L’orme n’a plus de feuilles. Les mélèzes jaunissent. Le ciel bleu me permet d’éteindre les lumières de la maison. Il fait suffisamment clair. Sur les réseaux sociaux, la sortie des livres s’intensifie. Bientôt un de Nancy Huston. Ses pensées pendant le confinement du printemps. Publiées parce qu’elle s’appelle Nancy Huston. À l'intérieur, les livres s’empilent autant qu'à l'extérieur, les aiguilles et les feuilles. Mourront-ils avec cet automne occupé?
Écrire comme Lucy Ellman dans Les lionnes. Comme une écriture automatique, comme un surefficient mental (mot rencontré lors d’un message publié par Mathieu Cyr sur la douance qu’il préfère appeler surefficience mentale. Je ne crois pas être atteinte à 100 % mais je me reconnais un peu dans cette hypersensibilité). Les lionnes, un livre éblouissant dit-on. Un exploit certainement. Mais lire toutes ces phrases enchaînées où seul « le fait que » vient séparer les idées... si au moins c’était en paragraphes, pour reprendre son souffle, pour que notre cerveau ne dérive pas, reste là, dans l’histoire. Non, je n’ai pas tenu les 47 pages de l’extrait.
Tant qu’à être dans les extraits... tant de livres parus ces dernières semaines... j’ai préféré celui du livre de Simone de Beauvoir, Les inséparables. Juste à voir le nom de Zaza. MA Zaza. Probablement la Zaza de bien des jeunes filles. Pas les jeunes filles en fleurs de Proust, non les jeunes filles qui ont lu Les mémoires d’une jeune fille rangée. Dont je suis. J’avais 15 ans quand ma mère m’a mis ce livre entre les mains un jour d’été désœuvré. J’en avais 20 et je lisais encore tout ce que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont publié. Même L’être et le néant. Je voulais devenir philosophe. Dans ma bouche, partout, tout le temps, encore aujourd’hui, malgré les regards désespérés de mes interlocuteurs qui auraient bien voulu la réunion s’achève, d’inlassables «pourquoi?» ou pire des «je ne comprends pas». Je ne comprends pas le monde comme tout le monde. Et mes parents m’ont appris à nuancer, à choisir les bons mots, les mots justes. Ceci ne veut pas dire cela. Je m’en fatigue moi-même.
Mais la plupart du temps, je m’aime quand même!
Toujours question livres, à croire que c’est tout ce qui m’intéresse, mais oui, le dimanche matin, en lisant La presse+, je délaisse rapidement les courbes de la Covid, ma zone orange et les élections américaines — quoique je regarde un peu, hâte de voir si Trump va être réélu si les frontières vont réouvrir après les élections, mais même si elles ouvrent, je n’irai pas plus en Floride, trop de cas de Covid encore et dans mon cas, ce n’est pas vrai qu’être masquée et confinée en Floride, c’est mieux que d’être masquée et confinée au Québec : pas les mêmes repères, pas les mêmes activités, pas la même langue, pas mon monde, mon monde sera ici avec leurs tuques et leurs mitaines — fin du tiret, on retourne aux livres, je vous l'ai dit du coq à l'âne comme dans Les lionnes... il y a aussi les livres de Deborah Levy, son autobiographie, pourquoi elle écrit. J’adore les biographies, depuis le temps que je le dis. Je le dirai encore le dimanche 25 octobre lors d’une causerie... un beau mot causerie, je le préfère à conférence. Fait plus amical, moins entrepreneurial. Lien pour s'inscrire à cette causerie sur généalogie et romans, mes romans sur mes ancêtres irlandais, lien donc à la fin de ce billet... s'il peut finir, pensez-vous!
Il faudrait bien que je cesse d’écrire ou de parler et que j’aille lire. Même pas terminé la biographie de Pauline Marois. Ni Le palais des orties de Marie Nimier, écriture fluide et à la mode du temps. Cette mode de métaphore avec des animaux ou des plantes. Pensons au Lièvre d’Amérique de Mireille Gagné, de L’apparition du chevreuil de Élise Turcotte et surtout de Les Foley de Annie-Claude Thériault et sa fameuse Sarracenia purpurea, fil conducteur de son histoire.
Hélas, la vie domestique va reprendre son cours. Et au lieu de lire, je préparerai la salle de bains qui va recevoir une belle douche toute neuve cette semaine. Comme tout le monde, pour moi aussi, temps de pandémie est aussi temps de rénover, de rester à la maison. J’ai même recommencé à tricoter. Pour ma «filleule», un petit chien Porkie. Porkie ce n'est pas son nom, c'est sa race, un mélange deYokshire et Poméranien. Son nom commence par L tel que tricoté sur son petit chandail.
Suffit les associations d’idées. Votre esprit vagabonde-t-il aussi? Le dimanche matin uniquement? Ces dimanches de congé propices aux vagabondages, quand ma mère invitait ses tantes à diner et où elles jasaient tout l’après-midi ou quand mon père disait : on va faire un tour d’auto, on va voir les maisons!
Suffit, j’ai dit.
Lien vers conférence-causerie, webinaire Centre de généalogie Petite-Nation, dimanche prochain, 25 octobre à 13 heures>>>
Pour lire un extrait du roman de Simone de Beauvoir>>>