mercredi 4 avril 2018

Être plus que celle qui écrit

Fébrile, excitée, curieuse, pensive.
Oser, chercher, recommencer, accepter.
Hâte, fièvre, crainte, rêverie.
Observer, sans trop comparer, sans trop juger, être là parmi, être à côté.
Me laisser aller, retrouver la confiance, l’énergie, la force, le plaisir.
Travailler, penser, réfléchir, questionner, me taire, écouter.
Bûcher, tomber, déprimer. Pleurer peut-être. Tuer l’imposteur, l’oublier cet oiseux.
Espérer, croire en moi, prendre le temps, reculer, avancer.
Lire, relire.
En silence, à voix haute, seule, en groupe, devant témoins, devant mentor, devant des pairs.
Écrire, réécrire.
Le texte, l’histoire, l’écriture. Faire beau, faire vrai, faire juste.
Chaque jour, chaque heure. Chaque page, chaque phrase, chaque mot.
Ne pas penser à l’éditeur même si c’est à lui au final que je veux plaire, parce que moi, je m’aime comme je suis.
Ni trop au lecteur même si c’est lui qui décide au final parce que moi, en tant que lectrice, je m’aime comme je suis.
Ne pas être comme. Ni meilleure que. Être moi, pas une autre. Ni jeune, ni néophyte, ni émergente, ni nouvelle, ni me faire accroire.
Ne pas être la personne, être celle qui écrit. La retrouver.
Écrire plus que des manuscrits, écrire des livres qui seront publiés.

Fin mai, camp littéraire Félix.

site internet du camp littéraire Félix>>>

Yvon Paré

jeudi 22 mars 2018

Un peu, beaucoup, intensément aimé

Vous le voyez sur l’image, il s’agit du roman La porte de Magda Szabó.

Découvert via le blogue de Madame lit où il était question surtout d’Abigaël d'une auteure hongroise que je ne connaissais pas. Mais comme Abigaël n’était pas libre à la BANQ, j’ai choisi La porte dont on dit également du bien à peu près partout.

Dès le premier chapitre, après avoir lu ceci :
« J’ai vécu avec courage, j’espère mourir de même, avec courage et sans mentir, mais pour cela, il faut que je vous dise : c’est moi qui ai tué Émérence. »
j’étais bien accrochée comme un poisson qui frayait tout de même dans une eau assez profonde si on considère les livres que j’ai commencés sans les terminer ces dernières semaines.

N’allez pas croire que c’est un polar. C’est le portrait d’une femme. Une femme de ménage, une sorte de concierge de tout un bloc de maisons. Elle n’est même pas attachante comme Anne Frank, ni méchante comme Tatie Danielle, ni fielleuse comme Nelly Arcan. Je n’aurais pas voulu la rencontrer dans la vie ni surtout devenir son amie ou sa proie. Elle aime donner sans jamais rien accepter en retour, elle engueule la romancière comme c’est pas permis. On continue de lire non pas tant pour voir qui va enfin la remettre à sa place, mais pour voir pourquoi elle cherche querelle à tout le monde et pourquoi elle n'ouvre pas cette satanée porte.

Les chapitres sont denses, les dialogues rares, en fait Émérence parle et la romancière écoute ou plutôt encaisse les rebuffades tout autant que le chien Viola qui pourtant veut toujours retourner vers la concierge.

J’emprunte à Naïm Kattan un meilleur résumé :
« Afin de pouvoir se consacrer librement à son écriture, la romancière, qui vit avec son mari, engage une aide-ménagère, Emerence, qui est le personnage central du roman. Femme aussi solide qu’insaisissable, aussi efficace que mystérieuse, elle agit comme concierge, balaie la neige et est entourée des voisins. Or, sa propre porte reste close et elle interdit l’entrée dans sa maison à tout le monde. Réservée, taciturne, elle fait le ménage chez les Szabo et s’occupe de leur chien Viola. »
Naïm Kattan, Le Devoir 6 décembre 2003
J’avais oublié combien j’aime les biographies. Les vraies ou les fictives. J’aime les portraits, les histoires à un seul personnage. Comme Le père Goriot de Balzac, comme Madame Bovary de Flaubert, comme Alexandre Chênevert de Gabrielle Roy. Si l’auteur tient absolument à me situer le personnage dans une époque et un lieu, je veux bien, comme ce roman qui se situe en Hongrie, dans les années 50 je dirais, mais ce n’est qu’un décor bien secondaire. Ça pourrait se passer ailleurs et en un autre temps. Donc le lecteur est bien concentré sur le personnage sur la relation entre la narratrice qui écrit au je et cette Émérence qui nous surprend par son intransigeance, son amour des animaux, et sa porte… fermée.
Et même si j’avais bien hâte de voir pourquoi la narratrice affirme l’avoir tuée, je n’ai pas passé une page, pas un mot.
 
J’ai intensément aimé.
J’attends Abigaël.
Entre-temps Les querelleurs de France Théoret.

Blogue littéraire de Madame lit >>> 

mercredi 14 mars 2018

La banshee est de retour

Bientôt la Saint-Patrick, le 17 mars. Pendant cinquante ans, ce jour-là, cette fête-là, ce saint-là, cette référence-là à l’Irlande m’étaient complètement indifférents. Parce que ma mère fredonnait à l’occasion When Irish Eyes Smiling, tout comme elle fredonnait bien d’autres airs qui n’avaient rien à voir avec l’Irlande, oui je savais qu’on avait du sang « vert » dans nos veines, mais sans plus. Un huitième de sang irlandais, c'est quoi?

Et puis en 2004, je parcourus le cahier-livre de ma grand-tante et c’était parti, j’allais écrire l’histoire de Bridget et de Denis, mes arrière-arrière-grands-parents.
Il aura fallu sept ans pour qu’un éditeur s’y intéresse.
En 2015, parution du deuxième tome.
En 2016 : présentation du dernier tome. Refus. Deux révisions. Deux refus.
En 2017 : présentation à huit éditeurs : quatre refus, quatre sans réponse.
J’ai décroché. J’ai renoncé. J’ai attendu. J'ai continué d'accumuler les titres, j'en suis bien à une cinquantaine sans qu'aucun ne me satisfasse complètement. J’ai fait autre chose parce que j’ai quand même une vie!
La Saint-Patrick me ramène le troisième tome qui me hante comme une banshee. La nuit, les dieux de la lune me tiennent éveillée et m’assaillent de phrases. Des phrases, oui, mais pas l’ombre d’une petite idée de restructuration ou d’intrigue enlevante qui satisferait un éditeur. Ni de titre qui tient plus qu’une aube.
Me faudra-t-il attendre encore sept ans?
Ce huitième de sang irlandais m’a-t-il rendue entêtée? Comme une histoire tissée depuis cinq générations et qui ne me sortira pas de la tête tant qu’elle ne sera pas inscrite dans un livre?


L’auteure qui a besoin d’aide

On dit souvent aux auteurs de s’adresser à la bonne maison d’édition pour publier leur-s manuscrit-s.
Il n’est pas si facile de dénicher le bon créneau éditorial, surtout que les jeunes maisons d’édition recherchent un style différent, une voix nouvelle à la langue familière, une structure comme dans une recette déconstruite, bref rien qui colle à mon roman. Et les autres, ceux qu’on affuble du terme de généralistes comme s’il ne publiaient pas de la « vraie » littérature, eh bien à ceux-là, mon manuscrit ne semble pas leur convenir non plus!

Plusieurs auteurs offrent des ateliers d’écriture. Plusieurs entreprises également. Mais si on peut connaitre les spécialités de ces dernières : science-fiction, carnet, roman; si on trouve leurs procédés : exercices, lectures de texte; et si on peut savoir quelle clientèle ils visent : débutant, professionnel, il est plus difficile de trouver la personne ou l’entreprise qui collera à notre style, qui répondra à des questions non pas générales, mais bien précises, non pas des théories, mais des exemples applicables à mon manuscrit.
À la suggestion d’un éditeur, j’ai cherché qui, dans l’association des auteurs dont je fais partie, pourrait m’aider, avec qui je pourrais travailler. Quel auteur.e écrit le même genre de roman que moi? Je devrais lancer un appel à tous parce que je n’ai pas trouvé qui saurait vraiment m'accompagner dans une nouvelle version.

