mardi 15 avril 2014

À défaut d'imagination,
le travail suffira-t-il?

Pendant mon séjour dans le sud, j’ai commencé à écrire une nouvelle. Pour le concours Des nouvelles de GatineauUn petit cinq pages, mais rien d’autre.

Avant mon départ, j’avais envoyé un manuscrit à trois éditeurs. Pendant mon séjour, j’ai reçu un courriel de l’un d’eux. À la fin du courriel où il refusait de publier mon manuscrit dans l’état actuel, il me demandait si j’étais prête pour un «travail de refonte considérable». Le teint bronzé, les pieds nus, un petit vent chaud dans mes cheveux, bien sûr, j’étais prête à tout. Je me sentais forte et ragaillardie.

Mais voilà que jeudi prochain, je le rencontre, je relirai avec lui les commentaires et les suggestions des lecteurs du comité. Je n’appréhende pas la rencontre, mais je me sens moins forte devant ce travail colossal. J’aurais le goût de lui servir la phrase assassine de Simone de Beauvoir quand son éditeur lui a demandé de réécrire Les Mandarins. Elle a dit non et l’éditeur a publié tel quel. Je sais bien que je ne peux pas me permettre un tel non, mais pour l’instant, je suis dans le déni, c’est certain.

Ce n’est pas un roman parce qu’il n’y a pas d’intrigue : et alors, ce sera un récit ou pas, juste un texte de fiction. Pourquoi faut-il une intrigue? Et puis il y en a, mais elle est ténue.

C’est un texte linéaire : bien oui et après? Je ne suis pas Catherine Leroux pour écrire de courts paragraphes comme autant de pièces d’un casse-tête. Le personnage nait, vit et meurt. C’est si ennuyant que ça?

Je résiste parce que je vois pas comment changer ces deux réalités, l'ampleur de la tâche ne m'effraierait pas tant si mon cerveau savait comment remédier à ces deux questions. Du reste, j'en conviens : vocabulaire peu recherché, peu d’effets stylistiques… là, oui, je me sens capable d’amélioration, comme une élève qui passera du secondaire au cégep ou mieux, à l’université. À défaut du talent naturel et d’imagination fertile, le travail palliera-t-il cette difficulté?

Ah ! si jeudi peut arriver et passer, que je m’attaque à cette refonte. Sans rechigner à chaque ligne. Et finalement, avec succès.

9 commentaires:

  1. Ben, l'intrigue, ça reste important. Même dans un récit linéraire, le lecteur doit se demander, au moins un peu, vers où on l'entraîne et comment ça va finir.

    Cela dit, d'habitude l'absence d'intrigue se règle assez facilement, à petites touches parsemées dans le texte...

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  2. Ah oui? Me ferai parsemeuse, alors même si je ne sais pas ce que je pourrais bien semer comme graine d'intrigue. Et en plus la graine doit surprendre!

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  3. Pas nécessairement surprendre, mais tenir en haleine.

    Dans les récits familiaux, le classique c'est "qui mariera qui?" ;)

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  4. Les intrigues amoureuses et les relations familiales, je croyais que ça suffisait. Faut croire que non. Pas de sang, pas de sexe, pas de gros mots. Va falloir que j'accentue autrement. Par le style, sûrement. Merci de vouloir m'aider.

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  5. Va d'abord à la rencontre! Je suis sûre que tout va se mettre en place. Et puis, le stress, c'est bon pour écrire (et l'intrigue va possiblement se dessiner toute seule!) Dixit la fille qui n'écrit plus.

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  6. Merci de ton passage. C'est sûr que de commencer à y penser, c'est une façon de me préparer à la rencontre. Je tourne un peu en rond en attendant. Une façon de m'ouvrir aux mots, de me retremper dans l'histoire.

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  7. Ta fin de billet tient une promesse, celle de t'ouvrir. Je trouve cette rencontre stimulante par son apprentissage. Tu vas apprendre et on est ici pour ça. C'est valorisant de savoir que l'on s'arrête à ton écrit, qu'il faut le coup de pouce pour le grandir.

    J'entends autour de moi des auteurs aguerris qui en sont à leur troisième version.

    Que cette rencontre se passe bien, que tu te lèves cette journée-là avec l'attitude et la vitalité d'un retour de vacances !

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  8. Ah! Venise, tu es toujours de bon conseil, comme la main qui tient le siège du vélo et donne une petite poussée encourageante.
    Oui, pour les versions, ça dépend d'où on part et où on est capable de se rendre. Chaque fois un peu plus loin.

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  9. Claude,
    C'est très positif ça, de pouvoir rencontrer un éditeur et avoir ses commentaires de vive voix. C'est précieux, profite-en bien!

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