation. »

Dans ce livre, tu es « tesselle d’une grande mosaïque »
accepte et remercie
cesse de tout compliquer
retourne aux autres livres à lire
aux autres billets de blogue à écrire
et dis au monde que le livre Au fil de l’histoire est dans les bibliothèques de la région
et qu’on peut encore lire les 24 capsules sur le site Internet de la MRC Papineau.

Lien vers les capsules publiées sur Internet >>>
Reportage à TVA Gatineau sur cette capsule intemporelle à Montebello >>>



dimanche 25 mai 2025

Je ne suis pas née ici, mais je vais mourir ici


Il ne faisait pas chaud, mais il ne pleuvait pas.
Alors la cinquantaine de personnes réunies à Montpellier ont pu effectuer le parcours prévu par le Comité consultatif sur la culture et le patrimoine de la municipalité.

Un événement très bien organisé. Les musiciens Max et Frak nous guidaient de place en place. Le conseiller Guy Martel a terminé l'événement en beauté en chantant une de ses compositions.
Le comité, composé de Nicole Touchette, Richard Strasbourg, Nicolas L’Écuyer-Pilon et Lise Castonguay (absente sur les photos) a travaillé fort et depuis longtemps pour ce dévoilement de «plaques commémoratives valorisant la contribution de personnages historiques au sein de la communauté.»

Le parc municipal devient le Parc Joseph-Omer-Montpellier
La bibliothèque rend hommage à Maria Brault (dans les années 1940-1950, on la connaissait mieux sous le nom de Mme Gédéon Legault)
La place Joseph-Robineau
Et finalement le Centre communautaire Félicien-Bricault
Il fut question aussi du Jardin des souvenirs.

Les membres du comité nous apprenaient l’histoire de chacun·e et les visiteurs étaient invités à raconter quelques anecdotes au sujet de chacun. Les frères Montreuil ne se sont pas laissé prier, ils avaient des souvenirs à revendre. Des histoires de « snow », de chapelet autour du chat de leur grand-mère, d’hosties mangées que le curé Bricault allait chercher à Hull. « Ah les petits pendards! »

Quant à moi, ma petite contribution ne concernait que le curé Bricault.
Parce que je l’ai connu.
Autant à Montpellier qu’à Notre-Dame-de-la-Paix.
Parce que j’ai vécu une bonne dizaine d’été dans la Baie-de-l’Ours jusqu’à ce que mes parents décident d’y bâtir maison. J’y suis restée un an et demi avant de déménager à Notre-Dame-de-la-Paix où je vis depuis plus de 50 ans.

J’ai sans doute appris à quelques personnes présentes que l’ancêtre des Bricault, un soldat de Carignan, s’appelait Jean Bricault... dit Lamarche.
Eh oui, nous avons le même ancêtre! Bon, nos ancêtres communs remontent à huit générations dans les années 1770, mais tout de même. J’étais toute petite quand mon père nous le répétait chaque été : le curé Bricault est parent avec nous!
Et j’ai découvert encore mieux, sa mère était un Major et il se trouve que mon frère a épousé une Major de Saint-André-Avellin, alors nous sommes parents de ce côté-là aussi.

Je me souviens tout particulièrement d’une kermesse qu’il avait organisée, sans doute pour ramasser des fonds pour un de ses projets. Il y avait autant de jeux pour les enfants que d’activités pour les adultes.
Mon dernier souvenir de lui, c’est à Notre-Dame-de-la-Paix. En effet, quand j’y suis arrivé en 1972 j’ai su qu’il y habitait, je passais devant sa maison souvent. Je n’allais plus à la messe depuis longtemps, mais à la messe de minuit, je retrouvais mes messes d’enfant. Les sermons du curé Bricault n’étaient jamais longs ni ennuyeux.
Un été, j’étais en simple maillot de bain et je prenais ma douche, je me lavais la tête... dans la rue. Eh! oui, sous les jets d’eau puissants d’un arrosoir de pommes de terre. Qui passe en auto dans la rue? Qui ralentit? Le curé Bricault. Croyez-vous qu’il s’est indigné de nous voir en maillot de bain dans la rue? Pas du tout, il a trouvé que c’était une bonne idée. Avec un grand sourire, il a continué sa route.

Voilà, alors je n’oublierai jamais ni le curé Bricault, ni Montpellier. Qui oublie les étés de son enfance, de sa jeunesse?
Tout ce qui concerne l’histoire et le patrimoine de la Petite-Nation m’intéresse.
Je ne suis pas née ici, mais je vais mourir ici!

vendredi 16 mai 2025

Voyages d'encre





« À mi-chemin entre ici et là-bas, une journaliste, voyageuse et amoureuse des mots se questionne. [...] Oscillant entre l’essai poétique, le récit intimiste et le récit de voyage, l’autrice explore avec une plume sensible cet appel de l’ailleurs où l’on ne cesse de se découvrir, se nourrir et se confronter ainsi que cette nécessité d’un ici pour renaître autrement à soi. »
Site Internet des Éditons Somme Toute

Pour moi, le nom de Marie-Ève Blanchard n’évoquait rien.
Son nom pourtant sur bien des guides Ulysse.
Un guide Ulysse peut donner le goût de voyager
Sans même connaître le nom de l'auteur-e
Le nom du pays écrit en gros
Le plus important
Le plus attirant.

Mais pour les mots ailleurs, ancrage, voyage, bruissement du monde
Récit de voyage
et récit intimiste
Les mots lire et écrire aussi
J’ai voulu savoir le nom de l'auteure
Marie-Ève Blanchard
Tout savoir du livre et d’elle ensuite
Découverte de son blogue
https://mawoui.com/
Depuis 2011
Lu plusieurs billets
Retour à son livre : Les bruissements du monde
Maison d’édition : Somme toute (Hamac maintenant rattaché à Somme Toute)
Directrice : Anne Peyrouse
Qui a écrit : Anne Hébert, si tu veillais ma tristesse

Comme un terrain familier
Un style dans lequel je me reconnais, je m'identifie
Je zieute depuis tellement longtemps : tout autant la maison d’édition que la directrice littéraire
Leur montrer mon livre qui parle de voyages, d’ici et d’ailleurs, de chemins d'écriture
De déceptions aussi.
Impression d’être parmi elles
Les regarder par la fenêtre
Et je voudrais qu’elles me voient.

Pour l’instant, seulement un miroir sans tain de film policier
Je ne veux pas leur parler, trop nerveuse, j’en bégaierais
Comme Marie-Sissi Labrèche quand elle a parlé de son livre Un roman au four

Je préfère leur écrire
Oser  
Plus que merci, plus que bravo
Ni avis ni critique
Simplement une impression de lire mes propres phrases.
Je rêve d’être lue comme je les lis
Plus que dans un blogue
Dans un livre
pérenne
Qu’elles voyagent dans mes mots comme j’ai voyagé dans les leurs.
Conversation par l’intermédiaire des livres
Complémentaires
Côte à côte
D’égal à égal ou non

Leur écrire: vos livres me font écrire
Et c'est encore mieux que les livres qui font voyager.
Un voyage dans les mots
Dans le moi
Dans le vous
Et les elles
Dans les mots d’encre.