Et finalement, il me semble que ce n’est pas un auteur qu’il me faut, tout publié, tout pédagogue soit-il, c’est un.e mentor. Comme un directeur littéraire ou une directrice littéraire. Indépendant ou non. Je ne lui demande pas de m’assurer de la publication, mais presque.


Autres possibilités

L’agence Alinea: j’ai connu Marie-Paule Villeneuve quand elle travaillait au journal La terre de chez-nous, j’ai lu et aimé tous ses livres. Elle m’avait fait confiance pour la rédaction des reportages. Mais je ne me décide pas. Méandres de mon hésitation : 
1- le site de l’agence n’a même pas de nom de domaine, le site n’a pas changé depuis sa création 
2- je trouve bizarre que le nom de son agence se retrouve dans le site des éditeurs réunis/JCL 
3- si Alinéa m’aidait, mon manuscrit aurait-il plus de chance chez cet éditeur qui a déjà refusé mon manuscrit?
L’Uneq offre un service de parrainage, mais le candidat ne doit pas avoir publié plus d’un ouvrage, ce qui n’est pas mon cas.
Le camp littéraire Félix : bien tentant, mais je n’ai pas envie de passer une semaine en compagnie d’autres auteurs, et de parler d’autres manuscrits. Donc, ce serait du mentorat personnel. Pour cela, il faut écrire à la direction.
Il y a aussi Mini-génie dans les Laurentides, Le pigeon décoiffé à Québec et Montréal.
Vais-je tous les contacter? Tous les essayer?

L’auto-édition ou le compte d’auteur

Il y aurait éditions Veritas, les éditeurs associés, Bouquibec et plusieurs autres.
Mais, encore un, mais, toujours un mais.
Ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux plus/pas m’engager dans la promotion, dans la distribution, m’assoir derrière une table dans tous les salons petits et grands, le sourire figé et la plume en attente.

Et puis pourquoi passerais-je par ces entreprises quand j’ai un certain talent de graphiste : je suis capable de monter le livre, d’aller chercher l’ISBN (c’est gratuit), de le préparer pour un imprimeur. Je connais Gauvin à Gatineau ou Caïus à Montréal. Je peux être ma propre éditrice. Je l’ai déjà été. Surtout qu’aujourd’hui, on peut faire imprimer à l’unité. Cinquante livres me satisferaient amplement. Je ne sais pas éditer des e-pub, mais un pdf, oui.
Sauf qu’il ne serait pas en librairie, n’aurait que la seule visibilité et promotion que je ferais. Mais quand on y pense, certains livres publiés chez certains éditeurs n’ont guère plus de visibilité.

Banshee, quelle mort m’annonces-tu depuis tant de temps?
Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille? 

jeudi 8 mars 2018

Des images et des mots de femmes

Sue Mills, Annie Cloutier, Clarissa Pinkola Estes

En cette Journée internationale des femmes, je vous suggère une activité, un billet de blogue et un livre.
L’activité : une exposition sur les femmes immigrantes de la photographe Sue Mills, le vernissage est ce soir, à Saint-André-Avellin.

http://culturepapineau.org/exposition/etre-femme-immigrante-quebec/

Le billet de blogue : un texte bien senti sur la relation entre une mère et sa fille. D'Annie Cloutier.

https://annieetlasociologie.wordpress.com/2018/03/07/courir-parmi-les-louves-sefforcer-de/

Le livre (à part Grosse de Lynda Dion sur lequel j’ai encore quelques petites choses à dire mais ce sera pour un autre jour) : je l’ai vu sur le blogue d’Annie Cloutier. Je ne l’ai pas lu encore, très difficile a dénicher, c’est Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. Tout ce que j’ai lu au sujet de ce livre, en plus des nombreux extraits que j’ai pu trouver, m’intrigue et m’attire.

https://www.grasset.fr/femmes-qui-courent-avec-les-loups-9782246498513

jeudi 1 mars 2018

Grosse de Lynda Dion

Lynda Dion, en parlant des femmes qui l'inspirent, écrit :
« c’est Anne Sylvestre
c’est Hélène Cixous
c’est Virginie Despentes
c’est Marilyn French
c’est Nicole Brossard
c’est Benoîte Groult… »
et plusieurs autres aussi.
Que j’ai lues moi aussi
qui m’ont marquée moi aussi.
J’ajoute «c’est Hélène Dorion, c’est Louise Dupré, c’est Madeleine Gagnon»
et depuis son tout premier roman, La dévorante, j’ajoute «c’est Lynda Dion».

Je l'ajoute pas que pour le sujet de son tout récent Grosse
mais pour l’ensemble de l’œuvre.
Pour le style, pour le comment elle dit les choses, pour la puissance des phrases.
Sans les virgules sans les points, je ne suis pas capable de lire plus de quatre pages de Marie-Claire Blais alors que je pourrais lire encore et encore toutes les pages, tous les mots, tous les espaces, tous les murmures de Lynda Dion.
Son souffle devient le mien.


Pour les sujets aussi : être femme, être maîtresse, être désir, être grosse, être écrivaine, être soi
chaque fois, elle réussit à trouver une résonance en moi (et probablement en bien d’autres) et c’est là sa force et le succès de son écriture toute personnelle.

Ses dessins, si elle en avait besoin pour illustrer pour se libérer pour compléter pour montrer, bon, d’accord.
Sauf la page en noir : très efficace
mais pour moi, en tant que lectrice, je n’en avais pas besoin. Les mots, ses mots me suffisent amplement.

Je voudrais être plus qu’une lectrice
que ma voix soit importante, fasse écho, porte loin
et pas seulement tout de suite parce que le roman vient de sortir
pas seulement pendant trois mois dans les librairies.
Pas pour moi, mais pour elle
que le nom de Lynda Dion s’ajoute à ceux qu’elle nomme.
Un nom qui a du poids (ou c’est un titre percutant ou c’est maladroitement facile comme un mauvais jeu de mots)
et qui aura de la durée je n’en doute pas.
Qu’on se souvienne de Monstera Deliciosa, de La Maîtresse, de La Dévorante et maintenant de Grosse.
La littérature, pour moi, n'est pas dans le sujet,mais dans l'écriture.

Mais finalement, je sais bien qu’elle n’a pas besoin de mon commentaire, que ses livres vont faire leur chemin par leur propre valeur
alors lui dire mon admiration, lui dire merci, lui dire encore.
Comme si j’étais une élève à qui elle enseigne
elle me montre le chemin de l’écriture, celle de l’autofiction, comme une directrice littéraire, comme un professeur.

Je ne lis pas ses livres, je les épluche.
Je les relis comme les jeunes écoutent une chanson en boucle
jusqu’à trouver mon chemin qui, s’il jaillit du sien, sera le mien.

Mais on peut aussi le lire pour des dizaines d’autres raisons.
Dites-moi les vôtres.

mardi 27 février 2018

FemmExpo : pouvoir autrement


Le 3 mars prochain,
(qui fête son dixième anniversaire) 
présente l’exposition FemmExpo.

Sous le thème Pouvoir autrement
l’exposition présentera 39 œuvres de femmes artistes provenant de partout en Outaouais et d’ailleurs.

Autant d’œuvres, 
autant de visions, 
autant de pensées, 
mais toutes sûrement créées avec le même espoir 
de vivre non dans le pouvoir mais dans l’autrement.

Louise Falstrault a présenté une œuvre qui m’a inspiré ce texte.



