vendredi 23 novembre 2012

De mes lectures numériques (encore)


D’abord annoncer que mon roman Les Têtes rousses est désormais disponible en livre numérique. J’ai signé mon contrat après avoir longuement réfléchi et je me demande encore si c’est une bonne affaire, mais je me suis dit que je n’avais pas grand-chose à perdre. Enfin, je le saurai bien à long terme. En tant qu’auteur, je suis aussi novice dans ce domaine relativement nouveau. C’est plutôt en tant que lectrice de livres numériques que je viens vous dire où j’en suis de mes lectures depuis que j’ai acheté une liseuse (en mars dernier>>>). Peut-être un peu longuement, mais mon étude (bon, disons mon observation clinique, hihi !) porte sur plus de trois mois. Je ne voulais pas conclure trop hâtivement.

Au début, je l’ai déjà dit, j’ai téléchargé des classiques comme du Charlotte Brontë, du Maurice Leblanc, du Stendhal ou du Balzac. Ensuite, j’ai patiemment cherché à comprendre comment emprunter des livres à la BANQ. Je n’ai trouvé Numilog  (livres de la France) que dernièrement alors j’ai plutôt fureté dans les livres québécois. Je dois admettre que ce ne fut pas du tout ce à quoi je m’attendais. Je croyais que j’allais lire sur écran de la même manière que je lisais sur papier, hormis le support, c’est-à-dire tout le livre la plupart du temps, ou en tournant les pages rapidement quelquefois. Mais non.
Pour quelqu’un qui demeure dans une petite municipalité de 700 habitants, même si la bibliothécaire est sensible aux attentes de ses lecteurs et lectrices, même si elle achète des nouveautés et s’empresse de commander au réseau les livres de nos listes, pouvoir emprunter un livre 24 heures sur 24, sept jours par semaine, en pyjama, bien au chaud,  à partir de son clavier, c’est quand même la manne. Pas autant de livres que dans une librairie, surtout pas toujours disponibles, mais avec un peu de chance et de patience, c’est un plaisir que d’obtenir le livre quelques minutes seulement après l’avoir repéré, quelle excitation de pouvoir ouvrir le livre alors que dix minutes avant je n’avais aucune idée de son contenu ni parfois même de son existence.
Probablement pour cette raison que je n’ai pas de scrupule à ne pas lire tout le livre. Souvent je télécharge seulement pour voir, pour feuilleter. Par pure curiosité.

Voici donc les livres dont je n’ai feuilleté que quelques pages ici et là:
Un massacre magnifique (Camille Bouchard) : écrit dans le langage ancien auquel on s’habitue rapidement, je voulais surtout savoir pourquoi on disait tant de bien de ce livre.
Un léger désir de rouge (Hélène Lépine) recommandation de Julie Gravel-Richard. Même si c’est très bien écrit, que les textes sont très courts, je ne suis pas très à l’aise avec le sujet. Comme une conversation que je ne suis pas prête à entendre.

Voici donc les livres que j’ai feuilleté tout en lisant une bonne partie, mais pas en entier :
Les choses terrestres (Jean-François Beauchemin) : J’ai enfin réussi à lire du Jean-François Beauchemin.  Pas tout, mais beaucoup plus que son garage Molinari.
La romance des ogres (Stéphane Choquette) : Plusieurs histoires dans l’histoire, bien écrites, style contemporain.
Arvida (Samuel Archibald) : je n’avais pas remarqué que c’était des nouvelles, j’ai beaucoup aimé la première, j’ai un peu décroché aux suivantes.
Un dé en bois de chêne (Suzanne Jacob) : Nouvelles aussi, alors on dirait que je me permets plus d’en délaisser quelques-unes. Je préfère ses romans.
Autoportrait au revolver (Marie-Cristine Bernard ) : j’ai tellement aimé son roman précédent, Mademoiselle Personne, que j’ai  été un peu déstabilisée. La couverture ne me disait rien, mais c’est moins important que pour un livre-papier, je ne me suis pas attachée au personnage, j’ai quand même persisté jusqu’à la fin, en sautant plusieurs pages.  Mauvaise idée de prénommer un personnage June et l’autre Jude, mon cerveau s’est empêtré.
Malgré tout, on rit à Saint-Henri (Daniel Grenier) : Des nouvelles, mais avec des I, II et même IV alors un peu mêlant. Pas beaucoup de dialogues, ce que j’apprécie dans une nouvelle. Écrit comme si on me racontait une histoire oralement.

