Rituel du matin. Depuis que je ne suis plus obligée de me lever à heure fixe, d’avaler un déjeuner en vitesse, de m’accoutrer en travailleuse-qui-va-voir-du-monde dans la journée, le matin, je prends mon temps.
Depuis mon acquisition de tablette, le matin, je lis.
La Presse+ avant de me lever, oui, oui, dans mon lit. Un coup d’œil sur mes courriels, sur Netvibes et trois forums de camping. Je me réserve Facebook pour le déjeuner.
Le vrai bonheur du jour, c’est en déjeunant. Ou plutôt en lisant tout en déjeunant. Parfois, rien de bien enlevant. Je saute par-dessus les nouvelles, les mauvaises ou les inintéressantes. Pour moi s’entend.
Rencontre en Alaska: anciens et nouveaux propriétaires d'un véhicule récréatif |
Le vrai bonheur du jour, en ce matin du 7 octobre 2014, un jour pluvieux, un jour gris qui pourrait me renvoyer dans ma grotte d’ourse forcée de s’enfermer pour l’hiver, ce fut deux lectures : d’abord le récit-video-photos de LESCcargOt publié sur une page Facebook >>>
Une jeune famille qui voyage pendant un an dans les Amériques, qui compte se rendre en Argentine. Déjà trois mois. Ce qu’elle a de spécial, cette famille? C’est qu’elle voyage avec notre ex-véhicule récréatif, ce classe B dont je n’aimais pas la couleur jusqu’à ce que je le baptise Pruneau. Vendu il y a deux ans. Racheté, rénové, aimé et rebaptisé LESCargOt (le monsieur se nomme LESCO). Jeune famille que nous avons rencontrée cet été en Alaska. Quel hasard. Alors bien sûr, maintenant, je lis ses aventures avec cette impression que je voyage un peu avec elle, par véhicule interposé.
Deuxième lecture : Duras, l’impossible de Danielle Laurin. Un livre publié en 2006, mais dont je viens juste de prendre connaissance. En cherchant le livre de sa sœur, Coupée au montage, j’ai découvert le Duras… La lecture me renvoie à cette université que je n’ai pas fréquentée, à ces années d’études littéraires que je n’ai pas commencées, à ces auteurs que je n’ai réussi à lire que brièvement, malgré mes efforts. Non pas un regret, à peine une nostalgie, juste un miroir embué, un monde que j’ai regardé de loin, avec envie, mais inaccessible, incompréhensible. De toute façon, d’autres auteurs m’interpelaient déjà, des Québécois en particulier.
Le style de Danielle Laurin me convient très bien : phrases ramassées presque lapidaires, un « je » auquel je peux m’identifier, des chapitres courts et efficaces. Sans ces phrases alambiquées d’essayiste ou d’universitaire, l’auteure nous décrit un univers, celui de Duras, sous un éclairage personnel, sensible. Comme on raconte un voyage, avec passion. Qui ravive la mienne, cette passion des livres.
Lire donc les aventures des autres, un bonheur du jour que je prolongerai encore quelques matins.