Pouvoir autrement
C’est regarder au-delà des barrières
qu'elles soient de métal ou de bois
de paroles, de langue ou de rois
S’ouvrir vers demain
Voir loin
Aller vers l’autre
Sauter les obstacles, vaincre les préjugés
Tendre les mains
Ouvrir les bras
S’élever sans écraser
C’est dire #moi aussi et respecter les personnes dans leur choix,
quel qu’il soit
C’est ne pas juger
Ce n’est pas se battre contre, c’est s’allier
C’est écouter, nuancer
C’est chercher à comprendre et pas essayer de tout prendre
C’est créer
C’est marcher pour manifester
C’est écrire
Pour dire, pour s’exprimer
C’est prendre la parole
Écrire sur les murs
Sortir du fond de nos tiroirs ou de nos placards
C'est se frayer un chemin à travers les bois
Marcher sur les roches, se blesser sur les cailloux
Ne plus avoir peur
Dire, mais aussi écouter, questionner
C’est lancer un cri d’espoir
Pas réclamer à cor et à cri
Ni à tort et à travers
Pas chialer, pas condamner
Mais nuancer, clarifier
Tourner sa langue sept fois avant de twitter
Publier seulement le vrai, l’authentique, si possible pour diffuser
dénoncer publiquement
réclamer ouvertement
À sa façon, en respectant qui on est
C’est mettre au monde
Créer des liens entre tout ce qui vit sur la terre
Peu importe la couleur, peu importe la matière
Faire des alliances, des alliages
Tous vivre ensemble comme les roches, le bois, les minéraux, les plantes
Dire non, ensemble
Dire oui, ensemble
Dire oui, j’ai peur
Mais dire oui, je peux







vendredi 16 février 2018

Petit bonheur matinal

Le bonheur est parfois si facile. Dans mon cas, il tient parfois, souvent à un livre.

Dans les médias, je surveille tout ce qui se rapporte à la littérature. Et dans l’ordre de mes intérêts, le cinéma n’est jamais bien loin. Aussi, ce matin, j’ai lu attentivement l’article sur le film qui sortira bientôt au Québec : Les gardiennes. Quand j’ai lu « un film de Xavier Beauvois, d’après le roman d’Ernest Pérochon », quel mot croyez-vous a retenu mon attention? Le mot « roman ». Que croyez-vous que j’ai fait?
film de Xavier Beauvois

Évidemment je me suis ruée sur Google, jamais bien loin, toujours un onglet ouvert sur ma tablette. J’ai cherché le nom de cet auteur que je ne connaissais pas. J’ai appris qu’il avait remporté le Prix Goncourt en 1920, pas pour ce roman, mais pour Nêné. Un auteur vite oublié devant le Goncourt de l’année suivante : Marcel Proust.

D’après l’article, les photos, la couverture de la nouvelle édition, l’histoire se déroule à la campagne. J’aime déjà. Il y aura plus de silence que de bruit, plus d'arbres que d'asphalte. Déjà aussi, je pressens l’atmosphère, l’odeur des champs, la lenteur de la vie. Que l’actrice principale soit Natalie Baye était secondaire pour moi tout en offrant une promesse de succès. Ce qui m’intéressait c’était le roman. J’ai vu qu’il avait été réédité au cours des ans, ce qui présupposait de sa notoriété. Je ne pouvais me réjouir de cette réédition pour l’auteur étant donné qu’il est décédé en 1942, donc probablement plus de droits d’auteurs à ses descendants, mais alors un bon coup pour l’éditeur.

Comme la BANQ n’a pas encore obtenu le roman en numérique, j’ai cherché sur ma liseuse. Grâce à ma Koko, j’ai pu obtenir l’extrait de plusieurs pages.

Sous le titre : terroirs classiques. Déjà, j’avais un petit faible.
« La plaine s’étend, monotone, à perte de vue; quelques haies d’épines y poussent et quelques noyers, trop rares pour arrêter le regard. »
« Un beau soir favorable à la besogne »
« Avez-vous entretenu le feu de nos maisons aimées? […] Servez-moi les fruits de mon verger et versez dans mon verre le vin de ma vigne. »
Un délice. Une chanson douce. Une lecture jouissive.
Un bonheur.

Et un vocabulaire du terroir qui ravive les années 1920, en France. Comme un retour dans une vie que j’aurais vécue, toute rude soit-elle. Des personnages que j’aurais envie de côtoyer, d’écouter me dire leurs silences et leurs misères. Des caractères bien campés que j’aimerais tellement créer.

C’est comme si je retournais voir mes grands-parents qui, pourtant, n’ont connu ni la campagne française, ni le dur labeur des champs, ni les maisons de pierres humides et encore moins la guerre de 1914.

Pourquoi j’aime autant… je ne saurai jamais. Ou je me connais mal. Ou je n'ose penser à la réincarnation.
Et si ce bonheur survient tôt le matin, je porte sur mon visage un grand sourire toute la journée.

Et vous, quel roman oublié avec-vous découvert parce qu’un réalisateur en a fait un film?

Si la bande annonce du film vous intéresse>>>

mardi 13 février 2018

Ces auteurs homonymes

Comme j’ai moi-même un « jumeau » auteur, le sujet de l’homonymie chez les auteur. e. s m’intéresse. Sur Facebook, la semaine dernière Annie Perreault s’interrogeait sur le choix de son nom de plume. Une discussion fort intéressante s’ensuivit au cours de laquelle nous avons appris qu’il y eut un autre Robert Lalonde et une autre Marie Laberge.

Finalement, Annie Perreault ajoutera l’initiale J à son prénom pour se distinguer de son homonyme.

Mais l’idée était semée. La curieuse-fouineuse que je suis était partie à la recherche des auteurs homonymes. Je me contente des Québécois pour l'instant. Loin de moi l'idée de comparer les œuvres entre elles, je ne juge pas, je ne critique pas, je note simplement et je me demande s’il y eut incidence sur la carrière des uns ou des autres. Comme celle de tomber dans l’oubli. Ou si la confusion est minime pour les libraires et les lecteurs/lectrices.

Pour publier les photos des personnes, il m’aurait d’abord fallu demander la permission à tous les photographes ou les auteurs qui possèdent les droits de reproduction. J’ai donc préféré chercher une de leurs œuvres plus libres de droits.



Robert Lalonde

Le premier est né en 1936. Il semble venir du nord de l’Ontario et avoir écrit de la poésie surtout. Il a publié aux éditions du Saule dont je n’ai pas trouvé la trace. Est-ce de l’autoédition? J’ai trouvé les titres : Les complaintes du vent, Les terres du songe, L’amour au jour le jour, Les contes du portage, Les contes de la lièvre.

L’autre, le comédien bien connu, est né en 1947, à Oka, et on ne compte plus ses publications, chez Boréal surtout.
J’adore ses « carnets littéraires » où le lecteur flâne avec l’auteur au lieu de chercher les intrigues qui doivent absolument tenir en haleine. La liberté des savanes, paru en 2017, est un bel exemple.


Marie Laberge

Née en 1929, elle a étudié aux Beaux-Arts, peut-être a-t-elle été plus connue dans le domaine des arts, mais elle a tout de même publié huit recueils de poésie. Elle a reçu le Prix du Maurier pour son recueil de poèmes Halte en 1965.

Celle qui est née en 1950 et a d’abord écrit pour le théâtre avant de se consacrer aux romans avec le succès qu’on lui connaît. Depuis quelques années, après sa trilogie, elle fait une incursion du côté des polars.



Pierre Ouellet 

Le plus prolifique est professeur, poète, essayiste. Récipiendaire de nombreux prix dont le prestigieux prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.
Son dernier roman, À vie, a paru en janvier dernier.

L’autre n’a publié qu’un seul livre, Barbelés. C’est le récit autobiographique d’un homme en prison depuis 40 ans.


Mathieu Fortin

Celui qui est né à Latuque en 1979 est bien connu dans le monde de la science-fiction et fantasy.

L’autre travaille plutôt dans le monde des affaires et publie donc des livres pratiques.

Et même un troisième, qui est professeur de philosophie au Collégial du Séminaire de Sherbrooke a publié En compagnie des Grecs | Une introduction à la philosophie chez Fides.



Annie Perreault
Celle qui est née au milieu des années 1970 a publié, entre autres, L’occupation des jours (Druide), recueil qui lui vaut une mention d’honneur du prix Adrienne-Choquette. Son premier roman, La femme de Valence (Alto) devrait paraître sous peu.