Et ceux que j’ai lu d’un bout à l’autre :
Parapluies (Christine Eddie) : le premier livre numérique emprunté, j’ai beaucoup aimé
Testament (Vicky Gendreau) : roman court, vif, écriture orale, sujet qui pourrait rebuter, mais non, se lit tout seul.
Cher Émile (Éric Simard) : Ah ! lui, je lui en veux, beaucoup trop court, ça se lit tellement bien que je me suis dit : « Hein, déjà fini !». Un livre numérique n’a pas d’épaisseur alors si on ne regarde pas les numéros de pages, on ne sait pas qu’on arrive à la fin.
Chaque automne, j’ai envie de mourir (Véronique Côté et Steve Gagnon) Courtes histoires qui se lisent et se dévorent, écrites comme si j’étais assise sur un banc de parc et que la voisine se mette à me conter des petits secrets de sa vie. Les chutes souvent surprenantes.

Durant la même période, j’ai emprunté à la bibliothèque :
Fanette, les cinq tomes (Suzanne Aubry) : lu du début à la fin, mais en passant des grands bouts de narration tellement je voulais connaître la suite de l’histoire.
Les jumelles (Tessa de Loo) : lu au bord de la mer, captivant, même si le décor ne s'y prêtait vraiment pas.
Et au pire, on se mariera (Sophie Bienvenu) : lu, adoré
Il pleuvait des oiseaux (Jocelyne Saucier) : tout lu, adoré
Le Lièvre de Vatanen (Arto Paasilinna) : lu en diagonale, surtout le début, un peu le milieu et  pas mal la fin.

À part le dernier, je vois bien que, paradoxalement, les livres empruntés à la bibliothèque, je les lis en entier. Paradoxalement parce que je peux être facilement distraite pendant la lecture, je peux me lever, choisir une autre activité, me ruer sur mon ordinateur, ce dont je ne me prive pas. Tandis que le livre numérique, je lis en général dans une salle d’attente ou dans un lieu où je ne peux pas beaucoup bouger ou presque rien ne me distrait, où j’ai du temps devant moi. 

J’en déduis donc que c’est le fait de pouvoir emprunter un livre rapidement et facilement, que je peux changer de livre en un seul bouton, que je me promène d’un livre à l’autre comme si je naviguais sur Internet, par pure consommation, sans aucune obligation envers qui que ce soit, que le format même me donne l’impression que ce n’est rien, je lui donne moins de valeur. Il faut vraiment que l’histoire, le texte me retienne pour que je poursuive ma lecture. Alors que le livre-papier, je me sens une obligation d’en lire plus comme par respect pour l’auteur qui a pris la peine de l’écrire. C’est fou, c’est illogique, mais c’est comme ça.

Ah ! oui, ce blogue fête ses quatre ans ces jours-ci. Quand même !


5 commentaires:

  1. Joyeux bloguanniversaire!

    Et pour le livre numérique, je craignais justement qu'il provoque l'éparpillement chez le lecteur...

    Mes propres expériences (en PDF sur ordinateur) m'ont montré qu'en numérique je papillonne beaucoup plus que sur papier. Avec un objet, il y a une certain envie de le dévorer en entier, qui n'est pas présente avec le simple document électronique.

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  2. Quatre ans pour un blogue! Wow! Toute une réalisation!
    Bravo!

    Fascinant tes observations sur comment notre façon de lire change, selon qu'on lit sur papier ou à l'écran...

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  3. Gen et Andrée. Je ne sais pas si c'est tout le monde qui réagit comme moi, mais ça m'a surpris moi-même. Pourtant, j'aurais dû m'en douter, à voir comment je lis sur l'écran de mon ordinateur.

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  4. Je peux pas commenter ce point encore ....J'ai plein de bébelles mais pas encore ma liseuse.... Ca devrait être mon prochain gadget techno. Ca ou la tablette...ou peut-être les deux :P Là, je m'amuse avec mon nouveau Galaxy S3!

    4 ans...C'est fou comme ca passe vite.
    Joyeux Bloganniversaire blogue de la Petite-Nation :)

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  5. Pierre: liseuse et tablette, pas le même prix, pas les mêmes fonctions. D'après moi, si tu commences par la tablette, tu ne sentiras pas le besoin d'avoir de liseuse, il y a une application évidemment.

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Les anonymes: svp petite signature