mercredi 8 octobre 2025

Lectures d'un matin d'automne

 « je n’arrivais pas à me vider la tête, abandonner l’acte qui consiste à penser. [...] La seule chose que la méditation me procurait, c’était un moment d’apnée, l’occasion de dresser la liste des choses à faire, ou de profiter de cet état de demi-sommeil pour m’approcher de l’écriture. »

                                          Il faut beaucoup aimer les femmes qui pleurent, Martine Delvaux

L’écriture n’est jamais loin. En tout cas les mots, les phrases. Même la nuit quand je ne dors pas, même quand je roule à vélo, lentement, en admirant les montagnes orangées. Même quand je fais la vaisselle. Et encore plus quand je lis Martine Delvaux.

« Est-ce que c’était de l’amour que j’avais ressenti, ou le bonheur d’être choisie? »
                                 Il faut beaucoup aimer les femmes qui pleurent, Martine Delvaux
À défaut de voir mes écrits publiés, je lis ceux des autres, je lis les mots des autres qui me donnent parfois l’impression qu’ils sont les miens tellement ils sont ce que je pense ou ressens ou ai vécu.

Ces mots qui cherchent à être écrits se faufilent, se bousculent sans ordre, s’imposent, s’effacent aussitôt. Je sautille d’un sujet à l’autre : raconter notre puits de surface plus ou moins vide depuis le
2 août, qui a bénéficié de la pluie d’hier, alors on ose ouvrir les robinets plus souvent. En faire une saga, comme mon père, dans Les toqués du firmament, quand il a conté « le miracle des tomates » parce que les tuyaux de renvoi avaient gelé, parce qu’en pleine fête du Jour de l’an, il avait haché (oui, oui, avec une hache) la terre et un boyau des eaux usées et parce qu’au printemps les tomates avaient poussé, abondantes!

Tout est flou, sans consistance. Du coq à l’âne comme toujours. Communiqué de presse à réviser. Réponse à trouver pour une question dans un courriel. Espérer voir un courriel au sujet du puits. Relire une question posée dans Messenger, commencer une réponse, abandonner, ce serait trop long et serais-je comprise? Hésitation. Silence finalement.

Je traînasse sur Facebook, sur Instagram. Chez les éditeurs, événements littéraires, évidemment. Dans les livres, encore. Être intriguée par Se perdre une boussole sur le cœur de Julie Bosman. Julie Bosman? Chercher. Qui elle est. Ce qu’elle a écrit. Lire quelques extraits. Chercher si ses livres sont en numérique. Prochaine disponibilité : le 26 mars 2026. Je n’aurai pas la patience. Ça fait 75 ans que je veux tout, tout de suite!

Au Bal des citrouilles, à Ripon, en fin de semaine passée, j’ai jasé avec deux auteures, des femmes de mon âge. On se demandait bien quel éditeur veut des écrits de femmes de nos âges. Qui n’ont ni passé célèbre ni avenir glorieux. Mais qui persistent et signent encore!

                             
Et finalement, l’heure de la journée avançant, la faim se manifestant, du Bal des Citrouilles au comité du patrimoine de Ripon, je me suis retrouvée sur le site de la MRC Papineau (oui, oui, « ma » Petite-Nation!) et le reste de la matinée, j’ai oublié les mots, les livres... Admirative, curieuse, ébaubie, j’ai navigué dans toutes les pages du site. Je me suis promenée dans le patrimoine bâti, le culturel, le religieux. J’ai été surprise de voir tant d’organismes qui travaillent à faire connaitre l’histoire et le patrimoine de leur coin de pays. Je croyais avoir tout vu avec le 350e de la Seigneurie de la Petite-Nation, mais non...

Tous ces mots, toutes ces phrases que je voudrais écrire parfois ne sont pas que dans les livres. Ils sont aussi dans des sites Internet!

Merci Marie-France Bertrand, quel travail, quelles recherches, quelles réalisations!

Lien vers le site de la MRC Papineau section patrimoine >>>

vendredi 3 octobre 2025

Il restera toujours la lecture

Pour ne pas oublier ou pour consulter
j’écris :
les rendez-vous sur un calendrier
des listes aussi sur un calepin
des notes et des chiffres dans un cahier
j’encercle, je souligne

Pour le reste qui trotte, qui se faufile, qui insiste parfois, qui rêve a rêvé de livre
Il reste ce blogue

Octobre
Le six mois des éditeurs pour accepter, refuser ou ne rien dire est bien passé
Ne plus y penser
J’aurai essayé
En voyant tous ces livres de la rentrée littéraire
En voyant sur Facebook et encore plus sur Instagram (oui, oui, j'y suis retournée) tous ces premiers romans, récits, essais
En lisant tous ces anciens étudiants et étudiantes en création littéraire
Je vois bien qu’il reste moins... qu’il ne reste plus de place pour les bébéboomers

Je cite Laurent Gaudé à l’émission à La grande librairie :
« J’écris et je lis pour avoir mille vies! »
À défaut d’écrire plusieurs vies, je vais en lire quelques-unes!

Il me reste tout de même la lecture
Il y aura toujours la lecture
Se perdre une boussole sur le cœur, Julie Bosman
La fille de la foudre, Gabrielle Boulianne Tremblay
Il faut beaucoup aimer les femmes, Martine Delvaux
Architectes de la joie, Anaïs Barbeau et Steve Gagnon
Reprise, Florence Chadronnet
Tout cela m’appartient, Virginie Chaloux-Gendron
Fourrer le feu, Marjolaine Beauchamp

Je veux tous ces livres
Lire tous ces mots toutes ces phrases tous ces fragments
Les faire miens comme si je les avais écrits
Y plonger, y flotter, s’y mirer
Probablement souvent, toujours autour des mêmes thèmes :
Femme, féminisme, mère, fille, être humain, amour, amitié
Aussi mots, écriture, livres, bibliothèque, librairie

Parce que je n’écris plus
Moins besoin, il faut croire
Moins pressant
Moins le temps
À force de moins, ça ressemble à pas du tout
Ça n’enlève pas ni n’annule ce qui fut
L’empreinte, la trace ne sera que le temps de ma vie
Faut que je me fasse à l’idée
Encore une fois
Probablement jusqu’à la fin

Alors je lis
J’en sens le besoin
J’en ai le temps
Probablement jusqu’à la fin
Ça donne des plus à ma vie
Pas plus de sens
Mais au moins plus de plaisir
Plus de joie
Plus de paix