Quant à l’autre, celle qui ajoutera l’initiale J à son prénom, elle a déjà publié Adeline, porteuse de l’améthyste, mais elle compte bien ajouter quelques titres en littérature jeunesse dans les prochaines années.



Camille Bouchard

Le Camille « deux-l-e » est né à Forestville en 1955, auteur de littérature jeunesse surtout, mais pas que. Grand voyageur, il n’hésite pas à écrire des aventures qui se passent ailleurs qu’au Québec.

Le second n'est pas tout à fait homonyme parce qu’il écrit Camil, mais quand on entend son nom, ce n’est pas aussi évident. Il est mieux connu comme analyste politique à Bazzo.tv, mais du temps où il était ministre, il a publié, en 1991, l’essai Un Québec fou de ses enfants.




Claude Lamarche

Quant à moi (née en 1950), quand j’étais jeune professeure et auteure débutante, j’ai déjà accepté de signer Marie-Claude Lamarche sur des livres scolaires, mais en me promettant bien de ne pas recommencer.

Ni l’auteur (né en 1939) du roman Le cœur oublié et Je ne me tuerai plus jamais, ni son éditeur n’ont jamais cherché à entrer en contact avec moi. Et à part les libraires et quelques lecteurs qui confondent les deux, ça ne m’a jamais embêtée que nous soyons deux. D’autant que lui, c’est un il, et moi un elle!

Le saviez-vous?
En vous connaissez-vous d’autres? 
Avez-vous déjà confondu des auteurs? 
Avez-vous eu connaissance de problèmes majeurs?

mardi 6 février 2018

Des traces laissées, des traces suivies

Peut-être aux trois mois, aux six semaines, sans coup férir, sans surtout qu’il n’y paraisse puisque je ne laisse pas de traces de cette récurrence chaque fois, revient le doute de tenir ce blogue. Parfois dans le contenu, parfois dans la forme, parfois dans l’existence même. Peut-être simplement pour me reposer de la neige abondante à pelleter ou me laisser aller à rêver en regardant la forêt tranquille.

Devant l’engouement et la dépendance d’autres plateformes, devant le nombre de commentaires des unes versus celle que je privilégie, je me dis, comme plusieurs autres, que le blogue est dépassé, démodé, qu'il a fait son temps.

Je me demande si vraiment il est la réponse aux refus des éditeurs devant mes manuscrits. Le recul, le pas de côté pour ne pas avoir à me remettre à la beaucoup plus difficile tâche d’écrire un roman. De la paresse, de la fatigue, ou du droit à la liberté de choix?

Ou pire encore, je me demande si je tiens ce blogue, comme l’adolescente en manque d’amour tenait son journal avec ce besoin, comme le titre le dit, de laisser des traces, ne serait pas tout simplement un besoin d’attirer l’attention. Pas que je me crois une TDA jamais diagnostiquée, je n’ai ni problème de concentration ni de difficulté avec mon comportement, quoique… Non mais, aurais-je un besoin sur le bord du maladif, une dépendance à l’expression? Pas tant besoin d’être vue, comme besoin de dire. Et un peu plus, besoin d’être écoutée et/ou lue.

Mieux dit : 
« J’ai besoin de conserver les traces de mes pas et d’intérioriser ce qui a précédé la perte, […] pour ne jamais occulter l’absolue nécessité du chemin d’où j’arrive. »
Recommencements, Hélène Dorion
J’irais jusqu’à dire que s’exprimer c’est dire qu’on existe. Même si je ne connais pas la raison de cette existence. Ou si je l’ai déjà cherchée, je n’ai plus de temps de m’y arrêter. Je la trouve courte, mais tellement courte, la vie! Il me semble qu'hier encore je me promenais à L’abord-à-Plouffe sur la bicyclette de mon frère. Mais non, hier, j’étais à l’hôpital à passer un test sur un tapis roulant. Test que j’ai passé facilement par ailleurs. Mais il était beaucoup plus difficile d’entendre les uns et les autres qui avaient de réels problèmes cardiaques.
Certes, chacun a besoin de s’exprimer. Mais ai-je encore le temps de tout écouter?

Alors, toujours à la recherche de certitudes, je regarde ailleurs des raisons de poursuivre ce blogue, peu importe la raison.
Ainsi, sur Internet, j’ai lu ceci:
« La visibilité des publications du blog est largement plus grande que la visibilité des publications d’une page Facebook […] Un article de blog publié en 2009 peut toujours occuper la première place dans un moteur de recherche pendant 2, 3, 4, 5 ans et plusieurs années de suite pour un mot clé pertinent et attirer des visites. Dans Facebook une publication peut passer inaperçue même dès le premier jour de sa publication parce que c’est Facebook qui décide qui verra votre publication. »
 Source>>> 
Et quand bien même certaines pages Facebook rejoignent près de 10,000 membres en un an, obtiennent des milliers de clics pour un sujet ou une vidéo, si je veux retrouver un sujet… déjà le lendemain, c’est quasi impossible.
Exemple, malgré l’énorme différence de « j’aime », je préfère le blogue de voyage de Diane et Gilles à la page « En Vr pour pas cher » sur Facebook.

Près de dix ans plus tard, je lis toujours avec le même plaisir le blogue de Geneviève Blouin qui le dit elle-même « je veux donner l’impression que vous prenez un café en ma compagnie. »

Il y a aussi la mère Michèle qui n’a pas l’air de se poser le cinquième du huitième de questions que je me pose régulièrement et qui, inlassablement, sans faillir, tient son blogue où parfois, elle ne note généreusement qu’un lien vers un article de journal.
Lu encore:
« Un blogue est un support pour communiquer, fidéliser et fédérer une audience.
Les gens n’en changent pas souvent, et ils les lisent généralement tous les jours avec beaucoup plus d’attention que ce qui défile sur Facebook. »

Et puis, je continue à découvrir de nouveaux blogues qui m’enchantent et que j’ajoute à mon agrégateur Netvibes.
Entre autres, aujourd’hui, le blogue qui m’a inspiré ce billet, qui, à lui seul, me confirme que tant pis si c’est démodé, mais j’en veux encore longtemps des comme celui-là qui me nourrit, me fait voyager dans le temps et l’espace. Et je sais que dans trois jours, trois semaines ou trois mois, je pourrai à nouveau le consulter facilement. 
Il y est question des maisons des écrivains>>>

Et vous, quels blogues aimez-vous encore, quelles traces suivez-vous?
Où laissez-vous les vôtres?

vendredi 2 février 2018

Le temps d'une lune



Il aura fallu le temps d’une lune pour me ramener sur terre.
Sur la terre québécoise, la terre enneigée, la terre des obligations.
De la Floride, après deux mois de vagabondages, de voisinage, de flânage, de bruit et de soleil, je suis partie un 2 janvier frisquet, je suis arrivée au Québec un soir très « frette », mais il aura fallu un bon mois pour que reviennent l’impatience et l’inquiétude en retrouvant le système de santé québécois.
Un bon mois pour retrouver amis, familles, routine quotidienne, repas à la mijoteuse et pelletage. Mais aussi un bon mois pour trouver un roman qui m’intéresserait suffisamment pour que je n’abandonne pas après deux chapitres.

Et je ne l’ai pas trouvé là où je m’y attendais. Loin de là.
Toute une surprise. On me l’aurait dit hier ou avant-hier, j’aurais dit : sûr que non.
Pas une autre traduction. Pas encore des mots d’argot français sur lesquels je bute et qui me dérangent dans la compréhension de l’histoire (J'ai abandonné C'est le coeur qui lâche en dernier de la canadienne Margaret Atwood pour cette raison: au Canada, on ne raque pas des clous et personne n'a pas de ratiches). De plus, pas une histoire de gars, de petits voyous qui fument et pas que des cigarettes, qui volent, qui donnent des coups de poing à la moindre provocation. Je suis plutôt histoires d’amour, relations à comprendre, de mère fille ou de femme compliquée. Des histoires québécoises, bien souvent. Européennes, sans problème, mais qui se passent aux États-Unis — paradoxalement, pour quelqu’un qui aime bien s’y rendre —, de moins en moins.

