samedi 5 décembre 2015

Coup de poing. Coup au cœur. Coup de maître.

« La fiction, c’est terminé pour vous [les romanciers]. Les séries offrent un romanesque un territoire autrement plus fécond et un public infiniment plus large. […] Laissez aux scénaristes ce qu’ils savent mieux faire que vous. Les écrivains doivent revenir à ce qui les distingue, retrouver le nerf de la guerre. […]Pourquoi crois-tu que les lecteurs et les critiques se posent la question de l’autobiographie dans l’œuvre littéraire? Parce que c’est aujourd’hui sa seule raison d’être : rendre compte du réel, dire la vérité. […] L’écrivain doit questionner (1) sans relâche sa manière d’être au monde, son éducation, ses valeurs, il doit remettre sans cesse en question la façon dont il pratique la langue qui lui vient de ses parents […]. Tes livres ne doivent jamais cesser d’interroger tes souvenirs, tes croyances, tes méfiances, ta peur, ta relation à ceux qui t’entourent. C’est à cette seule condition qu’ils feront mouche, qu’ils trouveront un écho. »
Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie

Coup de poing. Coup au cœur. Coup de maître. Je suis abasourdie, estomaquée, hébétée, interloquée, médusée, sidérée. Nommez toutes les nuances de « complètement envahie » par la lecture de ce roman. 

Comme je suis en cours d’écriture, j’avais arrêté de suivre l’activité littéraire, je ne voulais pas être tentée. Ma curiosité fut plus forte. Ce livre m’intriguait, je me demandais pourquoi il était si bien accueilli. Et puis, en voyant qu’il remportait le prix Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens 2015, contrairement à mes habitudes en ce qui concerne les prix dont je me méfie, j’ai succombé. J’ai été voir s’il était disponible sur Numilog. Il l’était. Signe que je devais en profiter. J’ai laissé l’écriture, le ménage, la promenade du jour et j’ai plongé. 

Faut-il dire que je ne suis plus polar ni thriller depuis des années. Ce que le roman n'est pas malgré l'impression d'enquête. Belle lurette que je recherche beaucoup plus l’émotion, l’intimité que les sensations fortes. Et pourtant dans ma façon de lire, on aurait dit que j’étais entraînée dans un tourbillon aussi frénétique qu’efficace. Il faut dire aussi qu’en lisant ce genre de phrase : « La relation à l’Autre ne m’intéresse qu’à partir d’un certain degré d’intimité » j’étais conquise. Je me sentais dans le bon livre. Je m’identifiais en partie à ce « je » qui parlait de L. alors je sentais, malgré les intrigues et les mystères, que ce serait plus le livre d’une relation, ce qui n’était pas pour me déplaire.

Espérons seulement que ma rencontre avec ce roman ne me hantera pas au point de m’empêcher de poursuivre l’écriture de mon histoire. Que mon immense admiration pour la réussite de ce tour de force ne me « fasse taire à jamais » ni même quelques semaines comme L. a rendu impuissante la narratrice du roman de Delphine de Vigan.

Espérons que la citation au début de ce billet (et il y aurait bien eu une dizaine d’autres paragraphes que j’aurais pu citer), qui m’a fait si forte impression, me propulse vers un meilleur livre et non pas un jugement dévalorisant sur mon écriture. Je ne vise même pas d’arriver à la cheville de l’auteure, mais au moins au meilleur de moi-même.

(1) L’écrivain doit questionner : ça m’a fait du bien de voir qu’un prix Renaudot pouvait contenir un calque : il aurait fallu lire « s’interroger sur ».

3 commentaires:

  1. Ce livre est dans ma PAL (pile de livres à lire). Je l'ai réservé à la bibliothèque et je l'attends avec impatience!

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  2. Hon sirop tu viens de piquer ma curiosité à propos de ce livre. Billet fort tentateur.

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  3. En tout cas je n'ai lu aucune critique négative. Que du bien et du bon.

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