Dany Laferrière vient d’être élu à l’Académie française. Sentiment mitigé, j’aurai toujours de la difficulté avec les honneurs, les titres, les prix. Mon enthousiasme est de la couleur de mon opinion presque neutre sur le sujet de la gloire et de l'ambition. Je n’ai jamais été à l’aise face à la compétition, je n’aime pas comment je me sens à l’intérieur, à batailler pour recevoir un prix ou, à l’opposé, à recevoir un titre sans l’avoir mérité. Mais qu’est-ce que le mérite? Qui en juge? Parce que je ne suis pas une batailleuse ou ambitieuse, je ne supporterais pas que les autres le soient? Parce que ça sonne faux? À défaut de comprendre ce manque d’élan spontané devant les bonheurs des autres, je jouerai quand même la carte de l’admiration pour leur détermination.
Mon écriture se ressent-elle de cette absence de combativité ?
Journée de doutes, journée de corrections, journée de ras-le-bol. Encore.
Pourquoi continuer à corriger ce roman qui n’en est pas encore un alors que tant de jeunes veulent publier? Pourquoi je ne laisse pas ma place? Comme Janette qui s’incruste, mais elle a au moins le mérite d’être dans les A,B ou C des vedettes qui ont encore la cote. Ai-je été L ou même Z dans ma vie? Peu importe.
Pourquoi je m’obstine à vouloir publier? Ou penser que si j’avais un agent…
Me contenter d’aider les autres ne me suffit pas? Me sens à nouveau pathétique à ne pas décrocher.
Pourquoi ne pas me contenter de lire, de voyager, de prendre des photos et d’en parler si je tiens tant à écrire?

Peut-être pas combative, peut-être un peu paresseuse, mais patiente, résolue, têtue, alors ça devrait aller.
Journée de questions sans réponses, journée de remontée, journée d’encouragement.
(photo de l'auteure, en espérant que ce soit des lamas et non des alpagas ou qu'à tout le moins les deux races soient têtues!)