Mais voilà, ce qui m’a sortie de ma léthargie, ce qui m’a ramené dans la lecture que j’adore, plus vrai pour moi que celui de la quotidienneté, c’est, ai-je cru en lisant le nom de l’auteur, une histoire de gars de moto qui commence à Providence, États-Unis. En lisant un peu sur cet écrivain dont j’ignorais tout (pourtant il doit être assez connu puisque son nom sur la couverture est plus gros que le titre), j’ai compris que c’était un Français et donc, ce n’était pas une traduction.

Que s’est-il passé pour que j’accepte, que j’adhère, que j’embarque, que j’aime et que je m’abandonne complètement dans cette histoire?
Le saurai-je jamais?
Parce que le sujet de la liberté et de l’amitié ne suffit pas à expliquer mon engouement.
« Quand j’ai rejoint Freddy, Oscar et Alex, et qu’on a commencé à parler en fumant nos cigarettes, je ne saurais trop expliquer pourquoi, mais je ne me suis senti chez moi. Mieux que chez moi. Je me suis senti parmi les miens. »
Il faudrait que je creuse pour savoir pourquoi cette histoire m’a happée dès le début. Comme les histoires de chiens abandonnés, oubliés qui marchent des jours, des mois pour retrouver leur maître ou qui se laissent mourir quand ils ne l’ont plus.

C’est pas que l’histoire, pas que le titre, c’est aussi comment c’est écrit. Du dedans.
« Toutes ces phrases que j’écris, j’ai peur que ça s’efface, avec le temps. Le crayon, c’est comme l’amitié, ça tient pas toujours bien. De toute façon, je sais pas trop qui va bien lire tout ça, toute cette foutue histoire. Je sais pas pour qui je me prends, à m’imaginer comme ça que ma vie intéressera quelqu’un pour la lire. »


Ce livre d’une lune retrouvée, c’est Nous rêvions juste de liberté de Henri Lœvenbruck.

Et vous avez-vous déjà lu quelque chose que vous n’auriez jamais cru possible de lire?

dimanche 28 janvier 2018

Dis, quand reviendras-tu?

Il ne m’est pas plus agréable de lire :
« Il n’a pas l’intention de raquer pour des clous. De toute façon, il n’a pas l’intention de raquer du tout […] soit il écrabouille les ratiches du gars »  
(traduction dans C’est le cœur qui lâche en dernier, Margaret Atwood)
que de lire :
« J’ai déjà fait éclater mon iPhone en le propulsant au bout de mes bras, de toutes mes forces. Kin toé. […] Le stress, l’angoisse et la honte m’ont envahie. Carte de crédit pleine. Carte de débit vide. Ostie., ostie, ostie. […] Can’t fight the moonlight » 
Les désordres amoureux, Marie Demers
Une Canadienne-anglaise quadragénaire traduite en France et une trentenaire Montréalaise. Le parler populaire dans les deux cas. Qui me rebute quand c'est dans l'écrit. Je me sens snob de ne pas me retrouver ni dans l'un ni dans l'autre. Me sens nulle à n'aimer que ce qui me ressemble.

Je suis oiseau distrait.
Je volète, je titube, je ne vais nulle part.

Ne me viennent à l’esprit que des phrases insipides. Qui ne veulent rien dire s’il n’y a pas de suite ou de contexte.
Après avoir relu des extraits de L’étreinte des vents d’Hélène Dorion « Un jour on rencontre un être qui nous dit je t’aime comme jamais encore on ne l’avait entendu », j’ai écrit cet incipit romanesque :

Je n’ai jamais dit je t’aime à ma mère. Ni à mon père. Encore moins à mon frère. Ça ne se disait pas, ça ne s’entendait pas, et personne s’en plaignait.
Savais-je même, sentais-je même que je les aimais? J’étais trop occupée de ma vie pour y penser.

Et à la fin de l’histoire, le personnage dirait : Depuis 50 ans, chaque jour, je lui dis je t’aime.

C’est l’hiver, saison du dedans, de l’intimité, ce qui, selon Joyce Carol Oates, est « un trésor pour un introverti ».
Après deux mois de voisinage dans le sud, de brise dans les palmes, de chants d’oiseaux, de bruits de moteurs, j’ai retrouvé le silence de ma campagne. Mais le vide aussi dans ma tête. Les photos sont classées, publiées, le récit a été maintes fois raconté.

Je n’ai plus rien à dire. Rien encore ne m’intéresse suffisamment pour entretenir une longue conversation ou écrire un long billet.
Je volète, je zigzague, je grappille.
Et je n’attends même pas la fonte printanière ni ne surveille le retour des hérons. Je suis juste là, les yeux dans le vague, les oreilles attentives à ce qui pourrait survenir.

dimanche 21 janvier 2018

Suis-je atteinte de tsundoku?

Deux semaines déjà que je suis revenue d’un séjour dans le sud et on dirait bien que je ne m’en remets pas. À quoi je le vois : mes rêves la nuit, mes pensées le jour.

Je suis parvenue à retrouver un rythme à peu près normal pour la plupart de mes activités.
Sauf pour la lecture.

Depuis mon retour, je n’ai pas attrapé de rhume, mais suis-je atteinte de tsundoku?
Un genre de bibliomanie. Accumuler des livres. Y toucher à peine. S’étourdir à feuilleter, à chercher le suivant. Distraite tout le temps. Trop dans ma vie pour m'intéresser à celle des autres?

Livres lus en décembre

En voyage, en décembre, une fois bien installée au « RV park », j’avais réussi à terminer six livres. Deux Musso qui, malgré mes préjugés tenaces, m’ont bien plu. Le dernier Ken Follet égal à lui-même, je n’ai passé que la partie de l’Espagne. Un premier Patrick Modiano pour moi, assez bien pour que j’en lise d’autres. Un Margaret Atwood dont je n’ai lu que la partie de Grace, trouvant que celle du docteur n’apportait rien à l’histoire et finalement un Tatiana de Rosnay parce que j’avais aimé la biographie qu’elle avait écrite sur Daphné du Maurier.







Mais depuis mon retour, rien. J’accumule, j’entasse, je télécharge, j’emprunte. Tout m’attire : les auteurs découverts récemment : Modiano, Claudie Gallay, les auteurs avec qui je renoue : Joyce Carol Oates, Margaret Atwood, les nouveautés, les parutions récentes. 

Rien n’y fait, je n’accroche pas. Je lis quelques pages, un chapitre, un extrait et je passe à autre chose. Quand je ne m’endors pas en bas de la page.
Livres commencés en janvier

Le lendemain, bien reposée, je me hasarde à aborder d’autres histoires que j’espère plus accrocheuses. Non. Même le long extrait du tome 4 de L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ne me convainc pas de me le procurer sur le champ, ce qu’en d’autres temps, rien qu’à voir le titre, j’aurais fait sans me poser de questions. Il faut dire que le prix élevé du livre me freine.

Quel titre ou auteur réussira à tranquilliser mon esprit, à me faire reprendre un rythme coutumier?

La pile s’allonge.
La convalescence s'étire.

En êtes-vous atteint-e?

dimanche 7 janvier 2018

Au temps où il faisait plus 25!

Okeechobee Landings
Sept semaines plus tard, de retour de la Floride.
Plus de 500 photos à trier, traiter.
Plus de soixante pages de notes manuscrites à ordonner.
Cette fois, je voudrais plus qu’un compte-rendu, plus que des légendes de photos ou des bulletins météo, des chiffres de kilomètres avalés ou des anecdotes de voyage. Plus que des billets de blogue, mais aussi. Plus qu’un journal de voyage.
Un carnet peut-être. Des impressions, des pensées. Ce que j’ai vu, mais aussi ce que j’ai vécu.
Plus littéraire, si possible.
Alors encore un peu de temps, après que le corps ait compris qu’il fait moins 25 et non plus 25, après que la maison ait retrouvé son apparence normale, je reviendrai peu à peu, à mon rythme, dans le monde de l’écriture, de la lecture et de l’Internet.

