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lundi 15 juin 2015

Lire et écrire par intermittence

Lire une histoire ou l’écrire par intermittence, pas une très bonne idée. Mais qui peut s’offrir des heures, des jours, des semaines consécutives pour ne pas perdre le fil d'une histoire, pour se retrouver dans les méandres de la mémoire.

Je lis Survivre! Survivre! de Michel Tremblay. Il publie peut-être un livre par année, mais je ne les lis pas dans l’ordre. Et pas la même année, forcément. J’en suis au huitième d’une série de neuf de la diaspora des Desrosiers, dont je n’ai lu que les trois premiers.

La Traversée du continent
La Traversée de la ville
La Traversée des sentiments
Le Passage obligé
La Grande mêlée
Au hasard la chance
Les clefs du Paradise
Survivre! Survivre!
La Traversée du malheur

(à paraître)

Sans compter que certains de ses personnages remontent à ses premiers romans comme La grosse femme d’à côté est enceinte publié en 1978 et que je me suis résolue à me procurer en 1990 seulement.

J’aurais aimé un tableau des personnages, comme le font les Michel David, Jean-Pierre Charland ou Michel Langlois. J’avais déjà remarqué que Léméac avait publié un dictionnaire des personnages. Un dictionnaire de 800 pages! Ce n’est pas rien. Je peux bien ne plus me souvenir de qui est qui. Nana, Édouard, les trois soeurs, ça va, mais qui est la mère, le fils, le mari? Complètement perdue. Quant aux transitions entre les chapitres, n'y comptez pas.

N’empêche, Tremblay a ce talent d’écrire des histoires suffisamment intéressantes en elles-mêmes que, même si on ne connait pas tout le passé de chacun des personnages, on lit avec plaisir. C’est le cas ce Survivre! Survivre! 

J’aimerais bien, à l’instar de Dany Laferrière dans Journal d’un écrivain en pyjama, expliquer ce que je trouve dans mes lectures, comme lui a trouvé que Tolstoï savait créer des malaises dans les dialogues. Je ne réussis pas, comme Laferrière, à mettre des mots sur des impressions furtives. Je sais que j’aime, je sais que la lecture m’inspire, me donne envie de raconter à mon tour ou surtout de donner des émotions à mes personnages, mais je ne pourrais pas, comme les critiques (en reste-t-il de cette race? S’est-elle éteinte avec Réginald Martel?) ou les étudiants à la maîtrise à analyser un contenu. J’y vais à l’impression, au ressenti.

Ce qui m’amène à comparer… non, non pas comparer, disons à sauter de la lecture d’un roman à l’écrire du prochain mien. Pas le prochain qui sera publié en septembre, non l’autre, le suivant qui n’en est qu’à une centaine de pages bien éparses, à peine un premier jet. Et comme les personnages, eux aussi, existent déjà dans deux autres précédents romans, reprendre l’histoire après quelques mois de vagabondages ici et là dans d’autres univers, ce n’est pas évident. Il faudrait que je m’enferme plusieurs semaines, que je relise ces cent pages, que je me réapproprie l’histoire, que je consulte mon plan qui ressemble tout au plus à une table des matières avec dates et titre un peu longuet d'une vingtaine de chapitres inachevés. Si les personnages ne sont jamais bien en loin dans ma tête, s’ils m’accompagnent partout où je vais, si par association d’idées, ils me chuchotent parfois des scènes et même des dialogues, les scènes, elles, l’évolution de l’histoire, les détails sont loin de me revenir comme ça, sur commande, rien que parce que j’ai un avant-midi à leur consacrer. Même question qu’au début au sujet de la lecture : qui peut s'offrir des semaines consécutives pour ne pas perdre le fil? J’admire d’autant les auteurs qui volent des minutes et des heures à un travail autre ou même à leurs obligations familiales ou domestiques pour coucher sur papier ce qui se faufile dans leur tête. Mon horaire ne ressemble plus du tout à ce temps (non, pas béni, ni joyeux, ni perdu tout de même) où j’étais écolière quand tout ce que j’avais à faire c’était d’écouter, écrire, lire de 8 heures à 15 heures.

Sur ce, le temps alloué à mon roman s’est soldé par ce billet de blogue. Procrastination? Oui, probablement. Exercice de réchauffement? Pas vraiment. Et puis après? Me faudra-t-il la lecture d'un ou plusieurs autres Tremblay pour me faire plonger, pour vrai cette fois, dans l’écriture de mon roman? Il est certain que je n’ai pas le rythme de l'auteur prolifique : un roman par année. J’ai le mien et ça me va!