À bientôt donc.

vendredi 10 novembre 2017

Question du jour: suis-je la seule?

Hier soir un peu avant 22 heures, orage violent : éclair qui déchire la nuit noire, coup de tonnerre en même temps. On dirait une explosion. Le vent se lève, impression que la bourrasque arrache les planchettes de vinyle du mur nord, la pluie tombe drue. On entend l’eau tomber dans la gouttière d’aluminium, un supplice.

Pourtant on aura de l’électricité jusqu’à l’aube. Je le sais parce que je me suis levée à 5h30. À 6 heures, tous les clignotants des réveils-matins, cuisinière, four micro-ondes, grille-pain, ordinateurs sont éteints. Il fait encore 15 dans la maison. Eh oui, la nuit, chez nous, les thermostats sont à 15.

À 7 heures, je lève et je vais faire un feu dans notre vieux poêle à combustion-plus-lente-depuis-belle-lurette qu’on garde justement pour les pannes prolongées. Je pense à aller chercher des bûches de bois franc à l’extérieur, mais rien qu’à l’idée d’affronter le vent et le ressenti de moins 15, je me contente des blocs de bois mou entassés au sous-sol.

Sur notre téléphone à fil accordéon acheté justement aussi pour les pannes prolongées, j’appelle Hydro-Québec. « Consultez notre site pannes.hydro.quesbec.com pour connaître la situation actuelle du réseau », « consultez votre téléphone intelligent pour connaître l’heure prévue de rétablissement du service ». « Téléchargez l’application d’Hydro-Québec pour suivre l’évolution des pannes et restez informé grâce aux notifications » 

Ben oui, pis si vous n’avez pas de téléphone intelligent?

Encore heureux, après toute cette promotion — numéro d’un vendeur avec ça? — on m’informe que la panne qui me concerne a déjà été signalée, mais qu’on n’est pas en mesure de me dire quand le service sera rétabli.

On sort le kit de camping : petit réchaud, ce sera bagel froid et café dans Bodum pour ce matin.

Pas de Presse+, pas de courriels ni de Facebook ni de blogues à lire puisque chez nous : pas de téléphone intelligent + pas d’électricité = pas d’Internet. Il reste quand même la liseuse et une bonne pile de livres papier, mais je n’ai pas la tête aux histoires des autres. J’attends. Je suis choquée contre la nature. J’invective tout le monde et personne de ne pas prendre soin de la planète qui se rebelle de plus en plus souvent. Pendant quelques instants, je pense à arriver au 21e siècle et me procurer un téléphone intelligent comme si ça allait me ramener à une matinée normale et sans problème. Pourtant, je me trouve beaucoup plus prudente d’avoir gardé mon vieux poêle à bois, un petit tas de bûches au sous-sol, un réchaud, une bonbonne de propane, une cafetière Bodum, un téléphone à fil que d’avoir un I-Phone ou Samsung 4,5 ou… à quel numéro est-il rendu?

Retour de l’électricité vers 9 heures.
Et c’est là que me viennent les questions du jour : Tout le monde a-t-il vraiment un téléphone intelligent? Et de plus, tout le monde a-t-il vraiment un forfait Internet sur son téléphone intelligent?

mercredi 8 novembre 2017

Neuf ans de fol amour

Claude Lamarche, blogue

Neuf ans

Un an de plus, 55 billets de plus, moyenne d’un par semaine, mais à peu de mots et de chiffres près, je pourrais réécrire le billet du 12 novembre 2016. Sauf que je ne pense plus à la refonte ni à la migration vers Wordpress. Il m’arrive de vouloir de nouveaux lecteurs (je me prononcerais bien un jour sur l’écriture inclusive, mais en attendant sachez que, même s’il n’y paraît pas sur l’écran, dans mon esprit le masculin que j’utilise englobe les deux genres), mais finalement ce ne sont pas eux qui feraient que j’écrirais plus ou mieux, même si c’est quand même stimulant de savoir que ses billets sont lus… et appréciés. Les blogues des autres ne cessent d’être source de plaisir et d’inspiration. Que ce soit ceux des fervents de lecture, des voyageurs, des caravaniers, ou des féministes.

Et malgré la vague des réseaux sociaux et un engouement pour les vidéos (emballement que je n’ai pas ni pour les regarder -- sauf celui d'une amie très chère--  ni pour en créer, je demeure une incurable des mots écrits), je me plais à croire que les blogues ont encore quelques belles années devant nous. Et pas seulement pour promouvoir un produit ou une entreprise à la recherche effrénée d’une place dans les moteurs de recherche.

Bref, permettez qu’après vous avoir remerciés de votre assiduité, je glisse allègrement dans la dixième année qui s’annonce sans grand changement et sans surprise. Année où mes petites craintes de l’informatique me pousseront une fois de plus à être discrète pendant mes voyages. Mais année aussi où l’amour des mots et le besoin de m’exprimer alimenteront certainement ce déjà vieux blogue que j’entretiens comme une fidèle compagne dont je ne saurai plus me passer.

lundi 30 octobre 2017

C'est le cœur qui se desserre en dernier

Qu’ont en commun le roman québécois de Matthieu Simard, Ici, ailleurs, 81 pages et le roman français de Claudie Gallay, Les déferlantes, 425 pages?
La lenteur. Une lenteur fort délicieuse, s'entend.

Non pas dans le temps de le lire, mais dans la lenteur de l’esprit qui lit. Le temps de goûter, de méditer.
Une lenteur douce. Bien loin du rythme effréné d’une série américaine où la quantité des effets spéciaux sont servis à une cadence infernale. Non, une petite musique langoureuse qui permet l’introspection, la méditation. Les belles phrases.
« Entre bientôt et maintenant, il avait un peu d’espace. Et qu’il aimerait se servir de cet espace pour aller voir les oiseaux. »
« Les falaises, c’étaient mes chemins de solitude. Je ne savais plus marcher à deux. »
En commun également : le lieu. Le décor des drames. Dans Ici et ailleurs, un village qui se meurt. Un village où on ne tolère pas les nouveaux, d'où on part. Qui me rappelle le mien, dont je ne suis pas très fière. J’ai encore la tristesse, la déception plus que la colère d’un village divisé, vieillissant, silencieux, désert.
« Le silence est tombé un jeudi comme un goutte de pluie et nous a submergés pendant des années. Les oiseaux se sont tus d’un coup, le grincement  des charnières rouillées, les cris dans la cour de l’école, le haut-parleur côté passager, les feuilles mortes, le vent, plus rien. Le silence. C’était il y a trois ans, loin d’ici.[…] Dans quarante ans il ne restera rien ni le souvenir de nous ni les photos ni la mémoire de tous les disparus ni les notes d’un violoncelle dans les ruines d’une maison centenaire. »
Dans Les déferlantes, un village plein de secrets aussi, un passé douloureux, mais des sentiers que je voudrais parcourir, une lande aux couleurs d’Irlande, des effluves que je voudrais sentir.

Le vent siffle, glisse sur la surface de l’eau, le ciel s’épaissit, la mer se durcit, les bateaux tanguent, les cargos jettent l’ancre. Et les vieux marchent, attendent que la mer leur restitue leurs morts.

Dans les deux, des humains qui souffrent, qui se questionnent, qui ont perdu un enfant, un frère. Dans Ici et ailleurs, on entend la douleur de chacun. Dans Les déferlantes, chacun des nombreux personnages porte un deuil en lui. Une perte. Dans les deux cas, des liens familiaux que l'auteur nous révèle comme un lever de soleil dans un brouillard matinal.

Lenteur de la douleur, aussi, qui la rend plus supportable à lire. Qui la dissout dans les vagues de la mer, dans un ciel quand il revient bleu.
« On croit tous ça, que l’on ne saura plus faire rien sans l’autre. Et puis l’autre s’en va et on découvre qu’n sait faire des tas de choses qu’on n’imaginait pas.
[…] Je lui ai parlé de toi
Comme une épine enfoncée dans le fond de ma chair. Parfois je t’oublie. Et puis il suffit d’un geste, d’un mauvais mouvement, et la douleur revient, tellement vive. […]
On se console aussi avec des larmes. »
J’aurais voulu que l’un soit plus long et l’autre plus court. Mais au final, quand j’aurai tout savouré, je serai rassasiée, repue.

Mon village ne sera pas plus accueillant, j’aurai encore envie d’aller voir la mer au cap de la Hague. Et je cesserai de lire quelques jours comme on regarde quelqu’un à qui on s’est attaché marcher au bout de la rue, au bout du quai jusqu’à ne plus voir qu’un petit point à l’horizon. 
Le temps que le cœur se desserre.

mardi 24 octobre 2017

Il a suffi d'une rivière

Denis Marceau, peuple des rivières, Les déferlantes
Parce que c’était dimanche et que je me méfie de la langueur monotone dominicale.
Parce qu’il faisait beau. Et chaud pour un 22 octobre.
Parce que le bleu du ciel fraternisait avec de légers nuages plus blancs que gris, et rendait le rouge plutôt orangé et le doré plutôt ambré.
Le temps d’un pique-nique au bord de l’eau pour être dehors et se croire en été — tout indien fut-il — encore un peu.
Parce que l’entrée du parc de Plaisance est encore plus invitante depuis qu’elle est habillée de sculptures. Des œuvres d’art qui racontent l’histoire des peuples des rivières. (1)
Celle de Denis Marceau forme une
« pellicule en forme de vague fracassant un mur de pierre [et]illustre les changements qu’ont subis les peuples des rivières de douze mille ans à aujourd’hui. »(2)
Parce que la rivière présente, belle et douce en ce dimanche tranquille
Parce que les outardes en vol s’attardent quelques jours chez nous
Parce que les goélands regroupés aimeraient bien grappiller des restes de pique-nique
Parce que les feuilles colorées s’accrochent encore un peu
Parce que les œuvres d’art sont raconteuses de beauté et d’histoire
Je reste là, muette, observatrice, reconnaissante.
Mon petit bonheur dans les yeux et les oreilles.

Au retour, à la maison, j’ai fait un feu.
Et j’ai lu.

J’ai commencé un nouveau roman, Les déferlantes de Claudie Gallay.
Une histoire qui se passe sur le bord de la mer.
Une ornithologue qui observe les oiseaux, qui vit sa première tempête.
Mais qui, contrairement à moi qui cherche à prolonger son petit bonheur de ce dimanche, elle vivra ou sera témoin d’un petit malheur. Sûrement. Comme il se doit dans les romans. Tout le monde le sait, le bonheur est rarement intéressant dans les romans. Pourtant, les auteurs font tout pour laisser, au moins à la fin, un espoir.
« Les Indiens Hopi disent qu’il suffit de toucher une pierre dans le cours d’une rivière pour que tout la vie de la rivière en soit changée.
Il suffit d’une rencontre ».
Il a suffi d'une rivière, d'une oeuvre d'art, d'un roman, mon dimanche après-midi en fut changé.

vendredi 20 octobre 2017

Nouvelle liseuse, nouvelles autorisations


En haut, logiciel Adobe digital editions, en bas, le livre enfin transféré dans Koboreader
Comme souvent, deux sujets dans un.

En mars 2012, j’avais acheté une liseuse. Une Sony Reader qui, en plus des livres, pouvait contenir de la musique. Elle m’a bien servie et fonctionne encore, sauf que le soir ou la nuit, au lit, elle est complètement inutile. J’aurais pu lire sur ma tablette, sauf qu’après 21 heures, la batterie de la tablette a besoin d’être rechargée. Et sur la tablette, il est tellement facile de délaisser la lecture pour cliquer sur d’autres icônes. Ce dont je ne me prive pas.

Donc, après un peu de recherche et de comparatifs, après surtout m’être assurée que la liseuse pourrait télécharger des livres avec DRM, achat d’une Kobo Aura H2O edition 2.

Ayant de l’expérience, j’aurais cru qu’en quelques minutes, j’aurais réussi à télécharger les romans numériques. Ce fut le cas pour les livres sans DRM, mais quand vint le temps d’emprunter un livre via prêt numérique, ma patience fut mise à rude épreuve.

Les étapes sont pourtant simples :
1- avoir un ID Adobe : je l’avais déjà
2- télécharger Adobe digital editions : je n’ai pas pris de chance, j’ai téléchargé la nouvelle version
3- télécharger un livre numérique à partir de a BANQ ou Biblio Outaouais ou Numilog.

J’ai choisi un livre que j’avais déjà dans ma bibliothèque numérique. Je suis capable de l’ouvrir dans Adobe digital Editions, mais incapable de le transférer sur ma nouvelle liseuse : autorisation refusée.


Et tout était là, dans cette satanée autorisation.

Efface l’autorisation de l’ordinateur
Autorise le périphérique (ma nouvelle Kobo que je vois bien dans mon logiciel). Malheur : je ne peux plus lire ni dans mon ordinateur ni sur ma liseuse.
Consulte les sites et forums de ID Adobe, d’Adobe digital editions, de pretnumerique, de Kobo.
Télécharge un nouveau livre, réautorise l’ordinateur, refusé
Crée un nouvel ID adobe avec un autre nom, mais même courriel, refusé
Crée un nouvel ID avec un autre courriel et un autre mot de passe, réautorise l’ordinateur
Essaie de lire le livre, refusé
Pense à télécharger un nouveau livre avec le nouvel ID
Autorise l’ordinateur : bingo, l’ordinateur peut le lire
Transfère vers la liseuse Kobo : fiou, enfin!

Temps total des essais : plusieurs heures entrecoupées d’une nuit de sommeil agité.
Nombre de livres téléchargés : trois avant de pouvoir lire le dernier.


Pour toi, Abby
, de Dominique Lavallée

Pour l’apprentissage du téléchargement, je n’avais plus accès aux livres déjà dans ma bibliothèque. L’essai qui m’a enfin rendu la lecture possible sur ma liseuse fut le roman Pour toi Abby, de Dominique Lavallée.
C’est sur le blogue Les mille et un livres que j’avais vu passer la couverture de ce roman publié chez Guy Saint-Jean.
La sortie de ce livre est toute récente, mais dès que j’ai lu « Eva O’Hara quitte son Irlande natale pour l’Amérique » bien sûr que ma curiosité était piquée. J’avais donc hâte de savoir si Eva O'hara ressemblait à ma Bridget Bushell!

Déjà qu’il y a des livres que je ne lis pas dans l’ordre habituel, c’est-à-dire page après page, imaginez celui-là. J’ai d’abord voulu connaitre le style de l’auteure. Dès les premières pages, deux prologues. Du jamais vu quant à moi. Puis, la table des matières au début où les mots Grosse Isle, Griffintown, Carrick me confirmèrent que j’étais bien en face d’un roman où il serait question de l’arrivée d’Irlandais.

J’ai vu aussi que les chapitres étaient courts, de nombreux dialogues agrémentent l’histoire et, technique de plus en plus répandue, que j’aime beaucoup : des phrases en italique qui nous informent des pensées presque secrètes des personnages.
« Eva repense également au bébé issu du viol de sa sœur.
Où est-il rendu maintenant? Mon Dieu, faites qu’il aille bien et qu’il soit dans une bonne famille qui l’aime et le chérit. »
Au lieu d’utiliser un déroulement linéaire, il y a des retours en arrière et même une histoire que l'on pense parallèle, ce qui rend le récit très intéressant : on a hâte de savoir de qui va arriver.

Oui, oui, je lis l’histoire bien sûr. J’ai souvent deux cerveaux : la lectrice qui lit et l’auteure qui analyse. Et si parfois une aime, l’autre aime moins. Si une saute des pages, l’autre décortique les mécanismes d’écriture. Je dois avouer que la moi-auteure est assez comblée par Pour toi, Abby. La moi-lectrice trouve un peu de longueurs, des répétitions, mais, comme en tout, elle est toujours pressée de voir ce qu’il y a de l’autre côté de la colline. Ce qui indique quand même que l’histoire est suffisamment captivante pour avoir le goût d'aller voir plus loin. Je considère le personnage un peu jeune pour vivre tout ce qu’elle vit, mais sans doute y a-t-il une raison qui nous sera révélée ultérieurement. L’important c’est que c’est plausible.

Dominique Lavallée a fait un réel travail de recherches, et elle a même été jusqu’à ajouter plusieurs pages à la fin de ce premier tome… « pour les passionnés d’histoire ». Décision discutable, mais finalement pas du tout inintéressante.

Vous savez comme je n’aime aucune étiquette parce qu’aucune ne nous définit complètement et chacune nous limite, mais force est d’admettre que Pour toi Abby fait partie de la littérature populaire et, je crois bien que le nom de Dominique Lavallée côtoiera très bien ceux des Michel Langlois, Jean-Pierre Charland, France Lorrain et quelques autres.

Lien vers le blogue qui m’a fait connaitre le livre >>>

dimanche 15 octobre 2017

Des Deguire à Saint-Ours aux Larose à Ripon

comité du patrimoine de Ripon, Deguire dit Larose
Pendant le Bal des citrouilles, le comité du patrimoine de Ripon lançait le numéro d’automne de son bulletin, L’Écho des montagnes. À l’intérieur, un article sur les Deguire – Larose que j’ai rédigé en collaboration avec Françoise Larose, arrière-petite-fille de pionnier de la région de la Petite-Nation. Une passionnée de généalogie que j’ai eu le plaisir de rencontrer lors d'un rassemblement des descendants des Deguire dit Larose.

Je l’ai dit et écrit souvent, et ça m’a servi de prétexte pour cet article : en arrivant dans la Petite-Nation, je n’ai pas trouvé de Deguire (le nom de ma mère). Ce n’est que des années plus tard, que j’ai réalisé que les nombreux Larose établis surtout à Ripon, mais aussi à Saint-Émile-de-Suffolk et Chénéville avaient probablement les mêmes ancêtres que moi, soient François Deguire dit Larose et Marie-Rose Colin.

J’ai cherché, fouillé, comparé et finalement preuve a été faite : les Deguire de la Petite-Nation sont tous devenus des Larose alors que ceux de Saint-Laurent, d’où je viens, sont restés Deguire. Il reste bien quelques questions, mais il faudrait sûrement des généalogistes ou des historiens moins amateurs que moi pour y répondre.


http://www.despagesetdespages.com/Revue-Ripon-Deguire-Larose.pdf

mardi 10 octobre 2017

De l'écriture féminine

En essayant de comprendre pourquoi, ces temps-ci, je préfère les romans écrits par des femmes et aussi par des Québécoises plutôt que des Françaises ou Américaines,
en essayant de comprendre pourquoi, par exemple, je préfère le dernier roman de Martine Delvaux au premier de Stéphane Larue,
j’ai longuement navigué entre des sites de thèses, des blogues et des revues populaires.
Je sais à l’avance que je conclurai qu’il n’y a pas de conclusion définitive, tout au plus un cheminement qui se poursuit depuis mes premières lectures et s’achèvera à mon dernier souffle.

Dans Google, si on écrit « romans féminins » nous aurons des pages et des pages. Danielle Steel tout à côté de Simone de Beauvoir.
Si on écrit « romans masculins », Google ne nous renvoie qu’à des prénoms.
Je n’entrerai pas dans la polémique de savoir si on doit féminiser les titres, si on doit être écrivaine ou autrice ou dire madame le ou la ministre, mais la question d’écrire « autrement » me captive.

Est-ce que j’écris différemment parce que je lis différemment? Après tout c’est la même personne qui lit et qui écrit.
Est-ce que je corresponds aux statistiques?
«Quand on remonte le fil de l'histoire, on s'aperçoit qu'il y a toujours eu des genres littéraires associés aux hommes et aux femmes. Depuis toujours, les lectures dites "sérieuses" comme les ouvrages politiques et d'histoire sont associées aux hommes, alors que la littérature de divertissement, comme les romans, est associée aux femmes.»
                                                          Anthony Glinoer dans La presse du 19 juin 2015 
Les statistiques révèlent que les femmes lisent plus que les hommes, pourtant les hommes continuent d’être plus souvent publiés que les femmes. Et gagnent plus de prix.

Et alors?
auteures, écrivaines, langage familier
Ce que je sais en revanche, c’est que nous avons tous un principe féminin et un principe masculin. Nous avons des sensibilités différentes. Et même à chaque jour, je dirais que le pourcentage change comme le soleil qui n’a pas toujours la même couleur. Ces jours-ci, je suis orange brûlé, presque rouge vif. Comme l’automne. J’entre dans la maison. J’entre à l’intérieur de mon moi. Je fais du ménage, je me prépare un nid douillet et chaud. Toutes des activités féminines? D’où l’intérêt pour les mots féminins? Peut-être.

Sur mon passage sur Google, j’ai vu souvent le nom d’Hélène Cixous. Elle parle de son écriture.
«La pensée a ses rythmes, qui sont commandés par les escalades qu’elle est amenée à faire. Tantôt on procède par bonds, on saute sur une idée, par phrases courtes ; tantôt on est obligé de descendre ou de monter, à la façon de Dante faisant le tour d’une montagne. Il y a des lacets, on est épuisé. La pensée trace elle-même son rythme, étire ses fils. Ce qu’on apprend à faire, c’est à ne pas résister, à ne pas être un juge arbitraire disant « on doit écrire comme ci et pas comme ça »(1)
C’est comme ça que je pense. Je lis une histoire dans l’ordre que l’auteur a bien voulu me livrer, mais j’écris d’abord dans le désordre de ce que je ressens. le vu, le senti, le ressenti, le goûter, le rythme du cœur qui s’accélère comme s’il trouvait enfin le trésor longtemps cherché. Je sautille et je cherche ailleurs les mots pour exprimer ce cafouillis intérieur. Comme à 15 ans quand l’adolescente rebelle m’est sautée dessus sans permission. Ensuite, il faut que j’arrête, que j’interrompe le flux et que j’organise. Pour que mon cerveau comprenne. Je devrais peut-être faire du yoga pour apprendre à respirer mes mots et mes phrases. Je suis peut-être atteindre d’une TDA tardive.

En observant que ces temps-ci je lisais et j’aimais plus facilement les romans écrits par des femmes, en ayant du mal à aimer autant Le plongeur que la plupart des lecteurs et chroniqueurs, j’ai peut-être compris que ce n’est pas tant que Le plongeur soit écrit par un homme ou que le personnage soit un homme, mais, de ma part, c’est la difficulté à lire. Simplement parce que mon cerveau réagit négativement devant la langue trop familière utilisée jusque dans la narration. Comme s'il se sentait agressé, pire, injurié. Je croyais tout pardonner aux Québécois parce qu’en théorie, je les comprends, je les connais, je leur ressemble. Pourtant de moins en moins.
Je redeviens la juge snobinarde que j’étais à cet âge ingrat où on ne pardonne rien à nos parents. Maintenant que j’ai l’âge d’être parent, je ne pardonne rien aux jeunes. Je dois pourtant apprendre à leur laisser leur chance. Ils ont droit de vivre et d’essayer, eux aussi. Et d’écrire ce qu’ils veulent, comme ils veulent.
J’essaie de ne pas juger, mais j’essaie surtout de comprendre pourquoi je n’aime pas, pourquoi je ne finis pas le livre ou que je lis en diagonale. Et pourquoi tout le monde ne réagit pas comme moi.

Je crois bien que je vais mourir en cherchant encore le pourquoi de mon besoin d’écriture et de lecture. Et c’est normal, puisque je crois profondément — pour l’instant en tout cas, faute de preuves — que la vie n’a pas de sens tant qu’on ne saura pas pourquoi la mort. Ou vice-versa.

Le soleil se couchera dans un ciel orange brûlé pendant que je lis Hélène Dorion ou Michèle Lesbre ou…
Et demain sera un autre jour.

Avez-vous remarqué si vous lisiez plus féminin ou masculin?